Mer 12 Mar - 0:51 | | | | - Citation :
- Raconte nous l'invasion des Démons et votre fuite, ainsi que les derniers moments de ta "grande sœur" à tes cotés.
La journée était fraîche, mais ensoleillée. L'automne s'installait doucement sur la forêt de Flore et les nymphes avaient ressortit leurs tuniques à manches longues et leurs pantalons. Les stocks de l'été étaient fait, on commençait à chercher des champignons, des graines et des fruits secs. Plus question de baignades, il faisait trop froid désormais pour ne pas risquer un rhume, mais le peuple féérique restait joyeux et espiègle. Enfin, autant que possible. Depuis déjà quelques semaines, une rumeur sombre gagnait la forêt. Des humains s'étaient aventurés profondément dans les bois, hors de leur village, apeurés et parfois blessés. Des incendies c'étaient déclarés à l'ouest et on pouvait voir la fumée noire monter dans le ciel. L'inquiétude gagnait tout le monde. On parlait de monstres et de démons, certains rapportaient de c'était l'armée d'Aile Ténébreuse qui marchait sur Flore. Mais c'était difficile à croire : que pouvait-il bien vouloir à des fées et des nymphes ? Personne n'était hostile ici et le territoire ne représentait pas une menace, pourquoi le détruire ? Pourquoi attaquer son peuple ? Les nymphes étaient bien loin de se douter de la cruauté de cette nouvelle guerre qui les engloutirait.
La petite communauté où vivait Raviel était cachée dans le sous-bois. Chacune habitait une petite maison plus ou moins fondue dans un arbre ou une fleur gigantesque, la clairière était belle et on trouvait dans les environs des étangs et des cours d'eau. Un véritable paradis qui se mit à gronder au beau milieu de cette belle journée d'automne. Ce fut d'abord ténu. La terre vibrait doucement et en rythme. Puis ce fut plus fort, assez pour que les animaux dépeuplent les environs. Un bruit sourd monta dans l'air. Et des nymphes revinrent à la clairière en hurlant de terreur, priant leurs sœurs de fuir le plus vite possible. Juste derrière elles, la première et unique vague d'assaut se jeta en mugissant sur les premières maisons. Ce fut la panique la plus totale. Les troupes étaient organisées et sans pitié, tuant sans distinction tout ce qui n'était pas des leur, prenant un plaisir malsain à tout saccager. Les premiers feux furent vite allumés, les portes étaient défoncées à coup de pied, on trainait dehors les occupantes des lieux avant de les exécuter sommairement. Certaines, trop belle au goût de leur agresseur, restaient en vie assez longtemps pour être souillée. La nymphe était en train de faire l'inventaire d'une réserve quand elle entendit les premiers cris. D'abord pétrifiée, elle profita d'être hors de vue pour agir vite. Bien qu'elle aime voir le côté positif des choses, Raviel était réaliste : autant de pauvres gens affolés ne pouvaient pas mentir et une attaque était à redouter. Les nymphes étaient pacifiques, elles ne pouvaient rien faire d'autre que fuir. Mais se tenir prête à fuir pouvait faire la différence et c'était exactement ce qu'avait projeté de faire la jeune femme. Sa besace était pleine depuis une semaine et la fenêtre de sa chambre restait en permanence ouverte. C'est certainement ce qui lui sauva la vie.
