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 Nous sommes cuits !

 
Nous sommes cuits ! Sand-g10Ven 18 Juil - 17:51
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Troisième marin malade à cause de la bouffe. En une semaine. Il devient urgent de remplacer l'ancien cuistot, mort connement d'une poulie en pleine tempe pendant un grain. On lui avait dit d'être prudent pourtant. Enfin...

J'ai finis par me décider à jouer un coup un peu osé, mais qui pourrait s'avérer payant. Le seul cuistot mâle compétent que je connaisse, installé chez les Amazones. Il s'est fait accepter par le seul moyen possible : faire de la 'tain de bonne bouffe. Aux dernières nouvelles il songeait à se ranger, lassé des bagarres dans la taverne où il bossait, encore plus violentes que dans des tavernes remplies de mâles.

Je dois admettre que les Amazones qui se bagarrent sont souvent bien pires que leurs homologues masculins. D'un autre côté, vous avez vu la gueule du monde qui les a forgées ? Qui m'a forgée, car je reste une Amazone d'adoption.

C'est étrange comme j'ai l'impression de revivre mes jeunes années. D'abord la Cave, qui m'aura marqué plus que tout autre lieu dans ma vie. Ensuite je me lie avec une entité pour le moins étrange, même si Phalène est autrement plus agréable de compagnie que Robb. Vraiment... vraiment plus agréable. Chaque regard porté sur elle m'emplis de douceur et de paix. Quand je sens la peur remonter je ferme les yeux pour me rappeler ses mains qui jouent avec les miennes ou là chaleur de son souffle près de moi.

Je ne pense pas être... amoureuse. En fait je ne ressens aucune forme de désir charnel, sinon le simple fait d'être à son contact. C'est comme une dépendance. Mais une dépendance bénéfique et agréable. J'ai déjà eut envie de... gens, au cours de ma vie. Mais je ne m'en suis jamais approchée à cause de Robb. Là j'ai l'impression de renaître. Et ça fait un bien fou.

Nous accostons à l'île des Amazones sans heurt. Le Dédain est reconnu mais une bordée de jurons à l'égard de l'embarcation des gardes-côtes que nous croisons suffit à m'identifier. Et puis après tout Joshua a discuté avec leur Reine, nous avons tenté de nous rapprocher d'elles. Nous sommes presque des amis.

Pourtant, tandis que nous terminons de nous approcher du quais, j'appréhende. Sans raison précise, j'appréhende l'aventure à venir sur l'île. Inconsciemment je cherche la main de Phalène. Malgré tout j'ai encore besoin d'une ancre pour ne pas déraper.

Le débarquement me rappelle encore des souvenirs. Je n'ai pas lâché la main de Phalène et Orgath nous accompagne. Une présence sombre, à sa manière, et une présence avec laquelle je partage presque tout. La seule différence avec mon tout premier débarquement ici, c'est que Robb était les deux à la fois. Et qu'il était sombre. Tout court. Orgath reste juste mystérieux, alchimiste et beaucoup instruit pour que je tente de tenir une conversation avec lui sur ses sujets de prédilection.

A moins d'avoir assez d'alcool dans le sang.


Evitez de vous égarer. Nous cherchons Phil McMubble, cuistot du "24 livres de pétales", une taverne un peu remuante. Il paraît qu'il s'est rangé pour retrouver un peu de calme après les bagarres incessantes de l'établissement. Mais c'est le meilleur cuistot que je connaisse et il nous le faut pour le Dédain. Des questions ?

(Le premier qui post prend le tour)

Sylvia Morenbal

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Ven 18 Juil - 22:05
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Le dragon eu un petit sourire. "Il s'est rangé hein?". La dernière fois que le dragon y avait penser à se ranger, il avait fini pirate. L'aventure et l'action, deux drogues bien puissantes s'il en est!

"Bien reçu, Sylvia. Je suis juste derrière vous deux"
Le reptile gratifia d'un sourire malicieux ce que tout le Dédain appelait déjà un couple. Il n'était pas bien sûr de la relation qui existait entre ses deux coéquipières mais c'était bien plus que de l'amitié. Il fallait être idiot pour passer à coté et le Dédain n'embauche pas d'idiots.

Pour "éviter de s'égarer", le dragon pris soin de prendre des points de repères. Le port était parfaitement indiqué par des panneaux en bois, cloués aux murs des maisons, de bois elles aussi. Les végétaux imputrescibles dont les amazones faisaient le commerce étaient réputés. Et par imputrescible, il fallait entendre "qui tiens plus de 50 ans sans pourrir dans une atmosphère avoisinant les 75% d'eau". L'architecture des maisons était très spécifique, d'apparence rudimentaire, le néophyte aurait parlé de cabanes, elles étaient sur pilotis pour prévenir les inondations dues aux tempêtes côtières fréquentes. Malgré une fragilité apparente, les habitations étaient assez solides pour braver les dites tempêtes, cela grâce à la flore omniprésente qui servait de coupe vent et d'encrage aux murs. Les matériaux végétaux peux chers et les techniques de construction faisaient de ce genre d'endroit un village où il était impossible de délimiter la zone habitée et la forêt. "Ne pas s'égarer", maintenant, les mots de la seconde prenaient tout leur sens. Outre les panneaux indiquant sommairement les lieux importants, on pouvait voir un lieux de culte en face du port. Cette chapelle louant tous les dieux était un bon repère, visible de loin. Sa patronne Azuria Mira protégeait l’île, du moins, selon les légendes.

Orgath se rendit compte qu'il allait être relativement facile de trouver la taverne: un équipage amazone venait de jeter l'encre dans le port et déjà les femmes se dirigeaient vers le seul lieu sacré pour tout marin qui se respecte.

"Nous pourrions suivre ces demoiselles qu'en pensez vous? Quelque chose me dit que les 24 Livres de Pétales vont êtres animés ce soir"

Orgath Marchenuit

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Dim 20 Juil - 19:01
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C'est en assistant de manière fort invonlontaire aux démêlés intestinaux d'un énième marin qui avait maille à partir avec la "cuisine" que l'équipage du Dédain cherchait à élaborer pour pallier la disparition inopinée de l'ancien chef que Phalène se félicita une fois de plus d'avoir depuis fort longtemps adopté un régime alimentaire qui la tenait éloignée des considérations de ce genre. Jamais elle n'aurait pensé que la nourriture fut un problème si important à bord d'un navire mais à la réflexion, c'était soudain évident : la fragilité humaine ne se dévoile jamais mieux qu'en présence d'un plat avarié. Sans trop savoir dans quoi elle s'engageait et surtout parce qu'elle aimait de moins en moins la perspective de s'éloigner de Sylvia de plus de quelques mètres, elle avait accepté de l'accompagner à terre pour aller quérir quelqu'un capable de nourrir l'équipage sans que ses repas ne connaissent un aller-retour rapide pour retourner à la mer dont ils étaient principalement issus.

Contrairement à Sylvia, elle ne se posait même pas la question de savoir quelle pouvait être la nature de leur relation. Cela existait, c'était tout, et c'était déjà un miracle en soi. Qu'importait le nom qu'on lui donna, et même si les mots ont leur importance, elle n'éprouvait aucunement le besoin de qualifier cela et en aurait été de toute manière bien incapable, à moins d'inventer un nouveau mot.

