[HRP : Désolé pour cette introduction un peu courte...
J'espère que tu prendras autant plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire ! Enjoy.
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Ton parrainou.
« Il suffit ! » hurlèrent les villageois de Stol. « Nous réclamons justice ! » réclama l’une. « Où est l’Armée d’Aile Ténébreuse ?! » accusa l’autre. La situation pour les concitoyens devenait insoutenable. Il s’agissait du sixième meurtre depuis douze jours… ou plutôt douze nuits ! Les deux premières se soldèrent par des disparitions curieuses. Rien d’extrêmement alarmant, on pensa que ces deux-là s’étaient absentés durant plusieurs jours. Après tout, l’un d’entre eux était un marchand véreux et il était normal de le penser en train de faire ses arnaques dans une communauté voisine. A ce moment-là, rien ne permettait de lier ces deux disparitions. Seulement, la troisième nuit ne se déroula pas vraiment comme les précédentes. Daoric, le berger de Stol, entendit depuis son humble masure, son troupeau s’agiter. Etait-ce un vilain loup ? Ils étaient monnaie courante et on luttait difficilement contre cela. Stol était un village très éloigné de la capitale, bien au-delà des frontières du Grand Lac des Plaines Mystiques. Ainsi, les soldats de l’Empire d’Aile Ténébreuse ne venaient que très rarement par ici. Ils n’avaient entre autre qu’une petite milice inexpérimentée, montée sur la seule base du volontariat. Daoric saisit alors sa fourche, sa seule arme pour se défendre en cas d’attaque, elle était aussi son outil de travail. Le vieux paysan prit la porte de derrière, il ne voulait pas se faire surprendre par l’hypothétique créature lupin. Seulement… L’évènement suivant dépassa toutes ses imaginations. Alors qu’il s’approcha discrètement de l’enclos de ses bêtes, il constata qu’elles étaient en train de bêler dans une direction commune. Son regard suivit celui des moutons et il ne savait pas très bien s’il devait mettre cela sur le compte de son imagination. Il lui sembla percevoir une ombre se déplacer à vive allure dans la pénombre, trainant au sol une autre masse. Un enlèvement, pensa-t-il ? Il préféra ne donner aucun crédit à cette scène et retourna se coucher.
Le lendemain matin, le maire de Stol annonça pour la première fois une disparition. Ils ignoraient qu’il s’agissait en réalité de la troisième. Il s’agissait d’Edith, sa propre femme. On pouvait alors en convenir que la situation était alarmante car Edith n’avait tout simplement aucune raison de quitter la demeure de son époux en pleine nuit. Daoric ne pouvait plus que se rendre à l’évidence : et si cette masse trainant par terre la nuit précédente était Edith ? Ironiquement, il le souhaitait. Daoric ne voulait pas être emprunt à la folie, l’heure n’était pas encore venue pour lui de développer une quelconque maladie mentale. Evidemment, personne n’accepta de croire à sa théorie de l’enlèvement. Tout d’abord, le maire de Stol refusait d’accepter une telle chose, c’était tout à fait irrationnel. Après tout, si cela avait été l’œuvre de brigands, une demande de rançon ne serait-elle pas déjà parvenue ? Et puis, la délinquance n’était pas habituelle dans un tel recoin du royaume. C’était même peut-être la première fois qu’un tel drame arrivait à Stol.
