Des amours de pirates [PV Krist] | |
| Mer 28 Mai - 22:24 | | | | Enfin, j'ai pris la mer. Enfin, je quitte cette région maudite, lieu de mille souvenirs et d'un passé aussi noir que les profondeurs des Limbes. Enfin, l'avenir me tend les bras, et j'ai même l'impression que Nayris me sourit. Ma mort est pour bientôt...
Le bateau sur lequel je me trouve est tout ce qu'il y a de plus classique. Trois-mâts grand et imposant, sa seule et unique fonction est d'assurer le trajet entre Saline et les plaines mystiques. Le voyage ne coûte que quelques Ailes d'Argent, et, en conséquence, une clientèle plus ou moins innocente a mis les pieds sur le pont grinçant, moi la première.
Le Vaillant Chevauché, c'est ce qu'il est écrit à l'avant, et les membres de l'équipage prononcent ce nom avec fierté. Ce sont d'ailleurs à peu près les seuls mots que je les ai entendu articuler. La plupart du temps, ils se contentent d'obéir à leur capitaine et de cracher partout.
Le capitaine... Du peu que j'en ai vu, ça m'a l'air d'être une belle crapule. Dès le premier jour, la curiosité m'ayant poussé à fouiller le bateau de fond en comble sous ma forme féline, j'ai remarqué un chargement de caisses des plus suspects contenant diverses armes de guerres. Pour qui travaille-t-il ? Pour lui-même sans doute, en les vendant au plus offrant. Le petit malin...
Nous sommes arrivée à un peu plus de la moitié du chemin. Il y a deux jours, le navire de Cardrak ayant pour fonction de nous protéger a fait demi-tour dans un jaillissement d'écume et a disparu progressivement à l'horizon. Pour l'instant, malgré son absence, aucun problème ne nous a dérangé. La mer est calme, la nourriture mangeable, les passagers tranquilles. On ne pourrait pas rêver mieux.
…
On ne pourrait pas rêver mieux, certes. Il n'empêche qu'on s'ennuie comme un rat mort sur ce bateau. Il n'y a rien à faire. Rien ! Les membres de l'équipage ne côtoient que leurs semblables, et les passagers ne se parlent pas entre eux, préférant s'emmurer dans ce qui leur sert de cabine ou contempler l'étendue bleue avec nostalgie. Alors, comme je déteste m'ennuyer, je me suis inventée un petit jeu dans le but de passer le temps. Je compte. Je compte tout. Si si. Quarante deux marins, soixante seize clients, trente tonneaux d'eau douce, une tonne de nourriture, plus aucune souris depuis que je les ai toutes tuées, et un kakatoès.
Mais, par le rire de Nayris, qu'est-ce que je m'ennuie ! Vivement un abordage digne de ce nom ou une tempête qui pimente un peu le voyage. N'importe quoi, à vrai dire, qui pourrait nous sortir de l'effrayante monotonie dans laquelle nous sommes plongés jusqu'au cou.
– Navire pirate en vue ! hurle soudain la vigie.
Eh bien voilà, ce n'était pas si compliqué... Les passagers s'affolent, l'équipage s'arme, et moi, je souris de voir enfin un peu d'animation. Les plaisirs de l'action, il n'y a que ça de vrai. Comme un seul homme, nous nous précipitons contre le bastingage afin d'apercevoir nos ennemis. Quelques minutes plus tard, un imposant bâtiment à la coque de bois sombre faisant voile dans notre direction se dessine à notre vue.
– Beau bateau pirate, je murmure amoureusement, tu as failli te faire attendre...
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| | Délyë
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| | Jeu 29 Mai - 8:29 | | | | L'avidité. Le sang à venir. Il est intéressant de constater que chaque capitaine pirate a son propre style. Plus ou moins violent, plus ou moins direct... ceux qui ont des habitudes assez proches se retrouvent souvent dans un même clan ou, tout simplement, dans une même flotte. La plupart des pirates jouent beaucoup sur le facteur de l'intimidation. Après tout, pour la majorité, la victoire sans combattre est celle qui rapporte le plus : souvent sans pertes de son côté on s'en tire avec un butin, un navire et des esclaves ! Il est intéressant de constater que d'autre préfèrent un bon bain de sang à toutes ces choses. Est-il vraiment nécessaire de préciser que Krist en faisait partie ? Visiblement, ça ne l'était pour le pauvre capitaine ennemi qui, non content de ne pas reconnaitre le symbole du clan Arrache coeur, se préparait plus au combat qu'autre chose. Il faut dire que l'habitude tenace qu'avait l'elfe de laisser le moins de survivant possible aidait grandement à conserver ce genre d'innocence chez les navires civils. Ce dernier pensait sans doute que les Pirates attendraient l'abordage - après tout, sur un navire civil, faire sonner les canon reviendrait à tuer de potentiels esclaves... voir détruire la marchandise ! Mais l'amoureuse n'avait pas de canon. Alors que l'équipage ferlait les hautes voiles violettes - on ne laisse pas la voilure déployée lors d'un abordage si l'on possède un cerveau - une autre partie armait obligeamment les quatre balistes de l'Amoureuse vers le pauvre navire civil... dont les occupant comprirent sans doute bien trop tard qu'elles n'étaient pas là dans un but d'intimidation. La voix puissante de Krist traversa l'air, portant jusqu'au bateau adverse. « BALISTES