Regardant apparaître les contours frangés de sable des îles qu'ils allaient accoster, Phalène ressentit l'impression familière de soulagement qui lui venait chaque fois qu'il était question de remettre les pieds sur un sol stable. Elle commençait enfin à se faire au mouvement perpétuel du bateau, et plutôt que de lutter contre ce chaos quotidien, elle tâchait de se fondre dans le courant et de comprendre les forces à l'oeuvre pour se faire à ce monde mouvant. Rien ne surpassait toutefois le soulagement d'une terre meuble sous ses pas, bien qu'elle répugnat encore difficilement à qualifier de telles les îles de la Muerta qui n'étaient rien d'autre que des fragments éparpillés d'un pays qui ne savait plus très bien à quel monde il appartenait. La chaleur, qui plus était, et l'humidité constante de ces territoires lui semblaient être franchement malsain, et faisaient grouiller une multitude de choses qui étourdissaient ses sens au point qu'ils ne savaient plus où donner de la tête. Là, son esprit divaguait plus que d'ordinaire et elle rêvait encore avec nostalgie des étendues froides et désertes de ces plaines si simples, où la vie n'explosait pas littéralement dans un fouillis abondant. La mer lui semblait plus saine, au contraire, et la tiédeur des embruns chargés de sel lui parlaient des profondeurs obscures d'où elles étaient issues, et de la luxuriante vie aquatique qui se nichait sous les vagues. C'était étrange et inconnu, mais cela restait à sa mesure au contraire des jungles qu'elle avait traversées brièvement.

Le contact de la main de Sylvia dans la sienne ramena soudain Phalène à la réalité. Elle leva vers sa compagne un regard rassurant, sentant le trouble et l'inquiétude s'amasser au fond de ses yeux gris comme des nuées d'orage.
Elle jeta un bref regard au dragon qui opinait aux paroles de la seconde. Les échos de son chant dans la cave ne l'avaient pas quittée et ne cessaient de piquer sa curiosité concernant le mystérieux personnage. Il avait constamment sur lui des soupçons de poudre, de cendres de plantes étranges, et laissait dans son sillage la fragrance acide des métaux distillés, de toutes ces substances subtiles que l'on voit faire des bulles dans les antres des alchimistes. Mais elle sentait surtout le murmure de cette prison qui l'enfermait au fond de lui-même, et cette impression là lui était désagréable, quand bien même Orgath ne semblait pas en souffrir. C'était comme regarder un oiseau en cage, un oiseau d'écailles aux ailes de cuir brillant.

-Eh bien, fit-elle en fronçant légèrement le nez. Nous resterons sur vos pas, ne pas nous égarer sera une mission autrement plus difficile que de retrouver ce cuisinier.

Clignant des yeux au soleil, Phalène rabattit sa capuche sur sa tête, et, n'ayant pas d'idée plus intéressant à proposer, se contenta de suivre la marche. Munin s'envola, curieux de découvrir ce nouveau paysage, et s'en fut crapahuter sur les toits des cahutes de bois. Familière des villes, qui constituaient des étapes quotidiennes et obligées à ses pérégrination, la barde ne les aimait pas pour autant. Trop de gens, de choses, d'êtres, tout ramassé au même endroit. Elle se contentait générale de leurs abords, là où elle risquait moins de se perdre, et ne s'aventurait jamais dans leurs ventres grouillants sans un guide sûr. Pas question de quitter Sylvia et Orgath d'une semelle! Les rares panneau indicateurs ne lui serait d'aucune utilité, car elle n'en connaissait ni la langue, ni l'écriture, et ses talents de lecture étaient de toute manière très limités.

La présence de Sylvia apportait un réconfort inattendu. Son calme semblait parvenir à repousser l'agitation des alentours, et rester auprès d'elle lui permit de garder l'esprit plus clair qu'à l'ordinaire dans de telles circonstances. Il lui fallait toujours un temps d'adaptation avant de parvenir à éclipser le bourdonnement constant de son environnement. Un pied, puis l'autre, avant de parvenir à s'y plonger sans se noyer.

Phalène

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Mar 22 Juil - 0:17
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Suivre mes pas est le moyen le plus simple de trouver la taverne. Une ou deux filles de l'équipage qu'Orgath a vu débarqué me connaissent. Il leur faut un peu de temps pour me reconnaître quand je les interpellais mais rapidement nous échangeons quelques paroles qui me permettent de glaner des nouvelles des environs. Phil ne travaille effectivement plus au 24 livres. Il se serait installé sur les hauteurs, à l'écart.

C'est donc la route que je fais emprunter à Orgath et Phalène, à travers les pontons sinueux du port, indépendamment des quelques rares pancartes de toutes les manières obsolètes depuis des années dans leur immense majorité. Nous traversons un marché. Je prends délibérément le temps de flâner. Il y a de tout, Je finis par craquer sur un flotteur de filet en verre, poli pour avoir plusieurs faces, peintes de multiples couleurs. C'est inutile en soin mais j'imagine déjà la lumière jouer là-dedans et éclairer notre cabine.

Oui, notre. Celle que je partage avec Phalène. La mienne à l'origine, devenue la notre. Je dois dire qu'elle a apporté pas mal de changement au décors spartiate des lieux, ne serait-ce qu'en rajoutant un peu de... d'elle. Et je m'y sens mieux.

Après avoir flâné tout notre saoul sur le marché et encouragé mes compagnons à se faire plaisir avec ma bénédiction, je les emmène dans un troquet qui ne paie pas de mine mais dont la cuisine reste simple et savoureuse. Nous y retrouvons sans surprise une partie de l'équipage, guidé par ceux qui connaissent déjà l'île.

Ce n'est qu'après avoir, pour la première fois depuis longtemps, prit le temps de profiter de quelques heures de repos, que j'entraîne finalement Orgath et Phalène jusqu'à la demeure supposée de McMuggle : une bicoque bariolée à l'écart de la ville, perdue au milieu des premiers arbres de la jungle.

Je m'arrête devant la porte et tambourine avec douceur et délicatesse, à coup de plat de la main, sur l'huis de bois peint.


Phiiiiil ! Chancre mou, parrain indigne, marmiton de bas-étage, je sais que tu es là !

Oui, détail accessoire : Phil a été une sorte de père de remplacement pour moi. C'est grâce à lui que j'ai finit par réussir à prendre un peu d'assurance indépendamment de Robb. Je ne l'ai plus vu depuis une paire d'années mais j'ai bon espoir qu'il ne m'ait pas oublié si vite, le phénomène culinaire masculin de l'île des Amazones !

La porte s'ouvre après un coup instant et il apparaît. Râblé, aussi roux que je l'étais, tout en cheveux bouclés en bataille, favoris généreux, tâches de rousseur et massif comme une enclume. Dans mon souvenir, il était capable de me lancer à l'eau après m'avoir soulevée à bout de bras. Sans transpirer.

Il brandit une poêle à fonte qui a connu des jours meilleurs, malgré qu'elle soit parfaitement entretenue. Tandis qu'à sa ceinture il a ses éternels couteaux : deux de cuisine, aiguisés de frais et au manche travaillé en ivoire et un de combat, à lame dentelée.


Foutre et chancre, je me te vais vous... Hein... Parrain ? S... Sylvia ?

L'étonnement dans ses yeux du même vert que furent les miens me fait éclater d'un rire franc, de même que sa mine surprise, bouche bée. Un bras sur les épaules de Phalène, une main tendue vers Orgath, je fais les présentations.

Orgath, Phalène, voici Phil, mon parrain, père spirituel et cuisinier préféré. Phil, voici ma Phalène, barde de son état, et Orgath, alchimiste astucieux et plein de surprises. Tous deux servent sous mes ordres, à bord du Dédain où je suis devenue Second avant qu'il ne quitte l'Empire.

