« Him’Néa est définitivement le lieu que je préfère parmi tout ceux qu’on a pu traverser jusque-là ! » lança Elektra, les yeux pleins d’étoiles, alors que nous entrions dans la capitale de Silena. Elle disait ça à chaque fois, à chaque ville, chaque continent, l’émerveillement était le même à chaque nouvelle contrée. Nous avions passé deux ans à explorer les savanes dorées de Sahawi, avant que ma belle ne décide que nous devrions reprendre la route, à nouveau. Elle m’avait laissé le choix cette fois-ci, soucieuse de ne pas me forcer la main ou de m’agacer, mais finalement, je n’avais que faire de la destination, et c’est presqu’au hasard que je pointais la ville des Glaces sur la carte qu’elle me tendit alors. Tant qu'elle était à mes côtés, peu m’importait que nous dormions sous le ciel flambant des Terres du feu, ou celui gelé des Glaces.
Comme une enfant impatiente, Elektra descendit de son cheval avant même que ce dernier ne soit véritablement figé, contemplant les habitants peinturlurés d’un air aussi fasciné qu’innocent. Elle était radieuse, comme toujours, enveloppée dans son long manteau blanc de fourrure, sur lequel les flocons fondaient avec une délicatesse des plus élégante. Son teint laiteux de vampire passait pour commun au milieu des Silenastes, mais sa beauté n’en restait pas moins exceptionnelle, quel que soit le peuple environnant. « Que faites-vous ? Venez, j’ai repéré une maroquinerie juste là, voyons si le cuir d’ici est si fabuleux qu’on le dit ! Allez venez ! » me lança-t-elle avec cette étincelle d’excitation enfantine. Elle laissa échapper un petit rire galvanisé, et je lui adressais un sourire amusé en descendant à mon tour de ma monture. « Allons-y. » lui répondis-je en attrapant sa petite main.
Plus tard, nous posions enfin bagages à l’hôtel. Elektra se posa sur le lit, un livre épais qu’elle venait d’acheter à la main, avide d’en absorber le contenu en un temps record, comme elle en avait l’habitude. De mon côté je redescendais à la réception pour régler la chambre à l’avance, et, d'un même coup, me faire monter un repas. C’est une surprise des plus agréables qui m’attendait lorsque je remontais dans la chambre, puisque la belle s’était délestée de son long manteau, et de sa robe, ne portant plus que ses bas et son corset. « J’avais chaud mon époux, mais maintenant j’ai froid, voyez-vous ? » murmura-t-elle l’air joueur et provoquant. Elle n’eut point besoin de réitérer sa demande que je poussais la porte avec violence pour la refermer, en vain. Un bruit lourd me sortit de mon état de transe alors que j’allais la rejoindre, et je me retournais pour découvrir le réceptionniste et son plateau à terre, à moitié assommé par le coup de porte que je venais du lui asséner inconsciemment. « Vous allez bien ? » m’enquis-je en accourant à ses côtés. Elektra éclata d’un rire cristallin, avant de réaliser qu’elle était en tenue légère, et attrapa sa robe, la serrant contre elle pour se couvrir au maximum. J’éclatais de rire à mon tour, et le réceptionniste, gêné, reprit ses esprits. « Excusez-moi, je ne vous avez pas entendu arriver monsieur… » repris-je en ravalant mon hilarité tant bien que mal. Grincheuse, ma victime se releva sans un mot, tentant de garder l’air digne. « Je me suis annoncé pourtant monseigneur… voici votre repas, bonne soirée. » vociféra-t-il l’air sec en désignant le plateau renversé avant de faire demi-tour et disparaitre dans les escaliers. Elektra laissa tomber sa robe avec un sourire rieur, je refermais à nouveau la porte, enjambant le plateau. Le repas était servi, en effet.