Une détention marquante [Terminé]

10 Nelnurr 114. Une date à marquer d'une croix rouge pour Chioné. Le jour où elle était tombée dans un piège grossier, à l'Académie. Capturée comme une vulgaire poupée de chiffon, incapable de se défendre face à la magie noire qui venait de ses deux ravisseurs. Son professeur, Hilaren Sombresang, qui l'avait conduite devant un représentant du Ministre de la Magie, une liche à l'apprence peu commune dont elle ignorait l'identité. Étaient-ils des frères de ceux qui la traquaient depuis quelques mois ?

Lorsqu'elle émergea de son inconscience, quelques temps plus tard, elle se trouvait entravée, enfermée loin de toute source de lumière, plongée dans le noir total. Ses gants étaient à leur place, sur ses mains, mais elle était dans l'incapacité de faire quoi que ce soit avec sa magie.

Pour la première fois depuis longtemps, elle avait peur. Peur de ce qui allait lui arriver ; son tatouage lui permettrait-elle d'être retrouvée rapidement ? Elle l'espérait, au plus profond d'elle-même. Une autre question l'angoissait : qui étaient ses ravisseurs et geôliers ? Étaient-ils pire que ceux qui la traquaient, étaient-ils de ceux-là même ? Mystère...

Je pris une grande inspiration , avançant vers les cachots en maugréant : je n'avais pas compris tout de suite quand la patronne m'avait convoqué pour discuter d'une affaire importante . Même si je comprenais ses raisons , je continuais à me dire que c'est elle qui aurait du venir pour rester en compagnie de son futur mari -que je n'aimais décidément pas rien que pour ce qu'il avait fait pour devenir un élu- et ça m'aurais éviter un voyage aussi lassant .

J'ouvris une porte , lourde et sombre , qui menait à une pièce où seule les ténèbres dominaient même si ça ne me gênait en rien . Avançant d'un pas souple vers la prisonnière qui semblait d'ailleurs encore endormi , je pris un tabouret pour m'asseoir face à elle , observant avec une curiosité peu dissimulé ce qu'était ces fameux Féral .

Je ne savais de cette famille que ce que Tiana m'avais raconté et ce que j'avais appris moi même en écoutant la populace mais j'avoue que je n'imaginais pas une créature au physique aussi fragile avec des pouvoirs si puissant... A l'opposé , j'avais entendu parler du fameux Victo Féral , champion de l’arène et guerrier d'élite confirmer : je souhaitais bien le rencontrer d'ailleurs .
J'avais des questions à lui poser et , pour me répondre , elle devrait se réveiller or : je ne suis pas particulièrement patient .

La giflant un bon coup pour la ramener au monde réel , je pris un ton froid qui perça l'obscurité ambiante :

-Reveille-toi , Féral : j'ai des questions pour toi et j'espère vraiment que tu pourras y répondre... sauf si tu préfères les bons soins du Seigneur Magrant ?

J'avais conservé ma lame sur moi , au cas où elle se montrerai réticente à parler , même si je ne souhaitais pas devoir en venir là .

Chioné entendit des pas venir vers sa cellule, et elle se recroquevilla pour se faire oublier. Elle ne savait pas à qui elle avait affaire, sa magie ne pouvait pas l'aider pour se défendre, et entravée comme elle était, elle ne pouvait pas tellement faire grand-chose.

Elle resta immobile quand elle entendit la porte de sa cellule s'ouvrir, puis le bruit d'un tabouret qu'on plaçait à côté d'elle ; faire comme si elle était inconsciente lui permettrait peut-être de rester tranquille ne serait-ce que quelques secondes de plus...

Elle n'eut droit à très peu de secondes de répit ; une main s'abattit violemment sur sa joue, et pendant qu'elle encaissait le coup, elle entendit une voix froide au-dessus d'elle lui intimer :

Reveille-toi , Féral : j'ai des questions pour toi et j'espère vraiment que tu pourras y répondre... sauf si tu préfères les bons soins du Seigneur Magrant ?

Chioné se redressa doucement, un peu sonnée par la violente gifle qu'elle venait de recevoir, et souffla en se recroquevillant :

Quelles... questions ? Et qu'est-ce que je fais ici ? Qui êtes-vous ?

Puis, sans prévenir, elle envoya son pied dans l'entrejambe de son interlocuteur et lui lança un regard plein de défi. C'était sûrement stupide, mais au point où elle en était actuellement...

-Quelles... questions ? Et qu'est-ce que je fais ici ? Qui êtes-vous ?

Je voulu rire mais je la vit se mouver : elle me visait avec son pied où je rêvait ? Me transformant en ombre pour la laisser me passer au travers , je me déplaça en face d'elle avant de reprendre consistance pour la saisir à la gorge :

- Pas de ça avec moi , jeune Féral... tu pourrais amèrement le regretter , sois en certaine...

