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 Un voyage inattendu ...

 
Un voyage inattendu ... Sand-g10Mer 13 Aoû - 23:14
http://www.terramysticarpg.com/t5761-helyanwe#128939
Citation :
Les elfes sont en sécurité en Drayame, du moins, c'était ce qu'on pensait. Maintenant qu'elle fuit, Helyanwë va devoir se faufiler entre les prédateurs d'un monde à l'agonie. Elle désire fuir, quitter le continent, mais vers où et comment ? Il n'est pas certain que sa beauté passe inaperçue et elle aura tôt fait de se faire rattraper pour ce qu'elle est ; une belle princesse en fuite, une elfe seule sur laquelle les regards se poseront immanquablement. Raconte la fuite d'Helyanwë et sa destination.

Nous étions donc aux premiers jours de l'année Cent Quatorzième après la fin de l'Hiver Éternel ... L'année même où, durant le dernier mois d'Automne, Helyanwë fêtera la dix-neuvième année de son cinquième siècle ... Mais là n'est pas la question ...

Nous étions donc au soir du Premier de Kelrenn, premier jour de cette nouvelle année, alors que l'hiver prenait fin pour céder sa place au printemps, et qu'il était temps pour la forêt aux essences magiques de Drayame de sortir de sa torpeur. C'était aussi le temps pour une princesse de commencer sa fuite en avant ... et d'entamer le voyage qui marquerait à jamais sa vie. Nous avions laissé Helyanwë lors de ses adieux avec son meilleur ami, qu'elle voyait comme son frère et confident, le fidèle et solide Lenwë. Mais revenons quelques heures avant, au cœur du palais de la Cité des Arbres ...

Le couronnement d'Elwing venait d'avoir lieu et la ville comme le palais étaient en effervescence, chaque elfe fêtant dignement leur nouvelle reine. Tous les elfes ? Non ... Deux irréductibles opposants au régime des démons allaient bientôt converser pour organiser le départ précipité de l'un d'eux. Une fois ses obligations princières achevées, Helyanwë se rendit donc directement dans sa chambre, mandant à une servante qu'on fasse venir Lenwë, chose qui ne choqua pas, tellement la présence du fils du forgeron royal était devenue commune au palais. En attendant l'arrivée de son ami, la princesse s'occupa, dans le plus grand secret, de faire ses bagages. Dans un sac à dos profond en cuir verdit, elle fourra ses deux robes préférées - qui étaient si pratiques pour danser, avec leurs voilages légers et leurs couleurs de coucher et de lever de soleil -, deux chemises et deux pantalons comme ceux qu'elle passerait une fois ceci fait, le coffret contenant le masque de sa mère - qu'elle avait mis sous clef dans sa chambre avant les funérailles -, une grande bourse pleine de pièces d'or et d'argent, ainsi qu'un petit paquet contenant un peu de matériel pour son rituel de communion avec Nature et Ingwë - de l'encens, notamment. Ceci fait, elle fila se changer et troqua sa robe de cérémonie compliquée contre une simple chemise en coton ocre brun, un pantalon en cuir fin, brun foncé, un corset épais en cuir vert gravé de feuillage stylisé et qu'elle ajusta par-dessus sa chemise, et se chaussa de ses éternelles bottines en cuir solide noirci. Après quoi elle défit sa coiffure toute aussi complexe que sa précédente toilette, se brossa les cheveux, glissa la brosse dans son sac, et s'en revint à ses affaires, à côté desquelles elle déposa sa cape vert sombre avec sa large capuche. Elle attrapa sa sacoche à bandoulière et y fourra ce dont elle aurait nécessairement besoin pour le voyage : un petit couteau, pour manger, tailler d'éventuelles flèches, etc ..., une gourde qu'elle alla remplir d'eau fraîche à la fontaine de son balcon, son petit écrin contenant la fiole d'eau de la Source d'Hiver, dans le cas où elle aurait à se défendre contre des démons, et enfin, une carte, certes vieille, mais qui lui donnait une idée de là où aller ... Elle cacha aussi dans sa sacoche la broche qui d'habitude ornait ses habits, pour ainsi ne point garder à vue un signe ostentatoire permettant de l'identifier.

