Terra Mystica

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 Tout nous sépare ... et pourtant ...

 
Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Mar 8 Oct - 22:58
Une brise fraîche se leva, faisant tourbillonner quelques feuilles et nuages de poussière. L'aube était encore relativement loin, mais quelques oiseaux fredonnaient déjà gaiement un air enchanteur et serein. Au beau milieu des plaines mystiques, il y avait plusieurs étangs et lacs, dont la plupart offraient un magnifique cadre pour se ressourcer. Et sur la berge de l'un d'entre eux, non loin d'une petit village de fermiers, se trouvait, assis en tailleur, Carnothaur. N'ayant pas la possibilité de dormir à cause de la prolifération de démons, et donc de potentiels ennemis, il venait de passer la nuit à réfléchir à son avenir. Il s'imagina engagé dans une guilde, traquant les démons qui l'avaient autrefois manipulé, ou encore informateur pour la rébellion ... Mais tout cela était impossible à cause de tout ce qu'il avait fait par le passé. Il avait tué, massacré et détruit des villes entières, au nom d'un être qui avait pratiquement le monde entier sous sa coupe et qui demandait désormais sa tête.

L'aurore arriva enfin, et le démon décida de prendre une petite heure pour faire quelques passes d'armes dans une clairière assez large pour laisser une grande liberté de mouvement et assez en retrait pour ne pas attirer les curieux. Cela faisait longtemps qu'il n'avait manié Fureur, et il s'en réjouit, mais en même temps il était légèrement angoissé. L'estramaçon avait bu le sang de centaines de démons, mais aussi de milliers d'êtres originaires de ce monde, et elle ne seraient sûrement pas ses dernières victimes, Carnothaur le savait. Une fois sur place, il appela Fureur qui vint se placer dans sa main droite, toujours aussi froide et mordante ... Comme si, soudainement, il avait été un autre être, le taureau de sang se lança dans une série de mouvements fluides et incroyablement précis, l'arme devenant le prolongement de ses bras. Or, sans s'en rendre compte, il poussa des hurlements de rage alors qu'il s’entraînait. Quelle ne fût pas sa surprise lorsque un éclair de douleur l'élança dans le milieu de son dos. Pratiquement hébété autant de stupeur que de douleur, il se retourna avec peine pour voir l'homme qui venait de décocher la flèche, encadré de deux armoires à glace, armés quand à eux de hallebardes et lourdement blindés.

Le démon vit rouge, perdant toute sensation d’hébétement, mais put tout de même esquiver de justesse le deuxième trait qui arrivait droit sur lui avant de fondre sur ses adversaires. Les deux gardes lui barrèrent la route tandis que le troisième profita du mouvement de ses alliés pour disparaître, non sans avoir adressé un clin d'oeil à Carnothaur. Ils se connaissaient, ce dernier en était sûr, d'autant plus que cela expliquait pourquoi il avait été attaqué sans avoir été interpellé auparavant. Mais, comme il ne parvenait pas à se souvenir de l'archer, sa colère redoubla et il fut en deux mouvements sur ses adversaires, Fureur toujours au poing. Le premier fût tout simplement décapité sans avoir eu le temps de porter un seul estoc tandis que le deuxième para avec difficulté le coup de taille qui allait lui arracher les côtes. L'armure lourde que le soldat portait lui permettait d'encaisser remarquablement les coups, mais elle le gênait aussi énormément, si bien qu'au bout d'une dizaine de secondes, Fureur s'engouffra sous le bras gauche pour en ressortir au niveau de la gorge, maculée de sang. Le démon quand à lui n'avait pas été touché une fois.

Il jaugea les alentours d'un coup d'oeil avant de se rendre compte que l'archer était bel et bien parti. Carnothaur renvoya Fureur dans le néant, mais il ressentit alors à nouveau la douleur et dut alors s'occuper de sa blessure. Il arracha la flèche à pleines mains, lui faisant tirer une vilaine grimace, et la jeta au loin. La blessure n'était pas grave, mais elle était douloureuse et il perdait un peu de sang. En cherchant sa cape pour s'en faire un bandage, il se rendit compte que le soleil était presque à son zénith, et surtout qu'il n'avait absolument plus rien à manger. Il prit alors la décision de manger dans un village voisin, pas le plus proche de peur d'alerter d'autres soldats, surtout que les corps des deux gardes ne manqueraient pas d'en rameuter beaucoup d'autres. Avec un hoquet de douleur, il tituba avec difficulté pendant une bonne demi douzaine d'heure, et, alors que la chaleur de l'après-midi laissait sa place à la tiédeur du soir, il arriva devant l'auberge d'un village des plaines.

En poussant la porte, il remarqua qu'elle était presque vide, hormis un nain complètement ivre au comptoir et deux ou trois personnes sur qui son regard ne s'attarda pas. L'odeur qui émanait des cuisines était celle, familière, de la volaille en train de rôtir, mélangée à des rémanences de patate douces et à la bière fraîchement brassée. Cela dut le satisfaire car il s'assit à une table et croqua négligemment dans un morceau de pain frais disposé près d'une carafe de vin. Une charmante femme, au visage joviale et aux formes abondantes s'approcha de lui et lui demanda d'un air joyeux avec son accent rondelet :

-Que puis-je pour vous m'bon seigneur ?

-Je désirerai une chambre pour la nuit. Oh et auparavant, j'ai grand faim et soif. Une volaille et un demi fût de bière ne seront pas de trop, je vous remercie !

La femme acquiesça et s'éloigna avec un sourire, tandis que le nain, qui avait entendu parler de bière, s'agita vaguement sur le comptoir et marmonna quelque chose d'incompréhensible avant de retomber lourdement sur l'épaisse flaque de salive qu'il avait laissé. Rassuré, Carnothaur se détendit et, bien qu'elle continuait de le lancer, la douleur s'était atténuée. Pourtant, après quelques minutes, il avait l'impression que quelqu'un l'observait minutieusement. Une femme, brune, assez petite, un air tout ce qu'il y avait de plus inoffensif. Mais le démon n'aimait pas cela, et il craignait qu'elle ne puisse être un agent d'Aile Ténébreuse à ses trousses. Alors que la volaille et la bière arrivaient sur sa table, il lança un coup d'oeil rapide dans la direction de la jeune femme. Mais, alors qu'il avait croisé son regard une fraction de seconde, son coeur manqua un battement. Elle était si jolie ...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Ven 11 Oct - 2:43
Spoiler:


- Non, j'insiste, venez dîner demain! Aujourd'hui, je ne peux vraiment pas vous recevoir! Mais si, mais si, vous ne pouvez pas passer ici sans partager un repas avec moi! Voyons, des hommes de votre importance, c'est la moindre des choses que je me doit de vous offrir! Allez, a demain!

Je refermai la lourde porte de ma propriété au nez des visiteurs. Une fois celle-ci bloquée, je poussai soupir de soulagement. Ouf, voilà quelques heures de gagnées! Ces collecteurs d'impôts, à la recherche d'un de mes employés qui n'avait pas versé la bonne somme à temps, avait bien faillit entrer dans mes vignes où ils n'auraient pas eu de mal à trouver le malheureux qui tremblait tant et tant de peur qu'on l'entendait claquer des dents dans toute la propriété.

- Thaïs! Ta jument est prête!

Je grimaça à l'idée de devoir remonter sur cette tête de mule. Rapide, agile, endurante, réactive, cette jument aurait été la monture idéal si elle m'écoutait un tant soit peu. Mais depuis le premier jour où, après son achat, j'étais montée dessus, elle me faisait chaque fois comprendre à sa manière que je n'avais aucune autorité pour elle.
Décidée à ne pas baisser les bras, je me dirigeai d'un pas vif et enjouée vers les écuries, en remerciant au passage Avrem, mon plus précieux soutient dans ce monde de fou. Ancien propriétaire des vignes, il les avait vendues à mon frère aîné, avant que celui ci ne parte se marier avec une jeune femme issue de la noblesse des Glaces, à Selian. J'avais donc hérité de la direction de ce meli-mélo économique, quand Avrem s'était proposé pour me seconder dans cette tâche. Son expérience dans le domaine, conjuguée à toute l’énergie que j'avais à revendre, s’avéra bientôt indispensable.

- Rappelles moi, il est comment cet aubergiste?

- Politique! Tout ce que tu diras sera repris contre toi à la moindre erreur! Oublies de lui livrer un tonneau de vin et il te colle un procès dans lequel il n'oubliera pas de dire qu'un jour tu lui as dit que tu trouvais intéressante la nouvelle politique de la rébellion en matière de ferrage des chevaux!

Il me tendis les rênes de ma monture que j'enfourchais prestement avant qu'elle ne pense à s'agiter.

- Merci beaucoup, je ne sais pas ce que je ferais sans toi! Et il faut régler le problème de Voliten, les collecteurs viennent de passer et doivent revenir demain! Ah et, du coup je les ait inviter à dîner! Tu sera là? Et en rentrant tout à l'heure il faut que je pense à vérifier l'état des tonneaux que

- Oui, oui, respire! Bon courage et à toute à l'heure!

Après un sourire, je talonnai ma monture qui manqua de m’éjecter de selle avant de partir au galop. En quelques minutes, je me retrouvais devant l'auberge du fameux politicien. Le but de cette visite était simple; renouveler un contrat passé avec l'auberge, qui nous engageais à fournir régulièrement du vin à bas prix, contre l'assurance qu'il nous les achèterais. Avant d'entrer, je me répétai mentalement les conseils d'Avrem "reste calme et soumet toi complètement. Si ils se sentent supérieur et respecté, il n'auront pas peur de toi, ne se méfierons pas et se te poserons pas de problème!" Se soumettre. Rien que ça!

Je poussai la porte et sans hésiter, me dirigeai directement vers l'homme qui se tenait derrière le comptoir.

- Monsieur Rentsilen?
- C'est moi. Et vous êtes?

L'archidemon" pensai-je répondre un quart de seconde avant de me reprendre. Nous avions convenu un rendez vous, j'était exactement à l'heure, il ne pouvait pas douter de mon identité mais avais besoin que je me présente pour se sentir plus puissant. Quel bassesse! Mieux vaut ne pas descendre aussi bas en voulant contrarier ses caprices.

- Thaïs, enchantée de vous rencontrer enfin.

