Donovan émit un léger sourire ironique à l'approche des catacombes ; nul autre endroit ne leur aurait mieux convenu, à lui à et ce qui l'habitait maintenant... Un endroit de mort, un endroit où la vie n'avait plus de sens- où elle était une étrangère, repoussée. Un frisson lui parcourut l'échine, tandis qu'il avançait parmis les tombe, aussi silencieux que les cadavres qui l'entouraient.

Il avait hésité, d'abord, à rejoindre cette expédition. Lorsqu'il en avait eu vent, l'attrait du mystère, l'excitation du danger s'étaient saisis de lui. Mais il y avait tant à faire... Il avait souhaité laisser cela à d'autres. Ne plus rechercher la mort et la colère, devenir un nouvel homme. Un homme qui ne se fourrait pas bêtement dans des situations où il risquait de perdre la vie pour des paquerêttes. Seulement voilà ; parfois il faut savoir trouver les ennuis.

Il ne s'était pas engagé dans cette expédition pour lui-même. Il ne l'avait pas fait pour sentir à nouveau l'odeur du sang autour de lui, pour voir la sauvagerie qu'offre la vie lorsqu'elle n'est plus qu'une flammèche perdue sous la pluie. Il le faisait pour l'Aurore. Pour que si quelque chose de bien ressorte de cette folie, l'on sache que l'idéologie y avait été. Qu'elle s'était battue pour le peuple, qu'elle avait versé son sang pour mettre à bas cette famille monstrueuse.

Il ne savait depuis quand il avait cette ferveur en lui- peut-être n'avait-il eu besoin pour ne l'avoir qu'une idée noble. Et il était venu, accompagné comme toujours de Thjodvitnir, s'était rendu à l'endroit où un général soutenu par ses soldat leur avait tenu un discours. Et on l'avait envoyé ici, en compagnie d'une étrange petite créature. A qui il n'avait presque pas adressé la parole, le soldat les accompagnant n'ayant cessé de jacasser durant leur trajet. Il avait à mainte reprise caressé du pouce le tranchant de sa hache à l'idée du silence...

Et il espérait que le soldat, aussi bien que la petite créature, soient utiles dans leur mission. Il ne savait d'où venait cette créature, ni qui elle était, mais il priait les dieux pour que son charme naturel ne soit pas la seule arme dont elle dispose. Ce qui lui laissait une certaine méfiance vis-à-vis d'elle. Pour qu'une créature ayant l'air aussi inofensive soit suffisament sûre d'elle pour se lancer à l'assaut de la Caste des Saynis faisait froid dans le dos.

Un homme était déjà là lorsqu'ils arrivèrent, et il se présenta à eux lorsque le nain les accompagnant l'eut enfin bouclée. Ses lèvres s'étirèrent en un mince sourire devant l'humour de ce Zaïthan.

- Donovan Esylandre, tout le plaisir est pour moi.

Il poussa un léger soupir, jeta un regard incertain sur l'entrée des catacombes.

- Quant à trouver de la chaleur là dedans... Pourquoi pas ? Avec un peu de chance, nous pourrons trouver un fût de bière et la déguster dans un crâne, à la mode des barbares. Je vous l'assure, le goût n'en est point altéré !

Il porta une main à son arc mais se ravisa. Dans un endroit aussi étroit que celui-ci, leurs éventuels ennemis seraient sur eux avant qu'il ne puisse ajuster son tir. Et en cas d'erreur... un de ses nouveaux allié pourrait être touché. Sa main gauche se déporta alors vers la garde de l'épée norse, qu'il tira au clair dans un crissement qui rompit le silence mortuaire.

- Et peut-être même aurons nous l'occasion de boire dans un crâne Saynis , murmura-t-il avant d'avancer vers l'entrée morbide, Thjodvitnir sur les talons.

Les catacombes, hé ? Avec un peu de chance, ils tomberaient sur quelques animaux charognards qui auront l’amabilité de lui indiquer le chemin à suivre, se réjouit Clywen en se penchant légèrement en avant, essayant de jeter un coup d’œil au fond de l’entrée béante du cimetière sous-terrain. Bien sûr, il était légitime de se demander ce qu’une Ilwynog faisait dans un endroit pareil, dans un lieu où peu de ses compatriotes avaient eu l’idée saugrenue de se perdre – les Montagnes avaient ce je ne sais quoi qui rendait leur présence quelque peu déplacée. Comme à son habitude, elle était là pour la découverte : les Saynis étaient une grande famille, puissante et riche. De plus, la rumeur les accusait de dissimuler quelques secrets sombres au sein de leur domaine et Clydwen comptait bien mettre la patte dessus, d’une manière ou d’une autre. Elle ignorait quelle motivation muait ses camarades, mais elle était sûre d’une chose : elle ressortirait avec ce qu’elle était venue chercher, d’une manière ou d’une autre. Même si elle devait sacrifier une toile pour cela, mais ça ; on lui avait appris à partager, fut un temps et elle saurait probablement s’en souvenir au moment voulu. Relevant le museau vers le nain qui les laissait à leur sort, Clydwen lui adressa un sourire aimable avant de se retourner vers le duo qui se tenait alors à ses côtés.