Je serrais un peu plus la gorge avant de la lâcher , laissant une marque rouge clairement visible là où je l'avais tenu : je me releva , dégainant ma lame pour la placer sur la gorge de la jeune femme , je me mis ensuite à susurrer doucement avec une voix si mielleuse qu'il en devenait angoissant :

- Maintenant qu'on peut parler en toute courtoisie , sans violence bien entendu , j'aimerais que vous me répondiez : Quel est votre nom ? Quels sont vos pouvoirs ? Quels est votre histoire , en somme ? Je vous conseille de répondre sans entourloupe : je ne suis pas particulièrement patient et ma lame non plus !

Je n'appréciais guère devoir user de la force mais , elle ne semblait pas suffisamment bavarde pour me répondre bien gentiment sans devoir l'y forcer . J'avais éluder ses propres questions pour lui faire comprendre clairement qu'ici , c'était moi qui posais les questions et qu'elle n'était là que pour répondre docilement à ses questions.... c'était presque amusant de jouer les grands méchant loup pour une fois , même si j'espérais ne pas avoir à recommencer .

Chioné fut surprise de voir l'homme en face d'elle se transformer en brume, mettant à mal son initiative, et regretta son geste ; quelques secondes après, il s'était approché d'elle sous sa forme de brume et lui serrait la gorge au moment de reprendre consistance, avant de siffler :

Pas de ça avec moi , jeune Féral... tu pourrais amèrement le regretter , sois en certaine...

Il serra un peu plus sa prise avant de la relâcher, laissant une Chioné haletante qui cherchait désespérément à reprendre son souffle. Quand elle l'eût retrouvé, il avait placé une lame sur la gorge de la jeune femme, qui resta immobile. La voix mielleuse de son geôlier la fit cependant tressaillir :

Maintenant qu'on peut parler en toute courtoisie , sans violence bien entendu , j'aimerais que vous me répondiez : Quel est votre nom ? Quels sont vos pouvoirs ? Quels est votre histoire , en somme ? Je vous conseille de répondre sans entourloupe : je ne suis pas particulièrement patient et ma lame non plus !

Et Chioné sut qu'il ne plaisantait pas, loin de là. Elle déglutit et répondit, très doucement :

Vous savez ce que je suis. Une Féral à moitié. L'autre moitié, je la tiens de ma mère, Élémentale de Glace. Et mon histoire n'a rien de palpitant, pour vous comme pour moi.

Elle se tut quelques instants, attendant de voir si son geôlier brumeux allait encore la gifler pour avoir davantage de précisions, mais, ne voyant rien venir, elle reprit :

Je n'ai plus de mère depuis... un an ou deux, je crois bien. Des gens l'ont tuée, parce qu'elle a eu une liaison avec un démon. Moi-même, j'ai failli mourir un certain nombre de fois, jusqu'à ce que je retrouve ma famille paternelle. Et j'ai aussi cherché un moyen de maîtriser ma magie, qui n'en fait qu'à sa tête. À part ça, rien de bien intéressant.

Elle plongea son regard bleu dans celui, noir, de son geôlier, et le regarda avec défi et peur mêlés. Elle attendait la suite.

En un sens , même si je n'aimais pas la violence que j'avais du user à l'instant , je jubilais en l'écoutant me répondre de manière si docile à mes questions , futiles certes , mais cela prouvait qu'elle n'oserait pas me mentir désormais et c'était parfaitement ce que je voulais . Je rengaina mon arme , désireux de la remettre en confiance en me montrant un peu plus "aimable" avec elle : j'étais peut être son ennemi mais je reste un pacifique !

Voulant la rassurer un peu plus , histoire de lui faire comprendre qu'on ne la tuerais -pour le moment , tout du moins- je me leva en direction de la sortie pour revenir un peu plus tard avec deux lampes à huiles allumé que je posa à côté d'elle pour la première et à mes côtés pour la seconde . Leur lumière jetaient des ombres presque inquiétante sur ma peau sombre qui contrastait d'ailleurs pas mal avec la peau de la jeune prisonnière , pâle comme le froid . Plongeant mes yeux rouges dans ses yeux bleues , je prit un ton doux mais froid afin de reprendre l’interrogatoire :

-C'est bien... je vois que vous avez très bien compris qu'il n'est pas utile de me mentir : vous n'êtes pas si bête que ça , finalement .

Me redressant pour imposer un peu plus ma stature , je poursuivi sur le même ton , laissant un doigts caresser la marque que je lui avais faite sur la gorge , regrettant un peu mon emportement veillant bien sûr à ce qu'elle ne puisse le remarquer à travers mon regard glacé :

-Maintenant... j'aimerais que vous me décriviez un peu vos pouvoirs , avec le plus de détails possible et , n'essayez pas de me cacher la moindre infos où je pourrais me montrer plus... persuasif que votre habituelle tortionnaire .