FEU ! » Alors qu'un cri de surprise - et de peur pour certains - jaillissait de nombreuses gorges, quatre traits de balise plus haut qu'un humain moyen, traversèrent l'air en sifflant en une ligne à peine courbée, arrivant sur le pont du Vaillant sur une trajectoire presque horizontale. A moins de cent mètres du navire ennemis, on pouvait se permettre ce genre de tir. Les bastingages explosèrent en une volée de bois. Y eut-il beaucoup de mort ?A cette distance c'était encore impossible de le dire, mais la Sanglante avait clairement vu un homme se faire déchiqueter en deux par la pointe massive d'une des « flèches » - pouvait-on vraiment donner ce nom la à une chose si massive ? Puis, alors que l'équipage du navire civil était encore en panique après cette brusque explosion de bois de sang et de mort, l'amoureuse se glissa à son côté, sa coque de bois d'un violet sombre à quelques pieds de celle, de bois blanc du navire des glaces. La différence était frappante, bien plus long, légèrement plus large, le navire de guerre avait cet aspect prédateur, taillé pour la vitesse et l'assaut qui donnait à la coque bombée du Vaillant Chevauché un air lourdaud et maladroit. Tout est question de comparaison.Derrière les restes de la rambarde, les marins du navire civil, l'arme à la main, se préparèrent à encaisser l'abordage, pas vraiment tremblant, mais inquiet ils avaient bien l'intention de vendre chèrement leur peau et à repousser la charge adverse. Mais ce fut une volée de carreaux qui accueillit leur ardeur guerrière. Postés dans les gréements et à couvert sur le pont, une vingtaine d'arbalétriers fit feu sur la ligne ennemie, faisant pleuvoir la mort sur leurs adversaires encore choqués par l'attaque des balistes. Puis la voix - devenue terrifiante pour certains - poussa le cri tant attendu. « A L'ABORDAGE » Une vague de violence déferla sur le pont déjà maculé de rouge. Ce furent d'abord les grappins, tiré avec force ils fixèrent les navires l'un a autre. Puis ils bondirent. C'était des orks, des Gnolls, des barbares, mâles et femelles, couvert de cuir et de tissus. Massif sans être des montagnes, les pirates se déplaçaient avec agilité : sautant d'un pont à l'autre et se réceptionnaient avec une dextérité que leur taille ne laissait pas supposer. Une vie passée à venir de bas en haut et de long en large sur un bateau leur donnait cette démarche chaloupée, prédatrice, de ceux qui se sentent plus à l'aise sur la surface ondulante d'un pont que sur la terre ferme. Sabres, haches d'abordage emplissaient leurs mains, l'acier cranté, tordu, donnait un aspect frustre mais meurtrier à ces armes. Aspect qui se prouva véridique quand cette amas de brutalité se mit en devoir de massacré tout être vivant présent sur le bateau. Les marins restant se défendraient tan bien que mal, en petit groupes soudés, harcelés de toute part par les pirates aux yeux enflammés par la rage du sang. Mais ce n'était pas des guerrier de métier - contrairement à l'équipage d'un navire de guerre - et si leur lames blessèrent quelques pirates, leurs rangs diminuaient à vue d'oeil sous les assauts sauvages de l'équipage de l'Amoureuse. A sa tête, la silhouette fantomatique d'une elfe, le visage dans l'ombre d'une capuche dans laquelle seule une paire d'iris argentée s'apercevait, le corps à peine couvert d'une armure d'acier dont le peu de surface semblait plus mettre en valeur que dissimuler la peau ivoire du capitaine pirate. Entre ses mains, une arme étrange, entre le fléau et le fouet, déchiquetait tout ce qui entrait à la portée de ses longues chaînes barbelées lestées de lames et d'étoiles du matin qui frappaient comme le ferait un marteau au bout d'une corde. En quelques battements de cœur, le sang recouvrit le pont.
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| | Dim 1 Juin - 17:35 | | | | « BALISTES FEU ! »
C'est de ce cri, puissant et sauvage, presque bestial, que le chaos se met en marche. Les traits desdites balistes fusent de toutes part et dans toutes les directions. L'ensemble des membres du bateau s'éloignent précipitamment et de concert du bastingage, qui, moins d'un instant plus tard, éclate dans un jaillissement de bois. Puis le silence se fait, effrayant de profondeur et d'immobilité, avant qu'un passager ne s'effondre, le corps déchiqueté. Alors la panique prend le dessus, et les passagers s'éparpillent en hurlant, cherchant vainement une sortie qu'ils ne trouveront jamais, car, en pleine mer, aucune porte de secours n'est possible.
« Nayris se régalera, ce soir. »
Le fin et sinueux bateau ennemi se faufile jusqu'à nous, sa coque aux reflets pourpres tranchant sur l'immaculé du Vaillant Chevauché. L'équipage, ignorant le vent de panique qui s'est emparé des voyageurs, durcit le regard, se campe sur ses jambes et se prépare à combattre. Mais c'est une volée de flèches qui l'accueille, plus dévastatrices encore que les balistes, et nombreux s'effondrent pour ne plus se relever.
« A L'ABORDAGE ! » retentit une nouvelle fois le cri, provenant de la même poitrine, à l'ardeur féroce et guerrière.