Deux humains – ou tout du moins semblaient-ils l’être en apparence. Le plus âgé dégageait une aura magique troublante mais Clydwen ne doutait pas une seconde d’avoir affaire à un grand mage, ou quelque chose dans ce goût-là ; elle était encore jeune, pour une Ilwynog, et n’avait jamais rencontré de dragon de sa vie. Incapable alors de déceler les indices qui auraient pu la mettre sur la voie, elle se contenta de l’observer quelques instants, se demandant quelle prouesse magique il pouvait avoir dans sa poche avant d’hocher la tête à sa présentation. Zaïthan. C’était un joli nom, songea-t-elle avant de porter son attention sur le second bonhomme. Et, cette fois, elle ne resta pas indifférente.
« - Donovan ? De l’Aurore ? Ça alors, quel hasard ! chantonna-t-elle en emboîtant le pas à ses deux compagnons. J’ai beaucoup entendu parler de vous. Oh, des rumeurs, évidemment, mais surtout de la bouche de Rägmor.. enfin, nous aurons l’occasion d’en parler plus tard. rajouta-t-elle en remuant la patte devant ses yeux, comme pour chasser le sujet sur lequel ils n’avaient pas lieu de s’attarder pour le moment. Je suis Clydwen ! Enchantée également. Et bien que je ne bois pas d’alcool j’espère trouver tout un tas de trésors là-dessous. rigola-t-elle, on ne peut plus sérieuse bien que l’on puisse interpréter ses propos comme une gentille blague. »

L’entrée des catacombes n’étaient pas bien plus chaudes que l’extérieure mais Clydwen ne s’en formalisa pas : sa fourrure l’empêchait de réellement se plaindre du temps certes frais mais sans pouvoir le ressentir aussi précisément que les deux êtres de chair à ses côtés. Elle entendit Donovan tirer une épée mais ne s’en formalisa pas ; elle était même plutôt contente qu’il ait eu cette initiative : si elle garda son baton sagement rangée dans son dos elle n’hésiterait probablement pas à le dégainer à son tour si besoin était. Même si elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire comme miracle souterrain.. elle aviserait bien. Tandis que Donovan et Zaïthan se saisissaient – ou non – des torches accrochées à l’entrée, l’Ilwynog prit le temps de saluer proprement le loup qui accompagnait le membre de l’Aurore, se présentant également à la bête pour partir d’un bon pied avec tous les membres du groupe pour mieux reporter son attention sur les deux grandes personnes.
« - Oh, gardez la mienne de côté, je n’en ai pas besoin. expliqua-t-elle quant à son inertie, leur adressant un fin sourire sans pousser l’explication plus loin : ils comprendraient probablement ce qu’elle sous-entendait par-là. Je peux même ouvrir la marche en conséquence ! Vous venez ? rajouta-t-elle en alliant le geste à la parole, passant devant pour mieux entamer leur descente dans les catacombes, restant sur ses deux pattes pour se préparer à toute éventualité. »

Spoiler:

L’homme se nommait donc Donovan Elysandre, le connaissait-il ? Bien qu’il ne le reconnaissait pas et ne voyait pas d’où il pouvait le connaitre, Zaïthan avait l’impression d’avoir entendu son nom quelque part. Peut être avait-il lu son nom dans le rapport sur l’Aurore… Peu importe, il laissa un sourire se dessiner sur son visage à la perspective de trouver de la bière dans les catacombes.

- Je ne dirais pas non à un peu de bière.

Le coté froid et morbide de Donovan lui passa réellement au dessus de la tête. Lui-même, parfois, pouvait-être comme ça. Heureusement, la petite Ilwynog avait l’air pleine de vie et joyeuse, un vrai contraste des deux hommes. Une touche de couleur dans le groupe.  

- Des trésors ? Il y a de forte chance d’en trouver dans le château des Saynis, ils ont amassés énormément de richesse avant de s’enfermer ici…

Il regarda en souriant la petite pousse verte avant de se diriger vers l’entrée. Le Dragon ramassa l’une des trois torches, sortit son paquet d’allumette qui lui servait habituellement à allumer sa pipe et embrasa la torche. Il tendit sa torche vers Donovan pour que se dernier puisse allumer la sienne avant de ramasser la dernière torche et de l’accrocher à sa ceinture. Zaïthan s’avança ensuite vers la porte, ils allaient avoir du mal à l’ouvrir celle la ! Du moins, ils auraient perdu pas mal de temps à la passer si quelqu’un ne venait pas de l’ouvrir de l’intérieur…

Reculant d’un pas pour parer à toutes éventualités, il s’arrêta en voyant le piteux état de cet homme. Un bras en moins, de multiples plaies et une armure en mauvais état. La première question que Zaïthan se posa en voyant se spectacle, c’était qu’est-ce qui pouvait bien lui avoir infligé cela ?

« Il... Il les a tous tué.. Ne pénétrez pas à l'intérieur, vous n'en ressortirez jamais. Je m'appelle Thomas, Thomas Anelson, je vous en supplie, accordez-moi une mort honorable et apportez mon corps près de ma famille, à Sent'sura, je-... »

La question qu’il c’était posé juste avant se répéta une nouvelle fois dans son crâne, qu’elle était la chose qui l’avait mit dans cet état ? Thomas ne pleurait et grâce à son pouvoir, Fear pouvait affirmer qu’il n’avait pas peur de la mort, ce n’était pas le premier venu…

- Ton souhait sera exaucé...

Mais avant de pouvoir continuer, quelque chose se passa. Thomas se mit à hurler de douleur, un cri comme celui la ne pouvait être causé que par une atroce douleur ! Quelques secondes après, sa voix et ses yeux changèrent d’aspect, puis il s’adressa à lui, pas au deux autres, non, simplement à lui.

