« Oui suis – je ? Pourquoi fait – il tout noir ? Ou est Sigmond ?
Je veux tant crier… Laissez-moi crier ! Ne me laissez pas toute seule dans ce noir menaçant… J’ai si peur. »


Quand un ange essaye de se relever dans les tréfonds du monde, dans cette cave humide, dont les murs ébréchés par le temps. Des bruits aigus comme si des ongles glissaient contre un mur, contre du métal. Elle se figea, se recroquevilla dans le silence de ce lieu. Elle était enchainée, sales et ballonnés. Les larmes salissaient doucement ses joues. Le tissu qui entravait ses lèvres sentait la mort.

Ses souvenirs, elle essayait de se concentrer pour savoir, pour comprendre cette détresse grandissante. Elle qui était un ange maudit des plus joyeux voulant amusant les enfants avec ses peluches. Elle ne comprenait pas.
Elle se rappelait des rires, de son spectacle, de ces mots échangés, de ces félicitations. Les aventures de Haley et son ami l’ourson avait plus aux enfants, elle le savait. Et comme à son habitude, après chaque spectacle, elle faisait son sac pour rentrer chez elle.
Ce soir-là, tout avait changé.

Ses ailes se cachaient sous sa peau. Elle refusait de les montrer. Elle avait peur qu’on les arrache. Cette enfant aux traits adultes avait si peur de perdre sa vie, de perdre le reste de son identité que ses ailes lui offraient. Il n’y avait pas de fenêtre… Pourtant elle sentait l’odeur de la rue.

« Pourquoi suis – je prisonnière ? Pourquoi suis-je si seule… ? »

Elle pleurait.
Nephtys ne pouvait pas s’arrêter de pleurer, cherchant du réconfort dans cette situation. Elle voulait au plus profond de son cœur retrouver son petit pingouin. Alors elle se redressa. Les chaines qui l’entravaient se firent lourdes. Elle se traina les pieds laissant le bruit des chaines s’harmonisait avec le fond sonore. Elle tâtait le mur qu’il lui ouvrait les mains.

« J’ai si mal… Je veux sortir ! »

Nephtys tomba à genoux, épuisée. Ses genoux étaient dans un sale état. Elle portait au final qu’une robe déchirait par les maltraitances qu’elle subit. De ses mains meurtries, elle tenta d’enlever son ballon. Après plusieurs tentatives, elle finissait par y arriver. Le morceau de tissu glissa le long de son cou.

Sa gorge lui faisait mal. Elle avait besoin d’un peu d’eau. Elle toussota quelques instants puis repris son souffle.

- A L’AIDE !! Cria – t- elle.


Elle toussota.

- AU SECOURS !!! Continua – t- elle. Il fait tout noir…. J’ai mal… J’ai peur… Au secours…


Elle s’effondra sur le sol. Le froid la figeait. Elle perdit connaissance, jusqu’au matin ou un rayon faible la toucha au visage. Elle ouvrit péniblement les yeux, endoloris par la nuit pénible qu’elle venait de passer.
Il faisait toujours noir, mais ce soleil. Nephtys ferma à nouveau les yeux. Elle n’avait pas la force de bouger ni même de se lever pour voir d’où venait cette lumière réchauffant.

Elle tomba à nouveau dans l’inconscience. C’est un coup de pied qu’il la réveilla pour de bon. Sa jambe criait de douleur. Elle bougea pour voir d’où cela venait mais dans ce noir, elle ne vit rien. La lumière avait disparu. C’était de nouveau la nuit.

- Elle est toujours vivante.
- Parfait.

Une porte en métal se ferma dans un bruit sec, et une clef tourna.

- Aidez-moi… S’il vous plait…. Murmura – t-elle alors qu’il est déjà trop tard.

Notre ange déchu se sentait perdue.

Sen'tsura. Tiana de Nyrianës savait, au fond d'elle-même, qu'y aller n'était pas forcément une bonne idée, mais bon, quitte à repérer des endroits où elle était susceptible de venir dans le cadre d'une mission de la Confrérie des Brumes...

Vêtue d'un long manteau noir à capuche, d'une chemise blanche, d'un pantalon noir et d'une paire de bottes en cuir noir, elle ressemblait à ces étrangers de passage qui se promenaient dans la cité ; son épée pendait à son flanc gauche, prête à trancher si besoin.

Marchant dans les ruelles assez sombres, elle passa devant une maison à l'écart. Un peu trop à l'écart pour être honnête, songea la vampire. D'ailleurs, elle fut frappée par une odeur de sang séché qui réveilla sa soif qu'elle n'avait pas eu le temps de bien calmer, la dernière fois qu'elle s'était nourrie...

Portant la main à son épée, elle se rendit jusqu'à la porte d'entrée, suivant l'effluve ferrique, et avança doucement, sans faire le moindre bruit. L'odeur devenait de plus en plus forte quand elle se mit à descendre au sous-sol, et elle serra la garde de son épée avec force.

Elle se retrouva devant une porte blindée et fermée à clé ; en y collant l'oreille, Tiana pouvait sentir la présence d'une personne dans un piteux état, mais encore en vie. Pour combien de temps... Heureusement, il n'y avait pas de clé, Tiana pourrait donc tenter de forcer la serrure ; attrapant une des épingles à cheveux qu'elle portait, elle tritura le mécanisme jusqu'à ce qu'il s'ouvre, et cette fois l'horreur et le goût du sang la prirent à la gorge.

Une jeune fille était au sol, blessée, enchaînée, dans un état physique déplorable. L'ex-comtesse, n'écoutant que son cœur, se précipita pour la libérer en la rassurant d'une voix douce :

Tout va bien... Je vais te sortir de là, on va s'occuper de toi.

Dégainant son épée, elle installa la demoiselle sur son dos avant de faire demi-tour, en priant pour ne pas avoir à lui prendre du sang pour se nourrir. Là, pour le coup, deux, trois ennemis seraient bienvenus...

« Je me sens divaguée. Je me sens perdre pied. Ou est Sigmond ? Ou est ce petit pingouin ? Si j’avais la force… Je… » Murmura – t- elle.