Chioné ressentit un bref soulagement lorsque son geôlier rengaina son arme ; il était sûrement satisfait des réponses qu'elle lui apportait, et la jeune femme avait compris que c'était inutile de mentir avec lui. Il alla chercher deux lampes, une qu'il plaça à côté d'elle et l'autre près de lui, avant de plonger son regard rouge dans le bleu des yeux de Chioné et de reprendre doucement mais froidement :

C'est bien... je vois que vous avez très bien compris qu'il n'est pas utile de me mentir : vous n'êtes pas si bête que ça , finalement.

Il se redressa, faisant se recroqueviller Chioné de manière instinctive, et promena son doigt sur la marque qu'il lui avait laissée sur le cou, comme s'il regrettait de l'avoir fait. Il reprit ensuite, tout aussi froidement :

Maintenant... j'aimerais que vous me décriviez un peu vos pouvoirs , avec le plus de détails possible et , n'essayez pas de me cacher la moindre infos où je pourrais me montrer plus... persuasif que votre habituelle tortionnaire .

Chioné savait qu'il tiendrait facilement parole. Mais ce que les mots ne pouvaient aisément expliquer, les gestes pouvaient, peut-être, le faire. Loin d'elle toute idée d'en profiter pour tenter de le tuer ; le moindre geste qu'il pouvait considérer comme suspect le ramènerait à la gorge de Chioné, et cette fois elle n'échapperait pas à l'étranglement. Elle se redressa un peu et montra ses mains gantées :

Le mieux serait que je vous montre. Je serais vous, je sortirai de cette pièce ou je m'éloignerai suffisamment pour ne pas finir transpercé.

Elle lui lança un regard qui signifiait clairement qu'il valait mieux pour lui qu'il recule, avant de retirer ses gants qui, par hasard, pouvaient être enlevés malgré les fers autour de ses poignets. Elle dut cependant attendre quelques instants avant de voir sa magie s'écouler doucement de ses doigts et se mettre à givrer toute la pièce, créant aussi des pics de glace qui hérissaient le sol. D'ordinaire, sa magie serait beaucoup plus piquante, mais là...

Me montrer ? Elle voulait me montrer ses capacités ? Mieux valait rester méfiant alors et , pour garder mes pleines capacités , j'allais avoir besoin d'un peu plus d'obscurité . D'un coup de pied , je fit valser la lampe à mes côtés qui s'éclata contre un mur , s'éteignant pour le même coup , et plongeant mon côté dans la pénombre que sa propre lumière n'atteignait point .

Je ne fis rien pour l'empêcher de retirer ses gants , supposant qu'il devait lui servir de catalyseur puisqu'elle les enlevaient pour user de sa puissance , mais j'avais déjà dégainé en partie mon arme au cas où elle tenterai le moindre geste agressif à mon encontre .

En premier lieu , je fut vivement surpris de voir tant d’énergie couler le long de ses mains me demandant si elle n'étais pas un peu jeune pour contenir une telle force , mais mon attention se concentra plutôt sur ce que la magie était en train de faire : j'étais à la fois impressionné et inquiété en voyant le sol se couvrir de glace tandis que la pièce prenait une température égale à mes émotions , c'est à dire pas franchement chaleureuse .

Finalement , je me mit à penser que son pouvoir n'était que tape à l’œil , le danger ne semblant pas vouloir venir jusqu’à ce que l'air lui même se change en pique gelé qui semblait jaillir du sol telle des geysers , des geysers plutôt mortel tant ils étaient acérés . Elle n'avait clairement pas l'air de vouloir tenter une attaque puisqu'elle ne toucha même pas à la zone où je me trouvais , il ne m'avais fallu que quelque pas pour éviter d'être transpercé par le pique le plus proche .

Je fit un soupir sonore , déçu de ce qui venait de se passer , avant de reprendre d'une voix ennuyé :

-Et bien , c'est tout ? Moi qui pensais pouvoir m'amuser... je me demande pourquoi le seigneur s'intéresse à vous : vous êtes pitoyable et inintéressante !

Je retourna vers elle , son corps de nouveau à porté de lame , après avoir décapité tout les pics alentour d'un coup d'épée .

-Et fragile en plus , comme vous . Vous n'êtes qu'une fleur de givre : belle et d'une pâleur éclatante certes mais d'une fragilité navrante... Bon , je vais pouvoir reprendre : d'où vous viennent vos petits talents ? Et puis , quelle est ce tatouage que vous arboriez avant que le seigneur ne le retire avec toute la délicatesse dont il dispose ? A quoi vous sert-il ?

