Ca faisait longtemps... [PV Olaf & Elly] [abandonné] | |
| Sam 13 Aoû - 17:03 | | | | Tilamus... Cette cité, la plus grande des montagnes, était connue pour renfermer nombre de savoirs dans ses murs épais et solides. De plus, si elle est visitée par beaucoup de vagabonds et autres gens de passage, elle ne fut que très peu investie par les démons, ce qui offre un havre de paix pour les opposants à Aile Ténébreuse ou bien encore à ceux qui ne veulent pas marcher dans la rue sans rencontrer des vampires et d'autres monstres en tous genres.
Quelle était la raison d'Olaf d'être en ces lieux ? Eh bien, quand on est un érudit, la moindre chose que l'on fait est de voyager pour découvrir le monde, n'est-ce pas ? Et non seulement Tilamus était un havre de paix parmi les terres peu hospitalières qu'offraient la Montagne, mais en plus, elle permettait aux gens de se ressourcer, ou bien encore de se cultiver, tellement la cité des nains offrait un véritable trésor culturel et historique. Le mage, lui, était en ces lieux pour trouver des livres d'alchimie élémentaire. En effet, le vieillard souhaitait approfondir sa culture dans l'étrange art de fabriquer des potions et d'autres utilitaires magiques. Après tout, peut-être pourrait-il trouver dans ces livres quelques solutions pour apaiser son mal de dos persistant depuis quelques temps, ou bien encore un philtre contre l'insomnie. A Sent'sura, les bibilothèques ne proposaient plus des livres de magie ou d'alchimie, et on devait donc se rendre dans un endroit peu contrôlé par Aile Ténébreuse pour être sûr de pouvoir trouver les ouvrages que l'on voulait. Tilamus était l'un de ces endroits.
En ce jour-là ne se présentait ni le soleil ni la pluie. Juste une voile nuageux bas et clair. On ne savait pas encore si la pluie allait s'abattre, si le soleil osait enfin faire son apparition, ou bien encore si la situation allait rester telle quelle. Malgré ces nuages, la température restait plutôt agréable et on pouvait se promener en croisant de véritables merveilles d'architecture, notamment les célèbres tours biscornues de Tilamus, véritables prouesses architecturales taillées à même la pierre des montagnes.
C'est alors qu'après deux bonnes heures de marche dans les rues étonnamment peu denses de Tilamus, Olaf décida de faire une petite pause afin de prendre un peu le bon air que la journée lui offrait généreusement. C'est alors qu'en regardant au loin, l'ancien Mage de Guerre fut ravi de voir que le soleil commençait à chasser les nuages. Cela ne pouvait annoncer qu'une journée calme et paisible dans les montagnes de Terra.
Le vieillard prit le vieux sac qu'il traînait sur son épaule, l'ouvrit puis y en sortit une gourde faite de bois et d'un bonchon en liège. Non, ne vous inquiétez pas, ce n'est que de l'eau. Olaf en prit une gorgée et ne put s'empêcher de souffler afin de montrer à quel point il était soulagé de reposer ses jambes. C'est alors qu'en regardant à sa droite, il put distinguer une silhouette légèrement familière, elle aussi flânant au gré du vent dans les rues magnifiques de Tilamus. Ayant peur de se tromper de personne, il ne l'appela pas et attendait patiemment que la personne arrive vers lui et le reconnaisse. Après tout, si la personne lui était familière, l'inverse était donc vrai.
Mais il ne put s'empêcher de sourire quand il vit enfin précisément qui était cette personne. Il avait raison de la croire familière de son entourage.Tout en s'appuyant sur son bâton de bois, il se releva dans un léger gémissement et commença à s'approcher de cette personne, tout en faisant attention à ne pas être trop proche ; après tout, ses yeux pouvaient bien lui jouer quelques tours et faire prendre cette personne inconnue pour une personne qu'il connaissait bien. C'est alors que d'une voix de vieillard qu'elle reconnut sans doute tout de suite, il appela la personne ; une jeune elfe ; par son présumé prénom.