Et puis Lenwë arriva. L'elfe expliqua tout à son confident : ce qu'elle pensait savoir sur le meurtre de la reine Elinfrai, ses craintes concernant Elwing et son allégeance, ses inquiétudes pour leur peuple, ses projets ... Elle devait partir, lui aussi le savait, alors il tâcha de la soutenir malgré sa peur de ne plus jamais la revoir ... A deux, ils finirent d'échafauder un plan pour trouver le meilleur point de chute pour la princesse et le meilleur trajet pour s'y rendre. Très vite, ils conclurent, grâce aux lectures et aux enseignements qu'avait reçu Helyanwë, que l'allié le plus sûr serait le royaume humain de Saline, sur le continent des Glaces. Aussi vite, les deux elfes se mirent d'accord sur le fait qu'elle devait éviter à tout prix Sen'Tsura et ne point s'enfoncer dans les terres dominées par les vassaux d'Aile Ténébreuse. Le grand fleuve traversant Drayame depuis le Lac Patriarcal était de fait la voie d'accès la plus sûre, il suffirait ensuite de prendre un bateau pour Cardrak ... Sur le papier, cela était si simple ...

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Une fois tout cela établi, Helyanwë attrapa son carquois plein et son arc, et le couple elfique se mit en route. Habilement, ils sortirent du palais sans se faire remarquer - non sans être au préalable passés aux cuisines pour amasser quelques vivres -, Helyanwë portant seulement sa sacoche, Lenwë le sac à dos de la princesse, et Saphir les suivant au pas. Si l'on venait à faire preuve de curiosité et à demander à la princesse où elle allait, elle répondait avec un calme et un naturel déconcertant que, les événements de ces derniers jours l'ayant passablement exténuée, elle allait passer deux paires de jours à se ressourcer auprès d'Ingwë. Avec cette excuse, on ne la chercherait pas avant quatre jours et cela lui laissait le temps de quitter définitivement Drayame et son royaume de verdure ...

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Et nous voilà arrivé là où nous nous étions arrêté précédemment, et tandis que Lenwë observait son amie s'enfoncer à jamais dans la forêt loin de lui, Helyanwë et Saphir faisaient les premiers pas d'un long périple ...

L'elfe et son animal marchèrent à vive allure, ne s'arrêtant que le temps de remplir la gourde dès qu'elle était vide, de se sustenter rapidement, ou encore de satisfaire aux besoins naturels de certains corps vivants ... La route de nuit ne fut point trop pénible : Helyanwë connaissait cette partie de la forêt comme sa poche et Saphir pouvait voir et sentir ce que sa maîtresse ne pouvait qu'ignorer de par sa nature. Bien sûr, elles n'empruntèrent pas les chemins fréquentés, préférant se servir de pistes surtout connues des chasseurs. Et elles prenaient soin de masquer autant que possible le peu de traces qu'elles laissaient. Une chance que la reine Elinfrai ait tenu à ce que sa fille suive les enseignements des meilleurs rôdeurs du royaume pour parfaire son éducation. A croire que la défunte reine avait prévu ce qui arrivait aujourd'hui ...

Dans l'après-midi du premier jour, après quelques suées suite à la cavalcade proche d'une harde de sangliers, la fatigue se fit sentir ... Mais dormir en plein jour comportait ses risques, notamment celui de se faire découvrir, seule et à plusieurs lieues de là où elle était censée se trouver ... Mais à force de chercher, elle trouva un coin rocailleux assez difficilement accessible au sein duquel elle trouva une cavité propre à la cacher le temps d'un sommeil réparateur de quelques heures. Et tandis que le chien-loup, bien dissimulé, montait la garde, l'elfe se plongea dans ses rêves ... Des songes bien étranges emplis d'émotions troubles, d'images sombres, de douleurs, comme si tout ce qui c'était déroulé ces derniers jours lui sautait à la gorge. Et puis, dans les ténèbres, une clairière de lumière au centre de laquelle la forêt l'appelait ... Helyanwë se réveilla en sursaut, ses cheveux trempés de sueur.

Je dois parler à Ingwë !

