Histoire
Tout a commencé dans les plaines magiques de Terre. En ces lieux ou' la paix et la sérénité imprégnait l'air d'un doux voile de quiétude, naquit deux frères particulièrement spéciaux. Fruits de l'amour d'Olaf, un puissant guerrier de Saline et de Farah, belle marchande nomade du Sahawi, les jumeaux allaient partager un destin extraordinaire qui allait marquer l'histoire du monde. Avant que les deux bébés ne sortent du ventre de leur mère, les parents avaient décidé que chacun allait appeler l'un des deux selon les coutumes de leur pays d'origines. Le premier fut donc appelé Ulrik Ludolf, un nom puissant qui allait marquer le comportement de l'enfant et le pousser aux exploits les plus inimaginables. Quant au second, Farah l'appela Al-Mansur, ce qui signifiait "Le Victorieux", un nom bien particulier pour un jeune bambin mais qui allait jouer le rôle de prophétie dans les événements qui allaient suivre.
Une ère de bonheur et de joie s'en suivit. La vie plus qu'agréable dans la grande capitale de Terre était une véritable aubaine pour la famille. L'hiver éternel terminé, c'était le calme et la sérénité dans toutes les contrées et la famille en profitait pour voyager à travers le monde. Ainsi ils découvrirent les forêts luxuriantes, les plaines mystiques baignées d'une aura paisible, les grandes montagnes qui se dressaient haut dans le ciel telles les forteresses de divinités oubliées, les plages d'or et d'azur et les magnifiques palais des riches seigneurs. Ils firent connaissance avec des hommes, mais aussi avec des elfes en pèlerinage, des nains travailleurs, des anges qui quittaient Ciel pour des activités mystérieuses ... Et leurs parents ne rataient jamais une occasion pour les éduquer, leur faire découvrir les secrets du monde, les cultures et les coutumes. Si son frère Ulrik était plus passionné par les histoires des faits d'armes de leur père, Al-Mansur lui adorait écouter les récits de sa mère sur les sages et les savants.
Les deux frères, unis par le sang mais aussi par une profonde amitié, étaient presque inséparables. C'est pourquoi leur tendre mère leur offrit à chacun un pendentif à l'apparence commune, mais qui recelait un pouvoir particulier qui allait permettre aux deux frères de communiquer entre eux. Ainsi le temps passait et la famille vivait dans le bonheur et la joie. Néanmoins, tout bouscula lorsque les jumeaux atteignirent l'âge de six ans. Leur père Odal fut réclamé par son Jarl en renfort pour lutter contre une menace barbare dans la Toundra. Ce faisant, la famille ne se doutait pas que le jeune Ulrik avait suivi son père dans l'un des navires en partance pour les Glaces. C'est ainsi qu'Al-Mansur et sa mère se retrouvèrent seuls.
Ainsi séparé de son époux et de l'un de ses fils, Farah décida de conduire Al-Mansur à Sahawi afin de l'éduquer comme le voulait les coutumes des terres de Feu. Ainsi le jeune enfant et sa mère quittèrent les terres paisibles du Grand Continent pour les plaines arides du Sahawi. Les jours passaient et le jeune enfant grandissait dans ce milieu chaud si différent des terres où il avait vu le jour. À l'âge de dix ans, ils s'installèrent dans la cité aux mille merveilles : Faestelia. Il y passa deux ans d'enchantements, d'émerveillements et de fascination. Bien vite il apprit à parler couramment le Sahawien et les bases du Dahalien. Néanmoins la santé de sa mère devint précaire et elle dut se résoudre bien vite à le confier à un parent pour qu'il veille sur lui. Elle choisit alors son frère, le nomade du Désert Ali. Elle le laissa donc entre les mains de son bienveillant frère, le comblant de bénédictions et lui souhaitant bonne chance. Al-Mansur, le cœur gros, quitta Faestelia en compagnie de son oncle et depuis lors, il mena une existence de nomade.