Ses blessures se fermaient doucement, le sang avait eu le temps séché. Elle espérait revoir le soleil brillé dans les cieux, admirait les nuages dansés. Elle se recroquevilla sur elle – même. Sa peur lui faisait mal au ventre. Ses larmes avaient cessés de couler, laissant leur trace sur ses joues comme un souvenir indélébile.
Nephtys ne réfléchissait plus.

Elle se revoyait dans la forêt avec tous ses amis. Alfred le lapin présent sur son petit bout de bois, carotte en main qui donnait des conseils à notre ange perdu. Elle aimait s’assoir en tailleur, et l’écoutait parler. Cependant dans le froid de sa cage, elle grelotait perdant ces brides de souvenirs, ne pensant finalement plus à rien. Elle attendait la possibilité de se redresse, de fuir, de s’envoler.

De tenter de prendre son envol dans la moisissure de l’endroit, de tenter de respirer correctement, de ne plus sentir la vermine courir contre son corps… Elle espérait. Un bruit la fit sortir de sa demi-conscience. Elle ne voit pas dans le noir, mais sent une présence entrer.

- Ne me faite pas de mal, soufflait –elle à peine.

Elle pensait qu’on venait l’achever, ou pire. La mort est si douce à côté de ce que peut faire un homme. Elle le savait.

Sa peau tremblait sous la crainte de finir par être utilisé comme un jouet salis par la violence humaine. Une voix féminine, douce, comme tant espérer lui parla. Elle tentait de la réconforter. Nephtys ne bougeait pas. Le bruit de ses chaines qui se fracassaient sur le sol la réconforter. Elle se sentait moins lourde, moins étouffée.

Pourtant, elle n’avait pas la force de se lever. C’est là que l’inconnue la prit sur son dos. Elle tenta de s’accrocher. Elle n’avait pas beaucoup de force. Nephtys la trouvait gentille, même si elle avait la peau froide.

- Vous êtes si gentille… Souffla – t-elle.


Elle se rendit compte d’une chose. Et si Sigmond était dans la pièce ?


- Vous avez vu la peluche en forme de pingouin, m’dame. Il ne faut pas l’oublier. Il va pleurer sinon. Dit-elle de sa voix la plus douce.


Plus loin des pas se firent entendre, avec des murmures. Des gens approchent. Nephtys eut un peu plus peur d’un coup. Elle ne savait pas quoi faire. Elle n’avait pas même la force de parler.

- Attention...


Tout ce qu’elle peut dire. La faiblesse. Elle a si soif.

Tiana prit soin d'installer de son mieux la jeune fille sur son dos, celle-ci n'ayant pas assez de force pour s'agripper ; elle lui souffla :

Vous êtes si gentille…

L'ex-comtesse allait lui répondre lorsque la jeune fille reprit, toujours dans un souffle :

Vous avez vu la peluche en forme de pingouin, m’dame. Il ne faut pas l’oublier. Il va pleurer sinon

Une peluche en forme de pingouin... La vampire utilisa sa vision nyctalope pour essayer de repérer la peluche dans le noir, et finit par y mettre le doigt dessus : il était remisé dans le coin le plus sombre de la pièce, lui aussi enchaîné. Ce n'était qu'une peluche, pas besoin de l'enchaîner...

Elle se figea en entendant des bruits de pas, puis des murmures approcher ; la jeune fille lui dit de faire attention, mais la vampire n'avait pas le choix. Elle devait se battre, ne serait-ce que pour se nourrir. Elle posa la jeune fille et la peluche contre le mur, s'agenouilla et planta son regard dans celui de la jeune fille avant de lui dire doucement :

Ne bouge pas. Je règle leur compte et je te remonterai à la recherche de nourriture et de boisson pour toi.

Se redressant, elle dégaina son épée et se mit en garde avant d'attaquer le trio d'hommes qui venait de descendre, armés jusqu'aux dents. Elle protégerait la jeune fille et sa peluche, dusse-t-elle y laisser quelques plumes.

Le combat s'engagea, et Tiana n'eut pas de mal à se défaire de deux d'entre eux. Le troisième fut plus coriace, et réussit à faire une estafilade sur la joue de la vampire avant que celle-ci ne lui enfonce son épée jusqu'à la garde dans le diaphragme, l'envoyant à son tour rejoindre Nayris. Enfin, elle pouvait se désaltérer !

Elle prit le temps de s'abreuver à chacun des cous disponibles et put respirer tranquillement avant de revenir vers la jeune fille :

Tout va bien ? Ils ne t'ont pas touchée ? Viens, on va essayer de trouver quelque chose pour toi là-haut.

Et elle attendit sa réponse avant de la remettre sur son dos.

Nephtys était perdue et pourtant ses pensées étaient tournées vers son ami pingouin. Il lui manquait. L’inconnu lui retrouva son ami. Il était enchainé lui aussi surement parce que Nephtys l’avait fait animé sans se rendre compte pour qu’il fuit ses ravisseurs.
Les bruits étaient de plus en plus proches. L’inconnue la reposa ainsi que Sigmond contre le mur et partit à la rencontre des inconnus qui avaient surement fait du mal à notre ange déchu. Elle recroquevilla contre le mur, terrorisée de la suite, espérant que la dame reviendra vivante. Elle sera fort sa peluche, comme si elle ne voulait jamais plus la quitter. Une larme perla sur le sommet du pingouin qui un bref instant comme prit de vie, lâcha un bruit de tristesse mais de réconfort.

Nephtys ne regardait pas devant elle. Son visage était caché par ses longs cheveux pourpres. Elle entendait pourtant au loin, le bruit des épées qui se cognent, des cris qui résonnent… La souffrance qui rongeait les murs. Albert le lapin lui a toujours dit que la souffrance est un mal, mais que certains pouvaient aimer de souffrir. Elle n’a jamais compris cela car pour elle, la souffrance ça fait mal !

L’inconnu lui avait soufflé de ne pas bouger. Nephtys n’avait pas la force de bouger, ni de faire trop mouvement. Elle se sentait faible comme un être qui peinait à trouver de l’air pour respirer. Elle attendit son retour calmement, serrant fortement son ami. Elle a eu tellement peur de le perdre qu’elle refusait péniblement de le lâcher.

