[terminé] Un blessé... original.

L'été était décidément la saison préférée de la Nymphe. Les jours étaient plus longs et plus chaud, et Drayame s'emplissait de senteurs et de denrées délicieuses au gout de la Nymphe. Cette dernière avait passé les premières heures de la matinée allongée au creux d'une clairière tapissée d'une mousse moelleuse et confortable. Les yeux clos, elle s'était laissée aller à écouter les bruissements de la forêt l'entourant. Le vent effleurait son visage en une caresse bienveillante alors que le soleil réchauffait peu à peu les sous bois de ses rayons chaleureux.

Oui, elle aimait l'été plus que toutes les autres saisons, indubitablement.

Cependant, elle ne pouvait se permettre de passer toute ses journées à lézarder ainsi au soleil, même si l'envie de lui en manquait pas. Cette saison était prospère, et maintes denrées précieuses de la forêt n'attendaient que d'être trouvées par la demoiselle. C'était le moment idéal pour faire ses provisions pour l'hiver à venir. Elle avait déjà constitué un stock conséquent de fruits séchés ou transformés en délicieuses pâtes de fruits qui se conserveraient pour les mois à venir. Elle avait aussi fait des confitures grâces aux bocaux de verre troqués aux elfes contre des herbes médicinales l'année passée. Au lieu du sucre habituellement utilisé, elle s'était servie de miel ou de sirop d'érable. On trouvait tout à Drayame, pour peu qu'on sache où chercher.

Tranquillement, Svelyana se redressa avant de s'étirer avec un soupir satisfait. La matinée était bien entamée, et le soleil brillait haut et fort. Elle aimait cette chaleur sur sa peau... Elle chassa quelques brins d'herbes et brindilles de son opulente chevelure rousse avant de finalement se relever. Alors qu'elle se demandait quel coin de Drayame elle allait prospecter aujourd'hui, un oiseau noir et blanc vint se poser au sommet de son crâne dans une envolée de plumes et pépiements enthousiastes. 

- Svelyana! Svelyana! J'ai trouvé du miel! Attrapes-en pour moi!
- Bonjour Mani. Où ça?
- A à peine dix battements d'ailes au sud! On y va?

La Nymphe réfléchi un instant. Cela devait faire quelques minutes de marche à travers les arbres et bosquets. Pour peu que la production de ces insectes travailleurs aie été abondante, peut-être consentiraient-ils à lui en céder un peu?

- Très bien, allons-y!

Guidée par la pie toujours perchée sur sa tête, Svelyana attrapa sa sacoche et dirigea ses pas vers la direction indiquée par son amie à plumes. Quelques minutes plus tard, elles se retrouvèrent au pied de l'arbre dans lequel les butineuses avaient établit leur ruche. Quelques ouvrières dévièrent leur chemin pour venir observer les nouvelles arrivantes, intriguée par l'essence pacifique de la Nymphe.

- Bonjour. Je fais mes provisions pour cet hiver, seriez vous prêtes à me céder un peu de votre miel?

Un bourdonnement intense se fit entendre. Le son n'avait aucun sens pour ceux que ne savaient pas écouter. Mais les Nymphes, elles, le savent. Les abeilles n'entendaient pas céder ainsi leur précieux nectar. Cela dit, la demoiselle s'y attendait quelque peu. Elle n'était pas venue les mains vides, aussi, elle présenta son moyen de paiement aux insectes.

- Et contre ce beau bouquet de lavande fraichement cueillie? Elle vient de la lisière sud, je l'ai ramené hier soir. Les fleurs sont gorgée de pollen, qu'en dites vous?

Le bourdonnement se fit approbateur, et finalement, les butineuses se mirent d'accord pour céder à la Nymphe deux rayons de leur précieux miel. Pas plus. Les remerciant d'un sourire, la demoiselle escalada agilement l'arbre pour s'approcher de la ruche. Elle s'empara de ce que les abeilles lui dirent de prendre, emballant le butin dans de larges feuilles de marronnier, avant de coincer son bouquet de lavande dans un creux d'écorce, bien en évidence. Heureuses, la Nymphe et la pie repartirent vers la tanière de la première, la seconde la harcelant pour obtenir un peu de miel sucré.

- Attends qu'on arrive! Je t'en donnerai, promis.

Babillant gaiement à travers bois, les deux amies arrivèrent à destination. A son arrivée à Drayame, la Nymphe s'était établie dans une petite clairière, au creux de laquelle coulait un ruisseau d'eau claire et pure. Elle avait réussi à persuader un arbre de l'accueillir et de modeler ses racines de façon à lui créer une large et confortable habitation, la protégeant de la pluie et du froid. Elle avait aménagé cette tanière, de sorte qu'il s'agissait maintenant d'une vraie maison. S’engouffrant dans l'habitation, elle y rangea précieusement le miel, n'en gardant qu'un peu à déguster dans l'instant. Revenant sur ses pas, elle s'assit finalement au bord du ruisseau, y trempant les pieds avant de finalement offrir le miel à la pie qui n'avait cessé de la harceler entre temps. C'était doux et sucré, un vrai délice. Se léchant les doigts, la Nymphe se laissa tomber en arrière avec un soupir de contentement.