Sans chercher à se poser de question ni à réfléchir sur la suite de son voyage, la princesse en fuite quitta son abri rocheux et reprit son chemin vers un endroit plus propice à la méditation. Elle trouva au bout d'une heure de marche, toujours dans la direction qu'elle s'était fixé pour quitter les siens, un tapis de mousse enchâssé entre des gros arbres tortueux et sombres. Elle déposa là ses affaires et sorti de son sac le petit paquet en papier brun, dont elle tira un bâton d'encens et de quoi l'allumer. Rapidement, rompue à cet exercice, elle trouva la paix intérieure et entra en communion avec la flore de Drayame. D'où elle était elle ne pouvait pas joindre directement l'Arbre-Roi, mais elle pouvait demander aux essences de la forêt de lui transmettre un message. Dans son esprit, elle se concentra pour envoyer ses souvenirs des derniers jours aux êtres des bois. Elle s'efforça de leur montrer ce qui risquait de leur arriver si les démons gagnaient, si la nouvelle reine continuait sur sa lancée. Elle voulait prévenir Drayame du danger qui guettait depuis Sen'Tsura mais aussi depuis la propre cité des elfes. Son dernier cadeau pour les siens ... qu'elle offrit à Nature et à Ingwë avec toute la sincérité et la foi qu'elle pouvait porter en elle.

Une bonne heure plus tard, Helyanwë était de nouveau en marche vers son destin. Au matin du deuxième jour, elle entendait déjà le bruit caractéristique du fleuve qui traversait la forêt au sud ... Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle le rencontre, mais un peu plus pour trouver une embarcation en bon état et surtout sans surveillance ... Alors que le soleil arrivait presque à son zénith, la princesse arriva à un petit hameau de pêcheurs. Elle ajusta sa capuche, cacha toute trace de sa royauté, et alla à leur rencontre. Elle palabra de longues minutes avec un vieil elfe afin de lui acheter une de ses barques, à bon prix. Elle avait peur de trop en dire, de devoir révéler son identité ... Mais à force d'argumentation, le pêcheur céda, préférant visiblement devoir refaire une barque et avoir de l'argent pour ses enfants que de laisser une jeune femme au beau visage se fatiguer à marcher ... L'innocence d'un visage a parfois du bon. Helyanwë et Saphir prirent donc place dans le frêle esquif et se lancèrent dans la descente de ce fleuve ... non sans que l'elfe s'inquiète : il lui semblât que ce qui avait fait céder l'homme était qu'il l'avait reconnue ... Et en voyant les maisonnettes disparaître, elle pria Nature d'avoir donné suffisamment de bonté à cet elfe pour qu'il ne dise rien ...

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L'avantage de descendre un fleuve plutôt que de marcher en le longeant, était indéniablement le temps : s'il avait fallu presque deux jours de marche pour le rejoindre depuis la Cité des Arbres, il ne fallu qu'une journée et demi à Helyanwë pour atteindre la lisière de Drayame et le début des Plaines Mystiques. Avec la fin de l'hiver, le fleuve était gros et son courant rapide, l'elfe n'avait presque pas à ramer, pouvant ainsi se concentrer sur la direction à conserver - et à ne pas chavirer, de fait -, aussi cette partie du voyage fut relativement facile. Même si elle croisait parfois des elfes, personne n'avait le temps de la questionner ni même de vraiment s'intéresser à elle. De temps en temps, Helyanwë rejoignait la rive, afin de se dégourdir les jambes, de manger, de se reposer, et encore une fois, pour satisfaire d'autres besoins vitaux. Comme elle se rationnait, les vivres ne devrait pas manquer avant son arrivée à la côté, cependant, elle pris soin de cueillir des baies et d'autres fruits dès qu'elle en avait l'occasion afin d'être certaines de ne manquer de rien. En outre, elle fit un arrêt prolongé avant la lisière pour chasser quelques petits animaux pour nourrir Saphir. Tout cela aurait pu être une escapade si agréable s'il n'y avait pas eu cette fuite nécessaire, vitale même. Inconsciemment, Helyanwë tentait de profiter de chaque derniers instants passés dans cette si belle forêt qu'elle savait ne plus revoir avant très, très longtemps ...

Et donc, presque quatre jours après son départ, la princesse incognito mit pour la première fois de sa vie les pieds hors de Drayame. Nous en somme là au Cinquième jour de Kelrenn de l'année Cent Quatorze, et les Plaines Mystiques avaient déjà compris que le printemps avait fait son entrée. Si le courant restait constant, et si rien ne lui arrivait de fâcheux en chemin, Helyanwë calcula qu'elle aurait encore sept à huit jours environ avant de rejoindre la côte. C'était beaucoup, mais c'était toujours la voie la moins dangereuse pour elle. Si les informations qu'elle avait retenues étaient vraies, les terres qu'elle allait traverser n'étaient pas à ceux qui pourraient lui vouloir du mal, mais cela ne l'empêcha point de garder la plus grande prudence face à chaque être pensant qu'elle croisa - une chance : ils furent peu, et presque aucun n'eut à se soucier d'elle à son passage.

