Bioshock infinite : Rédemption | |
| Aller à la page : 1, 2 | Jeu 21 Aoû - 11:35 | | | | Dans la pièce suivante se trouvait Zachary Comstock. Grand, droit, le visage fier derrière sa longue barbe blanche, le prophète avait pourtant l'air d'avoir bien vieilli depuis la fois où je l'avais vu. Malgré le masque d'assurance qu'il affichait, les derniers événements l'avaient éprouvé lui aussi. Et si c'était à ça qu'il ressemblait, je me pris à craindre de voir à quoi je ressemblais moi même.
Avant d'entrer dans la pièce, j'ai donné mon pistolet à Elizabeth. Avec Booker, nous l'avons mise une dernière fois en garde contre le prophète, et ses évidentes futures tentatives de manipulation, en lui conseillant simplement d'entrer et de lui mettre une balle dans la tête. Ça aurait été trop dangereux d'attendre un seul instant de trop. Mais bien évidemment, ce n'est pas comme ça qu'elle voulait que les choses se passent.
Il l'accueilli à bras ouverts, l'appelant « mon enfant » avec un culot qui me cloua presque sur place. Conformément au souhait d'Elizabeth, Booker et moi restions en retrait, l'arme à la main et prêts à s'en servir. Quand Comstock pris les mains d'Elizabeth pour les laver dans son bassin, nous eûmes un petit mouvement d'humeur, mais rien ne se passa. Elizabeth, elle, restait droite, raide comme une statue de métal, le pistolet toujours attaché grossièrement à sa taille.
Après quelques paroles de courtoisie feignant une intimité père-fille qui me révulsait, Comstock s'adressa à nous.
« Je vois que vous aussi, Booker, vous avez trouvé un disciple. - Je ne suis le disciple de personne, répondis-je. - Et pourtant, tu l'as suivi contre tes frères, tes sœurs, et contre la volonté de Dieu. - Seulement contre la votre. - Tu comprendras bien vite ton erreur mon enfant, et tu t'en repentiras, je puis te l'assurer. - Permettez moi d'en douter. - Booker, dit-il en se détournant de moi, je suis un imbécile. J'ai envoyé des armées contre vous, alors que je n'avais qu'à lui dire la vérité. »
Avec une fermeté surprenante, il attrapa le bras d'Elizabeth et le tendit vers nous, exhibant son doigt manquant.
« Dîtes lui, Booker, ordonna le prophète, dîtes lui pour son doigt ! »
Je lisais la surprise sur les visages de Booker et d'Elizabeth. Aucun d'eux ne semblait comprendre ce qui se passait, ni ce que Comstock voulait dire. Etait-ce juste un mensonge éhonté pour essayer de nous monter les uns contre les autres ? C'était possible, mais il avait pourtant l'air fermement convaincu de ce qu'il disait. Cela dit, son attitude ne nous laissa pas le temps de nous poser de questions. Le prophète était habitué à avoir tout ce qu'il voulait quand il le voulait : Elizabeth se débattait pour qu'il la lâche, et à chaque soubresaut, il refermait son étreinte encore plus.
Cela se transforma en véritable lutte, et Booker et moi, nous avons bondi pour intervenir et les séparer. Mais avant même que nous ne soyons arrivé, un coup de feu retentit, et Comstock s'écroula sans le moindre soupir.
Elizabeth s'était défendue, et elle avait tiré pour l'éloigner d'elle. Par un concours de circonstances que j'hésite encore à qualifier de chanceux ou de malchanceux, elle a tiré en plein dans le cœur de Comstock, le tuant sur le coup, si vite qu'il n'avait probablement même pas eu le temps t'entendre le coup de feu.
Le corps s'effondra devant elle, tandis qu'elle tenait l'arme encore fumante. Son visage était figé dans une expression indéchiffrable, mais ce n'était en aucun cas de la joie ou de la délivrance qui y figurait. Sans réfléchir, sans vérifier si Comstock était bel et bien mort, je me suis approché d'elle pour la prendre dans mes bras. Elle laissa tomber le pistolet dès cet instant, la respiration chaotique. Malgré le choc qu'elle avait l'air de subir, elle ne pleura pas, ne trembla pas. Elle semblait subir de plein fouet l'horreur de la mort, mais elle l'encaissa fermement. En un sens, j'étais fier d'elle.
