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 Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur]

 
Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Ven 27 Sep - 8:45
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On était en semaine, plus précisément en fin d'après-midi et l'air commençait à fraîchir, signe que la saison estivale commençait à se retirer sur la pointe des pieds pour préparer le monde à son inévitable engourdissement. A Sen'tsura, capitale du monde civilisée connue pour son doux climat, cette passation se manifestait d'une façon à la fois plus discrète et prégnante : les fruits et légumes sur les étals changeaient de couleur, le niveau des bassins montait sensiblement et rongeait d'humidité les murs desséchés des quartiers deshérités, les gens se couvraient plus chaudement... bref, hommes et bêtes changeaient progressivement leurs habitudes.
Pour Leuffa, cela signifiait aussi un accroissement de son chiffre d'affaire, comme si ses clients cherchaient vaille que vaille à accumuler de la chaleur en prévision des mauvais jours, si possible les pattes posées sur une poitrine bien gironde. C'était même sans tenir compte des marins et des camelots qui venaient débarquer avec leurs marchandises toujours en plus grand nombre, peu désireux de se trouver sur l'eau quand les tempêtes commenceraient à poindre.

Vêtue d'une robe épaisse de couleur crème retenue à l'épaule par un fermoir de bronze, parée de bijoux aussi bien aux oreilles qu'aux poignets et les pattes sanglées dans des guêtres de cuir brun, la gnolle était en train de régler ce qu'il était convenu d'appeler un fâcheux. D'humeur vindicative, elle s'était rendue chez un marchand d'épice dont la boutique était sis comme son établissement à la périphérie des quartiers pauvres, mais de l'autre côté de la cité. Seule, puisqu'elle connaissait suffisamment son interlocuteur pour comprendre qu'il était ataviquement frappé du sceau de l'honnêteté mercantile, elle lui avait souris et l'avait laissé la conduire en arrière-boutique pour qu'ils puissent discuter à leur aise autour d'un verre de vin léger.
L'homme en question, Alfonso Grugio, tenait beaucoup du crapaud : petit au point de paraître tassé dans son fauteuil de velours ocre, adipeux, il était aussi bourrelé que ses yeux étaient ronds, presque exorbités par les cul-de-bouteille qui lui décoraient le nez. Sa principale différence avec ledit animal tenait surtout au fait qu'il était toujours écarlate. Pour tout dire, au milieu des étagères recelant des biens rares de mille contrées exotiques, il avait davantage l'air d'un bibelot animé que d'un être pensant, nonobstant le fait qu'il suait à grosses gouttes sous l'effet de la peur.

- Et moi qui vous pensait homme de parole, Grugio, dit Leuffa d'un ton qui voulait paraître peiné. Je vous ai payé d'avance, je vous ai accordé toute ma confiance, et au premier incident vous refusez de me rembourser au moins ma mise ? Je suis déçue.

- Je... notez bien que cela n'est pas entièrement ma faute, Madame. Rappelez-vous que je vous ai dit que cette opération comptait nombre d'impondérables, et que...

- Que nenni. Vous m'avez chaudement réconforté en arguant que je ne serai de ma poche que si vos mercenaires rentraient bredouilles, or ils ont bien trouvé quelque chose, quelque chose qui leur a été dérobé et qui selon les termes de notre contrat m'appartenait tout en demeurant sous votre protection ! Je suis donc dans mon droit pour exiger réparation, n'importe quel juge en conviendra !
Alors ? Comptez-vous tenir vos engagements ou doit-on régler ça devant la justice et ruiner votre précieuse petite réputation ?


Le marchand rougeaud se mit à pâlir, retrouvant ainsi un teint de terre cuite presque normal.

- I-Inutile d'en venir à de telles extrémités, Madame. Vous avez certainement aussi peu envie que moi d'être mêlé à un procès long et coûteux, d'autant plus que j'ai peut-être une solution.

D'une voix gouailleuse, l'avorton poussa un cri qui fit émerger d'un rideau séparant la boutique du salon un étrange individu. On eut dit un humain gigantesque tant par sa taille que par la densité de ses muscles, au crin noir et à la peau pâle couturée de cicatrices, n'eussent été les extrémités des oreilles pointues qui dépassaient de ses cheveux et le drôle d'appendice qui fouettait l'air nerveusement derrière lui et qu'elle ne parvenait pas à identifier. Un bretteur sans cervelle, probablement, mais qui parvint néanmoins à piquer l’intérêt de la gnolle.

- Ah, Carnathaur mon petit, tu tombes bien. Tu te souviens de cette expédition de chasse dont je t'avais parlé, celle qui avait mis la main sur cette fameuse dryade et qui a été attaquée sur le chemin du retour ? Et bien Madame Shteinguell ici présente en est la mécène. Je lui ai donné ma parole que je l'aiderai à récupérer son bien, et quand je dis « je », je veux dire « toi ». Fais comme tu l'entends, mais aide-la, tu seras gentil.

- C'est une plaisanterie, Grugio ? Vous voulez que moi, je me décarcasse avec l'aide de votre matamore pour réparer vos conneries ?

- C'est encore la meilleure solution, Madame. Vous êtes plus à même que moi de découvrir qui a commis ce larcin infâme, et nul doute que mon fidèle garde du corps ici présent saura vous être d'une aide précieuse... non ? Et si j'ajoute qu'une partie des frais seront à ma charge ?

- Disons tous les frais et nous commencerons à nous accorder. Et le musclé, il est muet ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Dim 29 Sep - 16:05
Sen'tsura ... Grande capitale de Terra Mystica, mais aussi lieu infesté de démons d'Aile Ténébreuse. Carnothaur répugnait à l'idée de risquer sa peau dans cette ville, mais l'affaire qui l'y traînait vallait plusieurs grosses pièces, et il en avait un réel besoin alors que la période estivale laissait peu à peu sa place à des températures plus rudes. Il ne savait pas si on l'attendait, ou si on pouvait le reconnaître à l'intérieur de la ville. Le "taureau rouge" s'avança en direction des portes, emmitouflé dans une cape noire brodée d'un taureau brisé, symbole de ce qu'il avait vécu une dizaine d'années plus tôt. Mais une fois qu'il avait pénétré la cité, il se rendit vite compte qu'il n'aurait aucun problème pour la simple et bonne raison qu'il était lui-même un démon et que personne n'irait vérifier s'il était un renégat ou non ...

C'est ainsi qu'il put s'émerveiller devant la beauté de Sen'tsura et découvrir ses magnifiques recoins.  Alors que le soleil était au zénith, il s'arrêta dans une auberge où il put se sustenter et se reposer dans l'après-midi. Une fois son litre de bière et son poulet rôti aux herbes et ses pommes de terres englouties, le démon décida qu'il était temps de retrouver son contact dans la ville, un certain Grugio, marchand quelque peu malhonnête qui lui avait promis gîte, couvert et monnaie sonnante et trébuchante en l'échange de son aide pour quelques affaires qui, selon lui, risquaient de mettre son commerce à mal. Le rendez-vous avait été donné vers le milieu d'après midi, sur la place marchande de la ville. Carnothaur croisa plusieurs fois quelques démons, dont certains qu'il avait croisé auparavant dans les combats ou sur Zelphos, il y en eut même qui attardèrent légèrement leurs regards sur son visage sombre, mais aucun ne dut le reconnaître et il se trouva au point de rendez-vous avec une grosse demie-heure d'avance.

Le démon prit alors son temps pour observer les merveilles architecturales de la ville. Il resta bouche bée devant la finesse des détails et le reste. Les hommes d'oeuvres qui avaient construits cette ville devaient être des artisans confirmés. Intéressé, Carnothaur se jura de revenir un jour dans la ville afin d'en apprendre l'histoire et les origines. Quelques temps après, un homme bedonnant, au visage de batracien s'approcha de lui, et le héla :

-Vous là ! Jeune homme, oui vous le grand avec la cape toute noire, approchez ! J'ai quelque chose de très intéressant pour vous.

Carnothaur comprit le message et suivit le marchand sans un mot quand ce dernier l’entraîna dans des ruelles sombres. Ils firent un détour par le plusieurs coins opposés pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis par des oreilles indiscrètes. Ils arrivèrent enfin devant une échoppe d'épices, vraisemblablement celle tenue par le gros homme. Le démon dut se baisser à l'entrée, car il était légèrement plus grand que l'encadrement de la porte du vestibule. Toujours en emboîtant le pas du marchand, le démon arriva dans une arrière boutique, dans laquelle flottait une odeur un peu rance. Le gros bonhomme s'assit sur une chaise devant un bureau de chêne et invita son hôte à faire de même.

-Bien le bonjour mon cher Carnothaur, je te remercie d'être venu. Cela fait déjà plusieurs semaines depuis la dernière fois, et je me réjouis de voir que tu sembles être intéressé par ce que j'ai à te proposer. Une expédition a été envoyée pour retrouver une dryade, mais elle a été attaquée et la dite dryade a disparu. Tu seras au courant des détails plus tard dans la soirée. Bien je te laisse un instant, j'ai fort à faire.

-...

Le marchand se leva alors, et claqua des mains. Une très jeune femme s'introduisit alors dans la pièce, apportant un plateau rempli de pâtisseries et un pichet de liqueur de fruits exotiques. Ils quittèrent la pièce ensemble, le marchand ayant la main posée sur le postérieur de la demoiselle, ce qui fit froncer les sourcils du démon. La porte se referma sur eux et Carnothaur se retrouva seul. La pièce n'était éclairée que par un mince filet de lumière s'échappant d'une minuscule fenêtre, et il y faisait un peu frais. Le démon avait du temps devant lui désormais, et il s'empressa d'invoquer Fureur et de l'aiguiser. Cela devait faire du bruit, mais personne ne vint s'en plaindre de toute l'après midi. Après une demi douzaine de petits fours au chocolat, et un demi litre de liqueur, somme toute assez forte, il entendit une conversation entre le marchand et une autre voix féminine. Puis le rideau s'ouvrit sur le gros homme et ce que la pénombre lui fit prendre au départ pour une femme assez grande, assez costaude avec de belles formes.

- Ah, Carnothaur mon petit, tu tombes bien. Tu te souviens de cette expédition de chasse dont je t'avais parlé, celle qui avait mis la main sur cette fameuse dryade et qui a été attaquée sur le chemin du retour ? Et bien Madame Shteinguell ici présente en est la mécène. Je lui ai donné ma parole que je l'aiderai à récupérer son bien, et quand je dis « je », je veux dire « toi ». Fais comme tu l'entends, mais aide-la, tu seras gentil.

Une gnolle ... pas aussi laide que celui qui avait fini les tripes à l'air quelques jours plus tôt en tentant de l'assassiner, mais pas tout à fait digne de confiance au premier coup d'oeil non plus.

- C'est une plaisanterie, Grugio ? Vous voulez que moi, je me décarcasse avec l'aide de votre matamore pour réparer vos conneries ?

Cela commençait bien, une grande gueule, ils n'allaient pas être amis ... Le démon n'avait toujours pas décroisé les bras.

- C'est encore la meilleure solution, Madame. Vous êtes plus à même que moi de découvrir qui a commis ce larcin infâme, et nul doute que mon fidèle garde du corps ici présent saura vous être d'une aide précieuse... non ? Et si j'ajoute qu'une partie des frais seront à ma charge ?

De mieux en mieux, ce crétin de Grugio semblait avoir peur de la femme. Au moins son travail se concrétisait, mais la gnolle n'avait pas intérêt de le chauffer sinon ...

- Disons tous les frais et nous commencerons à nous accorder. Et le musclé, il est muet ?

Elle n'avait pas tort, elle n'avait pas à payer pour une erreur de l'autre ... Le démon n'était pas au courant de tous les détails, mais il semblait qu'il ne tarderait pas à l'être. Il se leva alors et surplomba les deux autres de toute sa taille. Sans une expression sur le visage, il se pencha en direction de la gnolle.

-Je ne parle que lorsqu'il est nécessaire de parler. Cela vous pose un problème ?

Il ne se voulait pas menaçant, mais il est vrai qu'entendre cela d'un colosse de muscle et de chair pouvait être pris pour une déclaration d'hostilités. Mais il ne dit rien de plus, se contentant d'observer la gnolle et le marchand qui suait de plus en plus, en proie à une tension palpable.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Jeu 3 Oct - 1:51
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Si Leuffa ne fut nullement impressionnée par la carrure de son interlocuteur (des forces de la nature, elle en avait dompté des plus grosses que cela, que ce soit dans l'armée ou dans son village, et toutes avaient fini par plier genou devant elle un jour ou l'autre), elle ne manqua pas de remarquer que celui-ci savait montrer les crocs aussi froidement qu'efficacement, ce qui devenait rare de nos jours avec tous les vétérans de la guerre d'Aile Ténébreuse qui cherchaient à grappiller trois pièces en jouant les mercenaires aux torses bien huilés. Elle prit donc le temps de le toiser et de procéder un second examen, soutenant sans ciller son regard de braise et tentant de lire son passé au travers des nombreuses cicatrices qui zébraient sa peau.
Les poings sur les hanches, elle plissa le museau en sentant émaner de lui un mélange de cuir, de métal rouillé et de sang. Le fumet d'un guerrier, la marque d'un tueur patenté.