Quelle journée douce et paisible...

Baladons – nous, baladons- nous, baladons- nous… Dans la forêt, dans la jolie forêt. Sigmond se faisait une joie de revoir la forêt de notre rencontre. Et on espérait revoir Alfred, le lapin et ses conseils ! Il nous manque. Il faisait beau, le soleil était dans les cieux. Les nuages étaient presque absents de ce ciel, si magnifique. Je m’étais habillée simplement. Je portais un long pantalon brun dont les pans étaient cachés dans mes bottines à lacets noirs. En j’avais une tunique à manche courte de couleur vert sombre, laissant le dos à moitié nu, pour que mes ailes puissent se sentir libre. A mes mains, j’avais des gantelets de tissu de même couleur que ma tunique, entouré d’un fin ruban blanc. Autour de la taille, j’avais une ceinture qui se mariait avec mon pantalon. A cette ceinture, une lame était accrochée. J’avais ma sacoche avec quelques objets. Mes longs cheveux pourpre était tressée entre mes deux ailes noires, laissant les plumes dansaient au bout. Tout était attaché par un ruban blanc.

Sigmond quant à lui, il était dans mes bras, contre mon cœur. On avait hâte de sortir, de voir ces arbres qui grandissaient paisiblement sous les rayons du soleil. On avait fait notre petit camp pour quelques jours aux abords de la forêt. Mon cheval dont sa robe était si belle avec ce brun et ce blanc surveillait l’endroit.

On était parti très tôt. J’avais pensé à emmener une gourde, et de quoi manger dans ma sacoche. Je posais Sigmond, une fois dans la forêt. De ma main, je lui insufflais le courage de marcher. J’aime le voir dandiner tout en essayant de ne pas tomber, alors qu’il faisait des petits bruits. Il était toujours chou ! Je le suivais paisiblement en lui demandant de ne pas trop s’éloigner. La forêt est grande et je ne voulais pas le perdre. Toute la matinée se passait sans souci. On a trouvé un joli coin près d’un ruisseau pour pic- niquer. Il faisait bon. Ca me donnait même envie de me baigner. C’est l’été ! On voit la nature danser au rythme de la chaleur et du soleil. Sigmond se rapprocha de l’eau pour sauter dedans. Son instinct doit lui souffler de nager.

Je rigolais, cela m’amusait. Il était tout drôle à vouloir sauter dedans. Il le fera surement, ce n’est pas grave. Cependant, il va être tout mouillé ! Heureusement qu’il n’y a pas de courant, sinon j’étais bonne pour lui courir après. C’est que sans m’y attendre, une bête laide, hideuse, et poilue me vola mon Sigmond… Je paniquais. La peur qui se grava dans mon ventre, la chair de poule sur ma peau. Mais je ne l’abandonnerais pas ! Je me mis à courir, en prenant mes affaires. Je le suivais sans relâcher. J’avais appris à suivre une piste au fil de ce siècle passait dans cette forêt. Je suis vraie pisteuse !


Un moment affolée, je tombais, à cause d’une racine. J’ai cru un instant avoir perdu Sigmond pour toujours. Mes larmes coulaient déjà quand je vis une petite patte orange en me redressant. Je me mis à genoux et je vis Sigmond par terre plus loin. Je soufflais, soulager. Je marchais à genoux, je l’attrapai, serrant dans mes bras. Il ne bougeait plus. Il a eu très peur. Quand je vis sa petite aile saignée, je criai.


- Nannnnnnnnnnnn !


Il perdit un peu de coton… Je pleurais fort. Je le sauverais ! Je ne le rejetterais pas ! Je ne l’abandonnerais pas comme ces anges qu’ils l’ont fait avec moi… JAMAIS !!!


- Tiens bon Sigmond ! Ce n’est pas grave ! Je vais te sauver ! Je te le promets ! Toujours avec moi ! Toujours ! TOUJOURS !

Je criais alors que mon esprit cherchait une idée pour le sauver.

Enveloppée dans son monde de sérénité et de douceur, Svelyana n'avait aucune conscience du drame qui se jouait plus loin, en amont de la rivière dans laquelle elle trempait ses pieds, les gardant au frais après sa longue marche de la matinée. Le gout sucré du miel restait encore sur le bout de sa langue, empreignant sa bouche de cette saveur à la fois forte et délicate. La Nymphe aimait ces plaisirs simples offerts par la nature à qui savait les demander, ou en l'occurrence en faire le troc. Mani était encore en train de picorer avidement sa part de la friandise, tout émoustillée d'avoir pu obtenir cette denrée si précieuse sans braver les dards acérés des abeilles. Ces insectes travailleurs et opiniâtres savaient défendre leur ruche !