La discussion s'engagea, plus semblable à un combat oral où il ne fallait surtout pas montrer à l'autre l'épée que nous brandissions. Cinq, dix, puis vingt minutes passèrent, avant qu'il ne parvienne s'engouffrer dans une faille de mon discours. L'air triomphal mais le ton encore prudent, il déclara:

- Je ne dit pas que vous êtes hostile à notre Seigneur l'Archidémon, mais comprenez que ce vin que vous me vendez, je le revends à ses troupes. Et que, par devoir de bon citoyen, je me dois de les vendre à bas prix! Et surtout de leur donner du bon vin, quelque chose de qualité pour les serviteurs de l'Empire!

- Ce vin est d'une excellente qualité, plus encore, il est conçut spécialement pour être vendu à ces valeureux combattant et non pas à des noblesses tranquilles pendant un dîner raffiné.

- Très bien, faisons le goûter! S'il est apprécié comme une boisson de qualité qui ne se contente pas de soûler abruptement le buveur, nous garderons votre prix. S'il ne vaut pas plus qu'un vin de bas étage qui tient plus du somnifère, c'est moi qui fixerais le prix.

D'un sourire forcé, j'approuvai cette fausse bonne idée. Non pas que je doutai de la qualité de ma boisson, mais en revanche il suffisait que tomber sur n'importe quel montagne de muscle de mauvaise humeur pour qu'il critique mon vin et m'assure un beau déficit pendant l'année à venir dans le prix que m'imposerai l'aubergiste serait bas. Nous conclûmes d'attendre un peu que l'auberge se remplisse pour choisir notre "goûteur". Il retourna à son bureau, laissant place à une serveuse pour gérer le service et je m'installai dans un coin tranquille de la pièce. Quelle idiote étais-je! Perdre mon temps ici alors qu'il y avait tant que chose à faire dans mes vignes! En réalité, mes pensées n'étaient pas tant dirigées vers les vignes que vers Sen'stura. Petit à petit je consolidai mon projet d'y créer un lieu d'accueil pour toutes les personnes en difficultés, mais cela demandait des fonds, l'accords des autorités démoniaques qui n'étaient pas forcement favorables à ce genre de considérations sociales, ... Je n'abandonnerai pas, pas plus qu'avec ma jument, mais je commençai tout juste a estimer l'endurance dont j'allai devoir faire preuve.

Quelques personnes entrèrent, que j'observai silencieusement. Si seulement j'avais eu le temps et la possibilité d'aller faire quelque chose pour cet elfe dont les yeux brillaient de tristesse... Et cet homme qui plantait rageusement son couteau dans la table comme pour combattre des démons invisibles... Une chose à la fois Thaïs, une chose à la fois. Un homme de plus entra, caricature du guerrier accomplit, grand, très musclé, clairement exercé au combat. D'ailleurs il semblait sortir récemment d'un affrontement qui ne l'avais pas épargné, à un juger par la blessure qui tachait de sang le bandage improvisé qui la recouvrait. Je détournai le regard avant que mon irrésistible envie de sauver le monde ne me pousse à lui proposer des soins. Une chose à la fois, je devais me concentrer sur ma mission. Finalement, mon regard revint vers lui et je souri à l'idée qui naquit dans ma tête.
Mine de rien, l'homme si imposant, impressionnant avait dans ses gestes, dans son regard, une sensibilité cachée que l'aubergiste ne descellerais peut être pas.

Je me levai, surexcitée par mon plan, et allais retrouver mon partenaire commercial dans son bureau. Je l'informai que je venais trouver l'homme qu'il nous faudrait, un guerrier comme ceux qui luttent pour l'empire. Et, après un coup d'oeil dans la salle, l'aubergiste approuva l'idée, convaincu que jamais un tel guerrier n'aurais la moindre considération pour un simple vin de campagne. Hors de la vue de notre "elu", nous remplîmes deux verres, l'un avec le vin de mes vignes, l'autre avec un vin connu pour sa mauvaise qualité mais apprécié pour son prix réduit.

J'allai sortir du bureau quand l'aubergiste m’arrêta, prit le verre de bon vin et me tendit le mauvais.

- Il ne faudrait pas qu'il soit influencé par ... des critères extérieurs.

Je levai les yeux aux ciel, exaspérée. Les Dieux auraient du me faire homme, insensible et calculateur, la vie devait être bien plus amusante ainsi!
Arrivée en face de l'inconnu, qui ne semblait pas exactement être humain au sens le plus strict du terme, l'aubergiste s'assit face à lui tandis que je restai debout, un sourire aimable et un peu désolé adressé à notre goûteur. Je m'en voulait un peu de l'utiliser pour cela, mais gardai le silence pendant que Rentsilen lui expliqua notre proposition.

- Votre commande ne tardera pas à arriver, nous vous proposons une petite expérience en échange! Voilà ici deux verres contenant deux vins différents. Dites nous celui qui vous preferez. Soyez honnête, car nous vous offrirons votre poids en vin de celui que vous aurez choisit!

Il se tourna vers moi, le sourire du vendeur de carpette figé sur son visage, comme s'il attendait que je dise quelque chose. Après un instant d'hésitation, je confirmai d'une voix douce en plongeant mon regard dans les yeux rouges de l'homme:

- Et profitez de la dégustation gratuite  


L'aubergiste ne parut pas satisfait de cette déclaration mais se retourna avec son enthousiasme commerciale vers l'inconnu en lui tendant le verre qu'il tenait à la main, celui qui contenait le vin de mes vignes. De mon coté, je posai le verre de mauvais vin sur la table, à disposition de l'homme.

"Oh, et puis zut Thais, ce n'est qu'une vente de vin, il y a d'autres choses plus importantes!"

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Sam 12 Oct - 1:14
Spoiler:

La jeune femme n'était pas seule ... Et malheureusement pour lui, celui qui l'accompagnait était un activiste très influent d'Aile Ténébreuse, reconnu même parmi les démons. Et celui-ci avait personnellement financé plusieurs missions d'assassinat pour en finir avec Carnothaur. Certes, tous les hommes et démons qu'il avait envoyé avait nourri la soif de sang de Fureur, mais là n'était pas la question ... Ce Rentsilen, car tel était son nom, était le genre de type à faire accourir la moitié d'une cohorte de démons en claquant des doigts. Si jamais il était reconnu, le taureau rouge devrait faire vite. D'ailleurs, celui-ci imagina comment tout cela pourrait se passer dans le pire des cas. Au moment même où il lirait dans les yeux de l'aubergiste la crainte et la peur quand il reconnaîtrait son visage, il s'assurerait que cette crainte soit la dernière expression que prendrait jamais celui de l'homme. Après l'avoir tué, il n'aurait que très peu de temps pour s'enfuir. Mais avec sa blessure, toute tentative de fuite rapide était vouée à l'échec. Alors il resterait une dernière solution ... Mais non impossible même d'y penser ! Trop de chagrin, trop de douleur ... Même l'insupportable douleur physique qu'il ressentirait en se transformant n'était rien par rapport à l'horreur qu'il éprouverait en sachant qu'il avait violemment massacré la pauvre jeune femme avec ses yeux si doux ...

La gorge de Carnothaur se noua, et, alors qu'il terminait de vider sa choppe, une larme coula sur sa joue droite, qu'il ne prit même pas la peine de faire disparaître. Peut-être cette femme serait la cause de la fin de cette cavale, peut-être même la fin de sa vie, ou peut-être pas. Alors que la serveuse joviale venait s'enquérir de la qualité du repas auprès du démon, il lui demanda à être resservi en viande, car il avait soi-disant un faim infernale. En vérité, il voulait que ce potentiel dernier repas soit mémorable. Alors qu'il terminait sa commande, il se rendit compte que la femme et l'aubergiste s'approchaient de lui, elle l'air ravie, et lui souriant, mais assez réticent. Mais le plus important est qu'il n'avait pas l'air de le reconnaître, ce qui pour l'instant était un bon point. L'aubergiste s'est assis en face de lui, tandis que la femme restait debout, tout sourire. Prudent, Carnothaur ne daigna pas les regarder et se resservit en bière, tout en espérant qu'aucun des deux n'avait pu ne serait-ce qu’apercevoir sa larme. L'homme dit alors :

- Votre commande ne tardera pas à arriver, nous vous proposons une petite expérience en échange! Voilà ici deux verres contenant deux vins différents. Dites nous celui qui vous préférez. Soyez honnête, car nous vous offrirons votre poids en vin de celui que vous aurez choisi!

La proposition était pour le moins inattendue. Méfiant, Le démon passa son regard entre ses deux interlocuteurs pour les jauger. Rentsilen regarda la femme avec l'air d'attendre quelque chose, avec un sourire un peu agaçant. Leurs simagrées commençaient à énerver Carnothaur qui s'apprêtait à répliquer qu'il préférait largement la bière au vin quand la femme parla à son tour en plantant ses yeux dans les siens:

- Et profitez de la dégustation gratuite !

Bien que les paroles et le regard de la femme en eux-mêmes auraient suffi à apaiser sa colère, et ce pour une raison obscure, ce fut surtout l'effet qu'elles firent à l'aubergiste qui calma le démon. En effet, même si son visage n'en montrait rien, il n'avait pas du tout apprécié ce que venait de dire la jeune femme, et ses yeux quand à eux, ne le montraient que trop. Cela fit même sourire quelque peu le taureau rouge. Arborant toujours son sourire artificiel, le gérant lui tendit une coupe de vin, tandis que la femme en posait une autre près de son bras droit, le frôlant et lui arrachant un frisson au passage. Après un dernier moment d'hésitation, il prit délicatement des mains la fine coupe tendue par l'aubergiste, afin de ne pas lui broyer les doigts, et l'apporta à son nez. Il n'était pas un grand connaisseur en vins, mais avait quelques notions : celui-ci était un rouge, plutôt récent, avec un nez fin et puissant. Une fois en bouche, il révélait des arômes fruités et une douceur inattendue. Nul doute que celui-ci était un vin particulièrement recherché.

Ce fut alors temps d'essayer la deuxième coupe. Plus sombre, il semblait moins rond et plus fort. Son odeur était assez désagréable, un peu acide, tandis que sa bouche rappelait l'eau croupie. Avec une grimace, Carnothaur reposa la deuxième coupe presque pleine et huma l'air. Il sentait que quelque chose allait se passer dans les prochains instants, et se doutait que, au vu des circonstances, cela tournerait au vinaigre le concernant. Mais il dissimula ses pensées et adressa un sourire à l'aubergiste et à la femme.

- J'ai beaucoup apprécié le premier ! Me serait-il possible d'en acquérir quelques bouteilles pour ma consommation personnelle ?