Et tout se passa très bien pendant les quatre premières journées et nuits. Mais au matin du cinquième jour, la barque, visiblement fatiguée, commença à prendre l'eau. A croire que les Plaines Mystiques, contrairement à Daryame, ne voulaient pas la laisser continuer son entreprise. Avant qu'il ne soit trop tard, Helyanwë dut donc mettre pied à terre. Elle tira l'embarcation jusqu'au sol et la retourna tant bien que mal pour l'examiner. Le constat tomba comme la hache d'un bourreau : le bois, qui avait travaillé, avait finit par se fendre. C'était réparable, mais pas ici, au milieu de nulle part, sans outils adéquat ni le savoir-faire pour. Helyanwë dut se résigner : elle continuerait à pied jusqu'à trouver une autre embarcation ... Restait à savoir si les pêcheurs des Plaines étaient aussi aimables que ceux de Drayame, car son petit trésor n'allait pas en grandissant et il lui faudrait encore payer le voyage en navire vers les Glaces ... Helyanwë ne put que réprimer une dure envie de pleurer. Mais ce n'était pas le moment, elle devait tenir, rester forte. Avant de continuer, elle s'arrêta pour manger, et se reposer une petite heure à l'ombre d'un saule pleureur.

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La route était encore longue pour rejoindre la côte, et bien plus longue encore jusque Cardrak. Tout en longeant le fleuve en espérant trouver vite un nouveau petit bateau facile à manœuvrer, Helyanwë repensa à sa vie en Drayame. Sa famille, même Elwing, lui manquait déjà beaucoup, elle se sentait seule, épuisée, harassée ... Lenwë lui manquait encore plus cruellement. Elle aurait du lui dire de fuir avec elle. Il aurait pu réparer la barque, lui, elle en était convaincue. mais il était trop tard pour faire demi tour. Elle devait rejoindre ce pays lointain qui lui permettrait d'avoir une chance de sauver son peuple de la damnation. Elle le devait pour Elinfrai, et pour Ingwë. Elle le devait pour sa famille. Elle le devait pour elle-même, pour ne point faillir à ses principes, à ses valeurs. Elle le devait ... Forte de cette nouvelle dose de motivation, l'elfe pressa le pas et après plusieurs longues heures de marche, elle avisa un village près de la rive. Un village qui aurait sans doute une embarcation à lui fournir ... Avec son agilité naturelle et sa discrétion presque innée, la princesse se glissa derrière une maison, sans se faire voir, pour observer dans un premier lieu. Des humains, mais, pour son malheur, des démons également ... Bien qu'elle savait, par l'entremise des faits de sa sœur, que les démons étaient désormais alliés des elfes, elle savait aussi qu'elle courait le risque de se faire prendre. Elle se résigna donc à commettre un acte qu'elle punissait jusqu'alors ...

Il devait être aux alentours de midi. Le soleil était fort haut et les habitants des lieux semblaient plus préoccupés par la préparation de leur repas qu'à autre chose. Une chance donc pour Helyanwë. L'autre chance résidait dans le fait que les buissons et arbustes étaient déjà bien touffus en ce début de printemps et qu'elle put se cacher derrière eux le temps de croiser la route d'une barque à l'allure solide et dépourvue de gardien. Le hic était qu'elle était placée à mi-chemin du village et qu'elle risquait de se faire repérer avant d'avoir fait le chemin restant ...