Chioné fit arrêter sa magie quand elle commença à sentir le vertige caractéristique d'un abus de son pouvoir, et aspira la glace qui s'était formée dans la pièce pour récupérer ses maigres forces, pendant que son geôlier déclarait, avec ennui :

Et bien , c'est tout ? Moi qui pensais pouvoir m'amuser... je me demande pourquoi le seigneur s'intéresse à vous : vous êtes pitoyable et inintéressante !

S'il savait... Il décapita les quelques pics de glace qui le séparaient d'elle et qu'elle n'avait pu récupérer avec son épée et la menaça à nouveau avec son arme avant de reprendre :

Et fragile en plus , comme vous . Vous n'êtes qu'une fleur de givre : belle et d'une pâleur éclatante certes mais d'une fragilité navrante... Bon , je vais pouvoir reprendre : d'où vous viennent vos petits talents ? Et puis , quelle est ce tatouage que vous arboriez avant que le seigneur ne le retire avec toute la délicatesse dont il dispose ? A quoi vous sert-il ?

Chioné ferma les yeux, pour dissiper son malaise en apparence, et pour réfléchir à une manière de lui montrer que, malgré sa "fragilité", elle était capable de grandes choses. Sa peau à nu, là où se trouvait fut un temps son tatouage, lui rappelait la douleur qu'elle avait connu quand on le lui avait arraché de force ; elle espérait d'ailleurs qu'il soit toujours visible sur son carré de peau, au cas où... Quand elle les rouvrit, elle regarda son geôlier avec détermination et un peu de mystère avant de répondre :

Mes "petits talents", comme vous dites, je les tiens de ma mère, qui était une Élémentale de Glace comme je vous l'ai dit plus tôt. Quant au tatouage... C'est ce qui me rappelle ce que je suis, malgré tout. Une Féral !

Et, contre toute attente, elle libéra tout son pouvoir, couvrant toute la pièce de glace et menaçant directement l'homme qui était venu l'interroger. Cette fois, elle voulait vraiment montrer ce qu'elle avait dans le ventre, quitte à subir d'autres tortures.

Froid soudain , sol gelé et même mon corps qui réagit à cette soudaine vague magique... Petite coquine , elle avait bien caché son jeu ! Et puis ce regard qu'elle me portait... c'était amusant , à croire qu'elle montrait plus une démone que la petite fille sage , craintive et littéralement victime que je tenais entre mes mains à l'instant : passionnant cette petite , vraiment .

Cependant , je n'aimais pas la réponse qu'elle m'avais donné : tout sadiques qu'ils puissent être , les Férals ne graveraient pas un tel tatouage à même le corps des leurs pour le plaisir de se reconnaitre.. non c'est certain : elle me cachait un détails crucial sur ce fameux tatouage et il fallait que je l'a fasse causé un peu plus que ça !

Je sentais les ombres m'habitant parcourir mon corps , attendant patiemment mon feu vert pour me transformer et me protéger de ses attaques glacé mais j'avais un autre plan en tête...

Prenant mon élan , j’avançai d'un coup sur elle , luttant contre l'engourdissement de mes membres , avant de la saisir par la gorge pour la balancer au sol derrière moi . Je retourna vers elle , d'un pas plus lent cette fois ci , et dégaina ma lame doucement pour la pointer vers le sol avant de lui foutre un coup de pied dans le ventre :

- Petite cachottière... je savais bien que tu cachais ta puissance ! Et je n'aime pas les mensonges , pas le moins du monde ! Alors cesse de jouer avec ma patience où tu le regrettera amèrement...

Laissant la pointe effilé de ma lame descendre le long de son bras , faisant gouter un peu son sang sans trop rentrer en profondeur dans sa chair :

-Maintenant , j'aimerais que tu m'explique à quoi servais vraiment ce tatouage et ne me cache rien cette fois car je le saurais mieux que tu le crois !

Chioné savait pertinemment que sa bravade lui coûterait cher, mais tant pis. Au moins, elle montrerait qu'elle n'était pas aussi fragile qu'elle pouvait le laisser voir d'ordinaire...

Elle n'arrêta sa magie que lorsque son geôlier réussit à la prendre à la gorge pour la renvoyer contre le mur derrière lui ; elle se redressa sur ses coudes, cherchant son souffle pendant que son pouvoir se tarissait assez rapidement, quand elle entendit la lame de son geôlier sortir de son fourreau et sentit le violent coup de pied dans le ventre qu'elle reçut. Elle entendit son geôlier lui lancer :

Petite cachottière... je savais bien que tu cachais ta puissance ! Et je n'aime pas les mensonges , pas le moins du monde ! Alors cesse de jouer avec ma patience où tu le regrettera amèrement...