Des bruits de pas métalliques se faisaient entendre dehors depuis déjà quelques minutes, vraisemblablement l'activité de soldats en armure. Ainsi on le cherchait déjà ... Combien de temps se passerait-il avant qu'il ne soit arrêté, puis torturé et exécuté ? Le démon ferma les yeux et inspira un grand coup, espérant de tout coeur que personne n'irait le chercher dans cette taverne. Le démon se concentrait au maximum sur sa conversation avec les deux marchands de vin, mais il se préparait également à combattre. Et si il était désavantagé, alors il choisirai la douleur et ... la colère. Il serait obligé de mettre le village à feu et à sang pour s'enfuir, mais au moins il aurait la vie sauve. Le démon se rappela alors cette nuit fatidique, alors qu'une courageuse veuve lui avait fait retrouver le courage de son bras, il l'avait tué en essayant de les protéger ... Il regarda alors la femme d'un air triste et résigné. Elle souriait encore, comme si la vie n'avait aucune emprise négative sur elle. Il n'avait pas le droit de mettre fin à sa vie. Ainsi, le choix avait été fait ...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Dim 13 Oct - 0:35
Victoire. Mais dangereuse victoire. Le visage de Rentsilen se crispa légèrement et il me jeta un regard assassin. Un léger tremblement agita mes ailes, trahissant mon inquiétude mais je ne dit rien, souriante. Finalement, après ce qui me parut être une éternité, l'aubergiste se leva, en me faisant signe de le suivre, ignorant complètement notre pauvre goûteur. Quand nous fumes dans son bureau, il déclara d'une voix sifflante:

- Rien nous prouve que cet homme ait les goûts des soldats de l'Empire.

- Il a pourtant l'air d'un parfait démon servant notre Seigneur!

- Certes mais il ...

Rentsilen s'interrompit, une lueur nouvelle dans son regard. Il frémit, un rictus mauvais sur les lèvres.

- Oh oui... Murmura t-il pour lui meme.

Je restait immobile, intriguée et inquiète. Cette visite tournait décidément au vinaigre. L'homme se rapprocha de moi, l'air conspirateur et ravi.

- J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. Et toutes deux sont de bonnes nouvelles pour moi. La mauvaise nouvelle, c'est que l'homme dont vous vantez le gout est un homme qui a eu le mauvais gout de trahir l'empereur. Si les traîtres aiment le gout de votre vin, c'est dire combien il est de mauvaise qualité! Mais la bonne nouvelle, c'est que vous allez faire oublier cela en m'aidant à le ramener devant Aile Tenebreuse. Mort, cela va sans dire.

Quelques minutes plus tard, je ressortait du bureau, livide, deux bouteilles de mon vin à la main, la gorger nouée. Je savais déjà ce que j'allais faire, la question ne se posait même pas. Mais l'évidence du choix n'enlevait rien à sa difficultés. "Distrait le, occupe le. Il y a déjà des hommes dehors, mais il nous en faut plus, beaucoup plus. Ceux qui sont déjà en place resterons prets a intervenir si besoin, mais tu t'assurera qu'il reste immobile jusqu'à l'arrivée des renforts. Et après..." Et après je serais témoin d'un merveilleux massacre, et il m'offrirons même de pouvoir enterrer les morts.

Recomposant un sourire leger sur mes lèvres, je m'assis en face de l'homme tant recherché. Ce qui m'avait déjà marqué lors de son entrée me frappa une fois de plus. Qu'il était grand! J'avais le sentiment d'être cette petite grenouille qui se veut aussi grande que le boeuf ... et qui finit par exploser. Ah non non Thaîs, pas de mauvaises pensées!

- Voilà déjà deux bouteilles. Prenez les. N’hésitez pas à venir chercher le reste chez moi, je tiendrais mon engagement et je vous dois encore l'équivalent de votre poids en vin! Mes ailes battirent doucement à deux reprises, au rythme de ma respiration. D'un coin de l'oeil, je vis Rentsilen nous observer, légèrement caché par la porte du bureau. Je reportai mon attention sur le démon, essayant de lui faire passer par le regard ce que les mots ne pouvait dire. Je n'habite pas si loin d'ici, vraiment n’hésitez pas! Prenez la grand route, vers Sen'stura et quand, au bout de cinq minutes a dos de cheval au galop, elle tournera fortement à droite, prenez le petit chemin sur votre gauche. Un nouveau coup d'oeil. Je vis l'aubergiste, satisfait de mon baratin, disparaître pour aller attendre les nouveaux soldats. Ma voix se fit soudainement plus basse, rapide. Des hommes sont dehors, d'autres arriveront dans un quart d'heure. Je ne sais pas me battre, je ne peux pas vous aider mais je sais qu'ils sont en ce moment tous rassemblés a gauche de l'auberge pour préparer l'intervention. Je sais aussi que personne n'a de cheval prêt, vous pouvez prendre ma jument noire dehors, allez chez moi. Là bas, vous ne craignez rien. Tenez bon jusque là.  Je me tu un instant pour reprendre mon souffle et laisser le démon enregistrer ces informations. Faites moi confiance.


Avait-il une chance de s'enfuir?
A en juger par son état, se battre aurait été impossible. Mais sortir, sauter sur la jument et tenir à cheval pendant dix minutes... Blessée comme il était, j'en aurait été incapable. Mais il faisait un bon demi-mètre de plus que moi, et devais avoir dix fois plus de force que moi.
Avait-je une chance de le convaincre?
Là, le problème se compliquait. Comment expliquer à un esprit logique qu'une habitante lambda, qui commerçait avec ce fanatique d'aubergiste, qui payait sagement ses impôts à Aile Tenebreuse depuis son arrivée, qui n'avait aucun lien avec la rébellion, ... soit reelement en train de donner à cet homme le moyen de s’évader? Comment prouver que ce n'était pas qu'une feinte destinée à le faire sortir de l'auberge? "Tu ne peux pas cacher qui tu es", m’avais un jour affirmer un ami, "même quand tu t’énerves, on voit dans ton regard qui tu es vraiment. Un agneau, même s'il apprenait à aboyer comme un chien, aura toujours l'air d'un agneau" Autrement dit, rien ne sert de promettre, de jurer. Se taire et laisser l'autre lire en nous.
Avions-nous une chance de réussir?

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Dim 13 Oct - 19:30
Carnothaur en était convaincu, la fin de cette aventure approchait, et il ne savait toujours pas dans quel camp était la jeune femme. Soudain, l'aubergiste se leva sans un mot, le visage dur et crispé, et invita la jeune femme de le suivre, ce qu'elle fit sans problèmes. Le démon les regarda s'éloigner quelques temps avant de reporter son attention sur ce qu'il se passait dehors. Les mouvements s'intensifiaient dehors, et des ordres brefs étaient criés sèchement, indiquant qu'il y avait là au moins un officier de l'armée d'Aile Ténébreuse. Il parvint à entendre que l'on demandait à la population de reconnaître un visage, et il y avait toutes les chances pour qu'il s'agisse du sien ...

La viande qu'il avait commandé avant qu'il ne soit interrompu par l'intervention des marchands de vin arriva enfin sur sa table, et il régla la note de la nourriture. La viande était particulièrement juteuse et savoureuse, rien de plus agréable que cette sensation ... La sensation de se sentir vivant et de savoir que pour l'instant on pouvait vivre pleinement sa vie. C'était enivrant, presque autant que le fût de bière qu'il avait englouti et le merveilleux vin qu'il avait goûté. Presque autant que cette belle ... Oh non, il ne devait pas penser à cela pour l'instant. Mais alors, à quel moment le pourrait-il ?

La femme revint alors à ce moment-là, mais son sourire s'était terni et Carnothaur commença à se douter de quelque chose. Malgré tout, elle avait gardé son joli visage d'enfant et sa voix n'avait pas perdu de son enthousiasme :

- Voilà déjà deux bouteilles. Prenez les. N’hésitez pas à venir chercher le reste chez moi, je tiendrais mon engagement et je vous dois encore l'équivalent de votre poids en vin!

Et c'est alors qu'il vit ce que l'alcool lui avait caché jusque là. Elle venait de faire battre ses ailes, des ailes noires aussi belles que tristes. La jeune femme était un ange ! Et lui, idiot qu'il était, ne l'avait même pas remarqué, il pouvait à tout moment la blesser gravement en projetant de manière involontaire son sang sur elle ...

- Je n'habite pas si loin d'ici, vraiment n’hésitez pas! Prenez la grand route, vers Sen'stura et quand, au bout de cinq minutes a dos de cheval au galop, elle tournera fortement à droite, prenez le petit chemin sur votre gauche.

Le démon fronça les sourcils en réfléchissant. Oui c'était par-là qu'il était venu, il réussirai sans problème à trouver si il n'était pas aussi près de la fin ... Mais au fond de lui, un fol espoir s'embrasa.

- Des hommes sont dehors, d'autres arriveront dans un quart d'heure. Je ne sais pas me battre, je ne peux pas vous aider mais je sais qu'ils sont en ce moment tous rassemblés a gauche de l'auberge pour préparer l'intervention. Je sais aussi que personne n'a de cheval prêt, vous pouvez prendre ma jument noire dehors, allez chez moi. Là bas, vous ne craignez rien. Tenez bon jusque là. Faites moi confiance.

Nous y étions enfin ... Ainsi Rentsilen l'avait reconnu et il avait chargé la jeune femme de lui tenir la jambe pendant qu'il organisait une embuscade pour se saisir de lui. Et lui bien sûr était tombé dans le panneau. Désormais, ils devaient être un nombre impressionnant dehors. Mais Carnothaur ne parvint pas à comprendre ce qui avait poussé l'ange à lui révéler tout cela. Sa première idée était qu'elle était du côté de Rentsilen et qu'elle ne lui disait ceci qu'afin de le pousser à s'écraser sur les troupes démoniaques et le faire capturer par ces derniers. Cette pensée provoqua tout d'abord une grande colère en lui et le fit s'assombrir encore un peu plus. Il se leva de sa chaise et ferma son poing droit pour invoquer Fureur afin d achever la vie de l'ange qui l'avait trahi, quand il la regarda dans les yeux. Et ce qu'il vit en elle le changea invariablement. Cette femme était tout simplement la sincérité incarnée, et elle était vraisemblablement incapable de le trahir.

Carnothaur fit alors un choix : celui de lui faire confiance, de se laisser aller à l'écouter et de ressentir ce qu'elle ressentait. Il baissa son bras droit et attrapa l'ange par la taille et de l'attirer contre elle, mais pas trop pour ne pas la blesser avec son sang. Son visage arrivait au niveau du torse du démon, et elle paraissait si fragile maintenant ... Le démon prit délicatement le menton de l'ange et releva son visage pour qu'il puisse la regarder une dernière fois. En souriant, il lui dit :

- Je vous remercie. Maintenant promettez-moi une chose je vous en prie. Retrouvez-moi saine et sauve chez vous dès que vous le pourrez ...