C’est là que l’inconnu se présenta, légèrement taché de sang. Elle avait la joue un peu coupé. Le combat a causé des séquelles mais Nephtys n’entendait plus leur présence.
Quand elle entendit la voix de sa sauveuse, elle releva sa tête, la regardant attentivement.

- Notre état n’a pas changé mais ils ne nous ont pas touchés. Dit –elle à voix basse.


Elle parlait pour deux, car pour elle, Sigmond a autant de valeur qu’elle. Sa santé était aussi importante que la sienne. C’était comme un petit frère qui n’avait plus sa maman, et dont sa grande sœur était son seul recours. Nephtys remarqua la petite marque.

- Tu es blessée… Tu n’as pas trop bobo, hein ? Dit-elle en tendant sa main tremblante vers la joue de sa sauveuse.

Elle tenta finalement de ce relever, et de marcher un peu. Cependant ses jambes cédèrent. Elle était si fragile. Elle se haïssait pour ça.

- Merci de nous aider. Dit –elle d’une voix un peu triste, surtout douce. Est-ce que tu peux encore m’aider à sortir d’ici ? S’il te plait ?

Elle reprit son souffle. Elle était fatiguée par ces deux derniers jours.

Notre état n’a pas changé mais ils ne nous ont pas touchés, répondit la jeune fille à voix basse.

Cette réponse soulagea quelque peu la vampire, qui poussa un léger soupir. Alors qu'elle s'apprêtait à tourner le dos pour porter la jeune fille, celle-ci tendit une main tremblante vers l'estafilade sur la joue de Tiana :

Tu es blessée… Tu n’as pas trop bobo, hein ?

L'ex-comtesse sourit et secoua négativement la tête, avant de reculer ; apparemment, la jeune fille voulait tenter de se relever... Tiana se tint prête à la rattraper en voyant qu'elle chancelait, et l'installa sur son dos pendant qu'elle reprenait tristement et doucement :

Merci de nous aider. Est-ce que tu peux encore m’aider à sortir d’ici ? S’il te plait ?

Essaie de t'accrocher pendant que je te porte jusque là-haut, je verrai mieux l'étendue des dégâts et tu pourras te restaurer, répondit Tiana en souriant.

Une fois assurée que la jeune fille était bien installée sur son dos et tenait bien sa peluche, la vampire remonta les marches et vérifia une fois à l'étage s'il y avait une cuisine, et heureusement en trouva une sans trop de difficultés. Elle y installa la jeune fille et sa peluche avant de se mettre en tête de lui trouver de quoi grignoter : elle trouva du pain et du jambon qui séchait à l'écart, en découpa plusieurs tranches de chaque et les présenta à la jeune fille en souriant :

Mange, ça te fera du bien. Qu'est-ce que tu fais ici ? Et je me nomme Tiana, et toi ?

Nephtys se sentait comme une poupée de porcelaine que le moindre choc ferait écrouler. Elle voulait sentir l’air frais sur son visage, se sentir libre de la peur qui la terrorise. Elle voulait être forte, montrer qu’elle pouvait vivre malgré les mains griffues des Hommes.
Elle écouta attentivement sa sauveuse. Elle lui demanda de bien s’accrocher. Elle était forte, et Nephtys admirait cette force.
« Je serais forte comme elle un jour, pensa notre ange déchu. » Elle mit Sigmond entre son torse et le dos de la vampire. Une fois rassurée qu’il ne tombera pas, elle entoura ses bras le cou de sa sauveuse sans pour autant l’étrangler.

Nephtys ne connaissait pas toutes les races du monde. Les vampires et leur peau froide, ou la capacité à n’avoir pas besoin de respirer, elle les ignorait. Elle ne connaissait pas le danger de leurs crocs… Le danger était si relatif pour elle. Un naïve, elle la suivait, et l’écoutait. Elle voulait juste être libre. Si le mal existait dans cette rencontre, elle ne le verrait pas. Elle trouva sa sauveuse bien gentille, selon sa propre définition.

Elle sentait chaque à-coups à chaque marche de traverser. Elle espérait ne pas être trop lourde pour la femme. Elles arrivèrent dans une cuisine. Elle ne donnait vraiment pas l’impression d’avoir été utilisé récemment. Cependant le ventre de Nephtys qui grogna de faim allait surement s’en contenter.
Sa sauveuse la posa sur une chaise. Notre ange lâcha son étreinte en faisant bien attention de ne pas laisser tomber Sigmond. Elle posa peluche sur les genoux et regarda la table.

Elle ne fit pas prier quand la dénommée Tiana lui présenta du pain et du jambon. Elle s’en fit un sandwich. Elle donna un morceau de jambon à Sigmond qui prit de vie, le mangea. Nephtys anime Sigmond comme un réflexe car même si elle est consciente que c’est une peluche, elle le considère comme vivant malgré tout.

- Merchi. Dit – elle la bouche pleine.

Elle avala un gros morceau avant de répondre à Tiana.

- Je m’appelle Nephtys, enchantée.

Elle croqua à nouveau dans son sandwich.

- Et toi, tu ne manges pas ? Tu n’as pas faim ?

Elle réfléchissait. Comment elle a pu se retrouver dans cet état ? Aucun souvenir. L’avait on assommer avant de l’enfermer ?

- Je ne sais pas comment je suis arrivée ici. Je me suis réveillée, il faisait tout noir. J’ai eu très peur. Je ne comprends pas. Dit-elle alors que les larmes coulaient sur ses joues.


Elle fixait son sandwich d’un air triste.

- Je faisais rire les enfants mon spectacle. Je ne faisais rien de mal, hein ?

Je m’appelle Nephtys, enchantée.

Un bien joli prénom pour une demoiselle, songea la vampire en regardant Nephtys croquer dans le sandwich qu'elle s'était faite avec le pain et le jambon. La pauvre avait subi des malheurs que son âge devait normalement préserver... Elle sortit de ses pensées lorsqu'elle lui demanda :

Et toi, tu ne manges pas ? Tu n’as pas faim ?

