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 La corneille et le loup. [PV : Sig']

 
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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Dim 19 Oct - 21:58
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Cela faisait seulement quelques dizaines de minutes depuis qu'Ulrik avait mis les pieds à Halsund, la capitale politique de Svarholt, mais déjà, il lui tardait de retrouver son duché. À peine un mois depuis sa conquête de la place de Jarl et les responsabilités l'appelaient de toutes part. Cette visite envers la Jarl qui portait encore le nom de son père -Nilfdottir- n'avait rien d'une rencontre courtoise afin de présenter les deux nouveaux homologues, c'était des affaires avant tout logistiques qui appelaient Ludolf si loin de sa région d'adoption. Pour lui et les deux gardes qui l'accompagnaient, le climat y était déraisonnablement tempéré, tant et si bien que chacun d'entre eux s'était débarrassé des épaisses fourrures qui d'habitude ne les quittaient pas d'une semelle. Le voyage avait été long et des plus désagréables sur le dos de ces animaux pourtant communément montés par delà les frontières. Les chevaux, pour les Vindsvaléens, étaient tout juste bons à servir de plat d'ouverture lors d'un quelconque banquet. Ces animaux étaient maladroits lorsqu'ils progressaient sur l'épais manteau blanc qui couvrait sans discontinuer l'intégralité du duché. Ici, on pouvait apercevoir un peu de verdure et même des chemins totalement dégagés. Des chemins, une marque de civilisation qu'il ne fallait pas espérer trouver à Vindsval en dehors des villages.

Le village dans lequel ils se trouvaient ressemblait à ceux que l'on trouvait à la maison, jugeait Ulrik. Au moins une marque de familiarité entre eux, c'en était quelque peu rassurant. Toutefois, ça n'empêchait pas les habitants qu'ils croisaient en se dirigeant vers la demeure de la régente, escorté par quelques gardes locaux, de leur jeter des regards étrangers. Était-ce de l'admiration, de la curiosité, ou de la crainte que l'on lisait dans les yeux des habitants ? Sans doute un savant mélange des trois. Les choses avaient toujours été ainsi. Les Vindsvaléens restaient aux yeux de nombre de Salinéens des barbares, des brigands légèrement supérieurs aux autres parce qu'ils daignaient protéger la frontière qui les séparait de la toundra sauvage. Ignorant les regards, le trio se pavanait fièrement, la tête haute braquée droit vers leur destination qui s'approchait lentement. La paire de gardes qui accompagnait le Jarl portait selon une rigueur plutôt inespérée leur large pavois de plusieurs kilos. C'était le même boulier qui apparaissait sur l'étendard que brandissait un de ces hommes, la bannière en question avait certainement vu des jours meilleurs. Partiellement déchirée par endroit, elle représentait l'état déplorable dans lequel Ulrik avait récupéré le duché.

La grande majorité des structures défensives du territoire nécessitait entretien et rénovation qu'elles auraient dû connaitre il y a plusieurs années de cela. Les accords commerciaux avec les autres duchés étaient peut-être d'actualité plusieurs décennies auparavant, depuis, la population avait presque doublé et les vivres accordés étaient bels et bien insuffisants. Le calcule était vite fait, lorsqu'un garde en poste est mal loti, mal nourrit, il ne pense qu'à une chose, la relève. Il n'est pas attentif et la protection se relâche. Ulrik savait de quoi il retournait, il avait vécu cette situation. Les hommes et les femmes veillant la frontière ne demandaient pas un confort digne de la capitale, pas plus qu'un festin chaque soir, mais le minimum vital restait capital. Tels étaient les enjeux de sa visite. Arrivant enfin au pied d'une des plus imposantes bâtisses de la capitale, Ulrik pénétra seul à l'intérieur comme il fut demandé. Il ignorait si sa tenue était appropriée pour ce type de rencontre. S'il n'avait pas renvoyé chacun des anciens conseillés du Jarl lors de son avènement, sans doute auraient-ils eu quelques informations à lui transmettre concernant ces événements et leurs déroulements. Cependant, les jugeant responsables de la décadence dans laquelle baignait le duché, tous furent invités à prendre la porte. L'idée était aussi de satisfaire la population en brisant chacune des pierres érigées par son prédécesseur. Un ordre nouveau, de nouvelles têtes, le changement -si futile soit-il- plaisait toujours.

Qu'importait, Ulrik se présenta ainsi dans le hall, son armure de cuir revêtu comme s'il se rendait à un énième tour de garde, son glaive pendant à sa ceinture, ses innombrables tresses composant sa pilosité faciale et ses cheveux se mélangeant indistinctement. Il faisait un parfait homme du sud, peut-être un peu trop pour son statut dont l'acquisition était encore récente, mais les Vindsvaléens voyait cela comme une bonne chose. Un Jarl proche du peuple, ayant défendu la frontière comme chaque Homme né sur ce territoire le devrait. Tant que ses gens restaient derrière lui, tout irait bien, c'est ce que se répétait Ulrik, et il y croyait dur comme fer.

Ulrik Ludolf

Ulrik Ludolf


Humain


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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Lun 20 Oct - 19:44
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Tout avait été calme, jusque là. Des affaires courantes, expédiées sans problèmes particuliers, la routine et l’ordinaire de la vie à Halesun et dans le duché. Son turbulent voisin lui causait toujours les mêmes ennuis, malgré la médiation bienveillante de son beau-frère, et la maison résonnait comme chaque jour des cris et des voix sonores de ses nièces pendant qu’Eivar s’appliquait avec attention à ses leçons de combat. Alors que la matinée tirait à sa fin, Sigrid et quelques-uns de ses compagnons étaient allés tirer quelque gibier dans les bois pour leur repas, et le neveu avait fait merveille en prouvant une nouvelle fois son adresse à l’arc.

Sigrid était à peine rentrée, chargée de ses prises, quand la nouvelle était parvenue : le jarl Ulrik était en route pour Halesund et serait là dans quelques heures. Sur le coup, la jeune femme crut à une farce quelconque et se demanda bien ce qui avait pu pousser ce duc tout fraîchement élu à venir ainsi sans prévenir. Mais elle le saurait bien assez tôt, après tout. Très vite, elle ordonna quelques préparatifs, bien frustes ; le strict minimum pour recevoir un de ses pairs dans les règles et en respectant le protocole. Celui-ci était fort réduit à Saline, mais Sigrid avait cela de particulier qu’elle n’aimait en rien ce qui dépassait de l’ordinaire et tenait chaque fois à montrer tous les égards nécessaires quand il s’agissait de recevoir. Elle ne faisait jamais cela de gaieté de cœur, c’était un cérémonial qu’elle s’imposait à elle-même et aux siens parce qu’elle ne connaissait que trop bien ce qui se passerait au moindre signe de relâchement de son autorité.

Lorsque Ulrik franchit le seuil de la grande salle, Sigrid et sa famille étaient déjà rassemblés. Ceux qui l’avaient pu avaient passé à la hâte quelques vêtements de cérémonie, mais la jarl et quelques autres revenaient à peine de leur traque forestière et avaient encore leurs frustes habits de chasse parfois éclaboussés de sang. On avait fait un effort pour recevoir l’invité surprise, c’était visible, et pour faire honneur à son rang. Des branches de sapin et de houx avaient été accrochées aux poutres qui traversaient le plafond tandis que l’on s’était hâté de défaire les tables qui avaient servi au repas pour laisser de l’espace libre et évacuer les déchets laissés par les convives ordinaires.

Sigrid s’avança face à Ulrik pour le saluer, et malgré toute sa froideur naturelle, il y avait quelque chose dans sa mine légèrement pincée qui exprimait tout son agacement du fait du comportement du jarl.

-Soyez le bienvenu, jarl Ludolf. J’ai hâte de connaître la raison qui vous a fait venir jusqu’ici.

Ni la courtoisie ni la diplomatie n’étaient des talents très développés chez la jeune femme, qui ne put s’empêcher d’en venir tout de suite au but sans se répandre en formules creuses au préalable.

— Votre route a sans doute été longue, mais il y a ici amplement de quoi se restaurer, profitez-en.

Ce disant, elle lui désigna d’un geste la grande table où étaient rassemblés ses conseillers, debout en rang d’oignon en attendant qu’ils y prennent place. Des domestiques apportèrent des cruchons de bière et quelques plats de poisson et de gibier, tandis que l’on conservait les prises de la matinée en vue du banquet qui ne manquerait pas d’être organisé le soir même afin d’honorer leur invité. Et puis, les occasions de fêter quelque chose étaient assez rare pour qu’une simple visite diplomatique, pour ce que cela semblait être, ne soit pas un prétexte suffisant à cela. Sigrid connaissait les siens et savait que tout jarl qu’il fut, les négociations et les discussions se passaient toujours plus paisiblement quand elles étaient entourées d’un flot suffisant d’alcool et d’un grand nombre de mets copieux. Ulrik, pour ce qu’elle en voyait, ne faisait pas exception. Sa vêture sans prétention et sa mine rude en disaient suffisament : c’était un soldat plus qu’autre chose, c’était d’autant plus certain que Sigrid avait longuement entendu parler de ce jarl qui s’était hissé à la tête du duché à la seule force de son bras et de sa bravoure. Un homme digne de son estime, qui méritait, par ce simple fait, tous les honneurs de sa maison. Malgré tout l’agacement et toute la contrariété que cette irruption inopinée provoquait chez Sigrid, il avait auprès d’elle bien meilleure réputation que la plupart des inconnus qui se présentaient devant elle. Sans doute cela suffisait-il à l’empêcher de se montrer désagréable ou irrespectueuse afin de lui faire comprendre son erreur.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mar 21 Oct - 23:11
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Ulrik ne s'attendait pas à un tel accueil. Une table avait été dressée, des décorations ajustées et certains des hommes conviés avaient même revêtu une tenue des plus formelle. Il fut toutefois rassuré en voyant celle qui ressemblait le plus à la description qu'on lui faisait de la duchesse de Svarholt. Une femme du sud, dans toute sa splendeur pour ainsi dire. Son visage froid et dur comme le marbre semblait souffrir à chaque expression trop joyeuse qui venait le fendre en deux. Pour cette fois, de telles douleurs lui furent épargnées, elle semblait plus agacée qu'autre chose de sa visite. Sans doute aurait-il dû prévenir, mais il ne pouvait se permettre un tel luxe. Les oiseaux ne volent pas à Vindsval et à quoi bon envoyer un cavalier annoncer son arrivé alors qu'il était lui même en chemin. Ulrik n'était pas venu pour profiter d'un festin et s'il trouvait l'idée sympathique, il n'allait pas la louer.

« Merci Jarl Nilfdottir. Sachez que je ne compte pas profiter de votre hospitalité plus que nécessaire, je serais le plus bref possible . »

Ne se privant tout de même pas s'installer par les convives, non sans les saluer poliment, Ulrik se vit servit une lourde pinte qui vint accompagné d'une gracieuse assiette garnie par la plupart des plats répandus partout sur la table. Malgré son envie d'en découdre immédiatement avec ce qui l'amenait ici, il ne put résister à la cuisine locale, avalant goulument ce qu'on lui offrait après des jours entiers à ne se nourrir que de pain, de boeuf sécher et d'eau. Tout méritait son attention et ça lui était bonnement impossible de résister à la tentation, toutefois, lorsqu'il se rendit compte que le volume de bière dans sa chope avait descendu de moitié, il jugea bon de ralentir l'allure pour taper dans le dur.

« Tout d'abord, merci pour cet accueil malgré ma visite improvise, je n'en demandais pas tant, commenta-t-il en s'essuyant la bouche d'un revers de main. Vous savez qu'à l'Est, mon duché est chargé de tenir la frontière sauvage n'est-ce pas ? Cette question était entièrement rhétorique, bien sûr qu'elle savait, c'était le cas depuis des siècles et si peu était connu de Vindsval, le premier pleutre venu saurait affirmer le rôle qu'il tenait. Vous savez peut-être que pas loin du quart des ressources consommées chez moi proviennent de chez vous. Rien n'est produit à Vindsval, nous vivons sur l'importation, car rien ne pousse, rien ne vit. Vous l'aurez compris, je ne viens pas vous vendre les mérites touristiques de mon duché, je viens réclamer plus de ressources. »

Le coup était parti. Ulrik n'était certainement pas plus diplomate que Sigrid, il n'avait jamais été éduqué pour l'être. On lui avait appris à se battre, à survivre dans la toundra, mais son éducation avait omis tout ce passage sur la bienséance et autre marque de politesse qui auraient pu lui être utile afin de faire passer la pilule.

« Je ne réclame pas cela afin de faire des réserves ou dans l'idée de pouvoir festoyer plus souvent. La quantité de denrées alimentaires que nous recevons est le résultat d'un calcul vieux de cinquante ans, une époque où la population Vindvaléene était aux trois quarts de ce qu'elle est. Ne me méprenez pas, je ne vous accuse pas, je ne fais que pointer du doigt le manque apparent d'intérêt que portait mon prédécesseur dans le bien-être de sa population. J'ai plus de bouches à nourrir Jarl Nildottir. »

Le pavé était dans la mare et les dégâts pouvaient être colossaux, selon le tempérament de la maîtresse du lieu. Ulrik n'avait pas pris de gant et ce genre de manière pouvait sans doute lui porter préjudice.

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Jeu 23 Oct - 22:51
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Raide comme la justice, confite dans sa propre dignité sévère et hiératique, Sigrid accompagna Ulrik jusqu’à la table, et tous s’assirent d’un même élan qui fit trembler les tréteaux et les plateaux. On attendit poliment que l’invité s’attaque à la provende pour en faire de même, mais la jarl n’en fit rien et se contenta de prêter une oreille attentive à ce que son confrère avait à dire. Muette comme une tombe, fixant son interlocuteur d’un regard attentif, la jeune femme le laissa discourir ton son saoul avant de répondre enfin. Durant tout le temps où il avait parlé, pas un pli de son visage impassible n’avait ne serait ce que frémir et c’était exactement comme regarder une figure de marbre en se demandant si un quelconque miracle n’allait pas l’animer d’un instant à l’autre.

Un silence tendu répondit en premier lieu à Ulrik. Tous les regards étaient tournés vers Ulrik, et exprimaient une large palette de sentiments allant de la méfiance à la neutralité pure et simple en passant par une attention vive et fort intéressée, comme si certains s’attendaient à voir éclater une belle joute verbale entre les deux jarl. Pourtant l’affaire était déjà presque entendue pour Sigrid qui savait fort bien que de refuser les vivres demandés serait une grave erreur, d’autant que la réputation des hommes de Vindsval n’était plus à faire. Son duché était assez prospère pour soutenir un commerce intense, et l’argent n’était pas toujours une rémunération attendue pour leurs produits : entretenir le rempart humain qu’étaient les guerriers de son hôte était une nécessité pour tous.

Sigrid se fendit enfin d’une mince esquisse de sourire qui amena dans ses yeux profonds l’étincelle d’un amusement fugace.

— Pour commencer, je vous sais gré de votre franchise, jarl Ludolf. Ainsi l’affaire est-elle clairement dite et énoncée, nous allons pouvoir gagner du temps.

Elle fit une pause, et son regard cerné de noir qui ne cillait pas restait fixé sur Ulrik.

— Que vous faut-il ? Nous commerçons beaucoup avec les autres duchés. Bois, sel, gibier, nous avons de nombreuses ressources, que je serais prête à vous céder pour l’effort de guerre. Toutefois, veillons évidemment à ne pas affamer les miens pour nourrir les vôtres.

Les problèmes ne venaient évidemment pas du fait que le nouveau jarl vienne demander la révision d’un accord devenu désuet ; il était tout à fait évident que ce qui avait été promis par ses prédecesseures ne serait pas remis en cause, la question était surtout de savoir quelle quantité de biens leur serait dévolue. Cela constituerait à la fois un manque à gagner en matière de finance, car ce serait cela de moins mis à la vente, en plus de prendre dans les ressources, certes plutôt abondantes, que pouvaient offrir leur territoire.