" Elly ? "
Si ses yeux étaient encore bons, il s'agissait bien de la jeune Elly Thunderblades. Le vieux mage, alors encore enfant, avait vu la petite Elly lors d'un voyage des parents du vieil Olaf, ces derniers étant à la recherche d'antiquités en tous genres. Les deux jeunes êtres s'étaient liés d'amitié au fur et à mesure de leurs rencontres, mais alors qu'Olaf vieillissait à grands pas, la jeune Elly grandissait bien plus lentement. C'est alors que les amis devinrent plus comme une fille et son père, une nièce et un oncle. Si le vieillard était biologiquement plus jeune que la jeune elfe, l’Éphémèrité de l'humanité faisait qu'Olaf était plus mature que l'Elfe, d'où ce changement de "statut". Elly estimait Olaf en tant que sage, et Olaf essayait tant bien que mal de conseiller la jeune Sylvestre dans ses moments les plus difficiles. Et il faut bien l'admettre, cette époque est tout sauf facile.
[Désolé, petit RP, je me rattraperai avec le suivant^^]
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| | Sam 13 Aoû - 18:55 | | | | D'aucuns savent que parfois les vieux démons ressurgissent du passé, aussi lointain soit-il. Qu'auraient dû faire les géniteurs d'Elly lorsque l'oracle s'était penché sur son berceau, et avait inondé ses langes d'un flot de paroles ? Qu'auraient-ils pu faire pour empêcher leur fille de devenir l'une des clé du destin de Terra ? Assurément peu de choses … Or cet appel du destin avait dores et déjà régi quatre-vingt années de sa longue vie elfique.
" Elle avait vu des individus mourir de vieillesse, elle avait aimé des gens, qui faute de mieux, avaient consacré leurs existences à l'aider, jusqu'à ce que leur souffle vital, la petite flamme qui les faisait être ... s'éteigne tristement."
Telles étaient les quelques phrases sur lesquelles la jeune sylvaine venait de refermer les pages de son ouvrage. Un livre emprunté à vrai dire, qu'elle offrit à un vagabond qui se trouvait là, assis en tailleur le long d'une ruelle relativement bien aérée. En mémoire de sa récente lecture, elle conclut elle même l'oeuvre sans en avoir lu le quart.
Car quelque soit le nombre d'amis que nous possédons, chacun d'entre nous mourra seul.
Son intense regard aux prunelles grises se posèrent sur la ligne d'horizon. Une belle journée s'annonçait, pourtant la belle était la proie d'effroyables idées noires. La distance qui la séparait d'Eliaz la rendait malade, le spectre de la guerre s'annonçant lui donnait du fil à retordre, et les responsabilités, fardeaux que ses épaules tentaient de supporter grandissaient et s'aggravaient avec le temps. Pour finir, la prophétie révélée par la prophétesse quelques jours avant icelui, la laissaient songeuse et profondément troublée par le nombre de tâches à accomplir. La plus grande ombre sur ce tableau d'ennui restait l'échiquier Terran, sur lequel Aile Ténébreuse rognait de plus en plus de pions et de garde-fous. Elly était perdue dans ce mélimélo incroyable … et pour être moins abscons, dans ce bordel inconsidéré.
