Chioné n'avait pas attendu longtemps pour se mettre dans l'idée d'apprendre à maîtriser sa magie parfaitement, avant d'apprendre le maniement des armes. Aussi avait-elle rejoint l'Académie en cachette de sa famille, même si elle se doutait qu'ils comprendraient que c'était pour son bien à elle et le leur. Elle ne pouvait pas rester à ne rien faire, le moment où sa magie déraperait à nouveau pouvait venir n'importe quand.

Elle déambula dans les couloirs de l'Académie, rasant presque les murs pour ne pas se faire repérer par les autres étudiants. Qui sait, peut-être que l'un d'eux avait le don de voir les démons, et les dieux seuls savent à quel point sa partie démone pouvait être impressionnante.

Vêtue d'une tunique d'un bleu assez clair sur un pantalon plus foncé, elle finit par arriver dans une salle vide et y entra en prenant soin de ne rien laisser entrevoir de ce qu'il pourrait se passer. Elle avait réussi à prendre rendez-vous avec un professeur, un certain Hilaren Sombresang, afin qu'elle prenne des cours de maîtrise de sa magie élémentale de glace. Et elle n'était pas à l'aise, du moins pour l'instant.

- Et une élève de plus ! Une !

- Tu vas pas déjà te plaindre si ?!

- Je fais ce qui me chante ! Et t'as de la chance qu'elle puisse intéresser notre Maître ! Sinon, je peux te l'assurer, j'aurais tout fait pour gâcher ton petit cours avec elle !

- Pourquoi aurais-tu fait ça ?

- J'aime pas quand tu fais le professeur, c'est pas intéressant.

- Pour moi ça l'est ! Et tu vas devoir t'y habituer !

Il ne répond plus, ça me dérange pas spécialement. Au moins il me laissera tranquille pendant mon cours. Il n'aime pas quand j'enseigne. Mais ce qu'il a du mal à saisir c'est que j'enseignais jamais pour rien. La première de mes élèves en ce moment est une sympathique fille de général. Gagner sa confiance n'est pas une perte de temps, vous en conviendrez. En outre, étudier ses pouvoirs me permet d'avancer sur mes recherches pour pouvoir implanter les pouvoirs d'un élémental dans un corps plus... robuste. Comme celui d'un orc. Ce serait quelque chose de magnifique ! Et j'avais hâte que ce projet se concrétise. Maintenant pour l'élève que je recevait aujourd'hui, j'ai, comme pour Lynn. Envoyé quelques espions en quête d'informations sur elle. Et on ne peut pas dire qu'elle ne me sera pas utile. Son nom est Chioné, Chioné Féral. Je sais de source sûr qu'elle fait partie de la puissante famille de démons à la solde d'Aile Ténébreuse. La capturer ouvrirait d'innombrables portes pour nous... Mais je ne me sentais pas de le faire moi-même. Après tout, elle était quand même une démone, ou une semi-démone va savoir, alors ne la sous-estimons pas. Je vais gagner sa confiance comme pour Lynn et ainsi, je pourrais tranquillement la livrer à mon maître... Le problème c'est que je ne sais pas quand je vais le rencontrer... On y pensera plus tard.

Arrivé à l'Académie par le même couloir magique depuis le Ministère, je parcours tranquillement les couloirs en demandant au passage où se trouvait ma nouvelle élève. Le numéro de la salle en poche, je m'y rend sans presser le pas, me disant qu'elle n'était probablement pas encore là. Je me trompais. Dans la salle, une frêle et ravissante jeune femme en tenue plutôt masculine m'y attend. Ce ne peut être qu'elle. Moi, je suis habillé plus simplement qu'à l'accoutumé. En tout cas, plus humblement. Une tunique à lacet blanche à manches longues, un pantalon de cuir noir, des bottes à lacets noires. Une tenue simple. Petite originalité, le long manteau noir à capuche qui m'assure une relative discrétion. Je reviens d'une escapade dans les Plaines et n'ai pas eu le temps de me changer pour revêtir une tenue plus belle. J'espère que cela ne va pas incommoder mon élève. D'autant que Catenam pend à ma ceinture en se balançant légèrement à chacun de mes mouvements. Comme un pendule macabre qui sonne le glas du monde.

- Bonjour demoiselle Chioné. Je me nomme Hilaren Sombresang et je serais votre professeur de magie.

Je m'incline légèrement, le sourire au lèvres. Enfin... le rictus plutôt. Ce même rictus inquiétant et un peu froid. C'est un tic comme un autre...

En attendant le professeur Sombresang, Chioné décida de lire les quelques livres qui traînaient sur la table destinée aux professeurs qui présentaient leurs cours dans la salle.

Absorbée par sa lecture - les livres traitant de toutes les magies qui puissent exister en ce bas-monde - elle avait réduit sa méfiance au strict minimum. Aussi sursauta-t-elle en entendant une voix masculine derrière elle quelques instants plus tard :

Bonjour demoiselle Chioné. Je me nomme Hilaren Sombresang et je serais votre professeur de magie.

Ouf, heureusement qu'elle portait ses gants, autrement la salle aurait été plongée dans un hiver éternel... Elle avisa le professeur : tunique à lacet blanche, pantalon de cuir noir, bottes à lacet noires. Il devait revenir d'un voyage pour porter une tenue si cavalière...

Chioné s'inclina modestement et répondit d'une voix douce et timide :

Enchantée, professeur. J'espère pouvoir progresser rapidement à vos côtés, ma magie a tendance à n'en faire qu'à sa tête à la moindre émotion... Et sans ces gants, j'ai bien peur que vous-même auriez pu finir congelé...

Elle leva les mains pour lui montrer ses protections avec un sourire gêné, avant de commencer à les retirer en demandant :

Puis-je vous montrer l'étendue de mon problème ?

Toujours avec politesse, humilité... On n'aurait pas dit qu'elle faisait partie d'une famille de démons liés à l'Aile Ténébreuse, vu la réputation de certains de ses membres comme Victo, Général Céleste, ou Anima, le patriarche. S'ils savaient...

Mon élève eut un sursaut en voyant. Elle était occupée à lire mes livres. Ouf ! Heureusement que cette pièce n'est pas mon labo et que je n'y range que des livres basiques voir obsolètes ! Ma nouvelle élève me fit une ravissante révérence qui démontre sans aucun doute une bonne éducation. Parfait, je préfère les gens d'une classe sociale un peu plus élevé. C'était moins pénible de parler avec eux.

- Enchantée, professeur. J'espère pouvoir progresser rapidement à vos côtés, ma magie a tendance à n'en faire qu'à sa tête à la moindre émotion... Et sans ces gants, j'ai bien peur que vous-même auriez pu finir congelé...

Tiens, une autre adepte du froid. Ça m'arrange en un sens. Je n'aime guère la chaleur. Elle peut essayer de me congeler, je ne pourrais certes plus bouger mais ça ne me fera pas grand chose d'autre. Enfin... ne pensons pas à ce genre d'extrêmes. Si tous se passe bien, je ne devrais pas avoir de dommages collatéraux.

- Mais c'est pas marrant alors !

- .... T'as raison. Elle n'aura pas à se retenir !

Elle me montre rapidement ses mains gantées avant d'enlever ce qui les protègent sous mes yeux. On passe vite aux choses sérieuses.

- Puis-je vous montrer l'étendue de mon problème ?