Autour de la table, on feignait une certaine détente, mais chacun demeurait attentif, et pour tout dire beaucoup ne rateraient pas un seul mot ni un seul geste d’Ulrik tant ils semblaient avides de savoir de quoi il était capable. Déjà, il avait fait bonne impression en étant assez fidèle au portrait qu’on dressait de lui depuis que son nom avait émergé des limbes de l’anonymat pour être désormais associé au duché de Vindsvald. Toutefois, il restait un étranger aux yeux de tous, et fut-il le plus brave et le plus impétueux des guerriers, sans doute qu’il serait toujours considéré ainsi par les plus attachés à la pureté du sang salinéen. Il était de notoriété publique que les hommes de Svarholt n’aimaient guère ceux qui n’étaient pas de leur peuple, alors quant à savoir ce qu’ils pouvaient penser de quelqu’un qui était de lignée plus lointaine encore que les gens des Glaces...

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Ven 24 Oct - 22:16
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Ulrik ne bougea pas d'un cil alors qu'il observait attentivement sa consoeur, à la traque du moindre signe trahissant un quelconque sentiment de la part de cette statue de marbre froid. Rien. Pas un seul. Si c'était un jeu pour Sigrid, elle y était effroyablement douée, c'en était effrayant, peut-être même intimidant. Elle aurait fait une excellente négociante, ou une très mauvaise, c'était dur à dire. Ludolf se demanda quelques instants si ce n'était pas le poing de la régente qui allait répondre à sa requête, mais elle le rassura tout de même lorsqu'elle fit sonner sa voix presque féminine pour lui répondre. La réponse qu'elle émit ne fut pas pour lui déplaire, bien au contraire. Elle semblait plutôt prompte à accéder à sa demande, voilà qui emplissait le Jarl d'une joie qu'il eut du mal à dissimuler, prenant la forme d'un sourire gratifiant.

Parmi toutes les propositions de la Svarholtéene, il n'y en avait qu'une qui intéressait véritablement Ulrik. Le gibier. Son duché frôlait véritablement la famine sans aucune exagération. Les gardes en poste avaient tout juste de quoi se sustenter alors que dire des habitants lambda ? Le bois ne manquait pas, il suffisait simplement de nourrir les bras qui s'occuperaient de l'abattre. Il avait vu des hommes et des femmes se battre pour la carcasse d'un chien, une bande de gosses voler ce qu'ils pouvaient sur le marché à d'honnêtes marchands, et ce dans le seul but de survivre. Si le précédent Jarl savait fermer les yeux, Ulrik ne pouvait simplement pas.

« C'est absolument logique que votre population passe avant tout cela, je ferais de même si c'était de moi dont il s'agissait. »

Sentant tout les regards braqués sur lui galvanisa Ludolf qui se nourrissait d'une telle attention qui aurait déstabilisé d'autres. Il appréciait ce fait, être le centre de toutes les pensés, tous ces yeux pendus à ses lèvres, il était dans son élément. Sûr de lui, il se mit à jouer passivement avec la tresse qui pendait sous son menton en arborant une mine pensive.

« Je ne demande pas une diversification des arrivages, simplement une augmentation des quantités de nourriture dont vous nous faites part, et ce dans la mesure de vos capacités. »

Ne pas être trop exigeant, caresser dans le sens du poil, toujours. La meilleure façon de planter cette entrevue, c'était se révéler trop agressif et entreprenant. Sigrid était chez elle et manquer de respect à son hôte n'était pas un bon plan, alors il procédait à tauon, comme un galant homme lors de son premier rendez-vous avez une charmante demoiselle. L'image semble plutôt déplacée à la vue des deux belligérants, mais la situation était pourtant semblable.

« Je ne peux vous imposer une quantité et ne me demandez pas de choisir pour vous, faites au mieux. J'aimerais pouvoir vous dédommager d'une quelconque façon, mais hormis la sécurité des frontières occidentales de Saline, j'ai peur de n'avoir rien à vous offrir. »

Cette dernière remarque était d'une triste -mais pourtant irréfutable- véracité. Rien ne sortait de Vindsval. Des hommes entraient, certains ne revenaient pas. Semblable à un immonde broyeur dans lequel les vies humaines étaient jetées afin de protéger le royaume, le duché n'avait rien de constructif, on y trouvait que destruction

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mar 28 Oct - 19:45
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Un peuple de statues silencieuses observait Ulrik avec une grande variété de formes et de couleurs d’yeux tous rivés à lui, au point d’en oublier quelque peu le boire et le manger. Sigrid elle-même ne frémit pas d’un trait quand il lui répondit avec une égale courtoisie, et la rassura dans ses projets. Cela ne lui coûtait pas grand-chose de dire cela, toutefois, mais il passait pour un homme honorable préoccupé par le sort de son peuple, alors il n’y avait pas la moindre raison pour qu’elle puisse mettre en doute sa parole. Au moins n’avait-il pas vraiment d’exigences à poser sur la table et se contentait-il, finalement, d’appeler à l’aider pour redresser son duché qui avait longuement battu de l’aile ces dernières années.

Sigrid esquissa enfin un sourire et une certaine détente gagna l’assistance. Ils fonctionnaient tous un peu comme une meute de loups, dont les membres guettaient les réactions du chef afin de calquer leur conduite sur elle. Étrange de voir cette tablée de fiers guerriers parfois aussi larges que hauts obéir presque instinctivement aux moindres inflexions de ce petit bout de femme à l’air coriace, engoncée dans ses fourrures et voûtée sur son gobelet de bière. Des mains se tendirent, des couteaux furent tirés des profonds replis des ceintures et des manteaux, et Ulrik ne fut plus le seul à s’en prendre gaillardement aux plats devant eux.

— Il est évident que je ne puis rien vous demander en échange de mon soutien matériel, déclara calmement la jeune femme avec un hochement de tête. C’est le rôle des terres comme les miennes de produire suffisamment pour étayer l’effort de guerre fourni par les autres duchés. Qui plus est, la survie de votre peuple et des fils de Saline est bien plus importante de que de vagues considérations de cet ordre. Nous reverrons à la hausse la quantité de nourriture à expédier, mais une estimation serait bienvenue afin de pouvoir juger de vos besoins. Je doute que nous puissions y pourvoir dans l'immédiat, mais cela nous donnera une idée précise des quantités à vous réserver.

Son sourire s’accentua très légèrement, et ses yeux s’animèrent soudain d’un amusement fugace.

— Gardez simplement en mémoire que nous sommes tout disposé à vous venir en aide. Peut-être vous sera-t-il possible d’en faire de même en des temps futurs, dans la mesure de vos moyens, bien évidemment.

Sigrid disposait en cela d’un avantage considérable : en étant à la source de nombreux biens qui circulaient dans le royaume, elle pouvait de cette façon s’assurer le soutien d’autres jarls et nouait plus aisément des alliances que si elle n’avait rien eu à offrir en échange. Malgré le fait que des années se soient écoulées depuis sa prise de pouvoir, son statut demeurait sans cesse remis en question et son autorité n’était pas aussi incontestée chez ses pairs qu’elle pouvait l’être à l’intérieur des limites de son royaume. La noblesse n’aime que peu le changement, on pouvait le concevoir...

Sans doute que Ulrik passerait par là également, lui qui était réputé natif d’une terre lointaine et à peine hissé au rang de jarl. Difficile cependant d’offrir un appui sur ce terrain-là sans risquer de froisser l’ego de son hôte. Sigrid ignorait beaucoup de choses de cet homme : le simple fait que le roi ait jugé bon de le choisir comme dirigeant d’une terre aussi rude et d’un point aussi stratégique que la frontière avec la Toundra était néanmoins suffisant à ses yeux. Le danger viendrait plutôt de l’intérieur et de tous ceux qui auraient à redire de lui. À titre personnel, Sigrid se méfiait de lui comme elle se méfiait de tous ceux qui n’étaient pas de son sang, mais cela n’entrait que très rarement en ligne de compte quand elle avait à faire avec ses égaux.

— Permettez-moi de remarquer, reprit-elle d’un ton évasif, que vous semblez bien plus préoccupé par votre peuple que votre prédécesseur. Je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà vu sous mon toit, même du temps de mon père.

Tirant son coutelas, elle attira à elle un morceau de viande séchée et adressa à Ulrik l’un de ces sourires de glace qui pouvaient passer autant pour une moquerie acide que pour un soupçon d’amabilité de façade.

— Espérons que votre règne soit plus fructueux pour Vinsdvald.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mer 29 Oct - 0:22
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Chiffrer le manque qui frappait son duché était loin d'être aisé pour le nouveau Jarl qui était loin de connaître les quantités de vivre allouées par Svarholt à Vindsval. Il savait quel duché apportait quelles ressources à son territoire, mais les abondances lui étaient étrangement jusque là. Il ne pouvait cependant rester muet face à la question de Sigrid qui semblait insister sur cette voie. Serait-ce pour le piéger, ou pour le mettre mal à l'aise ? Croisant chacun des regards rivés sur lui sans en oublier aucun, il pris une profonde gorgé de bière avant d'établir sa réponse sous leurs yeux et oreilles :

« Sachant que depuis la signature du précédent accord, la population de mon territoire à augmenter de moitié, la logique à adopter semble être plutôt évidente. Toutefois, je compte bien demander un effort de mon peuple avant de vous demander un effort à vous. Plongeant le rayonnement de ses deux émeraudes dans les pupilles plus sombres de son interlocutrice, il reprit après avoir enroulé soigneusement une ses tresses autour de son index, plongé dans d'intenses réflexions. J'avoue ignorer si ma demande est correcte, mais une hausse d'un quart de ce qu'elles sont rendrait vos exportations vers mon duché des plus appréciées. »

Ulrik n'avait pas une once de notion sur la production d'un duché. Le fait que cette fonction et ces responsabilités étaient encore fraiches pour lui y jouait, mais il fallait aussi prendre en compte qu'aucune production notable n'avait pour origine Vindsval. C'était sans aucun doute qu'il n'aurait pas plus de notions dans dix ou vingt ans sur ce domaine-ci. Il n'en avait pas la moindre idée, mais il se pouvait que sa demande soit d'une absurdité enfantine. Lorsque sa consoeur le lança sur le règne de son prédécesseur, Ulrik faillit sortir de ses gonds et envoyer la moitié de la table valser à l'autre bout de la pièce. Un sujet épineux à ses oreilles. Le désintérêt dont avait fait preuve le Jarl indigne l'outrait au plus haut point. Soupirant pour évacuer la pression qui s'accumulait dans cette bouilloire qu'était sa colère, Ludolf finit par répondre :

« Mon prédécesseur était un incapable doublé d'un profiteur. »

Le franc parlé avait encore frappé. Il y avait de grandes chances pour qu'un conseiller politique - s'il en avait un - ait désapprouvé ces paroles, mais le Jarl n'était pas un menteur. Il disait ce qu'il pensait, décrivait ce qui était et il ne comptait pas s'arrêter une fois lancé sur ces rails.

« Il a assez profité de sa place en laissant son peuple macérer dans sa merde. Le fait qu'un individu tel que lui ne fut point remis en question plus tôt me parait invraisemblable. »

Première riposte. Bien sûr que derrière ces paroles, le loup pointait du doigt ses confrères qui n'avaient pas jugé bon d'intervenir alors que Vindsval battait de l'aile. Certes, ces affaires dépassaient leur juridiction, mais lorsque des Salinéens meurent de faim, tous les autres ne sont-ils pas concernés par un tel traitement ?

« Pour sûr, j'aurais préféré que Vindsval se porte aussi bien que Svarholt le faisait lors de votre avènement, mais il se trouve que j'ai à reconstruire tout un duché et je m'acquitterais de cette tâche du mieux que je le pourrais. »

Deuxième riposte. Ulrik montait peut-être un peu trop vite dans les tours, mais les temps pour être raisonnable sont derrière lui. Le père de Sigrid était connu pour être un homme droit et fier qui avait mené son territoire d'une main de fer. Il n'en savait pas plus, mais sans doute ce fut une ère prospère pour ce dernier qui -lors de l'arrivée de Sigrid sur le trône- ne nécessitait pas de grands travaux. Tel était l'avantage d'avoir quelqu'un de compétent sur le trône nous précédant.

Ulrik Ludolf

Ulrik Ludolf


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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mer 29 Oct - 11:25
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Sigrid eut un hochement de tête pensif quand elle obtint enfin une réponse qui lui convenait. Elle fit un signe de tête à l’un de ceux qui étaient assis en bout de table, qui s’empressa de noter quelque chose sur une tablette de cire.

Ce n’était pas vraiment pour le mettre mal à l’aise qu’elle insistait de la sorte, mais en bonne gestionnaire, elle avait besoin de précision et de quantités plus estimables que « beaucoup » ou « plus ». Il trahissait toutefois une certaine inexpérience en la matière ; ce n’était pas blâmable pour quelqu’un qui venait à peine d’accéder à son statut de jarl, et qui avait plus à faire l’épée à la main que le nez dans les comptes.

— Prends note, Hjalmar, et fais quérir l’intendant, dit-elle alors que le comptable griffonnait encore frénétiquement.

L’homme était à peine plus grand qu’un enfant, et comme tous les économes du monde, il respirait autant de joie de vivre et de santé qu’une momie oubliée au fond d’une cave. Le style gratta laborieusement son support, et il compta quelque chose à voix basse comme si la machine se mettait en branle et qu’il commençait déjà à compter, dénombrer, calculer... Il se leva avec empressement, salua, et s’en fut d’un pas pressé d’automate qui aurait un manche à balai coincé quelque part.

— Nous ne perdrons pas de temps, jarl Ludolf, reprit la jeune femme en se retournant vers son invité, et nous irons voir tantôt ce que nous pourrons expédier dans l’immédiat, peut-être avons-nous déjà de quoi faire affréter un navire vers Vinsdval.

Elle sentait bien qu’il parlait sans savoir, et il ne s’en cachait qu’à peine. C’était un dur métier que le leur, à devoir exceller sur tous les fronts... À le voir, on ne doutait pas qu’il fut bien plus fin guerrier et tacticien que gestionnaires, mais après tout ; c’était ce qu’on lui demandait, il n’avait pas de ressources à exploiter, pas d’autres buts que de tenir debout dans la tourmente, aussi longtemps que possible.

Elle était curieuse, tout de même, et avait de plus en plus envie de le tester, observant ses réactions, ses paroles, et pour l’heure tout ce qu’elle voyait lui plaisait : au milieu des hommes rudes de Saline, il semblait plus brut encore que les autres, et surtout son honnêteté qui semblait sans faille, jamais voilée derrière les artifices de la bienséance, était agréablement reposante.

Lorsqu’elle aborda le sujet de son prédécesseur, Sigrid crut un instant qu’il allait littéralement exploser. On releva le nez de son assiette quand on sentit que l’échange repartait sur des bases plus intéressantes.
Chacun se demandait comment Ulrik allait réagir à cela, et quelques-uns, dont Ingvar qui se demanda un instant s’il devait craindre pour la vie de sa jarl tant son interlocuteur semblait écumer de rage. Sigrid vit alors Floki se fendre d’un long sourire sinistrement amusé. Diable de corbeau, il n’aimait rien moins que de regarder les mots faire mouche pour pousser les gens à réagir.

Ignorant l’allégresse funeste de son beau-frère, elle sourit à son tour, longuement, doucement, avec cette sérénité vénéneuse que tous avaient appris à connaître et à redouter, car c’étaient dans des instants comme ceux-là qu’elle pouvait se montrer encore plus redoutable qu’au combat.

Floki remplit aussitôt son verre et se frotta les mains comme s’il savourait d’avance leur fructueux duel verbal, tandis qu’Ingvar levait les yeux au ciel, s’écartant prudemment de la table pour mieux saisir ses armes au besoin. Le géant roux n’était pas très à son aise, soudain ; mais ce n’était pas la première fois qu’un échange houleux avait lieu ici, et tous avaient encore en mémoire les disputes homériques qui pouvaient opposer Sigrid à son voisin de jarl et parent. Mais cette fois, c’était un quasi-inconnu qui était entré ; difficile de prévoir ses réactions.

Le sourire de Sigrid s’élargit soudain, glacial et figé comme un serpent de pierre, et ses yeux s’étrécirent très légèrement. Aucune autre tension ne marquait le reste de sa personne, confortablement installée dans les fourrures qui couvraient sa haute cathèdre de bois. Seuls les traits de son visage exprimaient quelque chose, un amusement presque sinistre, une vivacité soudaine, un brin cruelle, peut-être. Aux deux réponses qu’il fit, chaque fois son rictus s’étendit un peu plus, sèchement, comme un coup de lame à la commissure de ses lèvres.