La jeune femme toussa un peu et cracha un peu de sang qui était parvenu jusqu'à sa bouche, sans vraiment sentir le sang qui s'écoulait doucement de la griffure qu'il lui fit au bras avec sa lame avant qu'il ne reprenne, tout aussi menaçant :

Maintenant , j'aimerais que tu m'explique à quoi servais vraiment ce tatouage et ne me cache rien cette fois car je le saurais mieux que tu le crois !

La jeune femme comprit le message ; elle se redressa et réussit à s'adosser au mur, le souffle un peu court, une main sur son ventre, puis souffla :

Le tatouage... ne sert à rien d'autre que... décorer. Et rappeler que ses détenteurs sont des Férals.

Puis elle se recroquevilla sur elle-même, comme pour signifier à son geôlier qu'elle ne pouvait pas en dire plus. Ce qui était vrai, de fait. Elle ne savait pas grand-chose des affaires de la famille, trop occupée à parcourir le monde...

Sa réponse ne me convenait décidément pas , pourtant sa voix tremblante semblait vouloir me hurler qu'elle disais vrai... et je n'arrivais pas à y croire , continuant à être persuadé qu'il y avait quelque chose qui rendais ce tatouage plus utile aux Férals mais quoi ? Je n'en savais rien et je commençais même à me dire que cette gamine ne devait sans doute pas le savoir non plus . La seule autre raison qui ferait qu'elle garde ainsi le silence serait qu'elle dise la vérité et , dans ce cas , les Férals étaient des êtres nettement plus sadique que je le pensais : gravé une telle marque dans la chair de leur membre revenait à les considérer comme du bétails et je trouvais ça répugnant .

Je jetais un regard vide en direction de la petite chose qu'était devenu la prisonnière , elle semblait souffrir et , bien que je n'aime pas ça , je m'en fichais pour le coup : si les siens l'a voyait déjà comme du bétail pourquoi devais je me soucier de sa douleur ? Elle avait déjà du voir bien pire que le petit traitement que je lui infligeais , rien qu'avec le seigneur Magrant , et je commençais même à me demander pourquoi je traitais une ennemie avec encore autant de douceur... Ah oui , sans doute parce que je suis ainsi et c'est tout : la violence , c'est pas mon fort !

Je remarqua assez vite que j'avais , sans m'en rendre compte , briser les liens qui lui retenais les poignets à l'instant et je parti en chercher d'autre , revenant très vite face à elle pour ne pas lui laisser la moindre chance de fuite . A mon retour , elle n'avais pas bougé , toujours prostré dans sa position écrasée , semblant attendre la suite des événements avec un détachement que je trouvais presque surprenant . La soulevant comme un sac que je mis sur mon épaule , faisant preuve de douceur sans le remarquer , avant de la remettre à sa place d'origine puis je retira ses liens fragiles pour en remettre des neufs , nettement plus résistants et plus serrés que les précédents .

Je ramassa ensuite les gants , non loin de mes pieds , avant de lui remettre de force sur les mains en veillant à ce qu'ils soit bloqués par les liens cette fois-ci : elle ne pourrais pas les retirer sans les mettre en pièce , j'y avais veillés . Je ne savais pas trop comment ni pourquoi mais j'étais maintenant certain qu'ils servaient à brider ses pouvoirs ce qui m'arrangeait pour poursuivre l’interrogatoire .

Je pris une voix caverneuse , veillant à ne laisser aucune émotion transparaitre dans mes gestes ni dans ma voix ni dans mon expression , avant de commencer après un long soupir ennuyé :

-Soit... je vais dire que je te crois au sujet de ce tatouage puisque tu sembles ignorante : le maître trouvera certainement tout ses petits secrets sans ton aide !
Maintenant , je souhaiterais que tu me décrives chaque point faible de la forteresse d'Anima et , si tu n'en connais pas , je te demanderais alors les points faible de ton frère , le fameux Victo Féral !

Pour le coup , je n'étais pas sûr qu'elle puisse m'être d'une aide quelconque mais je devais toujours essayer : sa famille finirait bien par la retrouver et j'étais certain qu'elle enverrait ses meilleurs hommes pour la récupérer... et Victo serait de la partie , surtout vue sa réputation .

Chioné n'avait même pas remarqué que ses liens avaient été sérieusement entamés lorsqu'elle avait libéré son pouvoir ; c'est quand son geôlier sortit précipitamment pour revenir quelques instants plus tard avec d'autres liens qu'il serra davantage autour de ses poignets qu'elle se rendit compte qu'elle aurait pu en profiter pour tenter de fuir.

