Thème:

Mère #ff9966
Père #663300
Torpor, finalement, a décidé de partir. Pour de bon cette fois-ci, avant qu'il ne soit trop tard. Il quitte sa petite habitation, cette dernière est presque identique à toute celle du village. Les murs sont tous faits de pierre, la toiture est en bois et l'intérieur est presque vide. Le vide lui permet d'être plus tranquille. En sortant de la maison, il ramasse son bâton et sa cape. Il regarde la maison, peut-être pour la dernière fois et pense :

Ahhh, j'espère un jour pouvoir revenir à la tranquillité...

Torpor reprend la direction du village, avec une sensation de vide au coeur. Il continue
à marcher pendant une dizaine de minutes sur la montagne. Tout en marchant, il regarde le paysage et celui-ci semble être différent aujourd'hui pour l'homme. En regardant plus en détail, il voit les animaux qui s'abreuvent aux cours d'eau. Les neiges ont déjà fondu, laissant la place à plus de vie. Les plantes commencent leurs éclosions. C'est là que Torpor prend conscience :

Tant de vies, quand je pense que j'ai utilisé ces dix longues années à m'entraîner. En valait-il la peine?

Enfin, il arrive près du village d'Ajna. Celui-ci n'a pas changé depuis sa dernière visite, il y a quelques semaines de cela. En rentrant dans le village, certains objets près de lui commencent à bouger. Les quelques plantes, qui affrontent le Soleil et les vents par leur présence en ces terres, se rétrécissent sur elles-mêmes et certaines s'aplatissent. Torpor ne doute aucunement que sa présence en est la cause et qu'il doit se dépêcher pour ne pas aggraver la situation. Il voit aussi à sa droite, à quelques mètres de lui, une petite habitation dont la toiture commence à s'enfoncer et commencer à former un trou. Il accélère l'allure pour ne pas avoir à marcher proche des villageois. Assez chanceux, il ne croise personne et arrive devant la maison de ses parents se dit à lui-même :

Finalement arrivé, j'espère ne pas avoir causé trop de problèmes pour les autres en venant.

Il se dirige finalement vers la porte et cogne. Mais juste avant de rentrer, il entend du bruit comme si une personne avait laissée tomber un vase. Torpor se dépêche d'entrer et dit :

Eritimiel! Calaian! Tout va bien?

Oui, je vais bien.


En entrant dans la petite maison, il reconnaît tout de suite sa mère, étendue sur le sol avec un pot fracasser à ses côtés. Ne perdant pas de temps, Torpor le maudit prend sa mère doucement dans ses bras. Il marche sur les débris du récipient ainsi que la plante et la terre qui était à l'intérieur. Pour enfin la déposer sur son lit. Sous le contact d'Éritimiel, le lit craque, mais tient bon. La gorge nouée par le remord, il dit :

Je suis désolé, je n'aurai pas dû venir. C'est ma faute... tu aurais pu être morte... es-tu blessée?

Non, je vais bien, ce n'est pas ta faute, mon coco.

Lentement, Eritimiel lève son bras pour lui toucher le visage, tout en gardant un sourire sur le visage. Torpor ne peut que remarquer l'âge avancé de sa mère. Il lui prend la main pour la garder contre lui, aidant sa mère pour l'empêcher de faire trop d'efforts. Il baisse la tête et les yeux et murmure :

Je suis triste, je ne vais pas pouvoir rester plus longtemps dans la montagne. Ma malédiction devient plus forte, je ne veux pas vous faire mal. Au revoir.

Il dépose la main de sa mère à ses côtés, lui donne un baiser sur le front. Le jeune homme ne peut que remarquer les larmes qui coulent des yeux clos de sa mère. Il retourne à la porte tranquillement et regarde le plant. En regardant, il remarque que c'est en fait une fleur bleue. Comment avait-elle fait pour éclore alors que ce n'était que le début du printemps? Mais cela n'avait pas d'importance puisqu'il l'a écrasé. À la porte, il entend un murmure :

Je t'aime mon coco.

Torpor quitte finalement l'habitation avec l'aspiration plus renforcée qu'avant. Il referme la porte au passage et voit son père, Calaian. Le père, bien bâti comme son fils, reste immobile devant son fils et dit :

Alors fiston, tu nous quittes déjà?

Oui, ma malédiction devient trop forte. Je dois trouver un moyen de m'en débarrasser ou de la contrôler.

Tu es décidé? Si c'est le cas, je te souhaite bonne chance mon fils.

Doucement, Calaian avance et ouvre les bras pour donner une dernière étreinte. Torpor le rejoint, peut-être pour la dernière fois et se dit tout en gardant le sourire :

Il est toujours fort comme un boeuf ce vieux père
Au revoir, vieux boeuf et fais attention à maman.

Finalement, Torpor reprend la route en direction de l'Ouest. Il quitte Ajna pour de bon cette fois. Puis, après avoir marché quelques minutes, il regarde pour la dernière fois ce village, celui de son enfance, lui qui a passé presque toute sa vie. Il ne peut s'empêcher de penser à sa famille, ses amis et tous les autres villageois.

Je vais revenir, c'est certain.