L'enfer se déverse alors sur nous. Le navire pirate vomit les forbans tapis dans ses entrailles, qui se déversent sur nous en une marée impossible à retenir. Les marins combattent avec courage mais, même sans l'expérience des combats, il ne fait nul doute que l'issu sera la victoire pour le camp opposé au notre. Les passagers l'ont compris, à voir comme ils tentent d'amadouer les pirates par des larmes ou des supplications. Peine perdue, ce sont visiblement des durs à cuire, et ni la pitié ni la compassion ne font partis de leur vocabulaire. Ils tranchent, découpent, égorgent, sans se soucier des émotions de leurs victimes.
Et moi, dans tout cela ? Moi, dans ce cataclysme furieux où tout n'est plus que sang et survie ? Eh bien, je m'amuse comme une petite folle. Tout comme les pirates, je tranche, découpe et égorge en m'en donnant à cœur joie. Si j'ai eu quelques difficultés avec mes premiers adversaires, n'ayant plus l'habitude d'affronter des combattants entraînés, j'ai fini par reprendre le coup de main, et c'est maintenant avec élégance et légèreté que je porte la mort, et en souriant s'il vous plaît. Ayant trouvé une position en hauteur à la proue du navire, je dégaine et rengaine mes lances à une vitesse telle que mes ennemis peinent à suivre le rythme. Ils s'effondrent les uns après les autres sous les lancers de mes poignards, tant est si bien qu'il est rare que l'un d'eux parviennent jusqu'à moi. Et, si cela se produit, il me suffit de faire jaillir la dernière arme de mon bras, et en quelques coups habiles je parviens à les achever.
Peu à peu, l'espace se fait autour de moi, les forbans préférant des proies plus faciles que je ne suis. Malgré une blessure peu profonde reçue à l'abdomen, je continue de me mouvoir avec souplesse et je suis loin d'être parvenue au bout de mes forces.
– Seriez-vous en train de faiblir, pirates ? je m'exclame en riant.
Puis, sûre et implacable, je commence à avancer au milieu des cadavres pour toucher d'autres ennemis de mes poignards. Ah, qu'il est bon de danser cette valse aussi mortelle que macabre... Peut-être même que le capitaine de la flotte daignera jouer avec moi ?
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| | Délyë
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| | Lun 2 Juin - 18:37 | | | | Parfum cuivré. Hurlement de souffrance. Lentement, mais surement, la plus grande partie de son équipage avança sur le navire de transport. En général, une bonne partie des pirates restaient sur l'Amoureuse - on n'était jamais à l'abri d'une riposte organisée - mais alors que sous les coups de ses hommes les guerriers diminuaient rapidement, ne laissant que les lâches ou les passagers, la menace disparaissait avec les dernières poches de résistance. Enfin, presque. Une silhouette solitaire se jouait de la rage de ses guerriers. Mortelle comme seuls savent l'être une minorité de guerriers, elle laissait derrière elle les dépouille massive de ses hommes comme on sèmerait du grain. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la Sanglante en voyant ses hommes reculer lentement hors de portée de cette petite tornade de lames et de danger. Cette dernière semblait s'amuser et se moqua même de cette soudaine retraite... mais elle ne comprenait pas que les massifs assaillants suivaient le « protocole » en cas de combattants efficaces : offrir une ligne de tir dégagé aux arbalétriers resté dans les cordages. Sans même qu'un ordre ne soit donné, un trio de tireurs fit feu sur celle qui répandait le sang de l'amoureuse sur le pont du vaillant. Survivrait-elle ?Sans doute, du moins d'après Krist, qui plongea sous l'attaque maladroite d'un passager terrifié, se désengageant d'un même geste - laissant un Gnoll prendre sa place, un large coup circulaire de celui-ci écrasant la garde du pauvre humain - puis elle se glissa dans les rangs dispersés de ses hommes vers le dernier endroit où s'était trouvée la jeune femme. Avait-elle esquivé les carreaux ? Les parer semblant compliqué. Mais après tout, elle n'était peut-être pas aussi humaine qu'elle en avait l'air... beaucoup de créature dissimulait leur apparence sous une autre, plus commune. Enfin, le capitaine, se glissant vers la zone encombrée de cadavre, espérait que la combattante avait réussi à se tirer de ce mauvais pas, après tout, comment s'amuserait-elle si elle retrouvait la jeune femme clouée sur le pont par les traits de son équipage ? Mais, quand l'elfe arriva elle se rendit compte que ses hommes la connaissaient bien. Les trois carreaux vibraient encore, planté dans le bois clair du navire, juste aux pieds de « l'anomalie ». Un des Gnoll formant le cercle autour de cette dernière offrit un sourire carnassier à Krist, désignant la tueuse de pirate d'une patte griffue. Claquement de mâchoire, grognement amusé et mimique éloquente. L'elfe comprit, ils lui avaient laissé la proie amusante. Un sourire rendu invisible par son haut gorgerin d'acier, elle avança dans le cercle elle aussi. C'est une voix suave qui jaillit de ses lèvres arquée de plaisir, dans laquelle on percevait sa joie et l'avidité du combat à venir. « Mes hommes me gâtent, ils préfèrent me voir te combattre plutôt que de te planter là sur le pont... » Elle désigna l'assemblée d'un geste large, faisant ondulée