— Eh bien, il semble que Vindsval ait enfin un seigneur digne de ce nom. Nous avons tous regardé la déchéance de votre duché sans pouvoir y faire, nous ne pouvons gouverner à la place du jarl, n’est-ce pas ? Les seigneurs de votre terre et de votre sang ne sont pas des hommes que nous traitons à la légère, il s’en faut de si peu pour que nous risquions de les voir retourner le fer contre nous...

Elle fit une pause, but une gorgée, sans cesser de fixer Ulrik de ses yeux profonds. Difficile de savoir si elle se montrait toute aussi franche que lui dans ses paroles, et difficile de savoir ce qu’elle pouvait bien penser, tout court. Mais Sigrid était fille de jarl, petite-fille de jarl, avait toujours grandi, vécu, été élevée dans ce monde où la valeur guerrière côtoie sans cesse les rouages plus retors de la politique. Pour celle, tout cela était évident et expliquer cela à son hôte revenait un peu à lui expliquer le goût du sel. Il fallait l’expérimenter pour comprendre.

— Nous avons sans doute craint cela, bien plus que les souffrances endurées par votre peuple, reprit-elle d’un ton égal. De deux maux, il faut savoir choisir le moindre, c’est une amère leçon que nous apprenons vite en gouvernant.

La dureté affleura dans ses yeux ; elle n’était pas du genre à reconnaître aisément ses torts, mais pour autant ne s’en dédouanait pas. Sans rien en dire, elle le mettait presque au défi de poursuivre sur cette voie : en mentionnant le fait qu’elle avait hérité de son père un duché florissant, elle devinait qu’il y avait là une accusation masquée.

Cela avait été facile pour elle, oui, sans doute, elle avait eu bien moins de difficultés que lui, parce qu’elle n’avait pas eu à remettre sur pied un duché pourrissant. Pour autant, il semblait oublier que beaucoup de fiers guerriers de Saline étaient loin d’être prêts à accepter l’autorité d’une femme sans broncher et qu’il ne risquait pas, ou peu, de voir son autorité sans cesse remise en question pour ce simple fait.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Jeu 30 Oct - 0:32
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Le sang chaud d'Ulrik appréciait moyennement le regard lancé par ce type assis à côté de Sigrid. Il ignorait son nom et même ce qui semblait l'amuser à ce point et en quoi le début de famine qui frappait son territoire pouvait avoir quoi que ce soit d'amusant, mais il ne prit pas la peine de poser la question. Il savait avoir marché dangereusement près de la falaise en critiquant si ouvertement et explicitement son prédécesseur. Si en plus de ce ça, il se mettait à menacer l'entourage de sa consoeur sous son propre toit, l'entrevue ne pouvait que mal se terminer. Laissé ainsi pieds et point lié, ce n'est pas Sigrid qu'il regardait pendant qu'elle lui répondait, mais bien l'homme qui se trouvait à côté de lui. S'il ne pouvait pas lui dire ouvertement que son sourire niais lui donnait envie de lui faire gouter au coin de la table après une bonne salade de phalange à la Vindsvaléene, il lui faisait comprendre en lui rendant un regard dont la froideur pouvait rappelé la toundra à profonde à quiconque l'avait connue.

Il le détestait déjà. Il lisait sur l'homme qui se trouvait devant lui l'archétype même de celui qui s'était contenté de naître. Une sorte de profiteur incapable qui méritait qu'on lui rappelle le nom de Cervin Mir. Afin de ne pas se laisser emporter par son envie de justice, Ulrik reporta son attention sur sa consoeur qui souriait elle aussi. Mais pas le même sourire. Pas le sourire du rapace qui observait le mourant rendre son dernier souffle, mais celui du loup qui repérait une proie. La différence étant élémentaire, le canidé devait se battre, pas le rapace.

Les réponses apportées par sa consoeur adoucirent ses humeurs. Il se rendit compte à quel point il avait été impertinent avec elle. Qu'est-ce que les autres seigneurs auraient pu faire contre la misère qui opposerait dans un territoire qui n'était pas le leur ? Il n'avait peut-être même pas eu vent de ces tristes nouvelles. Et même si c'était le cas, Ulrik lui devait admettre qu'il n'aurait pas fait mieux. Les Jarls avaient leurs propres duchés à gérer, ce qu'il se passait chez les voisins dépassait de loin leur juridiction. Celui qui portait le doux surnom de Stolt ne portait pas les excuses dans ses habitudes, question de fierté et d'égo. Il concéda cependant à ne pas poursuivre sur cette voie à pente glissante. Sigrid avait raison sur toute la ligne, elle avait l'expérience et le loup savait quand s'incliner.

Acquiesçant simplement à la conclusion de la corneille, il reporta son attention sur les victuailles qui s'offraient à lui. Tout comme ses habitants, le dirigeant se rationnait. Il ne frôlait pas la famine comme certain, mais lorsqu'un tel buffet était dressé, son estomac lui criait d'en profiter, car ce genre de glorieux événement se faisait plutôt rare. Savourant viandes et boissons sans prononcer le moindre mot, jetant de temps à autre des coups d'oeil vers son homologue orientale et l'être détestable qui siégeait à ses côtés. Il se déroula plusieurs minutes de dégustation sauvage avant qu'Ulrik ne fiche son couteau dans le bois de la table comme le dictaient les manières de Vindsval pour indiquer que le repas était terminé. S'assurant que sa chope était effectivement vide, il s'essuya le coin de la bouche d'un revers de main avant de contempler le reste de la table. Se reculant dans son siège pour confirmer ce geste, il se leva calmement puis interpela la corneille :

« Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais voir tout ce dont vous me parliez avant d'avoir abusé outre mesure de votre hospitalité. »

Bien sûr qu'Ulrik parlait de ce doux hydromel dont il ressentait déjà les effets. Il avait encore quelques souvenirs des soirées baignées dans ce liquide typiquement Salinéen. De bons souvenirs en général, certain étaient plus clairs que d'autre à décrypter, ces autres n'en restaient pas moins de joyeux moments que le Jarl emporterait certainement dans sa tombe.

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Dim 2 Nov - 18:08
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Échec et mat, et sans se fatiguer. Sigrid ne goûta même pas sa petite victoire parce qu’il n’y avait pas lieu de se réjouir, tout compte fait : elle comprenait très bien ce qui avait poussé Ulrik à parler ainsi, et le léger agacement qu’elle avait pu ressentir à cause du ton employé et de cette insolence à peine voilée s’évanouit aussitôt. Déçu, Floki se rembrunit bien vite, sans même prêter attention au regard que lui avait jeté le jarl. Son propre divertissement passait toujours avant toutes les menaces qu’on pouvait proférer, verbalement ou non, envers lui.

Et puis, tandis qu’aucune autre affaire importante n’était soulevée et que chacun retournait à son assiette, Sigrid fit quelques rapides présentations, sans doute pour que Ulrik sache enfin quel nom apposer à celui qu’il avait manifestement eu envie d’égorger tout vif quelques secondes plus tôt. Floki faisait souvent cet effet sur les gens... C’était à se demander comment il avait fait pour survivre tout ce temps. Autour de la table, elle désigna brièvement chacun des participants à leur petite réunion : Ingvar, le géant roux assis à côté de la jarl, son garde du corps, bras droit, homme de confiance et, parfois, âme damnée. Floki Hardradda, sinistre corbeau à la mine à présent austère derrière son maquillage noir et ses marques guerrières, l’époux de sa sœur. Les autres semblaient bien moins importants, petits seigneurs, barons, compagnons d’armes, tous bâtis sur le même modèle et dûment enfouis sous leurs cuirasses de peaux et de fourrures. Sans doute que Ulrik serait amené à revoir quelques un de ses jugements sur eux et tout particulièrement sur Floki, mais l’heure n’était pas vraiment à cela et Sigrid avait autre chose à faire que d’arrondir les angles entre son confrère et ses hommes.

— Soyez rassuré, reprit-elle une fois que les présentations furent achevées, je ne vous assommerai guère plus de mondanités et de protocole. Néanmoins, avant de reprendre votre route, nous serons ravis de vous avoir à notre table afin de fêter dignement votre visite chez nous.

Le sous-entendu n’en était même pas un : une visite d’un jarl était un trop beau prétexte pour organiser un banquet dans la plus digne tradition salinéenne pour que Sigrid puisse manquer de se plier à cet usage.

Chacun se leva lorsque la fin du repas fut sonnée, et comme prévu, Sigrid emmena Ulrik pour s’enquérir de la quantité de vivres qu’ils pourraient leur envoyer. Ingvar la suivit comme son ombre, et excepté lui, on les laissa seuls. Il y avait pourtant du monde, tout autour d’eux, et la nouvelle de l’arrivée d’Ulrik avait fait plusieurs fois le tour de la ville, manifestement. Dès qu’ils eurent quitté la salle, des domestiques s’empressèrent de ranger leur table et les habitants réinvestirent sans tarder tout l’espace, s’installant près du foyer central pour filer, réparer quelques outils ou simplement converser en gardant un œil sur les enfants et les chiens qui jouaient bruyamment, certains à la recherche de quelques restes de nourriture. En franchissant le seuil, ils furent dépassés, voire un peu bousculés, par trois petites filles aux tresses noires qui couraient ventre à terre, poursuivies par une servante visiblement dépassée. Chacun s’affairait, et la cour résonnait de toutes parts des éclats de voix des palefreniers à l’ouvrage, sillons de porteurs, de domestiques et d’animaux qui pataugeaient dans la même boue noire qu’on tentait vainement d’éponger par un paillis de bruyère.

Les façades hautes et sombres, frileusement serrées entre elles sous leur toiture d’ardoises, percées de rares fenêtres, laissaient filtrer le murmure des conversations et le bruit des travailleurs à l’ouvrage pendant que, dans un enclos délimité par des barrières de bois, une poignée de jeunes hommes s’entraînaient au combat sous les vociférations d’un instructeur si massif et si velu que sa mère avait probablement fauté avec un ours, ou peu s’en fallait. Un jeune homme maigrichon aux cheveux noirs s’arrêta un instant pour saluer Sigrid, et baissa sa garde juste assez longtemps pour se faire envoyer au tapis d’une brusque offensive de son adversaire.

— Passe-toi de la politesse et tiens ta garde, Eivar ! lança la jarl alors que le garçon se relevait dans un crachotement furieux pour repartir à l’assaut.

Elle s’arrêta un instant pour observer la suite du combat et eut un petit hochement de tête avant d’adresser un signe de main à l’instructeur qui s’empressa d’aiguillonner les jeunes combattants d’une voix à faire trembler les murs.

— Que les jeunes gens peuvent être distraits, commenta Sigrid d’un ton faussement léger. Mon neveu n’y fait pas exception, semble-t-il.

L’attachement d’Eivar au protocole était touchant, toutefois, et il semblait déjà très conscient de la charge qui pèserait un jour sur ses épaules. Dépassant l’enclos, Sigrid amena son hôte jusqu’aux greniers situés dans une aile protégée de la citadelle, un bâtiment bas et trapu qui ne semblait guère pouvoir abriter plus de quelques tombereaux de vivres... Mais lorsqu’ils passèrent les grandes arches de pierre pour rejoindre l’économe et l’intendant, on put voir que de longs escaliers sinueux descendaient vers les citernes souterraines, creusées dans le roc du plateau.

L’entretien fut bref, mais permit une rapide estimation des biens à expédier vers Vindsval : plusieurs tonneaux de salaisons, du gibier fraîchement chassé, et un peu du fruit des abondantes cueillettes que l’on pouvait faire dans les forêts. Souhaitant faire preuve de bonne volonté, elle alla même jusqu’à ajouter à cela quelques tonneaux de sa réserve personnelle. L’enebær, alcool local fabriqué à partir de divers résineux et arbustes de la forêt, était réputé pour son fort degré d’alcool, quoiqu’également réputé rendre aveugle à force de trop en consommer, et rentrait dans la composition d’une variation locale de l’hydromel qui était très apprécié dans la région. Sigrid ne put se priver d’offrir à son hôte une petite dégustation avant de le laisser en paix quelques heures et de le retrouver pour le banquet du soir ; elle savait l’amour que certains de ses pairs avaient pour la boisson, et celui-là ne devait pas vraiment déroger à la règle.

Au couchant, la grande salle était pleine de monde, les foyers brûlaient à qui mieux mieux et des carcasses entières de gibier rôti circulaient sur les tables et entre les convives. Le vin et la bière coulaient à flots tandis que l’on conservait les alcools plus forts pour la suite, une fois que chacun aurait mangé tout son content. À la table de la jarl, Ulrik avait la place d’honneur, tandis que Sigrid avait prudemment placé son turbulent beau-frère assez loin de celui-ci pour avoir l’assurance de passer un repas tranquille. Adelheid, la soeur de Sigrid, ainsi que ses enfants, étaient installés un peu plus loin, tandis que les mêmes têtes aperçues plus tôt avaient pris place autour de la grande table. Le jeune Eivar était assis près de sa tante, en sa qualité de probable futur jarl, et fixait Ulrik avec un mélange d'admiration et de crainte qui faisait briller ses longs yeux noirs alors qu'il tâchait de garder sa dignité.

Les conversations allaient bon train et chacun avait revêtu ses plus beaux atours, ce qui, pour un svarholtéen, revenait à faire un grand concours de peintures faciales et d’ornement d’os et de plumes. On disait souvent que les jours de fête à Halesund ressemblaient à des jours de deuil, car tous portaient leurs plus élégants vêtements les plus noirs, frappés de l’oiseau blanc de la lignée régnante. Sigrid elle-même n’était pas allée jusqu’à mettre — comble de l’horreur — une robe, mais avait redonné un coup de frais à ses cheveux emmêlés à peine ramenés en arrière par des tresses sur ses tempes rasées et portait un tabard d’épais velours brodé.

Pour le moment, le repas se déroulait sans incident notable, aussi formel qu’il pouvait l’être dans une demeure salinéenne. L’ambiance était calme, comparée à ce qu’elle serait dans quelques heures...

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mar 4 Nov - 18:48
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Un superbe village, Ulrik devait l'admettre. La vie était luxuriante, les enfants couraient, les habitants semblaient heureux. Ils lançaient d'étranges regards au Jarl, un savant mélange de curiosité et d'inquiétude, quoi de plus normal, il était un sauvage après tout. Il avait juste été domestiqué, mais il venait toujours de la toundra. D'autant qu'il était le chef, sans doute devaient-ils penser qu'il était plus terrible de tous pour avoir été choisi par les brutes de l'ouest. En attendant, il profitait du paysage et de l'ambiance chaleureuse qui transpirait des murs. Le Vindsvaléen ne put retenir un sourire en observant la scène que partagea Sigrid et celui qui se trouvait être son neveu. La remarque de cette dernière concernant les jeunes gens força le côté plaisantin de Ludolf qui esquissa un simple :

« Mmh ? Pardon, j'étais ailleurs. »

Il laissa ensuite un rire franc s'échapper afin d'éviter toute forme de malaise ou d'incompréhension. Ulrik traitait à présent avec Sigrid comme avec une amie de longue date, et il en aurait fait de même après avoir partagé un repas avec leur bon roi. Il avait la blague facile et sa tendance avenante finissait toujours par prendre le dessus, quelle que soit la situation. Suivit alors une visite du grenier de la cité. Une modeste bâtisse couvrant en réalité l'entrée d'un souterrain menant aux véritables réserves de vivres. Quelques mots furent échangés avec l'intendant, rien de transcendant en eux-mêmes, en revanche, les promesses dont ils étaient chargés étaient toutes autres. Les simples exportations commandées à l'improviste allaient être d'une aide incommensurable au duché et pour cela, l'homme de l'ouest serait éternellement reconnaissant envers Sigrid et son duché.

* * *

Quelques heures plus tard, Ulrik fut convié comme invité d'honneur au banquet, le véritable banquet érigé en l'honneur de sa visite. Le Jarl n'ayant jamais participé à un véritable banquet entre seigneurs avait pensé que le premier repas auquel il avait goûté était le banquet en question. Une erreur qu'il ne referait pas. Le véritable repas auquel il avait été convié ne pouvait être confondu avec un quelconque autre gueuleton. Les costumes atypiques, les peintures faciales des convives qui semblaient sur le sentier de la guerre, sur ces points là, Ulrik n'était pas dépaysé. Par chez lui, les fourrures et les cuirs avaient plus de place que les ossements et les plumes, mais en soi, le principe était le même.