Instinctivement, comme elle le faisait lorsqu'elle était au calme, Svelyana tendit l'oreille et laissa ses sens acérés la porter aux quatre coins de Drayame, à l'affut de tout ce qui pourrait lui être utile. Comme toujours, les arbres chuchotaient entre eux, parlant des ombres qui s'étendaient sur le monde. Cette maladie capable de ronger les chairs qui commençait à s'étendre dans les plaines, dévorant tout ce qui était vivant sur son passage, ne laissant que des cadavres ambulant derrière elle... La Nymphe s'interrogea sur cette nouvelle maladie. Ses pouvoirs de guérison pouvaient-ils en venir à bout? Car si elle était relativement limitée en métamorphose, ses dons de guérisseuse, eux, étaient particulièrement développés. Des bruits de course, la grondement d'une créature qui n'aurait pas du se trouver dans ces bois si paisible. Un prédateur... Et puis des cris, et des pleurs de détresse.

Svelyana se redressa brusquement, sa longue chevelure rousse toute ébouriffée. Il se trouvait quelqu'un non loin de là qui avait besoin d'aide, peut être pourrait-il faire quelque chose..? A côté d'elle, la pie lissait ses plumes soigneusement, les faisant briller, insouciante.


- Mani, quelqu'un a peut être besoin d'aide, je vais voir.
- Hein? Mais je n'ai rien entendu!
- Moi, si.

Et quelle voie pouvait-être plus rapide que celle des airs pour arriver au plus tôt à destination? Les traits de la demoiselle semblèrent soudain perdre leur forme originelle pour sensiblement rétrécir. Les vêtement tombèrent avec un bruissement au sol, en un tas informe alors que leur occupante flottait désormais dans les air, battant de toute la force de ses petites ailes. Un colibri aux couleurs vives et brillantes se tenait là, faisait du sur place le temps de s'habituer à cette nouvelle forme. Une fois acclimatée, Svelyana fila à toute vitesse vers l'endroit où l'on avait peut être besoin d'elle. Sa curiosité piquée, la pie la suivi sans hésité, les deux volatiles s'envolant à tire d'aile.

il ne suffit à ces deux oiseaux que quelques instant pour arriver à destination. Reprenant son vol stationnaire alors que Mani se posait un peu plus haut, Svelyana fit une rapide analyse de la situation... Plutôt étrange. Une jeune femme à la chevelure rougeoyant se tenait là, criant et pleurant toutes les larmes de son corps. Contre elle, elle serrait ce qui semblait être un animal en peluche, plutôt mal en point. Était-ce la raison de sa détresse? Le colibri s'approcha un peu plus jusqu'à ce tenir face à la demoiselle, la regardant dans les yeux, se demandant quelle attitude adopter face à cette situation pour le moins... inattendue. Décidant de se montrer, la Nymphe retrouva forme humaine, atterrissant gracieusement - et parfaitement nue - face à l'inconnue éplorée.

- Euh... Je peux t'aider...?

Le pauvre petit Sigmond ! Il pleurait et il avait mal. Que pouvais – je faire. Je n’avais pas de quoi le soigner, tout était au camp. Je ne pensais pas que les vils animaux de cette forêt s’en prendraient un joli pingouin comme lui. Je le câlinais fort contre moi, pour le rassurer. Mes ailes noires s’agitaient comme stresser par ce qu’il nous arrivait.
Que dirais Alfred le lapin ? Il dirait que ce n’est pas grave, et qu’on peut toujours le soigner, j’en suis sûre. Il savait toujours comment rassurer, et comment montrer le bon chemin. Mais aujourd’hui, loin de nous, il doit manger une carotte paisiblement. Le chanceux !

Alors que je cherchais une solution pour sauver Sigmond, pour pas qu’il perde son aile, une femme aux oreilles pointues tomba du ciel, nue. Je la regardais avec des grands yeux. Elle n’avait pas d’ailles, donc ce n’est pas un ange, heureusement ! Les anges sont des démons déguisés. Elle me demanda si j’avais besoin d’aide. Elle ne voit donc pas qu’une petite créature avait l’aile blessée. Etait – elle aveugle ? Ou sans cœur ?

Je battais des ailes pour soulever mon corps, et je redressais les jambes pour être debout sans avoir lâcher Sigmond. Je reculais de quelques pas. Elle était étrange comme ça, nue. Surtout comme si de rien n’était.

- Pourquoi es – tu tout nue ?


J’étais curieuse de savoir, tout en regardant autour de moi. Je ne desserrai pas mon étreinte. Je voulais protéger mon pingouin des dangers de la forêt. Il était déjà meurtri.

- Et comment vas – tu m’aider à le sauver, en étant nu sans rien pour ?

Je regardais mon ami Sigmond. Il était encore vivace. Mes ailes noires bougeaient légèrement. Je n’avais pas peur d’elle, je crois… Mais la voir nue d’un coup comme ça, c’est perturbant.

- Tu es en chaleur ? C’est pour ça que tu es nue.


Je demandais sur une voix enfantine, ne lâchant pas du regard. Je ne comprenais pas. Elle peut se balader nue mais mais… Je soufflais…

- T’as du coton ?

