- Citation :
- Raconte-nous l'une de tes plus belles « bêtises » dans l'armée, et ce qui a finalement décidé ton père à intercéder auprès de tes supérieurs !
Comme chaque soldat de l’armée, Karine était affecté à un camp et comme chaque camp, celui-ci était dirigé pour un Commandant. Cet homme n’était en revanche pas comme les autres Commandants de Selian, connu durant sa carrière comme fin stratège, ses tactiques surprenantes lui avaient valu le surnom de Renard Blanc. Friand d’étude comportementale, celui que les soldats appelaient entre eux le « Vieux Renard » avait toujours des idées saugrenues concernant les tests préliminaires aux promotions. Ces dernières ne lui servaient bien souvent que de divertissement au grand dam de ses Capitaines.
C’est ainsi que Karine s’était retrouvé parmi les quatre prétendants au grade de Lieutenant malgré l’aversion de son supérieur à son égard. Néanmoins elle ne fut guère étonnée de cette nomination compte tenu des règles et de ses concurrents et elle pensait à raison que son Capitaine ne l’avait proposé que pour mieux l’humilier. D’un point de vue règlementaire on ne pouvait faire plus simple, un code avait été placé dans un campement avancé de l’armée à quelques kilomètres au nord de leur position, ceux qui ramenaient le code étaient promu. Evidement ce campement était prévenu et sous bonne garde et peu importaient les méthodes. C’était justement cette absence de règles qui mettait en défaut celle qui ne les respectait jamais, en effet elle avait pour concurrents trois hommes qui la détestaient. Elle avait laissé Justin plié en deux dans la cantine grâce à un coup de genou dans les parties suite à de lourdes avances de sa part, Oswald qui avait été l’archer le plus prometteur avait été oublié devant les performances de la demoiselle et la pilule n’était toujours pas passé. Quant au dernier, Arthur, il n’était rien de plus que le meilleur fayot du Capitaine recevant ainsi chaque jour les remarques les plus cinglantes de Karine. Les règles étaient claires, il n’y en avait pas. Karine n’était pas dupe pour un sous et savait pertinemment que ses trois rivaux ne se contenteraient pas de s’allier, ils feraient tout leur possible pour lui pourrir la vie, elle avait beau être prétentieuse, elle savait aussi qu’elle ne passerait jamais avec ces trois-là sur le dos.
De prime abord Karine avait songé à abandonner, mais le petit sourire en coin de son Capitaine avait allumé en elle cette petite fierté mal placé. Cela ne changeait pourtant rien à la donne, elle avait une semaine pour trouver une solution. Ce fut la nuit juste avant le jour fatidique du test que Karine passa à l’action, alors que le camp était endormi et que seules veillaient les sentinelles, la jeune archère sortie en catimini de son baraquement. L’objectif principal ne lui laissait pas d’option, le camp avancé qui servait étant trop gardé, il ne lui restait que l’infiltration que les trois idiots s’évertueraient à lui griller, elle devait donc changer d’objectif. C’était pour cela qu’elle se dirigeait vers les quartiers du Commandant en plein cœur de la nuit, il était le responsable du test et devait donc à ce titre avoir ce fichu code dans son bureau. Depuis l’intérieur du camp, il n’y avait rien de bien compliqué à s’infiltrer dans cet objectif secondaire et éclairé par les seules étoiles elle pénétra dans le bureau.
Le lendemain, elle se présenta le code en main au début de l’examen à la grande stupéfaction de Justin, Arthur et Oswald, mais aussi de son Capitaine qui commençait déjà à crier à la triche.
-Vous aviez précisé : Peu importe les méthodes. Vous n’avez donc pas à savoir comment je les ai obtenus !
Karine lui avait répondu sans souci du grade, trop fière de sa trouvaille et de l’avantage psychologique qu’elle avait sur lui. Néanmoins celui fut de trop courte durée à son goût puisque le Commandant s’avançait déjà.
-Et bien, il fallait une certaine présence d’esprit pour venir chercher ce code dans mon bureau, dommage que tu n’es pas trouvé de solution pour masquer l’ouverture de mon coffre.
La jeune archère, fière quelques secondes auparavant baissait à présent les yeux. Le Vieux Renard avait raison, forcer le cadenas avait été simple, mais après elle n’avait rien trouvé. Elle s’était dit simplement qu’elle était dans son bon droit puisque que tous les moyens étaient bons, à présent elle comprenait qu’elle avait peut-être été trop loin.