Il lui remit ensuite ses gants, qu'elle avait complètement oubliés en libérant son pouvoir, de façon à ce qu'elle soit obligée de les détruire si elle voulait utiliser sa magie, puis la regarda quelques instants, en silence, avant de lui lancer après un long soupir :

Soit... je vais dire que je te crois au sujet de ce tatouage puisque tu sembles ignorante : le maître trouvera certainement tout ses petits secrets sans ton aide !
Maintenant , je souhaiterais que tu me décrives chaque point faible de la forteresse d'Anima et , si tu n'en connais pas , je te demanderais alors les points faible de ton frère , le fameux Victo Féral !

La jeune femme resta muette quelques instants, comme si elle laissait l'information venir jusqu'à son cerveau, puis rit. D'abord doucement, puis un grand éclat de rire, comme libérée de toutes ses angoisses et de ses peurs. Qui était-il pour penser qu'elle balancerait des informations aussi sensibles à un ennemi de l'Empire ? Elle rit pendant trois minutes, avant de fixer son regard bleu glacier sur son geôlier et de répliquer, un sourire sarcastique sur les lèvres :

Tu penses bien que, si j'avais la moindre information sur la forteresse ou sur mon frère, je préférerais mourir plutôt que d'en dévoiler la moindre parcelle, n'est-ce pas ?

De toute façon, pas de chance pour toi, je n'ai aucune information à te mettre sous la dent. Concernant la forteresse, je ne l'ai jamais explorée pour en trouver ne serait-ce que des passages secrets ou des points faibles. Quant à Victo... Je ne l'ai pas assez côtoyé pour en connaître, des points faibles. D'ailleurs, un Général Céleste, Champion de l'Arène, en a-t-il, des points faibles ? J'en doute.

Puis elle lui cracha à la figure, un petit crachat de glace avant de lancer un regard plein de détermination à son geôlier. L'interrogatoire était loin d'être fini..

Je reçut la giclée de glace sans réagir au début , gardant une expression vide , avant de m’essuyer le visage pour constater qu'elle avait réussi à m'écorcher en partie juste sous l’œil . Je soupirai simplement , déçu et amusé en même temps , avant de la fixer d'un regard aussi froid que sa magie . Je ne savais pas vraiment quoi faire : je haïssais ce genre de comportement mais , en même temps , je n'appréciais pas des masses le fait de me montrer violent... quelle ennuie cette situation !

Je réfléchit un instant avant de laisser partir une gifle qui siffla dans l'air avant de résonner fort au moment où elle toucha sa joue droite puis je leva l'autre main qui s'abattit avec la même intensité sur l'autre joue . Je n'avais pas cillé physiquement , chacun de mes gestes restant minutieux et empreint d'un froid qui camouflait une colère contenu . Puis je l'a pris par le menton , approchant mon visage sombre pour la fixer droit dans les yeux , mes lèvres à deux d'arracher les siennes :

-Je n'aime guère ce genre d'impolitesse... tu serais bien avisé de ne certainement pas recommencé une telle insulte car ma main ne sera pas celle que ta joue va accueillir si ça continue ainsi , petite peste .

Je m'éloigna ensuite , après l'avoir lâcher avec violence , une marque légère apparaissant puis disparaissant vite là où je l'avais tenu . J'entendis ensuite la porte s'ouvrir et un des serviteurs pourris du Seigneur entra , un plateau entre les mains avant de dire d'une voix rauque et lente :

- La nourriture , pour la prisonnière...

Je lui arracha le plateau des mains , constatant que c'était juste de l'eau et quelques rations de survie peu ragoutante avant de le renvoyer à son poste puis je ferma la porte . Je pris une intonation forte pour m'adresser à la jeune Chioné plus loin dans le cachot :

-Tiens , on dirait que c'est l'heure de ta pitance... Mais je ne suis guère sûr que tu le mérites , bien que ça soit très léger .

Je revint à ma place primaire , face à elle , le plateau tendu dans sa direction :

-Tu as faim je suppose , n'est ce pas ? Je me demande si tu survivrais aux petits cadeaux du Seigneur sans ce repas : sans doute pas !

Je posa le plateau au sol , à mes pieds , et je l'a fixa d'un regard dur :

-On va faire un petit marché : tu me dis ce que je veux savoir et je te laisse manger . C'est très simple , tu racontes tout et ton estomac se remplit mais , si tu refuses , ton corps sera rempli de coupure sanglante... Au final , si tu acceptes , on y gagne tout les deux : un échange équivalent , en somme !

Je souris un instant , savourant presque une victoire aisé : tout les êtres vivants ont besoin de mangé , surtout quand on est torturé ainsi , et elle ne ferait pas exception . Devant son silence , je repris la parole d'une voix doucereuse :

-Alors ? Ton choix ?

