ƒ Le soleil haut dans le ciel tapait sur le sable de l'arène et sur les gradins qui l'entourait. Pour une fois, j'étais venue en grande pompe dans l'arène, ma tenue d'archevêque bien apprêtée, mes cheveux relevés en un chignon agrémenté de fleurs rouges et les quelques prêtres qui avaient voulu me suivre pour cette journée exceptionnelle qui m'entouraient. La foule semblait enchantée par les combats qui avaient eu lieu avant notre arrivée. Il fallait dire que journée était chaude pour le début d'année encore, et ce devait donc être la première fois qu'ils pouvaient vraiment profiter des combats depuis la nouvelle année. Chose qui tombait fort bien puisque le spectacle qui leur était réservé allait être hors du commun. Et un excellent exemple pour les gens qui avaient des choses à reprocher à Son pouvoir ou à la religion de Zelphos. Une rumeur sur laquelle il était bon de taper régulièrement, surtout pour décourager les plus courageux.

ƒ Une fois assise au plus près de la scène, en bas des gradins, je fis signe à un des molosses qui garder la double porte de bois d'où les différents champions pénétraient dans l'arène. Les portes s'ouvrirent difficilement, bloquées par le sable du sol. Le grincement des gonds avait attiré l'attention d'une grande partie de la foule, et un sourire de satisfaction pointait déjà sur mes lèvres en voyant la carcasse du prisonnier traînée jusqu'au centre de l'arène. Ils n'y avaient pas été de mains mortes, il semblait véritablement amoché. Le grand guerrier si fier, il y avait à peine quelques jours, avait aujourd'hui du mal à se mettre sur ses jambes. Un spectacle amusant, pitoyable mais amusant. Comme quoi aimer le désespoir était une affaire de famille.

ƒ Me relevant doucement, je levais mon bras, la main en l'air pour réclamer le silence. Le brouhaha de la foule mit quelques secondes à s'arrêter, lentement, les cris se firent plus rares et s'éteignirent dans les gorges des habitants de la cité. Laissant avec un sourire descendre mon bras le long de mon corps, je m'éclaircie rapidement la gorge. & Peuple de Sent'sura, voici devant vous un blasphémateur qui ne croit pas en la glorieuse religion de Zelphos. Il sera punit pour ses crimes dans cette arène et sous vos yeux... Gladiateurs, champions, rendez justice à votre Dieu. & Avec un geste gracieux, je me rassie sur le bancs, les yeux dévorants d'avidité le sable de l'arène où j'espérais bientôt voir le sang couler.

« On nous payera gracieusement si tu offres à ce public un beau combat, mais pas si tu t'agites comme une larve. Bois et mange, chien galeux, et relève-toi pour affronter ta mort en face. Si nous avions su que tu étais aussi faible, nous ne t'aurions pas emmené jusqu'ici dans de telles conditions. »

« Outre votre fanatisme démesuré qui n'est plus à en douter du fait que vous faites capturer des ennemis qui n'en sont pas et les trainez comme des bêtes dans cette arène, permettez-moi de vous reprendre sur un point précis. »

« Il ne s'agit pas d'une justice pour votre Dieu. Il n'y a aucune justice à faire enchainer un homme et à le réduire à l'état de larve. Il n'y a aucune justice à ne pas pouvoir me laisser me défendre face à vos accusations. Et ceci, c'est l'exacte infamie pour laquelle l'Aurore se bat. Vous accusez un innocent d'avoir commis des crimes, le gardez captif et l'enchainez au centre d'une arène. Est-ce ça, la divine religion de Zelphos? Allons bon, vous n'êtes pas crédible. Voyez comme votre mise en scène est ridicule, regardez cette pauvre femme - il pointa Ruby du doigt - équipée de la tête aux pieds face à un homme presque nu et enchainé. Allez vous oser me faire passer pour un criminel, moi, Rägmor Crocs-d'acier, qui me bas pour la liberté et l'équilibre de ce monde? Donnez-moi donc des armes et venez tendre votre cou, alors seulement là, il pourra y avoir justice. »

Gwandyr attendait dans la pénombre des coulisses de l'arène que les portes s'ouvrent. Elle pouvait aisément prédire que bon nombres de gens étaient venus regarder le spectacle, car beaucoup de brouhaha parvenait à ses oreilles, malgré les lourdes portes la séparant de l'espace de combat. Elle se remémorait les raisons de sa présence en cet endroit.

*Rendre justice à Zelphos... Qui est donc cette personne qui a mis en colère certains hauts-placés de notre camp? Comment se fait-il qu'elle ne se soit pas faite tuer directement surtout?*

La rousse n'avait pas eu beaucoup d'informations sur l'événement. On lui avait juste suggéré que ce serait bien vu qu'elle vienne à l'arène de Sen'tsura afin d'aider à régler un petit problème d'hérésie. Elle n'avait pas eu envie de répondre à cette "invitation", mais elle tenait à garder son poste au sein de l'armée d'Aile Ténébreuse et s'était donc rendue dans la capitale de Terre.