« Zaïthan de l'Empire, tes pouvoirs ne te sauveront pas ici. Tu gouteras à la peur, la véritable peur. Viens donc si tu l'oses et péris sous le poids de la terreur qui te sera affligée. »

Des menaces ? Un large sourire se dessina sur son visage ! Qui pouvait bien être assez confiant pour lui parler de cette façon tout en connaissant ses pouvoirs ?

- Ho vraiment ? Et que connais-tu de la véritable peur ?

Thomas était déjà retombé raide mort avant que Zaïthan ne commence, mais qu’importe. Cette aventure lui réservait bien des surprises et soudainement l’idée de trouver son tableau fut remplacer par l’idée de trouver la personne qui venait de lui parler par le biais de Thomas.

- Ne t’inquiète pas Thomas Anelson de Sent’sura, la chose que t’a fait ça va bientôt perdre son assurance, et ensuite elle perdra la vie. On va voir qui va gouter à la véritable peur… puis se retournant vers Donvan et Clydwen je ne sais pas qui c’est, mais pour me provoquer de cette façon, soit c’est une personne extrêmement puissante, soit des tas de pièges nous attendent… tu es toujours sûr de vouloir passer devant ?

Suite à cela, Zaïthan pénétra dans les catacombes en rigolant.

Donovan afficha un air surpris lorsque la dénomée Clydwen lui parla durant un bref instant de l'Aurore- elle semblait connaître son fondateur... Il allait lui répondre lorsqu'il fut interrompu soudainement. La porte s'ouvrit, sans qu'il ne sache comment, et un homme ensanglanté en sortit. Il oublia tout de Clydwen et de l'Aurore pour focaliser ses sens sur ce qui arrivait. Et sur l'odeur de mort provenant des catacombes, un souffle froid et putride qui l'environna un instant avant d'être avalée par le cimetière.

L'homme balbutia quelques mots seulements, avant d'hurler à la mort- ironie indécente s'il en était, pour ces lieux, pour cette mission. La scène ne l'eut concerné que Donovan en aurait sourit. Enfin... un peu. Le mourant- ou le mort, il devenait difficile de faire la différence- planta un regard éteint vers le dénommé Zaïthan, pronnonça des paroles d'une voix venant des enfers à son attention. Comment le connaissait-il ? Et que voulait-il dire en parlant de la peur ? Zaïthan se retourna vers lui une fois que le soldat fut retombé, et lui demanda s'il voulait toujours passer devant. Donovan se contenta de hausser les épaules en le regardant s'engouffrer dans la demeure des morts en s'esclaffant. L'archer jeta un regard désabusé à Clydwen.

- He bien, ça promet...

Il en revint vers l'entrée des catacombes et suivit les pas de Zaïthan, se saisissant d'une torche au passage. A peine les trois aventuriers furent-ils entrés que la porte se referma dans leur dos. Donovan préféra ne pas se retourner. Il ne se retourna pas non plus en entendant le rire démonique qui semblait les poursuivre. Quelque chose, un sentiment, une intuition, lui disait qu'il ne survivrait qu'en avançant.

Sa torche lui donnait suffisament de luminosité pour distinguer les noms inscrits sur les tombeaux. Tous des Saynis. Il effleura du bout des doigts un crâne encastré dans la paroi rocheuse, une vision d'un futur certain ; il frissona sous le contact froid de l'os. L'épée, qu'il tenait dans cette même main, crissa contre la pierre en un bruit qui résonna à travers les glaces de ce silence. Il ne prêta aucune attention à ce qui l'entourait.

Excepté le grognement de Thjodvitnir. Le loup avait beau avoir un sale caractère, il ne grondait pas pour rien, et sentait les dangers bien avant que lui-même ne puisse les distinguer seulement. Il suivit du regard la direction dans laquelle était dirigé l'animal pour voir le couvercle d'un tombeau bouger. Une tête décomposée en sortit, claqua des dents dans leur direction.

Lorsque le mort s'adressa à eux, le premier réflexe de Donovan fut de resserrer l'étreinte sur son épée et d'amorcer un mouvement qui aurait décapité... cette chose. Il se ravisa cependant rapidement, espérant que le mort n'ait rien remarqué. Si tant est qu'il puisse remarquer quoique ce soit.

- Navré de vous importuner dans votre heu... repos.

Il ne pouvait croire qu'il était en train de s'adresser à une moitié d'homme- une partie du squelette de l'homme étant bien visible.

- Cela doit vous être pénible, de voir passer tant de gens dans votre demeure. Vous êtes un Saynis, si j'en crois l'inscription sur votre lit. Votre tombe. Pourquoi vous ne nous aideriez pas en nous disant ce que vous savez de vos descendants ? Vous n'aurez plus à être dérangé par la suite. Et nous ne viendrions pas envahir vos catacombes avec nos cadavres.

Donovan pointa alors sa torche en direction du cadavre qui ralait, l'éclairant de cette flamme vacillante en ces ténèbres.

