[TERMINÉ] La connaissance se trouve dans les livres [PV Stribog Zima]

Voilà un moment que Tiana voulait se rendre dans l'une des plus grandes bibliothèques du monde ; sa soif de culture avait repris le dessus assez vite, comme si elle se sentait délaissée par le devoir que rendait Tiana aux Adorateurs et à la Confrérie des Brumes. Il était vrai que la vampire était fréquemment par monts et par vaux, ne se posant réellement que très rarement, autant dire que le pur plaisir de tenir un livre dans les mains commençait à lui manquer.

Ce fut donc en "touriste" qu'elle se rendit à la bibliothèque de l'Académie de Silena, vêtue d'une longue cape à capuche qui masquait son visage le temps du voyage. Ce fut sa monture favorite, Sémillante, qui se chargea de la transporter jusque dans l'un des trois pays qui composaient les Glaces.

Le voyage se déroula sans encombre, et Tiana put vite admirer l'architecture du bâtiment de l'Académie. Même si, dans une moindre mesure, cela ne l'intéressait pas plus que les livres qu'elle renfermait. Laissant Sémillante aux bons soins du jeune palefrenier qui l'accueillit, la vampire se mit presque à courir, tellement excitée par le savoir que renfermait le lieu, et fut subjuguée par l'immensité de la bibliothèque. Prenant quelques livres un peu au hasard, elle s'installa à une table et se mit à les feuilleter, délicatement, comme si elle craignait que les pages ne lui restent entre les doigts, sans se douter qu'elle allait être dérangée dans son loisir.

Silena… Un pays au combien plus petit que celui où résidait le jeune Jarl. Un pays qui, malgré sa taille, a su récemment faire beaucoup parler de lui quand à la personne désignée pour le diriger. Une vaste polémique qui a démarrée par l’une des plus grandes affaires de trahison que les Glaces n’eurent jamais connues. Une nation très intéressante donc, et suffisamment pour que le sieur Stribog Zima sorte, le pas pressé, de son duché pour venir enfin poser le pied sur son sol enneigé. Il avait bien l’intention, et le plus anonymement du monde, de faire son curieux et de laisser traîner son regard perfectionniste sur les nombreuses facettes des Silenastes. Telle était la raison de sa venue, ni plus ni moins. Ayant parcouru durant deux bonnes journées le littoral de Selian, puis de Silena, à dos de jument, il était désormais au portes de la très célèbre Académie. Il voulait également, durant cette brève escapade, essayer d’enrichir ses connaissances. Une entreprise honorable qui lui était bien souvent impossible de réaliser à cause de l’agenda astronomique qu’il avait à tenir. Mais le jeune homme avait, tant bien que mal, réussi à se libérer une grosses semaine. Laissant le duché à son capitaine le temps de son absence. Il avait toute confiance en cet homme et savait qu’il pouvait prendre congé en paix.

Voila pourquoi, accompagné de très près par son Huscarl Rodrick, il passait enfin les imposantes portes de l’établissement. Lui et son garde du corps étaient aujourd’hui en civil, tout bonnement. Stribog avait troqué le cuir et les peaux de bêtes contre une chemise à lacets en tissu d’un élégant lie-de-vin et s’était amusé à reprendre, pour quelques jours, son éternelle cape noire et or qui le suivait jadis partout sur les routes de Terre. Néanmoins, il gardait un visage découvert, sachant très bien que c’est en pleine lumière que l’on se cache le plus aisément. Rodrick, lui, gardait toujours un petit air de son pays. Il portait une longue tunique à manche courte en lin brun et portait, à sa ceinture, une discrète miséricorde d’acier. Une lame qui, selon le Jarl, n’avait tout bonnement rien à faire ici. Il lui lança un regard sévère en parcourant le hall de l’Académie.

- Tu aurais pu te débarrasser de ça. Même si quelqu’un nous agresse, que je ne te vois pas la dégainer ou c’est toi que je congèle.

- Mais, mon Jarl…

- Ne discute pas mes ordres une seconde fois Rodrick. Et cesses de m’appeler Jarl ici. Je ne suis pas là pour parler politique avec la reine Weiss, mais simplement pour m’évader… J’aimerais qu’on redevienne de simples amis durant ce temps. Es-tu d’accord ?

- Oui mon… je veux dire, Stribog.

Il se retourna vers lui, un sourire franc aux lèvres et lui tapa vigoureusement le dos, si bien que l’Huscarl tressauta sous la force de son Jarl. Malgré sa petite taille, mieux valait ne pas le sous-estimer. Il arrivait quand même à porter l’épée familiale d’une seule main, ce qui n’était pas rien.

- Bien ! Ne perdons pas de temps alors ! Je veux voir cette bibliothèque !

D’une démarche naïve d’impatience, ils se dirigèrent tous deux vers l’une des bibliothèques les plus fournies au monde, disait-on. Enfin arrivés à destination, après plusieurs demandes d’indications sur un ton gêné aux gens qui passaient dans les couloirs, ils arrivèrent enfin devant les portes de bois massives et, d’un même geste, ils poussèrent chacun l’un des battants qui grincèrent tous deux dans une lancinante mélodie. Le Salinéen aux cheveux de blés n’en croyait pas ses yeux. D’innombrables et immenses étagères parsemaient, bien en ordre, une immense salle telle que l’on en voyait à peine le fond depuis le bas de la porte. Des milliers d’ouvrages reposaient là, à l’abri de l’avidité destructrice des démons qui ne connaissaient, pour la plupart, même pas la joie de savoir lire. Une mimique espiègle aux lèvres, le Jarl s’empressa d’attraper un des livres les plus proches et de le feuilleter comme cela, debout au milieu d’une allée. Il traitait de géopolitique mondiale à la fin de l’Hiver Eternel, intéressant…

Tandis qu’il regardait, amusé, son maître s’éloigner comme un enfant voyant une échoppe de bonbons, le jeune Godrick entreprit de trouver de quoi s’occuper. Les bibliothèques poussiéreuses de ce genre n’étaient pas sa tasse de thé et il n’était vraiment pas d’humeur à lire. Mais que voyait-il, assise sur une table et feuilletant divers ouvrages, une charmante demoiselle ! C’était son jour de chance. Même si il ratait son coup, ce dont il croyait difficilement, cela aurait au moins le mérite de l’occuper un bon moment. Il s’approcha donc de la table envahie de livre et attira l’attention de la jeune femme en faisant mine de lire l’un des écrits. Mais il épiait plus la réaction de la belle qu’autre chose. Il lui annonça, un sourire charmeur aux lèvres.