C'est comme ça qu'il apprit les rudiments de la vie nomade dans le désert en compagnie de la tribu d'Ali. Traverser les mers de sable, chercher les points d'eaux, nourrir les chèvres et les dromadaires, camper dans la nuit glaciale et s'abriter de la chaleur étouffante du matin, affronter les razzias des pillards des sables et éviter les dangers qui se cachent derrière les dunes. Une vie rude et éprouvante, qui changea rapidement le tendre garçon en un véritable homme du désert. Grâce à son oncle, il s'adapta rapidement à ce nouvel environnement et il ne lui fallut que quelques années pour qu'il apprenne par cœur les secrets de ces terres desséchées. Il apprit à se battre, à creuser le sable brûlant, à pister, à se repérer, à nourrir ses bêtes et plus important encore, à commercer. Car le commerce des caravanes était une activité très lucrative dans Feu et le moyen de subsistance principale des nomades. Ils allaient souvent à Dahalia pour y étaler les nombreuses marchandises que l'on trouvait Au-Delà du Désert, comme le disait les Dahaliens. Puis ensuite il retournaient vers Sahawi pour y vendre les produits de la ville désertique, uniques en leur genre. Ali enseigna donc au jeune homme les secrets des échanges commerciaux et les meilleures routes pour les caravanes.
Ainsi, Al-Mansur fut assez âgé pour voler de ses propres ailes. Quittant son cher oncle, il pris alors la décision de s'installer tout près de Dahalia, dans une petite maison au sommet d'une colline de sable. Il travailla donc en tant que guide du Désert, aidant les voyageurs et les marchands à traverser l'océan de sable pour atteindre les deux destinations clés : Dahalia et Faestelia. L'activité , quoique périlleuse, permettait à Al-Mansur de toujours exercer ses talents de nomade et de se faire assez d'argent pour se sustenter convenablement dans son milieu reculé. Il vivait donc paisiblement, à admirer les étendues sauvages du désert, à contempler les lointaines murailles de Dahalia et à se laisser bercer par le chant de la nature, les cris des animaux et le souffle du vent. Sa maison était faîte de la pierre du pays, autrement dit elle était parfaitement adaptée au climat de Feu : Le jour, la petite maison était fraîche. La nuit, elle gardait une chaleur agréable. Il était même accompagné d'une fille, Aïcha. Cette dernière était une esclave de la tribu des Abbids, tribu réputée pour sa vente d'esclaves suite à de violentes razzias. Laissée pour morte sur le chemin de Sahawi, elle fut recueillie par le brave homme qui pris soin d'elle. Depuis, elle le sert comme s'il était son maître, bien qu'Al-Mansur avait fait d'elle une femme libre. En effet il répugnait l'esclavage et détestait ceux qui maltraite les hommes.
Le temps poursuivait lentement son chemin et le jeune nomade vivait une existence paisible avec la petite Aïcha. Un jour comme les autres, il était assis sur une nappe, à boire du thé à la menthe tout en discutant avec sa jeune protégée sur les récents événements. En effet des rumeurs parlaient d'un puissant démon qui s'était matérialisé sur Terre avec une armée de créatures démoniaques assoiffées de sang. De sombres rumeurs qui annonçaient la fin des temps heureux, ceux de la paix et de la bonne humeur. En plein débat sur le futur incertain de Terra, quelque chose attirât soudain l'intention du nomade. Un groupe de vautours tournaient à proximité de sa demeure , formant des cercles lents et paresseux, poussant leurs croassements caractéristiques. Curieux, il s'arma d'un bâton et d'une dague puis alla voir de plus près la cause de l'agitation des charognards ailés. Quelle ne fut sa surprise de découvrir, étendu sur le sol, un homme blessé. Inconscient, une flèche était plantée dans son épaule et des traces de brûlures au soleil apparaissaient sur sa peau tannée. N'écoutant que son cœur, Al-Mansur se saisit de l'homme, examina son pouls pour le conduisit chez lui, au grand malheur des vautours affamés qui protestèrent par des cris de colères .... impuissants.