Et à ces mots, il se pencha pour déposer un petit baiser sur le coin de la lèvre de l'ange avant de partir sans se retourner. Il appela Fureur depuis le néant et, l'épée, qui mesurait à peu près la même taille que lui, sur l'épaule il sortit par la grande porte, oubliant même sa douleur au dos. Là, il tomba nez à nez avec Rentsilen, qui indiquait à une demi douzaine de miliciens le plan à suivre. Alors qu'il se retournait pour faire face au démon, Fureur le transperça de part en part et l'envoya voler quelques mètres plus loin. Ainsi un des hommes qui en voulait à sa peau ne lui chercherait jamais plus de noises. De plus, la seule personne qui aurait pu témoigner de la trahison de l'ange venait de passer l'arme à gauche. Le démon, possédé par la colère, reporta son attention sur les soldats qui l'attendaient. Mal équipés, ils n'étaient vêtus que de maille peu épaisse et armés d'armes plutôt légères, ce qui conférait un avantage indéniable à Carnothaur. L'arme démoniaque trancha, broya, éviscéra sans distinction soldats fanatiques et couards qui tentaient de s'enfuir. Mais alors qu'il s'était débarrassé en quelques secondes de la dizaine de miliciens, les vrai soldats, lourdement armés, accoururent depuis la gauche de l'auberge. Et là encore, cela lui donnait un avantage double : les soldats, affublés de leurs armures pesantes, ne pouvaient courir vite et longtemps, et puis ils venaient de la gauche, alors que les écuries se trouvaient à droite de l'auberge, laissant au démon le champ libre pour une fuite facile.

Une fois sur le dos de la jument, il renvoya Fureur pour ne pas s'alourdir, déjà qu'il pesait à lui tout-seul un poids respectable, et envoya sa monture au triple galop dans la direction indiquée par l'ange. D'ailleurs il se mit à penser à elle, et surtout à son geste. N'avait-il pas été trop vite ? Carnothaur espérait qu'elle ne lui en voudrait pas, mais il avait été tout bonnement incapable de refréner cette envie à ce moment là. Au bout de quelques instants, la jument essoufflée s'arrêta devant une grande demeure, cernée par des pieds de vignes à perte de vue. Ainsi le délicieux vin de tout à l'heure était son produit ... Un sourire illumina son visage encore une fois alors qu'il descendait de la jument noire et il regarda le ciel, un sentiment de joie parcourant tout son corps ...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Mer 16 Oct - 23:24
Il se leva, si grand et puissant que je pris crainte en voyant la colère dans ses yeux. Était-ce un echec? Sa main droite se leva, le poing fermé, et je ne put m'empêcher un petit saut dans le passé, quand mon père avait expiré devant moi, dévoré par le sang des démons. Ces deux races semblaient fondamentalement incompatibles mais, utopiste que j’étais, j’avais toujours voulu croire qu’un peu de bonne volonté suffirait à détruire cette opposition traditionnelle. Mais si si poing m’achevait, nous ne ferions que perpétuer l’histoire clivante entre ange et démon.

Mais le bras menaçant changea de trajectoire et vint se glisser autour de ma taille, avec une douceur et une délicatesse inattendues de sa part. Muette et immobile, je me retrouvais face à son torse couvert de cicatrices avant que son autre main ne relève mon regard vers le sien.

- Je vous remercie. Maintenant promettez-moi une chose je vous en prie. Retrouvez-moi saine et sauve chez vous dès que vous le pourrez ...

Sans me laisser le temps de répondre, il se pencha sur moi pour déposer un baiser sur la commissure de mes lèvres avant de me relâcher et me laisser plus désemparée que jamais en disparaissant hors de l’auberge. Je restait debout, entre deux mondes, revivant les secondes passées dans mon esprit. N’avoir aucun contrôle, aucune emprise sur ce que ces gestes avaient déclenché me perturbait, m’angoissait.

Des cris à l'extérieur me sortirent de mon léthargie. Trop chamboulée par le départ du démon, je n’avais pas fait attention à ce qui avait suivit. A peine sortie dehors, je réalisai l’étendue de ma naïveté. Une dizaine d’hommes gisaient à terre, certains déjà emportés au royaume de Nayris mais d’autres gémissaient encore, gravement blessés. Retenant un cri d’effroi, je me précipitai auprès de ces derniers, les gestes fébriles, les mains tremblantes, mais l’esprit concentré. Le démon fugitif avait disparut de mes pensées, seuls comptaient ces hommes et leur vie en danger. A l’aide de multiples garrot, je tentai de contenir les hémorragies, et quand plus aucun geste ne pouvait secourir les blessés, je tentai de mon mieux d'apaiser ces soldats qui frémissaient en sentant la mort s’approcher d’eux bien avant l’âge. Ils frémissaient mais ne gémissaient plus, recouvert de cette dignité si propre à ceux qui sont confronté au grand saut, au passage.

Petit a petit, je ne me trouvai plus rien à faire pour aider. Les morts étaient emmenés pour être enterrés ou ramener à leurs familles, les blessés transportés pour recevoir des soins plus appropriés, et on commençait déjà a parler stratégie, trouver des coupables pour expliquer l’évasion du démon, comment formuler l’incident dans les rapports aux supérieurs, … Agenouillée dans une mare de sang issue du massacre, je laissai mes larmes couler. La violence, la mort, n’étaient pas des choses inconnues; a Sen’stura on assistait souvent à des combats d’honneur ou autres aberrations du genre, et la guerre ramenait continuellement son lots de grave blessés. Mais y être aussi directement confronté, cela était bien plus dur. Et pire encore, se savoir responsable, entièrement responsable de la chose… les sanglots silencieux redoublèrent, culpabilité et impuissance face aux évènements s’y mêlaient.

Finalement un soldat vint me proposer de rentrer dans l’auberge, car “vous n’auriez pas du voir ça”. Malgré la connotation misogyne de cette affirmation, il fallait reconnaître qu’il n’avait pas tord. Je n’était pas de tailler a affronter “ça”, je paniquais et pleurais pour des inconnus, tandis que leurs compagnons d’armes restaient stoïques. Pourtant, impossible de croire qu’ils n’étaient pas touchés par leur mort, mais eux étaient capables de séparer l'émotif du professionnel, capable de garder pour eux leur douleur, de rester debout et continuer à avancer. Malgré toute l'incompréhension que m’inspirait les métiers d’armes, il fallait reconnaître à ces hommes une force inouïe pour affronter mort, tristesse, désespoir… et continuer à y retourner, à se battre pour un pays, une famille, un officier, des valeurs, …

Je déclinai la proposition du soldat, tout en le remerciant; je ne souhaitait pas rester en ces lieux plus longtemps et comptait rentrer chez moi rapidement. Il disparut et revint rapidement avec un cheval sellé. Reconnaissante, je m’engageai à le restituer au plus vite à la base militaire la plus proche et m’empressai de quitter ce lieu si oppressant.

Le cheval, bien plus docile que ma jument, galopa tranquillement jusqu’aux vignes, avec un rythme regulier et berçant. Bien que j’aurais aimé vider mon esprit pour ne penser à rien et profiter de cette courte mais douce chevauchée, je me sentait assaillie de toutes parts. Les morts, les paroles du démon, les regards douloureux des blessés, ce baiser auquel je n’osait donner de signification, le silence de ceux qui voyaient leurs camarades partir dans l’autre monde, des yeux rouges et intenses qui dévoilent une âme complexe, profonde…

Je ne descendit de cheval qu’une fois arrivée dans le box vide, le dessellai rapidement, jetai son harnachement à terre et m'élançai vers la grande bâtisse. A peine entrée dans l’entrée, je tombai sur Avrem qui anticipa ma question:

- Dans le petit salon du premier étage.
- Merci beaucoup, je ne suis pas sure de pouvoir soigner sa blessure seule, tu sais où je peut en trouver un à cette heure là?
- J’irais en chercher un moi même si tu en as besoin… Mais, Thaïs… Tu ne vas pas un peu trop loin là? Je veux dire… un démon, ce n’est pas rien! Je respect tout à fait ta façon d’être, je suis le premier à bénéficier de ta générosité mais… prend pas trop de risques, sinon tu ne pourra plus aider personne!
- Avrem… même si ce que je fais est stupide, je peux pas faire autrement.
Il sourit et haussa les épaules, fataliste:
- A ta guise Baronne, à ta guise! Il faudra que tu me ré-explique tes liens familiaux avec les ombrageurs parce que je ne suis pas convaincu que vous partagiez grand chose!
Je lui rendit son sourire, reconnaissante, et filait vers le salon. En poussant la porte, je tachais de me constituer un visage neutre, masquant toutes les émotions qui se bousculaient en moi.

- Je suis désolée, j’ai pris beaucoup de temps. Vous avez été bien accueilli? Oh et excusez moi pour la jument, elle est vraiment intenable! Et puis avec votre blessure, ça a du être insupportable! Est ce que vous avez besoin de quelque chose? A boire, a manger? Il faut enlever ce bandage, je vais essayer de voir si je peux laver votre plaie… Sinon nous appellerons un médecin. Avrem, que vous avez du croiser tout à l’heure, il sait trouver des hommes de confiance. Je suis désolée, je parle trop, je suis une mauvaise hôte!
Je pris le temps de respirer et ajoutait plus calmement, avec le sourire: Je me nomme Thaïs.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Sam 2 Nov - 17:33
Un homme l'avait conduit dans un petit salon à l'étage. Méfiant vis à vis du démon, ce dernier ne semblait pas spécialement tenir à le garder si près de lui en attendant que rentre sa supérieure. Mais Carnothaur ne dit rien et se contenta d'attendre le retour de l'ange. Il fit les quatre cent pas dans le salon, tout en contemplant la beauté du lieu et en se tenant légèrement le dos, dont la douleur avait repris. Il y avait beaucoup de livres et d'objets de décorations, ce qui indiquait qu'elle était soit riche, soit noble, soit les deux. De la fenêtre il pouvait voir des hectares et des hectares de terrain viticoles, ainsi que des ouvriers qui s'affairaient autour des vignes. Plus loin encore, on apercevait la ville qu'il venait de quitter, surement fouillée de fond en comble afin de le retrouver. Il se mit alors à s'inquiéter pour la jeune femme, espérant qu'elle n'aurait pas de problèmes, auquel cas il serait obliger d'y retourner afin de l'aider. Mais alors même que cette pensée lui traversait l'esprit, la grande porte s'ouvrit sur l'ange, qui s'approcha de lui, le visage neutre.