- Alors ma belle, toi aussi tu aimes venir t’évader en lisant de fantastiques livres. Que dirais-tu de…

Il fut alors grossièrement arrêté par une pair de mains frêles mais puissantes qui vinrent se poser sur ses larges épaules de guerrier. Tournant nerveusement la tête, il pu entrevoir le sourire large et moqueur de Stribog qui venait de le rejoindre avec une telle discrétion qu’il ne l’avait même pas entendu.

- Alors Godrick ! Tu fais la cour aux demoiselles ! Sais-tu au moins que celles qui viennent ici ne doivent pas compter l’escrime comme leur passe-temps favoris… Naaan ! Vas plutôt voir les demoiselles de la garde, tu aurais plus de chances !

Il gloussa légèrement pour éviter d’éclater de rire en plein milieu de cet environnement des plus studieux et silencieux. Humilié, l’Huscarl s’en alla de la bibliothèque en baissant la tête. Stribog se promit rapidement de rattraper le coup avec un combat amical avant de se retourner prestement vers la demoiselle importunée qui n’avait toujours pas bougée.

- Veuillez excusez mon Hu… mon ami. Il n’aime pas spécialement les livres donc il doit se trouver d’autres occupations. Bien qu’à vous voir, je vous considérerais bien plus qu’une simple occupation… Mais voila, il est comme cela. Excusez-le encore…

Il s’apprêta à tourner les talons et partir lorsque l’idée qu’il pourrait discuter avec la jeune femme lui vint. Un moment qui serait d’autant plus précieux que rare. Malgré sa simplicité. C’était décidé, pourquoi n’auraient-ils pas le droit de faire connaissance ? Il ravisa son geste et planta son regard cyan dans celui de la dame à la peau opaline, un sourire amical planté sur le visage.

- Au fait, je me nomme Stribog, quel est vôtre nom ?

Son prénom n’était pas connu par ici, alors pourquoi le cacher ? Néanmoins, il y avait quand même une légère probabilité qu’il le soit… mince. Mais il ne pouvait plus rattraper son erreur. Espérons simplement qu’elle n’ait jamais

Absorbée par sa lecture, Tiana ne se rendit absolument pas compte qu'elle allait être dérangée par deux hommes. Enfin, un seul, qui eut l'outrecuidance de s'approcher d'elle et de lui parler un peu trop familièrement :

Alors ma belle, toi aussi tu aimes venir t’évader en lisant de fantastiques livres. Que dirais-tu de…

La vampire allait l'envoyer valser quand elle fut doublée par un autre homme, aussi jeune que l'importun, qui posa deux mains sur ses épaules avant de lancer, amusé :

Alors Godrick ! Tu fais la cour aux demoiselles ! Sais-tu au moins que celles qui viennent ici ne doivent pas compter l’escrime comme leur passe-temps favoris… Naaan ! Vas plutôt voir les demoiselles de la garde, tu aurais plus de chances !

Sans broncher, la vampire vit ledit Godrick sortir de la pièce, penaud, et un sourire se dessina dans son esprit : un humain au jeune âge, encore dans le temps du jeu et du rire avec ses amis, travaillé par les hormones... Cela faisait longtemps que Tiana n'en avait vu, et une légère nostalgie de sa vie humaine la prit. Elle revint sur terre lorsque le jeune homme resté près d'elle se tourna vers elle pour lui lancer :

Veuillez excusez mon Hu… mon ami. Il n’aime pas spécialement les livres donc il doit se trouver d’autres occupations. Bien qu’à vous voir, je vous considérerais bien plus qu’une simple occupation… Mais voila, il est comme cela. Excusez-le encore…

Un sourire se dessina sur les lèvres de Tiana ; elle n'en aurait pas tant voulu à l'importun, juste renvoyé dans ses vingt-deux avec élégance. Le jeune homme, s'apprêtant à faire demi-tour, renonça et sourit avant de reprendre :

Au fait, je me nomme Stribog, quel est vôtre nom ?

L'ex-duchesse se leva et s'inclina poliment avant de répondre, d'une voix douce :

Je me nomme Tiana. Et rassurez-vous, je n'en aurais pas voulu à votre ami, je lui aurais juste fait comprendre qu'il est impoli de courtiser un cœur qui est déjà pris...

Elle l'invita à s'asseoir face à elle et reprit :

Dites-moi, seriez-vous du coin par hasard ? Je reconnais que c'est la première fois que je m'aventure dans cet endroit, et j'aurais apprécié le visiter plus en détail après ma longue pause lecture.

Toujours aussi courtoise et charmante, la vampire adressa un discret sourire à Stribog, en attendant une réponse.

La demoiselle se leva de son siège et salua élégamment Stribog qui le lui rendit en souriant. Elle se présenta succinctement sous le nom de Tiana. Un bien joli patronyme. Musical, agréable à l'oreille. La demoiselle présenta ensuite à Stribog ce qui aurait pu tomber sur la tête de son huscarl si il avait été plus insistant. En effet, la belle était déjà prise et le jarl pouvait aisément deviner la réaction du dit damoiseau lorsqu'il aurait apprit que Godrick courtisait sa dulcinée. Il vint à en rire légèrement avant de s'asseoir comme Tiana l'invitait à faire. Elle lui demanda le plus poliment du monde si le jeune homme connaissait le coin et si elle pouvait avoir droit à une visite des lieux. Stribog esquissa une moue désolée avant de répondre.