Comstock était mort, tué par l'enfant qu'il avait enlevé et enfermé pendant toute sa vie. Mais il avait réussi à éveiller le doute. Booker savait-il quoi que ce soit à propos du doigt coupé d'Elizabeth ? Quand je le regardais, je le vis, perplexe, comme s'il se posait la même question que moi. Il se mit rapidement à saigner du nez.
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| | Albar
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| | Ven 22 Aoû - 11:09 | | | | La chose qui nous a sans cesse manqué, pendant toute cette aventure, c'était le temps. Les seuls moments où nous étions relativement au calme et où nous avions le temps de discuter, c'était lorsque nous étions dans l'un des nombreux ascenseurs de la ville. Sitôt que nous étions à l'extérieur, nous devions être sur le qui-vive, et être prêt à écourter nos discussions dès que le moindre coup de feu retentissait.
A ce moment, nous aurions aimé avoir le temps. Nous avions terriblement besoin de nous poser, et de nous parler de tout ce que nous venions d'entendre. Quand Elizabeth demanda à Booker s'il était bel et bien au courant de quelque chose, pour son doigt, il lui assura que non, qu'il ne savait absolument rien, qu'il fallait qu'elle le croie. Et, en voyant le doute d'Elizabeth, il proposa de lui prouver sa bonne foi, en l'aidant à détruire le siphon.
Avant que nous n'ayons pu aller plus loin, avant que je ne puisse tâcher d'expliquer pourquoi cette idée me faisait peur, nous nous sommes mis à entendre de nombreux bruits de vaisseaux, qui se rapprochaient de nous. C'était certainement mauvais signe, et nous avons rapidement rejoint le pont supérieur du dirigeable. De là, nous avons vu toute une flotte de vaisseaux de la Vox Populi qui volaient autour de nous. Tout ce qu'il restait des révolutionnaires gravitait autour de ce qui leur semblait être leur cible prioritaire : le prophète tant détesté.
Nous ne pouvions rien faire. La Main du Prophète n'était pas assez armée pour lutter contre tous ces dirigeables et ces vaisseaux. Nous étions blindés, mais rien ne résisterait à un feu nourri. Nous ne pouvions qu'espérer réussir à atteindre un endroit où nous pouvions nous poser avant de prendre la poudre d’escampette et de nous faufiler à nouveau dans les rues de Columbia.
Sauf qu'Elizabeth eut une idée. Ou du moins, une révélation. Sans signe avant coureur, elle se mit à fracasser une statue qui se trouvait là, de celles qui appelaient Songbird. Dès le premier coup, elle se mit à chanter sa chanson, légèrement déformée par les coups qu'elle subissait. Alors que nous lui demandions ce qu'elle faisait, elle nous expliqua qu'elle avait compris comment contrôler Songbird : sur la carte que la vieille Elizabeth lui avait remis, il y avait, entre autre, le dessin d'une cage. Et elle avait compris que C-A-G-E devaient être interprétés comme des notes de musique, à jouer sur l'espèce d'harmonica qui renfermaient ces statues. Les jumeaux Lutece nous avaient appris que Songbird ne répondait qu'à la chanson et à l'instrument. Les deux en même temps.
Nous vîmes alors Songbird voler autour du dirigeable d'un air menaçant, répondant à l'appel de la statue. Elizabeth se saisit alors de l'instrument à travers les débris et se mit fébrilement à jouer, alors que Booker et moi attendions, l'arme à la main et le cœur qui semblait se balader librement dans la poitrine.
Et cela fonctionna ! Songbird se posa juste devant nous, et son regard rouge vira au vert, tandis qu'Elizabeth lui parlait. Elle lui demanda avec douceur, parlant à son plus vieil ami, s'il pouvait nous aider. L'oiseau chanteur lui répondit d'un de ses cris si particuliers, et il s'envola, fracassant l'un des vaisseaux de la Vox. C'était notre chance ! Avec le puissant Songbird à nos côtés, nous pouvions vaincre nos derniers adversaires !
Notre toute dernière lutte ne fut pas la moins violente. Quand les révolutionnaires comprirent que nous n'allions pas nous rendre sans nous battre, ils ont commencé à débarquer sur le dirigeable, et ont tenté de détruire eux même la source d'énergie du vaisseau, pour nous faire nous écraser le plus vite possible. Alors, pendant que Songbird détruisait la flotte ennemie lentement, mais sûrement, nous avons tous les trois tenté de protéger le réacteur de notre dirigeable. Avec succès.
Lors que le dernier vaisseau fut détruit par notre allié volant, la tour d'Elizabeth était en vue. Le siphon était à portée, et avec Songbird, nous avions de quoi le détruire et libérer les pouvoirs d'Elizabeth. C'était maintenant ou jamais...