Mon sourire s'élargit, j'étais impatient de voir les capacités d'une semi-démone en action. Je lui répondis d'une voix douce et calme.

- Montrez-moi donc mon élève, et ne vous retenez pas. Vous n'en avez pas besoin avec moi.

Espérons que l'hypothèse "cadavre ambulant" n'arrive pas directement dans son esprit. Je n'ai pas envie de me faire poursuivre par toute l'académie...

Chioné nota le sourire et le ton calme de son professeur lorsqu'il lui répondit :

Montrez-moi donc mon élève, et ne vous retenez pas. Vous n'en avez pas besoin avec moi.

Serait-il protégé contre la magie de glace ? Au fond d'elle, Chioné l'espérait. Elle ne voulait pas perdre si tôt un moyen d'apprendre à se contrôler... Elle finit donc d'enlever ses gants et les posa sur le bureau, avant de laisser libre cours à sa magie.

En quelques secondes, la pièce fut recouverte de glace, n'épargnant ni le mobilier, ni les livres, ni le professeur. La jeune femme tomba à genoux, essoufflée et presque tremblante. Elle contenait sa magie depuis tant de temps que, fatalement, il fallait bien que ce qu'elle craignait arrivât.

Au moment où elle voulut libérer son professeur et rendre à la classe son apparence d'origine, elle fut surprise de constater qu'il se débrouillait très bien tout seul, se libérant de sa prison de glace en peu de temps. Elle se contenta d'absorber la glace qui couvrait la pièce en demandant :

Vous... Vous pouvez vous libérer de ma glace ? Etes-vous un Élémental de Glace, comme moi ?

Là, pour le coup, elle n'en revenait pas. Mis à part son premier mentor, Katerina, rencontrée dans la Toundra avant qu'elle ne rejoigne le pays de Terre, le professeur Sombresang était le seul à pouvoir faire face à sa magie quelque peu capricieuse. Ce qui intrigua la jeune femme qui s'assit face à lui, attendant une réponse.

Mon élève s'exécute avec la grâce d'un cygne. Elle enlève totalement ses gants et les déposa sur mon bureau de pin massif. J'ai hâte de voir ce dont elle était capable. Une Féral doit forcément être d'une puissance redoutable. Je reste tranquillement debout, les mains jointes dans le dos, attendant patiemment de voir ce que va devenir la salle. Quand le flux magique se libère de ses mains, il s'empresse de se propager partout comme un mal vicier et de contaminer toute la zone de son emprise glacée. Les murs se recouvrent d'une couche de glace, fine mais solide. Il en va de même pour le sol. J'aurais dû glisser et tomber si mes pieds ne commençaient pas à subir le même sort que le reste de la pièce. Mon corps commence lui aussi à geler. D'abord mes jambes, puis mon bassin, mon torse, mes bras, mais je reste tout à fait calme et un sourire orne mes lèvres lorsque, finalement, mon visage est emprisonné avec le reste. Je suis congelé, totalement paralysé de la tête aux pieds. Elle est d'une effarante puissance. Qui peut s'enorgueillir d'avoir un tel pouvoir ? J'ai même un doute quant à ma capacité à la vaincre. C'est vrai qu'une armée de basiques congelés ça ne vaut pas grand chose au combat. Je ne dois prendre aucun risque et la laisser à mon maître...

Enfin, maintenant je dois sortir de là. C'est assez simple théoriquement mais en pratique on peut avoir des surprises. Je n'ai qu'à concentrer ma magie sur un point précis ce qui brisera la glace qui m'emprisonne. Bon baaah... au boulot. En quelques secondes, c'est fait. La glace se casse en des milliers de morceaux et s'effondre à mes pieds.

- Aaaah ! On est bien là-dedans mais je préfère l'air libre...

Doucement, la petite voix de mon élève se fait entendre à côté de moi. Je n'y prête pas grande attention, occupé que je suis à épousseter ma veste.

- Vous... Vous pouvez vous libérer de ma glace ? Etes-vous un Élémental de Glace, comme moi ?

En entendant la fin de sa phrase, je tourne finalement la tête vers elle, une expression curieuse sur le visage, tout en continuant de nettoyer mes vêtements. Ma mimique se transforme finalement en un chaleureux sourire.

- Un élémental ? mmh... non, je dirais que non. Simplement, tu m'excuseras, je n'aime pas les endroits exigus. Je désigne d'un large mouvement de bras le tas de glace au sol. On est bien là-dedans hein ! Rassures-toi !

Ayant fini mon ménage, je peux voir qu'il n'y a plus de glace ni sur les murs, ni sur le sol. En fait j'ai désigné... rien du tout. Problématique ça. Oh c'est pas grave ! Tranquillement, je m'appuie le dos contre le mur en face d'elle. Et accroche un large sourire enthousiaste sur mon visage.

- Bien ! Et bah c'est sympathique tous ça ! Donc si j'ai bien compris, tu as tout d'abord besoin de maîtriser, de contrôler ta magie avant de pouvoir t'en servir efficacement ! Bien, bien... j'ai ce qu'il te faut...

De ma poche, je sors une pierre parfaitement sphérique et d'un bleu saphir envoûtant. Des éclats brillants semblent figés à l'intérieur. Je la présente à mon élève.

- Ceci est un catalyseur, assorti à ta robe en plus, magnifique. Cette pierre t'aidera à contrôler la puissance de ta magie. Si, quand tu l'utilise, tu donne trop de puissance involontairement à ton sort, et bien la pierre absorbera le surplus dans la limite de ses capacités. Par contre, il faut impérativement que tu évacues la magie emprisonnée dedans à un moment car si elle en absorbe trop, elle explose sous la surcharge et toute la magie s'en trouve libérée sous forme d'énergie. En gros, ça fait un gros, très gros "boum". Tu me suis toujours ?

Chioné sourit timidement lorsque le professeur, qui s'époussetait des éventuelles traces de glace sur son costume, répliqua avec un chaleureux sourire :

Un élémental ? mmh... non, je dirais que non. Simplement, tu m'excuseras, je n'aime pas les endroits exigus. Je désigne d'un large mouvement de bras le tas de glace au sol. On est bien là-dedans hein ! Rassures-toi !

La Reine des Neiges ne cacha pas son amusement et l'observa s'adosser tranquillement à un mur de la salle de classe, face à elle, continuant à afficher un large sourire :

Bien ! Et bah c'est sympathique tous ça ! Donc si j'ai bien compris, tu as tout d'abord besoin de maîtriser, de contrôler ta magie avant de pouvoir t'en servir efficacement ! Bien, bien... j'ai ce qu'il te faut...

Chioné haussa un sourcil en le voyant farfouiller dans ses poches, et avisa avec intérêt la pierre sphérique qu'il en sortit. Elle était d'un bleu qui allait parfaitement avec sa tenue, et dans son cœur étaient figés des éclats brillants qui rappelleraient la glace. Il la présenta à Chioné :

Ceci est un catalyseur, assorti à ta robe en plus, magnifique. Cette pierre t'aidera à contrôler la puissance de ta magie. Si, quand tu l'utilise, tu donne trop de puissance involontairement à ton sort, et bien la pierre absorbera le surplus dans la limite de ses capacités. Par contre, il faut impérativement que tu évacues la magie emprisonnée dedans à un moment car si elle en absorbe trop, elle explose sous la surcharge et toute la magie s'en trouve libérée sous forme d'énergie. En gros, ça fait un gros, très gros "boum". Tu me suis toujours ?