- Je m'excuse, ma dame, mais je ne suis pas d'ici non-plus. Je viens de Silena, le pays voisin, et je suis ici en touriste, comme vous j'ai l'impression.

Il se releva bien vite de sa chaise et adressa un large sourire à Tiana.

- Cependant, je serais heureux de découvrir un endroit pareil à vos côtés vraiment ! Si cela vous intéresse bien sûr. On doit facilement pouvoir trouver quelqu'un pour nous faire la visite !

Ayant fait sa proposition un peu trop fort au goût des étudiants présents dans la salle, il eu le droit à quelques boutades exaspérées. Il s'excusa brièvement à l'assemblée avant de se rapprocher un peu plus du visage de Tiana, le sourire aux lèvres en lui tendant une main amicale.

- Alors ? Ma proposition est-elle à vôtre goût Dame Tiana ?

Alors qu'il attendait la réponse de la jeune femme, Godrick revint bientôt de l'extérieur. Une large marque rouge sur sa joue faisait part d'un nouveau râteau bien plus musclé que le précédent et c'est avec une mine déçue qu'il rentra de nouveau dans la bibliothèque en essayant de se faire le plus discret possible pour que son maître ne voit pas les frais de sa tentative manquée. Il passa donc en vitesse derrière un groupe de lecteurs assidus avant de se cacher derrière une étagère de livres. Pour passer encore plus inaperçue, il piocha un ouvrage au hasard et fit semblant de le lire. Espérons que son jarl ne le voit pas...

Tiana masqua la légère déception qui la prit lorsque le jeune homme devant elle lui répondit qu'il n'était pas du coin, plus précisément de Selian, le pays voisin. Elle qui pensait que tous les habitants des Glaces connaissaient tous les endroits qui composaient leur pays et leurs voisins...

La vampire ne put retenir un très léger rire amusé lorsque, se redressant sur sa chaise, il lui lança sans grande discrétion :

Cependant, je serais heureux de découvrir un endroit pareil à vos côtés vraiment ! Si cela vous intéresse bien sûr. On doit facilement pouvoir trouver quelqu'un pour nous faire la visite !

Quelques étudiants studieux dérangés dans leur travail de révisions poussèrent des soupirs d'exaspération, ce qui fit taire Tiana sans lui faire perdre son sourire amusé. Ce garçon était décidément charmant, bien loin du cliché que Tiana avait moult fois entendu sur les habitants de ces glaciales contrées.

Elle accepta son invitation et lui tendit la main pour qu'il la relève galamment, même si elle était assez grande pour le faire toute seule. En sortant de la bibliothèque, elle put noter avec amusement la présence discrète - ou pas - du compagnon de Stribog, caché derrière un livre comme s'il en était absorbé, une marque rouge sur la joue. Le pauvre avait dû faire face à un nouveau refus féminin... Elle résolut de le laisser tranquille, cela lui servirait de leçon : toujours se renseigner sur les demoiselles que l'on convoite avant de tenter de les séduire...

En sortant, elle attendit que Stribog - et éventuellement son ami - la rejoigne avant qu'ils ne cherchent une bonne âme pour leur faire visiter l'endroit. Sans le montrer, Tiana resta sur ses gardes ; elle était en territoire inconnu, il faudrait faire attention où ils mettaient les pieds.

Dans un geste prévenant, le jeune homme aux cheveux de blés tendit une main à la demoiselle pour l’aider à se relever de son siège. Toujours acculé sous les regards houleux des étudiants dérangés, il se résolu à partir le plus vite possible avec Tiana au bras. Se dirigeant à grands pas vers la sortie de la salle, il aperçu du coin de l’œil la silhouette trapue et imposante de son garde du corps essayant tant bien que mal de se soustraire à son regard en feignant d’être absorbé par la lecture d’un ouvrage. Jetant ça et là de légers regards furtifs, il ne put néanmoins nullement voir son maître s’approcher de lui et lui subtiliser le livre des mains. Stribog ne put retenir un rire qui se voulait discret lorsqu’il vit le titre de l’œuvre. «Études du cycle de reproduction chez le gorille des montagnes ». Il tapa affectueusement l’épaule de son huscarl gêné, toujours en riant.

- Mais dis-moi, c’est qu’on se cultive à ce que je vois ! Tu t’intéresses à la reproduction des singes ? Rassures-moi, tu ne comptes quand même pas te baser là-dessus pour trouver ta compagne ?

Un nouveau rire passa la barrière de ses lèvres suivit de près par les reproches des autres lecteurs. Mais le jeune jarl les ignorait promptement. Il redonna son livre à Godrick et retourna d’un pas calme vers Tiana, qui les attendait à la sortie.

- Aller ! Arrêtes un peu tes bêtises et suis-nous ! Cela m’étonnerait que les demoiselles de Silena te laissent encore les approcher.

Légèrement humilié, le garde du corps roula des yeux avant d’emboîter le pas de son maître. Il se gratta discrètement la joue encore endolorie par la correction que la dame de la garde lui avait donnée. Ils sortirent donc tous les trois de la bibliothèque en quête d’un guide apte à leur faire la visite des lieux. Ils tombèrent rapidement sur un homme très petit, à la toilette soignée et coûteuse et portant un monocle cerclé de métal doré. Sa fine moustache rehaussait la grimace orgueilleuse qui tordait en permanence son visage d’une effroyable pâleur. En voyant le petit groupe s’approcher de lui, il arrangea son veston calmement avant de croiser ses mains dans le dos. Avant même que l’un des jeunes gens ne puisse dire quoi que ce soit, il avait déjà prit les devants.

- Je vous salue messieurs-dames, que puis-je pour vous ? Cependant dépêchez-vous, je suis pressé !