Ses pas la conduisirent, sans qu'elle les dirige consciemment, dans une rue légèrement excentrée de la grande ville. Affligée, au point de ne plus savoir si sa philosophie de l'équilibre n'était pas en voie de se ternir, elle laissa son dos aller contre un mur et sa tête heurter sèchement la peinture craquelée. Épuisée … fatiguée d'aider les uns à prendre le pas sur les autres, lassée de jouer l'émissaire armé des nations, ennuyée de n'être qu'un vulgaire messager pour les uns, et parfois une véritable bénédiction pour d'autres. Qu'était-elle au final ? Que serait-elle à l'avenir ? Quand allait-on lui prendre la main et la guider, elle … L'elfe était considérée comme celle « tombant toujours au bon moment, là où l'on a besoin d'elle » ou tout l'inverse. Mais contrairement à cet impensable don d'ubiquité que l'on semblait lui attribuer, personne n'entrait jamais dans sa vie « au bon moment ». Et pourtant ce jour là …
Consciente qu'elle ne pouvait pas rester dans cet endroit durant des heures sans attirer l'attention, ( Elly mesurant quasiment un mètre quatre-vingt au milieu des nains, et ayant une longue chevelure dorée au milieu de tous ces barbus au crin noir ), celle qui était devenue la gardienne de l'équilibre reprit sa route, aussi droite que sa dignité encore entière le lui permettait. Ses hanches oscillaient délicatement au gré de ses pas, ses bras l'accompagnant en gracieux balanciers continus. Elle se frayait un chemin parmi les doutes et les remords, luttant à chaque instant contre ses incertitudes qui lui ôtaient toute joie depuis quelques semaines déjà. Soudain, une voix l'interpela … cela venait de quelques mètres devant-elle. Un vieillard à la longue barbe grise se trouvait là, les traits tirés, la voix et le physique esquintés par les années d'une vie probablement mouvementée. Elle le reconnut instantanément, malgré toutes les différences qu'elle avait pu constater en un laps de temps si réduit … elle en perdit ses mots, le ton de sa voix se brisa …
O … Olaf … c'est toi ….
Lui, il venait d'arriver au bon moment ... des larmes se mirent à couler abondamment sur ses joues. Oui, elle pleurait, elle qui exprimait rarement son ressenti, l'inflexible Thunderblades déversait un flot d'émotions sans pouvoir maîtriser cet événement. Exténuée, meurtrie après tant d'années passées à ne plus croire en rien, la belle Elly se laissa choir à genoux devant celui qu'elle considérait depuis si longtemps comme son oncle … son tuteur … son protecteur. Honteuse, à bout de nerfs, elle dissimula son visage dans ses mains et resta là, immobile, ne cachant plus sa peine. Une chance pour elle, la ruelle avait été désertée par tous les passants, les laissant seuls dans ce moment d'étrange recueillement.
Lentement, entre les doigts serrés de la sylvaine apparurent l'un des trésors les plus rares de ce monde. Des larmes d'elfe, ce peuple connu pour être d'une impassibilité à toute épreuve savait pleurer lui aussi, mais comme toute chose rare est précieuse, les gouttes qui s'échappaient de ses doux yeux étaient faites d'or liquide ...
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| | Sam 13 Aoû - 20:38 | | | | La jeune Elfe l'avait reconnu, malgré les changements qui s'étaient opérés depuis leur dernière rencontre... Combien de temps s'était écoulé depuis ? Le mage, ayant une mémoire un peu usée par le temps, avait du mal à trouver une réponse à cette question. Cinq ans ? Peut-être sept ? Le vieillard n'avait pas vraiment la notion du temps, tous les humains âgés ne l'ont pas, car leur vie devient une longue horloge qui égrène les heures, en attendant l'heure "H", celle où leur âme quittera leur corps et que celle-ci rejoindra les Limbes de Nayris. C'était la grande tragédie de la vie : les choses finissaient inévitablement par flétrir, faner, mourir, et même un mage avec un passé aussi glorieux que celui d'Olaf ne pouvait déroger à cette règle, et même les Elfes, êtres que l'on qualifie d'éternels, finissaient un jour où l'autre dans les abysses monstrueuses et envoûtantes du Royaume de Nayris.