- Aucun, démon, répliqua-t-elle comme si elle crachait une insulte. Quand on m'impose une « aide », je la préfère aussi peu bavarde que possible. Mais sais-tu au moins de quoi il retourne ? Pas dans les détails, on dirait... alors ouvre bien tes oreilles pointues.

D'un geste négligent, La gnolle porta la main droite à l'échancrure de sa robe et sorti d'entre ses globes mammaires une carte qu'elle déploya sur la petite table devant elle après avoir déposé au sol le plateau d'argent niellé recouvert de pâtisseries et de thé qui l'encombrait. Il s'agissait d'une carte approximative des Plaines Mystiques entourant Sen'tsura, comportant les emplacements des principaux villages et surtout un mystérieux emplacement marqué d'une croix vers l'Est, à proximité de la frontière de la Montagne.

- Cela m'a pris des semaines pour obtenir ce bout de papier. Un jour, un nouveau client a raconté à une de mes filles qu'il existait une sorte de secte aux abords de la Montagne qui révérait une divinité des bois, le genre à qui on fait des sacrifices pour s'attirer des bonnes récoltes ou des délivrances faciles, tu vois ? Sauf que l'esprit en question avait l'air davantage porté sur la galipette que sur le sacrifices de biquettes, du coups ça m'a intrigué.

Leuffa releva la tête et regarda à nouveau le guerrier nommé Carnothaur avec un sourire narquois, dédaignant le pleutre Grugio qui semblait néanmoins rassuré qu'ils n'aient pas décidé d'en venir aux mains.

- Dans le genre de commerce que je tiens, il faut savoir se renouveler et proposer régulièrement de nouvelles surprises aux client. Croire aux dieux n'a jamais été ma tasse de thé, et je sais reconnaître une occasion quand j'en vois une, alors je me suis renseigné sur ce culte et j'ai amené quelques-uns de ses adeptes à me faire des confidences. Cela a été long, mais j'ai fini par apprendre où et quand ces fêlés se réunissaient pour leurs orgies, sans parler du fait que leur « déesse » ressemblait à un genre inédit de dryade. Comme je n'avais pas les capacités pour aller la chercher moi-même, j'ai sollicité l'aide de Grugio ici présent pour monter une expédition en l’intéressant aux bénéfices.
Il a recruté une équipe de mercenaires soi-disant expérimentés, et pour autant qu'on sache, ils ont réussi leur mission. Le hic, c'est qu'ils ont été attaqués sur le chemin du retour par quelque chose, et que les quelques pleutres à être rentés la queue basse sont infoutus de dire quoi. Des cultistes survivants ? Des rebelles en maraude ? Des saloperies de bandit ? Des croquemitaines croqueurs d'orteils ? Grugio n'est rien parvenu à en tirer, et il me refuse pour l'instant de me laisser leur parler, comme si c'était mon style de brandir le fer rouge avant de poser des questions...


La maquerelle lança une œillade acérée plus appuyée au marchand, comme si elle le mettait au défi de la contredire (alors qu'ironiquement il y avait un peu de vrai dans cette assertion). Puis elle soupira, passa avec une fausse nonchalance sa main droite dans sa crête de cheveux noirs et repris sur un ton rogue.

- Comme tu peux le voir, ton employeur préfères que nous courrions par monts et par vaux pour retrouver ma légitime propriété plutôt que de le forcer à cracher du bel et bon or. Cela se comprend, mais trouves-tu cela raisonnable, démon ? Le ferais-tu, à ma place ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Lun 7 Oct - 21:51
La gnolle n'avait visiblement rien à faire de la carrure du démon. Mieux elle paraissait s'en moquer intérieurement. Tant pis pour elle, elle n'aurait pas intérêt de se plaindre si elle retrouve ses tripes à l'air ! Elle posa les poings sur ses hanches avant de renifler bruyamment (quelle race étrange !) et de s'adresser à lui d'une manière visiblement neutre, mais dont l'air menaçant était à peine teinté.

- Aucun, démon. Quand on m'impose une « aide », je la préfère aussi peu bavarde que possible. Mais sais-tu au moins de quoi il retourne ? Pas dans les détails, on dirait... alors ouvre bien tes oreilles pointues.

Carnothaur roula des yeux avant de s''intéresser aussi peu que possible à ce qu'elle voulait lui montrer. Pitoyable jeune femme ... Un coup derrière la nuque et son air de suffisance serait à jamais tordu dans un rictus de douleur. Et puis, il avait Fureur ... toujours ... Le démon revint à ses pensées normales rapidement, plus vite ils en auraient fini, plus vite il pourrait retourner à son vagabondage. La gnolle ne sembla pas remarquer les pensées de violences du démon et s'en retourna très vite à ... sortir une carte qu'elle déploya sur la table préalablement débarrassée des déchets qui l'encombraient.
N'ayant toujours pas décroisé les bras le démon s'approcha de la carte et de la gnolle qui indiquait un endroit précis.

- Cela m'a pris des semaines pour obtenir ce bout de papier. Un jour, un nouveau client a raconté à une de mes filles qu'il existait une sorte de secte aux abords de la Montagne qui révérait une divinité des bois, le genre à qui on fait des sacrifices pour s'attirer des bonnes récoltes ou des délivrances faciles, tu vois ? Sauf que l'esprit en question avait l'air davantage porté sur la galipette que sur le sacrifices de biquettes, du coup ça m'a intrigué.

- ...

Elle le regarda avec un sourire pour le moins déplaisant. Carnothaur fronça les sourcils et découvrit légèrement ses dents. Il voulait du sang ! Il revint à lui presque aussi vite qu'il s'emporta. Tout ceci n'annonçait rien de bon concernant cette affaire, et tôt ou tard il allait devoir prévenir la femme qu'il était au moins aussi dangereux que l'expédition qui les attendait.

- Dans le genre de commerce que je tiens, il faut savoir se renouveler et proposer régulièrement de nouvelles surprises aux client. Croire aux dieux n'a jamais été ma tasse de thé, et je sais reconnaître une occasion quand j'en vois une, alors je me suis renseigné sur ce culte et j'ai amené quelques-uns de ses adeptes à me faire des confidences. Cela a été long, mais j'ai fini par apprendre où et quand ces fêlés se réunissaient pour leurs orgies, sans parler du fait que leur « déesse » ressemblait à un genre inédit de dryade. Comme je n'avais pas les capacités pour aller la chercher moi-même, j'ai sollicité l'aide de Grugio ici présent pour monter une expédition en l’intéressant aux bénéfices.
Il a recruté une équipe de mercenaires soi-disant expérimentés, et pour autant qu'on sache, ils ont réussi leur mission. Le hic, c'est qu'ils ont été attaqués sur le chemin du retour par quelque chose, et que les quelques pleutres à être rentés la queue basse sont infoutus de dire quoi. Des cultistes survivants ? Des rebelles en maraude ? Des saloperies de bandit ? Des croquemitaines croqueurs d'orteils ? Grugio n'est rien parvenu à en tirer, et il me refuse pour l'instant de me laisser leur parler, comme si c'était mon style de brandir le fer rouge avant de poser des questions...

- ...

Elle lança un coup d'oeil débordant de défi sur le marchand désarmé avant de se reporter sur le démon en soupirant. La gnolle commençait à amuser Carnothaur et son visage s'anima d'un imperceptible sourire.

- Comme tu peux le voir, ton employeur préfères que nous courrions par monts et par vaux pour retrouver ma légitime propriété plutôt que de le forcer à cracher du bel et bon or. Cela se comprend, mais trouves-tu cela raisonnable, démon ? Le ferais-tu, à ma place ?

Il ne répondit rien sur le coup, étudiant minutieusement la carte, et revoyant des souvenirs de quelque voyage passé dans le coin il y a quelques mois, afin d'y retrouver des points de repère. Tout devint plus clair en quelques secondes seulement et il se rassura, cela ne devrait pas être trop difficile ! Mais il s'inquiéta légèrement concernant ce qui avait pu attaquer le précédent groupe et également à propos de ... lui-même.

- Je préfère éviter d'utiliser le terme "employeur". Cette affaire me paraît assez compliquée et je ne pense pas être ici pour faire l'arbitrage de votre querelle, à moins que je ne me soit trompé en vous jaugeant ? Or vous avez demandé à Grugio de vous fournir quelqu'un d'efficace, et me voici. Je vous accompagnerai là où vous me le demanderez jusqu'à ce que cette affaire soit terminée, pas au delà.

Il s'éloigna de la table et marcha lentement, les mains dans le dos, avant de revenir près de la gnolle, qu'il dépassait assez facilement, le forçant à baisser les yeux. Il lui adressa alors un sourire carnassier, voyant déjà la réaction de la gnolle, et surtout de ce pleutre de marchand face à l'absence d'arme auprès du démon.

- Avez-vous une idée de ce que nous allons affronter là-bas ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Sam 12 Oct - 9:14
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A défaut d'avoir de la suite dans les idées, il semblait que comme tous les matamores de son espèce le dénommé Carnothaur aimait à soigner son petit numéro de guerrier sans peur aimant déployer sa dentition plus que de raison . Le coups du sourire plein de dents était un classique, surtout quand on pouvait se permettre de toiser son interlocuteur. En connaisseuse, Leuffa prit cette attitude pour ce qu'elle était, à savoir une démonstration de force, et se promit de garder à l'esprit qu'elle allait devoir faire équipe avec un représentant de l'une des races les moins fiables au monde, qui risquait déclencher un bain de sang à la moindre contrariété. Au moins était-il moins stupide qu'il n'en avait l'air, ce qui ne le rendait que plus dangereux.
Le fait qu'il ait tiqué sur l'emploi du terme employeur était également intéressant, puisqu'outre le fait de montrer qu'il semblait rétif à toute forme d'autorité même rémunératrice, il n'était en aucun cas le laquais de Grugio... ce qui signifiait que celui-ci ne l'avait pas payé pour lui trancher le col à l'écart de la ville et échapper ainsi à sa dette. Pour conserver la fidélité déjà précaire du cornu, il faudrait donc jouer à la fois sur le terrain de l'honneur et celui de l'or. Un défi intéressant à relever.
Pensive, la gnolle détourna un instant la tête avant de répondre à son massif interlocuteur.

- Aucune idée, mais quitte à parier je miserais sur un rival qui aurait suivis l'expédition et qui aurait attendu que les hommes de Grugio fassent le sale boulot à leur place avant de se servir. C'est ce que j'aurai fait, en tous cas. On va leur demander directement.
Grugio ? Dis-moi où on peut les trouver, ces gaillards.


- C'est à dire que, bafouilla le marchand en verdissant un peu. C'est un peu délicat. Ce ne sont rien de moins que des Lame d'Argent que j'ai soudoyé, et si vous vous mettez à poser des questions un peu trop, comment dirai-je, directement... la guilde entière risque de mal le prendre. J'ai beau les employer régulièrement pour mes transactions... vous comprenez ?

Poussant un soupir excédé, Leuffa se tassa un peu plus sur son siège et fixa le petit homme pendant que sa puissante pogne griffue malaxait machinalement l'air.

- Ce que je comprend surtout, c'est que tu as le choix entre me laisser résoudre TON problème sans faire de vagues et prendre le risque que je te fasse une réputation telle parmi tes collègues que tu mettras des années avant de décrocher un contrat plus important que de la vente de merde de cheval en gros. Dis-moi où sont ces types.

- La taverne de la Succube Flatulente, près de la porte Ouest de la ville, lâcha-t-il après une hésitation aussi perceptible que compréhensible.

- Parfait, parfait ! En chasse, donc, mon bon Carnothaur ! Réglons cette sombre foutaise au plus tôt et nous en rirons en buvant une pinte chez moi.

Sur ce, la gnolle se leva, rangea sa carte dans l'écrin d'où elle l'avait sortie, et sortit après avoir salué son hôte d'un signe de tête moqueur, son improbable compagnon sur les talons. Ils mirent près d'une heure à rallier le côté Ouest de la ville, mais ils n'eurent cependant pas de problème à trouver le lieu de débauche, qui malgré son nom infâme était une auberge tout ce qu'il y a de plus recommandable. La salle principale était en effet spacieuse et bien éclairée, les tables étaient raisonnablement propres, les serveurs des deux sexes aguichants mais pas provocants, et la carte fournie en mets à la hauteur de toutes les bourses. Presque tout le fond de la salle était occupé par un comptoir en bois précieux orné de gravures d'effigies de dieux locaux, traversé par un ballet de larbins allant et venant des cuisines, sans compter que ses flancs donnaient sur des escaliers menant à l'étage, probablement aux chambres pour les voyageurs. Accrochant quelques regards, Leuffa se dirigea droit aux bar et glissa quelques mots à l'attention du patron. Ils ne se connaissaient pas, mais quelques pièces glissées dans sa main assurèrent sa discrétion et surtout un signe de tête rapide en direction d'une tablée sur le côté gauche de la salle, où un quatuor d'humains passablement éméchés reprenaient en cœur des chants de guerre. Ils ne s'aperçurent de la présence de la femelle qu'une fois que celle-ci fut à portée d'haleine. Ils parurent tressaillir à sa vue, puis semblèrent se rappeler de l'endroit où ils se trouvaient et se rasséréner, retrouvant l'arrogance des ivrognes musculeux.