L'apparition soudaine d'une Nymphe nue tombant du ciel sembla particulièrement perturber la jeune femme éplorée. Profitant de l'instant de stupéfaction, Svelyana en profita pour confirmer la situation. C'était bien une peluche que tenait la demoiselle contre elle, peluche qui semblait animée d'une étrange énergie, comme s'il en s'agissait pas seulement d'un simple objet inerte. Alors qu'elle se relevait, la Nymphe remarqua la présence d'une paire d'ailes, petites et noires dans le dos de son interlocutrice. Assez puissantes pour l'aider à se relever sans lâcher son trésor, mais probablement trop faibles pour lui permettre de parcourir les cieux. Une fois debout, la créature était sensiblement plus grande que Svelyana, obligée de lever la tête pour pouvoir river ses grands yeux d'émeraude dans ceux de la jeune femme.

- Pourquoi es – tu tout nue ?
- Parce que la forme que j'ai emprunté pour venir ne me permettait pas de me vêtir.


Elle aurait été bien en peine de transporter ses vêtements sous sa forme gracile de colibri...! 

- Et comment vas – tu m’aider à le sauver, en étant nu sans rien pour ? Tu es en chaleur ? C’est pour ça que tu es nue.

Même pour la Nymphe rêveuse et parfois décalée qu'elle était, ce dialogue était un peu surréaliste, et Svelyana pris un instant pour remettre ses pensées en ordre avant de reprendre la parole.

- Je n'habite pas très loin d'ici, et j'ai tout ce qu'il faut chez moi pour m’occuper de ton problème. Et non, je ne suis pas en chaleur. Les Nymphes n'ont pas de chaleurs.

Elle avait prononcé ces derniers mots d'une voix un peu indécise, toujours perturbée par cette question pour le moins étrange. 

- T’as du coton ?

Prenant un instant pour réfléchir, Svelyana ne répondit pas tout de suite à la question. Elle devait encore en avoir. Les précieuses boules blanches et duveteuses, une fois traitées et soigneusement lavées, lui servaient pour nettoyer toutes sortes de plaies. Le matériau était très absorbant et extrêmement pratique. La jeune femme devant elle en avait probablement besoin pour remplacer le rembourrage perdu de sa peluche. Haussant les épaules, Svelyana se dit qu'elle pouvait bien lui faire cadeau d'un peu de son coton.

- Oui, j'en ai. Suis moi, c'est à quelques minutes de marche d'ici.

Ne tenant pas plus que ça à rester nue plus longtemps, la Nymphe adopta à nouveau une forme animale, un peu plus visible que le petit colibri employé quelques instants plus tôt. Ce fut donc une biche fine et élancée qui la remplaça l'instant d'un clignement de paupière. Rivant ses yeux doux au longs cils sur sur l'inconnue en détresse, la biche lui indiqua d'un mouvement de tête de la suivre, avant de tranquillement se mettre en marche à travers les bois.

Si le pingouin ne faisait pas de l’apnée pour nager, il se serait sûrement étouffer. Il ne bougeait plus, mais il vivait encore. Il est aussi immortel que je le suis. Cet être fait de chair, comme un serpent a perdu la sienne pour être celle d’une biche.
Je l’avais écouté. Comment une nymphe peut avoir froid, si elle n’est pas en chaleur ? Et puis qu’est-ce une nymphe ? Elle a la tête d’un elfe… Un elfe bizarre mais un elfe. Je ne bougeais pas. Je voulais lui demander ce que c’était une nymphe, mais elle a pris la peau d’une biche pour s’habiller ! Pauvre biche !
Je restais. Je ne la suivrais pas !

Comme dit Alfred, le mal est partout même sous les traits d’une biche innocente. Je restais prostrée.

- Non, je ne te suis pas.

Je fis un bisou sur le front de Sigmond. Je ne sais pas qui elle est, et veut que je vienne dans sa tanière. Elle va peut-être me dévorer. On ne sait jamais… Elle est peut être une vilaine sorcière avide de pingouin. Mes ailes noires se recroquevillaient sur elle- même légèrement.

« Franchement… Faut pas suivre tout le monde surtout les nymphettes bichinisées… et encore faudrait qu’on sache ce que c’est, n’est –ce pas Sigmond ? » Marmonnai- je à l’intention de Sigmond tout en me retournant. Je commençais à marcher vers notre camp.

Lorsqu’un troupeau de cerfs et de biches nous entourait comme affolé. Je me plaquais contre un arbre. Le grognement terrifiant de la forêt résonnait vers nous comme une alarme au sang qui va couler. Je voulais grimper dans un arbre, me réfugier dans les hauteurs, me sauver, nous sauver.

Je l’entendais approcher comme un pachyderme agile, et féroce. Je m’aidais de mes ailes pour faciliter l’ascension vers les feuilles. J’avais mis Sigmond dans ma sacoche, pour faciliter encore plus. Je ne voulais pas déjà mourir, et Sigmond avait déjà trop vu.

Je ne voyais plus la nymphe qui s’était mélangée avec les autres dans ce chahut de peur. J’étais accrochée fermement à une branche qui volait vers les cieux, tout en fixant la folie qui s’échappait. Q’est ce qu’ c’était cette bête ? Avait – elle faim de ces biches ?

Et puis en réfléchissant, je ne voulais pas le savoir. Je voulais que tout s’arrête, et que je puisse guérir Sigmond. Le pauvre.