Tiana lui sourit amicalement avant de passer une main sur sa nuque pour répondre, un peu gênée :

Disons que je viens de me restaurer. Tu n'as plus rien à craindre avec moi, mais je vais quand même redescendre pour... finir le travail, au cas où.

Nephtys lui répondit qu'elle ignorait comment elle avait pu atterrir ici, dans ce trou éloigné de toute forme de vie. Dire que si Tiana n'était pas assoiffée à ce moment-là, la jeune fille ne serait certainement pas en train de se restaurer... Elle reprit en fixant tristement son sandwich :

Je faisais rire les enfants mon spectacle. Je ne faisais rien de mal, hein ?

Le cœur de Tiana se serra et, prise d'un élan maternel, la serra doucement contre elle et lui répondit à l'oreille :

Non, tu ne faisais rien de mal. Dis-moi, je risque de paraître indiscrète, mais quel âge as-tu et as-tu une famille à laquelle je pourrai te ramener ?

Elle s'accroupit devant elle et la regarda dans les yeux, la tenant par les épaules avec affection. Si elle pouvait l'aider, elle le ferait. Mais avant, elle devrait aller vérifier que les gus d'en bas étaient bien allés chez Nayris ; on ne touche pas à une enfant impunément !

« Ma famille… Pensa Nephtys. Je n’existe plus pour eux. » Elle réfléchissait laissant tomber son sandwich sur la table. Elle sera fortement son pingouin en peluche. Elle était triste malgré l’étreinte que Tiana lui offrit. Sa famille l’avait rejetée, oubliée, abandonnée. Elle se souvenait de la souffrance qu’elle avait endurée, du mal qu’elle avait subi à cause de lui ignorance. Sa mère et ses deux frères étaient les seuls que son cœur gardait avec amour en son sein. Le reste de sa famille ne l’aimait pas, n’aimait pas la regarder, ni lui adressait la parole.

Elle se figeait en pensant à ce passé lointain dont la haine l’a gravée à jamais. Le ciel l’a maudite. Et son âge ? Nephtys n’avait plus compté depuis son arrivée sur Terra. Elle ne fêtait plus son anniversaire, en fait, elle ne l’a jamais fêté car sa naissance n’était pas un cadeau pour les siens.

Elle commença à compter sur ses doigts.

- 1…2… 3…

Pendant au moins 5 minutes, on pouvait l’entendre compter. Elle dépassait les 100, les 150… 160 …. Et sentant Sigmond bougeait, elle perdit le compte.

- Je crois que j’ai plus de 150 ans, madame. C’est beaucoup, tu crois ? Demanda –t – elle naïvement.


Elle baissa ensuite la tête.

- Ma famille m’a abandonnée car je n’étais pas normale….

Elle se mit à pleurer en y repensant. Elle se recroquevilla en gardant son ami dans les bras. Elle n’aimait pas parler de son passé.

- Mais j’ai un chez moi, je peux rentrer sans souci ! Y a Sigmond avec moi ! Et puis je reverrais tous mes amis. Dit – elle en parlant de sa horde de peluches et de poupées qui l’attendent chez elle.


Elle ne bougeait pas vraiment de sa place, regardant Tiana.

- Dis pourquoi veux-tu retourner en bas ? Il fait tout noir la bas !

Je crois que j’ai plus de 150 ans, madame. C’est beaucoup, tu crois ?

Tiana sourit devant la naïveté et l'innocence de la jeune fille ; elle avait une cinquantaine d'années de plus qu'elle, et pourtant ce n'était qu'une enfant aux yeux de la vampire.

Nephtys raconta ensuite que sa famille l'avait abandonnée parce qu'elle n'était pas normale, mais elle ajouta précipitamment qu'elle avait un chez elle. Mouais, la laisser toute seule, maintenant qu'elle l'avait rencontrée, Tiana n'était pas sûre que ce soit une bonne idée. M'enfin bon, si la miss tenait à rester chez elle... Elle sourit lorsque Nephtys lui demanda :

Dis pourquoi veux-tu retourner en bas ? Il fait tout noir la bas !

Ne t'inquiète pas, je n'ai pas peur du noir et au contraire, j'y vois même très bien. Je veux juste vérifier que tes bourreaux ne feront plus jamais de mal à qui que ce soit. Surtout ne bouge pas.

Et elle redescendit les marches jusqu'à la cave, où elle trouva les corps qui commençaient à se raidir. Elle finit de les vider, chacun leur tour, du sang qui commençait à se tarir, avant de détacher les têtes des troncs, de les enrouler dans du linge qui traînait dans le coin et de les fourrer dans son sac. Ainsi, elle était sûre qu'ils ne recommenceraient pas, et puis, ils pourraient toujours servir de défouloir si Nayris permettait leur retour en ce bas-monde...

Elle remonta jusqu'à la cuisine et, satisfaite, s'accroupit près de Nepthys et lui dit en lui prenant les mains :

Je vais te raccompagner jusqu'à chez toi. À moins que tu n'acceptes ma proposition et que tu viennes vivre avec moi, où, si tu suis ma religion, tu seras protégée, nourrie et logée. À toi de décider, quel que soit ton choix, je le respecterai.

Nephtys toujours sur sa petite chaise, tenant son ami, elle regarda Tiana. Elle ne comprenait pas comment on pouvait voir dans le noir, sans lumière. Cependant, elle n’en posa pas les questions. Elle reprit son sandwich. « On ne gâche pas la nourriture, pensa- t- elle en croquant une nouvelle fois dedans. »
Tiana lui souffla de ne pas bouger, qu’elle reviendra.

- Je t’attends.

Notre petit ange était content que Sigmond soit avec elle car sans Tiana, elle trouvait que cet endroit était terrifiant. C’était comme si des petits monstre sommeillaient en silence dans les placards de la cuisine. Elle ne fit aucun bruit, ne bouge pas. Elle regardait autour d’elle attendant que Tiana revienne. Alfred le lapin lui disait toujours que tout peut arriver, et que le noir n’était pas forcément gentil.