La jeune Elfe était déboussolée par cette rencontre tellement fortuite qu'elle semblait écrite dans le marbre du Destin. D'ailleurs, elle semblait déboussolée par tout : son identité ; qui était-elle ? que devait-elle accomplir en ce monde ? ; elle commençait à avoir l'impression que ses actes n'avaient aucun sens, à part celui de suivre une ligne droite et interminable : son Destin, celui de rétablir l'équilibre, la Philosophie de la Balance. Par tristesse ou par joie, elle laissa ses jambes fléchir et rejoindre le sol rugueux de la cité Montagnarde, laissant déverser l'un des plus purs cadeaux de Terra : des larmes d'Elfes. Bon nombre de gens entendaient des légendes à propos de ces larmes, mais très peu d'humains ou de nains pouvaient se vanter d'avoir vu un Elfe pleurer ; un spectacle si touchant, si renversant ; si triste et pourtant si magnifique qu'il pouvait inspirer artistes, conteurs et autres raconteurs d'histoires et de légendes. La beauté de la nature à son paroxysme, un spectacle inoubliable et profond, même pour un être au cœur de pierre, à l'âme d'acier et aux veines remplies d'eau glacée.
Le vieillard, habituellement apte à ne laisser transparaître que de la mesquinerie, voire de l'ironie, laissa lui aussi ses sentiments profonds reprendre le dessus. Des sentiments qui régissaient la profondeur de ce personnage si simple et pourtant si mystérieux. Il ne pleura certes pas, mais il s'agenouilla devant elle, ses mains fines et lisses couvrant son visage baignés de magnifiques larmes dorées. Elle ne voulait pas montrer ses sentiments, sans doute à cause de sa réputation d'Elfe inflexible et émotionnellement peu épanouie. Ça faisait longtemps... oh oui, ça faisait longtemps. Doucement, sans aucun geste brusque, la main droite du vieillard - une main fripée et calleuse - vint retirer l'une des mains de la jeune Elfe. Si le visage d'Olaf avait changé, celui de la jeune Elfe était resté le même. Elle ne souffrait plus du temps, sa vie n'était pas une horloge qui égrenait les heures. Non, sa vie était un diamant éternel, pur et magnifique.
Le vieux Sage voulait rassurer la jeune femme, même si elle n'en avait sûrement pas besoin. Il voulait lui montrer à quel point il était heureux de la revoir, tout en conservant une retenue propre aux sages, aux érudits et aux mages. Sa main droite tenant toujours la senestre de la jeune femme qui avait relevé ses yeux baignés de larmes pour regarder le vieillard. Ce dernier se mit à sourire - un sourire rassurant, comme le sourire d'un père à son enfant.
" Oui, c'est moi Elly. Je suis là... "
L'ancien mage de guerre lui parlait comme à un enfant qui avait fait un long et terrible cauchemar. Il voulait lui montrer qu'elle n'avait plus à douter, plus à avoir peur. Elle n'avait plus à se réfugier : Olaf était là et il était prêt à tout pour l'aider, quelque soit son problème. Le vieillard, comme à son habitude, chanta une note d'humour, destiné à apaiser la jeune Elly qui semblait totalement bouleversée par cette rencontre.
" Il me semble que j'arrive au bon moment, n'est-ce pas ? "
Un sourire paternel aux lèvres, le vieillard ne put s'empêcher de rire. Un rire usé, bien que spontané, pour pousser la jeune Elfe à se remettre de ses émotions. Il lui apporterait son aide, il le voulait de tout son cœur. Il la prit dans ses bras, comme un père prend son enfant pour le protéger du monde extérieur. La seule différence à cette métaphore était qu'Elly pouvait parfaitement survivre au monde extérieur. Oui, mais pour combien de temps ? Même les Elfes les plus preux et les plus déterminés pouvaient souffrir du doute, tout comme les humains, les nains et autres créatures. Le doute était un sentiment universel et intrinsèque à toute espèce, si puissante soit-elle.
Il regarda Elly dans les yeux, puis avec son pouce dégagea les larmes d'or de sa joue. Ça faisait longtemps.
