Mar 3 Juin - 15:57 | | | | - Citation :
- « - Que vous êtes belle, Lovely. Votre éternité, Kitsune, vous sied, mais je lis également votre tristesse. Nayris pourrait alléger votre conscience du mal qui vous ronge, pensez-y ; retrouver celui que vous aimiez, enfin ne plus le pleurer. »
La voix du fidèle de Nayris, tentatrice, offrit à la femme un marché que peu d'âmes étaient capables de refuser. Servir la déesse, et se voir offrir la chance de ramener son précieux Sora à elle. Lovely aimait beaucoup qu'on la caresse dans le sens du poil. Après tout, nul n'était à son niveau en ce monde. Mais voilà, flatter son égo démesuré ne suffisait pas à obtenir sa confiance. Ce n'était pas non plus la meilleure méthode pour en faire un pigeon. Avec un sourire dont elle avait le secret, la kitsune détailla cet inconnu. Un sourire... et un regard... qui laissaient penser qu'elle détenait un savoir qui la mettait au dessus de tout, sans pour autant être méprisante envers les ignorants. Derrière son sourire poli et son regard malicieux, la belle métisse se demanda comment la conversation avait pu tourner ainsi.
Aujourd'hui il pleuvait. Il faisait froid, la terre se transformait en boue. Il n'était guère agréable d'évoluer sur un terrain boueux avec le pelage gorgé d'eau. De plus, avec ce temps, il était peu probable que les proies mettent le nez dehors, et ce peu importait son aura. Tant pis. Lovely s'était donc tout naturellement dirigée vers un village. Usant de ses charmes et de sa nudité, il ne lui avait pas été bien difficile de se faire prêter des vêtements. Ceux-ci n'étaient guère agréable, pas même beaux. Mais ses bienfaiteurs n'avaient rien de mieux. Par la suite, draguant quelques hommes, la renarde à forme humaine s'était faite offert le gite et le couvert par un homme sûr de lui.
Désormais il dormait par terre, ivre mort. Telle était sa punition pour avoir ne serait-ce qu'oser s'imaginer que Lovely accepterait de se donner à lui. La kitsune avait préféré la compagnie d'une autre personnage. Une personne qui était dans son coin. Une personne bien mieux vêtu et visiblement pourvue de meilleures manières. Utilisant une aura, la femme avait réussi à éloigner les curieux et les mâles en chaleur. Entre elle et l'inconnu, la discussion s'était naturellement et poliment engagée. Très vite, la renarde avait remarqué qu'elle avait affaire avec un adorateur de Nayris. Aussi elle essayait désormais de fuir sans le laisser paraître l'inconnu.
Puis le voilà qui pose sa proposition. Une proposition intéressée, enrobée de caresses mais tout de même insultante. Comment une fille du Beau telle Lovely pourrait-elle envisager ne serait-ce qu'un seul instant partager la même religion que des morts-vivants couverts d'asticots aux chaires pourries ? Sans compter qu'accepter de rejoindre les adorateurs de Nayris serait très certainement la condamner à la Laideur. Elle s'imagina à la place de Sora, décédée et tentant de tenir sa promesse. Tenter de sortir des limbes, de revenir à la vie, pour Sora. Et que lui, entre temps, s'allie à Nayris et la ramène ainsi à la vie. Ce serait hideux.
- Quelle offre généreuse, fit-elle d'un air amusé. Travailler avec des morts-vivants en lambeaux ? Non merci !
Le fidèle leva les yeux au ciel avec un petit rire. Lovely souriait aussi, mais elle se sentait profondément vexée. Hélas, il n'aurait pas été beau de se montrer mauvaise avec une personne qui, visiblement, ne voulait que rendre service. Elle n'appréciait pas qu'on la perce à jour, et elle ne pouvait s'empêcher de croire dure comme faire que cette proposition avait été faite juste pour rendre service. *Je ne vois pas bien l'intérêt de faire semblant de cirer les bottes d'une déesse pour qu'elle ramène ceux que j'aime à la vie avant de la laisser tomber comme une vieille chaussette. Je ne suis pas encore folle à ce point.*
- Il n'y a pas que des morts-vivants au service de Nayris, et ils ne sont pas forcément en lambeaux. Il y a aussi des vampires, des succubes et des incubes...
- Des liches, des lycans... Yerk...!
L'homme poussa un petit sourire, à la fois exaspéré et amusé. Il secoua doucement la tête puis haussa les épaules avant de prendre une gorgée de... de la boisson qu'il avait dans son verre. Lovely ne savait pas ce qu'il avait pris comme boisson.
- Soit. Mais celui que vous aimez ne vaut-il pas la peine ? Vous fréquenterez des créatures qui vous répugnent peut-être mais au moins votre compagnon serait de nouveau à vos côtés.
- Nayris est tel l'Aile Ténébreuse. Ses adorateurs, en tous cas. Vous créez autant de tort que l'Aile Ténébreuse. La Paix est loin d'être votre priorité. De plus Nayris ne me semble pas très aimable. Elle maudit à tour de bras. Je ne veux pas de ça pour les générations futures. Je sui pacifique, je crois en la Paix. Mais pour ça il faut que l'Aile Ténébreuse disparaisse et que les adorateurs de Nayris cessent de vouloir répandre la mort partout où ils vont.