« - Quelle aventure ! s’exclama joyeusement Clydwen lorsque la porte des catacombes se referma derrière eux en un bruit sourd, abandonnant à ses pieds le cadavre du malheureux. En tout cas, ils savent qui nous sommes. Nous ne devrions pas les sous-estimer. rajouta-t-elle en un fin sourire ; si ses deux compagnons se laissaient berner par sa bonne humeur apparente elle n’en restait pas moins alerte et, l’humeur morose, elle se promit elle aussi de venger cette pauvre âme innocente. »
Conciliante, elle laissa néanmoins Zaïthan passer devant, lui emboîtant le pas aux côtés de Donovan alors que le décor commençait à devenir sacrément glauque. Regardant silencieusement les marches en laissant ses vibrisses ressentir l’environnement et ainsi avertir au plus vite ses compagnons d’infortune si par malheur quelque chose d’inhabituel se passait, Clydwen se permit de détailler le dos de l’aîné qui semblait prendre la chose avec autant de légèreté apparente qu’elle. Au moins ses propos précédents lui avaient-ils plu : il semblait avoir bon fond ou, tout du moins, autant que faire se peut. Pauvre Donovan, se dit-elle alors que les noms défilaient devant ses prunelles nyctalopes, parfois éclairés par la torche de celui-ci. Son loup se mit d’ailleurs à grogner et Clydwen, étonnée, tourna la tête en lui demandant ce qu’il se passait, ‘mon beau ?’ mais très vite son attention se riva vers l’une des tombes qui s’ouvrit le plus naturellement du Monde. Seconde à sentir le danger mais loin d’être la dernière à s’en étonner, elle observa le mort-vivant avec étonnement avant de laisser entendre un petit rire amusé. Oui, décidément, quelle aventure : et ce n’était que le début, se ravit-elle en se rapprochant de quelques bonds.

« - Bien le bonjour, noble damoiseau ! salua Clyd en esquissant une petite pirouette lorsque Edward, puisque tel était son nom, la reconnut – ou tout du moins reconnut sa race, ce qui revenait plus ou moins au même lorsqu’on ne pouvait compter les Ilwynogs s’aventurant en dehors de Flore par siècle que sur les doigts des deux mains. »
Edward s’extirpa de sa tombe et la bestiole poilue accorda un sourire avenant à ses deux amis, faisant visiblement confiance en ce nouvel impromptu. De la même manière que Tho.. Thodo.. Thjodi.. le loup au nom compliqué avait cessé de grogner, les oreilles de Clydwen qui s’était prestement tendues vers le plafond lorsque le bruit de la pierre qui coulisse avait commencé à se faire entendre étaient maintenant plus fluides comme à l’accoutumé, signe qu’elle n’était plus sur ses gardes.
« - Oh, eh bien.. j’imagine que nous aviserons, hein les garçons ? reprit-elle après un petit discours d’Edward qui les informa qu’il ne comptait pas descendre trop bas s’il leur servait de guide avant de se mettre à fouiller dans son tombeau. C’est très gentil à vous de proposer, quoiqu’il en soit. Oh ! Oui, j’ai failli oublier, je suis Clydwen, voici Zaïthan, le grand aux cheveux poivre et sel, et voilà Donovan et son loup.. je vais te laisser prononcer son nom pour moi. reprit-elle, bienveillante comme tout en adressant un mince sourire contrit à l’archer, soucieuse néanmoins de ne pas écorcher le patronyme qu’il avait si joliment trouvé pour son compagnon. »
Elle penserait à lui demander ce que ça signifie plus tard. Probablement au moment où ils discuteraient de Rägmor.

Le mort-vivant se redressa soudainement, passant outre les présentations pour se concentrer sur plus important. Alors comme ça, Edward était une sorte de magicien, hé ? Intéressant, se dit Clydwen en cillant tandis qu’elle assimilait les informations. Décidément, même si cela pouvait s’avérer dangereux, elle appréciait le départ de cette expédition.
« - S’il n’y a que ça ! acquiesça-t-elle, retirant son sceptre de son dos qu’elle confia à Zaïthan – Donovan semblant trop occupé à garder une main posée sur le pommeau de son arme – avant de se frotter les pattes. »
Elle espérait au moins qu’ils avaient prévus quelque chose pour lui laver la fourrure, songea-t-elle en s’approchant du mur, jetant des coups d’œil à l’intérieur de la mince ouverture avant de s’y engager. Elle était à l’étroit, mais elle rentrait. La cachette ne s’enfonçait pas trop dans le mur, assez pour ne pas permettre à qui que ce soit de se saisir ce qu’il s’y trouvait en tentant le bras cependant et Clydwen retint son souffle pour éviter de renifler l’odeur d’humidité moisie qui flottait obstinément dans l’air.
« - Quelle idée de les ranger aussi loin, on ne doit pas souvent vous rendre visite, je me trompe ? lança-t-elle au bout de quelques pas, heurtant le fond de la cachette. »
Contre le mur reposait le grimoire et le bâton cités par Edward et elle s’en saisit, tentant tant bien que mal de faire demi-tour chargée des deux objets avant de se résigner à sortir en marche arrière, laissant un autre protagoniste se saisir des objets avant de chasser la crasse qui s’était accroché à son pelage.

Et bien, aucun des morts présents ici n’avaient l’air de vouloir rester dans son cercueil, le fameux Edward était le deuxième qu’il voyait revenir à la vie aujourd’hui. Mais au moins dans le cas présent, le squelette avait l’air d’être une bien meilleur compagnie, déjà il pouvait faire des suites de mots compréhensibles, il ne se contentait pas de grogner ou de pousser des râles. Edward avait la langue bien pendu, cela devait faire bien longtemps qu’il n’avait pas parlé à quelqu’un, il se rattrapait donc maintenant, il se proposa même comme guide. Une chance pour eux puisque des catacombes, en théorie, ressemblaient un petit peu à des labyrinthes. Ils allaient surement gagner du temps pour parcourir se dédale de tombe.

Mais avant cela, le mort demandait à se que la petite Clydwen aille chercher ses affaires cachés au fond de se trou. Cela attira la curiosité du Dragon, comment un mort pouvait avoir caché ses affaires ? Avait-il prévu avant sa mort de les mettre ici ? Ou bien c’était-il fait enterrer avec et par précaution, il les avait dissimulé aux yeux de tous ? Une simple petite question qu’il médita, canne sous le bras et utilisant le bâton confié par l’Ilwynog comme appuis. Elle ressortit d’ailleurs de se trou poussiéreux et humide dans un sale état, tout en lui rendant son bâton, le Dragon sortit un mouchoir en tissus parfumé à la rose qu’il lui donna.