- Je suis désolée, j’ai pris beaucoup de temps. Vous avez été bien accueilli? Oh et excusez moi pour la jument, elle est vraiment intenable! Et puis avec votre blessure, ça a du être insupportable! Est ce que vous avez besoin de quelque chose? A boire, a manger? Il faut enlever ce bandage, je vais essayer de voir si je peux laver votre plaie… Sinon nous appellerons un médecin. Avrem, que vous avez du croiser tout à l’heure, il sait trouver des hommes de confiance. Je suis désolée, je parle trop, je suis une mauvaise hôte!
Essouflée, elle prit le temps de reprendre sa respiration avant de reprendre plus calmement et en souriant : Je me nomme Thaïs.

Carnothaur fut soulagé de voir qu'elle allait bien et la regarda dans les yeux un instant. Il y vit ce dont il se doutait : malgré ce qu'elle disait elle avait été profondément bouleversée parce qu'elle avait vu en ville. Le démon fut soudain pris de remords et sa mine s'assombrit.

- Vous n'êtes pas du tout une mauvaise hôte bien au contraire ... Et ne vous en faites pas pour ma blessure, c'est rien du tout. J'en ai reçu énormément, et celle-ci n'est pas la pire. Votre Avrem m'a l'air d'un homme bon mais il se méfie de moi, et vous devriez en faire autant. Je suis un démon et vous un ange, vous ne pouvez pas vous occuper de ma blessure sous peine d'être vous même gravement blessée !

Il se détourna soudain pris de colère, comme toujours ... Il regarda à nouveau à travers la fenêtre, comme pour pouvoir se calmer.

- Je me nomme Carnothaur.

Il se retourna donc à nouveau, calme, et fit face à la jeune femme. Pas à pas, il s'approcha d'elle avant de s'arrêter à un mètre environ.

- Je suis vraiment désolé que vous ayez assisté à cela, mais c'était ma vie ou la leur. J'ai beaucoup tué dans le passé, et je tuerai encore énormément avant de passer l'arme à gauche, dit-il, sincèrement peiné. Sur le coup c'est l'instinct de survie qui prend le dessus, alors on ne pense pas à grand chose, sauf à empêcher les autre de prendre notre vie, mais croyez-moi, on finit toujours par penser à la famille ou aux proches de ceux que l'on a tué. Je ne suis pas un être dénué de sensibilité comme les autres démons, et c'est pour cela que je ne suis pas rangé aux cotés d'Aile Ténébreuse. J'espère que vous comprenez ma position. Je n'ai pas ma place dans ce monde, et pourtant je m'efforce d'y survivre avant de trouver une raison de rester en vie ...

Le démon sourit alors à l'ange, avant de très vite s'empourprer.

- Oh et ... Désolé pour mon geste de tout à l'heure, vous avez sûrement du le trouver très déplacé ...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Jeu 14 Nov - 18:33
Il refusa tout soin pour sa blessure; je n'insista pas mais levai gentiment les yeux au ciel, agacée qu'on ne me laisse pas aider. Même si je devais admettre que son argument se tenait tout a fait; mes ailes se souvenaient encore de la brûlure que pouvait provoquer le sang démoniaque et des conséquences que cela avait eu à long terme. Les joies du vol m'étaient à jamais refuser. Mais j'avais fait ce deuil il y a plusieurs années et refusait de me laisser abattre par cette pensée.

Les excuses qui virent ensuite sur ce qui s'était passé à sa sortie de l'auberge ne me laissèrent pas indifférente. L'image des corps sans vie se superposait à celle du visage du démon qui exprimait sincèrement ses pensées.

- Oh et ... Désolé pour mon geste de tout à l'heure, vous avez sûrement du le trouver très déplacé ... Conclut-il

Je sourit, attendrie par cet homme si grand, si fort, qui avait réduit à néant un régiment d'hommes de l'Aile sans difficulté et qui affichait maintenant un sourire gêné devant ce qui devait lui paraitre être une minuscule et fragile femme un peu trop bavarde.

- Vous vous excusez beaucoup, mais je ne vous accuse de rien. Je ne pense pas que les actes permettent de juger les hommes; je condamne sans hésitation que l'on prenne la vie d'un autre, mais je ne me permettrais pas de vous reprocher vos actes.


Cette philosophie de vie m'était très précieuse car elle me permettait de conserver une foie inébranlable dans la nature profonde de chacun tout en évitant de tomber dans un relativisme sans limite qui ne permet plus aucun jugement sur les faits et plus aucun repères pour nos propres actes.

- Quand à votre "geste déplacé", tout aussi agréable qu'il fut, je ne pourrais le juger sans vous connaitre un peu.
Tentant de paraitre plus indifferente que je ne l'était, trahie par mes joues colorées, je baissait finalement le regard et détournait la conversation.

- En revanche, il est certain que je ne vous pardonnerai pas si vous refusez de me laisser soigner votre plaie.
Tout en ouvrant une armoire pour y trouver baumes, bandages, et autres produits que je tenais à avoir rapidement à disposition pour oublier que je n'avais plus le pouvoir de guérison de ma race, j'anticipai ses protestations avant qu'il ne puisse les formuler. Et ne vous souciez pas de ce que votre sang pourrait faire, je ferais attention. Et c'est un mythe de dire que nous, les anges, pourrions réellement être blessés par les démons! Un mythe inventé pour faire plaisir aux vôtres, vous rassurez sur votre supériorité.

Je ne croyait pas un mot de ce que je disait, et affichait clairement l'ironie de mes paroles dans le ton de ma voix et sur mon sourire. Je n'avais d'autre but que de le provoquer gentiment, oublier combat et morts, faire connaissance et mieux connaitre cet étrange démon.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Jeu 14 Nov - 20:31
Carnothaur était gêné. Espérant sincèrement qu'elle ne lui en voudrait pas, qu'elle comprendrait qu'il ne lui avait pas voulu de mal en l'embrassant, seulement ... Il ne savait pas lui-même ce que signifiait réellement ce geste. Était-il attiré par l'ange ? Ou était-ce là un moyen de lui montrer qu'il se voulait protecteur envers la jeune femme qui l'avait probablement sauvé, et qui, visiblement, aimerai en faire encore plus pour lui. Par ailleurs l'empathie de la jeune femme le stupéfiait. Rares étaient les personnes dotées d'un coeur aussi grand que le sien. Le démon baissa son regard sur le visage de l'ange qui lui sourit en retour. Thaïs, car c'était son nom, paraissait être venue au monde pour aimer la vie, et aimer les êtres vivants, et le massacre qu'avait perpétré le démon avait du profondément la bouleverser. Aussi il s'en voulait pour tout ce qu'il avait fait à cette femme ce jour-là.

- Vous vous excusez beaucoup, mais je ne vous accuse de rien. Je ne pense pas que les actes permettent de juger les hommes; je condamne sans hésitation que l'on prenne la vie d'un autre, mais je ne me permettrais pas de vous reprocher vos actes.

On pouvait sentir à travers cette phrase, que là était sa manière de vivre, ou mieux, sa vie entière qu'elle résumait. Elle était réellement aussi différente de Carnothaur qu'il était possible de l'être. Elle, la petite ange frêle et fine, pourtant assurée et profondément empathique; et lui, le grand démon, différentiable des brutes seulement par son minimum d'intelligence, et en proie aux doutes envers lui-même ... L'ange continua alors :

- Quand à votre "geste déplacé", tout aussi agréable qu'il fut, je ne pourrais le juger sans vous connaitre un peu.

Il fut rassuré par ces paroles, elle ne lui en voulait pas. Elle avait même trouvé leur baiser "agréable" ... Cela le gêna encore plus et il sentit ses joues se réchauffer, mais il remarqua également qu'il n'était pas le seul à rougir ... Mais Thaïs détourna rapidement la conversation pour en revenir aux blessures du démon.

- En revanche, il est certain que je ne vous pardonnerai pas si vous refusez de me laisser soigner votre plaie. Et ne vous souciez pas de ce que votre sang pourrait faire, je ferais attention. Et c'est un mythe de dire que nous, les anges, pourrions réellement être blessés par les démons! Un mythe inventé pour faire plaisir aux vôtres, vous rassurez sur votre supériorité.

Elle était déjà en train de farfouiller dans son armoire quand Carnothaur s'approcha d'elle et la tira doucement vers elle par le bras. Il savait que c'était un mensonge, qu'elle allait gravement se blesser si elle touchait une seule goutte de son sang ...

- Je vous en prie, n'en faites rien. Sincèrement, je vous ai déjà assez fait de mal comme cela. Je sais très bien que c'est un mensonge, que si vous touchez mon sang vous allez souffrir ... J'ai vu beaucoup de vos semblables être torturés par notre sang ... Et puis j'ai vécu bien pire qu'une simple flèche dans le dos, voyez vous-même !

Il lui montra toutes les cicatrices présentes sur son torse nu, et surtout la plus importante de toutes, celle qui faisait le tour de son bras gauche.

- Celle-ci a de loin été la plus douloureuse expérience physique de ma vie. Juste après m'être rebellé contre Aile-Ténébreuse, après le massacre de l'Aube Rouge, le démon officier qui m'était supérieur m'a arraché le bras avant de me passer à tabac. Or, juste avant de mourir, j'ai pu le vaincre. J'ai erré pendant des jours, le bras attaché dans le dos avant de m'effondrer, à bout de force. C'est justement une femme comme vous qui m'a sauvé. Par je ne sais quelle magie elle a rattaché mon bras au moignon sanglant qui pendait pitoyablement à côté de mon torse ... Je suis resté quelques temps avec elle, et je l'ai aidé à tenir sa maison. Mais un jour, des assassins m'ont retrouvé, et m'ont poussé dans mes derniers retranchements. J'ai pu les tuer, mais j'ai également tué la femme qui m'avait sauvé, involontairement ...

Carnothaur s'était approché de la fenêtre tout en parlant. Son regard était perdu dans le vide alors qu'il narrait sa vie. Il ferma les yeux quelques instants, chassant les souvenirs douloureux qui venaient de s'insinuer dans son esprit, puis les rouvrit et se retourna, souriant à l'ange qui écoutait son histoire. C'était la première fois qu'il parlait de son passé à quelqu'un, et il se sentit soulagé de s'être enfin dévoilé.