Sylvia Morenbal

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Mar 22 Juil - 14:57
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Sylvia mis rapidement ses deux compagnons au parfums, c'était son île, elle la connaissait mieux que les trois pancartes moussues du port. Déjà, elle prenait les nouvelles de la nouvelle recrue apures de ses connaissances locales.

Le trio passa ensuite par un dédale de pontons et de chemins terreux pour arriver à la mais... Ah non? Au marché. Bien, quart d'heure détente alors! Apres la bénédiction de la seconde, le dragon s'éloigna quelques minutes du groupe pour voir la marchandise. En bon client, Orgath observa attentivement les étales à la recherche de la plante, du minerai rare. Il fut vite déçu, ce marché n'offrait que de la nourriture basique et des breloques du cru. Voyant Sylvia au loin qui, elle, se faisait plaisir, le dragon décida de retourner flâner aux abords des étales. C'est dans un coin reculé presque dissimulé qu'il trouva enfin quelque chose.

L'étale était franchement moche et la commerçante ressemblait plus à une sorcière clocharde qu'à une vendeuse. Seulement il y avait ce pendentif au milieu de l'étale, seul objet en vente du reste, et sans prix annoncé. Il était beau, mais ce qui avait attiré le dragon, c'était cette magie qui s'en dégageait. Pas particulièrement puissante cette magie mettait le dragon à l'aise. Le pendentif était simple, seul le bijou était travaillé. Une larme stylisée, une larme qui semblait appeler le dragon.

"Il est beau hein?"
La voix éraillée de la vieille vendeuse avait fait sursauté Orgath. Elle avait quitté son coussin à même le sol pour venir du coté du dragon.
"La larme des Rêves. Un bijou sensé guider son porteur. Vous croyez en Cyri n'est ce pas?"

Le reptile commençait à être sur ses gardes, la femme en connaissait décidément beaucoup. Mais une question si innocente, il pouvait y répondre.
"Oui, en effet. Mais co.."
"Bien, je vais vous conter l'histoire de ce bijou. Vous verrez, elle n'est pas longue."
La vieille l'avait couper intentionnellement, elle tenait à mener cette conversation à sa manière. Souriante et le regard dans le vide, il ne servait à rien de poser des questions maintenant, Orgath écouta.
"Quand Lily vint au monde, un cataclysme vint avec elle. Les anciens qui n'avaient pas assez écouté la déesse avaient brûlé les étapes. Plus tard, Lily comprit quelle catastrophe avait engendré sa naissance. Triste de tant de morts, elle laissa échapper une larme. Une unique larme pour guider et protéger les mortels de leur propre folie."
"C'est une belle histoire mais je ne comprend pas. Pourquoi me dire ça?"

La vieille femme laissa échapper un gloussement. Pendant l'histoire, elle avait rangé l'étale, amas de tissu et de bois. Commençant à partir, elle se retourna pour lancer
"J'avais envie de parler. Retenez bien l'histoire, elle vous sera précieuse. Le berceau de Lily voila la clé! Et au fait, merci pour cet achat!"
Un objet tomba à terre alors qu'elle tournait à l'angle d'une baraque. Orgath n'eut ni le temps de lui dire un mot de plus, ni celui de lui rendre le bijou tombé. Ramassant le pendentif, il le fixa un moment. Une vente? Du temps contre un bijou? Soit. La conteuse s'était volatilisée, seuls restaient le bijou et son histoire.

Il était tant de reprendre le chemin de la retraite du cuisinier. Orgath suivit Sylvia et Phalène, songeur. Arrivé à la maison, il laissa la seconde le présenter puis salua le cuisinier de façon plus révérencieuse que sa partenaire. Le dragon était physiquement là mais il était ailleurs.

Orgath Marchenuit

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Ven 25 Juil - 14:19
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Sylvia avait l'air de connaître l'endroit, et s'y sentait même un peu comme chez elle. A la réflexion, cela n'étonnait pas vraiment Phalène qui trouvait que cette ville, si tant était que l'on puisse nommer ainsi un tel labyrinthe qui ne savait plus très bien où finissait la jungle et où était la civilisation, convenait bien à cette âpreté sauvage qu'elle avait sentie en elle. Lorsqu'elle s'en fut accoster le groupe de femmes qu'Orgath avait désignées, le regard curieux de la barde n'avait plus vraiment su où donner de la tête tant tout cela était nouveau. D'autres visages, d'autres atmosphères, et tout ici portait l'odeur de la mer dans son sillage. Du sel et de l'iode qui embaumait de toutes parts, et la verdure envahissante qui rampait de toutes parts et s'entrelaçait même sur les tatouages de leurs peaux tannées de soleil et de vents brûlants. Il y avait un air de famille, malgré tout, et même après la transformation, cette métamorphose qu'avait subi Sylvia, elle retrouvait un air de famille entre elle et ces femmes à la mine fière qui parlaient une langue étrange.
Phalène tâcha de se faire l'oreille à ces mots qu'elle ne comprenait qu'à demi, et resta longtemps songeuse comme si son esprit en décortiquait les sons autant qu'il s'appliquait à comprendre ce qu'il pouvait saisir de cet univers grouillant.

Suivre le pas alerte de sa compagne n'était pas une mince affaire, et la barde avait toujours un temps de retard sur les deux autres qui étaient bien plus à leur aise, ici. Elle fut soulagée de les voir ralentir la marche, lorsque Sylvia décida qu'ils avaient le temps nécessaire pour s'accorder le loisir de flâner parmi les boutiques du marché. Un vaste sourire éclaira le visage de Phalène, pour qui le seul intérêt de ces amas chaotiques de gens et de bâtiments était de trouver au même endroit assez de choses et d'êtres pour lui permettre de tenir longtemps ses marches solitaires.

Suivant son regard, elle vit la sphère de verre bosselé que Sylvia avisait sur un étal, et hocha la tête en souriant. L'objet avait ces teintes irisées qu'ont les verres épais faits d'un sable clair encore tout mêlé de sel et d'impuretés qui lui donnaient un aspect souvent terne et irrégulier. La lumière y jouerait joliment, et elle ressentit soudain une joie étrange et toute nouvelle à l'idée d'avoir un lieu où revenir chaque fois, un lieu à elles, comme un sanctuaire préservé de tout.

Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas fait escale, et plus longtemps encore qu'elle n'avait pu prendre le temps d'aller quérir tout ce qui lui était nécessaire. Comme souvent, on vendait n'importe quoi à n'importe qui pourvu qu'il y ait assez d'espèces sonnantes et trébuchantes, ou dans le cas de Phalène, assez d'aplomb et de talent dans le marchandage. Des morceaux de bois étranges aux formes contournées, des plumes, des ocres et des pigments, des substances dont elle seule semblait connaître l'utilité... La barde ne chôma point, affairée comme une fourmi, et il y avait quelque chose de fascinant à la regarder faire, papillonnant ça et là, parlant beaucoup à grands renforts de gestes qui venaient pallier sa maigre connaissance de la langue du cru. C'était un peu comme regarder un insecte à l'ouvrage, sans que l'on comprenne vraiment ce qui était en train de se passer quel but étrange elle poursuivait. Phalène avait l'habitude de subvenir seule à l'ensemble de ses besoins, qu'ils fussent alimentaires ou autres, et cela nécessitait autant de matériel que de connaissances en la matière. C'est lestée d'un certain nombre de marchandises toutes plus étranges les unes que les autres qu'elle suivit Sylvia vers la demeure de leur futur recrue. La plupart de ces biens avaient été échangés avec d'autres, et certains avaient même été acquis sans débourser quoi que ce fut. L'entêtement et le talent réthorique de Phalène étaient à l'épreuve de l'esprit marchand le plus tenace.