Advienne que pourra, chuchota-t-elle pour elle-même, avant de faire glisser la barque jusqu'à l'eau, à quelques pas de là. Avant de partir, l'elfe prit sur elle également de prendre une petite cagette de poissons en train de sécher là, et de la poser dans la barque, puis, alors qu'elle avait atteint l'eau, elle se glissa à son tour dans l'embarcation où l'attendait déjà Saphir. Helyanwë sentait son cœur battre la chamade. La peur cognait ses tempes de ses coups sourds. Elle rama avec ses mains pour donner la direction adéquate à la barque, tout en intimant l'ordre muet à Saphir de s'allonger. Elle-même se fit la plus petite possible tandis que l'esquif glissait sur la rivière en crue. Elle cru entendre des voix mais elle arriva vite à la sortie du village. Pendant de très longue minutes, l'elfe n'osa point sortir de sa cachette, mais à force de ne rien entendre ni sentir ce qui impliquerait qu'on l'avait chassée, elle se redressa et jeta un regard inquiet derrière elle. Rien. Honteuse d'avoir commis un vol mais rassurée de ne point être poursuivie, l'elfe souffla. Cela dit, par sécurité, elle sorti les rames et usa de ses bras pour avancer encore plus vite. Elle avait une demi journée à rattraper et elle voulait s'éloigner le plus possible de cette bourgade.

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C'est ainsi que quatre jours plus tard, alors que le crépuscule du Treizième jour de Kelrenn marquait déjà de ses franches couleurs le ciel, l'elfe en fuite parvint à un port, sur la côte ouest des Plaines Mystiques, à plusieurs lieues de Sen'Tsura. La descente du fleuve s'était faite plus tranquillement depuis le vol de la barque et des poissons au village humain. Barque que la princesse déchue vendit pour remettre un peu d'or et d'argent dans sa bourse. Elle échangea également le reste des poissons séchés contre de la nourriture plus consistante et pratique à ranger dans une sacoche. Ce port était désormais le dernier plus gros obstacle pour l'elfe. Si elle trouvait un navire pour l'emmener sans escale à Cardrak, elle était sauvée. Cela faisait une semaine et demi qu'elle avait quitté son peuple et sa terre, mais elle pouvait encore à tout moment se faire prendre. Tant qu'elle n'aurait pas quitté le continent, elle était en danger.

Sans se laisser gagner par la peur, Helyanwë marcha d'un pas sûr vers les quais, mais suffisamment banal pour ne pas se faire remarquée, toujours encapuchonnée et suivie de très près par sa louve. Il y avait quatre navires amarrés: un qui venait visiblement d'arriver et qui était encore en train de décharger sa cargaison sur le ponton, un qui, d'après ce qu'elle comprenait, attendait qu'on en répare la voilure, et deux autres, plus intéressants, qui devaient partir le lendemain. C'est donc vers ces deux derniers bâtiments que l'elfe porta son enquête, afin de déterminer celui qui pourrait l'amener à bon port. Bien qu'elle ne fut jamais allée hors de Drayame, et que, de fait, c'était la première fois qu'elle voyait la mer, Helyanwë ne s'attarda pas à profiter du paysage - elle en aurait tout le loisir une fois à bord - et bien qu'elle n'était pas habituée à ce genre d'endroit, elle sut, en se remémorant ses lectures, qu'on trouvait toujours de bonnes informations dans les tavernes. Aussi se rendit-elle au Pêcheur Borgne, le seul établissement du coin qui pouvait être qualifié d'auberge et qui, visiblement, était tout aussi pleins de femmes de petite vertu que les autres lieux moins fréquentables ...

Après plusieurs secondes pour s'accoutumer aux relents d'alcool, de sueur et de fumée alourdissant l'atmosphère confinée de la grande salle principale, Helyanwë se dirigea vers le comptoir, commanda une pinte de bière - elle en avait déjà goûté, mais de l'autrement plus agréable au palais - et après avoir payé son du, elle attendit que le tavernier repasse devant elle pour le questionner sur les navires en partance. Le Marsouin Gris était apparemment prêt à appareiller vers les îles du nord pour ensuite se rendre en Feu. Sans aucun doute un équipage de forbans, d'après le tenancier, rien qui ne soit bon pour une jeune dame, eut-il le bon sens de rajouter. Le deuxième, La Dame Blanche, était un pur produit de la marine cardrakienne, ne comptant au sein de son équipage que des natifs de la cité, et ne faisant presque que des allers-retours entre ce port et leur ville natale. C'était trop beau pour être vrai ...