- Nous cherchons en fait une aimable personne qui puisse nous faire visiter ce superbe établissement ! Répondit Stribog. Connaitriez-vous par hasard quelqu’un de ce genre ?

- Non monsieur ! Ici il y a des gens occupés et il est hors de question que je fasse le guide touristique à une bande de gamins !

Surprit et indigné par tant d’animosité soudaine, Godrick se dépêcha de s’approcher de l’homme qui insultait ainsi son maître et à lui montrer le médaillon des Zima qu’il gardait sans une sacoche de sa ceinture. Se doutant bien qu’il comprendrait tout de suite l’allusion. Stribog, de son côté, esquissait une grimace nerveuse. Il ne voulait pas le moins du monde que sa nouvelle amie n’apprenne aussi tôt son rang et sa condition. Mais la fortune lui sourit et l’homme ne prononça même pas le nom de la maison du jarl. Il ne fit que les inviter à le suivre en s’aplatissant de courbettes et d’excuses rapidement calmés par le jeune homme qui l’enjoignait à ne pas trop parler. Il invita Tiana à lui prendre le bras avant d’emboîter le pas du petit homme et de commencer la visite. Il avait hâte de voir les secrets que recelait un tel monument !

Tiana put entendre des éclats de rire et des chuchotements énervés peu de temps après sa sortie ; sûrement Stribog qui avait dû dire une taquinerie à son compagnon, retrouvé en train de se faire très discret en faisant semblant de lire un livre. La joie de vivre...

Très vite, ils trouvèrent un petit homme bien habillé, montrant ainsi la fortune dont il était sûrement propriétaire, et qui semblait hautain à première vue. Un mortel loin d'être aimable, en somme. Les voyant arriver, il leur lança d'une voix fluette :

Je vous salue messieurs-dames, que puis-je pour vous ? Cependant dépêchez-vous, je suis pressé !

Nous cherchons en fait une aimable personne qui puisse nous faire visiter ce superbe établissement ! Connaitriez-vous par hasard quelqu’un de ce genre ?

Non monsieur ! Ici il y a des gens occupés et il est hors de question que je fasse le guide touristique à une bande de gamins !

Cet échange fit lever un sourcil à Tiana ; vraiment, ce petit homme devait revoir ses leçons de courtoisie et de bienséance en société. Godrick, l'ami de Stribog, lui montra un pendentif qui intrigua la vampire, surtout lorsque, à la vue de celui-ci, le petit homme se confondit en excuses et les pria de le suivre. L'ex-duchesse prit le bras que lui tendait Stribog et le suivit, docilement, regardant tout autour d'elle : la magnificence des Glaces était sans partage au niveau de l'architecture, c'était indéniable.

Rien de bien intriguant se déroula pendant la visite, mais cela n'empêcha pas Tiana de se tenir sur ses gardes. Tout en marchant, elle chercha des yeux d'éventuels endroits cachés aux yeux des simples mortels peu habitués, au cas où ; en vain. Ils avancèrent pendant une bonne demi-heure, suivant le petit homme dans un dédale de couloirs, jusqu'à arriver devant une pièce suffisamment discrète pour ne pas être vue par n'importe qui. Le petit homme l'ouvrit et invita le trio à le suivre ; que voulait-il donc faire ?

La visite de la célèbre Académie fut en déca des espérances de Stribog. Même si l’architecture relevait des plus somptueuses et que partout où l’on posait les yeux, le charme de la vie étudiante ainsi que le côté exotique des matières enseignées nous enveloppait, on finissait bien vite par s’ennuyer des paroles monochromatiques du notable fort peu débonnaire. Le petit groupe arpentait les salles que l’homme trouvait les plus intéressantes mais malgré cela, on entendait derrière le bâillement sonore de Godrick qui ne cachait nullement son profond ennuie. Lorsque son jarl se retourna vers lui pour lui lancer un regard sévère, il se reprit tout de suite et fit semblant de regarder quelque chose qui l’intéressait. Stribog aimait cet endroit et il aimait la compagnie qu’il avait au bras. C’était un moment serein et totalement déconnecté du reste de la vie chargée du jeune homme. Plus de bandits à éradiquer, plus d’impériaux à exécuter, plus d’horribles monceaux de papiers à remplir. Ce moment était uniquement le sien et celui de Dame Tiana.

Après de longs boyaux plutôt sombres, les trois jeunes gens et leur guide arrivèrent devant une lourde porte en bois massif que le petit homme poussa pour laisser entrer les visiteurs. Lorsque tous les trois furent à l’intérieur, il ne prit pas la peine de les suivre et referma directement la porte en prenant soin de la condamner à l’aide d’une lourde barrière. Surpris par ce piège inattendu, Godrick eu le réflexe de sortir un poignard caché dans sa botte et de se mettre devant son jarl pour le protéger d’éventuels agresseurs. Stribog, inquiet, invita Tiana à se rapprocher d’eux. La pièce était grande, aux murs de pierre froids et avec seulement quelques petites ouvertures en guise de fenêtres. Des restes de caisses en bois laissaient supposer que c’était autrefois une sorte d’entrepôt ou de garde-manger. Mais aujourd’hui, c’était une cellule. Le jeune jarl se tourna brusquement vers la porte et la frappa de son poing.

- Laissez-nous sortir ! Pourquoi nous avoir piégés ?!

Le rire sardonique du vieil homme retentit derrière la porte. Il semblait déjà s’être un peu éloigné de celle-ci.

- Pourquoi ? Parce que les têtes couronnées ça rapporte ! Un jarl tout droit débarqué de Selian… En demandant une rançon à vôtre impératrice, je serais riche ! Très riche !

Stribog soupira longuement. L’identité qu’il avait en vain essayé de cacher lui revenait en pleine figure. De surcroît, Dame Tiana savait maintenant qui il était. Et elle allait sûrement radicalement changer de comportement. Se confondre en politesses, faire d’ignobles mondanités, peut-être même essayé de le séduire par simple attrait de la richesse. Mais il n’était guère temps de parler de ça. Il se ressaisit pour répondre à leur ravisseur.