Chioné hocha la tête en souriant :

Oui je crois que je suis toujours... Autrement dit, de temps en temps il faut que je vide ma magie pour ne pas surcharger le catalyseur. Il faudra juste que je me trouve un endroit où je ne craindrai pas de congeler quoi que ce soit...

Mon élève semble avoir compris le système. Elle hoche la tête avant de me le prouver.

- Oui je crois que je suis toujours... Autrement dit, de temps en temps il faut que je vide ma magie pour ne pas surcharger le catalyseur. Il faudra juste que je me trouve un endroit où je ne craindrai pas de congeler quoi que ce soit...

Bon, je ne compte pas lui dire que cette innocente pierre peut aussi être une arme redoutable si elle la vide pendant un combat. Je suis pas fou non-plus. C'est une ennemi avant d'être mon élève ! Autant directement nous livrer à Aile Ténébreuse ! Non, non, non... Je préfère ne pas tous lui dire et rester sur Terra le plus longtemps possible. L'ironie est palpable quand même. Je me bat pour que les démons soit éradiqués de ce monde et en parallèle j'apprends à l'un d'eux à être plus puissant. Mais qu'est-ce qui prime ? La passion de la connaissance ou le devoir ? Une question assez philosophique dont je ne connais pas la réponse, à mon grand regret. Cependant, mon sourire reste le même lorsque je lui réponds.

- Voilà ! Tu as tout compris ! Ce genre d'endroit se trouve assez facilement. Si tu habites sur une île. Tu n'as qu'à prendre un bateau et aller un peu plus au large pour vider la pierre. Et si tu habites plus loin dans les terres... un endroit désert se trouve facilement en général.

Voilà ! Bon, je sais déjà qu'elle vit sur une île, l'île de sa famille, mais autant ne pas lui avouer les informations que je possède. Ce serait pure idiotie. Et maintenant ? Que fait-on ? Et bien on enchaîne avec la suite des hostilités ! Tsss... faut tous vous dire !

- Bien ! Maintenant il faut que tu saches que cette pierre n'est pas une solution durable. Il faut que tu apprennes à contrôler toi-même le flux de magie que tu utilises. D'autant plus que tu es une élémental, donc tu vivras trèèèès vieille si tous ce passe bien...

- Et tous ne se passera pas bien avec notre maître, n'est-ce pas ?

- Oui, ouiiii... mais, je préfère ne pas lui dire. Ça gâcherait la surprise.

Il éclate d'un rire qui résonne à l'intérieur de ma tête et je peux terminer ma tirade. J'espère que la légère absence est passée inaperçue...

- ... Donc tu dois apprendre à maîtriser tes pouvoirs. Je ne vais pas t'apprendre à être plus puissante, je pense que tu l'es déjà et ce n'est pas mon rôle. Je vais plutôt t'apprendre à l'être comme tu veux. Plutôt que de l'être trop à chaque fois.

Je fini par un clin d'œil complice.

- Tu es d'accord ?

Décidément, Chioné était bien naïve. Comme si elle pouvait se sentir en sécurité avec un parfait inconnu... Mais pour l'instant, cela ne la dérangeait pas outre mesure. Même si elle devait se méfier, surtout avec la réponse du professeur :

Voilà ! Tu as tout compris ! Ce genre d'endroit se trouve assez facilement. Si tu habites sur une île. Tu n'as qu'à prendre un bateau et aller un peu plus au large pour vider la pierre. Et si tu habites plus loin dans les terres... un endroit désert se trouve facilement en général.

Message reçu cinq sur cinq. De toute façon, elle se débrouillerait, comme d'habitude. Il renchérit pendant qu'elle attachait la pierre à son cou :

Bien ! Maintenant il faut que tu saches que cette pierre n'est pas une solution durable. Il faut que tu apprennes à contrôler toi-même le flux de magie que tu utilises. D'autant plus que tu es une élémentale, donc tu vivras trèèèès vieille si tous ce passe bien...

Chioné sourit ; oui, elle s'en doutait qu'elle devait apprendre à contrôler son flux, sinon que ferait-elle à l'Académie ? Pendant qu'il était muet, comme s'il cherchait ses mots, le souvenir de la mort de sa mère lui revint en mémoire. Si tout se passe bien, hein ? Encore faudrait-il qu'elle ne soit pas pourchassée par ceux qui lui avaient pris sa mère... Elle revint sur terre lorsqu'il reprit :

... Donc tu dois apprendre à maîtriser tes pouvoirs. Je ne vais pas t'apprendre à être plus puissante, je pense que tu l'es déjà et ce n'est pas mon rôle. Je vais plutôt t'apprendre à l'être comme tu veux. Plutôt que de l'être trop à chaque fois. Tu es d'accord ?

La Reine des Neiges s'inclina avec un sourire avant de répondre :

Évidemment que je suis d'accord, sinon que serais-je venue faire à l'Académie ?

Et un petit trait de malice, un. Le dernier avant longtemps. Chioné se concentra, prête à suivre les conseils de son professeur.

- Évidemment que je suis d'accord, sinon que serais-je venue faire à l'Académie ?

Un calme et une politesse à toute épreuve. C'est sympathique mais pas très amusant. Je préfère encore qu'elle s'énerve, surtout une semi-démone. C'est tellement plus imprévisible. Et donc potentiellement plus exaltant. La possibilité de mourir ? Je ne me sens pas concerné. Enfin, on va essayer de rendre le cours plus intéressant. J'enlève ma veste et la lance sur mon bureau et je me place en face d'elle dans l'axe du bureau. Je tends les bras comme pour montrer ma vulnérabilité. (vulnérabilité toute relative quant on peut revenir des Limbes aussi facilement que de chez le boucher)

- Bien ! Maintenant ça te dis qu'on passe aux choses sérieuses ?! Tu dois bien avoir un pouvoir offensif. Et bien je te demande de l'utiliser sur moi ! Mais sans me tuer ! Et s'il te plait... essaye de respecter la consigne...

La fin de ma phrase est un peu là pour donner le change. Je n'ai pas envie qu'elle devine que la mort n'est pas une fatalité pour moi. Je veux réellement voir de quoi elle était capable. Et quoi de mieux pour ça que de lui donner carte blanche ? Maintenant est-ce qu'elle va jouer le jeu ? Elle pourrait très bien faire une toute petite attaque ridicule. Oui, il faut que je palis à ce problème.

- Oh ! Et une dernière chose. Je ne considèrerais pas l'exercice comme réussi si l'attaque n'est pas au frontière du mortel. Ne t'inquiètes pas pour moi, vas-y à fond ! Tu as très peu de marge d'erreur. Nous verrons bien si tu es capable de contrôler tes pouvoirs avec cette pierre...

J'ai un fou rire assez conséquent qui pouvait s'avérer inquiétant. Toujours les bras écartés comme un futur crucifié. Que va-t-elle faire à présent ? J'espère qu'elle ne se défilera pas... C'est aussi l'occasion de tester ses capacités pour voir si mon maître à du souci à se faire.