Pourtant nephtys aime la nuit, ces étoiles qui dansent, cette lune qui rigole, ces nuages qui s’amusent. Nephtys aime le ciel dans toutes ses facettes même quand l’orage gronde. Elle trouvait que le temps ne passaient pas et que sa nouvelle amie, sa sauveuse mettait du temps. Elle se demandait même si elle ne devait pas aller voir si tout allait bien. Cependant à peine avec penser cela que sa sauveuse était de retour.

Elle se mit accroupis, lui prenant les mains. Sigmond était plein calé sur ses genoux pour qu’il ne tombe pas. Elle la regardait dans les yeux sans comprendre. Elle écouta ses paroles sans rien dire.

Elle parlait de religion. C’est un peu nouveau pour Nephtys. Il faut avouer que depuis que Yehadiel l’abandonnait, elle se dit que les dieux sont vilains.

- C’est quoi ta religion ? C’est comme le méchant Yehadiel ?

Elle enleva les mains pour serrer Sigmond contre elle.

- Mais je ne peux pas quitter mon chez moi sans mes amis. Ils vont se sentir abandonner. Et je serais triste !

Elle baissa la tête et fixa le sol, triste en y pensant, gardant Sigmond contre elle.

Tiana avait fait en sorte que Nephtys n'ait pas à l'attendre trop longtemps, finissant juste de vider les corps de leur fluide vital qui ne leur servirait plus histoire de bien se nourrir.

Rassasiée, elle était remontée et avait parlé doucement à Nephtys, lui proposant de la rejoindre ; la naïveté de Nepthys la fit sourire lorsqu'elle demanda :

C’est quoi ta religion ? C’est comme le méchant Yehadiel ?

Nayris te protégera mieux que Yehadiel. Elle protège et aime ceux qui la défendent, contrairement à lui qui n'hésite pas à abandonner ses soi-disant créatures quand elles tournent mal...

Non, l'histoire de Caïn n'était pas vraiment folichonne à raconter, du moins pour l'instant. Nephtys l'entendrait plus tard ; en attendant, celle-ci annonça qu'elle ne pouvait quitter son chez-elle sans ses amis... Tiana réfléchit quelques instants. Le château des de Nyrianës ? Mouais, le problème c'était que vu qu'elle n'en était plus la gérante, malgré le fait que ses parents seraient ravis de la revoir et ravis de rencontrer Nephtys, elle ne pouvait se permettre de leur imposer ça. Son petit pied-à-terre en Adhès ? C'était sûrement le seul endroit disponible ; tant pis, elle ferait des travaux pour que ça soit assez grand pour accueillir tout ce monde.

Elle s'accroupit et prit doucement le menton de Nephtys pour relever sa tête :

On peut s'arranger, j'enverrai mes gens chercher tes amis si tu le désires. Es-tu prête à me suivre, du coup ?

Nephtys quand elle parle de ses amis, c’est des peluches et des poupées qui ornent son petit appartement. Ils étaient tous assis contre le mur, dormant paisiblement. Ils étaient comme Sigmond. Une peluche qu’elle aime voir vivre par-dessus tout.
Tiana lui parla aussi d’une Nayris. Mais qui s’était ? Nephtys en avait une vague idée comme si elle l’avait entendu, il y a longtemps. Elle souvenait de ces soirs ou sa maman lui racontait les histoires de Yehadiel. C’était avant que l’horreur ne débute dans sa vie, qu’on ne la rejette juste parce qu’elle est différente. Elle oublia cette Nayris dans un coin de sa mémoire, ne rappelant que de son nom.

- C’est qui Nayris ? C’est une méchante elle aussi ? Dit –elle d’une petite voix.


Elle fait une moue enfantine comme si on avait dit quelque chose qui ne lui a pas plu. Elle regarda Tiana.

- J’ai rien fait de méchant, moi. Je suis juste différente.

Nephtys laissa ses ailes sortirent de son dos comme des œufs qui ont éclos. Elles étaient petites et noires cependant elles dépassaient de chaque côté, de quelques centimètres. Nephtys les agita doucement.

- C’est à cause de mes ailes. Souffla tout doucement de sa petite voix. Elles sont petites, et c’est une punition de Yedahiel selon les autres.

Nephtys ne voyait pas le mal. Elle ne sait surtout pas ce que c’était le mal. Toujours sur sa chaise tenant son ami dans les bras, elle écoutait Tiana.

- Ils vont leur faire bobo ! Je veux les aider ! Je ne pars pas sans eux !

Ses amis étaient sa famille. De leur petite boule de coton, de leur fourrure, de leur peau de porcelaine, tous étaient ses amis.


- Dis tu m’abandonneras pas si je te suis ?


Nephtys n’aime vraiment pas qu’on l’abandonne, qu’on la laisse seule dans la noirceur du monde. Sa folie est née d’un premier abandon. Elle avait peur que tout recommence. Sigmond se mouvait et frottait sa tête contre la joue de Nephtys comme signe de réconfort. Il savait d’une certaine manière ce que ressentait Nephtys.

Tiana se rendit compte à quel point Nephtys avait souffert durant ces dernières années, sa voix tremblotait doucement. Elle lui demanda :

C’est qui Nayris ? C’est une méchante elle aussi ?

Non, Nephtys. Nayris n'abandonne jamais ce qu'elle a créé, contrairement à Yehadiel. C'est la mère des vampires, par exemple, et je sais qu'elle ne nous abandonnera jamais.

Puis Nephtys lui montra les petites ailes noires qui sortirent de son dos, racontant que selon "les autres", il s'agissait d'une punition de Yehadiel. Sans un mot, la vampire lui prit doucement les épaules et la regarda dans les yeux avant de répondre doucement :

Écoute, petite Nephtys. Si tes ailes sont une punition de Yehadiel, dis-toi que Nayris, elle, te les aurait données pour que tu puisses accomplir de grandes choses en son nom. Fais-moi confiance, oublie Yehadiel, crois en Nayris et cette "malédiction" deviendra un atout précieux.

Nephtys annonça également qu'elle ne partirait pas sans ses amis, avant de demander :

Dis tu m’abandonneras pas si je te suis ?

Avec un sourire, Tiana la prit avec sa peluche dans ses bras et les serra fort contre elle :

Non, je ne t'abandonnerai pas. Bon, on va aller chercher tes amis, ensuite nous partirons loin d'ici.