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| | Dim 14 Aoû - 19:12 | | | | Un nouvel espoir illumine mon ciel Doucement, comme un rayon de soleil au milieu de la tempête, le vieillard vient recueillir sur son visage l'une des mains de l'elfe. Démasquée, la belle aux yeux gris laissa peu à peu se tarir le flot de ses larmes, asséchant ses joues. Elle leva son regard vers lui et cela pouvait paraître fort étrange, mais rien que la simple présence de ce noble vieillard qui avait vécu tant de choses apaisait jeune la guerrière, pleine de fougue et de vie. Un contraste foudroyant, qui pourtant avait déjà été l'élément le plus éclatant de nombreuses victoires. Il avait essuyé ses pleurs sans sourciller, elle se devait de lui rendre le sourire qu'il attendait en récompense. Assise sur ses talons, Elly s'écarta quelque peu afin de pouvoir observer son interlocuteur dans son ensemble. D'une voix douce, elle opina tout en souriant enfin légèrement … l'orage était passé. Ça fait si longtemps Olaf. Vous ne pouviez pas tomber mieux qu'en ces temps de trouble.. Se donnant une petite impulsion, et surtout, une grande tape mentale, l'elfe se releva. L'érudit était plutôt grand, cependant il restait difficile de savoir si il s'était tassé avec le temps ou si Elly avait grandi depuis leur dernière rencontre. Mais une certitude s'affichait désormais clairement, lui n'était plus qu'une antique fleur fanée au regard encore vif, et elle, une jolie jeune femme. Malgré son excellente mémoire des événements récents comme anciens, il fut difficile pour la gardienne de compter le nombre d'années écoulées depuis leur précédente et brève entrevue, cependant elle se souvenait qu'Olaf n'avait alors que quelques cheveux grisonnants, et une carrure globale encore assez robuste pour participer à une bataille. Il devait avoir une quarantaine d'années en ce temps là, et elle avait quitté le royaume elfique depuis une petite décennie. Leurs retrouvailles avaient été l'objet de grandes discussions sur tout et n'importe quoi, il avait fait couler sur elle une pluie de conseils et de bonnes astuces pour faciliter son évolution à travers les territoires Terrans, mais depuis lors, leurs chemins ne s'étaient plus recroisés. Jusqu'à ce jour précisément … Venez avec moi Déclara t-elle paisiblement en tournant dans une ruelle adjacente. Bien qu'elle le considérait comme son tuteur et son mentor et malgré leur évidente proximité, l'elfe avait toujours eu la présence d'esprit de vouvoyer son ami d'enfance. Peut-être était-ce par respect pour une quantité d'expérience acquise plus vite, du fait de sa vie écourtée par sa race. En fin de compte, la raison importait si peu. Sans se hâter, Elly mena son compagnon sur un terrassement surplombant la ville. Des bancs avaient été installés là, propices à la contemplation d'un panorama assez unique en son genre, une cité au creux de la rocaille. Le laissant s'installer à sa guise, la jeune femme choisir quant à elle le muret lui faisant face. Tournant le dos au vide, elle se hissa sur ce dernier et croisa ses longues jambes, laissant ses pieds effleurer légèrement le sol. Aucunement honteuse de l'instant de faiblesse qu'elle avait éprouvé en le rencontrant, la gardienne était de nouveau calme et sereine, comme consolidée par une force très méconnue car intérieure. Son regard détailla son vieil ami, puis elle décida de rompre immédiatement le silence par une suite de questions assez naturelles. Où étiez-vous passé depuis le temps ? Avez vous connaissance de ce qui couve par delà les monts ? Que savez-vous sur la guerre rôdant à l'extérieur de nos murs ?Elly savait qu'elle pouvait se permettre de lui demander absolument tout ce qui lui passait à l'esprit. Olaf n'avait aucun tabou envers elle, il lui dirait tout ce qu'il savait, ou du moins, tout ce qu'elle avait besoin de découvrir sans mâcher ses mots. Il n'était pas qu'un mentor, mais aussi un allié de poids. Ayant à peine fini de poser ces quelques interrogations, la belle s'empressa d'ajouter une ultime question, celle qui lui brûlait probablement les lèvres depuis l'instant où elle l'avait aperçu dans cette ruelle étroite et bondée. Suis-je à la hauteur de ce que l'on attendra de moi …
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| | Dim 14 Aoû - 21:54 | | | | La jeune Elfe se calma. Son torrent de larmes s'était calmé, comme une aube ensoleillée après une nuit de tempête. Bien sûr, Olaf eût été orgueilleux de se considérer comme un Soleil pour Elly, même si l'on ne pouvait que constater le bienfait de la présence de l'ancien mage de guerre sur l'être sylvain, qui après avoir déversé un flot d'émotions se remettait peu à peu, dans l'espoir de retrouver la sérénité qui la caractérisait tant. Elly remercia d'ailleurs Olaf de sa présence si fortuite et pourtant si appréciée, voire nécessaire. Les temps troubles dans lesquels vivait le peuple de Terra avait réussi à insuffler doutes et peurs à la jeune Elfe. Quoi de plus normal, après tout, quand on sait que son Destin est étroitement lié à celui de ce monde maintenant menacé par des forces maléfiques et pas forcément démoniaques. Bien d'autres entités menaçaient l'équilibre fragile et magnifique de Terra, et ils n'étaient pas toujours dans le camp d'Aile Ténébreuse, certains considéraient même le Souverain Démoniaque comme leur pire ennemi.