Le professeur Sombresang ne perdit pas de temps ; il retira sa veste, qu'il lança sur son bureau, avant de faire face à Chioné, bras en croix, avant de déclarer :

Bien ! Maintenant ça te dis qu'on passe aux choses sérieuses ?! Tu dois bien avoir un pouvoir offensif. Et bien je te demande de l'utiliser sur moi ! Mais sans me tuer ! Et s'il te plait... essaye de respecter la consigne...

Il rajouta précipitamment :

Oh ! Et une dernière chose. Je ne considèrerais pas l'exercice comme réussi si l'attaque n'est pas au frontière du mortel. Ne t'inquiètes pas pour moi, vas-y à fond ! Tu as très peu de marge d'erreur. Nous verrons bien si tu es capable de contrôler tes pouvoirs avec cette pierre...

Puis il éclata de rire, ce qui piqua quelque peu Chioné. Ainsi, il voulait voir sa véritable puissance ? Il allait être servi !

Elle posa les mains sur son cœur avant de laisser libre cours à son sang démoniaque, se transformant comme elle l'avait fait pour tuer celui qui allait finir son funeste travail, il y a de cela quelques mois.

En pleine possession de ses moyens, elle envoya des pics de glace en direction du professeur, tout en s'avançant. Elle savait qu'il résistait à la glace, mais à des pics ? À moins d'être un mort-vivant, personne ne peut y résister. Et pourtant... Chioné était loin de se douter qu'elle allait, ou venait, de tomber dans un piège des plus subtils, trop concentrée sur son travail et sur l'idée d'impressionner son professeur. Rien ne laissait présager de ce qui allait suivre.

Je ne vais pas être déçu, j'en suis certains. Cependant n'ai-je pas été trop sûr de moi sur ce coup là ? Comment allais-je justifier que je survive à ses attaques ? Pas le temps de réfléchir plus de temps à la question. Sans mot dire, elle pose les mains sur son cœur et laisse son corps se transformer en une.... inquiétante créature. Pure incarnation de la colère démoniaque. J'ai en face de moi une âme ange avec un corps démoniaque.

- Bizarrement, toi, c'est l'inverse !

Il a peut-être raison. Toujours est-il qu'elle est désormais en train de me lancer un flot de pieux de glace sans interruption. Je suis un peu dans la mouise. Mais heureusement, ses pics ne sont pas seuls. Une sorte de brouillard glacé les accompagne et je ne vois même plus mon élève. En toute logique, elle ne me voit pas non-plus. Alors je peux me transformer rapidement. En quelques instants, mon corps est devenu un squelette tout maigre qui a bien plus de facilité à ne pas se prendre les épieux glacés. Bon, je les esquivent pas tous mais je ne pense pas qu'ils puissent briser mes os. En tout cas ceux qui me touchent. Quand elle a terminée son manège, je me retransforme illico presto avant que le brouillard ne retombe. Je ressort de celui-ci pour faire face à mon élève, vraisemblablement épuisée. Mes vêtements sont en lambeaux et le mur derrière est constellé de pics. J'espère qu'elle me posera pas des tas de questions. Cependant, un plan m'est apparu pendant cette fusillade à la glace.

- Fusillade ? C'est quoi une fusillade ?

- Euuuh... j'en sais rien en fait. Mais bref !

Oui ! Bref ! J'applaudis vivement mon élève en riant.

- Quel talent ! Franchement je suis bluffé ! Tu aurais tué n'importe qui avec une telle attaque ! Si tu veux bien, j'aimerais te présenter à mon supérieur. Le Ministre Suprême de la Magie ! Il sera tout simplement ravi de rencontrer un tel talent ! Tu es d'accord ?

Sans attendre sa réponse, je récupère ma veste sur le bureau, l'enfile rapidement et ouvre la porte de la salle. De mon bras, je désigne la sortie, attendant sa réaction. Je compte bien la livrer à mon maître. Et si je peux le faire discrètement, c'est parfait.

La petite démonstration de Chioné la laissa littéralement sur les genoux, vidant son énergie à grande vitesse. Mais cette fatigue fut plus nuancée avec la pierre offerte par son professeur, aussi se contenta-t-elle de tomber à genoux pendant que son blizzard s'amenuisait doucement.

Un peu essoufflée, elle leva la tête lorsqu'elle entendit la voix de son professeur quelques instants plus tard, applaudissant et riant :

Quel talent ! Franchement je suis bluffé ! Tu aurais tué n'importe qui avec une telle attaque ! Si tu veux bien, j'aimerais te présenter à mon supérieur. Le Ministre Suprême de la Magie ! Il sera tout simplement ravi de rencontrer un tel talent ! Tu es d'accord ?

Bizarrement, il n'avait aucune égratignure. Pour quelqu'un qui n'était pas un élémental comme Chioné, il y avait de quoi s'étonner... Mais il avait peut-être une armure ou quelque chose pour le protéger...

Chioné se redressait pendant qu'il attrapait sa veste et l'enfilait avant de lui faire signe de le suivre. Elle lui fit le geste d'attendre le temps qu'elle reprenne son souffle et qu'elle puisse faire un pas puis un autre sans trop se casser la figure.

Une fois remise de sa démonstration, elle s'empressa de le rejoindre et de le suivre dans un dédale de couloirs. Son esprit était en mode "chouette, je vais voir le Ministre suprême !", alors que justement, elle devrait se mettre en mode "méfie-toi !". Mais sa naïveté avait pris le dessus, et elle fonçait droit vers les ennuis au triple degré.

Elle accepte de me suivre, quelle bonne nouvelle ! Je m’attendais à une quelconque réticence, ou même simplement de la méfiance, mais non. Elle me suivait sans poser de questions. Sûrement trop enthousiaste à l’idée de rencontrer LA sommité de la Magie. En même temps je la comprends. Mon maître est quelqu’un de très intéressant. Malheureusement, ce qu’il lui réserve n’est pas censé lui plaire. Ou alors nous ne sommes plus à la page…

D’un pas relativement rapide, nous progressons au travers des innombrables couloirs de l’Académie pour finalement atteindre une porte, dans un couloir, parmi d’autres portes. C’était là que se trouve mon modeste bureau.

- J’ai vraiment hâte que tu es tes quartiers au ministère pour avoir un bureau plus grand…

- Je te comprends… J’ai hâte aussi.

Pour une fois que l’on s’entend sur un point lui et moi. C’est vrai que les bureaux des professeurs sont loin de la définition que je me fais du confort. Mais bon, c’est mieux que rien. Au moins j’ai un placard et je vais pouvoir me changer. D’un geste de la main, je lui désigne le sol.

- Cela te dérangerais de patienter ici quelques minutes. Je suis désolé de t’imposer cette attente mais je n’ai pas très envie de me présenter au ministère dans cet accoutrement.

Je rentre ensuite dans la salle. Elle n’est pas spacieuse mais on va l’appeler douillette, hein ? Pas la peine de déprimer non-plus. Un bureau tout simple avec un tas de papiers dessus, une bibliothèque au fond de la pièce remplie d’ouvrages obsolètes sur la magie, histoire que mes élèves aient quelque chose à lire. Il y a également un fauteuil près de la porte et un guéridon avec une bougie. Aucune fenêtre, j’y tenais à l’époque et j’y tiens toujours d’ailleurs.

Je rejoins le placard au fond de la pièce en face du bureau. Il n’était pas très grand mais à l’intérieur se trouvait un assortiment de costumes classieux. J’en choisi un assez sobre, en lin bleu océan, et l’enfile rapidement. Une fois ceci fait, je pris Nayris pour que mon élève n’en ai pas profitée pour partir en douce.

