- Pourquoi est-ce que tu pleures Ionos ?

Me demanda un jour Jasmine, ma sœur lycane alors que j’étais en larmes, le visage et le corps meurtri par des blessures d’enfant. Je lui répondis, gêné et en peine :

- Ils n’arrêtent pas de se moquer de moi… De la couleur de mes yeux et de mes cheveux, je leur ai rien fait pourtant. Alors pourquoi ils s’acharnent ainsi ?

Elle essuya mes larmes et me répondit avec simplicité :

- Pour commencer, sèche tes larmes petit frère, tu es quand même l’homme de la famille. Il faut que tu arrêtes de te soucier de ce que les autres pensent de toi ou de ce qu’ils peuvent te dire, surtout si c’est dans l’unique but de te blesser comme ça. Le monde est rempli de gens biens et d’idiots. Faut que tu apprennes à t’y faire petit frère, tout ne peut pas être rose. Allez debout…

Elle a toujours été là pour moi, pour me soulager de ma peine. Je n’aurais jamais imaginé pouvoir vivre sans qu’elle puisse un jour cesser de me conseiller ou me soutenir. Mais il y a des responsabilités auxquelles on ne peut pas échapper. Je l’ai laissé mourir, je n’ai pas eu la force de la soulager, elle qui baignait dans son propre sang, les yeux remplis de douleur. J’aurais préféré qu’elle puisse quitter ce monde en paix… Avec pour seul espoir que son frère n’ai plus peur et qu’il soit devenu un homme.

Mais ma place au sein de la meute valait elle vraiment ce sacrifice? Aurais je pu vivre avec le souvenir d'avoir tué la lycane qui partageait le même sang que moi? Où est l'honneur dans le fait de tuer sa propre famille? Non, je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas une simple bête avec des pulsions primaires qui est prête au pire pour monter d'un échelon dans la chaîne alimentaire.

Mais à cause de ma lâcheté, je dois vivre avec cette faute pour le restant de mes jours. Je ne pourrais jamais vivre auprès d’une autre meute, je n’ai plus rien à offrir et les lycans ne voudront pas d’un lâche comme frère. Mais je ne peux pas vivre non plus comme un humain, j’ai vu leur peur, leur bêtise et leur cruauté envers moi quand j’ai tenté de vivre avec eux.

Je suis sur l’éternel fil du rasoir de ma propre vie, j’entends toujours ces cris dans ma tête. Peut-être les garderais je à jusqu’à ce que la faucheuse ne vienne m’ôter le fardeau de ma vie... Mais je n’abandonnerai pas. Je garde au fond de mon cœur cette petite flammèche que l’on nomme espoir. Et je ne pense pas que ce soit quelque chose qui soit réservé aux humains.