Mais avant de pouvoir continuer, l’atmosphère changea ! Il reconnaissait se phénomène, ou du moins il en avait l’impression. Une force invisible le maintenait sur place, le Dragon ne pouvait plus bouger, il était comme pris au piège. La pièce n’était pas suffisamment grande pour que Zaïthan se transforme, il avait essayé de toute ses forces, son corps refusait catégoriquement de faire le moindre centimètre. Et il sentit la peur… d’où venait-elle ? Il usa de son don pour refouler la peur de Donovan et de Clydwen, si son attention avait l’air noble, c’était dans le seul but de pister cette autre forme de peur qu’il ressentait, il se fichait bien que ses deux compagnons soient terrifiés ou non. Malheureusement, sa tentative fut un echec. La magie qui l’empêchait de se mouvoir était à la fois familière et étrangère, la peur ? Si oui, pourquoi était-il touché par le sort ? Et qu’elle était cette façon de l’utiliser… ? Un tas de question, mais aucune réponse. Sa tête commençait même à tourner, c’était impossible ! Lui un Dragon Noir, piégé de cette façon…

Heureusement pour eux, leur guide semblait ne pas être affecté par le pouvoir de cette chose ! Edward réussit même à repousser la force qui venait de le plaquer violement contre un mur, sa magie avait l’air d’avoir affecté leur ennemi puisque le sort lancé sur eux se dissipa d’un coup. Le Dragon posa un genou au sol le temps de reprendre de l’oxygène puis se retourna vers l’entité aux yeux rouges.

- Vite ! Empruntez ces escaliers, et fuyez ! Je ne le retiendrai pas longtemps. Vous devez continuer à vous enfoncer dans ces catacombes. Je vous retrouverai...

Fuir ? Pourquoi ? L’ennemi se trouvait ici, s’ils voulaient triompher et avancer sans problème, alors ils devaient combattre maintenant ! Mais comment combattre une chose dont on ignore absolument tout ? Le Dragon n’avait pas peur, mais il n’était pas idiot. L’heure n’était pas encore venue pour affronter cette chose…

- Tu es notre guide, tu as intérêt à nous rejoindre !

Puis il se mit à courir dans l’escalier que le mort avait désigné, descendant dans les profondeurs des catacombes. Cela faisait bien longtemps que Zaïthan ne c’était pas retrouvé face à un adversaire contre lequel il avait l’air de ne rien pouvoir faire…

* « Tu en as déjà trop dit, et si tu continues, tu risques de tous nous faire tuer. » *

De quoi parlait-il ? Edward n’avait rien dit d’important, si ? Tout en descendant les marches rapidement, le Dragon tentait de trouver un indice, il refusait catégoriquement de croire qu’il était impuissant. Edward n’avait de cesse de répéter que les Saynis étaient des personnes gentilles, il l’avait répété plusieurs fois, c’était même pour ça qu’il était aussi curieux de voir autant d’aventuriers venir ici…

* « Nous ne sommes ni une menace, ni un danger, et il serait idiot d'en douter. » *

Et si c’était ça la solution ? Le pouvoir de Zaïthan pouvait être paré / ignoré si on connaissait l’astuce. La chose était-elle aussi possible avec le pouvoir familier de leur ennemi fantomatique ? Peut être qu’une personne avec des intentions nobles envers la famille Saynis n’avait rien à craindre ? Ou alors...

- Tsssss

Peu importe toutes les hypothèses qu’il pouvait imaginer, de toute façon cela restait de la théorie. Dans quoi c’était-il encore fourré ? Cette aventure risquait d’être beaucoup plus dangereuse que prévu.

Malgré la situation sinistre dans laquel ils se trouvaient, Donovan ne pût retenir un sourire lorsqu'il vit Clydwen ressortir du trou avec les accessoires du mort-vivant. Edward, de son nom... qui ne semblait pas être réellement au cours des exactions de ses desendants. Ce qu'il leur avait dit n'allait pas avec la version des Saynis qu'on leur avait présenté. Il s'était attendu à ce que le mort leur saute dessus pour les égorger, ou pire, mais... il devait bien avouer que celui-ci montrait une sympathie qui manquait à la plupart des vivants.

Le changement d'atmosphère ne le surprit que plus violemment. Il avait baissé sa garde, s'était détendu... et il payait son erreur. Quelque chose... il y avait quelque chose dans l'air, comme un magie. Quelque chose qui fit rouler un frisson froid dans son dos, contracta ses muscles, noua ses tripes... Son souffle, l'espace de quelques instants, se fit court. Il avait... peur. Sans que rien ne soit pourtant arrivé, une peur viscérale sortie du néant le plus sordide, qui lui prenait le cœur et embrumait son esprit. Une voix gronda derrière eux, et, lorsqu'il se retourna, ses yeux se fixèrent avec stupeur dans deux flammes rouges.

Il y avait de la magie, une magie sombre- et il réagissait très mal à ce genre de tour. Il s'efforça de reprendre sa respiration, tenta de calmer l'Ombre-Sang en lui. Son corps, au contact de cette noirceur, réagissait de la même manière qu'il réagissait à la colère et la douleur. Il n'y avait encore nulle traçe des arabesques noires, mais il sentait que la transformation était proche. Il ne devait pas avoir peur. Il n'y avait rien, rien sinon des yeux de braises menaçants, desquels émanait une magie capable de le paralyser de terreur, souffle glacé qui brulait ses entrailles, et qui pouvait probablement le broyer en une demi seconde...