- Hoho, visez-moi donc le p'tit lot qui se ramène, déblatéra le plus râblé de la bande, un humain roux si petit qu'il aurait pu passer pour un nain des montagnes. Qu'est-ce qu'il y a, la gueuse, tu cherches un peu d'affection ?

- Je cherche plutôt des réponses, nabot, rétorqua la gnolle avec un sourire tors. Il y a deux jours, des porte-lames de votre guilde ont accepté une mission qui les a mené à l'Est des Plaines Mystiques, cela vous dit quelque chose ?

- C'est envisageable, répondit le second, un mastard taillé sur le modèle de Carnothaur mais habillé d'une peau d'un noir d'ébène. Mais d'une, je vois pas en quoi c'est ton problème, et de deux, si ça t'en pose un, tu va voir la guilde.

- Mon problème, « l'ami », c'est que c'est moi la cliente, et que vous avez foiré une mission simple. J'apprécierai donc que tu me donnes de quoi reprendre mon bien.

- C'est triste, mais tant pis pour toi, gueule d'amour, contre-attaqua son interlocuteur. Avec un sourire goguenard. On a rendu son fric à celui qui nous a embauché, et comme tu vois on pleure nos camarades, mais ça s'arrête là. Ensuite, si tu veux, je suis toujours prêt à donner de ma personne pour ces dames... me suis toujours demandé si celles de ton espèces étaient aussi poilues en bas qu'en haut.

- Je vois... de toute façon, j'aurais dû me douter que votre incompétence serait telle que vous seriez incapables de raconter vos propres exploits. Bah, au moins j'aurai essayé la manière douce. Carnothaur, veuillez les faire parler, je vous prie. Par là, je veux dire faites en sorte qu'au moins l'un d'eux soit capable de parler distinctement.

Les comparses éméchés mirent du temps avant d'interpréter ce qu'ils venaient d'entendre. Hélas, le premier réflexe du troisième larron, un humain au teint bilieux qui n'avait encore rien dit, fut de porter la main à la dague qu'il portait à sa ceinture. Et là, ce fut le drame.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Sam 2 Nov - 16:50
La gnolle et le démon n'étaient décidément pas faits pour s'entendre ... Elle ne pouvait pas le voir en peinture et lui non plus. Pourtant ils seront forcés de s'entendre, au moins pour cette affaire de dryade volée qui fait sortir la femme de ses gonds. Cette dernière obtint rapidement des informations au sujet de l'équipe payée par Grugio, le marchand pour obtenir l'objet que convoitait tant la gnolle. Il s'agissait de la guilde des Lames d'Argent, dont la réputation, jadis grandiose, atteignait désormais pratiquement le fond. Connus pour leurs bavures et leurs excès, ses membres sont pour la plupart des alcooliques notoires, organisateurs de soirées où se mêlent excès de boisson et débauche scandaleuse. Les rumeurs les plus effrayantes à leur sujet veulent que deux de leurs membres soient activement recherché dans le royaume de Glace, où ils seraient l'auteurs d'effroyables crimes. Mais tout cela paraissait exagéré aux yeux de Carnothaur, et les on-dit ne l'intéressaient guère. La seule chose qui importait à leur sujet était de savoir où ils se trouvaient et, dans le pire des cas, s'ils étaient de bons bretteurs ...

Or la première réponse vint de la personne de Grugio, qui affirma que l'on pouvait les trouver à la Taverne de la Succube Flatulente, dans le quartier Ouest de Sen'Tsura. Le démon ne connaissait absolument rien sur cette enseigne, pas même le nom du tenancier ou encore les spécialités du lieu, mais il avait un certain préjugé quand au nom plus que douteux de l'établissement. Il partirait donc "à l'aveugle", se calquant sur les pas de sa compagne d'aventure. Celle-ci, l'air décidé, rangea tout son attirail et se dirigea vers la sortie, le pas emboîté par le démon :

- Parfait, parfait ! En chasse, donc, mon bon Carnothaur ! Réglons cette sombre foutaise au plus tôt et nous en rirons en buvant une pinte chez moi.

L'intéressé se mit à sourire, sans rien répondre. Il espérait qu'elle ne disait pas cela dans le vent, car ses paroles n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Le soir était tombé, et un petit vent frais se glissait entre les bâtiments de la ville qui était encore animée. Au bout d'une petite heure, ils étaient arrivés devant la dite taverne. En pénétrant à l'intérieur, le démon se rendit compte que malgré son nom, cet établissement était tout à fait respectable. Les tenues des serveurs n'étaient pas trop vulgaires, et le comportement de la plupart des clients était correct. Mais une tablée de quatre d'entre eux attira l'attention des deux comparses. En effet, complètement soûls, les gaillards braillaient et piaillaient tout en complimentant une serveuse sur la qualité de son postérieur dès qu'elle passait près d'eux. Sur leur cape était brodé un motif reconnaissable : une épée d'argent. Sans aucun doute possible, il ne pouvait s'agir que des hommes qu'ils recherchaient, et c'est donc sans plus attendre que la gnolle s'approcha d'eux suivie de près par Carnothaur. Lorsque les poivrots se rendirent compte de la présence à proximité du démon et de la gnolle, on eu dit qu'ils tressaillirent un instant, avant de reprendre du poil de la bête. Le premier, un rouquin si petit qu'il ne pourrait pas même servir d'amuse-gueule à Carnothaur, ouvrit son bec :

- Hoho, visez-moi donc le p'tit lot qui se ramène. Qu'est-ce qu'il y a, la gueuse, tu cherches un peu d'affection ?

- Je cherche plutôt des réponses, nabot. Il y a deux jours, des porte-lames de votre guilde ont accepté une mission qui les a mené à l'Est des Plaines Mystiques, cela vous dit quelque chose ?

La gnolle était assurée, ce qui était une bonne chose. Puis, un malabar couleur d'ébène répondit à son tour :

- C'est envisageable. Mais d'une, je vois pas en quoi c'est ton problème, et de deux, si ça t'en pose un, tu vas voir la guilde.

- Mon problème, « l'ami », c'est que c'est moi la cliente, et que vous avez foiré une mission simple. J'apprécierai donc que tu me donnes de quoi reprendre mon bien.

- C'est triste, mais tant pis pour toi, gueule d'amour, repris le nabot. On a rendu son fric à celui qui nous a embauché, et comme tu vois on pleure nos camarades, mais ça s'arrête là. Ensuite, si tu veux, je suis toujours prêt à donner de ma personne pour ces dames... me suis toujours demandé si celles de ton espèces étaient aussi poilues en bas qu'en haut.

- Je vois... de toute façon, j'aurais dû me douter que votre incompétence serait telle que vous seriez incapables de raconter vos propres exploits. Bah, au moins j'aurai essayé la manière douce. Carnothaur, veuillez les faire parler, je vous prie. Par là, je veux dire faites en sorte qu'au moins l'un d'eux soit capable de parler distinctement.

Bien, il était temps d'avoir un peu d'action ... Le démon craqua les jointures de ses doigts avant de passer au premier plan, pendant que la gnolle s'effaçait.

- Avec plaisir !

Or, un autre des Lame d'argent, maigrichon doublé d'un visage écœurant, avait sorti sa dague et se lança maladroitement sur le démon, qui était déjà en posture de combat. Ce dernier le saisit au vol par le bras, sur lequel il exerça une violente torsion, de sorte que son adversaire lâche son arme en hurlant au moment où l'on entendit un "CRAC", puis l'envoya voler derrière lui où il s'écrasa sur une table au milieu des cris de paniques des autres clients et des serveurs. Alors que la salle commençait à se vider, les trois compagnons se levèrent et dégainèrent leurs armes. Le premier était armé de deux épées recourbées, mais émoussées; le second d'une masse d'armes qu'il était visiblement le seul, avec Carnothaur, à pouvoir ne serait-ce que soulever; et le troisième, qui était une femme, laide comme un pou, se battait avec deux haches aux courbes inquiétantes. Le démon sourit, tout en jaugeant ses adversaires, et tendit son bras droit vers le haut. Dans sa main apparut alors Fureur, toujours prête à boire du sang frais. En position de parade, il se tint prêt à accueillir ses adversaires.

Près d'une dizaine de secondes plus tard, le nabot attaqua le premier, chargeant directement Carnothaur, tout en poussant un cri de rage, qui se transforma en un râle de douleur lorsque le pied du démon le faucha en plein dans la face, le faisant s'écraser contre un banc en bois. Les deux autres hésitèrent, ce qui permit à la créature d'asséner un coup violent de son épée de haut en bas, que l'armoire des Lame d'argent put parer de justesse, sacrifiant le manche de sa masse coupé en deux. La femme courut alors secourir son compagnon mais fut fauchée par la queue du démon, et tomba lourdement au sol, se brisant le nez dans un autre "CRAC". Il ne restait plus que le grand costaud, mais il était déjà hors combat, effrayé par celui qui venait d'anéantir ses collègues. Carnothaur eut juste à ramasser les deux morceaux de la masse d'armes et à les jeter plus loin, hors de portée de leur propriétaire.

Il se dirigea alors vers le comptoir et déclara :

- Il est à toi maintenant, les autres sont inconscients mais pas morts. Je pense qu'ils se réveilleront demain matin, mais il leur faudra tous plusieurs mois avant de pouvoir à nouveau manier une arme. Il va falloir se dépêcher, les gardes arriveront d'une minute à l'autre. Pendant que tu l'interroge je vais me prendre une bière, tu en veux une ? Je te la paye si tu veux ...
Au fait ! La demie-portion a dit quelque chose qui me trouble ... Est-ce que tu es aussi poilue en haut qu'en bas ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Lun 4 Nov - 15:56
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Comme on pouvait s'y attendre de la part d'un mercenaire tel que Carnothaur, le combat avait été aussi rapide que spectaculaire. Pendant que les articulations des malandrins se brisaient, Leuffa s'était contentée de se tenir en retrait, tant parce qu'elle craignait un revers de fer que parce qu'elle voulait vérifier si son nouveau sbire se battait d'une façon aussi frustre que son apparence. Elle fut donc ravie de constater que non seulement il suivait ses ordres à la lettre, mais qu'en sus il avait pris l'initiative de ne tuer aucun de ses adversaires, ce qui leur simplifierait un peu la vie lorsqu'il leur faudrait s'expliquer avec le patron et les miliciens si ceux-ci daignaient paraître.
Faisant mine d'examiner l'état des griffes de sa main droite, elle ne manqua pas de remarquer qu'en égales proportions les clients quittaient la taverne pour éviter les ennuis ou se contentaient de s'éloigner pour jouir du spectacle en toute impunité. Même avec des clients aussi problématiques que les Lame d'Argent, il devait être rare de voir la Succube Flatulente en proie à un tel chaos. Qui sait ? Peut-être que le patron allait les remercier de l'avoir débarrassé d'eux ?
En tous cas, ce petit déchaînement de violence avait fouetté les sangs de la gnolle, et elle ne put s'empêcher de rire doucement à la remarque du démon tandis qu'elle s'emparait de la bourse de l'un des guerriers les plus mal en point du quatuor avant de la lui lancer.

- Ah ça, si tu veux le savoir il faudra le découvrir toi-même !
Prend plutôt ça au lieu de dire des sottises. Payes-toi ta bière à leur santé et excuses-toi auprès du tavernier pour le dérangement. Moi je vais parler un peu à notre ami Crin-noir.


Ne pouvant plus tenir sur ses jambes depuis que sa dignité avait été brisée en même temps que sa hache, le susnommé humain s'était effondré sur sa chaise tout en fixant tour à tour ses compagnons aux os rompus et le démon hilare. Ses yeux de bête acculées se posèrent enfin sur Leuffa, et ses lèvres se tordirent un bref instant comme si il allait lui cracher quelque chose d'infâme ou qu'il était atteint de l'un de ces accès de tics dont seules les créatures conscientes et pourvues de lèvres ont le secret... avant de baisser la tête comme un chien battu. La gnolle s'était alors courbée et lui avait redressé l'occiput d'un index sous le menton, un sourire mauvais lui enlaidissant la trogne.