Après un moment qui parut une éternité à la guerrière, les portes s'ouvrirent enfin. Elle laissa passer une jeune femme aux cheveux de jais, qu'il lui semblait connaître.

*Hmmm... je crois que c'est une de mes supérieurs... Commandante de la cavalerie peut-être? Impossible de remettre la main sur son nom par contre...*

La gauchère s'avança un petit peu, et s'appuya simplement sur une des portes, juste à côté des gonds. Elle bougerait si elle devait le faire. Pour le moment, elle se contenterait d'observer et d'analyser la situation, sur laquelle elle ne savait pratiquement rien. Elle regarda donc autour d'elle. Les gradins étaient remplis de curieux qui émettaient un capharnaüm sonore assez insupportable. Une sorte de loge, dans laquelle on pouvait apercevoir une femme et quelques hommes en retrait derrière elle, se trouvait en hauteur sur sa droite. Un peu plus loin dans l'arène se trouvait un homme enchaîné. Ce devait être le fameux hérétique dont on lui avait parlé.
Soudain, le silence se fut, et l'archevêque -si c'était bien elle- ordonna sa sentence. L'autre combattante se déplaça de manière à lui faire face et lui fit part de son "allégeance". Rapidement cependant, le prisonnier se leva et pris la parole, s'adressant aux spectateurs. Il commença par parler à la femme en hauteur, à laquelle il reprocha -ainsi qu'aux autres sbires d'Aile Ténébreuse- d'agir de façon inhumaine en quelque sorte. Puis il s'adressa à toute l'assemblée d'injustice. Lorsqu'il prononça son nom, la trentenaire se releva.

*Rägmor!? Le jeune barbare impétueux que j'avais aidé il y a quelques temps?!*

Elle n'en revenait pas. Il lui avait été impossible de le reconnaître à cause de son état, mais même s'il avait été en pleine forme, elle n'aurait sûrement pas non plus deviné de qui il s'agissait. Il avait beaucoup changé en peu de temps.
La jeune femme ne put s'empêcher d'esquisser un sourire sarcastique et de rire doucement au discours qu'elle entendait.

*Il a toujours son idéologie apparemment... Et il espère pouvoir la répandre en parlant à une bande d'abrutis qui sont venus voir des combats, de la sueur et du sang? Toujours aussi naïf*

La rouquine se déplaça afin de se trouver réellement dans l'arène et de se rapprocher du barbare, riant assez fortement.

-Ha ha ha, toujours le même à ce que je vois, malgré tes changements physiques!

Elle parlait de manière à ce que tout le monde puisse l'entendre. Elle préférait les combats avec des armes aux joutes verbales, mais il faudrait commencer par là pour cette fois vraisemblablement. La Tlassin prit des airs d'orateur beau parleur et embrassa le public d'un bras, ce qui souligna encore plus son côté ironique.

-J'aurais tellement de choses à te dire mon cher Rägmor... Premièrement, pourquoi tu parles à tous ces gens, qui te sont sûrement pour la grande majorité d'entre eux inconnus? Ils ne connaissent pas l'histoire de ta présence ici, donc comment pourraient-ils comprendre ton sentiment d'injustice? Comment peuvent-ils savoir qui est gentil et qui est méchant dans l'histoire?

L'Ourse faisait des grands gestes et marchait en parlant, de manière quelque peu théâtrale. Son ton était totalement sarcastique et elle ne tentait pas de le cacher, car elle savait qu'elle n'y arriverait pas.

-Deuxièmement, qui a dit que tu devrais te battre dans cet accoutrement? Le combat n'a pas commencé à ce que je sache, non? Je suis d'accord avec toi sur le fait que ta position n'est actuellement pas faite pour combattre, et ce serait déshonorant pour nous aussi de t'attaquer maintenant, je te l'assure.

La Deava se dirigea alors vers l'autre combattante, et s'arrêta à côté d'elle, estimant que son propre tour était terminé. De plus, il s'agissait d'une supérieure et elle ne tenait pas à avoir d'ennuis, et elle ne prendrait donc pas de décisions elle-même.

« Ne me parle pas de déshonneur, vulgaire chienne. Tu n'es barbare que d'apparence, mais ton cœur et ton esprit n'ont rien d'une guerrière honorable. Tu es une lâche, menteuse et manipulatrice qui se fait passer pour ce qu'elle n'est pas. Mais malheureusement pour toi, je suis un tout autre homme et tu ne parviendras plus à te jouer de moi. J'ai prouvé aux peuples que l'Aurore savait s'imposer et qu'elle fonctionnait parfaitement. J'ai prouvé par mes actions que j'étais un Homme qui n'avait pas peur du sacrifice pour apporter à ce monde la liberté et l'équilibre, et je l'ai fait sans avoir à me cacher ou à me jouer des autres. Je t'ai prouvé que tu avais tort. Aujourd'hui, je ne fuirai pas, et je continuerai à clamer haut et fort ce que je pense jusqu'à ce que l'on m'arrache le cœur de la poitrine. Toi et tes amis sont des lâches et des faibles.  »