Nephtys était perplexe face à cela. Elle tenait toujours son Sigmond dans les bras. Nayris est – elle vilaine ? Elle se posait sérieusement la question. Elle demandait aussi ce que c’est un vampire. Dans le ciel, elle en a jamais vu et dans la forêt de Drayame, elle a vu que des elfes ou des démons. Pourtant elle n’osa pas demander. Elle n’avait pas envie de le savoir tout de suite.

Elle réfléchissait beaucoup tout en écoutant Tiana. Elle trouvait curieuse cette Nayris, et se demandait à quoi pouvait – elle bien ressembler. Yehadiel n’a rien fait. Sa famille a dit que c’était une punition. Cependant Nephtys ne croit pas Yehadiel, le trouvant méchant de l’avoir laisser seule dans le noir, sur terre. Elle souffla.


- Comment on croit en Nayris ? Et puis mes ailes ne peuvent même pas m’emmener vers les nuages alors comment elles seraient un atout précieux ?


Nephtys ferma les yeux sentant ce contact comme une doux mets qu’elle n’a pas connu, ou simplement oublier dans son esprit. Elle sentait nostalgique des étreintes de sa mères, du réconfort de ses deux frères, les plus proches.

- Tu me promets de ne pas laisser toute seule dans le noir donc ? Si oui alors je te suis et on cherche mes amis !

Nephtys la regarda avec un sourire, serrant toujours Nephtys. Sa navieté permet qu’elle lui fasse déjà confiance, et vu qu’elle la sauvait, l’aime bien. Alfred le lapin secouerait la tête en la voyant faire. D’ailleurs, elle eut un franc sourire en pensant à lui.

- On y va ?


Nephtys se demandait à quoi ressembler la maison de Tiana. Elle espérait qu’elle n’était pas terrifiante. Elle se posait beaucoup de question à vrai dire. Elle se demandait à quoi ressembler cette déesse et si Tiana l’avait déjà vu. Et puis il faut la prier ? Lui faire des offrandes ? Faut faire une danse ? Chanter peut – être ? Elle représente quoi si Yehadiel représente la vie ? Elle avait beaucoup trop de questions. Et dans un futur proche, elle les posera car elle aime savoir. Sigmond couina voulant quitter ce lieu. Après tout ils le trouvaient terrifiant.

Tiana sourit lorsque Nephtys, décidément bien innocente, lui demanda :

Comment on croit en Nayris ? Et puis mes ailes ne peuvent même pas m’emmener vers les nuages alors comment elles seraient un atout précieux ?

C'est simple. Pour croire en Elle, il faut savoir qu'elle est l'antithèse de Yehadiel. De plus, elle protège ceux qui l'Adorent et qui veillent à Son retour. Car c'est à cause de Yehadiel qu'elle est prisonnière des Limbes. Et ne t'inquiète pas, nous trouverons un moyen d'utiliser tes ailes sans te blesser.

La jeune fille resta muette pendant quelques instants, fermant les yeux, avant de les rouvrir et de demander :

Tu me promets de ne pas laisser toute seule dans le noir donc ? Si oui alors je te suis et on cherche mes amis !

Tiana répondit à son sourire en se relevant après avoir doucement serré ses épaules :
Je te le promets. Par contre, maintenant que j'y pense... Pour accueillir tous tes amis, je me rends compte que ma maison est un peu petite. Ce que je te propose, c'est de passer par chez mes parents, juste le temps que je fasse des travaux pour agrandir ma maison, d'accord ?

Parce que oui, elle n'avait absolument pas prévu d'accueillir une jeune fille et ses amis chez elle de sitôt... Merci Nayris pour ce cadeau imprévu, sourit-elle en emmenant Nephtys et sa peluche avec elle.

Il faut se battre pour respirer dans ce monde, pour se sentir exister, pour ne pas être abandonné sur le bord d’une estrade, regardant la corde pendre dans le vide. Il faut avancer, marcher dans la boue. Elle souhaitait ne jamais plus être seule, ne plus jamais être perdu. Oh ses amis sont toujours dans son cœur, elle avait hâte de les retrouver.

Cependant cette Nayris était toujours une énigme. Yehadiel, elle connaissait tout de ses actions, surtout de sa disparition… Existait – il encore quelque part ? Croire en elle, sera finalement difficile si toutes ses questions restent en suspend dans l’air. Cependant, elle était prête à essayer et à comprendre.

- Je ne comprends pas tout. C’est si complexe que ça de croire en elle ? Elle ressemble à quoi ?


Elle était comme une petite fille qui voulait tout savoir. Elle posera beaucoup de questions. Elle ne trouvait pas que c’était impoli. Elle voulait juste savoir. Où est le mal ? D’ailleurs qu’est –ce que c’est le mal ? Croire en elle, est - ce si mal que ça ? Est que Nephtys brulera si elle y croit ?

Tiana recommença à parler. Elle disait qu’elle n’aurait pas de place avec tous les amis ne Nephtys. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle ne se moquait pas de Tiana. C’était un sourire plutôt enfantin.

- Mes amis sont petits, doux, adorables et mignons. Ils tiennent tous dans une pièce, laissant la place pour un lit deux places, voire plus. Ils me protègent des cauchemars, de l’abandon, du rejet.

Tous étaient assis dans sa chambre. Les poupées étaient devant sages alors que les peluches plus sauvages étaient assises derrière elle. Elle aime les animer et les voir heureux.
Elle se leva tenant encore contre elle Sigmond. Elle suivait Tiana en ne la perdant pas du regard. Sigmond bougeait de ses petites ailes doucement sans un bruit. Il était vivant par moment sans Nephtys cherche à le rendre vivant. Elle était contente de quitter cet endroit qu’elle trouvait trop lugubre. Le parquet grinçait sous leur pas. Elle sortit doucement de la maison. La lune était présent, le vent était frais pourtant calme. La rue était plutôt déserte.

- On va chez moi d’abord, hein ?