- L’impératrice Issendra n’acceptera jamais la requête d’un pauvre professeur de l’Académie ! Ma tête n’est pas essentielle à son royaume. Alors vous pouvez toujours attendre votre rançon !

Aucune réponse ne parvint aux oreilles du jeune homme. Peut-être était-il tout simplement parti et n’avait pas entendu son message. En tout cas, il se retourna vers ses compagnons d’infortunes. Godrick était accablé. S’il n’avait pas montré ce médaillon au professeur, ils ne seraient pas là maintenant. Stribog vit sa tristesse et tenta de le réconforter.

- Ne t’en fais pas Godrick, tu n’as pas mal fait de me présenter à lui. On s’en sortira, tu verras !

Son huscarl sembla un peu plus apaisé et Stribog espérait avoir fait le même effet sur la demoiselle qui affichait une mine indéchiffrable.

Quelques secondes après que le trio soit passé dans la pièce, ils se retrouvèrent enfermés par le petit homme, faisant jurer la vampire entre ses dents. Dire qu'elle avait eu raison de se méfier de lui...

L'échange entre Stribog et le petit homme qui les avait enfermés n'intéressa que peu la vampire, qui cherchait déjà à sortir de cet endroit. La seule chose qui la fit légèrement tiquer, ce fut le fait de connaître le titre de Stribog : un Jarl, l'équivalent d'un duc en Glace, si les souvenirs de politique étrangère de Tiana étaient exacts.

Mais là n'était pas le plus important. Affichant une mine impassible, la vampire cogita un bon moment, partageant ses réflexions à vois marmonnée :

Hum... Comment sortir d'ici ? En poussant la porte, on ne devrait pas y arriver...

Elle fixa la porte quelques secondes avant d'avoir une illumination : n'avait-elle pas la faculté de se transformer en brume ?! Et, jusqu'à preuve du contraire, rien ne pouvait empêcher la brume de sortir... Elle se tourna vers les deux hommes :

Ne bougez pas, je vais voir ce que je peux faire.

Elle se transforma en brume et fonça vers la porte ; quelle ne fut sa surprise d'être stoppée net dans son élan ! Le nabot avait enchanté la porte, comme s'il se doutait qu'ils allaient tenter de sortir grâce à la magie.. Elle insista malgré tout, jusqu'à réapparaître totalement, nauséeuse et fixant la porte avec colère. Elle alla s'asseoir un peu plus loin et marmonna :

Excusez-moi... Mais cet imbécile a dû deviner que je possédais de la magie. Il faut trouver une sortie malgré tout...

Elle voulut se relever en s'appuyant sur le mur, mais la nausée la fit se rasseoir. Hé bah, elle ferait attention la prochaine fois qu'elle utiliserait ce pouvoir...

[HRP : le petit coup de chance pour la porte je le met sur le compte de ma divinité fort sympathique ^^]

Tandis que Stribog essayait, plutôt vainement, de contenir la colère qui embrumait son esprit, son jeune garde du corps ne pensait qu'à imaginer un plan pour racheter sa faute auprès de son ami et seigneur. Ce n'était certes pas vraiment le moment adéquat, mais l'on pouvait néanmoins saluer l'effort ! Pendant ce temps, la belle Tiana semblait être aussi absorbée en réflexions que Godrick mais sur un autre sujet autrement plus urgent. Lorsque le jarl se sentit suffisamment calmé pour y voir plus clair, il jeta un œil à ce que faisait la demoiselle et la vit s'approcher de la lourde porte, le visage concentré. D'un œil éberlué, il la regarda se volatiliser en fumée et tenter de passer sous la porte comme si de rien n'était. La surprise laissa place à la déception lorsque le nuage revint à l'intérieur de la cellule et reprit forme humaine. La colère assombrissait le visage de la demoiselle alors qu'elle s'excusait pour sa tentative manquée. Dans un geste de sincèrement compatissant, Godrick tenta d'aller la rassurer.

- Ne vous inquiétez pas ma dame, vous avez tenté quelque chose, c'est déjà beaucoup. Et puis... nous avons nous aussi un tour dans notre manche...

Il adressa un clin d’œil à Stribog qui répondit par un regard circonspect. Si la magie de Tiana était inefficace sur cette maudite porte, la sienne le serait tout autant. Il n'eut pas besoin de le préciser à son huscarl que déjà celui-ci rétorquait tout en posant une main bienveillante sur l'épaule de la demoiselle.

- Certes je n'aime pas spécialement les mages, mais la tienne sert les guerres, ça compense. Je sais que tu peux le faire Stribog. Alors détruis-moi cette porte !

Le silence qui s'en suivit fit rendre compte à l'huscarl qu'il venait de donner un ordre à son jarl. Il en devint véritablement écarlate et n'osa même plus regarder celui qu'il venait littéralement d'humilier. Mais ce ne fut pas le poing courroucé de Stribog qui le frappa mais plutôt une tape affectueuse sur le dos. Son seigneur riait. Il n'était pas du tout en colère. Il n'en revenait pas. En réalité, cela faisait terriblement plaisir au jeune homme de retrouver son ami tel qu'il était avant. A toujours le taquiner et à le pousser jusqu'au bout. Il planta ses yeux rieurs dans ceux de son ami.

- Je t'en prie ! Ne change surtout pas ou c'est à ce moment que je te rosserais ! C'est clair !