Alors qu'ils s'éloignaient un peu de la ville pour atteindre la demeure où vivait le fameux Phil, la barde jeta un regard à Orgath. Plus encore qu'à l'ordinaire, elle sentait son esprit ailleurs, vacant, et s'il n'avait guère changé de comportement, elle sentait confusément quelque chose qu'elle ne savait vraiment nommer. Une sensation intrigante lui chatouillait l'esprit, mais elle n'eut plus guère le loisir d'y songer lorsque la porte s'ouvrit avec fracas en réponse aux paroles de Sylvia.

Elle haussa un sourcil amusé, et puis dévisagea l'homme de la tête aux pieds avant de saluer à son tour avec ses curieuses manières d'éternelle étrangère. Drôle de personnage, mais il ne lui inspirait rien de mauvais, et il ressemblait à tous ceux qu'elle avait croisés jusque là dans le port: une sorte de brutalité franche mêlée de sympathie, mais qui, comme la proverbiale eau dormante, pouvait s'avérer pleine de dangers.

Phalène

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Ven 25 Juil - 18:17
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Phil. Mon père de cœur sur cette île où j'ai trouvé mères et sœurs en arrivant ici. Il m'a transmit son amour des belles lames, les connaissances de base de cuisine, l'amour des idées nobles, le respect de la vie et des autres. J'ai appris et vécu le reste en fonction de ses enseignements à lui. Le retrouver c'est comme renouer avec mes premières racines solides. L'impression de revivre le parcours de ma vie continu.

Sans lui laisser le temps de réfléchir je lui saute au cou, il s'agit tout de même de mon père d'adoption ! Il nous invite à rentrer avec un grand sourire, malgré que quelque chose le turlupine. Je le connais assez pour le sentir. Ses regards soupçonneux vers la porte avant de la fermer, les rideaux tirés en plein jour... Quelque chose ne va pas.

Il nous installe avec des rafraîchissements. Il nous propose du rhum aux fruits, préparé par ses soins, ainsi que quelques uns des éternels biscuits qu'il a toujours chez lui. Je me sens chez moi dans sa maison, sans doute parce que j'y ai toujours ma chambre à l'étage. Nous parlons, longuement, je m'ouvre à lui de ce qui m'amène. J'ai besoin d'un cuistot et je le veux, lui.

Il hésite.

Quelque chose ne va vraiment pas. Il me fait signe de le suivre. Je serre brièvement la main de Pha avant de la lâcher à regret et je fais signe à Orgath et elle d'être sur leurs gardes. Je ne suis pas tranquille.

Je monte les escaliers sans les faire grincer, vieille habitude tenace, quitte à faire des pas étranges. Nous arrivons à son bureau. Du coin de l'œil j'aperçois mon ancienne chambre... Petite mais pleine des souvenirs de mes meilleures années. Nostalgie...

J'entre dans son bureau et il ferme la porte, s'assied et... fond en larmes. De vraies larmes. Désemparée je m'assieds en face de lui. Je l'écoute pleurer en silence. D'habitude c'est lui qui me console quand j'ai du chagrin. Il finit enfin par lever vers moi un regard humide, reniflant et s'essuyant le nez dans un mouchoir en tissu qui a connu de meilleurs jours.


Phil... Raconte-moi.

Sylvia Morenbal

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Ven 25 Juil - 18:49
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Orgath reprend ses esprits. Cette histoire de larme des rêves... Il faudra qu'il enquête mais plus tard. L'atmosphère est étrange ici. Ce n'est pas la maison d'un retraité mais celle d'un homme en planque. Rideaux tirés, armes à portée de main dans toutes les pièces. Org' vient même de se cogner dans la garde d'une épée cachée coincée sous la table.

Sylvia fait signe à ses coéquipiers d'attendre. Phil va se confier à elle. De ce qu'en vois le dragon, l'homme ne ressemble en rien à la description morale de la seconde. Un homme courageux, toujours à faire face au danger... Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'ennemis doit être puissant pour que cet homme se terre de la sorte.

Soudain un cri au dessus. Le reptile dégaine et se place au bas de l'escalier. Non, pas un cri, un sanglot! Phil pleure! Orgath aime de moins en moins ça.
"Phalène, si tu entends quoi que ce soit dehors, dis le moi sur le champs. Je ne le sens pas du tout"
Le dragon était désormais parfaitement concentré sur la pièce, ces points faibles, les possibles replis ou défenses. Le taux d'armes ici était trop important, impossible de désarmer un potentiel agresseur sans qu'il se ré-équipe aussitôt. Une défense parfaite pour un guerrier, pas pour un pirate. Orgath s'activa. Il mit toutes les armes qu'il pu trouver dans une malle qu'il trouva vide. Laissant juste l'épée sous la table et donnant une dague et une masse à Phalène. Pas sûr qu'elle puisse s'en servir correctement mais au moins, elle aurait de quoi parer une attaque si la défense du dragon venait à faiblir. Il piégea ensuite la porte et les fenêtre, avec ses poudres. Trois fenêtres avec des poudres d'illusion, la porte avec un schapnel. Il donna son stock de poudres calmantes à Phalène, elle pourrait ainsi éviter l'affrontement si un agresseur s'approchait trop.
"Bon, les poudres que je te donne sont simples à utiliser, jette une poche complète à la tête d'un assaillant et il perdra l'envie de se battre. Et surtout, si il se passe quoi que ce soit, fonce prévenir là haut."

La maison était prête pour un siège, le dragon se demanda s'il n'en avait pas trop fait mais chassa vite l'idée. On en fait jamais assez pour préserver des vies d'un danger inconnu. Et vu les précautions de leur hôte, l'ennemis serait forcément alerté de la présence du trio. Le bon point, c'était de savoir que l'ennemis craignait les coups déjà. Prenant un bâton, le dragon attendit, sur le qui vive, une faible lueur attachée à son cou.

Orgath Marchenuit

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Ven 25 Juil - 21:36
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Une bouffée d'inquiétude saisit Phalène à la gorge lorsqu'elle franchit le seuil de la maison, laissant Sylvia sauter tout à loisir au cou de son ami. Curieuse, elle observa tout autour d'elle, mais la peur sourdait au fond de son coeur comme une eau glacée. Elle ignorait d'où cela venait, de la maison elle-même, de leur hôte, ou encore d'Orgath qu'elle vit enfin retrouve ses esprits et guetter à son tour la pièce comme si quelque danger pût s'y tapir. Hochant la tête, elle suivit du regard sa compagne qui s'en allait à l'écart, et dès qu'elle se fut éloignée, le trouble la prit de nouveau, et tarit son souffle d'une étreinte soudaine. Tout se mouvait dans l'obscurité des rideaux tirés, une menace, latente, silencieuse, quelque chose qui imprégnait tous les murs et exsudait de chaque chose.

Elle demeura debout, n'osant rien toucher, et tâcha de reprendre pied, repoussant les insidieux souffles glacés qui faisaient leurs griffes de fer sur ses os. Le cri qui résonna au-dessus, à peine articulé, la fit sursauter et Munin se blottit contre son cou pour la rassurer. Son coeur battait à tout rompre, semant ses membres d'une fine sueur froide comme une bruine d'hiver.