Une fois dehors je m’aperçois que ce n’est pas le cas. Ouf !

- Me revoilà ! Désolé de l’attente encore une fois. Et merci de ne pas être partie pendant ce temps.

J’éclate d’un léger rire avant de replonger mes yeux dans les siens. Assez compliqué, je devais faire un peu plus d’une tête de plus qu’elle.

- Tu me suis toujours ? Cette fois, je te promet, plus de détour.

J’arborais un faux, mais avenant sourire, légèrement charmeur je l’avoue.

Pendant qu'elle suivait son professeur, Chioné, dans son for intérieur, était toute excitée à l'idée de rencontrer le plus grand magicien du monde. Dire qu'elle marchait droit vers les ennuis, au sens propre du terme...

Ils s'arrêtèrent devant un bureau, et le professeur Sombresang lui désigna le sol d'un geste de la main :

Cela te dérangerais de patienter ici quelques minutes. Je suis désolé de t’imposer cette attente mais je n’ai pas très envie de me présenter au ministère dans cet accoutrement.

La jeune femme hocha la tête et le laissa entrer dans son bureau, pendant qu'elle allait s'installer sur une banquette à côté de la porte. Et là, le doute survint. Sans prévenir. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait, à présent ? D'ordinaire, elle ne suivait pas les inconnus, surtout quand elle ne connaissait pas leurs intentions à son égard. Mais là... Elle se sentait honteuse. Elle avait de quoi, en même temps... Elle décida de ne pas montrer son trouble, et de continuer à jouer le rôle de l'élève excitée de rencontrer le maître de l'Académie, mais cette fois, elle resterait sur ses gardes.

Quelques instants plus tard, le professeur Sombresang ressortit, vêtu d'un costume en lin couleur océan, et lui lança :

Me revoilà ! Désolé de l’attente encore une fois. Et merci de ne pas être partie pendant ce temps.

Il rit doucement avant de plonger son regard dans celui de la jeune femme et de reprendre :

Tu me suis toujours ? Cette fois, je te promet, plus de détour.

À présent sur ses gardes, Chioné trouva que son sourire n'était pas sincère - l'avait-il toujours été ? - et se contenta d'un sourire poli avant de répondre :

Oui, je vous suis toujours.

Il était trop tard pour reculer à présent... Peut-être trouverait-elle une échappatoire avant d'entrer dans le bureau du maître de l'Académie, mais il ne fallait pas rêver non plus..

Oulah, son sourire faussement enjoué ne me rassure pas… se doute-t-elle de ce que je prépare ? Je n’aurai jamais dû la laisser seule! Le silence fait naître le doute ! J’espère vraiment qu’elle ne s’enfuira pas. Je ne me pardonnerais jamais d’arriver dans le bureau de mon maître les mains vides. Je presse un peu le pas, en restant dans le dos de mon élève histoire que si elle s’enfuit, elle le fasse vers le ministère. Ça m’épargnera, au moins, du trajet. Mais j’ai de la chance, elle ne s’est pas débinée. Cependant, je le sens, elle était stressée. Est-ce la perspective de rencontré le plus grand magicien vivant ? Euh… existant ?

Arrivés au ministère par le long couloir magique, on déambule à travers d’autres couloirs, passant devant de nombreuses autres salles etc etc… Rien de bien folichon en somme. Après une bonne dizaine de minutes de promenade labyrinthique à travers tous le bâtiment, on arrive enfin au spacieux, et lourdement gardé, bureau de mon maître. Les gardes me connaissent bien et me laissent passer sans palabres inutiles. La pièce est grande, relativement peu éclairée pour la même raison que moi, et richement décorée. Des étagères couvertes de runes, des bibliothèques remplies d’ouvrages au contenu inestimable, des fauteuils en bronze de noyer tapissés de riches tissus… Une décoration que beaucoup envieraient mais à laquelle je ne porte aucun intérêt particulier. Le seul élément de la pièce qui m’intéresse est le bureau au fond, plus précisément la chaise devant la dite pièce de mobilier, et encore plus précisément l’homme qui était assit dessus. Cet homme c’est mon maître. Le sieur Malgrant Malnoir. Un homme dont l’aura inspire la peur à tous ceux qui l’approchent. J’étais toujours fébrile quand j’étais près de lui. Un effet secondaire de la transformation je suppose…

En tout cas, j’invite mon élève à se rapprocher du bureau en la poussant un peu si besoin et je la présente à mon maître.

- Salutations Ministre Suprême. Je suis heureux de vous présenter une élève talentueuse, Chioné Féral.

Je laisse traîner un large sourire cruel sur mon visage. Sachant très bien ce qu’il voudra faire d’un tel personnage. J’avais hâte de voir ça !

" _ Entrez ." Fit la voix mielleuse et solennelle du Ministre Suprême.

Au même moment , la grande porte s'ouvrit par magie, dévoilant ainsi le bureau personnel du dirigeant de la guilde magique. Sur de spacieuses étagères étaient assemblés dans un ordre parfait différents objets hétéroclites à l'apparence parfois anodine, mais aux pouvoirs certains. Des fauteuils confortables étaient disposés autour d'un grand bureau d'obsidienne sur lequel était posé une pile de papiers et autres parchemins. Magrant , à l'aide d'une plume de phénix , écrivait avec une rapide aisance ses recommandations, ses ordres et ses idées tout en signant d'autres documents administratifs , n'arrêtant son geste que pour récolter un peu d'encre sur son encrier en forme de crâne d'orc.

Sur un coussin à proximité dormait un curieux chat au pelage indigo , murmurant dans son sommeil des mots incompréhensibles avec un sourire félin sur ses babines.

La chambre était éclairée par des cristaux ronds qui diffusaient une lumière blanche diffuse. Derrière le siège flottant du Ministre se trouvait une porte à l'aspect étrange : Ronde , en acier noir , couverte d'inscriptions cabalistiques au sens caché. Elle était à la fois énigmatique et menaçante. Des rumeurs circulaient comme quoi le Ministre y enfermerait les artefacts qu'ils jugeaient comme maléfiques ou dangereux.

L'homme aux cheveux immaculés portait un élégant costume gris sombre qui lui allait à ravir , et portait sur son nez aquilin une paire de lunettes en demi-lune cerclées d'or.

Pendant quelques minutes , il continua à remplir son encombrante paperasse sans lever les yeux vers les deux personnages, absorbé par sa tâche. Tandis qu'il griffonnait , des assiettes se mirent à flotter à portée de Chioné et Hilaren , proposant quelques sucreries et amuses-gueules. Des verres se remplirent magiquement de diverses boissons toutes aussi alléchantes et encerclèrent patiemment le professeur et son élève.

Un instant plus tard , l'homme posa sa plume dans le singulier encrier puis croisa les mains dans une attitude de réflexion polie , un sourire avenant sur son visage de marbre.