- Bien... maintenant que toi et tes petits copains avez montré que vous saviez aussi mal vous servir de votre jugeote que de vos lames, on va peut-être enfin pouvoir parler affaire.
Je te propose un marché : tu me dis enfin comment vous avez perdu ma dryade, et je passerai ce malheureux incident sous silence. Personne ne saura que vous vous êtes fait rosser comme des gueux par une cliente qui ne demandait que quelques informations.


L'humain eut l'air de considérer sérieusement la question pendant quelques instants, avant de retrouver brièvement contenance et de tenter une bravade.

- Ouais, ou tu pourrais aussi aller te faire mettre. Je ne sais pas qui tu es, exactement, mais ça m'étonnerait que tu ais envie toute ma putain de guilde à dos ! Alors si tu racontes ce qui s'est...

Leuffa ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et le saisit à la gorge de la main droite, plantant allègrement ses courtes griffes dans du muscle puis de la chair avant d'attirer l'humain à elle nez contre museau. Comme par enchantement, une dague effilée était apparue dans sa senestre et était dardé vers l’œil gauche de son prisonnier, et il était clair que celle-ci ne tremblait pas.

- Ah, autant pour moi, je ne me suis sans doute pas montrée assez claire. En fait je n'ai qu'un choix à te proposer : soit tu craches le morceau, soit je te pèle comme un fruit pour mon dessert !
Mon camarade te tuerais sans souffrir si tu résistais, mais moi... je connais mon affaire, et il suffirait que je t'emmène dans une ruelle à l'écart pour que tu deviennes aussi bavard qu'une vierge en fleur.
Ce ne serait même pas une question de temps, mais du nombre de poignées de chair que je t'arracherais, du nombre de pintes de sang que je te tirerais et que les pavés boiront avant que tu ne parles. Est-ce que tu as envie de tenter ta chance, de voir jusqu'où tu peux tenir ?
Plus tu te débattras, plus je serais inventive, et crois-moi j'ai du métier !


Le mercenaire pâlit jusqu'à en devenir grisâtre et déglutit difficilement. Pour un mercenaire intégré dans une guilde aussi prestigieuse que celle de la Lame d'Argent, un corps de fer était plus qu'un atout, c'était un outil de travail... aussi se voir menacé non seulement d'une mort lente mais d'une ruine méthodique de ce qu'on avait mis si longtemps à bâtir et à entretenir était sans aucun doute le pire des cauchemars.
L'armoire à glace réfléchit cette fois beaucoup plus prestement, car le sujet était plus adapté à son niveau intellectuel : devait-il souffrir ou même mourir pour sa guilde sans les armes à la main ?
La réponse avait dardé d'entre ses lèvres, à peine plus qu'un gargouillis au milieu d'un filet de sang.

- Bouargh... et merde, lâche-moi ! Je vais parler, je vais tout te dire !

- C'est bien, ricana la gnolle en relâchant sa proie sans se départir de sa lame. Gentil garçon. Alors ?

L'humain s'affaissa cette fois en arrière et porta la main à sa gorge, comme pour endiguer les rigoles de sang qui en coulaient avant de prendre la parole d'une voix rauque.

- Greuh... On était une dizaine, y'a généralement pas besoin d'être plus pour ce genre de missions. Du boulot bien ficelé : on y est allés et on a choppé les tarés le cul à l'air. Ils étaient tellement dans les vapes à cause de leurs vapeurs et des trucs qu'ils prenaient que ça a été un jeu d'enfant de se débarrasser de leurs gardes, si même on pouvait les appeler comme ça. Avant qu'ils émergent, on avait décarré avec la dryade dans une cage, et si vite qu'ils n'ont même pas eu à bouffer la poussière de nos chevaux.
On ne s'est arrêté qu'à la mi-journée, quand on a été sûrs que personne ne nous suivait. On a fait une pause, puis on a de nouveau cavalé jusqu'au soir. C'est là que ça s'est gâté : alors que la plante verte n'avait rien dit de toute la journée, comme si elle s'en foutait, elle s'est comme réveillée alors que la nuit tombait. Il y a eut comme une odeur sucrée qui s'est mise à planer, et tout le monde a commencé à triquer sec. Un truc incroyable, on arrivait plus à s'en empêcher, sans parler de la verdure qui nous échauffait avec des mimiques et des... enfin, je ne te fais pas de dessin.
Deux gars étaient d'ailleurs en train de la sortir de sa cage pour lui faire son affaire lorsque des types nous sont tombés dessus. Pas des cultistes, mais des bandits ou des mercenaires, le genre bien équipés et organisés.


- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

- Ils savaient se battre. J'ai perdu deux équipiers avant même qu'on comprenne ce qui se passait, mais on les aurait sûrement repoussés si on avait été dans notre état normal. Ils étaient une quinzaine, vingt au maximum, et on a dû en abattre au moins cinq avant de devoir décarrer au triple galop. A ce moment, ils avaient déjà remis la dryade dans sa cage et l'avaient embarqué pour Zelphos sait où.
Moi et les trois bras cassés, on était comme qui dirait trop occupés à cravacher nos montures pour voir ce qu'ils en faisaient.


- Ben tiens... et une information vraiment utile, ça t'écorcherait la gueule ? Ils avaient un signe distinctif ? Est-ce qu'il y avait surtout des humains dans leur troupe ? Je ne sais pas, quelque chose !

- Par les couilles d'Ailes Ténébreuses, mais j'en sais rien ! Il y avait des humains, au moins un nain et une elfe noire... mais ce dont je suis sûr, c'est qu'à leur tête il y avait un monstre dans ton genre. Un putain de mâle qui devait faire le double de ta taille et qui maniait un marteau tellement gros qu'il a arraché le bras d'un de mes partenaires avec !

- Ben voyons, dit Leuffa en grognant et en agitant son couteau sous le nez de son interlocuteur. Je suppose qu'il avait des ailes et qu'il crachait des flammes, aussi ? Des détails, humain, je commence à perdre patience !

- Un tatouage ! Je me souviens qu'au moins deux d'entre eux avaient un tatouage en forme de sabres croisés sur les bras ou sur la trogne !
Le chef en avait un énorme plaqué sur le torse, c'est quand même pas banal !


Là, ce fut au tour de la femme-bête de tiquer. Elle posa encore quelques questions auxquelles l'humain s'empressa de répondre, puis elle s'en fut vers le comptoir après lui avoir promis une nouvelle fois de ne rien révéler de ses mésaventures si lui-même ne faisait pas de scandale.
Là, elle ramassa une bière qui traînait sur le comptoir et se l'envoya derrière le col (ce qui impliqua en particulier d'en laisser dégouliner une certaine quantité entre ses babines et sur le bois vernis) avant de la lever à la santé de Carnothaur. Elle lui raconta tout ce qu'elle avait appris en prenant son temps, visiblement peu soucieuse de voir la milice arriver.

- Voilà, vous en savez autant que moi, ou presque. Ces types qui ont mis la truffe dans mes affaires, si ce sont bien ceux auxquels je pense, sont des pillards pur jus qui ne vendent que rarement leurs lames. J'ai une vague idée de l'endroit nous serions susceptibles de les trouver... mais la véritable question est : faudra-t-il se battre pour récupérer mon bien, ou pourra-t-on négocier ?
Des pillards ne s'encombrent généralement pas de prisonniers, sauf si ils pensent pouvoir en tirer quelque chose. Mais connaissant leur chef, il ne crachera sûrement pas sur l'opportunité de se mesurer à quelqu'un comme vous, quelqu'un de sa taille. On a ça dans le sang, faut croire.
Qu'est-ce que vous en dîtes, Carnothaur ? Vous vous sentez de taille à mettre une rossée à un gnoll géant et à sa troupe, si besoin est, ou vous pensez qu'on aura besoin de renforts ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Mar 5 Nov - 23:37
Ricanant en se disant qu'il pourrait peut-être en effet avoir l'occasion de connaître la réponse à la question qu'il avait posé plus tôt à la gnolle, Carnothaur attrapa la bourse pleine de pièces au vol et demanda un bock de brune à une serveuse effrayée pour se rincer le gosier. Le pitoyable visage que faisait l'homme maintenant que lui et sa fierté avaient été réduits à néant était passablement comique. Alors que sa compagne d'aventure cuisinait le forçat plutôt sévèrement, le verre demandé arriva à bon port, et le démon reversa la totalité de l'argent de la bourse au patron, un petit homme rondelet avec une moustache plutôt excentrique, dont la colère se calma subitement. Ils s'installèrent alors sur une table, dans une petite salle en retrait par rapport à la grande pièce où était servis la nourriture et la boisson. Alors qu'une petite serveuse menue s'approchait du démon et du patron, ce dernier la congédia d'un geste avant d'entamer la discussion :

- Bon bon bon. Vous avez foutu un sacré bordel ici, vous-vous rendez compte que je pourrai appeler la milice ? Bon ... En vérité vous nous avez rendu un gros service en mettant une raclée à ces abrutis. Dix jours qu'ils viennent ici tous les soirs, sans payer, promettant que leur guilde viendra éponger leur dette ... Heureusement que vous êtes arrivés, même la milice n'en a rien à faire de ce qui peut arriver à des gens comme nous. Vous voulez quelque chose à manger ?

Carnothaur n'avait pas quitté l'homme des yeux, tout en buvant quelques gorgées de sa bière, une des meilleures qu'il avait pu goûter dans cette ville. En se redressant sur sa chaise, il vit l'homme en face de lui blêmir, puis déglutir, et se dit qu'il pourrait probablement tirer des informations de cet homme, ou au moins un bon repas. Or, il n'avait pas faim, et dès que la gnolle aurait fini avec l'ivrogne, il faudrait partir, car le foutoir qu'ils avaient mis ne manquerait pas d'être remarqué par les autorités de la capitale, et le démon n'avait surtout pas envie d'avoir affaire à eux.

- Hum ... Je n'ai pas le temps de manger, une prochaine fois peut-être. Dites-moi, vous savez où je pourrai trouver un vrai travail ? Le mercenariat ce n'est pas vraiment quelque chose pour moi ...

Le patron de la Succube Flatulente réfléchit, avant de répondre :

- Pour vous je ne vois qu'un seul vrai travail, qui de plus vous sierra parfaitement, vu que vous êtes un démon : vous devriez rejoindre l'armée d'Aile Ténébreuse ! Rien qu'avec votre force vous pourriez rapidement gravir les ...

Carnothaur claqua violemment sa pinte sur la table, si fort qu'il en brisa la poignée et qu'il macula le meuble de mousse. Il se leva soudain et attrapa le pauvre homme effrayé par le col, le soulevant du sol.

- Jamais je ne retournerai dans les rangs de ce ramassis d'ordure vous m'entendez ? JAMAIS ! cria Carnothaur, furieux.

De sombres souvenirs remontèrent dans la tête du taureau rouge, qui s'empressa de les chasser avant que sa colère ne fasse prendre aux événements une tournure chaotique. Le calme revint aussi vite qu'il était parti dans la tête du démon, qui se leva et retourna dans la grande salle où la gnolle avait fini d'interroger l'homme, qui était désormais aussi pâle qu'il était possible de l'être, un comble ! Ainsi il ne trouverait pas de travail ici, il allait devoir continuer les petits boulots, parfois sales, pour subsister. Avec une légère expression déconfite, la femme vint le voir et lui expliqua tout ce que lui avait raconté le soûlot :

- Voilà, vous en savez autant que moi, ou presque. Ces types qui ont mis la truffe dans mes affaires, si ce sont bien ceux auxquels je pense, sont des pillards pur jus qui ne vendent que rarement leurs lames. J'ai une vague idée de l'endroit nous serions susceptibles de les trouver... mais la véritable question est : faudra-t-il se battre pour récupérer mon bien, ou pourra-t-on négocier ?
Des pillards ne s'encombrent généralement pas de prisonniers, sauf si ils pensent pouvoir en tirer quelque chose. Mais connaissant leur chef, il ne crachera sûrement pas sur l'opportunité de se mesurer à quelqu'un comme vous, quelqu'un de sa taille. On a ça dans le sang, faut croire.
Qu'est-ce que vous en dîtes, Carnothaur ? Vous vous sentez de taille à mettre une rossée à un gnoll géant et à sa troupe, si besoin est, ou vous pensez qu'on aura besoin de renforts ?


