- Citation :
- « Plutôt que de fuir une nouvelle fois, ils laissèrent passer les massacres et les pillages, se contentant de survivre et de protéger leur fille qui était un tantinet trop imprudente à leur goût en ces temps de guerre. »
Raconte l'une des « imprudences » d'Ezaria, alors que ses parents tentent de la protéger de la guerre en Terre.
Quoi de mieux, par un bel après-midi d'été, qu'une longue balade en pleine nature pour profiter de la délicieuse caresse du vent sur son visage et de la chaude étreinte du soleil? De rester en sécurité à la maison, pour éviter les mauvaises rencontres, pour éviter de se perdre encore, diraient encore une fois les parents d'Ezaria, comme à chaque fois qu'elle leur demandait. Avec le temps, elle avait pris l'habitude d'éviter de les avertir lorsqu'elle s'éloignait de la maison pour une petite promenade. Il y avait tant de choses à découvrir et à explorer dans les alentours du village que la jeune élémentale ne pouvait se résigner à rester chez-elle sous la surveillance de ses parents, c'était si ennuyant.
C'était en chantonnant doucement avec les oiseaux et en se laissant guider par une douce brise que Ezaria s'aventurait le long d'une petite route, s’arrêtant de temps à autre pour cueillir quelques jolies fleurs, repartant l'instant d'après en gambadant joyeusement. Il n'y avait rien là pour troubler une jeune élémentale insouciante. Il faisait bien beau, la route était tranquille et les trop rares passants ne répondait que peu ou pas à ses joviales salutations. Rien dans ce décor enchanteur ne faisait résonner en elle les nombreux avertissements de ses parents à propos des dangers de la guerre, des bandits et des pillards. Il faut dire qu'elle n'en faisait qu'à sa tête de toute façon et même quand elle faisait des bêtises elle recommençait l'instant d'après. À croire qu'elle ne retenait jamais rien.
Le soleil déclinait lentement à l'horizon depuis un moment déjà qu'elle poursuivait toujours son chemin avec autant d'entrain que pendant toutes les heures passées. C'est que le temps passe vite lorsqu'on oublie la moitié du chemin. Au loin, en marge du chemin qu'elle suivait, se dessinaient peu à peu les contours d'un attroupement, ou du moins, de quelque chose qui changeais de l’ordinaire du paysage. Curieuse de nature et trop loin pour voir quoi que ce soit de précis, elle obliqua légèrement dans cette direction. Il ne lui fallut que quelques instants pour discerner là un campement en pleine activité. De quoi? À qui? Pas la moindre idée, mais elle voulait savoir.
Ezaria ne tarda pas à découvrir qu'il s'agissait là d'un camp militaire, lorsque deux hommes en arme et armure, sortis de nul, part lui tombèrent dessus. La jeune élémentale poussa un grand cri, plus de surprise que de frayeur alors qu'un des soldat la menaçait à la pointe de son arme.
-Halte, vous n'êtes pas autorisée ici, faites demi-tour immédiatement.
-Mais! Je voulais juste voir,
chouina-elle, laissez-moi passer!Le danger était une notion encore un peu abstraite pour l'élémentale et elle ne réalisait pas le sérieux danger que représentaient pour elle deux hommes armés. Le soldat qui l'avait interpellé s'approcha d'elle la menaçant directement à la gorge avec son arme.
-J'ai dit, demi-tour, immédiatement!!
-Mais pourquoi!L'homme poussa un grondement, sa patience visiblement mise à rude épreuve par la jeune damoiselle entêtée. Bien que peu enclin à abattre ainsi une jeune femme, les ordres étaient les ordres et il allait devoir agir.
-Je me répète une dernière fois, une dernière seulement, partez IMMÉDIATEMENT et aucun mal ne vous sera fait, sinon je devrais vous réduire au silence.
-Pourquoi! S'exclama Ezaria à nouveau, l'air curieuse. Qu'est-ce qu'il y à là bas à cacher pour que je n'ai pas le droit d'aller voir! Elle regarda l'homme lever son arme avec de grands yeux ronds, semblant avoir une soudaine révélation quant au danger qu'elle courait, mais alors que l'homme semait hésiter, un puissant vent surnaturel se leva, semblant sortir de nul part, mais d'instinct, Ezaria savait d'où ça provenait. En quelques fractions de secondes, une silhouette floue s'interposa entre la jeune élémentale et son agresseur, repoussant se dernier assez vivement pour le faire tomber à la renverse. Deux puissants bras enserrèrent alors Ezaria et, poussés par une bourrasque digne d'une tempête, ils s'en furent dans la direction par laquelle elle était arrivée. Ezaria poussa un cri de joie, heureuse de sentir la puissance familière du vent contre elle.
-Papa! Elle se blottit dans les bras qui la portaient, comme une gamine, attendant qu'ils s'arrêtent pour poursuivre. Visiblement son cher sauveur était de mauvais poil parce qu'il ne lui adressa pas le moindre mot jusqu'à ce que, toujours porté par la magie du vent, ils furent de retour à leur village en dix fois moins de temps qu'il en avait fallu à Ezaria. Son sauveur repris forme humaine après l'avoir déposé et elle put alors voir le visage contrarié de son père.
-Combien de fois je t'ai dit de ne pas t'aventurer ainsi loin du village, c'est dangereux là-bas, tu aurais pu de te faire tuer!Elle eut un petit air triste, n'aimant pas se faire gronder, surtout qu'elle n'avait rien fait de mal cette fois. Du moins, c'est ce qu'elle pensait.
-J'ai rien fait de mal! Il y avait un campement sur le bord de la route et je voulais aller voir mais tu m'en a empêchée!-Eza...Avec un long soupire contrarié, son père la prit par la main pour la ramener à la maison. Si elle avait encore oublié c'était peut-être mieux ainsi... peut-être...
-J'aurais vraiment aimé aller voir, en plus il n'y avait personne pour surveiller le campement!