La quatrième nuit, tourmenté par ce qu’il était désormais persuadé d’avoir vu, Daoric ne trouva pas le sommeil. Pourtant, aucun évènement exceptionnel ne se déroula cette fois-ci. L’esprit lourd et inquiet, il finit par trouver le sommeil tardivement. Le lendemain matin, en l’absence d’une quelconque demande de rançon, une partie des villageois furent mobilisés pour organiser des recherches dans la région. Le maire de Stol avança que sa femme était peut-être partie se promener dans les bois et avait peut-être fait une mauvaise rencontre, voire peut-être même un simple accident ? La réponse devait forcément se trouver là-bas. Quelle fut alors la surprise de la milice de bel et bien découvrir un cadavre dans un buisson à seulement quelques kilomètres d’ici ? Encore plus lorsque celui-ci est une personne que vous connaissez ? Ce n’était fort heureusement pas celui d’Edith mais de Janneth. La toute première victime encore non dévoilée ! Janneth était une femme célibataire, la trentaine d’années, herboriste par-dessus le marché. Elle vouait une véritable passion à la faune et à la flore, il n’était donc pas étonnant de ne pas la voir à Stol durant plus d’une semaine. En effet, les découvertes intéressantes exigeaient parfois des voyages plus ou moins long. Son cadavre était à lui seul une véritable scène de crime, elle fut poignardée à une trentaine de reprises. Des trous allant du bas du ventre jusqu’au sommet de son cou. Un expert aurait pu découvrir un indice capital permettant de faire gagner un temps précieux mais finalement, cette histoire de trous les dépassa tout bonnement. Un rapport fut envoyé à la ville la plus proche mais des renforts mettraient plusieurs jours à arriver. Un puissant sentiment d’insécurité gagna rapidement Stol.
Au lendemain de la cinquième nuit, ce fut des pleures qui ébranlèrent le village. Pas de nouvelle victime à déclarer, non, seulement la découverte de la seconde. Il fallait alors se souvenir du marchand véreux, le dénommé Tiredon. Un personnage grossier et impopulaire, tentant par tous les moyens d’extorquer ses concitoyens à la limite de l’illégalité. En temps normal, un décès naturel n’aurait choqué personne, il n’aurait d’ailleurs manqué à personne. Seulement… Sortez de chez vous un beau matin, rendez-vous à la place publique et découvrez un corps suspendu à une corde à l’entrée de la porte de la taverne environnante, les deux mains liées tenant maladroitement la tête de son propre cadavre. Cela fait réfléchir, n’est-ce pas ? Qui pouvait bien donc être le fou souhaitant faire naître la terreur dans le village jusqu’à présent sans histoire de Stol ?
L’avant dernier jour de la semaine, une surveillance nocturne fut enfin mise en place. Stol n’accusait toujours pas d’une réponse d’un envoi de renfort prochain, à croire que cela n’était pas dans les priorités de l’Armée de l’Empire d’Aile Ténébreuse. N’était-ce pas un peu vrai en même temps ? Le temps savait qu’une aide bienveillante leur serait envoyée d’ici quelques jours mais nous n’y étions pas encore. Cette nouvelle nuit remettait en scène Daoric, le berger de Stol. Les habitants du village se calfeutraient comme ils le pouvaient chez eux et ce dernier n’échappait pas à la règle. Cependant, de simples planches de bois recouvrant une fenêtre pouvaient-elles empêcher le pire cauchemar de Stol d’agir ? La réponse fut évidente lorsqu’un bruit assourdissant l’extirpa de son léger sommeil. Les planches de bois avaient disparu et deux yeux d’un ton rouge écarlate étaient en train de l’observer. C’était… elle ? Daoric détaillait maladroitement un visage de femme. Pour le moment, seuls ses yeux et sa chevelure d’un noir ténébreux lui marqueraient l’esprit. La fenêtre de la masure de Daoric se brisa ensuite et l’individu souleva d’une seule main un corps qu’elle lança dans la demeure du berger. Daoric refusait d’y croire et lança non seulement un hurlement de terreur mais aussi pour avertir la milice. Ce serait malheureusement trop tard, le « monstre » avait déjà disparu. L’identité de la victime fit que Daoric éclata en sanglot. C’était Edouard, son disciple, le jeune adolescent qui un jour devait reprendre son exploitation.
Quatre meurtres en six jours. Oui, il fallait bien se rendre à l’évidence désormais, le maire de Stol ne retrouverait jamais son épouse. Très curieusement, les quatre nuits suivantes se déroulèrent sans le moindre fait aggravant à signaler. Quelque part, la créature mystérieuse cherchait peut-être à jouer avec les nerfs des villageois, les éprouver, les pousser dans leurs derniers retranchements. Cette pause ne fut finalement que de courte durée. Le onzième et douzième jour se démarquèrent par deux nouveaux enlèvements. Et toujours aucune réponse des forces de l’ordre. Quelques villageois, trop apeurés, étaient déjà partis de Stol pour s’installer beaucoup plus loin. Pourtant, ce fut ce douzième jour qu’il arriva.