Pour toute réponse, le jeune huscarl ne fit que le pousser vers la porte en s'éloignant. Il enjoignit Tiana de le suivre au fond de la pièce tandis que Stribog se plaçait face à l'obstacle. Galvanisé par les encouragements de Godrick, il souriait en se concentrant pour libérer sa magie. Une bonne minute suffit au mage pour prendre sa forme final. Entièrement recouvert d'une épaisse couche de glace de la tête au pied, il tendit son bras difforme et imposant vers la porte. A ce moment, un crissement strident suivait l'ouverture de la petite fente sur celle-ci. C'était le professeur qui venait sûrement leur ordonner de calmer les rires mais il ne vit qu'une immense vague de glaces déferler sur lui en prenant diverses formes. Pointues, cubiques ou bien sphériques, un tas d'excroissances chargeaient le mur et elles partaient toutes de la main de Stribog.

La porte vola en éclats sur plusieurs mètres ainsi que le petit homme. L'élémental se contenta de poser les genoux à terre en reprenant forme humaine. Haletant et dodelinant de la tête. Godrick se précipita sur lui en se débarrassant au passage de la poussière et du givre ainsi que des éclats de glaces qui le recouvrait. Il l'aida à se relever et se dépêcha de le conduire dans le couloir.

- Il fait décidément trop chaud pour toi ici, quoique maintenant que tu t'es lâché... Bref, un petit plongeon dans la neige de dehors devrait te rafraîchir les idées.

Il tourna la tête vers Tiana en souriant.

- Tu peux venir avec nous si tu n'as pas trop froid. On devra s'expliquer avec les gens d'ici je pense mais il suffira de dire la vérité.

Sans attendre la réponse de la demoiselle, il s'éloigna à grands pas, son ami sous le bras.

Tiana mit quelques instants à reprendre ses esprits, rassurée par Godrick qui lui assurait qu'elle avait tenté quelque chose, ce qui n'était pas rien. Par contre, elle fut un peu surprise par le ton qu'il employa en s'adressant à Stribog :

Certes je n'aime pas spécialement les mages, mais la tienne sert les guerres, ça compense. Je sais que tu peux le faire Stribog. Alors détruis-moi cette porte !

Et le rire de Stribog les étonna tous les deux. Apparemment, le jeune homme était heureux de retrouver son ami dans cet état... Après lui avoir tapé le dos et lui avoir parlé en ami, le jeune homme fixa la porte pendant que Godrick ramenait Tiana en arrière, et se transforma. Littéralement. Il était propriétaire d'une puissante magie...

Quelques secondes après, la porte était pulvérisée et Stribog, reprenant une forme normale, tombait à genoux, complètement vidée. Godrick vint l'aider à se relever en lançant :

Il fait décidément trop chaud pour toi ici, quoique maintenant que tu t'es lâché... Bref, un petit plongeon dans la neige de dehors devrait te rafraîchir les idées.

Puis il se tourna vers Tiana et reprit :

Tu peux venir avec nous si tu n'as pas trop froid. On devra s'expliquer avec les gens d'ici je pense mais il suffira de dire la vérité.

Et il tourna les talons, portant Stribog sous son bras, sans attendre la réponse de la demoiselle. Qui n'eut pas besoin de réfléchir longtemps sur la question, puisqu'elle emboîta le pas aux deux hommes assez vite.

Ce fut elle qui se chargea de repousser les curieux qui s'agglutinaient devant le duo en lâchant :

Laissez-nous passer, vous voyez bien qu'il y en a un qui est dans un piteux état !

Et cela fonctionna. Les gens s'écartèrent pour laisser le duo passer, pendant que Tiana restait en retrait : le soleil était présent, et elle avait beau le trouver magnifique, il n'en était pas moins mortel pour elle. Les deux hommes la retrouveraient en temps voulu.

Dame Tiana rattrapa largement sa tentative manquée dans la cellule. Car lorsque le trio arpentait les couloirs interminables de l'Académie en direction de la sortie, elle priait plus ou moins rudement les gens sur le chemin de s'écarter pour laisser passer le petit groupe. Une attention louable qui arracha sans peine un large sourire à Godrick. Elle les connaissait à peine et pourtant elle faisait de son mieux pour permettre au jeune homme de conduire son ami dans un lieu plus confortable pour ce dernier. Stribog n'était pas très difficile dans ce domaine. Plus il faisait froid, mieux il se sentait. Et ce n'était pas à Silena qu'il allait crouler sous les canicules. Il suffisait simplement à l'homme d'arme de le tirer jusqu'à l'extérieur et de le laisser entre les mains de la doucereuse neige du pays pour qu'il reprenne des forces. Le jeune jarl lui avait recommandé de faire cela lorsqu'il se trouvait en danger. Là, le danger n'était pas franchement omniprésent mais les plus paranoïaques pouvaient s'inquiéter des sanctions réservées à ceux qui détruisaient le mobilier ainsi que les os des professeurs.

Après d'interminables minutes passées à se frayer un chemin à travers une masse pantoise d'étudiants et d'intellectuels divers, les trois jeunes gens parvinrent enfin à l'entrée du bâtiment. Au dehors, un soleil resplendissait et ses puissants rayons arrosaient abondamment la terrasse pavée de pierre à l'extérieur de l'Académie. On voyait de l'intérieur des gens y discuter, regarder avec une certaine mélancolie sublime la terre blanche et pure... D'autres encore étaient assis sur de volumineux bancs de pierres, occupés à lire divers ouvrages ou, pour certaines demoiselles, de ré-arranger leurs cheveux en bataille après une démonstration magique certainement loin d'être douce. L'endroit respirait la vie, la gaieté et une certaine innocence joviale. C'était peut-être pour ça que Stribog aimait tant y être. L'huscarl ne s'était jamais posé la question et, à vrai dire, ce n'était ni l'heure ni le moment. Ils dévalèrent les quelques marches qui séparaient la large terrasse du sol enneigé et Godrick jeta sans ménagement son jarl qui roula sur le dos, à demi enfoncé dans la masse lactée.