-Rien, chuchota-elle en réponse à Orgath. Nous n'entendons que la peur, et elle est partout.

Phalène s'écarta bien vite lorsque le dragon décida de prendre les choses en main. Le voir agir ne la rassurait aucunement, car si lui-même pensait qu'ils couraient un danger, alors ce devait être très vrai, et bien plus proche qu'elle ne le pensait. L'instant de panique passé, elle se tassa dans un coin et ferma les yeux. Comme elle l'avait fait dans la cave, il fallait plier ses dons à sa volonté, leur vie en dépendait peut-être et surtout, la vie de Sylvia. A la seule pensée qu'elle pouvait, au même titre que tous les autres, être menacée, elle se sentit renforcée, sans que cela ne chasse l'inquiétude. Elle tremblait, mais elle était décidée à faire quelque chose, même si depuis lors elle ne cessait de trahir ses serments et d'abjurer son sacerdoce.

Ô, ancêtres, ayez pitié de nous.

Le poids soudain d'une arme dans ses bras la ramena à la réalité, et le contact froid du fer lui fit comprendre mieux que tout au monde dans quelle situation ils étaient. Il allait falloir se battre. Etreinte par un violent sentiment d'horreur, elle lâcha aussitôt les armes qui tombèrent avec fracas sur le plancher.

-Non, murmura-elle d'une petite voix. Nous ne pouvons pas. Nous ne sommes pas assez forte, pas encore, non.

Elle secoua la tête et puis respira profondément.

-Nous pouvons être utile autrement. Laissez nous un peu de temps.

Elle accepta toutefois les poudres, armes bien moins conventionnelles et plus acceptables à ses yeux, et hocha la tête en réponse, les lèvres pincées par une ferme détermination.

Serrant entre ses mains les sachets qu'Orgath lui avait confiés, elle ferma de nouveau les yeux. Allons. Elle avait déjà réussi, une fois, elle pouvait bien y parvenir de nouveau... Et plutôt que d'attendre, pourquoi ne pas explorer ce qu'elle ne pouvait guetter de ses yeux? Tout doucement, elle laissa son esprit se déployer, tâtonner, toucher, sentir, percevoir tout ce qu'il y avait autour d'elle. Sylvia rayonnait, au-dessus d'elle, et son feu blanc et apaisant irradiait dans l'espace comme un soleil. C'est tout ce qu'elle perçut de prime abord et il fallut lutter, plier son âme rétive à s'attarder ailleurs qu'autour de cette flamme bienheureuse qui l'attirait irrésistiblement. Aller dans l'ombre, tout autour, là où elle ne brillait plus. Il n'y eut rien, d'abord, rien qu'un fouillis innomable de chose, et le goût froid du tranchant de l'acier qui se hérissait partout autour de Phalène. La ville grondait, hurlait, aboyait partout, grouillante comme une fourmilière, mais rien ne semblait encore les menacer. Les courants allaient, venaient et s'entremêlait tout autour d'eux mais rien ne semblait approcher, rien encore sinon la peur qu'elle sentait plus forte encore, qui suintait et rampait comme un mauvais lichen. Là, tout près, quelque chose. Une attention vive, tendue comme un arc prêt à vibrer dans l'envol, la flèche encochée. Un reflet sur des écailles fanées. Orgath? Elle sourit. Il lui apparaissait toujours plus étrange, vu avec les yeux de son esprit. Son joli visage s'effaçait dans l'ombre de ses ailes, et quelque chose l'enveloppait, le cri, le fantôme, un vide déchirant, une absence qui l'enserrait de ses liens.

Ah, pauvre âme...

Phalène s'en détourna également, pantelante sous l'effort, pâle soudain comme une morte alors qu'elle s'épuisait à ressentir, s'accrochant encore à la certitude d'exister pour ne pas sombrer. C'était comme ouvrir tout grand toutes les fenêtres et y laisser rentrer la tempête. Les refermer était plus compliqué qu'elle ne l'autait cru... Mais ses forces la trahirent avant elle, et la jeune femme retomba soudain, haletante. Elle avait peut-être un peu trop forcé pour une seconde fois... Et cela risquait de mettre en danger tous les autres! Folle que tu es. Inconsciente! Ils ont besoin de toi.

Elle cligna des yeux, peinant à chasser les ténèbres qui obscurcissaient sa vue.

-Nous n'avons rien vu, dit-elle d'une petite voix. Sa peur, elle emplit tout... Mais il n'y a rien, au-dehors. Rien que la ville qui gronde, qui gronde...

Sa tête pesait soudain si lourd... Elle porta une main à son front, cherchant ses mots.

-Attends.

Elle rouvrit grand les yeux, cherchant ses mots. Si, il y avait quelque chose. C'était à peine perceptible, et son esprit se perdit à force de se concentrer sur cette idée, cette petite idée, qui était comme extirper un fil minuscule entre deux pierres.

-Il y a quelque chose derrière la peur...


Elle agita les doigts en l'air, comme s'ils pouvaient saisir quelque chose.

-Quelque chose veille. Quelque chose attend. Nous le sentons, un peu. Nous ne savons pas très bien... Il y en a des traces, partout... ça et là... Nous ne savons pas ce que c'est, mais cela... cela surveille? Oui, peut-être. Peut-être bien. C'est cela qu'il craint, croyons-nous. Quelque chose qui brille dans le noir. Des yeux, des dents, nous n'en savons pas plus.

Phalène

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Mar 19 Aoû - 13:51
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En fait de réponse, il se lève et va chercher quelque chose dans son... "coffre". Une planque que je n'ai jamais eut l'honneur de voir jusqu'à présent, même si j'en connais l'emplacement approximatif. Par réflexe je détourne le regard, comme avec une sorte de pudeur. Je ne reviens vers lui que lorsque je l'entends se rasseoir.

Il me regarde avec un air grave. Il tient à la main un rouleau de papier qu'il me tend. Je le déroule, c'est une carte. Elle indique l'emplacement d'une petite île dans l'Archipel de la Muerta. Et d'une caverne. Il y a quelques mots à côté, dans une vieille langue manuscrite que je ne sais pas lire. A mon regard interrogatif, Phil répond :


C'est écrit : "Voici le sanctuaire de tous les dieux qui ont existé, sous le regard du grand couple divin, Nayris et Yehadiel, puisse leur affection mutuelle durer pour toujours."

Il y a comme une pierre qui tombe au fond de mon ventre, face au poids de cette... simple phrase. Mon estimé parrain me raconte alors qu'il a récupéré cette carte par hasard, dans une ruelle perdue de l'île. Depuis, des hommes étranges le suivent et semblent ne pas lui vouloir que du bien. Il pensait que c'était eux qui frappaient à sa porte quand nous sommes arrivés.

Je lis la peur dans son regard. Nous ne saisissons pas encore toute la portée de que je tiens entre les mains mais j'ai conscience de l'importance d'un tel sanctuaire.


Tu vas venir avec nous, sur le Dédain. On a besoin d'un cuisto à bord. Tu y sera en sécurité et nous irons ensemble voir de quoi il retourne, d'accord ?

Ce disant je brandis la carte sous son nez. Cette phrase toute simple fait écho à mon cœur, à mes convictions nouvelles. Il acquiesce et se lève, attrape un sac de marin et emballe tout ce qu'il peut d'important autour de lui. Il m'en envoie un autre et me fait signe d'aller dans ma chambre. Message muet m'invitant à y récupérer tout ce à quoi je pourrais tenir.