Concernant le repas en lui même, les habitants de Svarholts étaient pour l'instant plus calmes que les Vindsvaléen. Il n'était pas rare de voir un de ses hommes avoir le nez cassé avant même qu'une goutte d'alcool ne soit servie, et il est d'autant plus commun de voir cet homme rendre la pareille au coupable avant de partager une chope avec lui. Il attendait tout de même de voir, il fallait se méfier de l'eau qui dort, ainsi, il ne serait pas surpris du raz-de-marée qui risque d'en émerger.

En attendant, Ulrik profitait de ce qui passait à sa portée, bière, viande et autres succulents mets. La quantité était telle que c’en était indécent, mais la machine était lancée et plus rien ne l'arrêterait. Le doux goût du liquide ambré sur sa langue se mélangeant outrageusement bien avec le sang de la viande divinement fondante, ce soir, le Jarl dormait sous la table. Il remarqua du coin de l'oeil le regard insistant du neveu de Sigrid. Un gosse dressé par une éducation impeccable, il n'y avait pas de doute là dessus, mais il semblait un peu trop propre sur lui à son goût. Il manquait peut-être un peu de mauvaises expériences là dedans si vous demandiez au sauvage. Ce genre d’événement forgeait son homme d'après lui. Passez du temps dos au mur, et vous finirez par apprécier sa proximité oppressante. S’il avait bien compris la situation, le gosse finirait par hériter du duché, un futur Jarl donc. Profitant d'une profonde gorgée de bière, Ulrik finit par l’interpeller :

« Eivar, c'est ça ? Le jeune homme lui confirma sa supposition en cherchant à cacher ses émotions du mieux qu'il le pouvait. Dis-moi poikanen, aurais-je un jour le plaisir de ta visite à Vindsval ? »

Une sorte d'invitation désintéressée qu'il lança à tout hasard afin d'établir le contact avec le jeune homme. Se tournant alors vers la tante de ce dernier assis à côté de lui, Ulrik adressa à cette dernière un sourire reconnaissant. De tout ce qu'il avait entendu à propos de ce duché et de sa régente, il ne s'était certainement pas attendu à un tel accueil. En aucun cas il n'était dérangé par les manières des habitants d'ici. Sur le ton léger de la discussion, il s'adressa cette fois à elle sans vraiment peser ses mots.

« Et... Il n'y a pas de Monsieur Nilfdottir ? »

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mar 4 Nov - 21:34
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Alors qu’elle laissait autour d’elle le brouhaha des conversations envahir tout l’espace, Sigrid réfléchissait, noyant lentement son esprit dans les remous de l’alcool et de la chaleur douce et poisseuse de la salle surpeuplée.

Elle commençait à cerner un peu mieux Ulrik, qui s’était montré étonnamment sympathique passés les premiers moments, et passé son allure peu engageante d’homme des steppes. Même pour des gens réputés aussi sauvages et frustres, les svarholtéens semblaient faire figure de parangons de raffinement et de civilisation, comparés à lui, et le regard qu’il avait jeté de toutes parts alors qu’ils parcouraient la citadelle ne lui avait pas échappé. C’était presque celui d’un animal sauvage qui se retrouve au mauvais endroit, non pas perdu, mais simplement hors de son élément naturel.

Un soupçon de perplexité silencieuse avait immobilisé la jarl quand il s’était fendu d’une petite plaisanterie devant les maladresses de son neveu à l’entraînement, et puis elle s’était laissée aller à un sourire fugace, plein d’un amusement surpris. Jeune, oui, il l’était, et même si elle ne semble être son aînée que de quelques années, elle ne cessait de mesurer la différence, le gouffre qui les séparait. D’une certaine façon, Sigrid était déjà âgée, desséchée depuis son plus jeune âge sur le fourneau du pouvoir, forgée, coulée comme un métal dans le moule étroit de sa fonction, martelée par les obligations et les attentes qui avaient toujours pesé sur elle.

Au fond, elle enviait son naturel et sa spontanéité, cette détente apparente qu’elle n’avait jamais pu se permettre et qu’elle ne pourrait jamais s’autoriser. Il pouvait, lui... Encore que, il n’était qu’à peine nommé, tout juste jarl, sans doute n’avait-il pas encore essuyé les plâtres et goûté à l’amère liqueur du pouvoir, celle qui enivre, celle qui fait perdre l’esprit, celle qui ronge jusqu’à ne plus rien laisser de vivant, juste le squelette du gouvernant.

Vidant un énième verre, Sigrid repoussa son assiette et sécha son coutelas sur le revers de sa cape pour le poser sur la table. L’heure n’était pas à l’amertume, même si c’était une humeur fort quotidienne, chez elle. Pensivement, demeurant silencieuse dans le vacarme des paroles, elle regarda non sans se fendre d’un sourire amusé son hôte se repaître sans vergogne du repas. Elle avait hésité un moment, se demandant si un telle débauche de nourriture, plutôt habituelle dans un duché aussi prospère que Svarholt, ne serait pas une marque d’indécence totale pour recevoir un jarl dont les sujets mouraient de faim dans la toundra ; toutefois, Ulrik ne s’en était aucunement formalisé et semblait même apprécier les largesses qui lui étaient offertes.

Un véritable ballet de domestiques s’était organisé pour évacuer les plats vides et remplir les coupes et les cruchons, tandis que les quelques molosses qui avaient le droit de s’approcher des maîtres étaient aux anges tant les restes de viande et les os à ronger étaient légion. Njörd, l’énorme chien blanc couché aux pieds de la jarl, s’attaquait pour sa part à quelques morceaux de carcasse qu’elle lui avait jetés et grondait de contentement en faisant craquer la fibre sous ses mâchoires massives.

Sigrid prêta une oreille distraite aux quelques mots que Ulrik adressa à son neveu qui faisait appel à toute la dignité possible pour un enfant de douze ans, tout en restant touchant au possible avec sa petite mine pleine d’un subtil mélange de maladresse et de cette sévérité propre aux garçons de son âge. Il glissa un regard prudent vers sa tante avant de répondre, et eut un petit hochement de tête alors qu’une expression ravie prenait son essor. L’inconscience de la jeunesse...

— Ce serait un plaisir, répondit-il avec un signe du chef qu’il espérait sans doute noble et grave. Peut-être aurons-nous à nous battre ensemble !

Sigrid masqua un léger rire derrière sa main et détourna les yeux dans un élan fugace de tendresse amusée que seuls son neveu et ses nièces arrivaient à réveiller chez elle.

Sans doute avait-elle ressemblé à cela elle aussi... Cela lui passerait bien vite, et bientôt les soucis de l’âge lui tomberaient sur les épaules. Elle ne doutait pas toutefois qu’il réussisse à tenir le coup : c’était un garçon aussi solide que pouvait l’être un descendant de deux lignées des plus coriaces et batailleuses, et le sang qui coulait dans ses veines était réputé aussi vif et aussi fort que la sève de leur forêt natale. Il tenait beaucoup de sa mère, ses hautes paumettes osseuses, son teint pâle, et avait hérité de son père ses cheveux noir corbeau et ses beaux yeux gris acier. En voilà un sans doute qui n’aurait aucun problème pour trouver une épouse !

Et puisque l’on parlait alliances matrimoniales... Sigrid s’était détournée, plongée dans ses pensées, le regard dans le vague. Elle ne bougea pas, tout d’abord, quand la voix du jarl parvint à ses oreilles. Ingvar leva les yeux au ciel et étouffa un rire discret, Adelheid eut un de ses très doux sourires de madone tout en écartant prudemment de sa sœur quelques éléments de vaisselle qui auraient pu servir de projectiles, et Floki plongea littéralement en avant pour ne rien rater de la suite de la conversation.

Il fallait forcément que la question vienne, après tout ; Ulrik ne connaissait manifestement rien de Svarholt, ni de Sigrid, et cela ne semblait être de sa part qu’une curiosité légitime et de bon aloi, une simple question polie. Après tout, il fallait bien assurer la descendance de la lignée, quoique la prolifique Adelheid et sa ribambelle d’enfants semblassent s’en être déjà chargée, et un mariage de raison était une bonne manière de nouer des alliances. Toutefois, s’il y avait une chose sur laquelle la jarl n’autorisait ni ingérence, ni question, ni même le moindre brin de curiosité, c’était bien cet aspect de sa vie et bien souvent elle mettait un terme plutôt brutal aux rares conversations qui s’engageaient sur ce terrain-là.

Chacun avait en mémoire toutes les défaites cuisantes qu’elle avait infligées à tous ceux qui avaient voulu l’approcher d’une façon ou d’une autre, les disputes homériques qui l’avaient opposée à son père lorsqu’il avait été question de la marier, et cela avait fini par rentrer presque dans les mœurs : nul ne voyait la dame de Svarholt finir ses jours autrement que seule, comme elle l’avait toujours été.

Le calme apparent, presque doucereux, qu’affecta la jarl en se retournant enfin vers son hôte était de plus mauvais augure que si elle avait explosé de colère. Un long sourire lui fendit la bouche, et elle releva lentement ses paupières noires pour fixer Ulrik d’un regard si perçant qu’il en aurait découpé de la tôle.

— Vous ne trouverez nul homme ici qui aie le courage de se prétendre mon époux, répondit-elle avec une sérénité trompeuse.

Et le mot était plus que bien choisi. C’était plus que du courage, qu’il fallait, semblait-il, pour oser cela : de la témérité, voire de l’inconscience. Dans la lueur des feux et des lampes, vacillantes et ondoyantes, Sigrid paraissait plus que jamais façonnée plus de glace et d’ombres que de chair, ses yeux de jaspe noir plantés comme des joyaux assassins dans les traits rudes de son visage.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Jeu 6 Nov - 23:45
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Sa question semblait plus taboue qu’il ne l’aurait cru au vu des réactions qu’elle provoqua autour de la table. Un homme leva les yeux au ciel, l’autre pouffa la plupart des convives se contentèrent de détourner leur regard embarrassé. Pour Ulrik, il ne pouvait y avoir quoi que ce soit de si dérangeant dans cette question. Après tout, si cette femme désirait ne pas s’attacher à un quelconque individu, le Jarl était quelqu’un de très ouvert, jugeant rarement sur la première impression ou sur les pratiques des gens. Un individu était plus que ça. C’était avant cela un passé, une expérience, une éducation, et une personnalité. Le loup n’allait pas classer Sigrid dans une certaine catégorie en se basant sur ce fait. Lorsque cette dernière finit par tourner la tête vers lui, il ne put que s’incliner face à la profondeur abyssale de son maquillage. Dire que le Jarl était intimidé serait véritablement exagérer les choses, il savait que le but de ces accoutrements n’était que montrer à son voisin à quel point ses trophées étaient plus impressionnants que les siens, les choses étaient sensiblement les mêmes partout, seuls les trophées changaient en définitive. Son regard en revanche avait quelque chose d’inimitable que l’on ne trouvait pas par chez lui. Il avait l’impression que Sigrid avait un vis à vis sur son âme alors que ses yeux perçants le fixaient avec insistance.

Le sourire qu’elle afficha n’avait rien de rassurant, bien au contraire, mais ce malêtre qu’elle parvenait à répandre aussi aisément semblait plaire à Ulrik. Le goût du risque, il voulait savoir combien de temps il pouvait garder sa main au-dessus des flammes avant que les brûlures ne deviennent irréversibles, avant que son corps ne prenne le dessus et le pousse à retirer cette main en vitesse. Pour l’instant, les légères chatouilles qu’il sentait dans le bout des doigts ne le dérangeaient absolument pas, il avait hâte de voir ce qu’elle lui réservait d’autre comme surprise. Sa réponse à sa question prit le loup au dépourvu. De toutes les justifications possibles pour l’absence d’un « Monsieurs Nilfdottir », c’était bien celle-ci qu’il n’avait pas envisagée. : « L’amour est comme une fleur au bord du précipice qu’il faut avoir le courage d’aller cueillir, n’est-ce pas ? » Il ajouta pour lui que certaine de ses fleures avaient des épines et d’autre poussait carrément à flanc de falaise, mais c’était là que résidait tout l’intérêt non ?

Attrapant sa chope nouvellement remplie, Ulrik continua sur la pente glissante qu’il avait choisie, lubrifiée par l’alcool qu’il absorbait régulièrement. Il atterrissait toujours sur ses deux jambes jusque là et il faisait confiance à ses talents d’acrobate pour ne pas le lâcher au moment où il avait le plus besoin d’eux. D’une traite, une seule, une bonne moitié de la bière du bocal dévalait dans sa trachée sous les regards approbatifs de la majorité des convives de la table. Eux aussi n’attendaient que cela. Ils voulaient le voir prendre de la vitesse pour mieux se ramasser, même celui qui ne l’admettait pas était là pour ça. Il ne leur ferait pas ce plaisir, il allait gagner, pourquoi est-ce que les choses changeraient d’habitude ?

« Je dois vous admettre toutefois ne pas m’adonner souvent à la cueillette, je préfère la chasse. Si le peu qu’il savait sur le duché et sur la Jarl était vrai, c’était un point commun qu’ils partageaient, parmi d’autres. Je vais aussi vous admettre, je préfère traquer une prise de valeur plutôt que me contenter de la quantité, bien que je n’ai pas trouvé le temps de m’adonner à ce passe-temps depuis que je porte mon titre. » Il était déjà dangereusement proche du vide. La limite de la décence était proche si l’on choisissait avec attention le sens que l’on plaçait sur les mots qu’il prononçait. Un jeu périlleux qui devrait lui apporter que des emmerdes, comme à chaque fois que ce doux liquide typiquement Salinéen franchit le seuil de ses lèvres. Maintenant qu’il occupait un tel poste, il se devait de contrôler ces choses. Il n’est pas digne d’un homme de son rang de se bourrer la gueule pour faire des avances à sa consœur avant de se voir attribuer une superbe tarte.

S’il regardait en arrière, dans son passé qui commençait à s’embrumer, c’était mieux que ce qu’il faisait d’habitude. Entre ses excursions douteuses avec un haut dignitaire du royaume et ses excursions solitaires dans la toundra au beau milieu de la nuit pour ne citer que celle-ci, Ulrik savait que l’alcool lui faisait perdre tout contrôle. N’était-ce pas ce qu’il recherchait après tout ? Libérer la bête, agir comme il le voulait, justifier tout ça d’un simple « j’avais bu ». L’alcool n’était qu’un complice, le véritable coupable était Ulrik, et il était sur le point de récidiver.

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Ven 7 Nov - 11:17
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Un infime frémissement troubla l’impassible visage de Sigrid quand Ulrik eut l’outrecuidance de répondre à ses paroles. Toute autre personne sensée aurait laissé là la conversation en jugeant que le ton et l’expression de la jarl étaient des avertissements suffisants qui conseillaient vivement de ne pas poursuivre, mais il était manifeste depuis un moment déjà que Ulrik Ludolf n’était pas quelqu’un de sensé. Ou du moins, pas sur ce terrain-là, pas avec autant d’alcool à portée de main.

Et puisqu’il était question de cela, on déposa le long des tables un nouveau chargement de boissons. Les estomacs remplis avaient besoin de quelque chose de plus fort, et les esprits s’échauffaient dans les vapeurs tremblotantes de l’hydromel et des liqueurs locales. Si Ulrik continuait à boire à ce rythme, elle ne donnait pas cher de lui, encore qu’elle était curieuse de voir si les hommes de la Toundra tenaient aussi bien l’enebær que ceux de Svarholt.

Un très léger haussement de sourcil glissa le long de ses yeux immobiles, avant que l’esquisse d’un sourire ne prenne son essor à son tour. Cela n’avait rien de rassurant, pourtant ; plutôt que l’amusement bienveillant d’une noble dame face aux paroles lestes d’un invité à sa table, c’était ce reflet fugace qui dansait dans les prunelles des oiseaux de proie lorsqu’ils avaient repéré un gibier. On aurait presque distingué ses pupilles bouger dans le néant de ses yeux noirs et se fendre comme ceux d’un faucon. Et si de chasse était question, c’était à cela qu’elle s’adonnait soudain.

