Mickey Mouse suicide

Bjergsen Jansson a écrit:

Les Skritts sont une race des Montagnes qui, d'aussi loin que remontent les souvenirs des nains, ont toujours été là. Lors de l'instauration de son Royaume autoproclamé, Alcide est forcément tombé sur eux : sorte de souris bipèdes, maigrichonnes, mesurant dans le petit mètre et particulièrement stupides, ils furent une des premières races qu'Alcide tenta de soumettre.
« Skritts pas comprendre ce que dragon veut d’eux. Explique encore ? » Et tandis qu’Alcide s’exprime, le regard vide de son vis-à-vis semble plus égaré encore.

Une perle de sueur glissa lentement le long de la tempe d'Alcide, ses poings serrés dans leur sombres gantelets posés sur le pommeau de sa lourde lame. Les yeux sévères, mais les sourcils soucieux, figés dans le regard vide de son interlocuteur Skritt... Crispé, car Alcide détestait viscéralement la stupidité, la jugeant irresponsable. Et soucieux, comme le serait le voyant qui se suspecterait de ne plus rien y voir, se sentant comme l'aveugle cherchant à en déchiffrer ce qu'il était incapable de lire, avec cette sérieuse question au coin de l'esprit : cette créature était réellement stupide ou se payait-elle sa tête ?

Impassible, le Skritt cligna aussitôt des paupières...

Suspicieux, Alcide en plissa les siennes...

Patiente, la créature inclina légèrement de la tête...

Blasé, le dragon noir leva alors un sourcil...

C'était une impasse. Ce rat était vraiment doué, et c'était peu dire, Alcide avait affaire à un véritable virtuose de la baston de regard comme n'en avait jamais rencontré le faux-Roi des Montagnes...

Le régiment de barbares présents se mirent alors à se jeter quelques regards à leur tour, bruyants tout en s'échangeant quelques murmures, partageant quant à eux leur ressentiment et leur fatigue, ou leur faim... Que le résultat mène à la déception ou la joie, qu'importe, ils espéraient, sans le cacher, en finir avec ces histoires de parasites le plus tôt possible car voila un bon moment qu'ils se tenaient à l'entrée de la griffure, ce nom que l'on donne aux nids des Skritts, attendant patiemment que les négociations entre leur souverain et les hommes-rats aboutissent enfin à quelque chose...

« Seigneur, c'est peine perdue, ces créatures sont aussi bêtes que des rarks ! » s'exclama l'un d'eux.

« Et tu t'en crois supérieur ? » déclara Alcide, son regard toujours encré dans celui du Skritt. « Encore aujourd'hui on vous donne le sobriquet de Vermine, de moins que rien, de rats. Les Skritts sont comme Vous, ils sont comme Moi ; des rebuts sur lesquels marchent les Puissants.

Écrasés. Piétinés. Hors du jeu. »

Alcide se tourna doucement en direction de sa maudite troupe, son regard parcourant chacun d'eux. Il y avait des humains, femmes comme hommes, et même des orcs, ainsi qu'un troll gigantesque extirpant rapidement le doigt de son pif comme s'il pouvait être discret. Des barbares en masse, habillés de fourrures et d'acier, les armes à leur fourreau, mais le feu dans les cœurs en écoutant ainsi leur chef s'exprimer.

« J'ai dis que j'unifierai tout ceux que les nabots ont catalogués d'indésirables sur cette terre, NOTRE Terre. Je ne les exclurais pas de l'équation... »

Soupirant profondément, il tendit une main vers l'un de ses sujets, réclamant son heaume d'un léger signe des doigts, ajoutant : « Ceci dit, nous rencontrons quelques... problèmes de communication. »

Le dragon noir porta alors son casque par-dessus son crâne alors qu'il poursuivait son raisonnement : « Ce qui veut dire que nous allons devoir user... »

Mais avant d'articuler le dernier mot qui conclurait sa phrase, son visage s'engouffra sous la bombe du heaume ensorcelé, changeant systématiquement de voix. Devenant diamétralement plus grave, plus profonde et puissante lorsqu'il se tourna à nouveau vers le petit Skritt :



Le rongeur écarquilla les yeux, n'ayant à peine le temps d'utiliser ses avant-bras pour se protéger, espérant naïvement que ça pourrait le sauver, quand il vit soudain Alcide brandir son énorme épée par dessus ses épaules pour la lui écraser sans aucune autre forme de pitié sur le crâne, le rongeur balbutiant sa douleur au sein même de sa propre cage thoracique, puis s'y noyer...