" _ Salutations à vous ! Quel plaisir de vous revoir , professeur Hilaren . Et bienvenue parmi nous jeune fille . "

Puis ce fut au tour du professeur de saluer son maître et de présenter la jeune fille ... qui n'était autre qu'une des filles de la famille Féral ! Quelle surprise ! Qui aurait cru qu'une telle rencontre pouvait avoir lieu ? On peut conclure qu'Hilaren a réussi à agréablement surprendre son mentor. La famille démoniaque la plus crainte de tous les temps constituait un sérieux obstacle vers l'accomplissement des divins objectifs des adorateurs. Peut être que si Magrant réussissait à capturer discrètement cette innocente représentante de la sanglante famille , il pourrait faire pression au Patriarche Féral et l'obliger à céder à quelques conditions bien choisies ? Un otage parfait en somme. Mais pas de précipitation , le père des liches était connu comme étant quelqu'un de très patient et de particulièrement méticuleux : il ne laissait rien au hasard et planifiait des plans très élaborés.

" Allons allons , asseyez-vous , prenez vos aises , et parlons tranquillement de la raison de votre venue . " Dit-il , tendant une main amicale, tandis que les fauteuils se retournaient magiquement pour accueillir les deux personnes.

Magrant , au fond de lui , savait pourquoi l'héritier des Sombresang avait amené cette femme à l'aura glacée , mais autant jouer le jeu et faire semblant.

Un jeu à la fois .

Chioné fut prise d'un malaise lorsqu'elle entendit la voix masculine leur intimer l'ordre d'entrer. Son instinct lui criait de faire attention, qu'elle allait tomber dans un piège - si ce n'était pas déjà fait - mais impossible de faire marche arrière. La jeune femme ferait donc face à son destin, faute de pouvoir faire autre chose.

Ils pénétrèrent dans la pièce sur l'injonction du maître des lieux : une grande salle pour un bureau, songea Chioné en regardant avec appréhension le bureau. Des choses diverses et variées, qui n'inspiraient guère confiance à la jeune femme, qui décida de reporter son attention sur l'homme qui les accueillait. Il avait un air affable, avec ses lunettes en demi-lunes sur un nez aquilin, un sage. Et pourtant, Chioné n'était pas à l'aise.

Elle ne put retenir un frisson lorsque le maître des lieux déclara :

Allons allons, asseyez-vous, prenez vos aises , et parlons tranquillement de la raison de votre venue.

Deux sièges se tournèrent magiquement vers Chioné et le professeur Sombresang, et la jeune femme s'assit sur l'un d'eux, sur le bord, prête à bondir si elle se sentait réellement en danger. Elle se doutait que les événements allaient se précipiter dans les instants qui suivraient...

Un sourire que l’on pourrait qualifier de mauvais ornait mon visage. Néanmoins, je n’irai pas jusqu’à utiliser ce mot fort peu élégant. Non… mon sourire n’était pas mauvais, mais amusé. Certes, il exprimait un amusement bien plus vicieux et sadique que les simples jeux auxquels s’adonnent le commun des mortels, mais cela ne restait néanmoins qu’une preuve de la distraction que constituait, pour moi-même, ce moment. Mais qui donc ne serait pas amusé à ma place ? Je vous le demande ! La jeune demoiselle tentait fort maladroitement de paraître détendue, mais l’on devinait très aisément une terreur insidieuse qui s’emparait petit à petit de son esprit si jeune. L’un après l’autre, nous primes nos places respectives sur les sièges présentés par notre hôte. Mon regard croisa furtivement celui de mon vénéré maître, et je compris alors que son génial esprit savait déjà quoi faire d’une Féral aussi docilement offerte.

- Grand Ministre, je vous présente demoiselle Chioné Féral. Quelques heures… Quelques heures ont suffis pour que se dévoile à moi son potentiel gigantesque. Jamais encore je n’avais vu quelqu’un d’aussi doué pour la cryomancie à un âge aussi peu élevé. Un élève aussi brillant… je me devais de vous le présenter !

Tout en tenant ce discours, je simulai un enthousiasme grandissant en me levant de mon siège pour tourner, tel un corbeau patient, mais affamé, autour de la demoiselle. Ainsi, je préparai de seconde en seconde mon plan pour la capturer. Oh, j’aurai pu tout simplement lui présenter la pointe de ma lame et l’enjoindre à me suivre de gré ou de force, comme n’importe quelle brute aurait fait, mais j’affectionnai beaucoup plus la subtilité et la fourberie. Elle n’aurait même pas le temps de crier que déjà elle serait entre nos mains.

- Je me disais que, peut-être dans votre grande sagesse, vous pourriez convaincre mademoiselle des avantages qu’elle obtiendrait si elle rejoignait le ministère de la magie. Personnellement, je n’ai aucun doute quant aux innombrables compétences qu’elle pourrait mettre à notre service, mais je n’ai aucun doute également quant à l’incertitude qui doit animer cette demoiselle face à la proposition que nous lui faisons aujourd’hui !

Et alors que je m’apprêtai à terminer ma tirade, mes mains vinrent doucement se poser sur les frêles épaules de Chioné, douces et tranquilles, absolument pas affectées par la fébrilité qui animait mon esprit alors que je savais, au fond de moi, que l’homme en face de nous avait déjà prévu un plan infaillible pour attirer ce petit poisson glacé dans un filet d’acier solide duquel il lui serait impossible de fuir. C’est à vous de jouer Maître, ma lame est à votre service.

« _ Vous êtes bien crispée , jeune fille , fit remarquer le Ministre , ses yeux jaugeant la belle Chioné avec un masque d'affection particulièrement soigné. Ne soyez pas stressée en ma présence, voyons ! Prenez vos aises et savourez plutôt une de ces boissons. »

Sur ces paroles amicales, le regard de Magrant se tourna ensuite vers son plus brillant élève, Hilaren. Un dialogue silencieux se jouait entre eux, et cela par le biais de signes imperceptibles . Un simple échange de regards permettait au maître de communiquer ses intentions d'une manière explicite. Hors, sentant une fois de plus la fougue et l'impétuosité de l'ancien vampire s'enflammer, il décida de calmer ses ardeurs par les paroles suivantes :

« _ Ma foi, c'est avec un immense plaisir que j’accueillerais cette charmante demoiselle au sein de notre prestigieux Ministère ! Je veillerais d'ailleurs personnellement sur elle et la formerait pour qu'elle s’intègre parfaitement à notre communauté. »

Un message en cachait un autre , et Hilaren était assez intelligent pour décoder le vrai sens de ses paroles : Cette fille devait être capturée dans le plus grand secret pour que maître et élève puissent profiter de cette prise en toute impunité. Déjà le plan machiavélique qui allait clore le destin de la fille se dessinait dans les abysses de l'esprit du nécromancien. Et il trouva même une tâche toute particulière à son dangereux allié qui, sans doute, permettra d'assouvir sa soif d'action.

Magrant tendit la main, et aussitôt un parchemin se détacha de ses congénères en papier avant de se déposer avec grâce sur la paume du Ministre. Le sombre sir commença aussitôt à griffonner en lettres soignées plusieurs informations qui, vues de près, ressemblaient à des sortes de coordonnées très précises.

« _ Voici un lieu de rencontre, mademoiselle Chioné. Attendez-nous là-bas ce soir, un émissaire viendra vous guider vers un de nos établissements secondaires à fin de débuter votre épreuve d'intégration au Ministère de la Magie. »

Imperceptiblement, un sourire se dessina sur ses lèvres. Même lui, le froid et sombre Magrant dont on disait que l'esprit était trempé dans un acier froid et imperméable aux sentiments, ne pouvait réprimer un léger amusement de pure cruauté, bien qu'il réussit à habilement le masquer par un air tout à fait paternel envers la manipulatrice de glace.