Ce fut Edward qui le sortit de son état, libérant lui-même une puissance magique qui propulsa son adversaire sur quelques mètres. La peur, qui avait saisit Donovan, s'estompa en un instant- ce fut comme si elle n'avait jamais été là. Il se redressa alors, prêt à faire face à cet ennemi, quel qu'il soit, mais le mort-vivant leur intima l'ordre de poursuivre leur route. Il n'aimait pas ça- la fuite n'était guère une option envisageable pour lui... et pourtant, il tourna les talons. Ne fallait-il pas respecter la volonté des morts ?

Alors qu'ils descendaient, les catacombes entières semblaient trembler, comme secouées par ce déferlement de violence. Il se demanda un instant comment une créature aussi chétive qu'Edward pouvait déployer autant de puissance. Cela défiait l'imagination. Il jeta un coup d'oeil curieux à Clydwen, soupçonnant que la petite créature était bien capable de prouesses dignes des plus valeureux guerriers. Voir plus.

Ils entendaient encore les fracas du combat de magie qui se déroulait au dessus de leur tête quand ils atteignirent la deuxième salle. Celle-ci, bien que semblant plus calme, dégageait une atmosphère plus lourde encore que la précédent... La flamme de la torche de Donovan vacilla un instant, et il crut que les ténèbres allaient l'engloutir. Pourtant, la lumière tint bon, et l'archer avança doucement, prenant la tête de leur petit groupe.

Il se méfiant, à présent, des tombeaux, aussi laissa-t-il trainer la torche près des inscriptions en pierre, ses sens en alerte... pour s'arrêter brusquement, quelques mètres plus loin, le regard incrédule. Il était tombé sur quelque chose...

Il planta son épée dans la terre sous ses pieds et s'accroupit devant un tombeau pour dépoussiérer l'inscription portant le nom. Il ne s'était pas trompé.

- Celui-ci... fit-il en un murmure, celui-ci n'est pas Saynis. Pas complètement en tous cas.

Il resta silencieux quelques secondes, le regard perdu dans le vide, sombrant dans ses pensées. Et si... si... Il se releva soudainement et tendit sa torche à Clydwen, lui demandant de la garder pour lui. Ses deux mains se posèrent d'une part et d'autre du couvercle- il mobilisa toute sa force, et parvint à faire bouger la pierre. Un peu.

Ne se décourageant pas, et restant sourds à tout ce que ses compagnons pourraient lui dire, il retira l'épée du sol et glissa la lame dans la mince ouverture qu'il avait faite. Il se servit de l'épée norse comme d'un levier- la pierre bougea, de plus en plus, et finit par réveler son contenu.

Le hurlement provenant de l’étage ne sembla pas interpeller Clydwen outre mesure : plongée dans la lecture approximative et aussi rapide que possible du grimoire, l’Ilwynog fronçait légèrement les sourcils en parcourant les pages, usant de ses petites pattes adroites pour ne pas abîmer le vieux papier fragilisé par le temps. Un nain, au sein d’une famille qui semblait n’avoir aucun lien avec cette race.. hm.. Regardant rapidement autour d’eux, Clydwen ne remarqua pas d’autres sépultures dignes d’intérêt. Sept siècles de là, donc, une alliance s’était forgée entre deux familles puissantes des Montagnes. Des années plus tard, on ne retrouvait plus aucunes traces d’une d’entre elles, si ce n’était au fin fond des catacombes où campait une entité bizarre capable de tous les figer d’une peur irrationnelle. Remuant les épaules par réflexe, comme pour se soulager du poids qu’avait le souvenir de cette mauvaise expérience, Clydwen releva néanmoins le museau des mots d’une langue ancienne pour mieux observer ses compagnons d’infortune. S’ils avaient levés le nez vers l’étage lorsque Edward gueula quelque chose, laissé à lui-même face à.. peu importe ce qu’était cette chose, la bestiole s’empressa de les rappeler à l’ordre en refermant le grimoire en un bruit sec, visiblement peu perturbée par tout cela.

« - Continuons d’avancer. ordonna-t-elle, néanmoins affable en prenant le temps de leur adresser un sourire, gardant le livre contre elle pour mieux se diriger vers la suite des événements. »
Elle ne leur laissait pas vraiment le choix malgré sa douceur apparente, mais elle était certaine qu’ils étaient tous les deux assez malins pour suivre son cheminement logique : à quoi bon remonter, si ce n’était pour se retrouver immobilisés une fois de plus par le pouvoir de ce visage fantomatique ? Désobéir à Edward pour mieux se laisser piéger, là où il se hâterait de les retrouver s’il réussissait d’une manière ou d’une autre à se dépétrer de cette situation ? Malgré sa condition de squelette il avait l’air puissant et mieux calé qu’eux tous réunis sur ce qu’il affrontait. De la même manière, il connaissait les lieux et le pourquoi du comment et même si Clydwen mourrait d’envie de l’asséner de question s’ils recroisaient sa route un jour elle préférait, pour le moment, suivre aveuglément ses directives pour mieux découvrir davantage plus en profondeur.
« - Dépêchons. rajouta-t-elle par-dessus son épaule, son sourire disparaissant pour une mine plus sérieuse. »
Tout ceci la tracassait et ses méninges tournaient à cent à l’heure. De la même manière, et tandis que ses pattes tenaient précieusement le livre, elle se tenait prête à le mettre de côté pour dégainer son sceptre et prendre les choses en main si besoin était. Et si.. non, se somma-t-elle en cillant lentement, restons concentré sur le cheminement pour le moment avant de tirer des conclusions trop hâtives.