Étrangement, la jeune femme semblait presque avoir peur d'elle. Pourtant, il n'y avait rien de plus pacifique qu'une Nymphe, et elle lui avait même offert son aide. Mais elle refusait de la suivre jusqu'à son repaire pour qu'elle puisse réparer... enfin, soigner sa peluche. Svelyana ne comprenait pas trop pourquoi. Intriguée, la biche se contentait d'observer de ses grands yeux doux cette fille qui ne voulait pas qu'on l'aide alors qu'elle en avait besoin. Mais une sensation désagréable vint la déranger dans sa contemplation. Alors que le sol commençait à vibrer, Mani s'affolait, virevoltant en tout sens avant de filer vers la cime des arbres sans demander son reste. Brusquement, les feuilles bruissèrent alors que les buissons s'écartaient pour laisser passer une harde de biches et de cerfs affolés. Svelyana entendait et comprenait leurs paroles. Ils ne migraient pas vers un lieu plus vert et plus agréable, non. Ils fuyaient quelque chose. Ce qu'elle ne parvenait à comprendre en revanche, c'était la nature de ce que la harde fuyait. Tentant vainement de se maintenir à contre courant du flot qui déferlait vers elle, elle surveillait d'un œil son interlocutrice d'il y avait un instant, constatant avec soulagement qu'elle s'était réfugiée dans un arbre, en sécurité.

La Nymphe quitta son apparence de biche pour reprendre celle, plus agile et rapide, de colibri. De quelques furtifs battements d'ailes, elle se hissa au niveau de la jeune femme et de son pingouin un peluche, et lança une trille mélodieuse à son intention, avant de réaliser que contrairement à elle, elle était sans doute incapable de comprendre le langage des animaux. Se résignant donc à quitter cette forme agile et légère, elle repris sa forme humanoïde. Debout sur une branche jouxtant celle de la demoiselle en détresse, Svelyana s'y déplaçait avec l'aisance d'une funambule confirmée, sans hésitation aucune. Elle n'avait pas peur de tomber.

Le tremblement du sol s'intensifia alors que le prédateur passait sous leur arbre, poursuivant le troupeau en fuite. Les feuilles obstruant sa vision, Svelyana ne parvenait pas à voir quelle était donc cette créature meurtrière.

- Cette créature ne devrait pas se trouver là.

C'était encore un stigmate de ce qui obscurcissait de plus en plus ce monde. La Drayame et Flore étaient envahies par des êtres de noirceurs, un peu plus chaque jour. Cela terrifiait la Nymphe, mais la révoltait aussi. Elle détestait voire cette forêt si prospère et paisible trembler de peur... Se tournant de nouveau vers sa compagne, elle l'interpela.

- Tu est sûre de ne pas vouloir venir chez moi? Nous y serons en sécurité.


Si elle refusait, elle n'insisterait pas. On n'aidait pas les gens contre leur gré après tout.

Les biches couraient comme affolées, et la bête que je ne connaissais pas les suivait. Elle voulait les manger, surement. Ca fait peur une bête si moche ! Elle bavait en plus ! Beurk- beurk ! Je regardais la nymphe qui était toujours aussi nue. Elle ne sait pas s’habiller ? Je regardais ensuite le sol…
Tout était revenu à la normale.

Je me laissais glisser le long de l’arbre, tout en agitant mes petites ailes. Je ne voulais pas tomber. Ca fait bobo ! Dès que j’étais sûre que le danger était passé, je sortis mon Sigmond Adoré ! Il n’aime pas être enfermé dans le sac. Je le câlinais en me dandinant légèrement, toute contente de le retrouver.
Elle m’avait interpellée. Je devais soigner mon petit pingouin… Je baissais la tête, le fixant.

« On fait quoi ? On la suit la m’dame nymphette ? » Murmurai- je à Sigmond.
Ses petits yeux tous noirs me fixèrent. Il était triste, et il devait surement avoir bobo. Le pauvre ! Je le serrais contre moi.

Je redressais ma tête, fixant la nymphe. J’hésitais. Alfred le lapin disait toujours que les gens nus, il ne faut pas les suivre. Les lapins ont toujours raison, surtout Alfred. Je trépignais doucement en réfléchissant. Je devais me concentrer, et penser surtout à l’aile blessée de mon Sigmond.

Après quelques minutes de réflexion, je pris enfin ma décision.
- Je te suis jusqu’ à chez toi alors, mais tu soignes Sigmond, hein ?

Alfred me taperait s’il m’entendait ! Mais je devais penser à Sigmond, et le lapin ne sait pas soigner les pingouins blessés… Alors, je n’ai pas le choix.

- Mais ne va pas trop vite, hein. Je ne veux pas te perdre, et me perdre dans un coin que je ne connais pas !