Al-Mansur pris soin du blessé. Grâce à l'aide d'Aïcha, il parvint à guérir la méchante blessure ainsi que la fièvre qui venai de s'emparer de lui. Quelques jours plus tard, l'homme reprit connaissance et recouvrit ses forces. Il se présenta sous le nom de Khalid Marzouk, chef de la grande tribu des Nassr (aigles). Le grand homme expliqua à ses hôtes qu'il avait quitté son campement en compagnie d'une escorte pour nouer des relations diplomatiques avec une tribu voisine, mais ce faisant, il tomba dans une embuscade de maraudeurs des sables. Nombreux et bien armés, ils eurent rapidement raison de l'escorte du chef et tentèrent d'abattre ce dernier. Par un fabuleux hasard, il parvint à leur échapper en pénétrant dans le cœur du désert tant redouté. Néanmoins, il n'avait put éviter l'un des projectiles des maraudeurs qui l'atteignit à l'épaule. On dit qu'un homme blessé dans le désert est condamné. Ça aurait put être le cas de Khalid si les dieux n'avaient pas guidé cet homme jusqu'à la demeure du nomade. Quel miracle, les trois personnages eux-mêmes n'en revenaient pas.
Cette rencontre allait bouleverser à jamais la vie de l'homme du désert. On pourrait croire que c'est le destin lui-même, capricieux, qui décida de faire rencontrer ces deux hommes. En effet plus les deux personnages parlaient, plus ils se trouvaient des points communs. L'un et l'autre étaient passionnés par la science et la culture et tout deux chérissaient la paix et la bonté. Mieux encore, les récits de Khalid émerveillaient Al-Mansur, de telle sorte que le chef des Nassr venait de graver dans l'esprit de son hôte une conviction et un objectif qui deviendra une de ses raisons de vivre : unifier Feu. Les tribus, malgré leurs rancœurs, leurs dissensions et leurs rivalités, avaient l'intime espoir qu'un jour, quelqu'un ou quelque chose, allait rassembler tous les hommes des terres de Feu sous une seule bannière. Un messie, un héros qui allait libérer le continent des ténèbres pour le conduire vers un âge d'or radieux. Magnifique espoir. Aussitôt Al-Mansur s'imaginait être l'un des hommes qui allaient soutenir ce fameux messie. La perspective était fabuleuse et il sentit son cœur commencer à battre la chamade rien qu'à l'idée de participer à de tels événements .... Ah, son frère serait fière de lui !
Devenus très proches, Khalid proposa à Al-Mansur de rejoindre sa prestigieuse tribu en tant que l'un de ses conseillers et bras-droit. Il avait besoin d'hommes intelligents et forts pour affronter les multiples menaces qui faisaient surface : Au Sud, les partisans du Grand Démon étendaient leurs conquêtes et projetaient de pénétrer les frontières de Feu. À l'est, les clans cannibales multipliaient leurs incursions sauvages et leurs raids dans des buts religieux douteux. Dans le désert même, le nombre des razzias orchestrées par les pillards des sables se multipliaient, profitant de ces troubles pour accroître leurs richesses. Plus que jamais, la tribu des Nassr devait rassembler des hommes valeureux pour lutter contre ces dangers. Ambitieux et émerveillé par les nouvelles perspectives que cela impliquait, le jeune homme ne put qu'accepter. Et c'est ainsi qu'Al-Mansur devint l'une des personnes les plus affluentes de la tribu des aigles.
Notre valeureux nomade passait son temps à participer aux conseils de la tribu et à œuvrer pour son bien. Il se démarqua par sa pertinence et ses conseils avisés, mais aussi par une logique et une intelligence particulière. Quand des ennemis passaient à l'attaque, il était toujours là pour défendre la tribu au péril de sa vie, se battant avec fougue et férocité. Dans ses temps libres, il allait visiter les Fquihs, ces sages qui vivaient isolés dans leurs simples demeures, pauvres, mais riches de sagesse de et de savoir. Il était friand de connaissances et absorbait chaque information, sa mémoire était une cire fraîche qui retenait sans mal chaque chose. Il racontait des histoires aux enfants, participait aux activités quotidiennes (prières, nourrir les chèvres, établir un campement, veiller la nuit) et discutait souvent avec Khalid sur le futur incertain de leur mère-patrie.
