Lun 30 Sep - 13:00 | | | | « Cesse de fuir, affronte-moi ! » Jo'shua s’élançait à une vitesse fulgurante. Il déversait un déluge de coups vers son mentor. Arborant une posture très agressive qui ne faisait preuve d'aucune modération ni de prudence. Au fil des attaques de plus en plus rapides, il arrivait presque à atteindre son rival. Son adversaire se fatiguait à force d'éviter ses attaques, se disait-il. Quelques coups avait réussi à l'atteindre mais rien d'incapacitant. Il connaissait les points important à atteindre. Les yeux, la fosse nasale, la gorge et le plexus étaient des zones particulièrement dévastateurs. Les toucher était quasiment la victoire assurée. En second choix, la possibilité d'attraper une cheville ou un poignet lui donnerait la possibilité d'effectuer une clé pour immobiliser son adversaire. Fort de ces informations capitales dans l'art du combat à mains nues, le plus jeune redoubla encore de hargne.
Mais face à lui, il s'agissait d'Hai Duong, incontestablement le combattant le plus redoutable du monastère. Il connaissait très bien son adversaire, il lui avait lui-même enseigné les techniques d'attaque et même sans ça, son analyse de la situation lui aurait permit d'avoir largement le dessus. Ainsi, jouer sur la distance et rester hors d'atteinte des attaques de son élève ne lui demandait presque aucun effort. Il devait tout de même user de ruse quand son rival faisait preuve d'originalité dans ses assauts mais la différence de niveau encore une fois, était bien trop grande pour que le maître soit en danger.
A quatre heures de marche du monastère du Soleil, se dressaient les pics montagneux. Ces derniers étaient parfois enneigés et c'était le cas ce jour. Sur ce sol neigeux, un soleil brillant d'une manière étincelante. C'est dans ce lieu éloigné de toute forme de civilisation que les deux moines se livraient une confrontation depuis plus d'une demi-heure, et enfin, l'un des deux s'écroula au sol.« Comment t'ai-je battu ? - Un coup de poing … Dans le plexus … - C'est pourtant ce que tu as essayé de faire durant tout le combat. Pourquoi c'est moi qui ai réussi ? - Tu … Tu es trop rapide. - Non c'est faux. Tu es désormais aussi rapide que moi, même parfois plus. La différence c'est que tu mise tout sur l'attaque. Tu es persuadé qu'en frappant plus fort ou d'une manière plus précise, tu aura la victoire. Mais la victoire n'est qu'une conséquence, pas un objectif. - Alors quoi ? J'aurais-je du faire ? - Combattre ta propre impatience, Jo'shua. Attends le bon moment pour frapper, la contre-attaque sera toujours plus efficace que l'attaque. Regarde notre combat, tu as certes pu donner le premier coup, mais moi j'ai donné le dernier. Comprends-tu la différence ? » Fermé d'esprit et blessé dans son orgueil, Jo'shua se releva une fois son souffle reprit et chargea à nouveau son adversaire, toujours persuadé de pouvoir gagner. Mais cette-fois, alors qu'il lançait son poing au visage de son maître, son attaque fut stoppée par la main de son opposant. Il attaqua alors de son autre poing qui fut également arrêté de la même manière. Serrant les poings et donnant des gestes brusques pour se libérer, il avait l'impression que ses poignets pesaient des tonnes. Impossible de se défaire de sa prise … Soudain, ses deux pieds furent balayés sur le côté et Jo'shua s'écrasa douloureusement dans le sol neigeux. « Cette fois encore, tu donne le premier coup, je donne le dernier. Je viens de te l'expliquer mais tu n'écoutais pas. Rentrons au monastère maintenant. - Mais enfin, on commence à peine ! - Et nous avons terminé. Fais vœux de silence jusqu'au monastère et songe à ce que je t'ai dit. » Condamné au silence, Jo'shua fut très frustré de ne pas pouvoir à nouveau répondre. Cependant il avait beaucoup de respect pour son maître alors il observa un silence sans faille. Durant le chemin, il eut tout le loisir de réfléchir à la différence d'importance entre le premier et le dernier coup. Il en allait de même parmi les guerriers utilisant des armes. Effectuer quelques passes d'armes et attendre le bon moment, pour donner le bon coup … Tout devenait clair dans ses idées, sans même que son maître ne l'évoque, il saisit enfin l'importance de l'esprit dans le combat alors qu'avant, il était persuadé que tout n'était qu'une question de force, de technique et d’endurance. Le fameux équilibre entre le corps et l'esprit. Les enseignants en parlaient sans arrêt.
Dans les mois qui suivirent leur excursion, Jo'shua connu une progression fulgurante. Il ouvrait enfin son esprit à l'importance de la patience. Jusqu'à présent réduit à un niveau moyen, le disciple réussit à progresser jusqu'à devenir un guerrier redoutable au Monastère du Soleil.
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