Terrifiée par les cris et les flammes qui dévoraient tout, Vi' se jeta hors de la réserve et couru le plus vite possible jusque chez elle. Le trajet n'était pas bien long mais il lui sembla qu'une éternité s'était passé quand elle poussa la porte de sa demeure. La fumée avait déjà envahit une bonne partie de l'endroit, la légère brise qui soufflait dehors faisant voler la paille enflammée de la chaume dans tous les sens. Le village entier brûlait et des monstres étaient en train d'y progresser sans s'en soucier. Siena ferma la porte immédiatement en toussant. Raviel lui prit les mains.« Il faut fuir ! » « On ne peut pas tout abandonner ici ! C'est notre maison ! Notre foyer ! Et nos sœurs ? » « Elles fuient déjà pour leur vie ! Siena, ils massacrent tout le monde ! Ils...Il faut partir tout de suite ! » Et sans attendre plus longtemps, elle tira derrière elle sa sœur aînée pour l'emmener dans sa chambre qui donnait sur l'arrière de la maisonnette. Au moment où elles arrivaient dans la pièce, le bruit d'une porte qu'on enfonce retentit dans leur dos, immédiatement suivit par un rugissement furieux. Tandis que Raviel attrapait sa besace et s'apprêtait à sauter par la fenêtre, Siena se retourna, les yeux grand ouvert sous l'effet de la peur. Elle recula à petit pas alors que le soldat, caché sous son armure de fer, avançait vers elle d'un pas lourd. On ne distinguait pas ses traits, mais un rire gras s'échappa de sous son casque.« Siena ! Bouge ! » Mais la nymphe semblait paralysée et tremblait comme une feuille alors que sa protégée, à deux mètre d'elle, un pied sur le rebord de la fenêtre et l'autre sur le lit, lui tendait la main et l'exhortait à sortir de sa transe. L'assaillant mugit et tira sa lame, qui décrivit un arc de cercle depuis son fourreau jusqu'au mur de bois où elle se planta, détruisant le bureau qui se trouvait sur son chemin. Et ouvrant une large plaie dans l'abdomen de Siena qui tomba à genoux, les deux mains crispées sur son ventre. Le sang de Raviel ne fit qu'un tour. Son cri se mua en rugissement et en se jeta sur son adversaire, elle se changea en un énorme ours brun. Ses griffes raclèrent contre l'armure tandis qu'elle repoussait le soldat jusque dans le salon. Il percuta le mur dans un fracas de casseroles et s'effondra, sonné par le choc. La jeune nymphe courut auprès de sa sœur et sans s'attarder sur la blessure, l'aida à se remettre debout et à passer par la fenêtre. Une fois dehors, elle la hissa sur son dos et prit la forme d'un grand cerf avant de s'élancer dans le sous-bois. Dans son dos, le grondement du feu et les hurlements stridents des dernières malheureuses résonnaient.
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Ses forces ne l'auraient pas porté bien loin, mais la peur lui donna des ailes et elle gagna un lieu secret qu'elle avait découvert un soir après s'être perdue. Un arbre énorme parmi tant d'autres semblait avoir été frappé par la foudre car son centre était creux. La jeune exploratrice avait creusé une entrée dissimulée entre des fourrés. Elle eut toutes les peines du monde à faire passer Siena, mais l'endroit était sûr et propre, il était capital de pouvoir s'abriter. Une fois au calme et la blessée allongée, Vi' se risqua à regarder la blessure. Elle grimaça en voyant l'étendue des dégâts. Une ligne droite barrait tout le ventre de sa sœur aînée. Au centre, la blessure était assez profonde pour laisser s'échapper les viscères, mais heureusement, l'infortunée créature avait eut la présence d'esprit de garder les deux bords bien fermés. Les yeux noyés de larmes, Raviel fouilla à toute vitesse dans sa besace. Elle n'avait qu'une trousse de premiers secours, mais nettoya la plaie et la recousit rapidement et avec habileté. Tout en sachant que c'était insuffisant pour quelque chose d'aussi grave. Siena s'était évanouie. Seule, aux abois, impuissante et terrifiée, Vi' se roula en boule et pleura longtemps sans trouver le repos. Vidée de ses forces mais déterminée à tout essayer, elle mit ses mains au-dessus de la plaie et chercha cette petite étincelle en elle qui ferait un miracle. Elle la trouva tout au fond, si faible et si tremblante qu'elle cru un instant que faire appelle à ce don l'éteindrait pour toujours. Mobilisant toute sa volonté, elle concentra cette énergie vacillante dans ses paumes et chercha à la dispenser à sa patiente. Les minutes s'égrainèrent sans qu'elle n'ose bouger. Bientôt une heure passa. Puis une autre. Les mains de la nymphe tremblaient si fort et son teint était si pâle qu'elle semblait plus mal en point que sa patiente. Elle arrêta le frais de cette désastreuse tentative pour en observer le fruit : les chairs étaient refermées, juste assez pour ne plus donner sur les organes. Mais c'était tout. Là où d'autres auraient réduit la plaie de moitié, Raviel n'avait fait que donner un jour ou deux de plus à vivre, en étant optimiste. Désespérée par son inutilité, elle s'effondra en larme près de sa protectrice. Cette fois, le sommeil vint la cueillir.