Ils s’enfoncèrent de plus en plus dans les profondeurs des catacombes, guidée d’un pas sûr par l’Ilwynog qui marchait devant les deux hommes, de toute façon sa petite taille ne risquait pas de les gêner dans le cas où un combat devait éclater. Escalier après escalier, ils continuaient de descendre inlassablement dans les ténèbres. L’atmosphère était pesante voir même oppressante, même pour Zaïthan qui avait pourtant foulé des endroits bien plus sinistres. Ici, c’était surtout le fait qu’ils ne savaient absolument pas où ils allaient, d’un couloir à un autre ils pouvaient tomber sur l’entité aux yeux rouges… Sentant l’angoisse et la peur monter dans ses compagnons, le Dragon décida de les soulager en usant de son pouvoir sur eux, ils ne devaient même pas en avoir conscience de toute façon.  

Après un bon moment à avancer, le Dragon commença à se demander combien il pouvait y avoir de niveau ! Il avait bien noté le changement dans les tombes entre les différents étages, plus ils descendaient et plus l’architecture était soigné, mais pendant encore combien de temps le petit groupe allait devoir avancer ? Mais à peine Fear venait de se poser la question qu’ils tombèrent sur un groupe de squelettes armés aux yeux rouges.

Le Dragon s’arrêta, la torche dans sa main droite et sa canne dans la gauche, les deux « armes » dirigés vers le sol, il était prêt à combattre. Pas besoin d’essayer son pouvoir, il doutait qu’un mort pouvait connaitre la peur, de quoi pouvait bien avoir peur d’ailleurs ? De la mort ? Cet endroit avait l’air d’être fait juste pour lui, des ennemis sur qui son pouvoir était inutile, des tonnes de terres et de pierres au dessus de lui pour l’empêcher de se transformer, quel était la suite des festivités hein ?  

Heureusement, la foule des guerriers squelettiques avaient l’air d’être contrôlé par Edward. Comment pouvait-il être ici avant eux ? Avait-il remporté son duel ? Et pourquoi les squelettes avaient la même lueur dans leurs yeux que le démon ? Mais avant de pouvoir poser des questions, Edward expliqua pourquoi ils avaient reçus un tel accueil.

- Un mage sombre rien que pour moi ? C’est flatteur…

Il n’allait pas cacher la vérité, c’était lui le Dragon et il en était fier ! Il jeta un regard à Donovan et à Clydwen pour voir leur réaction avant de reporter son attention sur le mort.

- De récents évènements ? De quoi parlez-vous ? Et comment c’est passé votre combat… ?

Le Dragon faisait peut être complètement fausse route, mais il ne tenait pas vraiment à se faire guider jusqu’à sa mort ! L’hypothèse qu’Edward ait perdu le combat et qu’il soit maintenant contrôlé par le « mage » lui paraissait bien trop vrai à l’instant présent… comment pouvait-il en savoir autant ? Raffermissant ses prises sur sa torche et sa canne, il attendait patiemment des réponses.

- Pardonnez mon manque de confiance, mais par expérience je sais qu’il faut se méfier des morts…

La tension pouvait-elle monter d’un cran ? surement oui !

Ils descendirent, suivant le conseil de Clydwen. Qui, il fallait bien l'avouer, était plus lucide que lui... car le premier réflexe de l'archer aurait bien été d'aller prêter main forte au squelette sur pattes qui se battait pour eux. Jamais, jamais il n'avait laissé un homme, ou quoique ce soit, se battre à sa place, et changer ses habitudes ne l'enchantait guère.

Pourtant, il fallait bien dire que la petite créature avait raison. Retourner là haut, affronter un ennemi dont ils ne savaient rien, et surtout, qui était doté d'un immense pouvoir... Risquer sa vie inutilement était un chose- dont il devait apprendre à se passer- mais il ne pouvait risquer celles de ses compagnons.

Ils descendirent donc, ombres parmi l'obscurité ambiante, supportant péniblement une ambiance de plus en plus sombre... Il semblait à Donovan qu'il manquait d'air. A ses côtés, Thjodvitnir marchait calmement, restant collé à ses jambes ; et pour peu qu'il n'y prête suffisament d'attention, le loup l'aurait fait trébucher. Il était rare que l'animal se tienne aussi près de l'archer.

Ils n'eurent d'encombre que lorsqu'un groupe de squelettes armés surgit du fin fond de la mort pour leur faire face, leur bloquant le passage. Donovan avait déjà relevé son épée, prêt à frapper à tout va, lorsque Edward apparrut soudainement parmi le groupe. Tandis qu'il parlait, l'archer resta silencieux. Avait-il défait son adversaire ?

Une fois qu'ils eurent finis de parler, Edward décida de se remettre en marche. Donovan laissa passer Zaïthan et Clydwen, préférrant fermer la marche. Mais alors qu'ils avaient repris leur descente, la peur, cette présence, qui les avait déjà happé à l'entrée des catacombes, surgit à nouveau. Donovan eut un mouvement de recul, accompagné de Thjodvitnir...

Tout s'écroula autour de lui, sans qu'il ne comprenne bien ce qu'il se passait. La roche et la terre s'effondrèrent devant lui, soulevant un nuage de poussière qui emplit ses yeux et sa bouche. Lorsque ce fut plus calme, il se dépoussiera quelques peu et fixa l'obstacle infranchissable qui s'était dessiné devant lui, le séparant du reste du groupe. Il essaya en vain de dégager quelques rochers, puis se colla à la paroi rocheuse.