Je les rejoignais en courant, alors qu'ils se trouvaient déjà tous les deux à la proue du vaisseau.
« Elizabeth, attends ! Ne fais pas ça ! »
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| | Albar
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| | Sam 23 Aoû - 11:32 | | | | Elle me jeta un regard surpris. J'imagine que s'il y a bien une chose à laquelle elle ne s'était pas attendue, c'était bien cette requête. Je n'avais pas la moindre idée de ce que je voulais, ni de comment j'allais argumenter, mais il fallait que je fasse quelque chose, d'une façon ou d'une autre.
« Qu'est-ce qui se passe ? Me demanda-t-elle alors que je ne parlais toujours pas. - Je... Je ne sais pas comment te le dire, mais j'aimerais vraiment que tu réfléchisses à ce que tu vas faire. - J'y ai déjà réfléchi... Je dois le faire, répliqua-t-elle d'un ton plus dur. - Pourquoi ? Pourquoi est-ce une obligation ? - Comstock. - Il est mort ! C'est fini, nous l'avons tué ! - Mort ? Comme Mme Comstock tu veux dire ? Dans ce monde là, oui, il l'est, mais je sais bien qu'il est encore en vie dans d'autres, et je ne peux pas rester sans rien faire. »
Dans ma détresse, j'avais oublié ces histoires d'autres mondes, auxquelles j'avais pourtant longuement réfléchis. La soif de vengeance et de justice d'Elizabeth était difficile à endiguer, et en considérant qu'il y avait d'autres Comstock, l'arrêter semblait peine perdue. Je n'avais pourtant pas l'intention de me rendre sans combattre.
« Ce n'est pas notre problème ! Ces autres mondes se débrouilleront seuls, ils n'ont pas besoin de nous. Si nous avons réussi ici, nous avons sans doute réussi ailleurs, avec ou sans moi, et cette Elizabeth là s'occupera de régler les problèmes. - Je ne peux pas fermer les yeux et tourner le dos à tout ce que je suis capable de faire... C'est ma responsabilité d'arrêter le prophète partout où il est. - Alors comment tu comptes t'y prendre ? Te balader dans tous les univers possibles et tuer tous les Comstock que tu croiseras ? - Non... Je veux le tuer à la naissance, l'étouffer au berceau. »
C'est ce que j'avais craint sans m'en rendre compte. J'avais ma théorie, sur les mondes, après tout ce que nous avions passé, et si elle se révélait exacte, les conséquences pour nous tous seraient... Funestes.
« Elizabeth... Si tu fais ça... Lutece ! Me mis-je alors à crier. Rosalind, Robert ! Je sais que vous savez ce qui se passe ici ! Je vous en prie, venez ! J'ai besoin de savoir ! »
Un lourd silence s'abattit alors que nous attendions une hypothétique réponse. Les jumeaux répondaient rarement aux questions de manière intelligible, mais avoir un début de réponse était toujours mieux de n'avoir que des questions.
« Tu vois ? Je t'avais dit qu'ils finiraient par nous appeler, dit Robert, surgissant de nulle part. - Tu avais parlé d'eux au pluriel, or, un seul l'a fait. - Tu recommences à être mauvaise joueuse. - Tu n'as pas tout à fait gagné. - Je pense que... - S'il vous plaît, les interrompis-je, je dois vous demander quelque chose ! - C'est à propos des mondes n'est-ce pas ? - Vous cherchez à savoir... - Si l'idée que vous vous en faîtes... - Est juste. - Et si les conséquences de la décision d'Elizabeth... - Seront aussi néfastes... - Que dans vos pires craintes. - Oui, soupirai-je. Oui, c'est ça... Alors ? - Oh, mais nous n'en savons rien. - Vous ne nous avez même pas dit ce que vous pensiez. - Ah, dis-je, un peu perdu. Heu, oui, bien sûr. Je pense que... Qu'il est effectivement possible de tuer Comstock à sa naissance pour tuer toutes les versions de lui. Parce que le temps... Il n'est pas linéaire. Il y a des moments où plusieurs choses peuvent se produire dans le futur. Par exemple, je peux choisir de faire un pas en avant, ou en arrière, dis-je en faisant, au hasard, un pas en avant. J'ai choisi d'aller en avant, mais j'aurais pu aller en arrière, et du coup, j'ai créé deux mondes. Dans l'un d'eux, j'ai fait un pas en arrière et la discussion continue, et l'autre, c'est celui dans lequel nous sommes. Est-ce que je me trompe ? - Vous ferez toujours un pas en avant, répondit Rosalind. - Des constantes. - Mais d'autres décisions varieront selon les mondes. - Des variables. - Ce sont bel et bien ces divergences qui créent les différents mondes. - Mais votre théorie ne s'arrête pas là, n'est-ce pas ? »
Du coin de l'oeil, je voyais Elizabeth, et son regard qui fléchissait. Elle commençait à comprendre où je voulais en venir, et cela l'attristait terriblement.