Plusieurs minutes s'écoulèrent ainsi. Quelques élèves curieux s'étaient approchés du groupe (qui ne comptait plus Tiana dans ses rangs d'ailleurs) et regardaient avec circonspection le jeune homme, les yeux fermés et les bras écartés, respirer calmement dans la neige glacée. Comment faisait-il pour supporter cela avec autant de sérénité. En vérité, Stribog savourait l'instant. Depuis combien de temps n'avait-il pas eu le contact maternel de la neige sur sa peau. Trop longtemps visiblement, car le retour aux sources était... rude. Il ne supporta bientôt plus ce bien-être en abondance, redoutant l'indigestion, et finit par se relever, les vêtements recouverts de givre humide. Il s'ébroua un instant pour enlever les petits morceaux de glace et paraître plus présentable avant de retourner vers l'entrée, et dame Tiana, en ignorant complètement le petit attroupement qui s'était fait autour de lui. Il fit signe à son huscarl de l'accompagner et celui-ci ne se fit pas prier. Ils rejoignirent la belle jeune femme, restée à l'intérieur pour d'obscurs raisons, et le jarl exécuta une courbette par pure galanterie et lui baisa la main.

- Je vous remercie ma dame, sans vous je serais encore dans cette foule homogène en train de suffoquer et de peser bien lourd sur les épaules de mon ami. Merci encore pour moi et aussi pour lui.

Il se redressa et afficha un sourire franc.

B- on, on ne devrait pas tarder à venir nous demander des explications. Ne vous en faite pas, je ferais ce qu'il faut pour que vous n'ayez pas d'ennuis.

Et tandis que sa phrase se clôturait, on entendait du couloir de nombreux pas hâtés venir en direction des trois jeunes gens.

Tiana attendit quelques instants, laissant le temps à Stribog de se remettre de son utilisation de magie qui l'avait laissé sur les genoux. Elle était contente d'avoir pu l'aider à sa manière, en demandant aux autres de s'écarter pour le laisser passer ; de toute façon, elle n'aurait pas pu faire autre chose sans crainte de brûlure...

Lorsque le duo revint vers elle, Stribog s'inclina devant elle et lui lança en lui baisant la main de manière tout à fait courtoise :

Je vous remercie ma dame, sans vous je serais encore dans cette foule homogène en train de suffoquer et de peser bien lourd sur les épaules de mon ami. Merci encore pour moi et aussi pour lui.

Tiana s'inclina à son tour, sans mot dire, se contentant d'un large sourire qui trahissait sa pensée. Elle aimait rendre service, pour rien au monde elle n'aurait laissé le duo étouffer dans la foule... Il se redressa et reprit :

B- on, on ne devrait pas tarder à venir nous demander des explications. Ne vous en faite pas, je ferais ce qu'il faut pour que vous n'ayez pas d'ennuis.

Ce n'est pas la foule qui m'inquiète, mais le soleil... Laissez-moi dans l'ombre jusqu'à ce soir, je saurais me faire oublier jusqu'à ce que nous repartions en un morceau. Mais si je dois donner des explications, je les donnerai moi-même, ne vous en faites pas.

Elle posa une main rassurante sur le bras de Stribog, puis recula, voyant une foule compacte les rejoindre. Comme prévu, elle resterait dans l'ombre, sauf si on lui demandait des explications.

- Ce n'est pas la foule qui m'inquiète, mais le soleil... Laissez-moi dans l'ombre jusqu'à ce soir, je saurais me faire oublier jusqu'à ce que nous repartions en un morceau. Mais si je dois donner des explications, je les donnerai moi-même, ne vous en faites pas.

Une déclaration qui déconcerta un peu le jeune homme. Pourquoi voulait-elle attendre la nuit pour partir ? Stribog avait, au cour de sa vie, rencontré quantité de gens étranges ou au moins inquiétants. Mais cette demoiselle était… tout simplement impossible à cerner. Il n’arrivait à mettre des mots ni sur ce qu’il pensait d’elle, ni sur ce qu’elle pourrait être. Il balaya ces incertitudes agaçantes d’un mouvement de tête avant de reprendre son éternel sourire sincère et chaleureux.

- Nous ferons comme il vous plaira. De toute façon, je tiens à vous inviter chez moi ! Quelqu’un qui n’apprécie pas le soleil… vous aimerez ma demeure. Elle regorge d’endroits sombres et je suis sûr qu’à notre retour, le blizarre envahira le ciel, le soleil ne devrait donc pas être un invité très présent !

Sur ces mots, il laissa la demoiselle aux bons soins de Godrick et se dirigea vers les couloirs en quête de quelqu’un à qui expliquer les évenements de la journée. Il n’avait aucune envie de laisser Tiana expliquer un évenement que, il en était sûr, elle ne pourrait expliquer sans hésitation. Au bout de quelques minutes d’errances mornes et solitaires il déboucha enfin sur une large pièce toute verdoyante. L’imposant bureau de bois massif trônait au milieu de la salle recouvert de monceaux absolument effrayants de paperasse. Stribog connaissait bien les obligations de quelqu’un avec autant de responsabilités que lui ou… ou la personne qui occupait cet endroit. C’est donc en faisant la grimace qu’il approcha de la personne assise devant toutes ces feuilles. Hormis cela, l’endroit était agréable. De nombreuses plantes éparpillées dans la pièce rendait l’atmosphère sereine et donnait envie de se détendre devant un bon livre. Livre qu’on aurait du mal à choisir parmi les dizaines entassés dans les étagères fixés aux murs.

Le regard du jarl passa très rapidement sur tout cela pour se concentrer sur l’homme assit au bureau, occupé à recouvrir d’une ancre vermeille un parchemin d’une blancheur immaculée. Une grimace de concentration assombrissait son visage et le jeune homme se sentit soudain mal à l’aise d’importuner quelqu’un d’aussi occupé. Il se surprit à attirer son attention d’un geste chargé de timidité. Il tapota un peu le bureau, le plus doucement possible, pour lui faire lever sa tête de la missive. Le notable n’en fit rien et continua de rédiger soigneusement son rapport sur le papier. La gêne laissa place à l’agacement et il ne fallut pas plus de cérémonie à Stribog pour geler la plume que l’homme tenait dans la main. Il leva promptement la tête, la mine indifférente quoique teintée d’une pointe d’agacement.