« _ Je suis sûr que l'attente ne se fera pas longue. D'ici là, je vous conseille de rester prudente, car on raconte que de dangereux brigands rôdent dans les forêts pour kidnapper les belles jeunes filles. »

Se levant de son siège, il posa une main affectueuse sur la joue de la femme à la peau laiteuse, imitant parfaitement une attitude bienveillante.

« _ Ce serait pour moi la plus cruelle des tortures que de vous savoir aux mains de coquins sans scrupules. Vous m'êtes beaucoup trop précieuse ... »

Sur cette dernière phrase énigmatique, il retourna à son siège qui l'attendait avec impatience et reprit son travail acharné sur ses papiers.

« _ À présent, vous pouvez disposer. Professeur Hilaren, restez un moment je vous pries. »

Une fois l'héritière des Férals ayant quitté les lieux, le visage de Magrant changea complétement. À présent, c'était une façade dure et sinistre qui fixait le professeur de magie noire telle une statue inquisitrice.

« _ Ce soir, tu captureras cette Féral sans qu'elle ne se rende compte de ton identité. Je veux qu'elle ne soupçonne aucunement notre implication dans ce complot. Tâche de faire ce travail avec rapidité et sans trop éveiller de soupçons. Quant à la manière d'y procéder … je laisse ton esprit pratique concocter un plan ingénieux pour y arriver. »

La sentence venait d'être déclarée, à présent une épée de Damoclès pendait au-dessus de la tête de Chioné. Le terrible Hilaren allait exécuté la volonté de son mentor tel Gabriel s’exécutant aux ordres de Dieu. À la seule différence qu'eux d'eux représentaient le côté obscur de ce monde.

Si elle ne le montra pas, au plus profond d'elle, Chioné avait peur. Se retrouver, toute seule, avec deux individus dont l'un était son professeur et l'autre qui lui proposait de prendre une boisson pour se détendre, dans un bureau hermétiquement clos, il y avait de quoi paniquer un peu...

Le discours du professeur Sombresang, présentant la jeune femme comme un élément au fort potentiel, ne la rassura pas. Quelque chose sonnait faux, dans le ton employé par le professeur... Il termina son discours en posant ses mains sur les frêles épaules de la jeune femme, qui tressaillit au moment où il déclarait :

Je me disais que, peut-être dans votre grande sagesse, vous pourriez convaincre mademoiselle des avantages qu’elle obtiendrait si elle rejoignait le ministère de la magie. Personnellement, je n’ai aucun doute quant aux innombrables compétences qu’elle pourrait mettre à notre service, mais je n’ai aucun doute également quant à l’incertitude qui doit animer cette demoiselle face à la proposition que nous lui faisons aujourd’hui !

Là, Chioné était perdue. En soi, l'idée d'avoir un poste au Ministère de la Magie pouvait être alléchante, mais son instinct lui criait de ne pas accepter. La réponse du Ministre en rajouta une couche :

Ma foi, c'est avec un immense plaisir que j’accueillerais cette charmante demoiselle au sein de notre prestigieux Ministère ! Je veillerais d'ailleurs personnellement sur elle et la formerait pour qu'elle s’intègre parfaitement à notre communauté.

La Reine des Neiges resta muette, autant de terreur que de méfiance vis-à-vis de ces deux hommes. Non, décidément, elle n'arrivait pas à avoir confiance, à être tranquille. Elle vit un parchemin apparaître dans la main du Ministre, sur lequel il sembla écrire des coordonnées avant de le présenter à Chioné :

Voici un lieu de rencontre, mademoiselle Chioné. Attendez-nous là-bas ce soir, un émissaire viendra vous guider vers un de nos établissements secondaires à fin de débuter votre épreuve d'intégration au Ministère de la Magie.

Chioné attrapa le parchemin qu'il lui tendait et le lisait en écoutant sa recommandation : des bandits dans le coin... Pourquoi elle n'y croyait que très moyennement ? Elle n'avait plus qu'une hâte, c'était de quitter cet endroit pour souffler de soulagement. Le Ministre, se levant de son fauteuil, s'approcha d'elle en lui lançant, avant de poser sa main de façon paternelle sur la joue de Chioné :

Je suis sûr que l'attente ne se fera pas longue. D'ici là, je vous conseille de rester prudente, car on raconte que de dangereux brigands rôdent dans les forêts pour kidnapper les belles jeunes filles. Ce serait pour moi la plus cruelle des tortures que de vous savoir aux mains de coquins sans scrupules. Vous m'êtes beaucoup trop précieuse ...

Puis il revint à son fauteuil, en lui donnant congé et demandant au professeur Sombresang de rester avec lui. Chioné se leva, inclina doucement la tête et s'empressa de filer, ne se sentant en sécurité qu'une fois sortie du bureau. Comme pour illustrer son soulagement, sa magie se dépêcha d'atteindre ses mains pour couler doucement en petits flocons de neige qui s'amoncelèrent sur le sol. Expirant profondément, la jeune femme avisa son parchemin avant de se décider à se rendre au lieu de rendez-vous, avec méfiance.

Tout en retirant mes mains des épaules tendues de la demoiselle, j’écoutai avec attention le discours prononcé par le Ministre Suprême. Comme d’habitude, j’étais fasciné par son éloquence naturelle. Son talent pour enrober les messages dans de somptueux écrins qui passaient forcément mieux pour l’interlocuteur. C’était une aptitude dont mon humble être était dépourvu. J’essayai tant bien que mal, parfois, de paraître spontané et amical, mais la nature ne m’a pas donné les attributs qu’il faut pour inspirer confiance aux autres. Mais je ne m’en plains pas plus que cela, préférant mille fois plus être menaçant et inspirer la terreur aux mortels plutôt que de subtilement les amadouer comme faisait, à l’instant, mon maître.

Lorsqu’il lui communiqua les fameuses coordonnées, je me permis de jeter un rapide coup d’œil sur le parchemin que Chioné rangea bien vite. J’avais déjà deviné qu’il allait m’incomber la capture de cette jeune créature. Connaître le lieu où ça devait se passer n’était pas un détail à négliger. Je connaissais l’endroit susnommé, il n’était qu’à quelques lieus d’ici. Il s’agissait d’une clairière à la lisière d’une forêt. Reconnaissable parmi ses pairs par les restes d’un énorme sapin qui était tombé, mort, coupant désormais le petit trou dégarni en diagonale sur deux bons tiers de sa longueur. On l’appelait parfois « Le repos du soldat ». Tout concordait sauf l’affirmation comme quoi l’endroit était proche d’un bâtiment officiel du ministère. En réalité se trouvait dans les environs, non pas une escale propre et chaleureuse pour les membres du ministère et/ou de l’académie qui auraient besoin de faire une halte, mais bien une planque sans importance de moi et de mon maître destinée, le plus souvent, à ce qu’on s’apprêtait alors à y faire. Stocker pendant un temps limité des marchandises en transition.

Lorsque la jeune élémentale prit congé, je demeurai assis à ma place, sachant parfaitement qu’un tête-à-tête s’imposait entre moi et mon maître. Celui-ci ne m’annonça rien que je ne savais déjà, c’était de la pure logique après tout. La discrétion était notre maître mot et qu’elle puisse me reconnaître était, bien évidemment, hors de question. Cependant, j’écoutai ces recommandations en feignant parfaitement l’intérêt. Une fois son discours fini, je me remis debout pour dévisager le Ministre Suprême avec un sourire mauvais.