- Je suis désolé de vous importuner avec mes histoires, mon passé n'est pas des plus gais, et l'on peut difficilement me faire oublier que ma vie est basée sur ces meurtres et bien d'autres ainsi que d'indicibles horreurs que je préfère taire. Vous savez, j'aimerai sincèrement ne plus jamais à avoir à me servir de Fureur, et vivre une vie normale dans ce monde ... Mais je sais que c'est impossible.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Lun 18 Nov - 21:05
"J'ai vu beaucoup des vôtres être torturés par notre sang" Malgré ma tentative pour minimiser le "problème" qui séparait intrinsèquement nos deux races, il avait repris un ton grave. Le souvenir que je repoussait avec application depuis des années, le souvenir qui menaçait chaque jour mon désir de pardonner sans condition, ce souvenir revint avec force. Va t-en, je ne veut pas de toi maudite mémoire, apporte moi des souvenirs qui me feront grandir, qui me donneront de la force, mais pas celui ci. Il n’éveillera en moi que des sentiments mauvais et inutiles.
Odeurs, images, son, sensation, ... par fragements ils venaient tous heurter le bouclier mental que je formait contre ce souvenir. Je me sentait prête à ceder quand la voix de Carnothaur me ramena à la réalité.

Le démon livrait son histoire, avec une simplicité, une honnêteté touchante. Il ne cherchait pas à prouver quoi que ce soit, il ne cherchait pas à me convaincre ou à se lamenter, mais faisait le récit de sa vie sans le moindre filtre. Il l'exprimait comme il la ressentait, comme il l'avait vécu. Ces souvenirs lui revenaient grâce aux cicatrices qui parcouraient l'ensemble de son corps, comme pour lui interdire d'oublier son passé.

Je recevait ce témoignage de vie en silence, avec respect pour cet homme qui avait traversé une vie bien plus mouvementé que la mienne. Je découvrais qu'il avait du faire des choix difficiles, affronter les siens, renier son camp, ... Pire encore, il se trouvait par sa sensibilité en décalage avec les siens, avec sa race. Pour moi, petite ange surprotégée par sa famille pendant toute sa vie, les miens représentaient un repère et une source d'espoir infinie.

Le destin semblait s'être acharné sur Carnothaur et je me sentait revoltée par cette injustice. Pourtant lui avait gardé son integrité, ses rêves ; "j'aimerais sincèrement" disait-il . Mais son espoir lui, semblait s'être envolé. "Je sais que c'est impossible". 

Encore une fois, je n'osais pas la même sincerité que lui. Qu'aurais-je put dire, sinon un malheureux "je suis désolée", si loin de ce que ressentait reelement? Allais-je lui faire une leçon de morale sur la Vie dont je ne connaissait rien? 
Face aux personnes qui expriment une telle peine, je ne pensait pas être capable de les sortir du gouffre par de simples mots. Je pensait meme que personne n'est capable de les aider ainsi. Parce que ce ne serait pas les aider mais vouloir faire à leur place, alors que seule leur volonté, seul leur coeur peut les faire sortir des ces abymes. 
Hors de question cependant de laisser quelqu'un dans un tel precipice. J'avais ma propre methode, qui valait ce qu'elle valait, peut etre pas grand chose, mais qui refletait on ne peut mieux mon caractère. A defaut de pouvoir le sortir par moi meme de ce gouffre, je pouvais y descendre avec lui, lui redonner l'envie de remonter, l'espoir d'y arriver. 

Pendant qu'il parlait, je m'était emparée d'un grand carré tissu que je jugeait suffisament hermetique. Profitant qu'il me tourne le dos, les mains protégées par le tissu, je saisit son bandage de fortune et, d'un geste sec, le tranchait à l'aide d'un petit couteau en prenant soin de ne pas blesser Carnothaur. 

- Désolée, mais si cette autre femme a eu le droit de vous soigner, je ne vois pas pourquoi vous me le refuseriez, declarais-je pour justifier mon geste, sourire malicieux aux lèvres et une pointe de jalousie dans la voix. 

Je grimaça à la vue de la plaie; profonde, elle menaçait de se refermer avant même d'avoir été désinfectée. Certe, une fois ramenée à la taille du géant qu'elle blessait, la blessure pouvait être relativisée, mais pour une personne normale comme moi ce coup aurait été mortel.  

Tandis que je retirait toute trace de sang sur le dos du démon, sentant ses muscles sous le tissu qui protégeait mes doigts, je sourit. Un simple geste de sa part aurait suffit pour me tuer, sans que cela ne lui coûte le moindre effort. Et pourtant je ne me sentait pas en danger. Pire encore, je me sentait en sécurité, plus que jamais. Là, en train de soigner un démon contre sa volonté, en train de soigner un démon de la même race que ceux qui avaient tué mon père, en train de soigner ce qui aurait du être ma plus grande peur, j'était entièrement confiante. 

- Vous ne devriez pas dire que les choses sont impossibles. Regardez vous, vous êtes dix fois plus fort que la moyenne des êtres sur cette terre. Si vous n'arrivez pas à faire abdiquer l'impossible, personne n'en sera jamais capable! 

Je retournais à mon armoire prendre un produit pour désinfecter la plaie, ainsi qu'une compresse propre. En revenant vers Carnothaur, je m’arrêtai devant lui pour planter mon regard dans le sien en exprimant d'une voix douce mais qui vibrait de toute la conviction que j'y attachai:  

- Vous n'avez pas le droit de perdre espoir. Il y a trop de beauté dans la vie pour y renoncer. Une seule seconde de joie mérite à elle seule une vie entière de souffrance. Un geste heureux a plus de prix que des années de combat. Un instant d'amour balaie des siècles de haine. 

Mon rythme cardiaque ayant légèrement accéléré pour ces derniers mots, je changeait rapidement de sujet. En désignant le produit que je tenait à la main, je demandai avec humour; 

- Est-ce que, s'il vous plait, vous accepteriez de me laisser finir mon travail? Non pas que je me soucie vraiment de votre autorisation, mais ça risque de piquer un peu et je ne voudrais pas que vous m’assommiez par réflexe. 

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Lun 25 Nov - 22:37
- Désolée, mais si cette autre femme a eu le droit de vous soigner, je ne vois pas pourquoi vous me le refuseriez.

Souriante, mais catégorique. Carnothaur n'avait d'autre choix que de la laisser s'occuper de la blessure, bien à regrets. En effet, pendant qu'il parlait, l'ange était allée chercher son matériel de "chirurgie" dans une armoire. Le démon ne put s'empêcher de sourire, approuvant le grain de malice de la jolie jeune femme. Elle était exactement ce dont il avait besoin pour être heureux, tout en ne pouvant s'empêcher de penser qu'elle, la douce ange qui éprouvait une répulsion viscérale pour toute forme de violence, lui était inaccessible, à lui, le démon qui combattait la totalité de sa propre race pour survivre pratiquement chaque jour depuis sa désertion. Et pourtant ... Une femme aussi jolie et agréable que Thaïs, et surtout qui n'avait pas l'air de le trouver repoussant. Peut-être avait-il trouvé une nouvelle vie ?

Elle était dans le dos du démon, occupée à observer la plaie causée par la flèche, tandis que lui parcourait le salon du regard. Il frissonnait pour une raison inconnue lorsque les doigts de la femme parcouraient sa peau, sans que la douleur n'y fut pour quelque chose. La température de son corps était en train de chuter, il en était certain, et cela l'inquiétait quelque peu. Il espérait qu'il n'avait pas été empoisonné par la flèche de l'autre démon ...

- Vous ne devriez pas dire que les choses sont impossibles. Regardez vous, vous êtes dix fois plus fort que la moyenne des êtres sur cette terre. Si vous n'arrivez pas à faire abdiquer l'impossible, personne n'en sera jamais capable!

Mais à quoi sert la force lorsque la personne qui la possède pense que son existence est une aberration ?

- Vous n'avez pas le droit de perdre espoir. Il y a trop de beauté dans la vie pour y renoncer. Une seule seconde de joie mérite à elle seule une vie entière de souffrance. Un geste heureux a plus de prix que des années de combat. Un instant d'amour balaie des siècles de haine.

Quelle beauté dans ces termes ... Un élan le poussa à se retourner, à la regarder une fois encore profondément dans les yeux et à lire son esprit, puis à l'embrasser si il y trouvait un écho à ses propres sentiments. Mais elle dévia rapidement le sujet avec humour :

- Est-ce que, s'il vous plait, vous accepteriez de me laisser finir mon travail? Non pas que je me soucie vraiment de votre autorisation, mais ça risque de piquer un peu et je ne voudrais pas que vous m’assommiez par réflexe.

Carnothaur sourit, amusé.

- Allez-y, comme vous pouvez le voir, j'ai l'habitude, dit-il avant de serrer fort les dents.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Ven 29 Nov - 13:28
Avec son autorisation, je désinfectai soigneusement la plaie, regrettant d'avoir perdu mes dons de guérison angéliques qui m'auraient permis de le soigner sans douleur.
Je ne disait plus rien mais ce silence ne m'était pas pesant. Concentrée sur ma tâche, je jetait le tissu qui m'avait protéger du sang du démon, avant de lui faire un bandage plus adapté que sa cape. Celle-ci gisait encore au sol et je voulut la prendre pour la jeter à son tour, ensanglanté et déchirée elle ne lui servirait sans doute plus. Mais mes doigts se refermèrent sur une partie trempée par le sang du démon et je relâchai vivement le tissu en masquant la douleur par un claquement de langue agacé. Avant que la brûlure ne me ronge la peau, je plongea ma main dans de l'eau, soutenant le regard de Carnothaur. Trop fière pour admettre la souffrance et surtout pour reconnaître qu'il avait eu raison en disant que je me ferait mal en voulant le soigner, je souris sans peine, sans regret pour ce que je venais de faire. Quelque chose me soufflait que si nous voulions marcher ensemble vers l'avenir, il m'arriverai souvent de souffrir de nos différences. Mais comme je venais de le dire par moi meme, "une seule seconde de joie mérite une vie entière de souffrance".

Derrière son regard rouge sang, je ne doutait plus une seconde que son esprit malmené par la vie avait gardé toute sa douceur, toute sa pureté. Les expériences l'avaient forcé à développer une incroyable carapace de violence, d'insensibilité et il ne parviendrait peut être pas à se débarrasser de cette protection rapidement. Mais il ne pouvait pas me cacher le coeur de chair, le coeur d'or qui battait avec humanité dans sa poitrine. La délicatesse de la main sur ma taille, la chaleur de ses lèvres sur les miennes restait le témoignage le plus évident de la sensibilité de Carnothaur.