Nephtys jeta un regard vers ce ciel étoilé. Cela lui avait manqué. Elle voulait aussi prendre un bain. Elle sentait plus ou moins sale et ne supportait pas cet état. Elle marchait vers la grande rue ou des gens étaient à la recherche d’un endroit pour boire. Il était tard ? Peut – être. Cependant, elle avança tranquille. Avant d’être au milieu des gens, elle rangea ses ailes, les rentrants dans son dos sous sa peau. Comme disait souvent Alfred le lapin, il faut savoir se cacher pour ne pas être tuer.

À quoi ressemblait Nayris ? Voilà la question de Nephtys qui laissa Tiana un peu dans l'embarras. Certes, elle l'avait vue une fois, il y a quelques temps, mais qui pouvait lui dire que la forme enfantine qu'elle avait vue était la seule forme de sa Déesse ? Elle hésita avant de répondre :

Elle prend la forme qu'elle veut, mais généralement on la croise sous celle d'une enfant malicieuse. Et non, ce n'est pas complexe, il faut juste savoir qu'il faut La libérer de la prison dans laquelle Yehadiel l'a enfermée il y a longtemps. Mais si tu as d'autres questions, je te propose de me les poser quand nous serons loin d'ici.

Nephtys la rassura ensuite sur ses amis : petits, mignons, doux et adorables, ils tenaient tous dans une pièce, laissant la place nécessaire pour au moins un lit deux places. La vampire réfléchit : ah bah en fait, ça pourrait peut-être passer... M'enfin, il faudrait faire des travaux quand même, songea-t-elle en suivant Nepthys qui la conduisait chez elle.

Lorsqu'elles arrivèrent dans la grande rue, Tiana put noter le nombre de personnes assoiffées qui traînaient à une heure aussi tardive. La nuit était bien noire, le moment de prédilection des vampires, et pourtant certains étaient assez fous pour se promener sans protéger leurs cous... Tiana se ressaisit : elle venait de se nourrir, là c'était plus de la gourmandise qu'autre chose.

Elle suivit la jeune fille jusqu'à une petite maison, et comprit assez vite qui étaient les amis de Nephtys :

Des... peluches ?

Elle rit, amusée par l'innocence de la jeune fille.

Nephtys était un peu perdue. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi la forme de la déesse était si aléatoire. Peut – être que c’est comme Yehadiel, elle se cache. Elle s’imaginait Nayris se cacher sous son lit pour qu’on ne l’a voit pas.

- Tu crois qu’elle aime les peluches ? Ou les poupées Nayris ?


Elle demandait cela dans l’optique de voir si elle n’a pas besoin d’un doudou pour se cacher sous le lit, comme ça elle n’est pas seule. Puis elle rendit compte qu’elle devait attendre pour ses questions alors elle fit une mine tristounette, serrant son Sigmond fort contre elle.

- Pardon. Je poserais mes questions plus tard.

Une fois chez, elle se sentait bien, contente de tous les revoir. Ils n’avaient pas bougés. Tout était comme à son départ. Elle posa Sigmond sur son lit. Il se leva comme animé et se dandina sur le lit. Elle se retourna et regarda Tiana qui rigola.

- Tu ne te moques pas hein ? Ce sont mes amis !


Eliza, la petite poupée de porcelaine se leva, remis sa robe droite, et épousât ses ballerines. Elle s’avança vers Nephtys et Tiana. Elle regarda Tiana avec de grands yeux, surprise. Elle s’approcha encore un peu puis un sourire se dessina sur ses lèvres

- Bonsoir, madame ! Moi c’est Eliza et vous ? Que faites – vous ici ? Hein ?


Nephtys pris Eliza dans ses bras, la regardant avec un sourire.

- Doucement, faut pas l’agresser comme cela. On va déménager ! La Madame m’a sauvée.

Eliza regarda sa grande sœur avec des grands yeux à nouveau.

- C’est vrai, tu as disparue pendant des jours ! Tu étais ou ?
- Longue histoire.
- Et on vient tous avec toi, cette fois ci ?
- Bien sûr !
- Chouette !!!!

Eliza sauta des bras de Nephtys sur le lit et dansa avec Sigmond qui ne comprenait à rien. Nephtys se retourna vers Tiana en lui souriant.

- Faut pas lui en vouloir. J’aimerais me changer et même me laver. Je peux ?

Tiana sourit lorsque Nephtys lui demanda si Nayris aimait les doudous, ou les poupées, et lui répondit :

Franchement, je ne lui ai jamais posé la question... Mais je sais que nous, Adorateurs, nous avons une effigie de Nayris sur nous lorsque nous sommes prêtres.

Lorsqu'ils arrivèrent chez la jeune fille, Nephtys se tourna vers une Tiana totalement hilare en voyant les peluches :

Tu ne te moques pas hein ? Ce sont mes amis !

Excuse-moi, mais je ne me moque pas. Je suis juste surprise de voir que tes amis sont des peluches.

Séchant ses larmes de rire, la vampire put voir l'une des poupées de Nephtys, une poupée en porcelaine, se remettre en bon état de marche avant de se présenter à elle avec un grand sourire sur les lèvres :

Bonsoir, madame ! Moi c’est Eliza et vous ? Que faites – vous ici ? Hein ?

Doucement, faut pas l’agresser comme cela. On va déménager ! La Madame m’a sauvée.

C’est vrai, tu as disparue pendant des jours ! Tu étais ou ?

Longue histoire.

Et on vient tous avec toi, cette fois ci ?

Bien sûr !

Chouette !!!!

Tiana sourit en assistant à l'échange ; Nephtys se tourna vers elle et, en souriant, lui lança :

Faut pas lui en vouloir. J’aimerais me changer et même me laver. Je peux ?

Bien sûr, prends ton temps, tu as bien besoin de te décrasser et de te changer. Nous partirons une fois que tu seras prête, d'accord ?

Puis elle s'installa sur le lit de la jeune fille, rapidement entourée des poupées et peluches vivantes qu'étaient Eliza et Sigmond. Elle était curieuse de savoir comme pouvaient-elles marcher, sûrement par magie...