« Non, répondis-je, non, en effet. Même si c'est faux, j'aimerais garder mon exemple du pas, pour mieux m'expliquer. Si Elizabeth revenait dans le passé pour m'empêcher de faire ce pas, les deux mondes que j'ai créé en les faisant disparaîtraient pour être remplacés par un nouveau, où je n'ai pas bougé, c'est ça ? - Elle est la seule à pouvoir modifier le cours du temps. - Nous même nous ne le pouvons pas vraiment. - Revenir dans le passé affecte les futurs qu'il a engendré. - Tout comme couper un arbre met fin à toutes ses branches. - Chaque monde est un fruit sur un arbre. - Plus on s'approche des racines... - Plus on observe de fruits. - Alors ça veut dire que... - Arrête, m'interrompit Elizabeth, j'ai compris... »
Je me tournais vers elle, et, à mon grand désespoir, je vis des larmes couler sur ses joues alors qu'elle tenait fermement le sifflet dans les mains, prête à appeler Songbird pour lui donner une dernière mission. Je n'arrivais plus à dire quoi que ce soit. Je me suis contenté d'attendre craintivement qu'elle reprenne la parole.
« Je n'ai pas d'autre choix, me dit-elle, au bord du sanglot. Il faut que je le fasse ! - Mais ça va te tuer... Ça va tous nous tuer... - C'est peut-être mieux comme ça, non ? Toutes ces souffrances, toute cette folie, tout le mal dont il est responsable. J'ai le pouvoir d'arrêter tout ça ! Tu ne le ferais pas, toi ? - Je n'en sais rien... Mais en le faisant, tu nous enlèves le pouvoir d'arranger les choses... C'est la seule chose que nous sommes capable de faire ! A part toi, personne n'est capable de revenir en arrière, nous, ce qu'on fait, c'est réparer, reconstruire, améliorer, essayer de corriger les erreurs du passé. - Tu l'as dit toi même... Dans un autre monde, il y a sans doute une autre Elizabeth, qui, elle, ne te connais pas, et qui reviendra en arrière pour tuer Comstock. Alors on disparaîtra de toute façon. - Et donc, ça nous empêche de passer du temps ensemble, pendant qu'on le peut encore ? - Ça ne marche pas comme ça... - Alors comment est-ce que ça peut marcher ? - Je n'en sais rien... »
Nous sommes restés dans un long silence consterné pendant un temps bien trop long pour que je puisse me souvenir exactement de sa durée. Peut-être n'était-ce que quelques instants que mon esprit a étiré plus que de raisons, ou bien était-ce véritablement plusieurs dizaines de minutes. Je cherchais, je cherchais, je réfléchissais plus durement que jamais je ne l'avais fait, mais rien ne me venait à l'esprit, aucune solution ne pointait le bout de son nez. Et je savais que si je ne trouvais pas d'idée miraculeuse, je devrais abandonner, car mon égoïsme risquait de gâcher les derniers instants que je passais avec elle.
Puis, soudain, sans que personne n'ait pu le prévoir, la voix de Booker retentit.
« Tu disais bien que tu pouvais créer les mondes quand tu étais petite, non ? Et eux là, dit-il en désignant les Lutece, disent que tu transcende toutes les règles du temps. Alors tu dois bien être capable de créer un monde où.. Je sais pas moi, un monde en dehors de toute cette histoire d'arbre, qui ne sera pas affecté par ce que tu vas faire. - Mais oui ! M’écriais-je. Bien sûr ! Si chaque monde est un fruit, alors tu dois pouvoir cueillir le notre, et les planter pour donner naissance à un nouvel arbre ! - Je ne sais pas si je suis capable de faire ça... - Tu le faisais étant petite, insistai-je. - J'ai toujours cru que je le faisais, me répondit-elle en instant sur le mot. Je n'en ai jamais été certaine. Et même si j'en suis capable, je ne sais même pas si je peux recréer exactement le même monde que maintenant. »
Je connaissais ses doutes, je les avais aussi. Mais c'était la meilleure solution que nous ayons, et c'était la seule qui avait une chance de marcher. Elle était de ces idées géniales qui, une fois que vous les avez trouvées, vous donnent l'impression que jamais vous ne trouverez mieux, ni même quelque chose d'autre. Elle vous donnait cette conviction, cette certitude que c'était la seule et unique alternative, et je l'ai crue. J'ai eu foi en cette idée.