" Ça fait si longtemps Olaf. Vous ne pouviez pas tomber mieux qu'en ces temps de troubles. "
" Et je tâcherai de t'apporter mon aide, comme je me suis toujours promis de le faire. "
Aider Elly semblait plus qu'une promesse aux yeux du vieil homme. C'était non seulement une promesse qui lui semblait indélébile et gravée dans sa mémoire, mais également un devoir, un but. Il connaissait le destin de la jeune Elfe, il était lié à l'histoire présente et future de Terra, et la jeune Thunderblades était celle qui devait ramener la paix sur cette terre qui était menacée par d'innombrables fléaux. La mort était partout, tout comme la haine, la vengeance ou la peur. Bien que les rencontres entre Olaf et Elly étaient peu nombreuses, irrégulières et très espacées dans le temps, le mage gardait toujours à l'esprit la chose qui lui importait le plus au monde : aider Elly. Il le devait et il le souhaitait, c'était devenu sa raison de vivre depuis qu'il avait quitté les rangs de l'Ordre des Mages de Guerre. La protéger et la conseiller : sa raison d'être.
L'Elfe donna une impulsion sur ses jambes et se releva, et le vieux mage en fit de même, quoiqu'il eut plus de difficultés étant donné le fait que ses nombreuses années vécues lui avaient quelque peu usé le dos. C'est pourquoi en se relevant, le mage ne put s'empêcher d'expectorer quelques jets d'air. L'âge le rendait plus vulnérable, moins puissant, plus enclin à mourir. Il ne pourrait bientôt plus aider la jeune Elfe, elle allait devoir agir et réfléchir seul, sans les conseils de son "mentor" et ami fidèle. A ce moment-là, le vieillard souhaitait vraiment que la crise serait terminée avant sa mort, il ne voulait pas que le jeune être sylvain voit le doute ressurgir en son esprit. Elly ne méritait pas ça.
" Venez avec moi. "
Le mage esquissa un léger rictus et suivit Elly dans les rues de la cité montagnarde. En entendant parler ces deux êtres, on pouvait vraiment voir que l'amitié s'était mue avec le temps en une relation "maître-apprentie". Le mage tutoyait l'elfe, l'elfe vouvoyait le mage. Bien sûr, ils restaient amis, et Olaf avait toujours un grand respect pour cette amie, mais il ne pouvait s'empêcher de lui parler comme à un enfant, non pas qu'il la considérant en tant que tel : il savait bien évidemment que ce n'était pas un enfant mais une guerrière Elfe confirmée. Mais même si un père a une fille adulte, il ne peut s'empêcher de penser que c'était toujours son petit enfant. Très vite, les deux êtres arrivèrent sur un genre de terrassement qui leur offrait une vue magnifique vers l'horizon. La terre, à l'arrière-plan, fusionnait avec le firmament au loin. La jeune femme s'installa à son aise tandis que le vieillard choisit de siéger sur l'un des bancs prévus à cet effet. La vue était magnifique.