les longues chaînes de son arme auxquelles le sang versé donnait des reflets vermeils. Dans l'ombre de son capuchon on apercevait la ligne argentée de ses iris, à peine visible autour de la profondeur de ses pupilles dilatées d'excitation. Malgré cela, sa voix était calme, presque trop. « Tu connais les mâle... deux femelles qui se battent ça les met dans tous leurs états. » Un murmure appréciateur parcourut l'assemblée, moqueries féminines et assainissement masculins. Dans le fond, les quelques survivants finissaient d'être mis à mort par les pirates tandis que les rares enfants du bateau étaient rapidement attachés et mis en tas comme de la vulgaire marchandise. Peu à peu, tous ceux qui avaient « finit » leur part, se réunissait pour observer ce qui s'annonçait comme un duel intéressant. L'arme si particulière de Krist, entre le fouet et le fléau, claqua sur le pont avec un tintement métallique, ses chaînes barbelées laissant dans le bois de profondes entailles. Dans son autre main, la longue lame de son sabre d'abordage était encore vierge de sang. « Je ne te demanderais pas ton nom, guerrière... » Ce genre de rituel pseudo honorifique n'étaient pas faits pour les pirates. « ... tu pourras peut-être me le dire si tu survis. En attendant, offres moi donc tes cris ! » A l'instant même où ce dernier mot quittaient les lèvres de l'elfe, les chaînes quittèrent le sol. Vive comme un cobra se jetant sur sa proie, Krist attaqua, les trois longues chaînes barbelées, lestées de leur lames et de leurs boules d'acier couvertes de pointes, tranchèrent l'air en sifflant, se jetant sur sa brune adversaire comme une volée de serpent de métal. Un large coup horizontal qui, si elle ne l'esquivait pas, s'enrouleraient autour d'elle pour déchirer a chaire. On en saliverait presque d'avance.
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| | Lun 2 Juin - 22:18 | | | | Non, les pirates ne faiblissaient pas, loin de là. En réalité, ils offraient la place à plus impressionnant qu'eux, ne se retiraient qu'afin de mieux savourer le spectacle. Je n'ai pas le temps de comprendre que, déjà, trois tirs acérés provenant des balistes foncent sur moi à toute vitesse. Je me recule. D'un unique pas. Non parce que j'ai calculé leurs trajectoires et sait exactement où ils vont tomber, mais parce que je n'ai pas le temps d'esquisser un geste de plus.
Les flèches se plantent devant moi dans un craquement sec, faisant voler le bois. Et, alors que je peine à reprendre mes esprits face à un tel déchaînement de violence, quelqu'un fait son apparition au milieu de ce chaos, quelqu'un qui s'approche de moi de la démarche glissante du prédateur qui a enfin trouvé proie à son goût, quelqu'un que j'avais espéré rencontrer pour, moi aussi, m'amuser un peu. Le capitaine.
Enfin, la capitaine plutôt. Difficile de ne pas remarquer sa féminité face aux formes d'un corps qu'elle dévoile sans aucune pudeur. Les morceaux éparts d'une armure incomplète cachent ses intimités, et seul son visage est camouflé par une capuche aux accents de ténèbres. La lueur d'argent de ses iris perce à travers cette profonde obscurité, une lueur inquiétante et amusée à la fois, ce genre de lueur qui ferait fuir un guerrier ordinaire.
Cependant, je ne suis pas un guerrier ordinaire. Et elle non plus. Mes yeux s'arrêtent sur ses deux armes : l'une, classique, est un sabre de corsaire, l'autre, plus originale mais beaucoup plus dangereuse, un macabre alliage entre la puissance d'un fouet la pluralité d'un fléau. Cette dernière est d'ailleurs tâchée de sang, preuve, si besoin en était, de prouver que cette femme n'est pas de celles qui donnent des ordres sans agir.
Le combat s'annonce difficile. Cela ne me déplaît pas. Elle non plus, à en juger par la jubilation que je perçois dans son étrange voix calme, sans âme.
– Mes hommes me gâtent, ils préfèrent me voir te combattre plutôt que de te planter là sur le pont... Tu connais les mâle... deux femelles qui se battent ça les met dans tous leurs états.
Elle a manifestement le sens du spectacle. Tandis que des commentaires appréciateurs se répondent dans son équipage comme une traînée de poudre, elle fait claquer son arme monstrueuse, qui fait éclater la surface du pont en mille échardes.
– Je ne te demanderais pas ton nom, guerrière..., reprend-elle. Tu pourras peut-être me le dire si tu survis. En attendant, offre moi donc tes cris !
Étant de nature secrète, la première partie de sa réplique me convient. La deuxième, beaucoup moins. Je n'ai pas le temps de répliquer que les chaînes de son instrument hybride semblent soudain animées d'une vie propre et se jettent sur moi dans un sifflement serpentin. Je ne réfléchis pas, laissant mes réflexes s'emparer de mon corps et me mener à la survie. Je saute. Un saut d'une hauteur anormale, impossible à atteindre pour un humain ordinaire. Mais, je l'ai déjà dit, je ne suis pas ordinaire. Je ne suis même pas humaine.
Toutefois, l'une des extrémités hérissée de pointes s'enfoncent dans mon talon, traversant le cuir de ma botte et mordant avidement ma chair. La douleur m'envahit aussitôt, vive et dévorante. Je ne crie pas en revanche. Au risque de décevoir mon adversaire, il en faudra plus, bien plus que cela, pour me faire pousser un hurlement de souffrance.