Ma chambre... Mes souvenirs. A commencer par ma collection de flotteurs en verre, colorés, tous magnifiques et gagnés à la sueur de mon front. Le plus gros doit faire la taille de mon poing fermé, les plus petits la taille d'un bouton de manchette. Ils iront à merveille avec celui acheté aujourd'hui sur le marché.

Puis viennent mes quelques tenues de rechanges laissées là, qui n'ont pas coulées avec le navire amazone sur lequel j'étais quand... bref. Je chasse ces souvenirs douloureux et prend mes tenues, dont ma préférée, bleue et "or". Un bleu clair, cobalt délavé par le soleil et les embruns. Un jaune brillant, comme de l'or terne.

Et puis il y a mes trois livres sacrés, des romans de qualité douteuse qui comptent les aventures fantastiques d'une pirate légendaire. Leur valeur est sentimentale, j'ai appris à lire avec ces ouvrages là et je les connais par cœur, à la virgule près.

Enfin, mes lames ! La plupart des gens pensent qu'un sabre ou une seule lame peuvent suffire. Une arme et la connaissance de son maniement... Mais cela ne vaut que pour les combattants du dimanche. Je suis maîtresse d'armes ! Ma valeur se mesure au nombre d'arme que je sais manier au combat, tandis que c'est à l'aune de ma collection d'armes que se mesure mon utilité et mon efficacité.

Un kukri, une hache, un merlin, un sabre d'abordage, deux poignards longs comme mes avants-bras, un fouet, un bâton de combat en bois imputrescible renforcé de bandes métalliques, une lance à lame barbelée et des gantelets à pointes d'acier. Mes trésors à moi, Je me sens d'autant plus vivante que ce que l'acier m'alourdit. Jaillissant sur le palier de ma chambre, j'avise Phil.

Il vient de terminer. Son sac est plein à craquer, à sa ceinture il y a une quinzaine de couteaux. Il a sortit lui aussi sa collection complète. La carte est soigneusement emballée dans son étuis de cuir, il me la lance pour que je la garde. Elle finit glissée contre ma cuisse, sous le fourreau d'un des poignards.

En avant.

Alors que nous arrivons au rez-de-chaussée, chargés comme des mulets, des gens bougent autour de la maison.


Org, Pha, on bouge. Phil a accepté l'offre, il va être notre cuistot. Mais il a des enflures aux fesses et il va falloir s'en débarrasser en route. Org, tu ne quitte pas Phil, Pha, tu ne me quitte pas. Phil, le Dédain est amarré au grand quai, Org ne sait pas se repérer dans nos rues, ne le perd pas !

Disant cela, je m'approche de Phalène dont je prend la main pour la rassurer. J'ai sentis qu'elle est tourmentée. Je la serre contre moi pour lui offrir ma protection contre le monde extérieur.

On reste tous ensemble dans la mesure du possible. Si besoin est qu'on se sépare, nos binômes doivent rester unis jusqu'au bout ! Des quest...

CRACK, la porte. Ah les fumiers. Les chancres. Les indicibles bâtards. Les... rah ! Je reconnais la fille de chienne, l'indécrottable traîtresse, la souffreteuse engeance qui vient de caser la porte à la hache.

C'est elle qui nous a vendu à l'empire. C'est elle qui m'a mise à terre pendant plusieurs mois, errante, blessée et perdue en Terre. C'est elle qui... qui... Yehadiel m'en soit témoin. C'est à elle que je dois, indirectement, d'avoir rencontré Phalène, Asmodan et les autres.

J'ignore Phil et Orgath. Je serre la main de Phalène et l'entraîne à ma suite, saisissant fermement mon sac marin de ma main libre. L'Amazone rousse reste sur place, figée par la stupeur. Elle vient seulement de me reconnaître. Sa petite hache est incapable de dévier le poids monstrueux de mon sac que je lui fait tournoyer dans la figure. Quelque chose craque, sans doute son nez, avant qu'elle ne s'effondre assommée contre le mur, pissant du sang par les narines.

Puis je rugis. Un rugissement féroce, un cri de guerre assourdissant, tandis que mes cheveux sont comme une crinière argentée autour de ma tête, parsemée d'une tresse faite de perles colorées. Les deux acolytes de la rousse reculent. Elles n'ont pas prévu ma présence, elles savent que je bats n'importe qui sur l'île ou presque. Elles partent, en courant.


Orgath prépare des pétards fumigènes si tu en as, il faudra sans doute nous couvrir une fois dans la cité. On avance d'un bon pas, sans courir, pas la peine de s'épuiser. En cas d'affrontement, on reste groupés à tout prix et on protège Phalène.

Je les entraîne vers les ruelles du port, priant que nous n'ayons pas droit à une embuscade. Nous n'emprunterons que les rues les plus fréquentées et nous serons prudents, en espérant que ça suffise.

Sylvia Morenbal

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Dim 24 Aoû - 14:39
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"Org, Pha, on bouge. Phil a accepté l'offre, il va être notre cuistot. Mais il a des enflures aux fesses et il va falloir s'en débarrasser en route. Org, tu ne quitte pas Phil, Pha, tu ne me quitte pas. Phil, le Dédain est amarré au grand quai, Org ne sait pas se repérer dans nos rues, ne le perd pas !"

A cette phrase, Orgath ne se posa pas 50 questions, il releva ses pièges aux fenêtres, si un ennemi venait de là, ils partiraient par la porte.

"On reste tous ensemble dans la mesure du possible. Si besoin est qu'on se sépare, nos binômes doivent rester unis jusqu'au bout ! Des quest..."

CRACK!
Orgath avait repris deux poudres, la troisième resterait là, ils devaient y aller. Le vacarme du bois forcé fut assourdissant. Sylvia marqua un temps d’arrêt devant la visiteuse. Apparemment elles se connaissaient et ne s'appréciaient pas beaucoup. En l'espace de cinq secondes, l'ennemi était en déroute. Les cris de guerre de la seconde étaient impressionnants, surtout quand on savait ses talents. Le petit groupe s'élança par la porte. Sur le coté, un corps, la tête criblée de ferraille: un démineur qui n'avait pas eu de chance, le shrapnel avait servit.

D'un ton calme et concentré, Orgath s'adressa à la seconde: "Sylvia! Il n'y aura pas que des autochtones en face. J'avais piégé la porte et c'est un homme qui en est mort. Je prend l'arrière garde avec Phil, tu nous trace le chemin. Passe par le marché, je leur réserve une petite surprise."

Le petit groupe avançait vite, pas de trace des agresseurs pour le moment. Aux abords du marché cependant, des ombres inquiétantes se profilèrent. Ils avaient posté des guetteurs, le marché était un choix logique pour se cacher.
/Allez y messieurs, venez nous voir, il n'y a pas que pour se cacher que la foule est utile/ pensa le dragon.
Plongeant la main dans sa besace, le dragon en tira une poudre de furie.
Le groupe continua son avancée, les mains se posèrent sur les armes, l'ennemi avançait lentement mais surement.
D'un sourire de prédateur, le reptile annonça au groupe: "Retenez votre respiration jusqu'au prochain croisement, il va y avoir du poivre dans l'air."

Lançant la poudre, il continua à suivre le groupe. Déjà, les discussions entre marchants et clients s'envenimaient. Les premiers coups de poings partirent, la rixe bloquait maintenant la voie, les assaillants eux même devait en prendre plein la tête! "Bien! Faites attention, il peut encore y en avoir devant."