Un homme portant en lui la foi de Yehadiel, un homme étant connu et reconnu autrefois comme étant un véritable symbole pour le « Bien. » Cette sombre affaire était finalement remontée jusqu’à Sen’tsura et en raison de la proximité lointaine entre les deux endroits, on déchargea cela à la cavalerie d’Aile Ténébreuse. Ainsi, le Lion d’Or ou encore Lysandre d’Astalith arriva en plein milieu de journée au village désespéré de Stol. En effet, la Commandante de la Cavalerie de l’Armée d’Aile Ténébreuse, Ruby Blake, décida de le mettre sur ce coup. Les quelques indices échangés par le biais de la missive portaient à croire qu’il ne s’agissait pas l’œuvre d’un simple être humain. Quelque chose de bien plus sombre menaçait la sécurité du peuple. Le Paladin de Yehadiel était alors le meilleur élément à envoyer là-bas. Lysandre fut reçu avec beaucoup d’anxiété et d’amertume de la part des villageois, quelques peu surpris de ne pas voir débarquer une véritable cohorte de démons. Du centre de la place publique, le Lion d’Or déclara un discours se voulant être rassurant.
Citoyens de Stol ! Votre appel à l’aide, votre appel au secours ne sera pas vain ! Je suis Lysandre d’Astalith, Lieutenant et Second de la Commandante de la Cavalerie de l’Armée d’Aile Ténébreuse, Ruby de la famille Blake du Coudray.
Ce qui est arrivé ici est intolérable. Je partage avec vous vos souffrances et je pleure la perte de vos proches. Soyez rassurés, Yehadiel veillera sur eux jusqu’à la fin de l’éternité.
Je vous jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon sang, que je mettrai un terme à toutes vos souffrances. Celui ou celle qui est l’auteur de ces exécrables méfaits devra répondre de ses crimes !
Le Lion d’Or ne vous laissera jamais tomber ! Entendez-vous bien ?! Jamais ! Pour Yehadiel ! Pour la Lumière ! Justice sera faite !Des applaudissements commencèrent à se faire entendre. Le discours bienveillant d’un homme qui l’était tout autant faisait l’effet d’un baume au cœur de ces citoyens perdus et à l’avenir plus qu’incertain. « Nous voulons des actes ! Des preuves de ton courage ! » « Pas une perte supplémentaire ! Nous avons déjà trop perdu ! » Effectivement, parfois les mots ne suffisaient pas. Des actes ? Le Lion d’Or était déterminé à leur montrer que lorsqu’il s’engageait dans quelque chose, rien ni personne n’était capable de l’arrêter. Le maire de Stol guida Lysandre jusque dans l’infirmerie du village afin de lui donner plus de détails sur cette affaire. On lui montra également le cadavre de Janneth, conservé tant bien que mal. Lysandre fut capable de voir après un examen visuel ce que le peuple n’avait pas pu discerner. Deux étranges trous dans la nuque, plus petits et moins épais que tous les autres coups de poignards… Serait-il possible que… ? C’était désormais une hypothèse plus qu’envisageable.
A l’aube de la treizième nuit, le Lion d’Or rassembla en dehors du village les hommes qui avaient encore le courage et la motivation de partager sa vision de la justice. Le vam… le meurtrier, tel qu’il l’énonçait devant eux, reviendrait très certainement. Lysandre ne tenait pas à le rencontrer et l’affronter au milieu de Stol, la population pourrait être aisément blessée. Il ferait en sorte de découvrir son repaire ou de le surprendre dans les bois, tout en faisant en sorte de ramener les dix hommes avec lui. A l’instar des stratégies employées autrefois par l’Ordre de la Rose Blanche, le Paladin de Yehadiel organisa plusieurs duos. Au nombre de cinq exactement. Il leur donna l’interdiction de se séparer. C’est ainsi que la sainte battue débuta. Forts et fiers de leur détermination, les dix semblants de héros et le Paladin s’enfoncèrent dans la pénombre de la nuit noire avec pour seule source de lumière des torches.
La sainte et vertueuse battue pouvait débuter.