Utilisant mon action à bon escient, je m'empare de l'un des cordages qui ceignent l'un des mâts et grimpent dessus avec agilité. Je ne m'enfuis pas, non. Je m'élève au contraire, afin de mieux me jeter sur elle. Parvenue à quelques mètres, je me laisse tomber. Dans le même élan, je dégaine mes poignards et les lance. Un, deux, trois, quatre, cinq. Le premier vers son cœur, les autres dessus, dessous et de chaque côté au cas où elle chercherait à se défiler. Puis, atterrissant souplement sur le sol, j'effectue une pirouette et me rétablis à quelques pas d'elle, les genoux fléchis, le buste en avant, dans une position mi-humaine, mi-féline.
– Zaëg, je murmure et, comme par magie, ces si fines lames, qui j'espère ont fait couler son sang, s'en retournent vers leur propriétaire.
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| | Délyë
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| | Lun 2 Juin - 23:42 | | | | Sang et vivacité. Lueur prédatrice et légèreté. L'acier mordit. Au du moins, il effleura de ses crocs. Krist sentit plus qu'elle ne vit son arme frapper la voltigeuse alors que celle-ci s'envolait presque bien plus haut qu'un humain, ou même un Gnoll, n'aurais pu. Mais le sang ne fut qu'un court éclat vermeil alors que, visiblement peu touchée par la douleur, son adversaire se glissait le long du mat, s'envolant plus haut encore. Sanglante la regarde un instant, s'attendant presque à ce qu'elle grimpe hors de portée mais, alors qu'une ou deux arbalète se relève - les lâches ne font pas long feu - le jouet de l'elfe prouve son courage d'un saut majestueux. Et dangereux. Il faut avoir un sacré sens de l'équilibre pour tenter ce genre de cabrioles sur un navire qui tangue. Mais, alors que le pirate s'apprête à saisir de ses chaînes sa vis-à-vis encore en plein vol, une vague d'acier jaillit soudain des mains de celle-ci. S'effaçant immédiatement sur le côté, elle change de mouvement, ondulant son poignet pour faire tourbillonner devant elle le trio de chaine en un ballet serré. Ce genre de manœuvre n'a que peu de chance de marcher face à des flèches ou des carreaux, bien trop rapides, mais les armes de lancer sont bien plus lentes. Plusieurs tintements de métal retentissent alors que l'acier rencontre l'acier en plein vol et Krist compte trois dagues qui sont éjectées par son bouclier mouvant. Ce n'est pas assez. L'une des deux se plante à quelques pas d'elle dans le bois du pont, mais l'autre la touche, frappant le bras qui manie le sabre avec un bruit mat. Si elle ne s'était pas mise de profil cette lame l'aurait sans doute frappée en plein poitrine. Alors qu'une onde de souffrance naît du point d'impact, Krist regarde la dague tomber au sol. Le choc lui a fait mal mais, comme beaucoup d'attaques « légères » celle-ci n'a su passer les écailles d'air qui protège son corps. Enfin, la souffrance n'en est pas moins là et l'elfe ne doute pas que sa peau d'ivoire sera, ce soir, couvert d'une teinte violacée là où la dague a frappé. Mais celle que l'on appelle la Folle n'est pas de celles qui geignent et la souffrance, loin de la calmer, fit grimper d'un cran son excitation. La foule elle aussi s'extasie, n'hésitant pas à féliciter de quelques cris la performance de celle qui a pourtant tué certain des leurs... les arraches coeur sont comme ça, ils ne sont pas rancunier. Et qui ne pardonnerait pas après un si beau spectacle ? Si beau d'ailleurs que leur chef charge à l'instant même où son adversaire touche le sol. Un rire fou, celui d'une guerrière ivre de sang et de violence, secoue sa cage thoracique et les personnes alentour, le son déformé par le gorgerin d'acier, résonne comme une moquerie spectrale et métallique. Inhumaine. Alors même qu'elle traverse les quelques mètres qui les séparent, tel un tigre jaillissant des fourrés, elle remarque, du coin de l'oeil, l'éclat argenté des dagues qui repartent... dans l'autre sens ? Pas exactement surprise - 178 ans de vie épargne ce genre de sentiment - une pointe de méfiance s'insinue tout de même dans la rage de la pirate qui décide de garder un peu de distance. D'un geste puissant elle abat les trois chaînes de son arme comme trois éclairs foudroieraient le pont - s'écrasant sur le sol en un éventail serré et mouvant... quiconque ayant vu les dégâts du simple claquement, quelques instants plutôt, comprendraient que se trouver dans la zone d'impact. Kirst avait « confiance » dans les capacités d'esquive de son adversaire, un coup aussi ample n'avait que peu de chance de la toucher même avec l'un de ses pieds blessé. Toutefois, plus le terrain serait détruit, plus elle aurait l'avantage, ses bottes d'acier et son armure d'air ne craignait pas les échardes... les fine bottes de cuir et la tenue légère de son adversaire ne pouvait pas en dire autant. Mais ce n'était pas que ça, à vrai dire. En combattante chevronnée et bien décidée à faire hurler son adversaire - ses cris devaient être... délectables - elle feintait du fouet pour frapper du sabre, ses jambes tels des ressorts d'aciers, prêtes à la projeter vers son adversaire à l'instant même où celle-ci esquisserais un mouvement d'esquive. Les yeux écarquillés, les pupilles dilatée, laissée sans blessure par la dague et déjà repartie pour l'assaut, en cet instant Krist avait, elle le savait, cet aspect fantomatique qui avait construit sa légende. Les plumes de ses petites ailes d'acier bleuté cliquetaient dans son dos alors même que son fouet s'abattait sur le pont avec fracas, faisant voler çà et là des éclats de bois, de corps et de sang alors que les chaînes broyaient les morts laissés sur le pont. Un esprit assassin.Plus haut, plus loin... dans la vigie de l'amoureuse. La silhouette chevaline et spectrale de Cianide observe le combat, son éternel sourire gravé dans le masque osseux qui constitue son visage. A cet instant, il est sans doute le seul à comprendre la profondeur du plaisir de sa maitresse. Un soupire amusé sort de ses crocs prédateurs.