Chioné était assez fière de sa bravade, mais quelque chose lui disait que son geôlier, lui, allait nettement moins apprécier. Et vu la paire de gifles qu'il lui asséna, l'assommant presque et faisant couler un mince filet de sang à la commissure de ses lèvres, en effet, il n'avait pas du tout apprécié.

Il l'attrapa durement par le menton pour planter son regard dans celui de la jeune femme, proche du fait qu'il pouvait lui arracher les lèvres sans problème tellement leurs visages étaient presque collés, et siffla :

Je n'aime guère ce genre d'impolitesse... tu serais bien avisé de ne certainement pas recommencé une telle insulte car ma main ne sera pas celle que ta joue va accueillir si ça continue ainsi , petite peste .

Puis il la relâcha brutalement, laissant une Chioné sonnée qui se redressait de son mieux, fermant les yeux pour dissiper son vertige. Elle entendit la porte de sa cellule s'ouvrir, puis une voix d'outre-tombe annonçant que sa nourriture était servie. Mais elle se doutait que ce ne serait pas évident de l'atteindre, avec un tel cerbère comme geôlier.

Celui-ci fit sortir la voix d'outre-tombe et lança à Chioné, qui essayait de se redresser en prenant appui sur le mur froid derrière elle :

Tiens , on dirait que c'est l'heure de ta pitance... Mais je ne suis guère sûr que tu le mérites , bien que ça soit très léger . Tu as faim je suppose , n'est ce pas ? Je me demande si tu survivrais aux petits cadeaux du Seigneur sans ce repas : sans doute pas !

Les idées de Chioné reprenaient leur place doucement, et le ton ironique qu'il avait employé ne lui échappa pas ; elle pourrait très bien se passer de nourriture, après tout, peut-être pas longtemps, mais elle pourrait le faire. Elle le vit poser le plateau au sol et reprendre en la fixant durement :

On va faire un petit marché : tu me dis ce que je veux savoir et je te laisse manger . C'est très simple , tu racontes tout et ton estomac se remplit mais , si tu refuses , ton corps sera rempli de coupure sanglante... Au final , si tu acceptes , on y gagne tout les deux : un échange équivalent , en somme !

Il est vrai que c'était une proposition tentante ; mais là, pour le coup, Chioné ne pouvait rien ajouter de plus. Elle avait été honnête, depuis le début. Mais ça, c'était le genre d'informations que les esprits les plus étriqués refusaient d'admettre... Quand il lui demanda ce qu'elle pensait de cette proposition, elle ne se fit pas d'illusions. Elle continuerait à dire la vérité et elle n'aurait rien en retour. Tant pis, c'était un risque à courir. Elle inspira et souffla :

C'est... la stricte vérité. Je ne vis pas dans la forteresse de mon père et je n'ai pas assez côtoyé Victo pour savoir les points faibles de chacun.

Puis elle tourna la tête, pour ne pas subir la tentation de la maigre nourriture qui lui faisait de l'œil, au pied du geôlier. Il y avait des chances que ça dure longtemps, autant se préparer mentalement pour la suite.

Elle était donc belle et bien inutile... Seul les expérience du Seigneur allait pouvoir leur donner , en fin de compte , des renseignements intéressant à utiliser : c'était d'un ennuie ! Je reconnaissais , bien que ça me coûte de l'admettre , qu'elle avait quand même du cran cette sale gamine et ça arrivait presque à me mettre hors de moi .

Mes ombres commençaient à réclamer son sang sans attendre , elles voulaient que je me nourrisse de cette être pathétique et en même temps incroyable qui osait me tenir tête à coup de grande bravade pourtant futile... C'était très intéressant , dans le fond .
Mes émotions étaient vraiment contradictoire , j'étais fasciné par la résistance de cette créature mais , en même temps , je mourrais d'envie de les écraser , elle et sa rébellion puérile .

Comme elle n'avait , semble t'il , réellement plus rien à m'apprendre sur Victo et les Férals et qu'elle semblait vouloir refuser le repas au vue de ses gestes , je poussa un long soupir très sonore : j'allais la forcer à manger car , après tout , on en avait toujours besoin vivante vue qu'une fois morte , elle deviendrait totalement inutilisable...

Je m’agenouillai face à elle , mon visage non loin du sien , l'a contemplant malgré tout avec intérêt pendant que ma main tirait à moi son maigre repas . L'autre lui saisit le menton , appuyant avec force sur ses joues du bout des doigts pour lui ouvrir la bouche et , sans un mot , je fit couler le contenu du pichet dans sa gorge , veillant à lui laisser reprendre son souffle par moment . J'avais , volontairement , laissé ma lame clairement visible et dans une position où je pouvais aisément la saisir pour lui trancher un membre ou deux et ça se voyait ce qui , d'ailleurs , était le but .