« Le destin mène vers des changements. » Pensa – t – elle dans un moment de maturité alors qu’elle emprunta le chemin vers la salle de bain. Une salle ou une grande bassine en bois recouvert d’un tissu. Dans un coin de la pièce, il y avait une cheminée avec une marmite et des seaux d’eaux. Elle prépara l’eau, la faisant chauffer. Cela prenait du temps, cependant elle faisait avec soin comme si elle était capable de prendre des responsabilités en main sans pour autant faire un caprice. Tout doucement, elle remplissait la bassine dont une fumée de vapeur s’échappa pour montrer au combien, elle était chaude. Quand Nephtys considéra qu’il avait assez d’eau, elle se déshabilla. Ses articulations lui faisaient mal. Elle était comme une grande- mère qui tentait d’enlever les morceaux de tissus qui recouvraient son corps.

Ses blessures n’existaient plus cependant son dos montrait les blessures du passé. Des cicatrices qui malgré son don de guérison sont restés pour montrer qu’elle aussi peut avoir mal. Elle s’étira doucement pour décoincer ses articulations. Elle avait été si longtemps dans ce trou, attaché comme un amas de viande. Son corps avait eu du mal à supporter cette position, cette chaine… Elle souffla. Une fois dévêtue, elle mit un pied dans le bain puis un autre, rentrant paisiblement dans cette eau chaude. Cela faisait du bien à son corps, la détendait. Elle resta quelques minutes à se relaxer, à profiter de ce doux repos.


Pendant ce temps, pendant que Nephtys se relaxait comme pour oublier ces jours passaient, Eliza regarda avec curiosité. Sigmond quant à lui se coucha sur le lit puis s’endormit doucement, ronflant légèrement.
Eliza s’approcha de Tiana en triturant sa robe.

- Madame… Demanda – t- elle de façon hésitante. Es – tu une bonne chose pour nous ?

Sa question n’était pas claire mais Eliza ne savait pas comment le demander. Elle regarda ses frères et ses sœurs. Elle se souvenait de comment elle a pris vie alors qu’on voulait la jeter, de comment Nephtys l’avait sauvé, réparé, et accepté dans sa famille. La petite Eliza ne montrait jamais son inquiétude, sa peur de ne plus voir sa grande sœur. Elle n’était qu’une poupée, elle le savait. Cependant avec sa grande sœur, elle se sentait comme toutes les petites filles. Elle se sentait vivante. Elle se sentait exister.

Elle ne voulait pas disparaitre, s’effacer. Une larme perla sur sa joue rose pour tomber dans les plis de son vêtement. Discrètement Eliza effaça cette légère peine et repris son sourire joviale.

Elle n’allait pas dire la réalité de ses pensées. Elle voulait juste le bien de tous.

- Madame… Vous n’avez pas dit qui vous êtes ! Ce n’est pas bien ! Moi, je me suis présentée comme une fille bien élevée.


Eliza n’était pas méchante. Une certaine innocence s’échappait de sa voix quand elle demanda l’identité de Tiana. La petite poupée s’assit à côté de Tiana espérant qu’elle réponde cette fois – ci.

Quant à Nepthys, elle se savonnait, enlevant toute trace de cette aventure. L’eau prit vite une teinte plutôt brune. Elle se lava aussi les cheveux. Elle se sentait simplement sale. Une fois bien propre, elle sortit du bain, pris une serviette et s’essuya tranquillement. Elle n’était pas pressée. Elle voulait en profiter.

Elle tressa ses cheveux en une longue natte dont ses plumes pendirent au bout. Elle se vêtit d’un pantalon en toile brune, avec des chaussettes en laine, et des bottines noires sans réelle talon. Elle mit une ceinture. En haut, elle se vêtit d’un pull vert nature fin, aux manches longues, sans vraiment de décolleté cependant dans son dos, une feinte en forme de « v » descendant jusqu’aux creux des reins était formée. C’était pour délivrer ses ailes à tout moment.

Elle prépara aussi un sac, comme une valise avec beaucoup de ses affaires dont ceux qui comptait le plus pour elle, de quoi coudre et des vêtements pour ses poupées. Elle se présenta à l’entrée, avec un certain sourire.

- Je suis toute propre. Je suis désolée pour le temps que j’ai mis.

Elle était un peu gênée mais elle en avait pourtant besoin.

Tiana regarda Nephtys se rendre dans une pièce annexe pour se débarbouiller, la laissant seule avec les deux peluche et poupée parlantes. La vampire se perdit dans ses pensées, essayant de comprendre ce qu'il était arrivé à Nephtys pour qu'elle se retrouve prisonnière.

De fait, elle n'entendit que très vaguement la voix d'Eliza lui demander :

Madame… Es – tu une bonne chose pour nous ?

Tiana ne réagit pas tout de suite, encore perdue dans ses pensées, mais finit par revenir sur terre quand Eliza lui lança avec un peu plus de force :

Madame… Vous n’avez pas dit qui vous êtes ! Ce n’est pas bien ! Moi, je me suis présentée comme une fille bien élevée.

Pardon Eliza, je réfléchissais. Si ça peut te rassurer, c'est moi qui ai sauvé Nephtys d'un grand danger. Et je suis prête à vous accueillir chez moi.

Elle avait répondu avec un grand sourire. Tiana n'était pas méchante, sauf quand on la cherchait, et avait tendance à vouloir sauver. Nephtys finit par sortir de sa salle de bains, toute propre et avec une meilleure mine que lorsque Tiana l'avait délivrée. Elle lui lança :

Je suis toute propre. Je suis désolée pour le temps que j’ai mis.

La vampire lui sourit et se releva, faisant attention à Eliza et Sigmond, qu'elle prit dans ses bras, et rejoignit Nephtys :

Alors partons. La route vers ma maison est assez longue, nous ne devrions pas traîner. Prends tout ce dont tu as besoin et on y va.

Puis elle sortit de la maison, rapidement suivie par une vingtaine de peluches et poupées. Une nouvelle vie pour Nephtys, voilà ce que la vampire offrirait à sa nouvelle protégée. Elle lui apprendrait tout ce qu'elle devait savoir concernant Nayris, tout en l'aimant comme une mère aimerait sa fille. En rentrant, elles feraient un crochet à Sholat, chez Roxo Sombresang pour lui donner les têtes des geôliers de Nephtys ; elles lui seraient plus utiles qu'à elle...