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| | Lun 9 Juin - 16:48 | | | | J'attrape adroitement mes cinq lames, que je m'empresse de cacher à divers endroits de mon corps. A ma grande surprise, aucune n'est parvenue à toucher mon adversaire. Trois ont été déviées, une n'a pas atteint son but, et la dernière l'a percutée sans l'atteindre, stoppée par un obstacle invisible. Une armure magique ? Voilà qui devient de plus en plus intéressant...
Mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus profondément. Dans un rire spectral qui n'est pas sans rappeler celui de Nayris, la pirate s'avance. Elle abat sur moi ses chaînes diaboliques, et je ne parviens à les éviter que d'extrême justesse, m’aplatissant au sol à l'ultime moment. Puis, ne me laissant pas le moindre répit, elle joue du fouet et du sabre, enchaîne attaque sur attaque, ne m'offrant aucune issue exceptée celle de faire marche arrière.
C'est ce que je fais. Je n'ai pas le choix. Ce bateau n'est pas le sien, et elle détruit le pont sans le moindre état d'âme, ce qui m'empêchera de me mouvoir autant que je le voudrais à l'avenir. En plus d'être une bonne combattante, cette femme est également une guerrière à la finesse remarquable, autant dans ses parades que par son esprit. Elle a remarqué que ma tactique de combat reposait sur une grande mobilité et veut sans doute m'acculer pour, après m'avoir immobilisée, s'amuser à m'achever. Une stratégie qui pourrait porter ses fruits. Toutefois, elle ne sait pas encore tout de moi, et je lui réserve quelques surprises...
Les copeaux de bois volent dans tous les sens. Mes bottes sont déchirées, mes pieds sont en sang. Des entailles bénignes, mais qui ne vont pas tarder à s'approfondir si je ne réagis pas. L'équipage pirate, ivre de sang et de passes foudroyantes, hurle et applaudit en une foule bruyante et grossière. L'atmosphère est emplie d'une odeur métallique, l'air est chargé de sueur. L'excitation et l'adrénaline vibrent dans mes veines, tandis que l'allégresse et la sauvagerie s'emparent de mon cœur et mon esprit. Oh, quel beau combat, Nayris !
Soudain, alors que mon adversaire s'approche toujours plus près et que je recule toujours plus loin, je décide de passer à l'offensive. Je saute. Encore ? Encore. Mais, alors que ses armes se précipitent vers moi, avides, je me métamorphose. Je ne suis plus humaine, je suis faucon, et m'engouffre sans peine dans l'espace vide laissées entre elles deux. L'attaque était parfaite et m'aurait probablement tranchée en deux si je n'avais pas changé de forme. La capitaine n'a pas commis d'erreurs, elle ignorait quelles étaient mes capacités, tout simplement.
J'ai franchis sa garde donc, traverse la muraille de son fouet aux allures de fléau ainsi que son sabre redoutable. Puis, alors que je pourrais toucher son visage du bout de mes rémiges, je me transforme. A nouveau.
Ce ne sont plus des serres qu'elle a devant les yeux à présent, mais de longues jambes indubitablement féminines. Toutefois, il faudrait que son regard se porte ailleurs, car ce n'est pas à ce niveau-là que la partie se joue. En effet, dégainant un des stylets cachés dans mes manches, je le projette avec une force foudroyante en direction de son épaule. La distance entre elle et moi est d'à peine un mètre, deux tout au plus, éviter mon lancer relèverait du miracle. Testons ainsi la solidité de son impalpable protection. Est-elle capable d'arrêter une lame à bout portant ?
Néanmoins, comme n'importe quel être vivant qui se respecte, il m'est strictement impossible de rester immobile dans les airs. Cette action, qui semble s'être étirée à l'infinie, n'a duré en réalité qu'une fraction de seconde. Mon corps plonge vers l'avant, je balance mes jambes au-dessus de la tête et réalise ainsi une cabriole en plein vol.
Je retombe sur mes pieds, dos à dos avec mon adversaire. Je fais volte-face, savourant le plaisir de marcher sur une partie du pont encore non détruite. Je recule de plusieurs pas, pour ne pas subir l'acier de ses lames.
Et je souris. Un sourire de souris. Cette souris que croyait pouvoir attraper le chat, sans savoir qu'elle était bien plus dangereuse que lui...