— Vous avez le goût de la métaphore, jarl Ludolf, répondit-elle avec toujours ce ton extrêmement calme, presque doux, infiniment vénéneux. Des fleurs, des gibiers... Cela a le mérite d’être plutôt clair.

Il y eut un bref silence durant lequel on n’entendit plus guère que les craquements sinistres des os sous les mâchoires de Njörd, quelque part sous la table. Elle sourit, cette fois ; un authentique et véritable sourire, non pas ce brin de rictus qui lui papillonnait de temps à autre sur la face. La commissure de ses lèvres se souleva, s’étira, et sa bouche se fendit comme sous le fil d’une lame pour dévoiler ses dents serrées.
La lenteur du mouvement rendait la chose assez dérangeante, mais ce qui l’était encore plus c’était l’éclat de son regard et le léger voûtement de ses épaules qui la faisaient se tenir presque ramassée sur elle-même comme un animal prêt à bondir. Elle le fixait à présent par en dessous et l’on ne voyait plus que la cornée blanche qui faisait une tache de lumière dans les flaques d’encre noire autour de ses paupières et de ses yeux.

— Nous avons quelque chose en commun, reprit-elle un ton plus bas. J’aime la chasse également. Et je préfère aussi un beau gibier à la quantité qui peut m’être offerte, vous devinez sans doute que je n’en manque pas. Il y a un plaisir incomparable à la traque, n’est-ce pas ? Surtout lorsque l’on débusque une proie peu aisée à piéger.

Autour de la table, on avait déjà signé l’arrêt de mort de Sigrid et certains se détournaient de leur dialogue parce qu’ils estimaient que la seule surprise, à présent, serait de savoir de quelle manière Ulrik serait remis à sa place.
Adheleid adressa un regard presque compatissant au jarl avant de se désintéresser d’eux et d’empêcher une de ses filles de chaparder un cruchon d’alcool sous le nez de son frère. Eivar observait en effet les deux protagonistes depuis l’autre côté de la table, l’air fasciné à la fois par l’aplomb de sa tante et par l’insolence habile de son invité ; chaque seconde était un enseignement, pour lui, et à n’en pas douter, s’il avait la raideur naturelle et la sévérité de caractère de son aïeule, il était éperdu d’admiration devant cet Ulrik qui s’amusait si bien à bouleverser les convenances.

Sigrid se pencha un peu vers Ulrik et baissa encore d’un ton jusqu’à ce que sa voix sourde et rauque soit presque réduite à un chuchotement de mauvais augure.

— Sauf que, jarl Ludolf, je doute que vous et moi fissions le même usage de nos victimes une fois capturées. Si je chasse, je chasse pour tuer, et rien d’autre. Les proies que je ne peux mettre à mort et dépecer ne m’intéressent pas.

Elle lui sourit encore, avant de se redresser pour attraper sa coupe qu’un domestique avait remplie d’hydromel. Cela faisait bien longtemps qu’un homme n’avait pas tenu ce genre de discours devant elle, parce que tout son entourage, ses barons, son duché tout entier, jusqu’aux jarls voisins savaient fort bien que la dernière chose à faire dans une vie était d’approcher ainsi de la Corneille de Svarholt.

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mer 19 Nov - 21:36
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« N’est-ce pas là tout l’intérêt ? s’esclaffa bruyamment le Jarl. J’en connais pas beaucoup qui afficheraient la tête du rat qu’ils auraient choppé dans la corbeille à patate 'savez. »

Il arrivait encore au chasseur plutôt doué qu’il était de traquer des proies bien moins appétissantes que ce à quoi on s’attendrait, mais pas pour le loisir. Lors de son long séjour dans la toundra, il avait à plusieurs reprises été contraint de pister les rongeurs pullulant dans une caverne à flanc de vallée. C’est étrange comme la chasse tenant habituellement de la survie, d’une obligation pour se nourrir par manque de ressource restait pratique commune parmi les bien portants. De ce qu’il savait du continent nordiste, ce n’était pas le genre des ducs de chasser par tradition. Par loisir peut-être, monter sur un somptueux canasson blanc et courant bêtement après une poignée de lapin qu’il aurait lui même relâcher. Ridicule.

Il sourit en retour à la confidence de Sigrid, prenant bien le soin de retourner sa déclaration dans tous les sens possibles, n’omettant absolument aucun sous-entendu possible et soupçonnable. Malgré la barrière qu’elle venait d’ériger, Ulrik ne pouvait s’empêcher de montrer sa dentition franchement. Elle s’était lancée dans son jeu, c’était un pas en avant, en quelque sorte.

« Ma chère... Enfin... Il laissa traîner avec exagération ses ultimes syllabes. C’est à un sauvage de l’est que vous parlez là, vous pensez vraiment que lorsque je mets la main sur une proie digne de ce nom je ne garde pas de souvenir ? »

Était-ce une bonne idée de poursuivre ainsi ? Certainement pas. Toutefois le jeune Jarl sentait le terrain glissant sous ses bottes. S’il avait le malheur de freiner, la perte de contrôle était assurée, il le savait. Il ne pouvait que se contenter d’avancer -pas pour lui déplaire- arrosant la piste qu’il dévalait avec un peu d’hydromel avant de reprendre.

« Après tout, pensez-vous vraiment que je peux m’autoriser le luxe de chasser sans tuer puis dépecer ? On ne nourrit pas son homme de la simple satisfaction apportée par la capture selon moi. »

Si la gifle n’était pas tombée jusque là, c’était déjà un exploit, mais là, la sentence semblait absolument inévitable. Pourtant, le Jarl ne regrettait rien, comprendre pourquoi, expliquer, voilà qui lui serait bien compliqué. Ça revenait à expliquer le concept d’égalité à un empereur tyrannique.

« Cela dit, j’ai l’étrange sentiment que le danger attire l’homme. On peut le voir à la façon dont les gardes de Saline contemplent la toundra. Terre sauvage, inhospitalière. Les plus superstitieux prétendront que c’est là que les limbes et notre monde se rejoignent pour ne former qu’un, et pourtant, ça ne nous empêche pas de l’admirer d’une certaine façon, ce côté sauvage, indompté. »

Le discours passionné d’Ulrik était clairement impliqué. Il était toujours autant fasciné par ce territoire gelé, même après avoir été contraint à la survie précaire sur ce territoire de chasse pendant plusieurs années, cette expérience n’avait rien retiré à la beauté du lieu. Mais il se rendait alors compte que son exemple n’était peut-être pas des plus parlant, il reprit :

« Comme le marin qui observe l’océan si dangereux, immaîtrisable et farouche. Il le voit comme un vieil ami, il ne peut lui en vouloir pour les camarades qu’il lui prend, n’est-ce pas ? »

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Ven 28 Nov - 2:01
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Sigrid ne put retenir un sourire acide en réponse aux paroles d’Ulrik, et, tout en observant dans le fond de sa coupe d’étain les reflets blonds et roux de l’hydromel dans la lueur des lampes, elle imagina furtivement les têtes et les dépouilles des conquêtes du jarl clouées comme autant de trophées dans sa grande salle. Un humour sinistre la poussa à oser une dernière réplique sur ce sujet :

— Un souvenir ? Mmh, fit-elle, de vos cueillettes et de vos chasses, n’est-ce pas ? Je n’ose imaginer quels butins vous en conservez.

Cette petite plaisanterie qui ne ferait sans doute rire qu’elle finit noyée dans un flot d’alcool. La détente apparente qu’affectait la jeune femme à cet instant ne dura guère, car à mesure que Ulrik poursuivait, on vit très nettement son poing se serrer autour du col du gobelet, au point que l’on s’attendit presque à voir le métal se tordre sous ses doigts blanchis par la tension. Elle reposa le récipient sur la table avec la plus grande délicatesse et se rejeta confortablement en arrière contre le dossier de son siège, posant ses coudes sur les bords et croisant les doigts devant elle pour fixer son interlocuteur de l’un de ces regards pénétrants qui semblaient pouvoir fendre de la tôle. De l’autre côté de la table, Eivar poussa une légère exclamation indignée, mais fut réduit au mutisme par un geste sec de sa tante qui ne perdit rien de ce qui suivit. Distraite un instant par la protestation étouffée de son fils, Adelheid détourna son attention de ses filles qui en profitèrent aussitôt pour s’emparer d’un cruchon de bière et disparaître sous la table, alors que l’aînée affectait une innocence détachée.

Ignorant totalement les frasques de ses nièces, Sigrid persistait à fixer Ulrik avec une intensité telle qu’on aurait presque pu sentir l’acuité de son regard lui transpercer l’occiput pour aller châtier à la source ces paroles insolentes.

— Une chance que mon duché soit si bien pourvu en ressources que la viande nous tombe du ciel sans qu’il nous vienne l’idée saugrenue ni le besoin d’aller la chasser autrement que pour le simple plaisir de faire un carnage parmi les bois, répliqua-t-elle avec ironie glaçante qui fit courir quelques rires sinistres autour de la table.

Elle le laissa néanmoins discourir, et peu à peu l’hostilité reflua de ses traits qui laissèrent glisser le long de ses lèvres acérées un fin sourire plein d’un amusement qui parut presque sincère au milieu de ses traits rudes. Ce sentiment puissant et impétueux qui affleurait dans ses paroles, elle le connaissait bien et chaque homme, chaque femme de Saline l’avaient sans doute au fond du cœur ; mais si l’évocation des étendues infinies de la Toundra ne l’inspirait que fort peu, elle n’avait aucune peine à remplacer cela par les visions fugaces des grandes montagnes couvertes de leurs manteaux de forêts profondes, drapées du vert éternel des sapins qu’émaillaient les teintes tendres et lumineuses de bouleaux et des hêtres sur les rives impétueuses du fleuve. Le frisson permanent de ce monde intouché et sauvage, impénétrable et pourtant si familier, la rumeur persistante de ce grand flot silencieux qui baignait les terres et se dessinait au creux des brumes et des orages, tout cela susurrait à son cœur plus d’émotions qu’elle n’en éprouverait jamais pour un être vivant.

— Le Pays donne, le Pays reprend, c’est ainsi que parlent nos anciens, répondit-elle simplement à ce long discours, se penchant brièvement pour remplir son verre. Tout habitant de Saline connaît ce dont vous parlez.

L’hostilité et la tension étaient retombées, du moins en apparence, et sa voix caverneuse et rauque avait retrouvé sa tonalité coutumière, à peine plus élevée qu’un murmure et pourtant distinctement audible au milieu du vacarme des conversations, des rires et des chants. À présent que la conversation avait dérivé sur un sujet bien moins sensible et plus plaisant, Sigrid semblait avoir retrouvé cette politesse un peu sèche qui était sienne d’ordinaire.

— Nous avons cette même révérence pour la terre qui nous a vus naître, reprit-elle. Je ne doute pas que la Toundra soit infiniment plus sauvage que la forêt qui est notre domaine, mais chacun ici peut comprendre ce dont vous parlez. Elle abrite autant de dangers que de bienfaits, et nous la révérons autant que nous la craignons. C’est à vivre si proche du danger que Saline forge autant de bons soldats, dit-on, et à voir la valeur des vôtres, je n’ai aucun doute sur cela.

Elle conclut ses paroles en levant brièvement sa coupe à l’adresse d’Ulrik avant de la vider d’une interminable gorgée. La jarl se doutait bien que, pour ce qu’elle pouvait déjà entrevoir du caractère de son interlocuteur, la conversation ne demeurerait pas aussi paisible très longtemps, et si une partie d’elle-même savourait ce répit, quelque chose d’autre, de plus sombre et de plus profond se réjouissait encore de la confrontation et se languissait de cette énergie vive et folle qui lui venait chaque fois qu’il s’agissait de jouter, en mots ou en armes, et se mesurer à ses pairs. Elle se doutait bien que Ulrik, qui manifestement cédait peu à peu aux assauts de l’alcool autant qu’à sa langue bien pendue, n’en resterait pas là et qu’il y aurait encore bien des passes verbales entre eux d’ici à ce que l’un d’eux déclare forfait.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Dim 14 Déc - 17:14
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Ulrik acquiesçait aux paroles qui semblait sensées de la bouche de Sigrid jusqu’à ses oreilles, toutefois, le doux hydromel commençait à faire son effet ainsi, il n’était pas vraiment sûr d’en avoir saisi le sens. Il sentait ces premiers effets, ceux qu’il regrettait parfois le lendemain. Ce sentiment d’invincibilité, que tout devenait possible et d’une simplicité enfantine. Sa vision semblait aussi se troubler, ou était-ce sa tête dont le support faiblissait, faisant tanguer son regard. Il ne saurait dire. Au point où il en était, le Jarl attrapa sa coupe pour la terminer d’une traite. Il allait le regretter, vraiment.
Leur conversation ayant coupé court, il devait se focaliser sur autre chose, occuper ses mains, son esprit, il ne fallait pas sombrer, chercher à rester à la surface par tout les moyens. Sortant du fond de son unique poche sa pipe et une poche de cuir fermée par une attache d’ivoire, il entreprit de remplir patiemment et calmement le foyer du mélange d’herbe séchée que contenait cette dernière. Énormément de concentration et de précaution pour pas grand-chose. Vu de l’extérieur Ulrik semblait presque sérieux, affichant une mine bien trop sévère pour son visage habituellement souriant.

Ses doigts portant avec eux le puissant relent des épices de la toundra cherchèrent longuement à embraser le bout d’une fine baguette de bois sec. Lorsque l’allumette improvisée daigna finalement s’enflammer, il porta avec dextérité les flammes sur la surface du tapis d’herbe de la pipe en inspirant longuement et bruyamment à travers le tuyau qui pendait à ses lèvres. Très vite une douce lueur dorée s’y alluma alors que la fumée envahissait l’atmosphère autour du Jarl. Il gardait cette dernière longuement emprisonnée à l’intérieur de ses poumons afin d’en profiter pleinement. Les effets ne se firent pas attendre bien longtemps.

Ses nerfs s’endormaient et leur sensibilité semblait s’être à la fois décuplée. Les remous de son estomac malmené, l’aridité de ses paupières sur ses yeux, sa langue s’asséchant comme une limace en plein désert. Tous ses petits détails qui le faisaient courir après ce genre d’état second. S’affalant lentement dans son siège, il sentait aussi l’autre effet, celui qu’il préférait. Cette espèce de poids qui avait été placé à l’arrière de son crâne alors que tout le reste devenait plus léger, lorsqu’il nota cela, un sourire irrépressible vint illuminer son visage. Ce genre de sourire qui fait mal aux joues le lendemain, celui qu’il pourrait essayer de combattre, mais pour ne faire qu’empirer les choses.

L’autre avantage de cette drogue additionnelle qui venait s’ajouter sur le tas de celles qui avaient déjà été ingurgitées résidait dans ce coup de masse qui l’accompagnait afin de contrecarrer les effets de l’alcool. Plutôt que de le pousser à parler sans lendemain, à se compromettre par le biais de stupides paroles dénuées de toute réflexion, il était à présent plutôt calme et à l’écoute. Continuant de profiter de la douce fumée qui émanait de l’instrument pendant à ses lèvres, il jetait un regard niais et bienveillant sur l’assemblée. Le brouhaha des discussions sonnait tel un chant d’antan à ses oreilles. Aucun des mots qui planait dans l’air ne parvenait à son cerveau, mais cela avait peu d’importance, seule la mélodie importait.

Même si ses muscles assoupis lui imploraient le contraire, Ulrik devait se contraindre à adresser la parole à sa consœur. Il était sur le point de l’interroger sur sa froideur, s’informer la raison de cette rigidité qu’elle diffusait autour d’elle, mais il se ravisa, il lui restait encore assez de clarté dans ses idées pour savoir que ce n’était pas le bon sujet. Au lieu de cela, il devait viser un sujet bateau, quelque chose qui épargnerait son cerveau au bord du précipice et qui ne le ferait pas passer une fois de plus pour un ignare finit.