C'est alors que l'événement principal de la vie de ce cher guerrier du désert allait débuter par un premier acte, et pas des moindres. Tout commence lorsqu'Al-Mansur entend parler des agissements de la tribu esclavagiste des Abbids, ceux-là même qui ont maltraité Aïcha, sa pauvre protégée. Selon le rapport d'un éclaireur, il semblerait qu'un violent conflit a éclaté entre le chef de la tribu, Marwan Bouchaïb et l'un des hommes de main de Khalid. La dispute s'était vite changée en combat et, surpassé par le nombre, l'homme fut capturé par les esclavagistes. Lors du conseil des sages, Al-Mansur se porta volontaire pour venir négocier avec Marwan. L'un des Fquihs le mit en garde : Marwan était un homme cupide et sournois, qui n'a aucun scrupule à trahir les hommes pour s'enrichir. Il est par ailleurs le chef d'une des tribus les plus redoutables. Écoutant les sages conseils des vieux, il hocha la tête, médita un moment puis sourit, les apaisant en disant que l'avenir est entre les mains des jeunes et qu'ils pouvaient lui faire confiance. Pendant trois jours, il prépara son plan, se renseignant sur les habitudes des Abbids, leurs alliés, leurs ennemis, leur organisation. Puis quand il se sentit prêt à rencontrer les redoutés personnages, il fit part à Khalid de son plan et lui assura que tout allait bien se passer. Enfin, il quitta le campement à dos de chameau, accompagné de Hassan et Samir, les deux hommes en qui il avait le plus confiance.
Ils arrivèrent finalement devant le camp de la tribu, accueillis par des regards hostiles et farouches. Plusieurs esclaves était ligotés par d'épaisses cordes, à peine vêtus et exposés aux cruels rayons du soleil. Un spectacle des plus désolants. Un homme noir armé d'un large sabre les conduisit vers la tente du chef. En entrant, ils furent surpris de découvrir à quel point la tente était richement décorée. Un parfum d'encens flottait dans l'air. Assis nonchalamment sur un coussin se trouvait Marwan. Portant des habits rouges et blanc, une écharpe de soie enroulée sur la tête, il fumait un narguilé tout en fixant les arrivants avec ses yeux pétillants de malice.
"_ Mais je vous en prie, dit-il d'une voix pleine de dédain, installez-vous."
Al-Mansur et ses hommes s'assirent près du chef, devant une table basse où était exposé des fruits exotiques, met rare dans ces terres arides. Notre héros débuta la conversation par quelques politesses, puis entra dans le vif du sujet. Il lui demanda de bien vouloir libérer l'homme qu'il avait capturé. Pendant ce temps, Marwan se saisit d'une branche et commença à frapper les jambes d'une esclave qui avait accidentellement fait tomber le contenu d'un plateau. Méprisable ...
"_ Marwan, arrêtez de vous en prendre aux faibles ! Je suis venu ici, sous l'autorité de Khalid, chef de la tribu des Nassrs, afin que justice soit faîte. Et j'exige que vous libériez toutes ces pauvres personnes de leurs chaînes ! Nous vous dédommagerons ..."
La réponse du chef des Abbids fut un rire de mépris ponctué d'une grimace de déception.
"_ Je n'ai pas d'ordres à recevoir de qui que ce soit. Gardez donc votre argent, j'en gagne trois fois plus au marché des esclaves ! Et d'ailleurs, pour m'avoir fait perdre mon temps dans des histoires de morales, je vais vous vendre à Dahalia ! Je suis sûr que j'en tirerai un bon prix !"