Je ne veux pas rester seule dans le noir, au milieu des arbres menaçant parce qu’elle est allée trop vite. Surtout avec la bête toute moche d’avant. Elle pourrait me manger …

Progressivement, le brouhaha du troupeau en fuite s'estompa, et la terre cessa de trembler. Un frisson ébranla la jeune Nymphe, et ce n'était pas parce qu'elle était nue. Les ombres s'étendaient de plus en plus sur Drayame. Allaient-elles la ravager comme elles l'avaient fait pour Flore. Svelyana craignait de perdre une fois de plus son foyer, et songeait de plus en plus à quitter ces lieu, malgré l'attachement qu'elle y portait. Du coin de l'oeil, elle observa la jeune femme glisser au sol. Son dos était pourvu de petites ailes, ce qui intrigua la Nymphe. A quoi servaient -elles...? Elles étaient bien trop petites pour lui permettre de voler, Décidant de remettre cette question à plus tard, Svelyana suivi le mouvement en se laissant souplement tomber à terre, sans un bruit malgré le sol jonché de feuillages. Habituée qu'elle était à cette forêt, elle avait appris à se déplacer sans le moindre bruit, même sous sa forme de Nymphe.  

Intriguée, elle observait le manège de la jeune femme avec sa peluche. C'était étrange, elle semblait adulte, mais se comportait comme une enfant. Peut être que son espèce avait pour enfants des personnes au corps d'adulte ? La maturité de l'esprit arrivait après celle du corps ? Peu importait, elles ne pouvaient rester trop longtemps dans les parages.
- Je te suis jusqu’ à chez toi alors, mais tu soignes Sigmond, hein ? Mais ne va pas trop vite, hein. Je ne veux pas te perdre, et me perdre dans un coin que je ne connais pas !

Svelyana retint un léger soupir, au hocha la tête.

- J'ai tout ce qu'il faut pour soigner ton Sigmond. Ce n'est pas loin. Je vais rester sous cette forme, tu pourras me suivre plus facilement. Oh, et je m'appelle Svelyana.

Sans se soucier d'être nue, la demoiselle se mit en marche, indiquant d'un signe à sa protégée de la suivre. Dans un battement d'aile, Mani revint se poser sur le sommet de la tête de son amie, lissant ses plumes noires et blanches de pie. Elle n'aimait pas trop que la jeune Nymphe mène n'importe qui dans sa cachette, mais savait bien qu'elle ne réussirai pas à la faire changer d'avis. Svelyana était bien trop têtue.

Quelques minutes de marche à travers bois plus tard, la petit compagnie arriva enfin au repère de la Nymphe. Cette dernière alla récupérer ses vêtements abandonnés au bord du ruisseau et les enfila rapidement, avant de se diriger vers sa tanière. écartant le rideau de feuillages qui en masquait l'entrée, elle y pénétra pour bientôt revenir avec un nécessaire de couture sous le bras et un bocal remplis de boules de coton sous l'autre. Elle avait troqué tout cela aux elfes il y avait peu en échange des précieux élixirs qu'elle confectionnait.

S'asseyant au bord de la rivière, elle invita la jeune femme à faire de même.

- Montre moi ton Sigmond, et je verrai ce que je peux faire pour lui.

Serrant Sigmond contre ma poitrine pour ne pas le perdre encore une fois, je suivis cette nymphette. Elle dandinait des fesses comme ça. Je me demandais si elle n’avait pas froid comme ça, et si elle n’avait pas peur que des fourmis rentrent là où il ne faut pas… Quoi ? C’est vrai… Les fourmis ça se faufilent partout, vraiment partout !
Je fixais Sigmond qui me regarda en se demandant surement à quoi je pense. Valait mieux pas que la nymphette l’entende, alors j’ai fait un bisou sur son crâne tout doux. Je regardais surprise cet oiseau qui se posa sur la tête de la nymphette. Que fait – il ? Sa chevelure s’est son nid ?

- Dis, pourquoi un oiseau se niche sur ta tête, il va te faire caca dessus ? Beurk !


Je la suivais tout en posant cette question avec une certaine innocence. Elle s’habilla vite fait. Cependant, elle aurait dû vérifier si elle n’avait pas des fourmis sur elle. Dommage, ça va lui gratouiller tout partout ! J’acceptais l’invitation, et je m’asseyais à côté d’elle, serrant Sigmond.

- Tu fais attention, hein. Dis – je avec une petite moue.

Le pauvre, il avait mal. Je ne voulais pas qu’il ne souffre plus. Je ne sais pas toujours ce qu’est une nymphette. Dommage qu’Alfred le lapin n’est pas là. Lui, il le saurait. J’hésitais. Je n’aime pas le voir dans d’autres mains que les miennes. Je soufflais.

Je lui montrais sans pour autant le lâcher. Sa petite aile avec un trou ! Un vilain trou parce qu’une bête a voulu le manger.

- Tu lui fais pas mal. Il a déjà beaucoup souffert.


Un bref instant, Sigmond fit un petit bruit pour manifester sa douleur. Je fis une mine inquiète car si j’avais mes affaires de coutures, moi j’aurais pu le soigner.

La créature qui la suivait dans les bois était vraiment des plus étranges, songea Svelyana sans s'attarder sur le fait qu'elle même soit nue. Une nouvelle remarque de la demoiselle lui fit hausser les sourcils et tira un pépiement outré de Mani, toujours perchée sur son crâne. Bien sûr qu'elle n'avait pas l'intention de faire ça! Elle se perchait là parce que au moins elle ne se fatiguait pas à la suivre, et qu'ainsi, elle ne perdait pas la Nymphe dans ses incessantes pérégrinations.