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| | Délyë
Partie IRLCrédit avatar : Trouvé par Roxo et retouché par Cendre ♥Double compte : MiroirVitesse de réponse : Moyenne
| | Ven 20 Juin - 17:33 | | | | Glissement de plumes Grincement d'acier Son adversaire sautait, esquivait et voletait de-ci de-là, impalpable. L'idée de détruire les supports pour ses « pauvres » petits pieds semblait fonctionner à merveille - des tâches vermeilles apparaissaient, çà et là, sur les longues échardes de bois où elle faisait l'erreur d'atterrir, les attaques plus directe ne faisait, au mieux, que la frôler. Une pellicule de sueur recouvre lentement la peau ivoire de l'elfe. Elle n'est pas fatiguée, non pas encore, le combat pourrait sans doute durer quelques heures sans que cela la dérange, mais ses muscles commençaient à chauffer et, s'il est loin d'être court, son souffre s'approfondi pour soutenir l'effort de ses attaques incessantes. La foule, quant à elle, s'amuse du spectacle, après tout, voir le corps féminin de sa proie voleter çà et là était, il faut bien l'avouer, assez agréable à regarder... voir la mort la caresser de ses doigts sans toutefois la prendre entre ses griffes glaciales, Krist elle aussi s'amusait plus que de raison. Mais, bien heureusement, son adversaire n'était pas faite d'esquive. Aussi soudainement que la première fois, elle bondit en avant. Mais cette fois, elle n'avait pas lancé de dague et Krist décida de mettre fin au jeu, d'un large mouvement horizontal elle balaya l'espace dans lequel se trouvait la jeune femme. Mais, alors que les chaînes traversaient l'air en sifflant, elle vit le corps de sa cible changer et, en un battement de coeur, elle se retrouva face à la silhouette tranchante d'un oiseau de proie. Les anneaux barbelés passèrent au-dessus et en dessus de ce corps désormais trop petit et trop rapide, pour être leur cible et, toute à sa surprise, la Sanglante ne leva pas sa lame à temps pour interrompre le piquer du volatile. Son champ de vision fut immédiatement envahi par l'ombre des plumes, le perçant du regard, la longueur agile de ses jambes... des jambes ?Craignant que son adversaire n’ait pour but de se larguer contre elle de tout son poids et sa vitesse, ce qui, malgré la légèreté apparente de celle-ci, ferais tout de même un sacré choc, Krist plongea sur le côté. Elle ne vit que bien trop tard l’attaque réelle de la métamorphe... si tard qu’elle la sentit avant de la voir. Un choc brutal, mais pas autant que celui d'un corps entier appuyant sur elle, mais bien plus précis. Soudain, avec un le grincement de l'acier qui cède, son épaule gauche est projetée en arrière tandis qu'une pointe de fraicheur nait au milieu de la souffrance. Tiens, une lame. Ce n'est pas son armure d'air qui a encaissé le choc, ne la protégeant que sur les zones « dénudées » de son corps, mais sa salière d'acier, cette dernière, transpercée par la puissance de l'attaque, avait laissé la pointe du stylet se frayer un chemin jusqu'à la chaire de sa propriétaire. Rien de gravissime, l'armure ayant encaissé le plus gros des dégâts, mais une phalange de point est tout de même fichée dans son muscle et la fraicheur de la lame est vite étouffée par la douce chaleur du sang qui jaillit de la plaie. Délicieuse souffrance.Mais le temps n'est pas à se complaire dans cette sensation. Alors même que la pirate retrouvait son équilibre - mis a mal par l'attaque - son adversaire à, encore une fois, fait preuve de son agilité, voletant au-dessus d'elle en un cabriole improbable elle se retrouve derrière elle. Un sourire extatique apparaît sur les lèvres de Krist. Elle est juste à portée. Tandis que les pas reculant de la jeune femme résonne sur le bois du pont, l'elfe se retourne brutalement. Si le bras qui tient le sabre est parcouru d'une vague de douleur, sous l'amure d'air un flot vermeil fait son chemin vers le coude, tranchant de sa teinte profonde sur l'albâtre de la peau elfique - le mouvement faisant bouger la lame dans l'épaule - l'autre s'en moque royalement et, alors même qu'elle pivote pour faire face à son adversaire, il projette en un mouvement latéral les chaînes vers la lanceuse de dague, une attaque serrée, rapide, brutale. Une feinte.Alors même que les chaînes lui servent de mouvement de préparation, produisant une puissante inertie rotative, la jeune femme donne un coup de bassin, tournant encore plus vite pour, au retour, envoyer vers son adversaire un coup de pied retourné. Sa botte d'acier visant le centre de gravité de son adversaire - viser la tête revient à dire « esquive moi » - cette partie d'armure en devient une arme, le court talon d'acier assez fin pour percer les vêtements et la peau et le poids même de cette protection donnant plus de force encore au coup déjà puissant ! En soit, un coup circulaire suivit d'une estoc. Comment vas-tu t'en sortir petite souris ? La foule est extatique, on voit rarement couler le sang de la Folle et il encourage chaudement celle qui a réussis, qui à gagner, qui à mourir dans d'atroce souffrance - ce qui, contrairement à ce que l'on pourrait croire, s'apparente à de la sympathie chez les arrache coeur. Loirs, au-dessus des deux combattantes, une silhouette chevaline se met en mouvement.
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| | Sam 28 Juin - 18:57 | | | | Je l'ai touchée. Enfin. Les tentacules écarlates, mises en valeur par l'immaculé de son teint, coulent lentement sur son bras, sans bruit. Ce qui n'a pas l'air de la perturber, au contraire. Elle va passer à l'action dans les secondes qui suivent, c'est une certitude. Quelques secondes aussi précieuses que fugaces, que je dois saisir pour mettre un plan en place.