« Avez-vous déjà voyagé ? Lui demanda-t-il alors d’une voix enrouée qui peinait à cacher le désintérêt de sa question. J’veux dire, quitter le pays, les Glaces, loin quoi. »

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Jeu 18 Déc - 12:39
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Un silence, tout relatif, s’attarda entre Sigrid et le jeune jarl. Un soupçon de déception balaya la tablée quand on comprit que la joute s’arrêtait là : sans doute avait-on placé beaucoup d’espoirs dans la gouaille avinée d’Ulrik que l’on pensait capable de tenir tête à l’autoritarisme glacial de sa consœur, mais visiblement, l’hydromel avait vite émoussé tout cela et chacun s’en retourna à des débats plus animés qui éclatèrent sporadiquement le long de la table. Adheleid avait déjà fort à faire à surveiller sa marmaille où seul Eivar semblait se tenir à peu près sagement tandis que ses sœurs menaient grand tapage sous le regard amusé et ému de Floki qui ne bougea pas un orteil pour freiner les excentricités de sa progéniture. Isolde avait fini par grimper sur ses genoux pour grappiller les meilleurs morceaux dans son assiette et mieux écouter des conversations que l’on pensait être hors de sa compréhension. Partout autour d’eux, sous les hautes poutres de la grande salle, chacun mettait un point d’honneur à célébrer la visite du jarl en s’empiffrant de nourriture et d’alcool, surtout d’alcool. Les svarholtéens avaient un génie certain pour savoir transformer tout ce que leur forêt pouvait produire en une infinie variété de boissons propres à réchauffer le cœur et à élever l’esprit, ou à tout le moins à délier les langues au point que le vacarme devenait presque assourdissant.

Un calme relatif régnait pourtant à la table de la jarl, comme si le mutisme caractéristique de Sigrid et de ceux de son sang arrivait à atténuer le bruit puissant des conversations et des chansons à boires qui éclataient de temps à autre.

La jeune femme observa avec un brin de curiosité le petit manège d’Ulrik qui remplissait sa pipe d’une herbe dont l’odeur entêtante lui parvenait au milieu des effluves de viande grillée et d’hydromel éventé. Chacun son poison, après tout, mais elle n’était pas certaine que cela pu aider le jarl à se montrer raisonnable... Baste, cela ferait du divertissement, après tout. Sous son regard attentif, les effets de la drogue sur son invité se firent de plus en plus visibles, si familiers pour elle qui avait vu tant de fois sa chère Silke s’amuser à expérimenter toutes sortes de plantes et de mélanges de sa composition. Le sourire irrépressible qui vint à Ulrik ne la surprit pas, pas plus que cette expression légèrement vacante et infiniment paisible qui laissait supposer que la drogue avait prit du terrain sur l’influence de l’alcool. Elle attendit un moment, laissant à son confrère le temps de savourer ces effets, sans cesser de l’observer de ses longs yeux sombres comme si elle détaillait quelque expérience intéressante.

En partie parce que la conversation n’était pas vraiment son fort, elle lui laissa le loisir de parler, et si un brin de méfiance la poussa à redouter la question qu’il pouvait poser, elle s’étonna de le voir retrouver le terrain plus convenu d’une discussion assez peu personnelle. Elle en fut presque soulagée, et se fendit d’un sourire fugace en secouant négativement la tête.

— Je n’ai jamais quitté les Glaces, répondit-elle. La seule contrée étrangère à Saline que j’ai pu fouler était celle de nos voisins de Selian. J’y ai accompagné mon père autrefois, pour une ambassade, mais mes voyages s’arrêtent là. Je n’ai guère ni le temps ni l’occasion de quitter mon pays, de toute manière.

Tandis qu’elle parlait, Njörd avait achevé son repas et s’assit près d’elle, posant avec paresse sa tête sur les genoux de sa maîtresse pour réclamer un peu d’attention. Étendant les jambes devant elle, la jarl glissa ses longs doigts dans l’épaisse fourrure du chien et sembla se détendre un peu plus. Son regard, toutefois, à peine embué par l’hydromel qu’elle continuait à boire à un rythme soutenu, restait fixé sur Ulrik comme si elle essayait de désosser ses secrets du bout des yeux et de regarder à travers lui tout ce qu’il pouvait cacher.

— Mais puisque nous parlons de cela, reprit-elle d’un ton anodin sans cesser de le détailler, la rumeur à votre sujet conte beaucoup de choses. Il m’est revenu aux oreilles que vous n’êtes pas natif de Saline. Je n’ose y croire, pour tout vous dire, car vous avez tout des gens de notre peuple, et de mémoire, aucun étranger n’a jamais eu l’audace de réclamer à régner sur nos terres.

Nul besoin de creuser bien loin pour savoir ce que la jarl pouvait penser des étrangers à Saline... Il était de notoriété publique que les svarholtéens gardaient depuis des millénaires une méfiance bien ancrée à l’égard même des autres duchés du royaume, alors de là à leur demander de voir d’un bon œil ce qui ne venait même pas de leur pays, c’était impensable. Plus que de méfiance en vérité, il était vrai que les natifs de la forêt gardaient par-devers eux un amour plus grand pour les leurs que pour tout le reste de Saline, et que les liens du sang allaient au-delà de ceux que faisaient naître les allégeances et le devoir d’obéissance envers leur souverain. Sigrid ignorait tout du passé d’Ulrik, et n’avait su de lui que ces vagues racontars auxquels elle ne voulait prêter foi, sans doute parce que quelque chose au fond d’elle répugnait, ainsi qu’elle l’avait exprimé à demi-mot, de concevoir qu’un sang étranger règne sur un duché de Saline. Sans doute faisait-elle preuve d’une indélicatesse remarquable à l’égard de son hôte, mais c’était de bonne guerre, après qu’il se soit aventuré à poser des questions indiscrètes sur sa situation conjugale, qui était au moins un sujet aussi risqué.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Lun 29 Déc - 21:17
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Bien sûr qu’Ulrik savait ce que les habitants de ce duché pensaient des étrangers. Ne pas être né à Svarholt était un crime sur ces terres. C’était une façon de voir les choses — ridicule aux yeux d’Ulrik —, mais chacun son point de vue n’était-il pas ? Il évitait en général de s’étendre sur ses origines avec une compagnie en laquelle il n’avait pas entière confiance. Peu étaient au courant de ses dernières, mais le Jarl n’était pas un menteur, lorsqu’on l’amenait sur la question, il jouait toujours franc jeu.

« J’aimerais clarifier un point, avança-t-il le plus calmement du monde et sans aucune animosité. Dans l’état dans lequel il se trouvait, il était certainement incapable d’éprouver la moindre aigreur envers quoi que ce soit. Du fond de son fauteuil, il laissa lentement quelques nuages d’une épaisse fumés jaillir de ses narines avant de reprendre. Je n’ai jamais “réclamé” quoi que ce soit, de la reconnaissance de mon peuple jusqu’à la place qu’il m'a confié. Un souverain qui doit réclamer sa place d’une quelconque façon ne la mérite pas. On m’a choisi pour remplir cette fonction, j’ai accepté, rien de plus. »

C’était en partie vraie. Le Jarl qui l’avait précédé profitait d’une mauvaise cote de popularité et son fils n’occupait pas une meilleure place dans les cœurs Vindsvaléens. Ulrik s’était arrangé pour se retrouver en tête des contestations de ce pouvoir injustifié et c’était ainsi tout naturellement que ceux qui le suivaient l’avaient poussé vers ce trône qu’il n’allait certainement pas refuser. Pour lui certes, mais avant tout pour le bien de Vindsval, il savait incarner le préférable pour ce territoire et il comptait bien s’adonner corps et âme à cette tâche.

Tournant lentement la tête vers son interlocutrice en sachant pertinemment qu’à présent, leur conversation était devenue le principal centre d’intérêt de la table, il sourit bêtement. Le nouveau venu allait dévoiler ses origines au grand jour, quoi de plus intéressant que cela. Quoi qu’ils en disent, tous ne pouvaient qu’accorder une certaine crédibilité à ces rumeurs pointant le Jarl comme un étranger. Quoi de plus croustillant, de plus affriolant que ce genre d’information ? Et entendre la vérité de la bouche du concerné ? Délicieux.

« Dîtes-moi, j’ai une énigme pour vous. Un homme né de deux parents impériaux sur le sol de notre royaume vient à être élevé par ces derniers à Sen'tsura se présente à vous. Un autre né de parents Salinéen sur des terres impériales ayant passé le gros de sa jeunesse ici même est aussi présent. Auquel faites-vous confiance ? Épargnez-moi l’impasse où vous n’accordez de crédit à aucun de ces individus. »

Le sourire qu’arborait le loup s’élargit de plus belle. Il avait mis le doigt sur quelque chose. Il espérait bien que la corneille ait la décence de répondre sincèrement en réfléchissant à ses paroles. Il paraissait clair à ces yeux que le lieu de naissance n’avait aucune influence sur le comportement d’un individu. À la naissance, la personnalité de l’être apparaît à ses yeux comme un vaste bac à sable où seules l’expérience, l’éducation et la promiscuité auront le droit de bâtir. Comment est-ce que le sol que l’on aurait foulé lors de son premier pourrait-il déterminer notre valeur ?

« Alors oui, je ne suis pas né ici, mais sur les terres qui sous maintenant sous le joug des démons. Je les ai quittées avec mon père avant qu’elles ne subissent ce triste sort. Se redressant légèrement en parcourant l’assemblée du regard, Ulrik semblait plus sûr de lui que jamais. Mon sang est de glace, la toundra m’a éduqué et il me tarde de rencontrer quelqu’un prêt à contester ce fait. »

C’était une menace, à demi-mot, mais elle était à prendre comme telle. Saline n’était pas qu’une nationalité, c’était une idéologie et une façon de penser. Quiconque oserait contredire son appartenance aurait à faire à lui, voilà une certitude. Peut-être pas ce soir, il était bien trop enfoncé pour se battre, mais il n’allait certainement pas laisser le premier venu mettre en doute sa légitimité en avançant l’argument de son lieu de naissance.

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Lun 29 Déc - 22:57
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Sigrid plissa très légèrement les yeux, écoutant avec une attention soutenue la réponse d’Ulrik. Elle ignorait si c’étaient là les effets de la drogue ou tout simplement qu’il n’avait plus l’intention de mettre de l’animation dans la conversation, mais elle fut surprise par son calme, tout comme elle apprécia grandement la franchise simple et nette de ses paroles. Pas de faux-semblants ni de détours, ou peu s’en fallait.

Alors que l’attention de l’assistance était de nouveau captée par ce sujet lancé à la dérobée, elle se fendit d’un sourire. Eivar guettait la réaction de sa tante, comme s’il attendait qu’elle se prononce avant de lui-même se faire une idée, et une foule d’yeux curieux s’étaient de nouveau dirigés sur les deux jarls tandis que la rumeur des conversations autour d’eux baissait d’un ton.

En réponse aux premières phrases d’Ulrik, Sigrid eut un hochement de tête, haussant légèrement un sourcil.

— Puisque le pouvoir qui nous est échu nous est confié par nos barons et par le roi, je ne puis qu’acquiescer à cela, mais voilà une vision bien idéaliste.

Elle-même avait eu à la réclamer, sa place, faute de quoi elle en aurait été dépossédée par une meute de seigneurs voraces. L’idée était plaisante, c’était un fait, que l’autorité puisse venir naturellement à ceux qui la méritent, mais hélas, le monde était loin de tourner de cette façon. Cela était bien trop beau pour être vrai et le soupçon pesait encore bien lourd sur lui, quoiqu’elle ne put lui nier un certain nombre de qualités qu’elle pouvait déjà entrevoir dans sa façon de faire.
Le simple fait qu’il eut débarqué chez elle avec armes et bagages, sans prévenir, à la seule fin de soulager son peuple de la disette que le menaçait était en soi une preuve de son dévouement envers les siens. Elle respectait cela, et c’était même la principale raison pour laquelle elle pourrait peut-être un jour l’apprécier, ou à tout le moins avoir un peu moins d’indifférence à son égard.

Sans un mot, elle le laissa poursuivre, l’observant avec beaucoup d’attention, surprise d’apprendre que les rumeurs étaient tout à fait fondées, alors que rien n’avait pu laisser croire cela. Il s’était redressé avec une fierté évidente, et quelque chose brûlait, là. Comme une incandescence, c’était ardent et glacé à la fois, et ressemblait aux lueurs qui filent dans le ciel des nuits enneigées au cœur de l’hiver.

Malgré l’ivresse, il eut soudain une prestance et une dignité furieuses qui le firent ressembler un bref moment à quelques figures de légendes, à ces ancêtres glorieux dont il ne subsiste que des silhouettes, des ombres chinoises dans les mémoires et les contes. La lumière oblique du feu dessinait sa carrure formidable et faisait des ombres immenses tout autour de lui, jetant ça et là des reflets d’or, de sang, de cuivre et de cuir sombre, illuminant de liserés aveuglants les ornements métalliques qui faisaient soudain dans la pénombre comme des évocations de lames, de crocs sortis.
Cela ne fit qu’éveiller plus de curiosité encore : comment cela pouvait être possible ? Elle n’avait jamais cru qu’à demi-mot tout ce que l’on disait sur le fait que cette semi-mythologie politique et culturelle érigée par des générations de rois de Cardrak était une idée avant d’être un héritage partagé par tous les natifs de Saline. Pourtant, elle eut sur l’instant la preuve que c’était en partie vrai, au moins pour lui.

Son regard se fit plus perçant que jamais, insidieux, tranchant comme le fil d’une lame de chirurgien, comme si elle l’aurait désossé sur l’heure pour seulement comprendre et savoir ce qui avait pu faire qu’il en était arrivé là, lui qui venait d’une terre étrangère.

Alors, sous les yeux stupéfaits de l’assistance, se passa quelque chose qui tenait du miracle. Sigrid avait pris le temps pour réfléchir à la question d’Ulrik ; mais soudain, elle eut beau retourner cela dans un sens ou dans l’autre, discuter, contredire et trouver des arguments, cela sonnait faux parce qu’elle avait sous les yeux la preuve même de s’être fourvoyée. Elle cligna des yeux, lentement, et sourit avec la même paresse amusée, quoique teintée d’une contrariété qui lui fit crisper légèrement les traits du visage.

— Vous avez été honnête avec moi, jarl Ulrik, permettez donc que je le sois tout autant avec vous. À votre énigme, ma raison et mon cœur me donnent deux réponses. La première me dicte de croire en celui qui connaît sa terre et ses gens, quelle que soit son origine, quel que soit son sang, sa terre, son passé. Celui qui sait de quelle façon vont les jours et les hommes dans son duché, et qui sait saisir l’âme de nos domaines. Le second me dit que le sang l’emporte sur tout, car nous sommes ainsi faits à Svarholt que nous chérissons plus encore tous ceux qui sont de notre lignée, fussent-ils élevés en terre étrangère. Nous aurons tous plus d’affection, de respect et de dévotion envers les nôtres qu’envers quiconque et nul à cette table ne pourrait me contredire.

Son sourire prit un peu plus d’ampleur et une infime lueur d’amusement plana dans les gouffres de ses yeux sombres.

— Mais vous savez comme moi qui du cœur ou de la raison un jarl doit écouter, reprit-elle. Aurais-je appris cela sans vous connaître que je n’aurais eu que mauvaise opinion de vous, mais à présent je ne puis que me rendre à l’évidence : vous n’avez rien d’un étranger.

D’un geste sec, elle courba légèrement le chef, sous le regard stupéfait d’Eivar qui n’en revenait pas de voir l’inflexible duchesse reconnaître, ne serait-ce qu’à demi mot, qu’un autre pouvait avoir raison face à elle. Le reste de la tablée ne semblait guère partager les bonnes dispositions de Sigrid envers son confrère et il y eut quelques grimaces, quelques grincements de dents lorsqu’il eut confirmé qu’il n’était pas natif de Saline.
Chacun eut cependant le bon sens de garder pour soi ses idées et de ne pas relever le défi à peine voilé qui avait été lancé, sachant qu’outre Ulrik, ils auraient à encourir le courroux de leur jarl qui ne souffrait point que l’on manque de respect à un invité sous son toit.

Lorsque Sigrid sourit de nouveau, portant sa coupe à ses lèvres, la lame de son sourire s’était soudain émoussée alors que transparaissait sur son visage un frémissement qui eut pu paraître chaleureux s’il n’avait paru sur une face d’un naturel aussi sinistre. La dame de Svarholt n’accordait pas son respect, et encore moins sa confiance, aussi aisément, mais Ulrik était en bonne voie pour obtenir l’un et l’autre.