Et sur ces mots, plusieurs hommes brandirent leurs armes et encerclèrent les messagers. Impassible, Al-Mansur se releva lentement, sans pour autant se saisir de son arme. Puis il fixa longtemps le fourbe nomade avant de lui dire d'un ton calme :
"_ Je m'en doutais, Marwan. Heureusement, j'ai tout prévu ... Je ne suis pas votre prisonnier, c'est vous qui l'êtes."
Tout autour du camp apparurent alors des cavaliers armés d'arcs , de lances et de sabres, qui encerclèrent rapidement le campement, prenant de cours les sentinelles attirées par l'agitation dans la tente de leur chef. Rapidement, ils furent maîtrisés sans qu'il ait à faire couler le sang. Beaucoup se rendirent, et d'autres prirent la fuite. La victoire était complète. Aussitôt Al-Mansur libéra les prisonniers, et leur offrit des chevaux et des vivres pour qu'ils rejoignent leurs tribus respectives. Marwan et certains de ses sbires, par un procédé inconnu, purent s'échapper de la vigilance des nomades et prirent la fuite vers une destination inconnue. Mais qu'importe ! Al-Mansur venait de brillamment se débarrasser de l'un des plus dangereux adversaires de son clan. Plus surprenant encore, il promit la liberté aux captifs de guerre en échange de leurs services. Ainsi ils purent tous rentrer chez eux, vaincus mais indemnes. ne grande victoire en effet, qui allait marqué la légende d'Al-Mansur Le Victorieux.
Deux ans plus tard, le dernier acte qui allait à jamais bouleverser son existence eut lieu. Khalid appella au Jihad contre les ennemis de Feu. D'après des espions, un groupe d'officiers au service du Roi-Démon tentaient de prendre le contrôle d'une zone de Sahawi stratégique. Ils 'auraient guère constitué une menace s'ils n'avaient pas réussi à rallier à eux de nombreux renégats du désert, en particulier les vaincus Abbids assoiffés de vengeance. Pire encore, ils promirent à Mawloud, le cousin exilé de Khalid, de le mettre à la tête d'une grande tribu s'il les aidait à repousser toute menace venant du désert. Mawloud avait été bannit de la tribu des Nassrs pour avoir tenté d'assassiner son cousin et prendre sa place en tant que chef. L'an dernier, il avait même tenter de rallier à lui la vielle tribu des Baders pour les supprimer, mais sans succès. Désormais ils constituaient une véritable menace et des rapports disaient même qu'ils avaient fait appel à des clans cannibales de Sahawi. La tribu rassembla aussitôt ses hommes et marchèrent vers l'ennemi dans un courage et une détermination sans faille.
L'ennemi se fortifiait petit à petit à proximité d'une savane. Ils venaient de débuter la construction d'un fortin. Le moment était idéal pour les balayer d'une furieuse attaque de cavalerie. Khalid et Al-Mansur purent apercevoir les ennemis grouiller tout autour de la future fortification. Au centre se trouvaient les officiers de l'Empire qui tournaient autour de trois balistes à l'apparence redoutable. À l'aile Ouest se trouvaient les cannibales, masse grouillantes d'hommes à la peau d'ébène recouverte de peintures de guerre blanche, dansant autour d'une flamme pour exercer quelques rites païens. Des sorciers vaudou hurlaient des incantations tandis que les guerriers agitaient leurs lances et leurs boucliers d'osiers en poussant des cris gutturaux. Loin de cette agitation, à l'aile Est se tenaient les parias et renégats de Feu, emmitouflés sous leurs cagoules et rassemblés en un seul groupe autour de quelques tentes. Ils contrastaient clairement avec l'armée bruyante des sauvages. Le combat allait être rude. En effet les connaissances militaires des officiers combinés à la sauvagerie guerrière des cannibales et aux redoutables nomades exilés formaient une alliance des plus difficiles à briser.