Le groupe avançait quand trois étrangers lancèrent un filet sur Phil du haut d'un toit. Le binôme stoppa net, Sylvia n'avait rien vu. Le cuisinier, sabre au clair, n'eut aucun mal à se défaire de l'entrave mais ils étaient maintenant encerclés. "A la moindre ouverture tu fonces Phil, j'ai des réflexes reptiliens, je pourrai te suivre facilement."

Le guerrier faisait rempart mais une autre gène arrivait. L'amazone qui avait "ouvert" la porte était là, juste devant, hache en main. Phil était occupé, Orgath sortit sa dague, c'était toujours mieux que les poings,de l'autre main, il tira une poudre de dédoublement de son sac. La rousse lança l'assaut, le dragon esquiva et lança la poudre directement dans la tête de le l’attaquante. Le second coups de la guerrière porta dans le vide, sur une illusion, pendant que Orgath la poignardait dans le dos. Accusant le coup, la femme fit demi tour, retrouvant ainsi son adversaire. Malgré la blessure handicapante, l'amazone frappa juste. Cette fois, Orgath dû parer avec la dague pour ne pas être touché, celle ci vola avec le choc. Le dragon fut envoyé au sol. La situation était mauvaise. Orgath trouva un bâton par terre mais n'eut pas le temps de se relever, il para. Sa main était douloureuse du choc précédent. Tenant son arme comme une lance, le reptile réussit à tenir son ennemie en respect mais il ne pouvait rien tenter sans voir la distance devenir critique. Il était dans l'angle mort de Phil, ce dernier avait lui même pas mal de pain sur la planche. Deux autres coups de la rousse lui mordirent les avants bras, rien de méchant mais le dragon fatiguait.
"Meurt!"
Croyant sa fin arrivée, le dragon pria sa déesse. Plutôt que le coups redouté, il entendit l'arme frapper le sol et sentit un poids lui tomber dessus. Il se dégagea dans la panique puis regarda l'amazone à ses pieds. Le ventre percé, elle était encore vivante mais ne pouvait plus bouger. Il regarda son bâton et vit une lame. De surprise il lâcha l'arme et la lame disparut.
"Vite, au bateau!" Phil avait fini. Ramassant le bâton, le dragon lui emboîta le pas.

Beaucoup de questions avaient vues le jour aujourd'hui mais ce n'était pas encore le moment pour y penser. Le bateau était devant, l'équipage en arme. Sylvia devait déjà être là.

Orgath Marchenuit

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Dim 14 Sep - 15:18
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Phalène retrouva toute son énergie, ou peu s’en faut, quand Sylvia revint dans la pièce. Elle se redressa péniblement, encore faible et lourde comme si des poids s’étaient attachés à ses muscles soudains aussi mous que du papier. Le bref instant de calme qui avait salué l’entrée de sa compagne fut de courte durée et de nouveau, Phalène sentait la peur, partout, s’insinuer autour d’elle. La sienne, et celle qui avait tant imprégné les murs qu’il était à présent impossible de l’en déloger. Elle serra très fort entre ses doigts la main de Sylvia, remplie d’une appréhension qui n’était pas seulement due aux paroles de la seconde ni à la perspective d’être menacée : il y avait quelque chose, et sa réflexion fut soudain interrompue par le fracas de la porte brisée. La barde sursauta en laissant échapper un cri surpris, et fut entraînée brusquement à la suite de la guerrière sans pouvoir comprendre ne serait-ce qu’un seul instant ce qui pouvait bien se passer. Elle baissa la tête, se pencha en avant pour courir, alors que les idées se bousculaient dans sa tête. Elle avait encore en main un sachet de poudre confié par Orgath, dont elle ignorait précisément l’effet ; peut-être pourrait-elle faire quelque chose ? Malgré ses années d’errance, ni le combat ni le danger ne lui étaient familiers, elle qui passait le plus clair de son temps retranchée dans les solitudes des lieux déserts et ne se mêlait à ceux de sa race que lorsque la nécessité ne lui laissait d’autre choix. Et là, elle était perdue.

Ses repères familiers étaient littéralement pulvérisés, et elle se contenta de suivre Sylvia comme elle le pouvait. Au début, ce fut difficile, car malgré sa présence, et surtout son contact, Phalène percevait encore le grand vacarme qui rugissait en fond et distordait son champ de vision pour y glisser des illusions étranges. Tout en courant, une chose folle dans sa tête se demanda si elle pouvait reproduire l’exercice déjà entrepris un moment plus tôt. Il fallait bien qu’elle soit utile, non ? Il fallait bien qu’elle soit plus qu’un poids, une chose à protéger, incapable de trouver son rôle auprès de sa guerrière de compagne.

Accordant ses pas au rythme de ceux de Sylvia, elle ferma les yeux un instant alors qu’elles arrivaient au marché, Orgath et Phil sur les talons. C’était flou encore, comme un brouillard emmêlé où elle ne savait même pas ce qu’elle devait chercher, comme démêler la marée pour y trouver ce qu’elle voulait. Au bout d’un court moment, quelque chose se fit jour, et elle tira plus fermement la main de Sylvia pour lui faire éviter certains obstacles qu’elle n’aurait peut-être pas vus tout de suite. C’était étrange d’aller au milieu de la foule, quand on a conscience de la moindre chose qui se trouve tout autour... Phalène se sentait faiblir, mais elle tenait bon encore, et le contact rassurant de la main de Sylvia, quoiqu’elle sembla à des milliers de kilomètres d’elle, diluée au milieu des innombrables sensations qui lui parvenaient, était un ancrage qui semblait pour l’heure suffisant à son esprit vagabond.

Phalène ne pouvait précisément se concentrer sur quelque chose ni même diriger son attention ; pourtant, ce qu’elle entrevit avant de revenir à elle semblait suffisant.

— Il y en a sur les toits ! lança-t-elle d’une voix haletante. Nous les avons vus !

Son allure faiblissait à vue d’œil et son souffle était si court qu’il semblait se tarir peu à peu dans sa poitrine. Munin allait au-devant d’elles, planant sur le vent marin en les précédant de peu. Que le bateau semblait loin...

Phalène compta quelque chose à voix basse, essayant de garder un minimum de concentration pour déchiffrer tout ce qu’elle pouvait recevoir. Il y avait quelques repères, un étal de fruits sauvages, deux tonneaux pleins d’eau saumâtre, un piquet moisi de verdure, un groupe à l’entrée d’une ruelle... Sans prévenir, Phalène tira brusquement sur la manche de Sylvia pour la faire dévier et lui faire prendre un chemin parallèle à celui qu’elles suivaient.

— Plus loin, lâcha-elle d’une voix étouffée. Il y en a d’autres. Nous avons vu un chemin, plus rapide...

Phalène

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Dim 14 Sep - 18:32
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Ils ne peuvent pas être si nombreux. Qui sont-ils d'ailleurs ? Et pourquoi être aussi insistants ? Sans Phalène le sang aurait déjà été versé plusieurs fois, mais rien ne dit que nous soyons déjà sortis d'affaire. Orgath et Phil ont été retenus, sans doute, je m'étonne de ne pas m'en être rendue compte. L'absence de Robb me déstabiliserait à ce point ?

Non, j'ai Phalène et Phalène m'a. Nous nous complétons. Nous triompherons !


Hey, Sylvia, belle enfant, tu nous laisse déjà ?
- Barbulio... Chancre infâme, je pensais avoir été claire la dernière fois...