Une fois son verre vidé, et après avoir grignoter de quoi éviter à son estomac de s'exprimer à grand bruit, la jeune femme plusieurs fois centenaire avança jusqu'au navire qui peut être la conduirait à la terre promise ... Mais devant les marins, elle déchanta ... S'ils avaient de quoi se soulager de leurs besoins d'homme dans ce port, ils auraient à supporter la vue d'une femme comme elle durant près de deux semaines ... Helyanwë déglutit. Non pas que les plaisirs charnels ne soient point à son goût, mais le physique de ces hommes avait pour la plupart l'art de la refroidir séance tenante. La voilà qui hésitait à présent. Il était vrai que ses deux choix avaient de quoi lui causer un certain malaise : soit elle retournait près des siens et devait voir sans pouvoir agir la chute des elfes, soit elle partait avec ces marins au risque de perdre sa dignité pour assurer sa survie ...

Elle resta là, à l'écart de tout passage, prostrée dans un silence gêné, réfléchissant à la façon de se protéger durant ce voyage. Elle avait sur elle un peu plus d'une centaine d'Aile de Bronze. De quoi largement payer un aller-retour à Cardrak. Elle avait donc la moitié de sa fortune pour acheter sa propre vie ... Soit ! Ne tenant pas à rester plus longtemps ici - d'autant qu'il lui avait semblé voir des soldats avec des blasons qu'elle savait être ceux de certains dignitaires au service des démons - elle prit son courage à deux mains et alla trouver le capitaine du navire, en grande discussion avec un de ses matelots. Il n'avait pas l'air commode du tout, l'air incrédule, les bras croisé et le regard dubitatif ... Il était vrai qu'il y avait de quoi se demander ce que faisait ici une belle jeune femme seule avec un chien-loup ... De quoi se poser beaucoup de questions ...

Interrogations qui furent exterminées dans l’œuf par la bourse cliquetante de l'elfe et par ses mots secs et assurés : Vous allez à Cardrak, c'est là que je vais. Voici de quoi payer largement ma part du voyage et les frais que j'occasionnerais, ainsi que la garantie que vos hommes et vous ne me causeront pas d'ennuis que je ne cherche pas. Vous êtes ma seule chance de quitter ce continent et de parvenir à Cardrak sans dommage ... La jeune femme donnait l'impression de savoir tenir tête à un grand gaillard tel que le capitaine, mais au fond elle n'en menait pas large. Au point qu'elle en ressentait soudainement une très forte envie d'uriner, là, tout de suite, maintenant ... Et le haussement de sourcils du marin tandis qu'il soupesait la bourse pleine tout en examinant son interlocutrice n'aida pas Helyanwë à se sentir plus à l'aise dans ses bottines. Elle se demandait à quelle sauce elle allait être dégustée quand le capitaine lui rendit la bourse, plus légère mais pas totalement vidée. Gardez-en pour Cardrak, ça pourra vous servir. Et si vous voulez qu'on vous laisse tranquille sur ce bâtiment, il faudra le mériter : si vous savez cuisiner, les fourneaux sont à vous, sinon, on vous trouvera bien une petite occupation. Vous prendrez la cabine des invités, vous serez la seule passagère pour ce trajet. Un conseil ma jolie : évitez d'être trop féminine durant les deux prochaines semaines. J'peux tenir à l’œil mes hommes, mais j'peux rien promettre si vous les appâtez, certains n'ont plus l'habitude des femmes qui ne s'achètent pas ... La dernière phrase fut prononcée avec ce rictus caractéristique de ceux qui pensent très fort "si vous voyez s'que j'veux dire" et un regard insistant sur la poitrine de la jeune femme ... Et Helyanwë avait très bien saisi. Une chance que ses tenues de prédilection soient dépourvues d'attrait féminin pour peu qu'elle oublie de mettre son corset. D'ailleurs, tandis qu'elle se fit guider jusqu'à sa cabine, elle cacha sa féminité aux yeux des marins, avant de profiter de sa solitude en se rendant plus masculine. Elle ôta donc son corset, nettoya son visage pour en enlever toute trace de maquillage, se coiffa de façon à ne point trop attirer l’œil, et vérifia que sa chemise était bien fermée suffisamment haut. Mouais ... ils auront du mal à pas voir que je suis une femme ... mais bon ...

Le lendemain matin, alors que l'aube commençait à peine à décliner sa palette sur le ciel nuageux, le navire quitta le port, avec une elfe cachée à son bord. Comme promis par le capitaine, Helyanwë s'occupa de la cuisine, au grand bonheur des matelots qui eurent autant l'estomac plein que les papilles enjouées. Saphir restait collée à sa maîtresse pour veiller sur elle, ce qui dissuada doublement les hommes de trop s'en approcher. Et ainsi passèrent calmement les sept premiers jours.