A leur tour, les barbares Dreth dégainèrent leurs armes dans un chuintement du diable, s'avançant dans les galeries, inébranlables, dans le tas ! comme on le disait dans l'Enclave, fauchant les Skritts à grands revers du bras ou retournant leurs rangs comme on labourait un champ.

Les rats étaient si légers et si chétifs que certains corps servaient soudain de massue hurlantes aux orcs du clan, les manipulant férocement comme de vulgaires pantins désarticulés alors que tous laissèrent s'exprimer à l'unisson toute la cruauté dont ils étaient capables.

Ils étaient plus grands. Ils étaient plus forts. Le Dreth chiait le Skritt, anéantissant la supériorité numérique de leurs innombrables victimes grâce à l'étroitesse des tunnels, recrachant en leurs embouchures tripes, viscères et sang comme un colon putréfié recracherait la rance et son pus.

Nous sommes éventreurs, arracheurs, tailladeurs, gougeurs,
Nous sommes les crocs des ténèbres, nous sommes les griffes de la nuit,
Nôtre est FORCE et PUISSANCE ! Nous sommes DRETH !


Soudain, Alcide serra le poing en guise de signe pour la horde, la sommant de faire halte, et les premiers rangs s'arrêtant, les autres se bousculèrent maladroitement en un tintement de métal sonore.

Cette boucherie n'était pas gratuite, sinon ils n'auraient jamais lâcher un tel discours. Le dragon noir voulait les Skritts dans ses rangs, c'était son objectif, et ne tirerait donc aucune satisfaction à poursuivre le carnage. Ainsi silencieux, et en garde, tout juste placés à la sortie du boyau qu'ils avaient empruntés, les Dreth observèrent ce qui devaient être la caverne principale de la griffure, bien plus large, habitée de huttes et de structures faites de bois ou de matériaux de récupération. Les yeux grands ouvert, les barbares virent ici-même une nuée grouillante de skritts s'étendant à perte de vue, et dans laquelle mieux ne valaient pas s'y engouffrer...

Mais que l'on se rassure, Alcide suivait un plan, car de prime abord, les skritts semblaient à peine capable de parler, mais ils maniaient des armes et portaient des vêtements comme les races plus avancées. En outre, les skritts gagnaient en intelligence quand ils se rassemblaient en grand nombre. S'exprimant à l'aide de couinements si rapides que des oreilles humaines n'entendraient qu'un bourdonnement, se partageant l'information et le savoir avant de prendre des décisions ensemble comme l'aurait fait un essaim.

Au plus il y a de skritts rassemblés en un endroit, au plus ils deviennent intelligents, rusés et rationnels.

Voila ce que cherchait à faire Alcide ; les rendre apte à réfléchir sur ses propositions... Stratégie à double tranchant, certes risquée, tous susceptible de le payer cher et de s'en prendre plein la tronche ! comme ça se disait aussi dans l'Enclave... C'est alors que les skritts s’aplatirent soudain à genoux au sol, prosternés en signe de reddition, l'un d'eux s'exclamant :

« Arrgh ! Ne t'avons-nous pas dit ? Ne tue pas - ne tue pas - les skritts ! Toi ! Raison ! Convainquant ! Skritts différents des nains ! Eux pas aimer - pas aimer - les skritts ! Eux tuer bébés - exterminer les griffures - les griffures !! Sans raison ! Les skritts vont aider Alcide si Alcide aide les skritts ! Oui ? »

Et c'est ainsi que le faux-Roi des Montagnes, cet imposteur, acquiesça. Il avait soumit... une poignée de rats... C'était un exploit ! Les Dreth s'empresseraient de conter à quel point les skritts étaient féroces, des nuées d'horribles dents pointues capable de ronger le fer et l'acier leur tombant dessus par millier ! Pour sûr l'Histoire chantera les prouesses d'Alcide et ses Dreth !

Alcide ou le mensonge d'Ulysse...