Le démon réfléchit un instant avant de répondre :

- Sans vouloir paraître trop sûr de moi, je pense qu'à nous deux nous devrions nous en sortir. Et puis tu sais la taille ne fais pas tout, si tu vois ce que je veux dire ... De plus j'ai cru comprendre que tu sais te défendre, ce sera utile. Au fait, tu connais mon nom, mais ce n'est pas réciproque, as-tu assez confiance en moi pour m'en faire part ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Sam 9 Nov - 10:09
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Tout en se demandant vaguement pourquoi le taulier regardait Carnothaur avec effroi (hormis le fait qu'il soit une machine à tuer surmontée de cornes venant d'humilier simultanément quatre membres de l'une des guildes de mercenaires les plus puissantes de Sen'tsura), Leuffa l'avait écouté avec une grande attention et avait dû admettre qu'elle en venait aux mêmes conclusions ; les rares soutiens sur lesquels elle savait pouvoir se reposer aveuglément n'étaient pas précisément des foudres de guerre, et elle était d'avis de laisser les effusions de sang à ceux qui connaissaient leur affaire.
Évidemment, cela allait impliquer qu'elle abandonne son commerce pendant une bonne semaine pour se rendre dans les Plaines afin de trouver des brigands au côté d'un mercenaire qu'elle venait juste de rencontrer. Présenté de la sorte, ce n'était certes pas une perspective très engageante, mais le professionnalisme sans prétention dudit mercenaire tendait à la convaincre qu'elle ne pouvait rêver meilleur compagnon à qui confier ses arrières (dut-il au passage vérifier cette histoire de poils).
La gnolle finit donc sa bière, torcha un reste de liquide ambré perlant au coin de ses babines, adressa un sourire tors à l'aubergiste comme pour le mettre au défi de trouver à redire à ses manières, puis fit un signe de tête à Carnothaur pour lui indiquer qu'il était temps de lever le camps.

- Dans ce cas la question est réglée. Nous allons passer par chez moi pour que je puisse récupérer des vivres, mon armure et de quoi louer deux montures. J'en profiterai aussi pour donner des instructions à mes employés, histoire qu'ils ne soient pas comme des poulets sans tête en mon absence. A croire qu'ils ne peuvent même pas pisser sans que je leur en donne l'autorisation.
Puisqu'on est jamais trop prudent et qu'on ne sait pas si les pillards sont à la solde de quelqu'un, nous ne partirons qu'à la nuit tombée. Pendant ce temps, tu n'as qu'à profiter de mon hospitalité : bois, mange, prend un bain, c'est la maison qui offre ! Par contre, démerde-toi pour garder ton dard dans tes chausses, j'ai pas spécialement envie de te botter le cul pour te réveiller dans le lit d'une de mes filles, compris ?


Plan des lieux, si besoin:

Et il en fut comme l'avait décidé Leuffa. Le trajet ne fut qu'une simple formalité, de même que les activités qu'elle avait planifié : un petit raid en cuisine pour remplir un sac à dos de suffisamment de rations pour quatre jours de voyage (elle comptait sur le fait qu'ils pourraient certainement acheter des vivres dans une ferme ou même chasser par la suite), un coups d’œil sur les comptes de la journée, quelques consignes précises adressées à ceux qui tiendraient la boutique pendant son absence, un petit détour par l’entrepôt pour prendre de l'amadou ainsi que quelques bricoles toujours utiles quand on part en voyage et qu'on risque de devoir forcer quelqu'un à vous suivre...
Enfin, la gnolle avait enfilé ce qu'elle appelait ironiquement son « armure de voyage », à savoir des pièces de cuir ayant connu des jours meilleurs. Passée sur une sur une bande de tissu brune, l'une d'elles lui protégeait la poitrine tandis qu'une sorte de jupette faite de lourdes lamelles de cuir. Ses avant-bras ainsi que l'avant de la partie inférieure de ses pattes arquées étaient pris dans des sortes de manchons de la même matière, et ses pieds griffus étaient gainés de guêtres. A sa ceinture pendaient un fouet et un dague, tandis qu'à l'arrière de sa protection de poitrine étaient rangées deux fines lames de jet. De quoi se débarrasser en finesse des importuns, en somme.

Alors que la nuit tombait, elle mena Carnothaur vers la porte Est de Sen'tsura, à côté de laquelle ils trouvèrent une écurie ouverte dont le propriétaire leur loua des montures à un prix proprement honteux. Ensuite, quelques pièces glissées dans la paume d'un garde en même temps que des explications mal ficelées suffirent à les faire sortir de la capitale.
Ils chevauchèrent alors une partie de la nuit vers la Montagne en se tenant éloignés des voies de circulation et ne s'arrêtèrent que lorsque la lune fut à son zénith, à côté d'un petit bosquet tranquille. C'était le bout du monde si ils avaient croisé deux cavaliers et la queue d'un convoi sur leur passage. Ils étaient seuls, et c'est à peine si un craquement de feuilles témoignait du passage d'une bête. La mère maquerelle n'avait pas vraiment sommeil et avait fait un petit feu avec du bois mort qu'elle avait ramassé sous les arbres. Le fond de l'air était doux, propice à la méditation.
Elle se tenait assise, les jambes croisées et cambrée en arrière, appuyée sur les mains. Elle paraissait perdue dans la contemplation de la voûte étoilé, ses larges oreilles ne remuant que lorsque du bois venait à craquer.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Dim 10 Nov - 12:23
Après quelques paroles échangées, Carnothaur et la gnolle tombèrent d'accord sur la manière dont ils s'occuperaient de cette affaire. Maintenant il était question des préparatifs de l'expédition. L'avis de Carnothaur était de ne pas trop en emporter, histoire de ne pas êtres vus depuis des lieues. Mais dans tous les cas, il avait décidé qu'il se plierait à ce qu'aurait décidé la femme, qui ne lui avait toujours pas révélé son nom ... Peut-être plus tard ? Par ailleurs, elle était en train de terminer sa bière, histoire de tenir pour la route. Puis elle adressa un sourire défiant au tavernier avant d'adresser un signe de tête au démon. La gnolle avait déjà réfléchi aux préparatifs, et elle en fit par à son compagnon d'aventure :

- Dans ce cas la question est réglée. Nous allons passer par chez moi pour que je puisse récupérer des vivres, mon armure et de quoi louer deux montures. J'en profiterai aussi pour donner des instructions à mes employés, histoire qu'ils ne soient pas comme des poulets sans tête en mon absence. A croire qu'ils ne peuvent même pas pisser sans que je leur en donne l'autorisation.
Puisqu'on est jamais trop prudent et qu'on ne sait pas si les pillards sont à la solde de quelqu'un, nous ne partirons qu'à la nuit tombée. Pendant ce temps, tu n'as qu'à profiter de mon hospitalité : bois, mange, prend un bain, c'est la maison qui offre ! Par contre, démerde-toi pour garder ton dard dans tes chausses, j'ai pas spécialement envie de te botter le cul pour te réveiller dans le lit d'une de mes filles, compris ?


Carnothaur ne répondit pas, mais il lui assura d'un signe de tête qu'elle n'aurait aucun problème à se faire par rapport à ce dernier point. Il poussa un soupir de soulagement, enfin il pourrait prendre un bain ! L'établissement de la femme n'était pas loin, et le trajet se fit rapidement, de telle sorte qu'il n'était pas nécessaire de discuter pour passer le temps. Une fois arrivés sur place, la gnolle le fit entrer dans un petit hall d'entrée, d'où on pouvait entendre les éclats de rire provenant de la pièce suivante. La maîtresse des lieux le laissa alors, lui précisant qu'elle n'en aurait pas pour très longtemps. Un plan des lieux était affiché à l'entrée, qu'il mémorisa rapidement afin d'organiser son court séjour ici, histoire d'optimiser des activités ici et d'être prêt lorsque le serait la femme qui l'accompagnait. Il la laissait s'occuper de ce dont ils auraient besoin, lui n'avait que son arme, et elle ne serait pas de trop. Pour l'instant il se dirigea vers la salle de banquet, pour goûter à la bière, sans pour autant trop boire, car il était hors de question de finir soûl avant de partir. Il fût accosté par des jeunes femmes en petites tenues, très attirantes, mais qu'il dut gentiment repousser. Ce fut alors une elfe qui vint le voir, assez grande pour arriver à peu près à la hauteur de son nez, avec de longs cheveux lisses couleur d'argent, une peau légèrement bleutée, des yeux en amandes qui ressemblaient à des saphirs. Elle était belle, vraiment très belle, mais Carnothaur ne pouvait pas ne serait-ce que la toucher, et il dut prétexter, à contrecoeur, qu'on lui avait arraché sa virilité des années auparavant. Le démon serra les dents quand la jeune elfe s'éloigna, et repris son chemin pour demander une bière. Servie rapidement, il ne prit pas le temps de la déguster et l'avala d'un trait, avant d'aller au sous-sol se baigner dans la piscine et faire un tour au hammam. En sortant de l'escalier qui débouchait sur la pièce, il se retrouva soudain au milieu d'une bande de soldats de l'armée d'Aile Ténébreuse. Croyant que c'était la fin, il baissa la tête. Mais non, les soldats, passablement ivres, le saluèrent et lui laissèrent la place dans le bassin central avant de repartir en titubant dans la salle principale ponctuant leurs phrases d'éclats de rire. Rassuré, le démon prit le temps de se détendre dans la piscine, en repensant à l'elfe de tout à l'heure, et il se promit de demander à la gnolle quel était son nom.

Le temps passait et il fallait déjà repartir. Carnothaur se rhabilla et se rendit dans le hall d'entrée où l'attendait la maîtresse des lieux, vêtue d'une tenue de cuir un peu vieillie mais propice aux longs voyages et aux affrontements, et armée d'un fouet, d'une dague, et sûrement d'autres lames cachées. En un signe de tête, ils étaient déjà repartis, affrontant la tombée de la nuit dans les ruelles de Sen'tsura. La femme l'emmena vers la porte Est, où ils louèrent deux montures à un prix exhorbitant, avant de soudoyer les gardes à l'entrée pour pouvoir partir sans provoquer d'effusion de sang. Décidément l'argent était une solution à tout ! Sans rien dire, les deux compagnons chevauchèrent une bonne partie de la nuit en direction de la Montagne, en évitant les routes et les curieux, règle élémentaire de la survie lors des voyages. Ils n'avaient croisé pratiquement personne depuis qu'ils avaient quitté la capitale, et c'était une bonne chose car on ne leur avait posé aucune question. A l'orée d'une petite sylve, ils s'arrêtèrent pour se reposer. Or aucun des deux comparses n'avait visiblement envie de dormir, contrairement à leurs chevaux. La gnolle alluma un feu avec des petites branches et du bois mort tandis que le démon observait les alentours afin de vérifier si il n'y avait aucune présence indésirable dans les environs. Une fois sûr de l'absence de danger, il retourna à leur "campement" et y trouva la femme assise, contemplant le ciel nocturne. Ne désirant pas la déranger, il ne dit rien, mais s'assis à ses côtés, les yeux au levés en direction de la voûte céleste, où pas un nuage ne venait entacher le magnifique spectacle qui s'offrait à eux, et qui était sublimé par le chant des oiseaux nocturnes.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Jeu 14 Nov - 15:40
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Observer les étoiles est un passe-temps qui incite à la réflexion et à la rêverie, c'est un fait que connaissent tous les petits malins ayant cherché à forcer l'accès des sous-vêtements de la femelle qu'ils convoitaient. Un truc à voir soi-disant avec la petitesse d'un humanoïde par rapport au monde, ou une sottise du même acabit, qui incitait à la modestie et donc au réconfort que peu apporter le contact d'un peu de chair tiède.
Leuffa n'était pas suffisamment fleur bleu pour croire à ces conneries, et d'ailleurs elle ne croyait même pas qu'il puisse exister quelque chose d'autre là-haut que les mannes de ses ancêtres, comme le lui avaient appris les anciens de son clan. Une présence aussi rassurante que celle de son fouet, et un sujet décent sur lequel jurer quand les ennuis se mettaient à pleuvoir en cascade.
Non, elle appréciait ce moment pour ce qu'il était, un calme avant la tempête, avant le prochain combat, avant la prochaine intrigue qui devait lui permettre de s'enrichir.
Ayant retrouvé un peu de sa sérénité et doutant que quiconque ose s'en prendre à deux individus aussi charpentés et visiblement dangereux qu'eux, elle croisa les bras derrière sa nuque et se prépara à plonger dans un sommeil aussi court que réparateur. Elle venait d'ailleurs de fermer les yeux quand une faible rumeur qu'elle ne connaissait que trop bien, celle d'un cri de détresse.
Comme une chienne ayant senti l'odeur d'un os à moelle suffisamment faisandé, elle ne put s'empêcher de relever les paupières et de tirer la langue.

Hum... on dirait qu'on ne va pas pouvoir dormir tranquillement. Il y a du bruit derrière la colline d'à côté. Vérifie que les pattes des chevaux sont bien entravées et rejoins-moi.