Quand je lui relâcha enfin le visage , où apparaissait clairement la marque de main désormais -je ne pensais pas avoir forcé autant mais bon tant pis- , je pris la nourriture et je lui tendis :

- Dois je recommencer le même traitement , petite sotte , où vas tu te débrouiller comme une grande fille cette fois ci ?

Je ne lui laissa pas le temps de répondre , entendant de nouveau la porte s'ouvrir au fond du cachot et je lui balança alors la nourriture dans les mains avant de prendre la direction du bruit , récupérant au passage le plateau . Un serviteur , sans doute le même , m'y attendais et m'indiqua que le seigneur Magrant me demandais . J'aquiesca et haussa la voix en direction de Chioné :

-Je reviendrais demain , veillé à vous reposez... Je serais sans doute moins aimable demain alors... bonne nuit .

Ma voix avait dit les derniers mots presque en rigolant , sachant fortement qu'elle allait avoir bien du mal à s'endormir ici bas...

Chioné refusait d'avaler ce qu'on lui proposait sous le nez ; au cas où il y aurait un sérum ou une potion qui pourrait lui forcer à dire des choses qui ne concernaient qu'elle, elle ne prendrait pas de risque.

Mais son geôlier en décida autrement ; s'agenouillant face à elle, il lui prit le visage entre ses doigts, la forçant à ouvrir la bouche, et lui fit avaler le contenu du pichet qui se trouvait sur le plateau, prenant soin de la laisser reprendre son souffle de temps à autre avant de recommencer.

Il finit par la relâcher, quelques instants plus tard, et siffla pendant qu'elle se massait la mâchoire :

Dois je recommencer le même traitement , petite sotte , où vas tu te débrouiller comme une grande fille cette fois ci ?

Chioné ne répondit pas, faute de temps ; quelqu'un avait toqué - tambouriné serait plus juste, d'ailleurs, comme terme - à la porte du cachot, et le geôlier ombrageux lui jeta presque le plateau entre les mains pour qu'elle se restaure, avant de se rendre près de la porte. Il y eut un silence, puis il lui lança :

Je reviendrais demain , veillé à vous reposez... Je serais sans doute moins aimable demain alors... bonne nuit .

Il ricanait presque en prononçant ces paroles, puis il sortit, laissant Chioné qui libéra ses angoisses et sa rage en poussant un long cri, comme un loup appellerait sa meute, avant d'éclater en sanglots et de se recroqueviller sur le sol, pleurant jusqu'à ce que la fatigue l'emporte sur la peur et l'emmène vers un monde de rêves et de cauchemars mêlés...

J'enrageais... et pas qu'un peu ! Alors que je suivais tranquillement l'esclave putride , je réfléchissais au peu d'informations que j'avais soutirés à la gamine et je craignais que le maitre n'apprécie pas ça... J'étais tellement loin du compte .

Je me suis fait rabroué comme un gosse : quelle honte ! Il avait été déçu de mes services et alors ??? J'en ai rien à faire de son avis moi ! Ma seule patronne , c'est Dame Tiana pas son mari au caractère aussi aimable qu'un pot de chambre ! Évidemment , je me retrouvais désormais relégué aux base besogne de domestique , le laissant à sa demande géré les interrogatoires de la jeune femme : soit , ça m'arrangeais à vrai dire .

Pour le moment , j'allais me reposer un peu dans la pièce miteuse qui devait me servir de chambre... enfin si on pouvait considérer une simple couche à même le sol comme telle : les marais n'étaient décidément pas un bonne endroit pour dormir .

En fin de compte , je ne fit que fermer les yeux quelques heures avant de me diriger vers la cellule où je n'aurais plus à retourner ensuite , plus jamais . Je pénétra la pénombre du cachot , souriant en espérant la trouver prise dans les tourments de la souffrance et de l'insomnie mais je fut déçu : elle dormait à poing fermé... dommage . Un petit fait me fit quand même sourire : au vue de son visage qui se tordait par moment , elle devait subir de joyeux cauchemar... Je devenais presque sadique , ça ne me ressemble guère...

Je passa en mode patience , me posant en position du lotus pour méditer jusqu'à son réveille qui mit évidemment longtemps à arriver... Je n'eut qu'une phrase à lui adresser quand elle ouvrit les yeux :

- Je ne m'occuperais plus de vous à l'avenir , vous serez exclusivement au bon soin du Seigneur... Maintenant , reste à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise chose pour vous . Sur ce : Adieu , Féral .

Puis je partit simplement , d'un pas posé et froid avant de me dissoudre dans les ombres menaçante de la prison... elle allait encore en voir de belle avec le maitre , à telle point qu'elle en regrettera sans doute mes traitements , avant de se faire possiblement sauvée... Quelle fin pathétique !