Tandis qu'ils préparaient leurs cavaliers pour un assaut général, un nuage de poussière apparut au loin. Craignant que ce soit une embuscade, les Nassrs se rassemblèrent pour contre-attaquer, mais bien vite ils constatèrent que ce n'était pas des ennemis. C'était d'autres nomades de différentes tribus qui venaient les rejoindre. Ils en comptaient des dizaines, voir plus. Une véritable armée. L'un d'eux se présenta sous le nom d'Aber Khan, chef de la tribu des Moulouks et demanda à voir Al-Mansur. Ce dernier, surpris alla à la rencontre du grand homme qui le salua comme un ami :
"_ Frère, tu es un héros. Grâce à toi nos enfants, nos femmes, nos amis et nos frères ont été libérés du joug de ces maudits Abbids. Pour cela, tu as notre amitié. Nous allons combattre à tes côtés et chasser ces maudits envahisseurs !"
Galvanisé par cet événement presque historique, Al-Mansur lança un sourire radieux aux chefs alliés, avant de hocher la tête devant son ami Khalid. Désormais, l'équilibre de la balance penchait en leur faveur ! Une heure plus tard, ils donnèrent l'assaut. L'attaque éclair fut si rapide que l'ennemi ne put se préparer à temps à cette furieuse offensive. Néanmoins les balistes purent atteindre quelques hommes qui, fauchés, s'écroulèrent sur le sol. Furieux, les nomades s'abattirent comme un raz-de-marée, balayant tout sur son passage. Les projectiles pleuvaient, les cris de guerre résonnaient comme l'orage et le bruit du fer qui se croise surmontait tout autre son. La bataille était d'une rare violence. Les guerriers du désert tiraient avec une terrible précision des flèches tout en montant leurs chevaux et l'ennemi ripostait de mieux qu'il pouvait. Les javelots des indigènes n'étaient pas assez rapides pour atteindre les cavaliers et les renégats n'étaient pas assez nombreux pour rivaliser avec leurs pairs loyalistes. Seuls les balistes et les arbalètes des partisans du Démon Noir éventraient leurs rangs.
Au cours du combat, notre cher héros affrontait le patriarche du clan sauvage. Un colosse noir, à la langue rouge et aux dents taillées en pointes. Portant pour seul vêtement un pagne végétal , il exhibait fièrement ses peintures de guerre blanches et ses trophées macabres. Le cannibale brandissait une redoutable massue en pierre qu'il magnait avec une efficacité monstrueuse. Poussant un cri bestial, il chargea, et le duel à mort commença. Al-Mansur esquivait rapidement les coups du colosse, sachant qu'il serait risqué voir suicidaire de parer ses puissantes attaques. Il reculait tout en attendant le meilleur moment pour frapper. Le sombre combattant commençait à fatiguer, mais surtout à se mettre de plus en plus en colère. Pris de rage, il leva haut sa massue pour fracasser le crâne de son adversaire. Fatale erreur, il venait de lui offrir la faille qu'il escomptait. Aussitôt son cimeterre siffla et pénétra profondément dans son torse, le transperçant de part-en-part. Le cannibale, surpris, regarda sans comprendre la lame plantée dans son corps, puis cracha une gerbe de sang sur le sol. Le héros extirpa alors son arme du corps musclé de son ennemi qui s'effondra lourdement sur le sol en expirant. Démoralisés, ses pairs prirent la fuite, poursuivis par les fougueux cavaliers des sables. La victoire semblait acquise, et Al-Mansur chercha des yeux son chef. Khalid affrontait deux traîtres dont l'un tomba rapidement sous ses coups. Le second préféra fuir plutôt que de poursuivre le combat. C'est alors qu'une scène dramatique se produisit. Sortant de derrière un rocher, Marwan, le perfide chef des Abbids, arma une arbalète récupérée des mains froides et inertes d'un soldat impérial et tira, touchant en plein cœur le chef des Nassrs. Ce dernier tomba par terre, mortellement blessé. Poussé par une fureur sans précédent, Al-Mansur se saisit de sa dague, et dans un geste rageur, la projeta vers son ennemi de toujours. La dague se planta dans la gorge du maudit traître qui agonisa sur le sol dans un gargouillis effroyable, les yeux convulsés et le corps tremblant sous de violents spasmes. Le renégat le plus haït du désert venait de mourir.