Leuffa se redressa donc, s'étira et se dirigea directement vers la colline qui s'étendait sur sa droite, un sourire torve sur les babines. Arrivé à mi-hauteur et alors qu'aux plaintes s'ajoutaient progressivement des craquements de bois brisé, elle se courba de plus en plus, jusqu'à se mettre à ramper littéralement une fois parvenu au sommet.
Non loin du pied de la colline se trouvait une petite exploitation agricole, une parmi tant d'autres régie par une famille de paysans qui pensait certainement pouvoir s'enrichir en vendant leurs produits à Sen'tsura tout en n'ayant de compte à rendre à aucun maître ou superviseur. Présentée comme cela l'idée était excellente, car elle aurait permit de peupler les Plaines Mystiques tout en gavant la gueule béante qu'était la capitale... mais c'était sans compter avec l'écot prélevé par l'invasion d'Aile Ténébreuse, où la plupart des fermes et villages avaient été successivement pillées et incendiées pour nourrir puis affamer les différentes armées. Bien sûr, d'autres champs avaient repoussés plus drus sur les cendres des précédents, mais leurs propriétaires ne se doutaient pas qu'ils deviendraient un enjeu dans la lutte entre l'empereur démoniaques et les rebelles : dans une guerre qui ne connaissait aucune bataille rangée, les coups portés à la réputation devinrent les seuls qui avaient de l'importance, si bien qu'il ne se passait plus ou semaine sans que la responsabilité de tel meurtre ou de tel vol soit dénoncé et imputé systématiquement aux deux camps, quand bien même il n'eut s'agit que de l'action d'une bande de pillards.
L'exploitation agricole qui faisait l'attention de Leuffa était remarquable de par la simplicité de sa structure en fer à cheval, aux murs épais encadrant une cour close par de larges battants de bois. Battants en ce soir enfoncés et en proie aux flammes, de même que le reste de la ferme. Les plaintes venaient des derniers habitants des lieux à ne pas avoir été passés au fil de l'épée, trois femmes d'âge variable qui paraissaient subir les assauts d'une plusieurs soudards depuis un moment déjà.
Malgré l'absence de vent, la gnolle pouvait deviner l'odeur du sang, de la tripe répandue, du bois brûlé et du foutre chaud comme si elle y était. Les étincelles virevoltantes laissèrent deviner une douzaine de silhouettes en sus de celles des cultivatrices au supplice.

- Rebelles, marmonna la mère maquerelle d'une voix sans timbre. Les impériaux ne confient jamais ce genre de boulot qu'à des vétérans fiables, qui n'ont que peu de chance de se faire prendre et qui auront les tripes nécessaires. Là, sur douze crevards, y'en a trois qui besognent, trois qui réunissent le butin, un qui surveille l'extérieur et les autres attendent leur tour comme des clebs en rut. Quelqu'un a dû oublier de payer la taxe, ou un quelque chose du même acabit.

Inconsciemment, les poings de Leuffa se serrèrent et elle laboura de ses griffes.

- On a... pas le temps pour ces conneries, et aucun intérêt à le faire. De toute façon ils sont douze, on en sortirait pas indemnes. On remonte en selle et on se tire en remerciant les Ancêtres qu'ils n'aient pas vu notre feu en arrivant. C'est ce qu'on a de mieux à faire, oui.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Sam 16 Nov - 14:48
Visiblement, la gnolle ne partageait pas son opinion sur la beauté du ciel nocturne et essaya de s'endormir. Le démon, malgré son physique et ses manières de brute épaisse, aimait s'arrêter sur ce genre de petites merveilles, trop peu nombreuses à son goût. La vie l'avait placé sur le chemin de la guerre, du sang et de la mort, comme la majorité des êtres vivants de ce monde, certes, et il ne s'en plaignait pas, mais ce genre de détails étaient ceux qui lui faisaient apprécier pleinement son existence ... avec la bière et la bonne chère. Le ciel de cette nuit-là lui rappelait que tous n'étaient que poussière face à l'immensité du monde et du reste. Seuls les dieux pouvaient rivaliser avec cette immensité, qu'ils avaient par ailleurs peut-être créés eux-même.

Les pensées de Carnothaur étaient en train de s'égarer vers des questions qui resteraient probablement à jamais sans réponses quand une clameur se fit entendre au loin, la clameur des combats. On entendait au loin les râles d'agonie des hommes, et les cris de détresses des femmes, entrecoupés par le choc des lames, et les hurlements des bêtes. Le combat ne devait pas se dérouler à plus de quelques centaines de mètres du lieu de campement du démon et de la gnolle. Cette dernière s'était entre temps réveillée et observait le carnage. Ses yeux à lui ne lui permettaient que d'apercevoir des silhouettes et des flammes danser et consumer ce qui semblait être une exploitation agricole. Il dut donc s'appuyer sur les dires de la femme pour imaginer la scène :

- Rebelles. Les impériaux ne confient jamais ce genre de boulot qu'à des vétérans fiables, qui n'ont que peu de chance de se faire prendre et qui auront les tripes nécessaires. Là, sur douze crevards, y'en a trois qui besognent, trois qui réunissent le butin, un qui surveille l'extérieur et les autres attendent leur tour comme des clebs en rut. Quelqu'un a dû oublier de payer la taxe, ou un quelque chose du même acabit.

Carnothaur serra les poings. Il avait horreur des sévices sexuels sur personne non consentante, c'était là quelque chose qu'il ne pouvait tout simplement pas tolérer. Sentant une colère qu'il aurait du mal à réprimer monter en lui, il se mit à respirer profondément. Si jamais cette dernière arrivait à son paroxysme, il n'y aurai dans la ferme plus rien que des cendres et de la chair calciné en seulement quelques minutes, mais il savait également que le prix de cette transformation était une douleur atroce, et il était quasiment certain qu'il tuerai également la femme qui l'accompagnait dans sa frénésie. Aussi il se concentra pour garder son calme. La gnolle, qui ne l'avait visiblement pas remarqué, poursuivit :

- On a... pas le temps pour ces conneries, et aucun intérêt à le faire. De toute façon ils sont douze, on en sortirait pas indemnes. On remonte en selle et on se tire en remerciant les Ancêtres qu'ils n'aient pas vu notre feu en arrivant. C'est ce qu'on a de mieux à faire, oui.

Avec de profonds regrets, Carnothaur dut reconnaître qu'elle avait raison. Sans transformation, à douze contre deux, ce serait impossible de s'en tirer sans blessures, et pourtant ... Il ne parvenait pas à se laisser convaincre qu'il fallait partir et les laisser faire leur besogne impunément. Le démon mourait d'envie de leur arracher les tripes et de leur faire avaler ...

- C'est franchement moche de les laisser faire ça ... Il me suffit d'une chose pour tous les cramer, ces douze salopards, mais aussi les femmes qu'ils déshonorent, et je t'avouerai qu'avec ou sans ton accord, j'ai bien envie de leur rentrer dans le lard, là maintenant, dit le démon en se levant. La gnolle essaya de l'arrêter mais il continua. Imagine un peu que ces fils de chiennes soient en train de passer sur ton corps, de te remplir et de te recouvrir de leur put*** de semence, et que tu puisse juste pas bouger, tu aimerai pas que quelqu'un abrège tes souffrances ? Et tu aimerai pas les voir se vider de leur sang et souffrir autant qu'ils t'en ont fait baver avant de crever ? Je préférerai que tu ne me suive pas, il y a des choses me concernant qu'il vaut mieux que tu ne voies pas. Si jamais tu entends un hurlement de fureur à t'en briser les tympans, court le plus loin possible et ne reviens que demain matin, sinon tu mourras, et je ne plaisante pas !

A ces mots, il invoqua Fureur et partit à pas décidés en direction de l'établissement d'où provenait toujours des cris et des hurlements, en sachant que bientôt, il n'y aurait plus que le crépitement des flammes dévorant hommes, femmes, enfants et bêtes. Un sourire malsain se dessina sur le visage du démon, un sourire qu'il n'avait pas arboré depuis des centaines d'années, lorsqu'il tuait pour le bon plaisir d'Aile Ténébreuse ...

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Lun 18 Nov - 18:35
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Leuffa ne fit rien pour empêcher Carnothaur de descendre la colline en direction des flammes gémissantes. Non qu'elle ressentait du soulagement ou de la surprise à voir le démon prendre une telle décision, car dès l'épisode de la taverne elle avait deviné que derrière sa carapace de guerrier cynique se dissimulait un individu droit, honorable... et mortel. Elle ne savait bien entendu rien de lui ou de son passé, mais pour qu'un tueur solitaire comme lui décide d'attaquer bille en tête une douzaine de pillards, c'est qu'il y avait anguille sous roche.
Les femmes. Cela ne pouvait être que cela, évidemment. L'habituel tribut que les vaincus payaient aux vainqueurs du sexe opposé (ou parfois du même) l'avaient ulcéré et il comptait faire payer les pillards sans tenir compte des dommages collatéraux, à la façon des démons.

Même si elles lui rappelaient des souvenirs qu'elle n'avait pas vécu, la gnolle n'avait cure du sort des humaines : elles étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment, et avaient certainement dû chercher à résister plutôt qu'à fuir, comme toute proie connaissant sa place dans la nature l'aurait fait. Si elle et Carnothaur étaient passés un peu plus tard, ils n'auraient eu à voir que des traces de lutte et des cadavres à moitié calcinés.
Non, ce qui lui filait des aigreurs d'estomac, c'était que son nouveau jouet qu'elle croyait si obéissant se rebiffait, et qu'elle n'avait strictement aucun moyen de l'en empêcher. Bien qu'elle n'ait jamais démérité lorsqu'elle était en première ligne (ou peu s'en fallait) durant la guerre d'invasion d'A.T., elle savait pertinemment qu'il était certaines races de démons qu'elle n'aurait affronté que le dos au mur et une baliste chargée entre les mains. Elle ne voulait pas en affronter un qui pouvait invoquer sa propre lame et qui la prévenait qu'il ne pourrait se retenir de tuer tout être vivant dans un rayon dans cent pas.

Il y avait cependant une autre chose qu'elle haïssait davantage que la rébellion d'un sous-fifre, et c'était que celui-ci lui donne des ordres.
Elle regarderait le massacre jusqu'à la fin, et attendrait son retour. Si il tentait de la tuer, elle le tuerait d'abord... sinon, elle aviserait.

Plissant les oreilles et le museau en une grimace de profond agacement, Leuffa s'assit donc en tailleur au sommet de la colline et n'en bougea plus.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Jeu 21 Nov - 17:00
Le démon était sur le point de le faire, à nouveau ... Il s'était pourtant promis de ne plus jamais déchaîner sa forme démoniaque et son insupportable violence. Quatre années s'étaient écoulées depuis la dernière fois où le taureau de flammes avait brûlé et massacré sans retenue, retirant la vie de la femme qui avait l'avait sauvé à ce moment-là. Oh oui, Carnothaur savait exactement ce qui allait se passer, que ses hurlements allaient être entendus jusqu'à Sen'Tsura, et surtout qu'il allait souffrir physiquement comme peu de gens ont souffert dans leur vie. Or cela il n'en avait strictement rien à faire, le démon était parti pour semer la désolation et personne n'était en mesure de l'arrêter. Il avait tout simplement cessé de réfléchir ...

Le démon pouvait désormais voir de près la scène qu'il ne pouvait qu'entendre quelques minutes plus tôt. Les cris déchirants des femmes violentées, les hurlements des bêtes à l'agonie, et les éclats de rire des pourritures en train d'accomplir leur besogne entre deux bières, tout cela ne faisait qu'amplifier sa fureur. Carnothaur arriva à la ferme en sueur, déjà fiévreux du massacre qui était sur le point de se produire. Toute personne qui connaissait le démon pouvait dire à ce moment là qu'il était un autre être, plus aucune part de sa personne ne cherchait à lutter contre la colère qui l'envahissait. Celui qui montait la garde, un grand gaillard blond et barbu, l'interpella, portant sa main sur la hache double qui siégeait à ses pieds. Deux de ses amis, taillés sur le même modèle, vinrent lui prêter main forte, tandis qu'une demi-douzaine d'autres étaient trop occupés à fourrer ce qu'ils avaient entre les jambes dans les pauvres paysannes qui ne pouvaient plus que pleurer. Carnothaur ne s'arrêta pas, il accéléra et mania Fureur, l'envoyant de toutes ses forces de la droite vers la gauche. Le premier malabar n'eut que le temps de porter sa main à son épée avant de se faire décapiter, tandis que les deux autres, hache et épée bâtarde à la main, s'élancèrent sur leur adversaire.

Le démon furieux para les coups sans trop de difficultés et les renvoya avec deux fois plus de puissance, si bien qu'au bout d'une minute, un des hommes gisait à terre, la face à moitié arrachée par les dents du monstre, tandis que l'autre essayait tant bien que mal de remettre ses tripes dans son ventre à travers le trou qu'avait créé Fureur. Mais alors que Carnothaur allait prendre la vie des derniers hommes qui, trop soûls pour avoir entendu quoi que ce soit, ne l'avaient toujours pas remarqué, une douzaine d'autres rebelles, jusque là cachés dans le bâtiment, encerclèrent le démon, lui sommant de lâcher son arme et de se mettre à genou. Combattre ceux-ci serait une autre paire de gants, même probablement du suicide. Pourtant le démon ne flancha pas. Un sourire malsain et une lueur démente se dessinèrent sur son visage tordu. Quatre années de colère réprimée et de souffrance silencieuse se déversèrent soudain dans le corps du démon, et tout ne fût plus que douleur et violence ...