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L'ennui avec le dégel du printemps, c'est que parfois la mer charrie des blocs de glaces que le courant aime à lancer contre les coques des bateaux. Et plus on s'approchait de Cardrak, plus il y en avait ... Autant vous dire que l'art du slalom était maîtrisé par ces marins endurcis. Ce qui n'ôta pas pour autant les craintes de naufrage à la princesse ... Il y avait de quoi : par chance, elle semblait avoir le pied marin, mais c'était son premier voyage en navire, son premier voyage sur une mer relativement calme mais au roulis bien présent, et son premier voyage vers les Glaces et ce que cela impliquait - à savoir naviguer sur une mer pleine de gros glaçons qui faisaient parfois la moitié de la taille du bateau, rien que ça. En prime, elle devait gérer des marins râleurs quand il s'agissait de manger pour la énième fois du bœuf séché avec des pommes de terre. Helyanwë savait cuisiner, mais elle ne faisait pas de miracle ...

L'avantage à vivre pendant plusieurs jours avec des cardrakiens, c'est qu'on se prend en plein visage leur culture. Bien que les marins soient assez méfiants vis à vis d'elle - on lui expliqua que les elfes n'étaient pas leurs meilleurs amis, sans compter qu'une femme à bord d'un navire n'est pas toujours bien vu - certains se mirent à l'apprécier et les langues se délièrent. Certains parlèrent de leur femme, là-bas au pays, d'autres de leurs enfants, qui grandissent trop vite, d'autre encore expliquèrent leurs coutumes à l'elfe. C'était encore mieux que dans les livres. L'odeur et le son en prime. Et Helyanwë se prit encore davantage d'affection pour les humains. C'était des gens vrais, authentiques, vivants, passionnés. Et d'y songer, son peuple lui manqua une nouvelle fois au point de la rendre un brin mélancolique. Il n'y avait plus de retour possible, et elle s'en rendait douloureusement compte. Et alors que la journée touchait à sa fin, et qu'une nouvelle semaine allait commencer, l'elfe se barricada dans sa cabine et se laissa pour la première fois aller. Elle pleura en silence un long moment avant de tomber dans un sommeil profond.

La deuxième semaine de voyage ne fut pas plus difficile que la première. Pour les marins du moins. Car pour Helyanwë, habituée à un climat tempéré et agréable, les températures de plus en plus froide et de le temps de plus en plus ... humide ... étaient une épreuve réelle. Au point que l'elfe tomba malade au neuvième jour. Elle resta alitée, au chaud dans sa cabine, pendant deux longues nuits et trois journées complètes. Au douzième jour, à force d'un traitement de cheval à base de cataplasmes à l'odeur douteuse et à la couleur tout autant inquiétante, de grogs capables de faire un trou dans le plancher, et de bouillons de légumes sans légumes, Helyanwë fut à nouveau sur pied, avec l'envie furieuse qu'enfin ce périple prenne fin.

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Au quatorzième jour en mer, alors que le soleil allait atteindre son zénith, Cardrak fut en vue. Et peu après midi, Helyanwë posa pour la première fois le pied sur le continent froid, prenant au passage de plein fouet une bourrasque chargée d'embruns salés. Et elle sourit. Elle était loin de chez elle, plus loin qu'elle n'aurait jamais pu l'imaginer, avec un océan la séparant de sa famille et de son peuple, mais elle était heureuse : sa nouvelle vie allait commencer !

Faisant ses adieux à l'équipage de la Dame Blanche et à son capitaine, elle se fit conseiller une auberge tenue par une femme de bonne famille et qui logeait les voyageurs qui désiraient un peu plus de confort qu'une cabine dans un rafiot, et qui ne lui coûterait pas non plus les yeux de la tête. Armée de cette adresse, l'elfe princière s'y rendit et loua une petite chambre coquette. Après quoi, elle se rendit dans les rues et tâcha de découvrir cette ville nouvelle.

Et tout en s'émerveillant devant les prouesses des hommes, capables de vivre et de construire dans un tel environnement, elle se demandait comment elle allait pouvoir travailler à la libération de son peuple depuis ce point lointain ...

Helyanwë

Helyanwë


Elfe

Partie IRL
Crédit avatar : Mélanie Delon (http://vanilie.centerblog.net/3572-melanie-delon)
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