- Bien sûr que non. Mani est une pie, on se connait depuis longtemps.

Closant ici le débat, Svelyana mena donc la petite troupe chez elle, ou elle s'habilla rapidement avant de se pencher sur le blessé du jour. La demoiselle assise à ses côtés, elle observa la peluche qu'elle lui présentait comme celle ci était vivante et dotée de raison. Bah, après tout, elle n'en savait rien. C'était peut être une peluche magique, sait-on jamais...?

- Tu ne m'a pas donné ton nom, au fait.

Elle aurait bien aimé savoir comment s'adresser à cette jeune fille qui était toujours aussi inquiète pour son Sigmond. Pleine de bonne volonté, Svelyana se mit à l’œuvre. Sortant de sa réserve de plantes séchée une petit feuille au doux parfum, elle la glissa dans le trou fait lorsque la peluche avait été prise pour cible.

- ça atténue les douleurs, et en plus ça sent très bon.

Vu qu'elle avait l'intention de recoudre le trou, autant apaiser sa compagne et jouer le jeu, agissant plus comme une guérisseuse que comme une couturière. Puis, délicatement, la Nymphe introduisit quelques boules de coton pour redonner un joli bombé à l'aile de l'animal.

- J'ai presque fini.

Puis, se munissant d'une aiguille et de fil de la même couleur, la jeune fille recousit à petits points réguliers le trou, aussi délicatement que possible. Elle fit un noeud, coupa l'excédent de fil, et montra le résultat à la demoiselle.

- Et voilà!

La peluche était réellement comme neuve, il ne subsistait aucune trace de l'agression après le travail soigné et habile de ses doigts de Nymphe.

Elle était pas très bavarde. Et puis franchement, je posais une question innocente. Je fronçais les sourcils de sa réponse sèche. C'est pas si gentil que cela une nymphette. Je ne pensais pas que ma question poserait des soucis. Elle est vilaine !

Sigmond avait peur, je le sentais. Il se demandait surement qu’est-ce que la nymphette allait lui faire. Mes mots ne le rassuraient pas. J’avais peur au fond de moi qu’elle ne réussisse pas.
Je ne sais pas comment agir si jamais elle me le prenait. J’ai appris à me défendre grâce à Alfred le lapin. Il savait comme éviter le danger, et même manier une épée. Cependant vu comme le monde ne m’aime pas, je pense que je devrais m’entrainer à vraiment savoir me défendre.

Elle m’avait demandé mon prénom. Cependant, je me souviens bien qu’elle n’a pas dit le sien. Je vais l’appeler la nymphette. Je regardais Sigmond en marmonnant : « dois – je lui dire ? »

Sigmond ne me répondit pas, trop occupé à regarder ce que la nymphette faisait. Je décidais finalement de dire mon prénom.

- Je m’appelle Nephtys et toi nymphette ?

Elle m’expliquait ce qu’elle faisait à mon pingouin adoré. C’est vrai que cela sentait bon mais est – ce que cela va plus lui gratter ? Je devais demander. Elle lui mit aussi du coton puis le cousit. Je ne regardais bien qu’elle ne lui fasse pas de mal, et qu’elle fasse bien son travail.

- Et si ça lui gratte par après hein ? T’y a pensé ? le pauvre …


Je fis une moue tristounette car je m’inquiétais beaucoup pour lui. Le pauvre, ce n’était son jour. Elle eut enfin fini. Je câlinais Sigmond puis je le posais sur le sol. Je regardais la Nymphette, et lui souris.

- Merci.

Sigmond se réveilla et se dandina autour de nous tout content. Il n’avait plus mal, et couinait gentiment en signe de remerciement. Il s’arrêta et regarda son aile, puis lui fit un petit bisou reprenant sa petite marche.
Je bougeais légèrement mes ailes, contente de le voir comme ça.

- Ca n’a pas l’air de lui gratter. C’est tant mieux.

Semblant hésiter un court instant, toujours sous l'emprise d'une certaine méfiance envers elle, la demoiselle lui livra finalement son prénom. Nephtys. Cela lui allait bien. Elle ignorait la signification de ce nom, cependant. Bien vite, la question lui fut retournée. De bonne volonté, la Nymphe se présenta à son tour.

- Mon nom est Svelyana. Dans la langue de mon peuple, cela signifie "soie".

Ce nom lui avait été donné en raison du caractère très vite facile et conciliant dont elle avait fait montre. Toujours de bonne volonté, pacifique et douce, la jeune Nymphe avait toujours fait preuve de douceur et de souplesse. Même si avec en avançant en âge sa volonté se développait et qu'elle pouvait montrer une certaine détermination, elle avait su garder cette douceur qui avait été la sienne dans l'enfance. 

Toute inquiète qu'elle l'était, la dénommée Nephtys observait avec une attention soutenue le moindre de ses gestes sur son animal en peluche. Patient, Svelyana lui expliquait tout ce qu'elle faisait, souhaitant la rassurer autant que possible.