— Après tout, la manière dont vous décrivez la Toundra est bien assez éloquente pour que nul n’ait l’outrecuidance de vous contester.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Ven 9 Jan - 1:19
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Ulrik lui-même, depuis le fond du trou dans lequel il sommeillait à moitié, n’entendant qu’à peine et la vision troublée par les douces substances qu’il avait ingéré, il eût bien du mal à croire aux paroles qui avaient atteint ses oreilles. Sigrid venait-elle vraiment d’admettre que l’étranger avait raison ? Certes il avait espéré cette réaction, autrement, il n’aurait pas avancé pareil argument, mais il ne s’était pas franchement attendu au moindre succès de la part de ce dernier. Il ne put s’empêcher de détourner le regard lorsque sa consœur inclina légèrement sa tête en signe de respect. Il n’en demandait pas autant. Tant de familiarité de la part de celle que l’on aurait pu qualifier de gorgone avait quelque chose d’incommodant. Comme si soudainement la statue, dont la pierre froide qui la constituait résistait à tous les assauts possibles et imaginables prenait vie.

Effrayant ? Pas à ce point non, mais déstabilisant, c’était une certitude. C’était comme si soudainement l’Aile Ténébreuse se rendait compte du mal qui faisait et démontait l’empire pour commencer une vie simple, prêchant pour la paix et vouant un culte à Yehadiel. Était-ce une ruse ? Une façon de mettre Ulrik en confiance pour mieux le briser par la suite ? L’intéressé se gifla mentalement pour oser imaginer une telle idiotie. Bien sûr que Sigrid jouait cartes sur table et que ses paroles étaient sincères, il était même certain que le peuple qui vivait en ces terres cultivait la même aversion du mensonge que leurs lointains voisins.

« Je n’en demandais pas temps, mais je vous remercie pour cet accusé. » Concéda finalement le Jarl en portant aussi sa coupe jusqu’au seuil de sa bouche qui avait frôlé la sécheresse.

Lorsque son interlocutrice aborda le sujet de la toundra, il ne put retenir un sourire mélancolique. Ce tic cachait bien des choses, plus que de la mélancolie, ce qu’il éprouvait à l’heure actuelle était plus profond que cela. Un savant mélange de dizaines d’émotions duquel était née cette étrange fascination pour ces terres inhospitalières qui s’étendaient à l’ouest. Quatre longues années il avait passé les pieds enfoncés dans une neige millénaire que peu avaient osé fouler. Quatre longues années il avait tout fait pour survivre et resté vivant, un pas après l’autre. Mais pendant ces quatre longues années, il avait aussi observé les plus beaux paysages qui lui avait été donné de voir, il eut la superbe occasion d’admirer la nature immaculée par les fléaux penchés sur leur époque. Une fois les tribus de sauvage laissées derrière, les indomptables créatures à la recherche de leur mets évité et le froid bravé, les territoires de l’ouest incarnaient ce havre de paix inespéré que les citoyens de Saline cherchaient à installer sur leurs terres.

Il supposait que Sigrid avait eu vent de ses péripéties passées depuis son arrivée sur le trône de Vindsval. Il espérait surtout. Pour son égo d’une part, n’importe qui ne pouvait se vanter d’avoir dompté la toundra, ou plutôt d’avoir été dressé par la toundra ; mais cela justifiait d’autre part cette ascension dont il avait bénéficié. Survivre à cette épreuve l’avait fait grimper plus que jamais dans l’estime de celui qu’il pouvait maintenant appeler son peuple. Les yeux vitreux et le regard dans le vague, il se tourna subitement vers la jeune femme qu’il considérait maintenant comme telle et non plus seulement comme l’austère Jarl d’un duché allié au sien :

« Vous devriez venir la voir, affirma-t-il. Je vous y invite officiellement s’il le faut. »

En y réfléchissant un peu plus, il vint à faire un parallèle entre son interlocutrice et cette terre dont il gardait les frontières. L’apparence sauvage et farouche, probablement dangereuse même, renfermant pourtant tant de trésors et de richesses. Il faut simplement laisser la couche de glace fondre, le marbre se fendre pour apercevoir ce rayon de soleil bien caché derrière l’amas de nuages orageux. Fallait-il encore avoir la patiente et le courage de se lancer à sa recherche.

« Je suis toutefois certain que ces terres dissimulent à mes yeux bien des horizons. » Affirma alors Ulrik sans véritablement parler du territoire de Svarholt et laissant son regard indiquer cela.

Il n’aurait pas osé non plus insinuer la plus vulgaire des significations pouvant être accrochée à sa déclaration, mais un entre-deux était envisageable.

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Jeu 15 Jan - 14:05
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Autour de la table, il fut manifeste que chacun venait d’assister à un miracle, et qu’il ne se reproduirait pas de sitôt. Par voie de conséquence, beaucoup de ceux qui n’aimaient guère la perspective d’un jarl à demi étranger revinrent au moins partiellement sur leurs positions : on n’avait pas pour habitude de discuter des points de vue et des opinions de Sigrid, et si elle décidait de se montrer aussi aimable que possible avec Ulrik, c’était bien qu’il devait le mériter d’une façon ou d’une autre. Et puis, le simple fait qu’il eût, par ses paroles, son attitude ou quoi que ce fut d’autre pu provoquer chez l’impavide duchesse un tel comportement suffisait à éveiller le respect. Ce n’était jamais simple, et c’était souvent même très périlleux, chacun en avait fait plus ou moins l’expérience.

Quelques-uns faisaient toujours grise mine, dont le sinistre Floki, qui fixait sa belle-sœur avec une intensité qui trahissait une longue et pénible discussion à venir, après cela. Eivar pour sa part était tout à fait ravi de la tournure de la conversation ; sans doute n’aurait-il pas osé confesser son admiration pour Ulrik si sa tante n’avait nourri que de mauvaises opinions à son égard, et il voyait cela comme une permission donnée à tout un chacun de faire bon accueil et bon avis de lui.

Pour sa part, Sigrid se contenta d’un long silence après ses paroles, comme si ce discours avait pu épuiser le peu de réserves verbales qu’elle possédât. Elle inclina légèrement la tête sur le côté en observant Ulrik, avec cette attitude qui lui venait souvent, un peu comme un oiseau de proie qui guette quelque chose. En vérité, la curiosité était encore plus forte à présent, et elle ne cessait de détailler froidement les expressions qui pouvaient venir au visage du jeune jarl lorsqu’elle parlait de Toundra. Le sourire qu’il arborait était étonnant, en vérité, et elle se prit à faire de même, avec infiniment moins de douceur et beaucoup plus d’amusement mordant : à le regarder ainsi faire, on eût dit quelqu’un qui se remémorait plus qu’une terre, plutôt une femme aimante ou quelque beau souvenir lointain. Tout changeait, tout se mouvait encore... Les traits rudes émoussés un peu, brièvement, qui laissaient entrevoir quelque chose de profond, quelque chose de fugace dont les reflets immenses se perdaient au fond de ces yeux enchâssés dans un visage que l’on n’aurait pas vraiment cru capable d’arborer pareille expression. Il y avait beaucoup plus, là, mais Sigrid n’y pouvait rien comprendre pour l’heure, pas plus qu’y poser des mots. Mais son intérêt ne s’en trouva que redoublé, parce que la question ne trouvait pas encore de réponse : comment un homme qui avait grandi loin des frimas de Saline pouvait-il nouer cet attachement viscéral à une terre aussi inhospitalière que la Toundra ?

Un sourire vif fendit soudainement les lèvres de Sigrid et chacun sortit de son mutisme.

— Ce serait d’un grand intérêt, répondit-elle avec un hochement de tête. Nous verrons si l’hospitalité de vos gens égale la nôtre.

La chose ne manquait pas d’intérêt. Les occasions de sortir de Svarholt étaient rares, si l’on exceptait les visites rendues de temps à autre à la famille de Floki, et Sigrid n’avait que fort rarement voyagé jusqu’aux confins occidentaux de Saline. Observer Ulrik dans son élément, pour ainsi dire, ne manquerait pas d’intérêt et permettrait en outre de faire parvenir d’autres vivres et matériaux à Vindsval, si besoin était.

Lorsque le jarl reprit la parole, le sourire de Sigrid demeura suspendu dans le vide, soudain figé. Ses yeux s’étrécirent légèrement, comme un chat qui jauge de la meilleure manière d’égorger une proie, tandis que son esprit décortiquait avec soin l’expression d’Ulrik, chaque mot, chaque intonation, réfléchissant longuement à la réaction à adopter. Le visage de la jarl retrouva enfin une certaine animation et elle pencha de nouveau la tête de côté, les épaules légèrement voûtées, tandis que la lumière rasante du feu et l’obscurité enfumée de la salle la faisaient ressembler plus que jamais à quelque sinistre et géante corneille humanoïde.

— Vous seriez étonné, lança-t-elle à mi-voix. Reste à savoir si vous avez l’audace nécessaire de vous risquer plus avant.

Elle cligna des yeux, se redressa, et, comme si de rien n’était, remplit de nouveau son verre pour le vider en quelques gorgées.

— Vous plairait-il de nous accompagner chasser demain ? Vous qui parliez tantôt de trophées, vous en aurez de fort beaux à ramener avec vous.

Sigrid avait parlé d’un ton tout à fait anodin, mais quelque chose dans l’éclat de ses yeux pouvait laisser entendre qu’elle savait manier le sous-entendu avec tout autant de talents que son interlocuteur. Rien n’était certain toutefois, et difficile de déceler quelque chose de sûr dans l’expression de la jarl qui s’ingéniait à jouer des mots, principalement pour se jouer de lui. Toutefois, à présent qu’il avait éveillé sa curiosité, son obstination ferait le reste et elle n’était pas encore décidée à laisser filer l’objet de ses questionnements.

Sigrid Nilfdottir

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Mar 27 Jan - 1:37
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Si l’hospitalité de Vindsval pouvait rivaliser avec celle de Svarholt ? Ulrik en doutait honnêtement. Dans un autre contexte, les deux accueils auraient pu aisément se valoir, seulement le Jarl n’était même pas certain de pouvoir ériger un banquet à l’échelle du dixième de celui qui lui avait été offert. Les activités n’y manqueraient pas étant donné qu’ils auraient probablement à chasser au préalable ce qu’ils mangeraient. De ce côté, il avait la certitude que ce genre de coutume n’allait nullement déranger la corneille qui semblait tout autant portée sur ce loisir qu’il l’était lui même. Il ignorait toutefois si la chasse sur ces terres était comparable à celle que l’on pratiquait par chez lui. Les proies offertes par la proximité de la toundra pouvaient parfois faire douter sur le rôle que tenait l’expédition, étaient-ils la proie ou bien le chasseur. Confrontées à une meute de loups blancs, à un lion des neiges ou encore à un de ces ours aux griffes aiguisées telles des lames de rasoir, les positions pouvaient s’interchanger plus vite qu’il n’y paraissait.

Il lui tardait à dire vrai d’observer le comportement de sa consœur sur un territoire qui n’était pas le sien. Elle faisait preuve depuis leur rencontre d’un aplomb dont il avait eu vent auparavant. Une sorte de rigidité et de confiance en elle qui pourrait faire pâlir d’envie le grand Wallah en personne. Elle avait cependant prouvé son humilité dernièrement et plus il découvrait cette personne et plus le désir de lever entièrement le voile sur cette dernière bouillonnait en lui. Il avait trouvé là-dessous plus de surprises qu’il n’aurait espéré en dénicher en plusieurs décennies. On lui avait parlé de Sigrid comme cette femme revêche qui ne céderait pas un pouce de terrain, dont le froid serait capable de rivaliser avec celui de la toundra, mais chacune de ses paroles semblait faire chuter un à un ces préjuger qui circulaient à son propos.

C’était donc avec une joie non dissimulée qu’il avait prise consentement de sa consœur à lui rendre une visite. Sa fonction de Jarl lui avait déjà permis quelques rencontres qui ne lui auraient pas été données de faire en restant au service de la garde de Saline — un poste dont il aurait su pleinement se satisfaire toutefois —, mais aucune ne s’était révélée aussi agréable que celle-ci. Il avait trouvé dans cette femme — qui semblait se trouver à l’antipode parfait de sa position — une camarade dont il commençait visiblement à apprécier la compagnie.

« Nous ferons de notre mieux pour ne pas paraître ridicules à côté de tout cela. » Lui confia-t-il en attrapant la cuisse d’une imposante volaille reposant dans son plat non loin de là pour en goûter la chair.

Malgré le rideau qui entamait lascivement sa levé sur le caractère de sa consœur, il avait encore bien du mal à déterminer la valeur de ses expressions. En était-elle offensée ? L’amusait-il ? Ulrik aurait penché pour cette deuxième solution tant ses réponses semblaient le pousser dans cette direction. Si ses remarques acérées la dérangeaient d’une quelconque manière, elle lui aurait probablement fait savoir ; probablement. Mais cette manière qu’elle avait d’attiser les braises qu’il semait ça et là l’informait sur une certaine sensibilité à ses réflexions qui pouvaient parfois paraître déplacées.

La poursuite de cette discussion sur une éventuelle partie de chasse le lendemain arracha au Jarl un grand sourire. Jamais un Vindsvaléen ne refusait telle invitation. Nayris pourrait marcher sur ces terres, ses cavaliers auraient pu répandre la mort sur Terra tout entière pendant qu’une pluie de roche ardente mettait fin à l’existence de tout être vivant, jamais, ô grand jamais un Vindsvaléen ne refuserait une partie de chasse et Ulrik le dernier.

« Audace, ma chère, est mon second prénom, et c’est bien sûr que j’accepte votre invitation. »

Il réfléchissait quelques instants plus tôt aux éventuelles différences qu’il pourrait y avoir entre une chasse sur son territoire et une autre sur celui de la corneille. Il allait très bientôt pouvoir comparer lui même ces deux façons de faire, ces deux événements d’une importance capitale pour ces deux cultures qui s’entrechoquaient.

« Il me tarde de vous voir à l’œuvre sur ce terrain de chasse. »

Il souhaitait surtout la voir sortir de cette passivité qu’elle affichait tel un fier étendard. S’il n’en avait jusqu’ici aucune preuve, il ne doutait toutefois pas de ses talents.

Ulrik Ludolf

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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Dim 8 Fév - 18:27
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Sigrid se fendit d’un long sourire qui trahit un amusement qu’elle ne put dissimuler. L’alcool commençait enfin à faire son œuvre et pour tout dire, elle avait appris depuis longtemps à cacher ses effets, masquant derrière son inexpressivité coutumière tous les écarts que la boisson peut faire commettre. Elle ne savait que bien trop quels risques elle encourait à se laisser aller, fut-ce un peu trop, devant ses pairs ou devant ses sujets et jalousait même, parfois, le laisser-aller que certains pouvaient se permettre en de pareilles circonstances. Cependant, ces attitudes ne lui ressemblaient pas et même en ses pires ivresses, elle avait toujours eu ce réflexe salutaire de vouloir garder le contrôle d’elle-même, quoi qu’il arrivât.

Ses paupières lourdes s’entrouvrirent en même temps que sa bouche fine s’étirait dans cette expression qui, cette fois, s’accorda à l’éclat de son regard où brilla une furtive lueur de gaieté. Ulrik semblait ravi de sa proposition ; à croire que tous les salinéens avaient la chasse dans le sang, preuve supplémentaire d’une acclimatation efficace de ce semi-étranger à la mentalité du pays...

— Nous verrons à quel point vous portez bien ce prénom, alors ; dit-elle à mi-voix avant de se redresser péniblement sur sa chaise.

Son sourire s’accentua, ses yeux demeurèrent à demi clos comme ceux d’un fauve qui voit une proie s’approcher de lui. Quand on savait décrypter son silence et l’énigmatique langage de ses expressions, tout était clair, chez Sigrid : pas d’impatience, certes non, mais elle était curieuse autant qu’amusée par l’attitude de son confrère.

— Bien, reprit-elle ; je ne puis que vous conseiller de vous tenir prêt dès l’aube, nous aurons à courir des proies de choix.

Ce disant, elle reposa sa coupe vide sur la table et croisa le regard de son neveu, de l’autre côté de la table, qui faisait son possible pour ne pas montrer son impatience.

— Je devine que tu souhaites nous accompagner, Eivar, lança la jarl avec un sourire.