Carnothaur n'a pas la capacité de se souvenir de ce qu'il se passe pendant sa transformation, aussi cette période sera racontée selon un point de vue externe au démon.

Le corps du démon se transforma : sa peau éclata, laissant suinter un flot de sang brûlant ; ses cornes s'allongèrent, devenant démesurées ; son corps grandit, et prit énormément de masse musculaire, de même que sa queue. Il était désormais une machine à tuer aveuglée par la fureur, palpable autour de son corps déformé. Alors que ses adversaires hésitaient, le taureau de sang chargea. Malgré la volonté des soldats qui ne déméritaient pas dans ce combat, ils furent tous brûlés, écrasés ou dévorés un par un, tandis que le démon semblait ne pas se soucier des blessures qui lui étaient infligées. Ayant cette fois-ci remarqué la présence de Carnothaur, les soulards se précipitèrent sur lui en titubant et la queue à l'air. Le démon semblait n'attendre que ça. Il envoya un souffle de flammes destructeur sur les hommes, qui fondirent littéralement sous la chaleur infernale.

Le démon rit alors, d'un rire qui ressemblait à un raclement de cailloux, avant de hurler violemment dans toutes les directions. Pour terminer d'épancher sa colère, il cracha ses flammes à nouveau, mais cette fois sur les bâtiments et les bêtes, qui se consumèrent rapidement. Satisfait, Carnothaur se retransforma ...


Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était allongé, étrangement satisfait. Tout autour de lui, il n'y avait que le chaos et les flammes, ainsi qu'une dizaine de corps calcinés, ou déchiquetés. Il savait que c'était son oeuvre, mais il n'en avait rien à faire, car il savait aussi qu'ils l'avaient mérités. Le démon était blessé, mais surtout épuisé, mais il devait retourner voir la gnolle qui avait sûrement assisté à toute la scène depuis là où elle était. Il ne mit pas très longtemps, mais ses blessures commençait à le lancer. Une fois près de la gnolle, dont il n'arrivait pas à deviner l'expression, il s'allongea, épuisé.

- Voilà, on devrait pouvoir dormir tranquillement. J'ai juste besoin de dormir, demain ça ira mieux ...

Et il s'évanouit.

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Ven 22 Nov - 22:56
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De la même façon qu'à l'auberge, on ne pouvait pas réellement affirmer qu'il y avait eu un quelconque combat. Cela avait plutôt consisté en un déchaînement de violence terrifiant, mais qui cette fois au lieu d'être sobre et parfaitement maîtrisé était un véritable célébration de tripaille virevoltante. Les personnes présentes dans l'enceinte de la ferme, assaillants comme assaillis, guetteurs comme festoyeurs avaient perdu tout espoir de survie dès l'instant où Carnothaur avait passé les portes et avait revêtu sa forme « martiale »... à savoir une colossale boule de muscles écarlate aux cornes démesurées maniant une sorte de lame en fusion qui, pour parler crûment, cuisait la viande au moment même de la découpe.
Certains avaient tenté de fuir, d'autres de se battre, mais quasiment tous avaient eu le temps de hurler avant que ce qu'il demeurait de leurs poumons soient réduits à l'état de charbon.
Tout ce massacre, Leuffa l'avait observé du haut de sa colline sans ciller, les pattes toujours croisées
en tailleur et la truffe en émoi. Il faut dire que de même que sur tous les champs de batailles auxquels elle avait assisté, les odeurs de tripe chaude et de viande bien cuite avaient l'habitude de lui mettre les papilles en émoi. On était un prédateur carnivore ou on ne l'était pas.
A part cela, ce spectacle ne lui avait laissé qu'un arrière-goût de gâchis, car il n'y avait pas plus de grâce dans les gestes du démon que dans son physique à la musculature grotesquement boursouflée : seul un boucher peut trouver une quelconque esthétique à la découpe de la barbaque.
Manifestant un mépris souverain, elle l'avait vu remonter la pente couvert d'écorchures et s'effondrer à ses pieds comme la plus vile des loques sans faire le moindre geste pour l'assister. Après un moment de réflexion, elle se redressa, s'étira de toute sa hauteur et donna un petit coups de patte dans une touffe d'herbe comme si le sujet de ses pensées l'irritait au plus haut point. Finalement, elle expectora une boule de salive non loin de la tête cornu de son sous-fifre désobéissant, se retint juste à temps de lui administrer un coups dans les côtes, et finalement croisa les bras sur sa opulente poitrine.

- Tu sais que tu me poses un problème, toi ?
Je devrais te suriner et te laisser là, ce serait beaucoup plus simple pour nous deux. Tssk...


Poussant un dernier juron, elle s'accroupit et attrapa Carnothaur sous les aisselles avant de le soulever sans trop de difficulté à présent qu'il avait retrouvé une apparence plus décente. Grognant pour la forme davantage que par peine, elle tira le corps inconscient de son partenaire jusqu'aux montures, qui se mirent à piaffer nerveusement en sentant l'odeur du sang. Elle parvint ensuite à le hisser sur celle qu'elle lui avait payé en partant de Sen'tsura et s'arrangea pour le coucher sur sa selle, les bras et les jambes pendantes. Elle se servit ensuite de sa propre ceinture pour l'attacher au pommeau et, après un instant de réflexion, lui attache les poignets avec une paire de solides menottes de fer qui traînaient dans son sac. A présent, pour se libérer le démon avait le choix entre briser l'accessoire ou briser les pattes du noble animal pour passer la chaîne par-dessus sa tête.
Elle le pensait capable des deux, mais là n'était pas la question, pas plus que celle de ces giclées de sang intempestives qui étaient parvenues à lui maculer la main droite.
Grognant d'irritation, elle examina un instant son poil sali et ramassa une poignée d'herbe pour se nettoyer en résistant à l'envie pressante de se lécher pour ce faire.

- Manquerait plus que je choppe une malédiction ou qu'il me pousse des cornes, tiens.

Ce n'est que lorsqu'elle s'estima propre qu'elle se décida à enfourcher sa propre monture, à s'emparer des rênes de celle de son fardeau de compagnon et à les faire avancer de concert au petit trot, toujours en direction des silhouettes des montagnes à l'horizon.
Bien que ses sens soient d'autant plus aux aguets qu'elle était rendue vulnérable par la présence d'un démon assommé à son côté, une vieille chanson de marche lui revint aux babines, et elle se surprit à la fredonner pendant un long moment.

chanson de marche

La chevauchée à travers les plaines se poursuivit bon gré mal gré jusqu'au petit matin, jusqu'à ce que l'herbe laisse progressivement place à un sol plus caillouteux. Ce n'est cependant qu'une fois que la gnolle eut la certitude qu'ils avaient mis suffisamment de distance entre eux et la ferme qu'elle consentit à s'arrêter au pied d'une petite proéminence piquetée d'arbres hérissés d'aiguilles. Leuffa sauta alors au bas de sa monture, accrocha la longe de celle-ci à un rocher et s'approcha de Carnothaur en prenant son temps. Elle fit craquer sa nuque et le jaugea de son air le plus torve.

- Bien dormi, démon ?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Ven 29 Nov - 19:38
La nuit du démon fût courte et agitée. Il revit le massacre qu'il avait perpétré la veille, réécouta les os craquer et la chair se déchirer sous ses coups de dents et d'épée. Mais aussi cette vilaine odeur de chair brûlée, qui lui mettait l'eau à la bouche ... Une femme pleura, suppliant l'abomination de l'épargner, mais en vain. Elle fût dévorée, comme toutes les autres, et régurgitée en un flot de haine ardente.

Carnothaur se réveilla très lentement. Tout d'abord, il se prit à se demander ce qu'il s'était passé pour qu'il soit dans cet état. La réponse lui vint rapidement, en même temps que ses souvenirs d'avant sa transformation et ceux du rêve qu'il avait fait. Or quelque chose n'allait pas dans cette histoire. Il ne se sentait pas mal vis à vis de ceux qu'il avait pourtant sauvagement massacré, et n'éprouvait aucun regret. Il ne se souvenait pas non plus avoir souffert lors de sa transformation, là où habituellement il ne pouvait pas bouger un pouce de son corps sans ressentir cette douleur lancinante qui le rongeait à chaque fois que sa sauvage colère prenait le dessus. Visiblement, il avait tué tous ces gens et y avait pris du plaisir. Était-il en train de devenir une monstruosité sans nom ? Cette question lui fit froid dans le dos.

Alors les brumes qui entouraient son esprit s'évanouissaient, il se rendit compte qu'il avait été attaché. Tout de suite, il s'inquiéta du sort de la gnolle, mais il se rendit vite compte à son insu qu'elle se portait très bien.

- Bien dormi, démon ?

Elle le regardait de très près, et surtout de cet insupportable air hautain qu'elle avait pris lors de leur première rencontre, ce qui énerva Carnothaur. Montrant les dents le démon asséna un violent coup de poing dans le vilain mufle de la femme ... ou du moins essaya, car les chaînes qui entravaient ses poignets et qui le liaient à sa monture sur laquelle il avait été "installé" étaient solides. Ou plutôt, le démon n'était pas encore remis de sa transformation et son corps étaient encore très faible, il était donc incapable de se servir de sa force pour briser ses chaînes. Il aurait également pu briser les jambes du cheval, mais cela aurait pris assez de temps pour permettre à la gnolle de le maîtriser. La seule solution qu'il voyait était de se transformer une nouvelle fois, mais cela le tuerai à coup sûr. Et puis surtout, il n'avait plus la capacité physique et mentale de le faire ... Il était donc condamné à subir cette humiliante situation et à fulminer sans pouvoir agir.

- Qu'est ce qui te prends là ? Tu comptes me laisser là longtemps ?

Le démon avait parlé calmement, tentant de jouer la montre. Si elle ne le détachais pas dans les trois minutes qui suivaient, il aurait complètement retrouvé sa forme et se détacherai tout seul, aussi facilement qu'il détacherait la tête de la gnolle de ses épaules.

- Très bien et maintenant tu vas faire quoi ? Qui va t'aider à récupérer ce que tu as perdu et à combattre ce gnoll géant ? Sans moi tu n'y arrivera pas ...

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Sam 30 Nov - 15:23
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En d'autres circonstances, il est certain que Leuffa aurait admiré la résilience du démon : bien que blessé et visiblement affaibli par sa récente transformation, il trouvait tout de même l'aplomb de ne pas trop s'étonner de son inconfortable position et même de la menacer en se méprenant sur ses intentions. Un caractère fort, qu'en un autre temps et avec de vrais instruments elle aurait pris plaisir à dresser jusqu'à ce qu'il demande grâce... un désir pieu qui n'empêchait nullement une petite mise au point amicale. Elle ne se dépara donc pas de son sourire crâne et lui répondit après s'être passé une main dans la crête.

- Je suppose qu'un petit remerciement était trop demander ? Quelque chose du genre « Oh, merci divine patronne pour ne pas m'avoir laissé agoniser comme un gueux alors que je vous ai désobéi et que je mérite un juste châtiment ! ». Ce n'est pas la gratitude qui t'étouffe, mais je suppose que c'est normal pour un démon, d'avoir la vue courte et la rancune tenace.
Du coups, on va profiter que tu sois attaché pour avoir une petite discussion amicale. Tu veux bien ?


La gnolle recula alors d'un pas et croisa les bras sur ses mamelles, attentive au moindre changement dans l'attitude de son interlocuteur. Elle était loin d'être suffisamment stupide pour croire qu'un individu aussi fier que Carnothaur se laisserait faire comme une bête chez le boucher.

- Je crois que notre problème vient du fait que tu as oublié quelle était ta place, Carnothaur. Si besoin est, je peux te rappeler qu'hier encore tu n'étais que le larbin de Grugio, et que c'est lui qui t'as mis à ma disposition pour régler sa dette... je pensai donc que cela était clair dans ta tête cornue : tu as beau être un compagnon de route agréable et un guerrier puissant, tu n'es au final rien d'autre qu'un mercenaire à mes yeux. Un laquais, et les laquais obéissent à leur maître.

Oh, pas la peine de me faire ces yeux-là, je me doute de ce à quoi tu penses : « Attends juste que je me libère, et on verra qui sera le maître une fois que je commencerait à t'étrangler comme un volaille ». C'est là que tu te trompes. Se soumettre, chez les miens, ce n'est pas simplement admettre que l'autre est plus fort, mais devenir ni plus ni moins que son esclave.
Ne pouvant me soumettre, tu vas me tuer par pur dépit, et non sans que j'ai rendu les coups. Tu expliqueras à Grugio que tu as échoué et que je suis morte des griffes des ancêtres savent quelle bête. Il fera mine de te croire, puis il fera son enquête, parce que c'est dans sa nature et qu'il aime savoir ce qu'il advient de ses meilleurs associés. Qu'il découvre la vérité ou non, il ne te fera plus confiance et ne te recommandera à personne. Sans garant, tu deviendras un chien errant, puis un chien enragé, et enfin un chien traqué par un une quelconque meute de chasseurs de primes. Triste destin, assurément.