A son réveil, il faisait nuit. La notion du temps lui avait échappé depuis qu'elle avait quitté son village et elle n'aurait su dire si une journée s'était écoulée entre temps ou s'il ne s'était passé que quelques heures. Près d'elle, Siena grelottait, pâle comme un linge. Raviel bondit sur ses pieds et alla fouiller son sac. Elle en sortit une cape épaisse et enroula sa sœur dedans. Puis elle sortit prudemment de la cachette, sous forme de lapine. La nuit était calme, comme si rien ne s'était passé. Mais ça avait eut lieu. Quelque part, il y avait des démons en train de ronfler après avoir abreuvé la terre de sang et s'être remplit la panse. Cette idée fit enrager la nymphe, mais elle se concentra sur sa tâche. Les feuilles avaient commencé à tomber et elle en ramassa le plus possible pour en faire un matelas confortable pour elle et Siena. Elle termina aux premières lueurs du jour. Sans chercher à se reposer, elle donna à boire à sa blessée qui n'avait pas encore ouvert l'œil et se mit en quête d'herbes spéciales qui poussaient près des étangs. Sa connaissance de cette partie de la forêt l'aida beaucoup et elle obtint vite tous les réactifs dont elle avait besoin. A l'aide d'un peu de matériel que tout bon guérisseur à toujours sur soi, elle prépara une pâte verdâtre sans odeur qu'elle appliqua sur la blessure. Le tout sécha rapidement. L'emplâtre allait activer la guérison tout en gardant la blessure saine. Rassurée d'avoir pu faire quelque chose, Raviel bu à son tour et tenta de grignoter un biscuit sec avant de se pelotonner près de Siena pour dormir. Cette fois, elle n'ouvrit les yeux que bien des heures plus tard. La fin de journée était passée, la nuit était bien avancée et c'était les mouvements de la nymphe mourante qui l'avait tiré de son sommeil. Siena avait les yeux ouvert et respirait calmement, mais son teint était cadavérique et elle tremblait. Vi' lui donna à boire avant de vérifier son pansement. Elle s'activait, rassurait son amie et lui souriait pour lui faire plaisir, s'inquiétait de savoir si elle avait faim ou si elle avait froid. Mais à tout cela, la jeune femme ne répondit que par un sourire d'une terrible douceur. Le miroir au alouette dans lequel Raviel se mirait vola en éclat et elle serra la main de celle qui avait été comme une mère pour elle, fort contre son cœur en retenant un sanglot.« S'il te plais...Ne me laisse pas seule... » « Tu n'es jamais seule. La forêt vit tout autour de toi. C'est ton foyer et les créatures qui y vivent sont ta famille. » « Mais je te veux toi comme famille ! Siena... » « Ne pleure pas. Nous avons de la chance, nous pouvons nous dire au revoir, nous sommes ensemble. » « Reste avec moi, je t'en supplie ! Reste avec moi ! Me laisse pas ! » « Tu as fais tout ce que tu as pu. Mais notre heure arrive toujours. Je retourne vers les racines de l'Ancien et ce passage, je le fais au cœur de mère-nature, avec ma sœur à mes côtés. Je ne sens rien, je n'ai pas peur. Alors ne pleure plus ma belle...» Mais Vi' ne pouvait plus contenir ses larmes, qui coulait désormais sur ses joues. Siena lui adressa un sourire serein et lui fit signe de se pencher. Elle l'embrassa sur le front avant de fermer les yeux, happée par le sommeil. Lentement, son souffle s'éteignit jusqu'à disparaître totalement. Laissant Raviel seule et anéantie au milieu de la nuit, sous le regard froid des étoiles.
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| | Raviel Ashenlöon
Partie IRLCrédit avatar : ChenboDouble compte : /Vitesse de réponse : Selon l'inspiration
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