Sortant de ce souvenir à regret, je déclarai:

Je ne peut pas faire mieux pour l'instant, c'est déjà un miracle que vous teniez debout, il vaut mieux que vous dormiez rapidement.

J'ouvrai la porte du salon qui débouchait sur un long couloir dans lequel je m'engageai, suivie du Démon.

Les bâtiments ne sont pas très grands, vous vous y retrouverez vite.
Le rassurais-je pendant que nous traversions le château. Et j'ajoutai en m’arrêtant pour me tourner vers lui. Mais je pourrais te guider chaque fois que lui souhaitera. Je serais là si besoin, si tu le veux.

Encore une petite bougie posée dans la nuit. Pour lui faire comprendre, et pour m'aider à me comprendre. Certes, j'aurais aussi le prendre dans mes bras, lui exprimer la foule de sentiments qui agitaient mon coeur, lui dire que je voulais un avenir avec lui, ... Mais la chose était si belle que je souhaitait lui donner sa force à travers l'attente, laisser le temps poser les bases solides d'une union qui semblait si fragile même si elle brillait avec évidence. Carnothaur, si impulsif et different de moi, pourrait-il comprendre cela? Nous étions diamétralement opposés par notre histoire, notre race, nos comportements, nos habitudes... Et malgré tout cela, je ne doutait pas.

Arrivés à destination, je lui ouvrit la porte de la seule chambre d'invité où le lit ne serait pas trop petit pour le Démon.

- Si vous pensez avoir besoin de quelque chose, n’hésitez pas. Je suis là pour cela et rien ne ferais plus plaisir que de pouvoir vous être utile! Je ne pense pas que vous ressortirez de mes terres rapidement, c'est dangeureux et vous devez prendre le temps de guérir, donc installez vous bien, comme chez vous!

Sauf qu'il n'a peut etre pas de "chez lui", songeait-je, attristée. Je ferais tout mon possible pour cette demeure soit un lieu de paix et de tranquilité pour lui... en esperant que, une fois gueri, il ne disparaisse pas trop loin...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Ven 29 Nov - 21:02
Le démon se laissa faire, envoûté par la douceur et la dextérité des gestes de la belle ange. De temps en temps, un sursaut de douleur le faisait tressaillir, mais rien d'insupportable. Cette situation avait quelque chose d'agréable même, et malgré son caractère habituel, il se sentait véritablement en paix, et ce pour la première fois de sa vie. Carnothaur se mit alors non plus à rêver, mais bel et bien à se projeter dans un avenir calme, paisible et plein de bonheur. Était-ce là le pouvoir de guérison de l'ange ? Il en doutait, car les soins qu'elle lui prodiguait se faisaient par voie physique et non magique. Peut-être s'agissait-il tout simplement de la simple présence de l'ange qui lui faisait tant de bien. Le démon sourit, avant de tirer une grimace tandis que la femme passait un produit désinfectant sur la plaie. Il crut à un moment la sentir tressaillir, mais il ne se retourna pas, attendant qu'elle ait terminée ses soins et qu'elle lui autorise à lui faire face à nouveau, ce qu'elle fit peu après.

- Je ne peut pas faire mieux pour l'instant, c'est déjà un miracle que vous teniez debout, il vaut mieux que vous dormiez rapidement.

Le démon se retourna pour la regarder à nouveau dans les yeux et sourit. Il en fallait bien plus pour le terrasser, mais elle avait raison, cette blessure était douloureuse et il allait très vite avoir besoin de se reposer, bien qu'il désirait plus que tout passer la nuit dans les bras de la jeune femme. Il se mit alors à imaginer cette éventualité. Comme cela devait être agréable de sentir un petit corps de femme recroquevillé et serré tout contre soi, tout paisible, seulement animé par une profonde respiration. Il s'imaginait passant doucement sur le visage de l'ange, puis sur ses bras, et enfin sur ses hanches, avant d'entreprendre le chemin inverse. Contrairement aux autres femmes attirantes qu'il avait rencontré jusque là, quelque chose en lui lui interdisait d'avoir des pensées salaces, et aucune ne vint perturber son esprit. Seulement la paix et l'amour ... Deux mots qui étaient totalement étrangers à la vie du démon.

Lorsqu'il sortit de sa rêverie, Thaïs s'était approchée de la porte du salon et lui indiquait de le suivre, ce qu'il fit sans se poser de questions. Elle l'emmena à travers plusieurs couloirs, d'un pas assez lent pour qu'il puisse profiter des œuvres d'arts que l'ange possédait.

- Les bâtiments ne sont pas très grands, vous vous y retrouverez vite. Mais je pourrais te guider chaque fois que lui souhaitera. Je serais là si besoin, si tu le veux, ajouta-t'elle, pour le plus grand plaisir du démon.

Il ne savait pas si ces dernières paroles sous entendaient quelque chose, mais il avait remarqué que cela faisait plusieurs fois qu'elle tentait de se rapprocher de lui. Se pouvait-il que l'ange éprouve les même sentiments que lui ? Il l'espérait de tout son coeur, et il se promit de le découvrir rapidement. Il sentait au fond de lui que quelque chose était possible, et que son rêve de bonheur pouvait se réaliser avec elle, mais il avait toujours cette peur de se fourvoyer ...

Ils arrivèrent dans une grande chambre avec un grand lit, visiblement taillé pour accueillir plusieurs personnes. Elle était décorée sobrement, avec une commode et un grand miroir, ainsi que deux grands tableaux, l'un représentant un ange, et l'autre une démone.

- Si vous pensez avoir besoin de quelque chose, n’hésitez pas. Je suis là pour cela et rien ne ferais plus plaisir que de pouvoir vous être utile! Je ne pense pas que vous ressortirez de mes terres rapidement, c'est dangeureux et vous devez prendre le temps de guérir, donc installez vous bien, comme chez vous!

Le démon hésita longuement avant de lui répondre, si bien qu'elle commençait à se retirer. Alors il pris son courage à deux mains et lui attrapa la main pour la retenir :

- Attends ! J'ai juste besoin d'une chose, je voudrais te remercier pour ce que tu as fait pour moi. Peu de gens auraient risqué leur vie et mis à mal leurs convictions pour un inconnu comme tu l'as fait pour moi. Tout ce que tu m'as dit et fait m'a fait réfléchir, et je pense qu'il est possible que je vive une vie sans mort et sans combat. Peut-être ...

Il déglutit, imaginant tout ce qu'il était possible de se passer dans les prochaines minutes.

- Peut-être que tu aimerai faire partie de cette vie ?

Sans même s'en rendre compte, il s'était baissé et approché de la jeune femme, perdu dans ses yeux. Leurs lèvres se touchaient presque, plus que quelques centimètres ...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Sam 30 Nov - 8:33
Je m'appretai à sortir de la chambre pour laisser le nouveau propriétaire s'installer, quand la grande main de Carnothaur se referme sur la mienne. Je regardai un instant mes doigts retenus par les siens avant de relever la tête vers lui.

- Attends ! J'ai juste besoin d'une chose, je voudrais te remercier pour ce que tu as fait pour moi. Peu de gens auraient risqué leur vie et mis à mal leurs convictions pour un inconnu comme tu l'as fait pour moi. Tout ce que tu m'as dit et fait m'a fait réfléchir, et je pense qu'il est possible que je vive une vie sans mort et sans combat. Peut-être ...

Peut etre? J'essaie de déchiffrer dans son regard les paroles qui suivront. Je les devines sans oser les formuler et reste silencieuse, écoutant Carnothaur avec attention, coeur grand ouvert.

- Peut-être que tu aimerai faire partie de cette vie ?

Je cédai alors, tous les verrous de la peur s'effacèrent et je me blotti contre lui, scellant d'un même mouvement mes lèvres aux siennes avec douceur pendant un court instant.

- Oui. Murmurai-je à son intention, Et même si ta vie doit encore rencontrer des batailles et des cadavres, j'aimerai que tu m'acceptes auprès de toi dans ces moments. Je voudrai que toutes les peines que tu affrontes soient aussi les miennes, et que toutes mes joies puissent te soutenir aussi.

Je sourit légèrement, mais mes yeux embués et brillants trahissaient l'explosion de sentiments qui me donnaient l'impression d'être partie sur une autre planète.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Lun 2 Déc - 18:35
Et là, alors qu'il avait peur d'un refus, l'impossible se produisit. Elle l'embrassa à pleine lèvres, comme il le désirait si ardemment depuis ce tout premier baiser dans l'auberge où il s'était arrêté plus tôt. Et dans les bras l'un de l'autre, le temps s'était tout simplement arrêté. Bien que leur baiser n'avait duré qu'un très court moment, le démon avait eu l'impression qu'il était éternel. Elle resta un moment dans ses bras avant de tendrement lui murmurer à l'oreille :

- Oui. Et même si ta vie doit encore rencontrer des batailles et des cadavres, j'aimerai que tu m'acceptes auprès de toi dans ces moments. Je voudrai que toutes les peines que tu affrontes soient aussi les miennes, et que toutes mes joies puissent te soutenir aussi.

Elle lui sourit, tentant maladroitement de lui cacher la foule d'émotions qui la submergeait, mais il s'en rendit compte à ses yeux embués. Elle aussi attendait visiblement quelque chose de Carnothaur et elle avait été comblée. Le démon, quand à lui, ne savait pas trop comment procéder dans ces cas-là. Les seules larmes qu'il avait jamais fait couler étaient des larmes de douleur et de désespoir, mais maintenant il était la source du bonheur de quelqu'un, et cela lui fit ouvrir les yeux sur ce qu'allait devenir sa vie. Tant qu'il restait auprès de Thaïs, Carnothaur se sentirai bien, et surtout, il ne risquerait pas d'attirer l'attention des sbires d'Aile Ténébreuse, même en plein coeur de leur territoire.

- Merci ... Grâce à toi je me vois un nouvel avenir plein de beautés, dit-il avant de l'embrasser à nouveau.

Ce nouveau baiser fut plus long que le premier, mais tout aussi magique, tant il était étourdi par ce qui venait de se passer. Il la serra une fois encore contre lui, de peur que tout cela n'était qu'une illusion ... De peur qu'elle parte aussi vite qu'elle était arrivée dans sa vie. Il aurait aimé rester là, et parler avec elle toute la nuit, jusqu'à ce qu'elle s'endorme d'épuisement contre lui, alors il serait resté à veiller sur elle. Ou encore qu'elle lui fasse visiter ses terres, déguster son meilleur vin ... Mais alors il se demanda, que pouvait-il faire pour lui rendre service à elle qui prenait tant de risques pour lui ? Mais il ne pouvait assurément pas gâcher ce moment, alors il se contenta de sourire, du premier vrai sourire plein de sentiments de sa vie entière.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Jeu 5 Déc - 8:13
- Merci ... Grâce à toi je me vois un nouvel avenir plein de beautés.

