Journée aussi belle que les précédentes. Laquelle ne l'était pas pour cette charmante Sanaa ? Après tout, il lui en fallait si peu pour être heureuse, mais alors vraiment très peu. Un réveil sans contrainte. Une promenade matinale alors que l'aube arrive à peine. Ah ce que la vie peut être belle ! Si vous croyez pas, moi je crois. Eh ouais eh ouais d'abord. Non mais sérieux ! Faites comme la Nymphe aux cheveux d'ébène ! Quoi demander de plus ? On est vivant, c'est déjà beaucoup ! Et là encore, vous ne dites pas qu'il y a encore quelques bouffons pour se faire la guerre ? Sanaa... Je prie pour que tu conserves à jamais cette innocence et que jamais tu ne sois désillusionnée...
Notre grande rêveuse allait ainsi le pas léger, tournoyant, virevoltant à travers les arbres sur une musique qu'elle seule était capable d'entendre. Et pour ceux qui ne pouvaient l'entendre, la demoiselle faisait résonner sa sublime voix. Personne pour l'entendre alentour, comme c'était dommage... Son chant est pourtant une merveille qui fond à votre oreille, vous fait frissonner dans sa douceur mais dans son intensité. Cadeau de la nature, précieux à la belle qui lui rendait grâce en chantant à longueur de journée pour cette nature qui était sa mère. Les yeux fermés, elle ne se trouvait sans doute plus là où nous là voyons...
Je me laissais porter au rythme de la mélodie, courant à travers les arbres. Quelque part, oh oui quelque part non loin, il y avait un joli petit banc en pierre blanche, encadrée de part et d'autres part deux colonnes sculptées avec soin, où s'enroulaient des plantes grimpantes. Et il se trouvait sous un bel arbre très grand qui protégeait les êtres venu s'y assoir, installé à quelques pas de la rivière. Je suis sûre que ce petit coin de paradis existe et je le découvrirai. Rien ne m'en empêchera. Je viendrai ensuite m'y promener avec l'homme qui aura conquis mon cœur, ainsi nous pourrons observer ce paysage idyllique et...
Qu'est-ce que c'était que ce bruit ?! La jeune femme s'était arrêtée net, comme si elle venait de se réveiller, alors qu'elle approchait de la rivière. Elle avança encore un peu, ne laissant qu'un mince espace entre ses pieds nus et l'eau. Sa robe couleur crème voleta légèrement avant de retomber sur ses genoux sous l'effet de cette absence de mouvements. Les épaules dénudées, le vêtement pourvu de dentelle, les motifs qui le composait... le tout porté par Sanaa donnait un résultat à couper le souffle. Et lorsque l'être des bois releva lentement la tête, elle aperçut sur l'autre rive, un animal qui semblait avoir voulu fuir son poursuivant. Poursuivant qui n'était autre qu'un loup. Fascinée par le prédateur, Sanaa n'en détachait plus son regard. Bon sang... c'est un prédateur, il est peut-être dangereux ! Tu ne devrais pas rester...