Le garçon hocha frénétiquement du chef, tandis que sa tante échangeait un regard avec Adelheid. Celle-ci ne pouvait que céder devant l’enthousiasme de son aîné qui faisait honneur à sa lignée en ayant la même passion que ses aïeux pour les activités de ce genre, où il se montrait déjà fort habile. Et puis, il apprenait ainsi son devoir, cette tradition séculaire qui faisait en partie reposer la subsistance de la famille sur le chef de famille et son talent à la chasse.

De fait, dès le petit matin, sombre et brumeux comme ils le sont en cette saison, une servante vint tirer Ulrik de son sommeil. C’est à la timide lueur des premiers feux du jour que l’équipage se rassembla dans la cour, chaudement vêtu de fourrures épaisses, tandis que quelques mines grises trahissaient quelques excès la veille au soir. Pourtant, personne ne se serait permis de ne pas se présenter, ce matin-là, si intense qu’ait été l’ivresse, si courte fût la nuit, car personne ne voulait manquer pareille chasse quand elle était menée par Sigrid et par un autre jarl. De plus, c’était même une question d’honneur : nul n’aurait osé se prétendre pleinement Svarholtéen s’il n’était capable de courir la bête fauve après une nuit de beuverie.

Ce furent donc des têtes connues que l’on put croiser dans la cour : Sigrid elle-même, sur pied depuis des heures déjà, Eivar et son père qui chargeaient leurs armes sur le dos de leurs chevaux, le géant Ingvar et quelques-uns des proches conseillers de la jarl. Une foule de palefreniers et de veneurs s’affairait autour d’eux, donnant les derniers soins aux montures, préparant les chiens pour la course tandis que les molosses favoris des seigneurs se tenaient fièrement aux pieds de leurs maîtres en piaffant d’impatience.

Les murs résonnaient d’aboiements, de tintements de harnais et du fracas sourd des sabots sur le paillage du sol, une musique fruste, mais si douce aux oreilles de Sigrid qui observait les préparatifs avec une attention plus soutenue que d’ordinaire. Elle n’avait pas particulièrement l’envie de démontrer plus encore à Ulrik la richesse de son duché, mais il en allait en partie de son propre honneur et elle savait l’importance qu’avaient ce genre de pratiques aux yeux de ses pairs ; chacun était bien conscient de cela et tous étaient fiers de pouvoir prouver à quel point la chasse était une affaire sérieuse, à Svarholt.

Apercevant Ulrik, la jarl lui lança une salutation presque aimable puis s’enquit poliment de son état. Elle se tenait un peu à l’écart, engoncée dans son grand manteau de peau de loup, la mine aussi sinistre qu’à l’ordinaire, Njörd couché à ses pieds. Les flaques de pigments noirs qui entouraient ses yeux avaient l’avantage de masquer ses cernes, mais pas son teint plus blafard qu’à l’ordinaire qui trahissait une nuit bien trop courte ; elle paraissait étonnamment en forme, toutefois, car il n’y avait pas de lendemain difficile qu’une partie de chasse ne pouvait faire passer. L’inactivité lui pesait déjà sur les nerfs, et elle avait hâte de se mettre en route.

Dès que tout fut prêt, chacun se mit en selle. Les chevaux étaient des bêtes massives et trapues, accoutumées aux chemins de montagne et aux sentes escarpées ainsi qu’à la végétation épaisse des sombres forêts. Leurs crinières laineuses et laineuses étaient garnies des mêmes colifichets qu’on voyait aux cous et aux têtes de leurs maîtres, comme si ces derniers cherchaient à attirer la même protection dont ils pouvaient bénéficier, et prouvaient du même coup leur attachement viscéral à des traditions et des croyances qui leur étaient propres.

Ulrik fut convié à prendre la tête, aux côtés de Sigrid, à qui un valet apporta un grand cor cerclé de bronze. Elle lança une puissante sonnerie et le cortège s’ébranla à leur suite, dévalant le chemin qui descendait vers la ville, dans le fracas des sabots et la course furieuse des chiens. Ils traversèrent Halesund à un trot vif, dépassèrent sans ralentir les murailles et le dernier front d’habitations pour s’enfoncer dans les premières frondaisons clairsemées de la forêt.

De part et d’autre de la route, grossièrement pavée de galets, on voyait quelques jardins jaunis par l’automne où s’activaient déjà les habitants qui se hâtaient d’engranger les récoltes avant l’arrivée d’un hiver précoce. Des enfants menaient de petits troupeaux de porcs et de chèvres, quelques femmes descendaient une sente rocheuse, écrasées sous le poids de leurs chargements de bois de chauffe, et partout résonnaient des clameurs de voix, de chants et de cris de bêtes tandis que l’équipage de la jarl passait au milieu d’eux comme un flot grondant. On s’arrêtait sur leur route, pour leur laisser la place, mais aussi pour saluer tandis que les enfants se pressaient vers eux pour admirer leur passage.

Très vite, les premiers escarpements obligèrent les chasseurs à ralentir l’allure. Les chevaux n’avaient aucune peine à progresser sur la pente de plus en plus raide, jusqu’à ce qu’ils quittent la route sur l’indication d’un éclaireur qui avait rejoint la troupe. Les pisteurs avaient débusqué bien assez de bêtes pour occuper la jarl et sa suite tout le jour durant, et l’on avait gardé un gibier de choix pour Sigird et son hôte.

Laissant derrière eux le chemin pavé, la troupe s’enfonça alors dans les profondeurs des bois, suivant quelque chose qui n’était plus guère qu’un sillon entre les pierres et les arbres.

Dans l’aube piquante, le vent s’était levé et dévalait les pentes de la montagne dans un froid subtil propre à réveiller l’esprit et fouetter le corps d’un élan nouveau. Tout était vif, tout était neuf dans cette aube paisible où les premiers feux d’un soleil pâle s’élevaient enfin derrière la barrière des cimes. Des rubans de brume stagnaient comme des nappes d’eau vaporeuse sous les feuillages qui se teintaient de couleurs flamboyantes, mêlant la rouille à l’or, au rouge flamboyant des érables qui faisait des trainées de sang dans la verdure profonde des sapins. Les troncs contournés, de toutes formes possibles, se dessinaient en noir et en gris comme des traits de pinceaux dans la lumière encore incertaine, et de loin en loin on voyait s’épanouir les derniers fruits de l’été qui flamboyaient dans le dernier éclat de la saison mourante.

Sigrid aimait l’automne pour ce qu’il avait de splendide en ses forêts, quand on sentait tout s’apaiser, tout décroître, tout sombrer dans l’ombre et le froid jusqu’au seuil de l’hiver, au jour des morts où les processions lentes venaient rendre hommage aux ancêtres sur les autels disséminés dans la forêt. Une bonne saison pour la chasse, qui plus était.

Il ne leur fallut guère longtemps pour parvenir à une clairière à flanc de colline. Ceux qui le souhaitaient mirent pied à terre, laissant leurs montures à la garde des valets, s’armant de leurs arcs et de leurs épieux pour poursuivre à pied. C’était ainsi que l’on préférait chasser, dans les forêts épaisses et les pentes vertigineuses de Svarholt. Certains iraient à cheval pour rabattre les bêtes, mais le gros de la troupe laissa ici les chevaux pour s’enfoncer dans les profondeurs des bois.

L’endroit offrait une vue dégagée sur tous les environs, dévoilant un panorama splendide de montagnes qui s’en allaient vers le fleuve, au sud, et se drapait des brocards rougeoyants de la forêt, ponctué sur les sommets par de grands champs de neige immaculée. On aurait cru pouvoir toucher le ciel, ses nuées grises et son azur timide qui s’enflammaient de lueurs douces au lever du soleil, tandis que le vent s’en donnait à cœur joie et soufflait de sous ses poumons en balayant la colline, faisait tinter les ornements, gonflait les étoffes et les chevelures pour les soulever en remous furieux.

Sigrid descendit de son cheval et tira ses armes de sa selle avant de se tourner vers Ulrik.

— Il est l’heure de montrer toute l’étendue de votre audace, lança-t-elle en nouant ses cheveux noirs que le vent ramenait sur son visage. Ce matin, nous allons chasser le loup.

Un sourire éclaira son visage à ces mots, si toutefois « éclairer » était un mot bien adéquat pour qualifier cette flamme soudaine qui lui saisissait les traits et donnait à ses yeux sombres une incandescence déroutante. Quelque chose avait changé, là ; comme un chat languissant qui soudain s’anime et sort de sa torpeur, on la voyait s’éveiller, s’étendre, se tirer de sa nonchalance naturelle pour enfin sembler réellement s’intéresser à ce qu’il y avait autour d’elle.

Un son de cor résonna au loin, tandis qu’une partie de la troupe s’éloignait pour aller courir d’autres bêtes. Seul un petit groupe de chasseurs demeura aux côtés des deux jarls pour leur prêter main-forte tandis qu’ils s’avançaient à leur tour pour franchir la lisière des bois.
La bête était coriace et avait jusque là résisté à de nombreux assauts. Ce n’était pas uniquement par plaisir que l’on lançait la curée contre lui, mais bien parce que ses ravages étaient devenus préoccupants et que ses attaques sporadiques représentaient un réel problème pour les habitants. Néanmoins, il fallait bien admettre que c’étaient le genre de problèmes qui pouvaient se régler de la plus plaisante des façons : une longue traque dans les bois, et un trophée du meilleur effet pour la grand-salle de Halesund.

Sigrid Nilfdottir

Sigrid Nilfdottir


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La corneille et le loup. [PV : Sig'] Sand-g10Lun 9 Fév - 1:23
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La chambre allouée au Jarl pour la nuit était en tout points semblable à un gouffre dans lequel ce dernier était en proie à une chute perpétuelle. Il sombrait et sombrait encore dans des abîmes insondables jusqu'à ce qu'un léger tapotement à la porte ne le tire de cette torpeur alcoolisée dans laquelle il se confortait si bien. Il n'avait pas pris la peine de défaire les draps, pas plus qu'il ne s'était débarrassé de ses habits. Lorsque la servante, en l'absence de réponse, pénétra dans la pièce, elle pu toiser Ulrik, affalé sur le lit, sa pipe pendant encore mollement à sa mâchoire endoloris qui semblait renfermer des braises, tant les excès de la veille pesaient sur son estomac et dans sa trachée. Le jour semblait à peine se levé et il lui paraissait n'avoir fermé les yeux qu'une poignée de minute. Il ignorait même la raison de ce dérangement bien qu'il avait l'intime conviction qu'elle devait être capitale.

Il dévisagea longuement la servante, peinant à garder la tête dressée suffisamment droite pour que ses deux yeux parviennent à distinguer cette dernière. Elle devait être dans un bien meilleur état que lui à en juger par cette mine désolé qu'elle arborait en le toisant. Était-elle désolé de le réveiller, ou bien désolé de trouvé une pareille épave entre ces murs. Il l'ignorait. Toutefois elle s’apprêtait enfin à éclairer cette autre énigme qui trottait dans l'esprit embrumé du Jarl.

« On vous attend pour la chasse messire. »

La chasse. Il y revenait peu à peu. Cette discussion avec Sigrid, l'invitation à la chasse. Quel imbécillités avait-il encore prononcé sous l'effet du doux breuvage de cette contré. Il n'en saurait probablement rien. Il demeurait qu'il avait accepté une invitation et qu'importe son état, il s'y présenterait. Une partie de chasse était peut-être ce dont il avait besoin après tout. Accusant quelques paroles afin de confirmer sa présence et congédier la servante, le Jarl se redressa sèchement pour quitter ce lit qui l'appelait pourtant de tous ses vœux. Sur une petite table faisant face à un miroir avait été déposé un baquet d'eau tiède. Charmante intention. Il y ajouta pourtant la gelé infondue du matin qu'il trouva sur le rebord de sa fenêtre afin d'en faire chuter drastiquement la température pour finalement s'y tremper le visage entier. Ce genre de pratique était tout ce dont il avait besoin afin de se réveiller. Essorant calmement les tresses de sa barbe brune, c'était sans plus de préalable qu'il se retrouva dans la cour avec les autres lève-tôt.

Comme une monté d'adrénaline dû à un combat à venir, Ulrik semblait frais comme un gardon, ou presque. Les cernes imposantes qui pesaient sous ses yeux accusaient une soirée déraisonnablement arrosée. Il choisissait cependant ses instruments plutôt sereinement en vu de la traque qui s’annonçait. Contrairement aux autres chasseurs, il était bien loin de chez lui et de ses proies dont il avait l'habitude, de ses lances dont il pourrait retracer les pointes les yeux bandés. Son attention fut retenue par un lot de javelots barbelés emballés dans un sac en toile. Leurs petites tailles et leurs dents acérées dont il essaya le tranchant du pouce lui rappelait les siennes, c'était donc tout naturellement qu'il accrocha la demi douzaine d'épieu à la monture qu'on lui avait attribué. Un autre concept qui lui était presque étranger. L'équitation. Il avait bien du mal à faire confiance à ces créatures maladroites et fragiles, il n'allait cependant pas courir après les autres sous prétexte qu'il mangeait plus de cheval qu'il n'en montait.

Avant de partir, il s'entretint succinctement avec Sigrid, prenant de brèves nouvelles à propos de la nuit qu'il avait passé. À en juger par leurs mines à tout deux, la nuit avait été trop courte, mais le frisson de la chasse les poussait vers l'avant et ils comptaient bien prouver l'un à l'autre leur talent en la matière. Ni une ni deux ils furent en scelle et traversèrent le village du haut de leurs montures. Le Jarl arborait une mine jovial et béate en sentant l'air frais du petit matin lui gifler le visage. Voilà qui avait de quoi requinquer son homme. Tout comme à son entrée dans la ville une dizaine d'heures plus tôt, les habitants le regardait comme une curiosité de la nature. Quoi qu’au milieu des autres chasseurs, ses fourrures et trophées bestiaux qu'il arborait semblaient moins discriminants, il demeurait la rumeur de la présence d'un Jarl de l'ouest dans la ville et tout portait à croire qu'il était cet individu.

Très vite les bâtisses et jardins laissèrent place à un aspect plus sauvage du territoire de Svarholt. Un territoire paisible et tranquille au son duquel Ulrik se laissa bercer. Le chant matinal des oiseaux, les sabots des chevaux sur les pavés puis sur la terre battue. C'était une nature bien moins agressive que ce dont Vindsvaléen avait l'habitude, il savait toutefois en apprécier la beauté indubitable. Il sût accueillir avec plaisir le moment où il pût quitter le dos de sa monture pour fouler à proprement parler ces terres à l’apparence si sauvage.

Attrapant calmement les lances qu'il avait emmener jusqu'ici avec lui pour les porter sur son dos, le Jarl pu noter que le contingent c'était nettement amenuisé pour cette traque-ci. Seuls Sigrid et quelques autres individus demeuraient avec lui. Cette dernière lui apprit par ailleurs la cible de leur chasse. Ulrik ne put que sourire en l'apprenant. Un loup. Voilà qui avait de quoi le mettre en appétit. C'était ironique et attisant à la fois. Un loup chassant le loup, il restait à savoir si le chasseur était sur deux ou quatre pattes. Ces canidés n'étaient en général pas très dangereux pour un individu averti. Si toutefois il venait à se sentir menacer, ce qui risquait d'arriver sous peu, voilà qui risquait de changer la tournure des choses.

Un javelot dans la main droite et ses fourrures ajustées sur son dos, Ulrik commençait à s'enfoncer dans la forêt. Se déplaçant à travers les bois à la manière des premiers hommes, légèrement courbé et la tête bien droite, il marchait vite en donnant l'impression de savoir où il allait. Il était étrangement silencieux. Un fait bien inhabituel aux yeux de ceux qui commençaient à connaître l'individu. Ses sens étaient en alertes. Ses yeux cherchaient sur le sol la moindre trace qui pourrait trahir le passage de la bête. Son ouïe plus fin que jamais faisait au mieux abstraction des légers ronflements produit par sa propre respiration pour se concentrer sur son environnement. Son odorat ne lui disait rien. L'air était chargé d'une odeur de lichen et feuille morte. L'odeur de l'automne. Si le tapis brun que commençait à former le feuillage masquait le gros du sol, il ne cachait pas à ses yeux le passage de certain animaux. Ici un lapin, par là un daim ou tout autre animal de cette stature. En revanche, aucune trace d'un canidé. Peut-être les chiens allaient être plus chanceux.

Ulrik Ludolf

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Humain


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