« J'ai confiance, Elizabeth. »
Elle n'a rien ajouté. Booker non plus. Les Lutece non plus. Personne ne dit un seul mot, et chaque réaffirmait sa détermination. La décision était prise, chacun l'avait faite.
Il ne nous restait plus qu'à nous dire adieu. J'ai d'abord marché vers Booker, et, d'un même élan, nous nous sommes étreint avec force. Je ne saurais vous décrire le regard qu'il m'a lancé à ce moment là. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il n'aurait certainement pas pu mieux faire. Lentement, je me suis séparé de lui, et je me suis tourné vers Elizabeth, qui donna rapidement le sifflet à Booker.
Nous nous sommes enlacés pour ce qui risquait d'être la dernière fois, partageant un long baiser, empreint d'un curieux mélange de tristesse, de peur, et d'espoir. Après quelques instants d'embrassades, nous nous sommes éloignés, nous tournant vers le siphon, la tour de l'archange déjà en ruine, qui trônait au loin.
Main dans la main, nous avons entendu Booker commencer à jouer. Songbird surgit des nuages et vrilla vers la tour, prêt à la détruire, et à sceller notre destin.
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| | Albar
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| | Dim 24 Aoû - 11:06 | | | | Le temps est quelque chose d'étrange, et dont jamais nous ne comprendrons toutes les règles. Les Lutece sont de loin les plus informés à ce sujet, car les réalités parallèles qu'ils transcendent ne sont que des manifestations du temps qui s'écoule, de ses constantes et de ses variables. Certaines choses dépendent effectivement du hasard, du hasard véritable. Mais d'autres ne changent jamais, peu importe le nombre d'essais et de tentatives, peu importe l'illusion de l'aléatoire.
Si Comstock a été tué au berceau, comment tout cela a-t-il été possible ? S'il est mort, Elizabeth n'a jamais pu exister, et donc, jamais pu aller le tuer. Comstock aurait donc vu le jour, aurait enlevé Elizabeth, qui serait retourné le tuer, et aurait donc cessé d'exister, etc. C'était une boucle infinie, une boucle qui n'avait aucun sens ni raison d'exister.
Sauf... Sauf si l'on admettait qu'un monde avait été mis en dehors de tout cela. Si cette bulle isolée, séparée de l'arbre du temps, abritait Elizabeth, alors ses actions ne l'affecteraient pas, ni elle, ni le monde qui l'entoure.
Comstock est mort, dans des millions de millions de monde, un nombre si grand qu'il approche de l'infini, tant la diversité des choix et des conséquences est immense. Et Elizabeth les a tous tués, sans exception, à coupant l'arbre de Comstock, tel Washington abattant son fameux cerisier. Et pourtant, je suis là, à vous parler, à me souvenir.
Notre idée a fonctionné. Booker, Columbia, le monde, moi, tout a été conservé à l'identique, même après les morts du prophète. Lorsque la tour a été détruite, Elizabeth et Songbird ont disparues, nous laissant à bord du dirigeable, le doute au cœur et la peau au ventre. Je tentais de me rassurer en me disant qu'elle serait de retour bien vite : elle avait tout le temps du monde à sa disposition, et rien ne pouvait l'empêcher de revenir l'instant après sa disparition.
Mais les secondes s'étaient écoulées, terriblement lentes, alors que nous craignions de... Je ne sais pas trop en vérité. De nous désintégrer ? De disparaître subitement ? Ou plus simplement, de ne pas la revoir.
Quelles que furent ces craintes, elle se dissipèrent quand nous avons entendu le subtil claquement d'un talon derrière nous. C'était bel et bien Elizabeth, comme elle était avant qu'elle se parte, à ceci près qu'elle était trempée, et que son regard accusait un profond choc. Lorsqu'elle tenta de marcher, elle s'écroula, et Booker la rattrapa in extremis. Elle sombra alors dans un profond sommeil qui dura des jours entiers.
Quand elle ouvrit les yeux, nous étions à Paris.