La jeune Elfe rompit le silence de plusieurs questions qui avaient l'air de trotter dans sa tête depuis maintenant un long moment. Des questions naturelles, tout à fait normales, et elle avait naturellement raison de les poser, surtout à un ami comme Olaf, qui ne perdait jamais l'occasion d'éclairer ou de conseiller sa protégée par sa verve vive, ses connaissances ou sa philosophie.
" Où étiez-vous passé depuis le temps ? Avez vous connaissance de ce qui couve par delà les monts ? Que savez-vous sur la guerre rôdant à l'extérieur de nos murs ? "
" Que de questions. A la première question, je répondrai que j'ai quitté l'Ordre des Mages de Guerre et que je vis des jours "tranquilles" à Sent'sura. A la deuxième de tes questions, je pense que tout le monde sait ce qu'il s'y trame, moi y compris, mais que tout le monde préfère ne pas en parler. Et enfin, à la dernière question, je dirai que cette guerre est inévitable et qu'elle marque un tournant majeur dans le Destin de Terra... "
Il était évasif et précis à la fois, comme tout bon philosophe. Il offrait un point de vue à Elly sans l'assaillir de celui-ci, afin qu'elle puise se forger une idée fixe et définitive elle-même, tout en l'aidant. A l'avis du mage, c'était sans doute la meilleure chose à faire. Un silence court mais apaisant passa, puis elle décida de poser une autre question, sans doute la plus importante que la jeune Elfe avait à poser.
" Suis-je à la hauteur de ce que l'on attendra de moi… "
Cette question était plus épineuse et difficile qu'il n'y paraît, pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait pas de bonne réponse, comme il n'y en avait pas de mauvaise. La réponse, c'était elle qui devait se résoudre à la créer, bien que la mage pouvait avoir un rôle dans sa conception. Le regard du mage croisa celui de l'Elfe.
" Ce n'est qu'à toi d'en décider. Si tu te fais confiance, si tu ME fais confiance, alors tu seras à la hauteur de tous les obstacles qui se mettront en travers de ton chemin. Il ne tient qu'à toi de surmonter ces obstacles, mais sache que tant que je n'aurai pas perdu la vie, je serai là pour t'aider, comme je t'ai aidé du mieux que je pouvais lors de ta courte vie d'Elfe. Je t'en fais la promesse.
Je peux comprendre tes doutes, car ton destin rejoint celui de Terra tout entier. Le doute est plus souvent enclin à frapper les esprits forts que les esprits faibles, car les esprits les plus intelligents sont ceux qui se posent le plus de questions. Tu portes un lourd fardeau. Tu n'es pas le bien, tu n'es pas le mal. Tu es l'équilibre, et vivre dans un univers où cette notion d'équilibre perd peu à peu son sens peut te déboussoler. Mais une fois encore, sache que je serai prêt à t'épauler, comme je l'ai toujours été. Si ma puissance ne t'aidera pas à détruire tes ennemis, mes conseils sauront te guider dans tes heures les plus sombres. Une fois encore, je t'en fais la promesse. "
Ce court monologue sortait du fond du cœur. Tout en parlant, il avait pris son long bâton de bois dans les mains et le faisait tourner tel une hélice. Puis, toujours d'un calme d'acier, il posa son bâton de bois contre le muret sur lequel se trouvait la jeune Elfe. Il avait quelque chose d'important à lui dire.
" Je vais bientôt mourir, Elly. Même la plus puissante des magies n'y peut rien. Mes pouvoirs se sont affaiblis, mon corps devient de plus en plus altéré, mon esprit commence à devenir sénile. Et cette rencontre est peut-être la dernière. Mande-moi ce que tu souhaites, dis-moi ce que tu veux, car tu n'en auras sans doute plus jamais l'occasion. "
Le mage partait de l'optique que compte tenu de leurs rencontres rares et espacées, cette rencontre serait la dernière. Bien sûr, le destin pouvait en décider autrement, mais le vieillard souhaitait ne pas prendre de risques.
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