- Mmmh ? Que puis-je pour vous jeune homme ?

- Et bien en fait je viens vous avouer que si vous trouvez une porte défoncée dans un couloir avec un professeur en dessous, et bien… vous savez désormais qui a fait ça.

- Et pourquoi pareils transports je vous prie ?

- Et bien sachez que vos professeurs manque cruellement de courtoisie. Lorsque l’on enlève quelqu’un en prétendant vouloir le vendre… Comprenez qu’il y a mieux comme comité d’accueil…

Le vieil homme semblait d’abord incrédule… puis il reconsidéra la question et alla vérifier la véracité des propos du jeune homme. Effectivement, il revint quelques minutes plus tard, le front en sueur.

- Et bien je… je ne sais pas quoi vous dire… Même si vous dîtes vrai… vous avez quand même assommé un professeur… je… je…

Le jarl s’approcha doucement de l’homme et lui posa une main rassurante sur l’épaule.

- Bien. Dîtes moi ce que je peux faire pour rembourser ma dette et je le ferais. Parole de jarl.

- De jarl ?!

- Oui monsieur. Je suis Stribog Zima. Jarl des lointaines terres du Gronnvegg. Je mettrais à profit les ressources de mon pays tant que je le peux pour racheter ma faute. Demandez-moi ce que vous voulez.

Désormais, l’homme était détrempé. Il avala bruyamment l’eau qu’il avait disposé sur le bureau avant de déglutir et de répondre au jeune homme.

- Considérez que c’est pardonné. D’accord. Il ne c’est rien passé aujourd’hui. Si vous me promettez de garder le secret sur ces événements, nous seront quittes !

- B… bien. Fit Stribog, désormais lui aussi déstabilisé. Il me faut prendre congé de vous monsieur ! Je vous dis à bientôt !

- Oui oui, c’est ça. Fit l’homme en accompagnant ses mots d’un geste évasif de la main.

Satisfait mais tout de même un peu désappointé, le jarl s’empressa de rejoindre ses amis, toujours au même endroit. Il leur raconta brièvement son entrevue avec… en fait il ne savait même pas qui il avait eu en face de lui mais passons. Ils patientèrent donc tous les trois en attendant le crépuscule qui ne tarda pas à tomber sur la région. L’hiver annonçait souvent ces couchés de soleil prématurés. Tant mieux pour le petit groupe, en tout cas pour Stribog et son huscarl, peu habitués à ne rien faire des heures durant comme cela. Lorsque la nuit tomba complètement, le jeune élémental tendit une main courtoise à la demoiselle en se dirigeant vers la porte.

- Bien ! Le soleil ne darde plus ses rayons sur le monde ! Nous pouvons désormais partir d’ici. Avez-vous une monture ? Si non, je suis disposé à vous laisser grimper derrière moi.

Godrick, pour sa part, se voyait déjà grelotter de froid dehors, dans la nuit, à cavaler pour rentrer chez lui. Quelle fantaisie exigeait là la demoiselle ! Mais bon, le jeune homme avait ses faiblesses. Il ne pouvait pas lui dire non… D’autant plus que l’ordre de son maître était de l’emmener au Duché.

Tiana put noter, même très brièvement, l'incrédulité de Stribog face à sa demande quelque peu spéciale, pour un humain normal. Il était encore trop tôt pour lui révéler sa nature vampirique, mais elle pouvait toujours dissimuler la vérité sous un mensonge honnête. Même si cela lui en coûterait.

Stribog reprit son sourire chaleureux et la rassura :

Nous ferons comme il vous plaira. De toute façon, je tiens à vous inviter chez moi ! Quelqu’un qui n’apprécie pas le soleil… vous aimerez ma demeure. Elle regorge d’endroits sombres et je suis sûr qu’à notre retour, le blizarre envahira le ciel, le soleil ne devrait donc pas être un invité très présent !

Puis il disparut à la recherche de quelqu'un à qui expliquer ce qu'il s'était passé, laissant Tiana et Godrick seuls. Ce dernier, rongé de curiosité, se tourna vers la vampire et lui demanda :

Pardonnez mon indiscrétion, madame... Mais pourquoi ne pouvez-vous pas supporter la lumière du soleil, au point de préférer la nuit pour sortir ?

Tiana sourit et lui répondit posément :

J'ai grandi dans une famille où nous sommes allergiques au soleil, cela nous provoque des irritations si l'on sort à peine le bras... J'ai testé une fois, étant petite, cela me suffit largement.

Pourvu qu'il ne fasse pas le rapprochement avec les vampires... Elle retint de justesse un soupir de soulagement lorsque Godrick haussa les épaules et répondit :

Ça ne doit pas être agréable pour vous... Le soleil est bénéfique, d'ordinaire.

Seulement pour ceux qui peuvent le supporter, mais croyez-bien que si je trouve le moyen de me protéger du soleil sans crainte d'être brûlée, je le prendrai sur-le-champ.

Quelques instants plus tard, alors que le soleil se couchait, Stribog revint et, tendant une main courtoise à Tiana qui la saisit, lui lança :

Bien ! Le soleil ne darde plus ses rayons sur le monde ! Nous pouvons désormais partir d’ici. Avez-vous une monture ? Si non, je suis disposé à vous laisser grimper derrière moi.

Merci, mais ma jument doit m'attendre avec impatience dans les écuries. Ne bougez pas.

Elle se rendit aux écuries, où l'attendait, effectivement, une Sémillante impatiente de repartir avec sa maîtresse. La vampire la calma en lui caressant l'encolure, puis l'enfourcha avant de rejoindre les deux hommes. À eux d'ouvrir le chemin, désormais.