A dire vrai, la stratégie sur le long terme n'a jamais été faite pour moi. J'ai toujours agi par réflexes, de ce que je savais des limites de mon corps ainsi que celles de mon adversaire. Cependant, en ce qui concerne ma nature d'animorphe je n'ai plus l'effet de surprise, de même que pour mes poignards. Et mes méthodes de combat, si elles sont efficaces, ne peuvent rien face à son mi-fouet mi-fléau, arme que j'expérimente pour la première fois dans un duel et qui est bien plus redoutable que ce que je ne me l'imaginais. Non, le lancer de mes lames courtes aura un impact minime, à l'identique d'une possible transformation. Il faut trouver autre chose.
Une idée me vient. Insensée et inconsciente certes, mais inattendue également, et c'est en cela qu'elle est excellente. Du moins je l'espère, car le temps n'est plus à la réflexion. Les secondes se sont écoulés, le haut du sablier est vide. Il est temps d'agir. Pour survivre, ou rejoindre Nayris.
C'est donc reparti pour un tour. Mon adversaire prend une nouvelle fois l'offensive, projetant ses effroyables chaînes hybrides dans ma direction. Un coup net, simple et puissant. Et, en réalité, le coup que j'attendais... Il me faut être vive, précise et efficace. Je n'ai droit qu'à un seul essai. En cas d'échec, je perdrais un bras, ce qui n'engage pas à l'erreur ne croyez-vous pas ?
Mes yeux suivent le tracés que les fouets dessinent dans le vent. Et soudain, avec une rapidité et une agilité aveuglante, je recule d'un pas tandis que ma main s'avance et s'empare de l'une de ses sordides lianes. Ignorant la douleur que me cause les barbelés d'acier, je resserre ma prise, m'apprêtant à...
Une feinte. C'était une feinte. Par le rire de Nayris, je me suis faite avoir !
Quand je le réalise, il est trop tard. Son talon d'acier me percute violemment la poitrine, avec tant de force que mes poumons se vident et que, le temps d'un instant, je ne trouve plus la force de respirer. Que, le temps d'un instant, je n'arrive qu'à rester immobile, le goût amer de ma bêtise sur les lèvres. Que, le temps d'un instant, mon corps, sous le choc, ne ressent rien n'y n'éprouve aucune émotion. Puis...
L'impact. Dévastateur.
Sous la puissance de son attaque, je m'envole, littéralement. Avec l'élégance d'un poisson hors de l'eau, je suis éjectée vers l'arrière et retombe, toujours aussi gracieusement, mon dos heurtant brutalement les planches en bois dur du bateau. J'ai l'impression d'être écartelée de toute part et accuse le contrecoup, la mâchoire serrée. Au risque de paraître vulgaire, ça fait un mal de chien, bordel de merde ! Elle a fait basculer le combat en sa faveur avec une facilité presque insultante. Je ne saigne pas, il est vrai, le poignard entre mes seins ayant absorbé une partie du choc, mais j'ai quand même la sensation d'être sectionnée en deux. Si je ne me relève pas rapidement, je vais...
Tiens, puisqu'on en parle, pourquoi n'en a-t-elle pas profité pour m'achever ? Il aurait été enfantin de suivre le mouvement et me transpercer de son sabre. Quelqu'un l'a-t-il retenu ? Quelqu'un... ou quelque chose. Car je me rends alors compte que j'ai toujours son fléau dans mon poing. Le sang coule de ma paume à la peau déchirée et tâche le pont du bateau. Mais la vérité est là : la force de son coup lui a également été fatale...
Je retiens un rire face à ce retournement de situation inopiné et me relève maladroitement. Je tousse, crachant d'autres gouttes vermeilles qui vont rejoindre les leurs, avant de laisser tomber l'arme hybride sur le sol. Je prends alors conscience des hurlements de l'équipage en délire. Ils cherchaient le spectacle ? Ils l'ont obtenu, et cela ne fait que commencer.
J'observe mon adversaire. S'est-elle effondrée comme moi ou non, je l'ignore. Toujours est-il que nous sommes face à face à présent, nous défiant du regard, l'adrénaline et l'excitation bouillant dans nos veines. Est-ce elle qui s'approche ? Moi qui vais à son encontre ? Cela aussi je l'ignore. Mais nous nous retrouvons proche l'une de l'autre, prêtes à ouvrir de nouvelles hostilités dans un combat rapproché. J'esquisse un sourire de mauvais augure tandis que la lame cachée dans mon bras s'extrait en seul geste fluide de sa gangue de chair et vient contrer celle, plus longue, de la capitaine pirate. Imprévisible et sanglant, là sont les maîtres mots qui définissent une magnifique bataille. Et il s'agit d'une magnifique bataille.
Je sais qu'elle manie le sabre bien mieux que moi, et que je ne pourrais tenir qu'une poignée de minutes avant d'être submergée sous ses flamboyantes parades. Mais je n'ai pas besoin de plus. Cette durée est amplement suffisante pour lui glisser quelques mots.
– Je souhaiterais me rendre sur le continent, dans les marais de la désolation. Quel est ton prix ? je m'exclame gaiement, tandis que nos armes se rencontrent en un arc étincelant.
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| | Délyë
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