La victoire venait d'être acquise, mais le chef des Nassrs était mourant. Al-Mansur s'agenouilla aussitôt vers son ami et le pris dans ses bras, lui murmurant des paroles de réconfort. Khalid sourit pencha la tête tandis que les autres chefs se rassemblaient autour de l'homme agonisant. Dans un ultime effort, il souffla ces mots à l'intention de tous :
"_ Mes amis, mon voyage se termine ici. Mes ancêtres m'appellent et je vais bientôt les rejoindre. Je vous remercie pour votre soutien, soyez bénis. Mais avant de quitter ce monde, je tiens à nommer mon frère et ami de toujours, Al-Mansur, chef de ma tribu. J'ai l'intime conviction qu'il pourra unifier tous nos frères sous une seule bannière et conduire notre pays dans une aire de prospérité ... Adieu ..."
Puis il expira et il plongea dans un sommeil éternel. Al-Mansur baissa la tête en signe de deuil, tandis que des hommes portaient la dépouille du mort. Triste fin pour une victoire si complète. Il leva lentement les yeux pour embrasser le champ de bataille du regard. Des corps jonchaient le sol, mutilés. Les indigènes s'étaient enfuit un peu partout, se dispersant comme la poussière sous le vent. Les officiers, eux, se sont rendus. Quant aux renégats, ils préférèrent combattre jusqu'à ce que mort s'en suive plutôt que de se rendre. On appris rapidement pourquoi l'ennemi avait choisit cette terre : Ils étaient parvenus à découvrir une mine regorgeant de platine, un véritable trésor enseveli qu'ils auraient sans doute exploité au profits de leur sombre seigneur. Les prisonniers furent conduits devant le nouveau chef, attendant leurs sorts. Qu'elle ne fut pas leur surprise lorsque l'illustre personnage les libéra en leur promettant de les ramener sains et saufs chez eux si, en échange, ils apprenaient chacun à dix de ses hommes à lire, écrire et compter. Un acte d'une telle bonté, si rare dans ce monde impitoyable, toucha profondément les officiers et encore plus les autres nomades qui s'étaient rassemblés autour de cet héros. Certains fondirent en larmes, d'autres balbutièrent des remerciements. Tous débordaient de reconnaissance.
Le voilà qui se tenait droit sur un bloc de granit, fier, le vent faisant mouvoir ses mèches rebelles. Le soleil éclatant vint alors projeter ses rayons éblouissants sur lui, l'irradiant d'une aura dorée comme un manteau divin. Un spectacle extraordinaire, peut être même un signe divin. Tous murmurèrent entre eux devant un tel événement, certains disaient qu'il était le messie envoyé par les dieux et d'autres prédisaient déjà un avenir radieux sous sa bannière pour leur pays. Tous lui jurèrent alors allégeance et le surnommèrent El-Dahabi, Le Doré, en hommage à cette glorieuse bataille. C'est ainsi qu'il devint l'émir de ces terres, et qu'il unifia toutes les tribus qui avaient participé à cette bataille pour s'installer dans ces terres riches, si proches du désert qu'ils chérissaient tant et aussi si proche de la mer, cette fascinante étendue d'eau. Une cité naquit, prospérea et les tribus ne firent plus qu'un.
Voilà comment ce termine l'épopée d'Al-Mansur. Mais ce n'est qu'une première aventure parmi les nombreuses qui allaient tisser la légende du Victorieux ...
- Citation :
- Raconte les premières mesures politiques que prit Al-Mansur à l'égare de son peuple nouvellement unifié et des relations avec ses voisins (Faestelia, Chambellan...etc), une fois parvenu au rang d’Émir.