- Vous savez, les adorateurs de Nayris se battent eux aussi contre l'Aile Ténébreuse. Et puis... il me semble que je n'ai provoqué de tort à personne, non ?
- Je ne prends plus part aux guerres qui ne me regardent pas, n'insistez pas.
Lovely commençait à s'agacer. Son ton devenait de plus en plus sec, ses gestes et son attitude trahissaient de plus en plus son agacement. Malgré ses beaux sourires, le serviteur comprenait qu'il commençait à lui "courir sur le croupion". Mais il était certainement persuadé que sa peine suffirait à la convertir, aussi il continua... mais avec plus de prudence.
- Vous n'êtes pas obligée de vous battre. En devenant une fidèle de Nayris, vous pourriez, tout comme moi, de répandre sa bonne parole. Si vous lui prouvez votre dévotion, nul doute qu'elle consentira à ramener celui que vous aimez à la vie.
Trop c'était trop, Lovely répliqua d'un air franchement agacé cette fois-ci. Elle ne cherchait plus à cacher qu'il l'énervait. Plus ce type ouvrait la bouche, plus il la vexait, plus il la blessait. La renarde n'éleva pas la voix, mais elle était énervée et ça se voyait.
- Puis-je savoir ce que vous ne comprenez pas dans "n'insistez pas" ? Vous ne voyez donc as que je ne suis pas du tout intéressée ? Comme vous le dites si bien, je suis une sublime créature dont la vie pourrait ne jamais avoir de fin. Il est normal, par conséquent, que j'ai survécu à des êtres chers. Des membres de ma famille, des amis... Et je survivrais très certainement à bien d'autres encore. Si je ne suis pas capable de respecter la lois de la Nature, dont la mort fait partie de son cycle, je ne suis qu'un être faible. Et, voyez-vous, il n'y a rien de beau dans la faiblesse. Je ne vais pas m'abaisser à ramener à la vie tous ceux qui sont incapables de me survivre. Ce serait une tâche sans fin. Si je ne puis le supporter, alors c'est moi qui les rejoindrais de mon propre chef. Et non le contraire.
Le fidèle ne dit rien. Est-ce qu'il n'avait plus rien à dire ? À moins qu'il ne cherche à contrer ses arguments. Un peu calmée mais toujours vexée, Lovely décida de continuer sur sa lancée.
- Si je vous écoutez, et que je rejoignais les adorateurs de Nayris, il faudrait qu'elle ramène non pas une seule personne mais une vingtaine. Toute ma famille, tuée par les guerres des autres, tous mes amis éliminés par l'Aile Ténébreuse ou de stupides chasseurs de prime. Et si j'étais morte et que l'un d'entre eux avait survécu, je me sentirais souillée si on me ramenait à la vie en passant un pacte avec cette hideuse déesse de la mort.
- N'insultez pas la grande déesse Nayris.
- Ce n'est pas une insulte mais une constatation, sombre crétin de croyant.
- Prenez garde à vos paroles !
Le fidèle commençait à s'énerver lui aussi. Lovely eut un sourire carnassier. Qu'il essaie un peu de venger l'honneur de sa déesse et il irait aussitôt la rejoindre ! Ce n'était pas parce qu'elle était pacifique qu'elle ne se défendrait pas.
- Je sers le Beau. La Nature, le Savoir, la Vie, la Liberté, l'Espoir... voilà ce qui fait partie du Beau. Je crois tout particulièrement en la Nature et la Liberté. Devenir une adoratrice de Nayris m'enlèverait la liberté, souillerait mon respect pour la Vie et la Nature. Je respecte les morts. Je ne souhaite pas pour autant qu'ils viennent embêter les vivants. Si Sora veut revenir, il n'a qu'à tenir sa promesse et revenir des limbes sans avoir supplié cette enfant cruel qu'est Nayris. Il n'y a rien de plus laid que la cruauté et la haine. Nayris, pour une raison que j'ignore, est une déesse cruelle et haineuse. Elle est comme ces kitsunes qui s'amusent à tuer. Tant qu'elle n'aura pas compris que ce comportement n'apporte que plus de douleur et de laideur, comme moi je l'ai appris, elle pourra toujours courir pour que je la serve !
Sur ce, la kitsune au regard assassin et victorieux se leva. Le fidèle lui lançait un regard assassin. Ça sentait mauvais. Mais il ne tenta pas de l'attaquer. C'est alors que Lovely remarqua qu'elle avait parlé suffisamment fort pour que tout le monde l'entende. Dans la taverne, le silence régnait. Les cinq queues fouettaient rageusement l'air et son aura de charisme s'était activé pour répondre à sa colère. Nul doute que son petit monologue allait en marqué plus d'un.
La femme se déshabilla puis repris sa forme renarde. Sa forme favorite. Sa forme la plus belle. Une fois de plus les "civilisations avancés" des bipèdes venaient de prouver leur manque de savoir-vivre et de beauté. Il pleuvait, le sol était boueux... mais tant pis. La Nature savait bien mieux loger ses serviteurs. Énervée, grognant tout bas, la renarde au pelage noir quitta les habitations bipèdes pour rejoindre la Nature qu'elle respectait tant.
|
| | Lovely
Partie IRLCrédit avatar : http://innali.deviantart.com/gallery/?catpath=/Double compte : /Vitesse de réponse : De quelques heures à un mois. Si au bout d'un mois je donne plus de signe de vie, relancez-moi !
|