L'épreuve d'Yrelith

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Racontes le premier vol d'Yrelith, ses sensations, émotions, comment elle découvre cette faculté en fait...

_____Au début, c'était frustrant de ne pas pouvoir voler comme les autres. Tous les oiseaux qu'Yrelith voyait étaient soit perchés à une branche très très haute, soit suspendus dans les airs à l'aide de leurs ailes. Ils piaillaient, sifflaient, tandis que d'autres voltigeaient, battaient frénétiquement des ailes pour s'élever d'avantage. C'était un beau spectacle... Aussi beau que frustrant pour la jeune cianopsitta. Elle aussi, elle avait des plumes et une paire d'ailes, alors pourquoi elle ne parvenait pas à s'envoler comme eux ? Non seulement frustrée, mais aussi terrifiée par deux choses, la première étant qu'elle était une proie facile pour le plus nase des prédateurs. Clouée au sol sans pouvoir rejoindre les cieux tout en sachant que l'on est censé savoir s'y prendre, personne d'autre à part Yrelith ne peut imaginer l'épouvante que l'on peut ressentir. Non seulement la peur d'être dévorée toute crue, mais aussi, de jour comme de nuit, lorsqu'elle fermait les yeux, elle voyait des scènes qu'elle n'avait pourtant jamais vu, des paysages qu'elle n'avait jamais observé, des personnages qu'elle n'avait jamais rencontré... Tant de choses qu'elle n'a pourtant jamais faite, elle le sait, elle est trop jeune pour faire ce genre de choses... Sursautant de surprise, la cianopsitta commença peu à peu à prendre conscience de ce qu'elle était réellement, puisqu'elle a des plumes et une paire d'ailes, mais également des pattes avec des écailles dessus, des serres pour mieux s'accrocher à certains endroit, un truc dur au bout de la tête qui lui permettait de chopper les petits crustacés dans sa grotte natale, tellement de ressemblance, ça ne peut pas être une coïncidence... C'est dorénavant clair ! Elle est l'une des leurs ! À l'exception du plumage quelque peu différents, mais ils sont tellement semblable à elle qu'elle n'y prêta pas d'attention.

_____Guidée par cette prise de conscience soudaine, Yrelith se dirigea vers un gros cailloux, s'aida des grosses branches mortes mais solides pour grimper jusqu'en haut puis, après avoir marcher jusqu'au rebord du rocher, observa une dernière fois ceux qu'elle considérait comme ses cousins. Ils volaient, eux, alors pourquoi pas elle ? La dernière fois qu'elle avait tenté un décollage, elle s'était correctement ramassé, fait un roulé-boulé jusqu'en bas de la pente pour se prendre une racine sur le coin de la tête. La douleur avait été traumatisante, d'autant plus qu'elle avait échoué, pour cette première fois. Cependant, cette fois-ci, ça sera différent, elle en était persuadée. La cianopsitta s'échauffa rapidement et se mit en position, déployant ses ailes pour imiter les autres oiseaux, laissant la brise caresser ses plumes chatoyantes. Elle était plus que prête, c'est comme si... Comme si elle avait fait ça des millions de fois, dans sa vie. Elle ne peut pas rater, cette fois. Se propulsant dans les airs à l'aide de ses pattes, elle ne touchait plus le sol. Rien que ce court instant de son existence était un délice qu'elle n'oublierait pas. Ses ailes battaient pour la soulever et la maintenir au-dessus du sol. Quelle étrange sensation, est-ce donc ça... La liberté ? À son tour, elle poussa un petit cri. Un petit, mais qui exprima toute la jouissance qui l'envahissait. Ça y est, elle aussi, elle s'envolait ! Pour la première fois depuis longtemps, elle avait pris son envol !

_____Que d'émotions ! C'était à la fois le bonheur d'avoir réussi, la joie de ne rien sentir d'autre que le vent, et le plaisir de voler que la cianopsitta ressentait en elle. Une véritable explosion de sensations, autant d'extase que de monter toujours plus haut que de peur à cause des courants qui vous pousse et la menace omniprésente de chuter après une mauvaise manœuvre. C'était absolument fantastique ! Dire qu'elle faillit s'en priver, un jour, hésitant à abandonner comme une idiote parce qu'elle ne réussissait pas. Essoufflée, elle partit se poser sur une branche libre. Ce n'était pas à cause de la fatigue, mais tant d'émotions qui vous font frémir jusqu'au bout du bec, c'était éprouvant. Il y a tant de choses mais si peu de mots pour qualifier ce qu'elle avait ressenti. Un léger courant d'air qui l'avait légèrement dévié vers la gauche, un battement d'aile qui lui avait permit d'accélérer, un petit mouvement avec sa queue afin de s'élever toujours plus haut. Tant de choses, tant de choses... Mais elle ne comptait pas s'arrêter là pour aujourd'hui. Reprenant son envol, Yrelith partit rejoindre ses nouveaux amis, leur montrant en même temps des acrobaties périlleuses mais amusantes qui lui venaient en tête. Elles les inventaient, ou bien étaient-ce des souvenirs qui se réécrivaient petit à petit dans sa tête ?... Peu importe, voler est la plus belle chose que l'on puisse vivre.