Dans les bras de cet immense homme, Thaïs ne se sentait ni écrasé, ni petite. Rayonnante, elle avait ce sentiment des soldats montants au combat avec enthousiasme. Elle se battrais pour Carnothaur, elle était prête à tout donner pour lui permettre de retrouver une vie, des repères, de la joie.

Mais elle n'imaginait pas que les épreuves se présenteraient si vite. En effet, a peine avait-elle ouvert la bouche pour s'adresser au démon, elle fut interrompu l'irruption d'Avrem dans la chambre. Le souffle court, l'air inquiet, il sembla a peine remarquer que Thaïs était blotti contre Carnothaur meme si la jeune femme cru voir dans ses yeux un soupson de surprise qui trahissait les pensées d'Avrem: "mais qu'est ce qu'elle a encore fait!". Mais quand il prit la parole, Thaïs comprit qu'ils avaient des soucis plus important à se faire:

- Des soldats... Dans le hall d'entrée... Je n'ai pas reussit à les maintenir dehors...
La petite ange glissa ses doigts entre ceux du démon, tant pour se donner du courage que pour le retenir, craignant qu'il descende repousser ces soldats a sa manière.
- Qu'est ce qu'ils veulent? Ils vont fouiller le domaine?  
- Non, demande juste à te parler. Ils savent que tu es là, soit nous les tuons, soit tu va essayer une voie plus diplomatique...
Malgré la fatigue, Thaïs sourit; la question entre les deux issues proposées par Avrem ne se posait même pas. Carnothaur risquait d'être moins facile à convaincre mais elle ne lui laisserait pas le choix. Hors de question qu'il aille se battre maintenant, surtout dans son état.

- Vous deux, restez ici.
Elle regarda le démon avec amour et autorité. Reste ici s'il te plait, fait le pour moi.

Et elle ouvrit la porte pour se glisser dans le couloir et aller expliquer à ces messieurs que ce n'était pas une heure pour venir visiter le vignoble.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Jeu 5 Déc - 14:49
L'ange dans les bras, le démon semblait être dans une sorte de rêverie, dont il aurait souhaité ne jamais être tiré. Mais la réalité s'abattit brusquement sur eux, lorsque le valet de Thaïs, ou du moins c'est ce que pensait le démon de cet homme, entra dans la chambre. Ses yeux lorsqu'il les vit voulaient tout dire, il désapprouvait largement le rapprochement entre sa maîtresse et le démon. Avait-il raison ? Carnothaur espérait que non, mais les doutes de l'homme ne contribuèrent pas à lui offrir une place dans son coeur, loin de là. Mais il se retint de dire quoi que ce soit, surtout que les nouvelles qu'il apportait n'étaient pas très bonnes :

- Des soldats... Dans le hall d'entrée... Je n'ai pas réussi à les maintenir dehors...

Déjà ? Ils n'avaient pas perdu de temps. Le démon sentit sa colère monter, et il voulut serrer ses poings, mais les petits doigts doux de l'ange s'infiltrèrent, rassurants, au creux de ses mains de brutes. Aussitôt, sa colère disparut, comme par magie, et il se souvint qu'il lui avait promis de tout faire pour que leur bonheur soit sans tâche.

- Qu'est ce qu'ils veulent? Ils vont fouiller le domaine?

- Non, demande juste à te parler. Ils savent que tu es là, soit nous les tuons, soit tu va essayer une voie plus diplomatique...

Les tuer serait difficile, avec cette blessure ... Et puis il ne pouvait pas, du moins pas devant Thaïs, il n'en avait tout simplement plus le droit. Il ne bougea pas, faisant confiance à la maîtresse des lieux et à sa diplomatie.

- Vous deux, restez ici. Reste ici s'il te plait, fait le pour moi.

Elle l'avait regardé avec des yeux si doux qu'il ne pouvait pas lui désobéir, même s'il en avait envie.

- Fais attention à toi je t'en prie ...

Le démon aurait aimé l'embrassé avant qu'elle s'en aille, mais elle devait partir s'occuper de cette histoire. Même s'il s'y était attendu, il se sentit vide lorsque leurs doigts se quittèrent. C'était fou à quelle point lorsqu'elle était près de lui, elle le transformait en un véritable petit enfant, insouciant, plein d'envies et d'avenir. Le dénommé Avrem était resté avec lui, et son regard s'attardait bien trop sur le démon à son goût, si bien qu'il lui demanda :

- Il y a un problème ?

On eut dit qu'il avait été piqué par une araignée venimeuse lorsque Carnothaur lui posa la question.

- Vous allez lui apporter malheur, vous n'avez rien à faire avec elle.

Le démon ricana, sincèrement amusé. Se pouvait-il que l'homme soit également amoureux d'elle ?

- Jaloux ? Tu n'as pas ton mot à dire, alors laisse-là et occupe toi de tes oignons ...

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Mar 10 Déc - 21:58
En traversant sa demeure d'un pas rapide, Thaïs repensa à Carnothaur, resté sagement comme elle le lui avait donné. Elle savait que cela coûtait au Démon, et qu'il le faisait avant tout pour elle. Elle se doutait aussi que tout n'était pas gagner d'avance, que dans d'autres circonstances Carnothaur serait moins facile à convaincre. Mais elle savait d'avance que, s'il devait un jour se laisser dépasser par la colère, elle ne pourrait le lui reprocher. Comment lui demander de changer complètement sans transition? Il avait vécu des années dans la noirceur des combats, les larmes de sang, les cris de haines et Thaïs ne souhaitait pas qu'il renie cette partie de son passé. Il lui faudrait l'accepter, comme le papillion doit reconnaître son passé de chenille.
Elle sourit en pensant à cette dernière comparaison. Un démon et un papillion, rien que ça.

Tachant de peindre un air sevère sur son visage, elle poussa la grande porte du hall d'entrée où ses deux visiteurs l'attendaient.

- Messieurs? Que puis-je pour vous en cette heure tardive?
Ils echangèrent un regard, et le plus petit d'entre eux prit la parole.
- Excusez nous pour cette intrusion, mais nous avons reçut des ordres très stricts...
Thaïs masqua son inquiétude par un sourire compréhensif et lui fit signe de poursuivre.
- Notre Caporal Chef est inquiet, nous n'avons pas reussit à retrouver le criminel, il rôde certainement dans la region et ...
- Et? Votre caporal chef est inquiet, j'en suis bien désolé, mais je ne me suis pas engagée comme psychologue pour l'armée de notre puissante Aile Ténébreuse!
L'homme deglutit et laissa la parole à son acolyte
- En fait, sans vouloir vous faire paniquer, not' caporal il craint fort que le monstre ne cherche à revenir tuer ceux qui auraient été témoin de l’événement.
- Qu'il réussisse à rentrer ici et vous ... couik!
Un main sur la bouche pour cacher son sourire amusé, les yeux écarquillés pour feindre la peur, Thaïs recula d'un pas.
- Ici? Vous croyez? Par AT, mais c'est terrible!
- Il n'y a rien de sur, et prendre peur serait bien inutile. Mais le caporal voulait etre sur que vous aviez bien tout verrouillé et que vous êtes en securité.
L'ange hocha vivement la tête.
- Je vais m'en assurer immédiatement, les murs de la propriétés sont solides mais je connais un homme au moins aussi fort que ce démon qui saura m'en proteger. Merci beaucoup d'être venus ici pour me mettre en garde, transmettez mes salutations a votre Caporal. Et bon courage pour vos recherches!

Elle les raccompagna jusqu'à l’extérieur du domaine et ferma soigneusement après eux. "Pauvres soldats... pensa-t-elle, ils risquent de passer des heures à chercher dans le froid et la nuit. J'aurais du leur proposer de rester dîner..."

Remonté dans la chambre, elle retrouva Carnothaur et Avrem, dans une ambiance légèrement tendue. Étonnée, elle ne les questionna pas, se contentant d'un regard surpris et leur raconta rapidement sa discussion avec les soldats. Avrem hocha la tête, et sortit de la pièce, le visage dur. Thaïs soupira et se laissa tomber en arrière sur le lit. De là, elle observa Carnothaur, et son bonheur éclipsa tout ses soucis.

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Tout nous sépare ... et pourtant ... Sand-g10Jeu 12 Déc - 14:28
L'homme de main de Thaïs se garda de lui répondre quoi que ce soit, mais il sentait dans ses yeux une profonde colère. Le démon ne pût que réprimer un sourire : que savait-cet homme de la véritable colère ? L'avait-il déjà éprouvé ? Cette brûlure qui ne s'arrête pour ainsi dire jamais, qui vous pousse à prendre des vies et des vies, sans le moindre remords. Que pouvait-il savoir de tout cela ? Il s'apprêtait à lui demander franchement, d'homme à homme, ce qu'il lui avait fait pour mériter son aversion, et surtout s'il savait lui-même pourquoi sa présence lui faisait éprouver de la colère, quand Thaïs revint. Elle avait l'air légèrement désolée, mais pas assez pour annoncer une grave nouvelle.

Ce fut confirmé quand elle leur raconta ce qu'il avait été dit avec les soldats. Visiblement ils étaient à sa recherche, mais ils avaient suffisamment confiance en elle pour aller le chercher ailleurs. Se pouvait-il que Carnothaur ait, en plus d'avoir trouvé l'amour et une raison plus que valable de changer de vie, découvert en Thaïs une redoutable protectrice, à sa manière ?

Lorsqu'elle eut terminé son récit, le dénommé Avrem hocha sèchement la tête et sortit de la pièce en manquant de claquer la porte. Ils étaient désormais à nouveau tous les deux, seuls, et pour un moment cette fois. L'ange alla s'allonger sur le lit et se mit à contempler le démon en souriant. Sourire qu'il lui rendit alors qu'il s'empressa de la rejoindre et d'également s'allonger, face à elle, en tirant une grimace lorsque se plia sa blessure au dos. Pourtant il sentait que quelque chose la tourmentait.

- C'est à propos d'Avrem ? Il ne m'apprécie guère, mais je ne doute qu'à toi il restera éternellement fidèle. Il m'a tout l'air d'un homme dévoué, et c'est sûrement pour cela que je l'effraie. Il pense que je ne t'apporterait aucun bien, et j'espère, oh oui j'espère, qu'il a grand tort !

Sans attendre de réponse il l'embrassa tendrement, tout en lui caressant doucement les bras et les hanches.

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