- Vous m'entendez ? He là !, fit-il en criant.

Il n'obtint aucune réponse. Il regarda autour de lui, tandis qu'une vague apréhension saisissait son corps. Il ne pourrait continuer ; pas avec eux en tous cas. Et il était hors de question qu'il reste seul ici.

- Je ne sais pas si vous m'entendez, mais je vais faire demi tour. Je vais chercher un autre chemin, et je vous rejoindrait plus tard !

Il fit un signe à Thjodvitnir et, le loup sur les talons, commencer à rebrousser chemin.

« - Donovan ! cria une dernière fois Clydwen en donnant vainement un coup de bâton contre les rochers amoncelés, le souffle court d’avoir trop interpellé l’archer. »
Sa voix s’écrasa contre les parois des catacombes et rien ne lui répondit, à part peut-être le souffle de Zaïthan près de qui elle se tenait et les cliquettements répugnants des os apparents des squelettes. Rangeant son sceptre, l’Ilwynog resta une seconde silencieuse, mécontente au possible. Elle n’aimait pas ça. Elle ignorait même si le jeune homme ne s’était pas fait écraser dans cette avalanche mais espérait réellement qu’il s’en sortirait et qu’il pourrait les rejoindre d’une manière ou d’une autre. Se concentrant de toutes ses forces elle tenta de percer l’éventuelle voix de son loup parmi les gravats mais ne perçut rien d’autre que ses efforts inutiles et abandonna toute tentative, baissant les bras pour se rapprocher du dragon. Si elle avait été étonnée de l’apprendre ? Sûrement un peu, mais après tout Clydwen était proche de Luz en permanence et avait de ce fait déjà dépensé toute sa curiosité à l’encontre de cette race sur cette dernière. Au moins avait-elle un allié de taille à défaut de ne plus en avoir qu’un seul désormais. Edward, vers qui elle dirigeait un regard bien plus dubitatif désormais, les incita à continuer et ne pas s’attarder sur cet incident et, même si cela pouvait coûter à Zaïthan, Clydwen savait qu’il avait raison.  Hochant la tête pour l’encourager à ouvrir la marche, la bestiole attendit qu’il leur tourne le dos pour grimper vivement sur l’épaule du dragon à l’oreille de qui elle se pencha.
« - Je ne lui fais pas confiance non plus ; nous sommes l’un l’autre nos seules chances de  garder la tête froide. murmura-t-elle en restant quelques secondes encore sur son épaule avant de bondir au sol. »
C’était probablement plus sibyllin que cela n’en avait l’air mais Zaïthan était sûrement assez malin pour déceler sa demande intrinsèque : s’il ne lui faisait pas confiance, alors ils étaient seuls au Monde dans cet endroit lugubre où tout semblait vouloir les tuer. Clydwen refusait de se laisser abattre et, même si cela était probablement stupide, gardait foi en Zaïthan. A voir si le temps lui donnerait raison ou non.

Ce fut long et déchirant, déchirant du cri que Donovan laissa entendre alors qu’ils avançaient tous à tâtons et Clydwen serra les dents, accélérant le pas à son tour, décidée à aider cet ami de Rägmor qui était par conséquent le sien. Elle ignorait ce qu’il lui arrivait mais elle se promit de l’aider si elle en avait l’occasion, peu importe ce que ça lui coûterait. Bon, sauf des trésors. Là, éventuellement, elle réfléchirait à la possibilité et pèserait le pour et le contre. Mais à l’heure actuelle il n’y avait pas tellement lieu à ce genre de dilemme, n’est-ce pas ? Ils terminèrent leur course dans une énième grande pièce vide, mais les murs furent vierges de tous tombeaux, cette fois : tâtant le sol étrange des pattes, Clydwen eut un mauvais pressentiment. Ses vibrisses s’excitèrent et ses yeux nyctalopes se rivèrent presque instantanément vers un coin sombre de la pièce, là où ses pupilles se dilatèrent et où son museau remua d’une méfiance certaine. Relevant le nez vers Edward, elle monta à nouveau sur l’épaule de Zaïthan pour lui souffler quelque chose à l’oreille ; le squelette la prit de vitesse néanmoins et commença à les inviter à se reposer avant de se faire tout simplement réduire en morceaux par la main de ce qu’elle avait perçu un peu plus tôt. Silencieusement, perchée sur le dragon, Clydwen l’observa prendre place avant d’arborer un petit sourire poli, comme si elle apaisait là un démon qu’elle savait d’ores et déjà peu belliqueux, ou tout du moins bien moins qu’il ne le laissait paraître.
« - Ne quitte pas les os des yeux. On ne sait jamais. glissa Clydwen à son compagnon, ne perdant pas de vue le fait que les squelettes étaient plein de ressources et qu’elle doutait toujours de leur droiture. J’ai du mal à vous suivre.. qui que vous soyez. Pourquoi tuer vos marionnettes si c’est pour mieux nous en présenter une autre ? À ce rythme là nous n’avons qu’à attendre que vous vous entretuiez gaiement avec vous-même. rajouta-t-elle, honnêtement curieuse et pas moqueuse pour un sou : elle semblait réellement penser ce qu’elle disait et cherchait à comprendre. »
Ce faisant, ses moustaches remuaient légèrement au rythme de son museau : si ses yeux ne quittaient pas le démon, tous ses sens analysaient la pièce et la situation.