- Il sera fait comme vous le désirez, Maître. Elle n’aura même pas le temps de crier quoi que ce soit, ni même de porter un regard à son agresseur, vous avez ma parole.

Tout en chuchotant ce serment, je m’inclinai respectueusement face à cet auguste, et si terrible personnage. Cependant, mon regard restait planté dans le sien. C’était ainsi que nous communiquions le plus rapidement, et le plus souvent. Un simple regard éloquent, un simple geste, que des non-dits. Grâce à cela, il était facile pour nous de berner autrui, pour mieux le piéger. C’était si grisant… J’avais si hâte de voir la réaction de la petite Féral durant la seconde… la toute petite seconde où elle se rendrait compte de la manigance… Cette surprise, cette terreur, cette douleur… Ah ! Je n’en pouvais plus ! Il fallait que j’y aille au plus vite ! Adressant un nouveau salut solennel à mon supérieur, je sortis, avec un peu de harde je l’avoue, de la pièce pour découvrir une Chioné vraisemblablement déconcertée et terrifiée. Je lui adressai un sourire large et charmant pour essayer de la rassurer.

- Et bien mademoiselle, j’ai été ravi d’être votre professeur pendant ces quelques heures. J’espère vous croiser bientôt au ministère, où j’officie également. D’ici là je vous souhaite bon courage et à très bientôt.

Le pas léger, je me dirigeai alors vers la sortie de l’édifice afin de préparer l’enlèvement de la petite élémentale…

Alors qu'elle essayait de calmer son stress et sa terreur, Chioné vit sortir le professeur Sombresang du bureau du Ministre, et elle se crispa un peu plus. Souriant, il lui lança pour la rassurer un peu :

Et bien mademoiselle, j’ai été ravi d’être votre professeur pendant ces quelques heures. J’espère vous croiser bientôt au ministère, où j’officie également. D’ici là je vous souhaite bon courage et à très bientôt.

Merci, professeur. Ce fut... un plaisir d'être votre élève, répondit Chioné en souriant poliment, avant de le laisser partir.

Ressortant le parchemin où étaient inscrites les coordonnées de son lieu de rendez-vous, la jeune femme le regarda attentivement, essayant de les mémoriser avant de se débarrasser dudit parchemin. Le lieu de rendez-vous ne se trouvait pas loin de l'endroit où elle se trouvait actuellement, elle pouvait donc s'y rendre plus ou moins tranquillement.

Prenant une grande inspiration, elle attendit que sa magie se tarisse pour se mettre en route. Les flocons qui tombaient de ses mains finirent par disparaître, et Chioné sentit sa magie refluer jusqu'au plus profond d'elle-même, la soulageant un peu. Au moins, il n'y aurait pas de catastrophe en ce jour...

Ceci fait, elle commença à quitter le bâtiment pour se rendre au lieu de rendez-vous, un peu plus sereine. Mais se doutait-elle qu'elle marchait vers son destin ? Certainement pas. Rien ne laissait présager que ses terreurs les plus récentes allaient être justifiées d'ici quelques instants...

Sur le chemin, elle eut l'impression que l'endroit avait été déserté, et vu les nuages noirs qui s'amoncelaient dans le ciel, il y avait de quoi. Un orage se préparait, et bientôt, le déluge tomberait sur l'Académie sans préalable. Lorsqu'elle arriva au lieu de rendez-vous, elle se dépêcha de se mettre à l'abri, avant de se rendre compte qu'il n'y avait aucun bâtiment officiel à proximité...

Vite ! Vite ! Il ne fallait surtout pas perdre de temps ! J’avais déjà ma petite idée quant au plan que j’allais concocter. C’était, somme toute, assez simple. Il ne me fallut que quelques dizaines de minutes pour peaufiner chaque détail, pile le temps nécessaire pour me rendre sur place. La clairière était magnifiquement déserte ! Pas un chat, et il n’y avait aucune trace de passage régulier sur le sol. Personne, je l’espérai très fort, ne viendrait déranger le plan. De surcroît, celui-ci s’exécutait en une ou deux minutes, pas plus. Ce serait le comble si un vagabond venait à passer par là au même moment ! Non non non… Le plan allait fonctionner, c’était évident. Tandis que je m’abîmai dans mes pensées, j’y rencontrai ce même visiteur non désiré.

- Je suis peut-être pas désiré, mais il ne tient qu’à toi de me faire sortir !

- Un jour, sale impudent. En attendant, tiens-toi à carreaux où je te jure que tu sortiras pour aller directement dans le corps d’un chêne ! Comme ça tu vivras des siècles et des siècles sans jamais ni bouger, ni parler ! Et tu cesseras de me casser les oreilles.

- Ah non non ! C’est bon… tu as ma parole. Tu m’entendras moins…

- Bien…

Je l’avoue, martyriser ce pauvre esprit rien qu’avec les mots était devenu l’un de mes petits plaisirs quotidiens. Mais en même temps il me le rendait bien à jacasser sans cesse ! Enfin bref… Il fallait débuter l’opération. Allez savoir quand la demoiselle arriverait à destination. Dans tous les cas, il fallait être prêt lorsque cela se produirait. Quelques mots suffirent pour que les deux hommes chargés de l’assommer sortent du sol, tout encapuchonnés. Ah ils étaient beaux, mes morts-vivants, et il était pratiquement impossible de les confondre avec de véritables humains, mis-à-part l’odeur peut-être. Après leur avoir expliqué le plan, je me hâtai de me cacher derrière un arbre voisin, histoire d’avoir quand même la scène sous les yeux. Mes deux créatures firent de même en attendant que Chioné arrive sur les lieux. Elle avait peur, cela se sentait, aurions-nous été si malhabile que cela avec les mots ? C’était inconcevable ! Non… Il faisait nuit, au milieu d’une forêt, normal d’avoir peur.

A mon signal, qui fut aussi silencieux que la mort qui frappe aux portes des malades, le premier agent s’avança dans le dos de la demoiselle. Il l’interpella en lui touchant l’épaule assez lourdement. Bien évidemment surprise, elle se retourna vivement pour se retrouver l’instant d’après au sol, inerte. Le second agent était simplement chargé de l’assommer dans le dos à l’aide d’un morceau de bois. Et voilà ! Elle était notre désormais ! Sans le moindre bruit, je me retrouvai désormais dans le dos des deux morts-vivants.

- Bien. Vous savez ce qu’il vous reste à faire. Emmenez-là dans le lieu-dit, la vielle cabane non-loin d’ici. Je me charge de la faire sortir de ce pays misérable. Je pense passer par les couloirs magiques secrets qui relient le ministère et l’académie de magie.

Cette dernière phrase était plus une pensée formulée à voix haute qu’une réelle tirade à l’attention de mes deux interlocuteurs. Ceux-ci comprenant autant le sens de mes paroles que des poissons au fond d’une mare. Néanmoins, ils s’acquittèrent brillamment de leur tâche et emmenèrent en quatrième vitesse le corps sans conscience de la demoiselle. Eh bien… ce fut une affaire rondement menée ! A voir maintenant ce que le Maître compte exactement faire avec cette damoiselle entre les mains… Cela promettait d’être intéressant !