- Non, la feuille est enveloppée dans le coton, cela ne le grattera pas. Et le parfum durera longtemps. Cette odeur est agréable, n'est-ce pas?

Svelyana était née pour être une guérisseuse. En dehors des dons liés à sa race, elle avait étoffé au fil des ans sa connaissance des plantes et des remèdes, mettant au point de nombreux traitements. Élixirs, potions et cataplasmes, il était peu de maladies qu'elle ne puisse traiter. C'est en partie ce qui lui avait permis de survivre ici. Sa renommée d'herboriste s'était vite répandue, et la vente et le troc de ses remèdes lui avait permis de se procurer tout ce que la nature ne lui fournissait pas. Elle vivait ainsi, au cœur de Drayame, une vie paisible et confortable.

Son interlocutrice la remercia, posant sa peluche sur le sol. C'est avec de grands yeux surpris que la Nymphe observa cette dernière se mettre en marche comme si elle était dotée de vie propre. Décidément, sa dernière rencontre était pour le moins surprenante. Sa curiosité piquée, elle adressa un sourire à Nephtys.


- Que dirais-tu de partager mon repas avant de te remettre en route? J'ai peu de compagnie ici, j'aimerai beaucoup que tu me parles de toi.

Je me redressais alors que Sigmond sautait dans mes bras. Il s’endormit comme pris d’une grande fatigue. Il avait vécu une longue journée dure en émotion. Cette forêt était devenue dangereuse … Elle me faisait peur. Je ne voulais pas rentrer trop tard. Je ne voulais pas rentrer alors que la nuit était tombée, que les bois nous dévorent. Je regardais la nymphette qui me parlait. Elle voulait en savoir plus sur moi ? Pourquoi ? Me voulait – elle du mal ? Qu’est-ce que c’est vraiment le mal ? Enfin de compte ?

Je faisais une mine intriguée tout en la regardant. Cette nymphette m’a aidée mais je ne sais pas toujours ce que c’est une nymphette… C’est terrifiant de ne pas savoir ? Et je me voyais pas seule avec la durant la nuit. Elle a aussi peur des monstres peut – être et puis je n’aime pas son oiseau ! Il est tout moche ! Je reculais.

- Je te remercie, c’est vrai. Tu as guéri Sigmond. Cependant…

Je me tus un instant la fixant. Je soufflais fort. J’avais un peu peur qu’elle me vole mon Sigmond aussi. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais peur avec sa question des plus louches. Je ne sais pas de quoi est capable une nymphette.

- Je ne peux pas rester… Et la nuit ? Hein ? Il va faire tout noir ! Je n’aime pas ça avec les monstreuh !

Sigmond agite son aile pour saluer la Svelyana.


- Merci encore. On se reverra peut être un autre jour. Au revoir. Dis – je en esquissant un sourire un peu maladroit.

Je me retournais et me mise à courir vers la sortie. Je traversais les bois sans me retourner, en slalomant. Je ne voulais pas la revoir, je voulais quitter cette forêt. Je cherchais un refuge loin de tout, rentrant voir mes amis… J’espèrais me retrouver dans la lumière du jour. Si je savais voler… Sigmond couina d’une manière assez inquiète. Je m’arrêtais un bref instant mais j’étais loin de la nymphette, j’en suis sure. Je repris mon air, et je repartis en courant.

Je voulais tant rentrer.

Paisiblement, la Nymphe observait la demoiselle alors qu'elle réfléchissait à sa proposition. Elle n'avait aucun idée cachée derrière la tête en lui proposant de rester diner. Juste l'envie d'avoir pour une fois une compagne avec qui converser. Oh, bien sûr avec Mani et les autres créatures peuplant ces lieux, elle n'était jamais vraiment seule, mais tout de même. Cela n'était pas pareil. Et puis, cette étrange jeune femme la fascinait, elle souhaitait en savoir plus sur elle, tout simplement. Pourquoi? Parce qu'elle était curieuse et aimait avoir de fantastiques histoires à ressasser durant la saison froide. Et elle était prête à parier que celle Nephtys l'était.

Cependant, à son grand désappointement, elle refusa son offre. Sa façon de parler lui tira une fois de plus un sourire. Une enfant dans un corps de femme, songea-t-elle... Après toutes ses aventures, elle souhaitait rentrer chez elle, et Svelyana pouvait parfaitement le comprendre, même si elle était un peu déçue. Elle ne le laissa cependant pas paraitre, conservant ce léger sourire sur ses lèvres rosées.

Elle comprenait aussi qu'elle craigne la nuit dans ces bois. Elle même y était habituée, même si la créature croisée un peu plus tôt la faisait douter un peu de sa sécurité en ces lieux. Mais ici, c'était chez elle.

Elle salua donc sa compagne de ces quelques instants, la regardant s'enfoncer entre les arbres, serrant son Sigmond contre elle.

Oui, peut être la reverrait-elle. Seuls les Dieux pouvaient le dire.

La Nymphe retourna simplement à sa vie paisible, ne se doutant pas qu'elle touchait à sa fin.