Ses pouvoirs ont disparu dès son retour. Elle m'a révélé avoir perdu son doigt quand Comstock avait essayé de l'enlever à son père, à travers une faille, et nous avons supposé que c'est de là que venaient ses pouvoirs : elle existait dans ces deux réalités. Quand elle supprima toutes celles qu'avait engendré Comstock, cette partie d'elle même disparut, et dès qu'elle eut réintégré notre monde, elle ne se trouvait plus que dans une seule réalité.
Elle révéla aussi une partie de la vérité à Booker, à savoir qu'il était son père biologique, lui rappelant par le fait même ses souvenirs passés, ceux où il avait accepté de vendre Anna à Comstock, avant de changer d'avis et d'essayer de la récupérer. Il fut rongé par le remords pendant bien longtemps, mais, grâce au pardon d'Elizabeth, il finit par le surmonter, et tenta de rattraper ses fautes passées.
Elle ne lui révéla jamais que Comstock et lui étaient une seule et même personne, bien qu'elle accepta de partager le fardeau de ce secret avec moi. Booker ne se douta jamais de rien, pour autant que je puisse le savoir, et fini par s'adapter totalement à cette réalité qui n'avait jamais été la sienne. Ses saignements de nez disparurent totalement au bout de quelques mois.
Pour ma part, tout allait bien. Voilà.
Nous sommes restés à Paris pendant un peu plus d'une année, jusqu'à ce que les prémices de ce qui allait être la première guerre mondiale ne nous fassent prendre conscience du danger. Alors nous sommes repartis à travers le monde. Booker était notre guide, et Elizabeth et moi découvrions chaque nouveau recoin que nous visitions.
En définitive, nous sommes retournés à Columbia, de nombreuses années plus tard. La ville était en piteux état, mais elle s'était relevée de toutes ces horreurs. Les gens avaient commencé à reconstruire leur vie et leur ville, et, libérés de la main de fer de Comstock, les choses se passaient un peu mieux qu'avant pour les minorités. Il fallu néanmoins de nombreuses années de travail pour que les noirs, jaunes, rouges, et tous les autres exclus puissent avoir un statut comparable à celui des blancs, et jamais le racisme ne fut totalement éradiqué.
Booker avait accepté de nous y rejoindre, et il avait ouvert son cabinet de détective privé là bas. Les affaires n'étaient pas tout à fait florissantes, mais je pense qu'il était heureux.
Quant à Elizabeth et moi, nous sommes restés ensemble, et nous avons rebâti cette ville qui nous avait opprimé pendant si longtemps. Voir « l'enfant de Comstock » prendre le contrôle de la ville n'enchanta pas d'abord les foules, mais il ne leur fallut pas longtemps pour prendre conscience du changement qu'elle allait apporter.
Le reste de notre vie fut... Paisible. La mort de Booker nous pesa beaucoup, mais, comme toute famille, nous avons fini par faire notre deuil.
Quant à Elizabeth... Jamais je ne pourrais en parler suffisamment. Sachez juste qu'elle était la femme la plus belle, la plus honnête, la plus aimante et la plus aimée qu'un homme aurait pu rêver d'avoir. Sa force de caractère n'avait d'égal que la justice de ses convictions, et je pense sincèrement qu'elle a rendu le monde meilleur. Et quand l'âge la rattrapa après une longue et heureuse vie, nombreux furent ceux à pleurer sa mort. Et je fus celui qui pleura le plus.
Paris, son rêve d'enfance... Ni elle ni moi ne voulions la voir passer l'éternité dans un caveau morne, même celui de la ville lumière. Elle aimait profondément la nature, celle qui nous avait tant manqué à Columbia.
Alors me voilà... Moi, le dernier d'entre nous, assis sur un vieux banc, entouré de pigeons. Leur tête me rappelle toujours Songbird, même après tout ce temps. J'ai dispersé les cendres de ma femme bien aimée il y a maintenant plusieurs jours, dans ce parc, devant moi. C'était son endroit préféré... C'est là que je lui ai fait ma demande, il y a bien longtemps, là où j'ai mis genou à terre en lui offrant ma vie. Sa dernière demeure.
Je n'espère pas la rejoindre. J'aimerais y croire, mais je n'y arrive pas. Tout ce que je veux, c'est arrêter de souffrir. Maintenant qu'elle est partie, maintenant que j'ai raconté notre histoire comme elle le voulait, je n'ai plus rien à faire ici.
Si par bonheur je me trompe, et si tu es là, mon amour, si tu entends mes mots... Saches que ma dernière pensée aura été pour toi.
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| | Albar
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