Le sourire de Leuffa se tordit aux commissures, comme si elle éprouvait réellement une pointe de tristesse pour les souffrances à venir du pauvre démon, lesquelles lui rappelaient ses propres sentiments lorsqu'elle avait quitté l'armée d'Aile Ténébreuse pour poser les fondations de sa vengeance. Elle n'avait jamais fait confiance qu'à elle-même, mais elle savait aussi à quel point il était pénible d'être seul. Elle décroisa les bras et cala cette fois ses poings sur ses hanches.

- Enfin, baste de considérations sinistres, d'autant plus que le grincement des fers que tu es en train de tordre commence sérieusement à m'agacer. Que tu le veuilles ou non, je t'ai sauvé : si je ne t'avais pas ligoté proprement sur ton cheval, tu te serais retrouvé au petit matin entouré par les lances de la milice, et je me demande si tu aurais pu t'en sortir par un nouveau massacre.
A ce propos, un petit mot à propos de ces femmes que tu as éviscéré avec tant d'ardeur... te doutes-tu au moins que si tu avais laissé les soudards tranquilles, elles auraient survécu ? Oh, certainement pas toutes, j'en conviens, mais par expérience personnelle je peux te dire qu'on en meurt pas. On y survit, on se purge, et on se venge. Alors tes grands discours de mâle justicier, tu peux te les carrer bien profondément.


Avec véhémence, elle détourna la tête et après un raclement de gorge peu seyant expectora un gros glaviot dans la poussière pour souligner son opinion. Il était évident que si elle se rendait bien compte des risques qu'elle prenait à flageller moralement un berserker, elle ne comptait aucunement se dédire.

- Grrr, voilà que je change encore de sujet. Bref, pour rester simple, je ne fais que te répéter la même question que lorsque nous nous sommes rencontrés : te sens-tu de taille ? De taille à faire ton foutu boulot de mercenaire comme tu avais si bien commencé à le faire à Sen'tsura, sans poser de question et sans jouer au héros ? A mériter une paye ?
Si ce n'est pas le cas, alors autant que tu te casses tout de suite. Dis que tu ne t'en sens pas capable, et je te détache sur-le-champs. Tu pourras continuer tes conneries loin de moi aussi longtemps que tu le voudras, sans mettre nos vies en danger. J'ai encore de belles années devant moi et je compte bien les vivre comme ça me chante !

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Jeu 5 Déc - 14:29
Carnothaur commença à compter les secondes dont il aurait besoin avant de se sortir de cette impasse, et le temps lui parût bien long. 180, 179, 178 ... Il essaya tout de même de remuer, obtenant la confirmation qu'il arriverait à briser ses liens dès qu'il en aurait la force, mais ceux-ci ne céderaient pas tout de suite. Mais alors qu'il était parfaitement calme lorsque la gnolle prit la parole, il perdit patience revint au fur et à mesure de ce qu'elle lui disait.

- Je suppose qu'un petit remerciement était trop demander ? Quelque chose du genre « Oh, merci divine patronne pour ne pas m'avoir laissé agoniser comme un gueux alors que je vous ai désobéi et que je mérite un juste châtiment ! ». Ce n'est pas la gratitude qui t'étouffe, mais je suppose que c'est normal pour un démon, d'avoir la vue courte et la rancune tenace.
Du coups, on va profiter que tu sois attaché pour avoir une petite discussion amicale. Tu veux bien ?


La gnolle reçut un grognement neutre pour toute réponse. Son démon de prisonnier ne daignait pas la regarder, et il se contrefichait de ce que cela pouvait bien lui faire ... Le temps tournait toujours, et il ne l'oubliait pas. 149, 148, 147 ... Il ne voulait pas la frapper, mais il pensa que s'il ne s'imposait pas, elle ne lui témoignerait pas le respect qui lui était dû. Après tout il n'était qu'un mercenaire qui venait faire son travail, pas une vulgaire bête se somme. Or, comme elle allait lui annoncer, la femme semblait avoir acquis le contraire :

- Je crois que notre problème vient du fait que tu as oublié quelle était ta place, Carnothaur. Si besoin est, je peux te rappeler qu'hier encore tu n'étais que le larbin de Grugio, et que c'est lui qui t'as mis à ma disposition pour régler sa dette... je pensai donc que cela était clair dans ta tête cornue : tu as beau être un compagnon de route agréable et un guerrier puissant, tu n'es au final rien d'autre qu'un mercenaire à mes yeux. Un laquais, et les laquais obéissent à leur maître.

Oh, pas la peine de me faire ces yeux-là, je me doute de ce à quoi tu penses : « Attends juste que je me libère, et on verra qui sera le maître une fois que je commencerait à t'étrangler comme un volaille ». C'est là que tu te trompes. Se soumettre, chez les miens, ce n'est pas simplement admettre que l'autre est plus fort, mais devenir ni plus ni moins que son esclave.
Ne pouvant me soumettre, tu vas me tuer par pur dépit, et non sans que j'ai rendu les coups. Tu expliqueras à Grugio que tu as échoué et que je suis morte des griffes des ancêtres savent quelle bête. Il fera mine de te croire, puis il fera son enquête, parce que c'est dans sa nature et qu'il aime savoir ce qu'il advient de ses meilleurs associés. Qu'il découvre la vérité ou non, il ne te fera plus confiance et ne te recommandera à personne. Sans garant, tu deviendras un chien errant, puis un chien enragé, et enfin un chien traqué par un une quelconque meute de chasseurs de primes. Triste destin, assurément.


Mais elle se prenait pour qui celle-là ? 71, 70, 69 ... Plus qu'une minute et elle boufferait le sable cette trainée. Carnothaur n'était l'esclave de personne, et sûrement pas d'une espèce de pouf à poils vêtue de cuir. Peut-être infligeait-elle le même traitement à ses prostituées, mais elle allait vite comprendre à qui elle avait affaire ! Mais elle n'avait pas fini, et elle en rajouta encore :

- Enfin, baste de considérations sinistres, d'autant plus que le grincement des fers que tu es en train de tordre commence sérieusement à m'agacer. Que tu le veuilles ou non, je t'ai sauvé : si je ne t'avais pas ligoté proprement sur ton cheval, tu te serais retrouvé au petit matin entouré par les lances de la milice, et je me demande si tu aurais pu t'en sortir par un nouveau massacre.
A ce propos, un petit mot à propos de ces femmes que tu as éviscéré avec tant d'ardeur... te doutes-tu au moins que si tu avais laissé les soudards tranquilles, elles auraient survécu ? Oh, certainement pas toutes, j'en conviens, mais par expérience personnelle je peux te dire qu'on en meurt pas. On y survit, on se purge, et on se venge. Alors tes grands discours de mâle justicier, tu peux te les carrer bien profondément.


Elle cracha aux pieds du démon, ce qui augmenta encore sa rage ... Comme le reste du moins.

- Grrr, voilà que je change encore de sujet. Bref, pour rester simple, je ne fais que te répéter la même question que lorsque nous nous sommes rencontrés : te sens-tu de taille ? De taille à faire ton foutu boulot de mercenaire comme tu avais si bien commencé à le faire à Sen'tsura, sans poser de question et sans jouer au héros ? A mériter une paye ?
Si ce n'est pas le cas, alors autant que tu te casses tout de suite. Dis que tu ne t'en sens pas capable, et je te détache sur-le-champs. Tu pourras continuer tes conneries loin de moi aussi longtemps que tu le voudras, sans mettre nos vies en danger. J'ai encore de belles années devant moi et je compte bien les vivre comme ça me chante !


Le démon ne retint plus son flot de colère et explosa :

- Tu te fous de ma gueule là ? Tu te prends pour qui espèce de grognasse ? Je suis un mercenaire, pas ton putain de larbin, rentre ça dans ta saloperie de crâne, mocheté ! 10,9 ... On me paye pour faire un boulot, pas pour être ton joujou, et je vais sûrement pas me laisser faire ! 6,5 ... Tu voulais savoir si j'étais capable de faire ce foutu boulot ? 3,2 ... Alors ouvre bien tes oreilles ! 1,0 !

Dans un rugissement de rage, il écarta les bras de toutes ses forces, et dans un grand bruit métallique, mêlé à un craquement d'os, ses deux bras étaient libres. Certes, il s'était démis l'épaule gauche, et son poignet droit avait fait un bruit bizarre, mais cette douleur n'était rien comparée à celle qu'il ressentait à chaque transformation. En un éclair, il fut sur elle, mais alors qu'il s'apprettait à lui décocher une gifle de la main droite, il se rendit compte que ses bras ne lui serviraient à rien. D'un chassé, il envoya son pied droit directement dans la face de la gnolle. S'attendant à ce qu'elle esquive, il prépara tout de suite derrière un autre coup, du pied gauche cette fois, tout an déversant sa rage :

- Jamais on ne fera à nouveau de moi un esclave, et tu n'y arrivera pas plus que les autres. Tant que je respirerai je ne me soumettrai pas. N'oublie pas ça, femme ! Si jamais tu as encore un problème avec ça, alors tu te démerdera toute seule comme une grande pour ton putain de travail, c'est clair ?!?

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Les chasses de Madame Shteinguell [pv Carnathaur] Sand-g10Jeu 12 Déc - 18:40
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S'attendre à un coups ne signifie pas s'attendre à n'importe quel coups. Tout en pérorant, Leuffa avait tenu son sbire rebelle à l’œil et elle avait légèrement bondit en arrière, les crocs à nus, lorsque le démon s'était mis à jouer les moulins à vent. Elle avait également eut le temps de voir venir le coups de pied rotatif qui avait jeté le mâle furieux au bas de sa monture effrayée, si bien qu'elle n'avait eu qu'à s'incliner un peu en arrière tout en attrapant une de ses dagues pour l'esquiver sans mal.
Elle n'avait pas cependant pas imaginé que Carnothaur maîtriserait suffisamment son élan en dépit de ses mouvements amples et de la douleur que devaient susciter ses articulations déboîtées pour enchaîner avec un second coups de pieds venant de l'AUTRE sens. Aussi eut-elle juste le temps d'interposer son épaule et son avant-bras gauche pour amortir le choc, ce qui ne l'empêcha pas de grogner en ayant l'impression d'encaisser un impact de masse de charpentier.
Cela lui ôta l'opportunité de saisir la jambe de son adversaire ou même de réagir à temps pour la larder proprement, si bien qu'il ne resta plus à la gnoll que la possibilité de contourner un rocher assez grand pour lui arriver au niveau des mamelles et temporiser. Elle ignorait combien de temps il mettrait pour soigner ses nouvelles plaies, mais elle avait indubitablement besoin de temporiser, que ce soit pour reprendre son souffle en le menaçant d'un lancer de dague ou pour chercher une ouverture pour une course effrénée vers les montures.
Malgré tous ses beaux discours, elle ne comptait pas se faire tuer sans réagir, et encore moins affronter véritablement un démon berserker même estropié.

- Un esclave ?! Mais qui t'as parlé d'esclave, sombre abruti ? J'attend juste de toi que tu fasses ton foutu travail de mercenaire sans que tu nous mettes en danger comme hier soir, c'est quand même pas compliqué, non ?
Par les burnes de mes ancêtres, si j'avais voulu un larbin pour m'accompagner, j'en avais une chiée qui ne demandaient qu'à me lécher les bottes !


Il n'y avait pas la moindre trace de panique dans la voix ou l'attitude de la gnolle, simplement de la rage... et probablement l'irritation de voir une situation lui échapper parce qu'elle se trouvait face à un imbécile imbu de lui-même. Un crevard nombriliste qui avait cependant assez de potentiel et de valeur pour qu'elle se retienne de lui ficher une lame entre les cornes malgré qu'il tente en ce moment même de la briser les os. En ce bas monde, le gaspillage était une des choses qui la mettait la plus en rogne.

- Arrêtes d'essayer de te faire du mal, princesse, et ouvre tes esgourdes. Bien que tu ais montré que t'étais un enfant de salaud irresponsable et qu'en l'état tu ne foutrais pas la trouille à un rat, j'ai toujours besoin de tes services.
On te laisse le temps de remettre tes os en place, et on va continue ce pour quoi JE t'ai embauché, c'est à dire couvrir mes arrières pendant que je négocie avec ceux qui se sont emparés de MA dryade. Si c'est ça qui te fait bander, je veux bien te donner du "ser", du "messire" ou même du "votre majesté" mais je ne VEUX pas qu'il y ait un autre carnage comme hier sans que je l'ai autorisé. C'est juste une foutue question de SURVIE, pigé ? De la mienne, de la tienne et de tous ceux qui nous courront après pour venger ceux que tu auras réduit en pulpe parce qu'ils t'auront regardé de travers.

Alors, que fait-on ? On s'entretue ou on s'embrasse ?







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