L'homme qui nous barre la route avec ses sbires est grand, la peau brune et les cheveux noirs, beau garçon mais avec un air de péter plus haut que le cul d'Azura Mia en personne. Il a tenté de m'attirer dans son lit à tellement de reprises que notre dernière rencontre s'est terminée avec du sang versé. La jolie cicatrice qui lui court de l'arcade à la mâchoire, c'est mon cadeau d'adieu.

Il sort sa rapière et s'avance, sûr de lui.


La dernière fois, mi amor, tu m'as eut par surprise, je pense avoir droit à une revanche. Si tu gagne nous vous laissons filer

Avant que ses hommes ne puissent protester, il les fit se taire d'un geste. Toujours son ego avant le reste. C'est ce qui m'a permit de me jouer de lui plusieurs fois et c'est notre seule porte de sortie ici. Je guide Phalène près d'un mur, dans un coin pour la défendre plus facilement en cas de besoin, je laisse mes armes à côté, ainsi que le sac de marin. Même Adamante.

J'ai retrouvé une vieille amie chez Phil, ma lance. Solem. Barbulio s'avance, satisfait de mon accord tacite. Il sort une dague de sa ceinture et compte se battre à deux armes. Solem tournoie dans mes mains et son fer forgé sur mesure commence à produire un sifflement caractéristique, désagréable, strident. Il va rythmer tout mon combat et constituer une arme à part entière.

Il tente de me tourner autour... débutant. Je file vers lui en deux enjambées et le force à parer et à reculer. Il escompte un duel d'anthologie pour prendre une belle revanche. Il aura un combat, un vrai. Tandis qu'il commence à se remettre en garde, convaincu que je vais rompre pour respirer, je le poursuis. Parade, feinte, esquive. Il est sur la défensive. Mon allonge supérieure lui barre la route, il ne m'a jamais combattu à la lance, il n'a sans doute jamais affronté de lancier.

Pauvre, pauvre Barbulio.

En trois passes il est contre un mur et le fer se plante dans son épaule. Le retirer d'un coup sec fait basculer mon adversaire en avant... Alors j'inverse ma prise et lui envoie un coup direct de pommeau dans le nez. Dans un craquement sinistre ce dernier se brise et Barbulio finit assommé contre un mur.

Mue par un instinct de protection qui me surprend moi-même, je feule à l'intention des sbires de mon soupirant éconduit. Ils voulaient s'approcher de Phalène en douce. Les imbéciles.


Barbulio était un assez bon combattant pour mériter de vivre. Si vous pensez en être dignes aussi, vous pouvez tenter de me défier. Sinon abstenez vous, pour votre propre survie. Vous devriez respecter sa parole...

L'intimidation. Sans doute ce que je sais faire de mieux, surtout avec une lance sanguinolente à la main, dont le sifflement quand elle fend l'air est devenu une sorte de roucoulement à cause du sang qui la macule.

Après cela nous n'avons plus été ennuyés jusqu'au navire, de même qu'Orgath et Phil ont dû voir leur chemin dégagé. Barbulio devait avoir un poste influent dans leur organisation et je me félicité de ne pas l'avoir tué. Qui sait, cela pourra nous servir un jour... Pour l'instant tout ce qui m'importe, c'est la main de Phalène dans la mienne et le navire au bout de la rue, ainsi que Phil et Orgath que je vois arriver au loin. La suite... ensuite.

Sylvia Morenbal

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Nous sommes cuits ! Sand-g10Mer 15 Oct - 0:32
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Phalène voulut crier, ou dire quelque chose, n’importe quoi, mais soudain sa voix s’étouffa dans sa gorge quand leur route fut barrée par plusieurs silhouettes qui, à ses yeux troublés, semblaient immenses et menaçantes. Elle se terra contre Sylvia, avant qu’un réflexe salutaire ne lui rappelle que gêner ses mouvements risquait de leur coûter la vie à toutes les deux. Respirant à longs souffles pressés l’air humide chargé de remugles poisseux, la jeune femme tâcha de reprendre pied ; Sylvia était comme toujours d’une grande aide, et à son contact, alors que les voix s’élevaient en vibrant d’agressivité contenue, elle put au moins partiellement reprendre ses esprits. La seule chose sensée, comme chaque fois qu’elle s’était trouvée dans ce genre de situations, était de se terrer quelque part en attendant que passe la tourmente. Même si elle l’avait voulu, Phalène aurait été bien incapable de s’en prendre à l’un de ces malandrins ; elle avait toujours eu un don particulier pour la fuite et l’esquive, et une chance inouïe pour éviter les ennuis. Restait à espérer que cela ne l’abandonne pas ce jour-là, quand elle en avait besoin plus que jamais.

Phalène se terra dans le coin du mur, derrière Sylvia, alors qu’une terreur nouvelle s’emparait d’elle. Cette fois, elle n’avait rien de ces frayeurs irrationnelles qui naissaient de ses perceptions vagabondes, c’était bien tangible, réel, et ô combien concert : c’était pour sa compagne, pour sa vie, qu’elle avait peur. Mais n’était-ce pas en soi une trahison, que de douter des talents guerriers de l’amazone ? Elle s’en voulut presque de craindre pour elle. Sylvia était invincible ! Mais hélas, elle était aussi trop occupée à épingler son adversaire à coups de lance contre un mur pour voir ceux qui s’approchaient en douce de Phalène, tapie dans son recoin. Ses pieds glissant sur le pavé crasseux, elle recula, les dents serrées sur une colère qui ne lui ressemblait pas, et sa main étreignit fiévreusement le sac de poudre confié par Orgath. La bravoure inaltérable de sa compagne semblait lui donner plus de forces qu’elle ne s’en croyait capable, car dans un bref instant de lucidité pure, Phalène sut très vite qu’elle pouvait, qu’elle voulait faire du mal à ceux qui espéraient profiter de l'inattention de Sylvia pour l'attaquer.

Le grondement sourd de Sylvia arrêta net le geste qu’elle s’apprêtait à esquisser, et la ferme détermination qui lui avait saisi le cœur s’évanouit aussitôt, comme un animal que l’on chasse à grands bruits. La colère revint dans son antre, et tout s’apaisa, ne laissant qu’un étonnement un peu inquiet devant cet élan nouveau ; alors, c’était ça, de vivre ? Phalène n’avait jamais fait que raconter les aventures, en restant toujours sur le bord, en retrait. À présent, le temps n’était plus à cela, et il lui faudrait agir, et plutôt que de les écrire, participer à ces histoires futures qui deviendraient, peut-être, des légendes.

Reprenant leur fuite éperdue, pendue aux basques de sa compagne, Phalène se prit à sourire. Ce frisson-là, qu’il était bon. La peur se se mélangeait à l’excitation, sensation ô combien inconnue dans ce monde en demi-teintes qui était le sien, et l’une et l’autre s’entremêlaient étroitement pour lui donner une vigueur nouvelle. Un jour, peut-être, elle cesserait d’être un fardeau pour Sylvia, et s’il était toujours hors de question de blesser ou de tuer, elle trouverait bien une façon de se défendre à sa manière. Elle avait déjà jeté aux orties son sacerdoce de neutralité, le reste attendrait avant d’être bouleversé, et elle n’était même pas certaine d’être encore assez forte pour supporter l’idée de causer volontairement du mal à qui que ce soit, fût-ce un ennemi.

Toutefois, en repensant à la terreur qui l’avait saisie en voyant Sylvia au combat et risquer d’être blessée, Phalène se demanda si ces résolutions tiendraient le jour où il arriverait malheur à l’amazone, ou même à l’un de ceux qui faisaient partie de l’équipage.

Phalène

Phalène


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