« Je n'ai pas besoin de connaître ces gens, ni même qu'ils aient besoin de savoir qui je suis. Ils connaissent l'Aurore, et cela me suffit amplement, car ils savent que je suis un de leur membre, un fier combattant qui œuvre pour des ambitions nobles. Nous agissons par des actes conséquents, contrairement à ce que tu peux penser, et nous n'avons peur de rien. Nous avons fait serment de se sacrifier au nom d'une cause juste, indubitable et incontestable. S'il faut que je tranche et que je brise pour prouver à ce public que nous ne soumettons à rien ni personne, s'il faut que je vous découpe pour prouver que je ne suis pas un lâche, et s'il faut que j'affronte la mort, alors ainsi soit-il...  »

« ...Mais je l'affronterai avec honneur et courage. Le message que je veux faire passer ne cessera de se diffuser et ma mort n'y changera rien. »

« Viens donc me dire cela quand je serai face à toi et que je t'aurai enfoncé ma lame dans ton cœur ! Je viens te chercher moi-même ! »

Gwandyr était relativement calme en entrant dans l'arène, même si quelque peu exaspérée par la situation. Elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait là, et commençait à en avoir marre de se battre verbalement contre Rägmor. Ce dernier avait toujours la tête autant dure et la rousse n'aimait pas du tout sa naïveté qui l'avait déjà énervée la première fois qu'elle avait rencontré l'homme.
Le sang-froid de la trentenaire ne resta cependant pas longtemps. En effet, le barbare se déchaîna -au sens propre autant qu'au sens figuré du terme- et l'insulta, la traitant de tous les noms comme si elle était une moins que rien. La guerrière sentait la rage monter en elle au fur et à mesure que les paroles sortaient de la bouche du colosse et que celui-ci se rapprochait. Elle serra le poing sur la garde de sa Reitschwert. Il allait beaucoup trop loin.

-Tu oses te dire honorable en me parlant de la sorte? Ce n'est pas moi la lâche et la menteuse ici! De quel droit te permets-tu de me juger alors que tu ne connais quasiment rien de moi? Tu ne vaux pas mieux que les autres!

Après qu'il ait lancé un rugissement qui ne fit qu'amplifier les instincts guerriers de la barbare, celle-ci dégaina et s'apprêta à attaquer. Elle n'en eut toutefois pas l'opportunité car l'autre jeune femme s'interposa et considéra que c'était à son tour de réagir. La rouquine put donc observer un phénomène étonnant, et donc intéressant: des pétales de fleurs d'un rouge profond sortirent des bras de la noiraude et se dirigèrent en plein sur Rägmor. Celui-ci cria comme s'il avait souffert du contact de ces végétaux, mais la Tlassin avait de la peine à y croire. Comment de simple bout de fleurs pouvaient faire du mal à un géant tel que lui?

*A quoi est-ce qu'il joue bon sang?! Il pense qu'on va croire à sa comédie?*

L'Ourse s'avança de quelques pas et se mit en garde.

-Sauf votre respect Commandante, je vais m'occuper de cet individu toute seule. Jamais je ne laisserai passer cet affront!

Pendant ce temps, le guerrier avait commencé à charger en direction de la Blake. Il semblait avoir prévu que la gauchère voudrait se battre elle aussi, car il avait placé son bouclier en direction de celle-ci.
Cela ne lui servirait à rien, car la Daeva attaqua avec son épée en direction de ses jambes, afin d'essayer de le faire tomber, ou du moins de le couper dans son élan. La tactique fut effective et le colosse se vit obligé de plonger en avant et de faire une roulade afin d'esquiver le tranchant de la lame, qui n'aurait pas manqué d'entamer sa peau. Gwandyr laissa son corps suivre le mouvement de sa Reitschwert et fit un tour, profitant de ce moment pour sortir sa dague de sa main droite. Lorsqu'elle se retrouva face à Rägmor, elle stoppa sa course tournoyante et, ne lui laissant pas de répit, lança sa petite lame en direction de sa cuisse, puis se remit en garde. Ne lui importait à présent que la victoire sur cet être méprisable.

ƒ Les deux femmes qui étaient entré dans l'arène était pour sûre bien chétive comparé au colosse même en sous-nutrition. Je n'avais jamais spécialement eu affaire aux deux commandantes de l'armée. Mais j'en avais suffisamment entendu parler pour savoir qu'elle ne feraient pas de cadeau à leur prisonnier. Après tout, je savais à quel point les femmes qui désiraient une place élevée pouvaient jouer de ce genre de manifestation pour augmenter leurs popularités. Et le contraste entre la féminité et la netteté des combattantes avec un l'imposante stature et la sauvagerie de leur opposant apportait un aspect presque artistique à ce combat.

ƒ Apparemment, la rousse de la paire semblait connaître ce certain... Rägmor. Je fronçais légèrement mes sourcils et pinçais mes lèvres. Elle n'avait pas l'air de l'apprécier mais tout de même... Ce n'était pas une bonne chose à mes yeux. Le blabla des combattants commençaient à réveiller l'intérêt du public. Je voyais autour de moi les gens se rapprochaient du sable, regardant le combat avec un intérêt non feint. S'il n'avait probablement pas atteint les cœurs des croyants en Zelphos qui l'entouraient, le meneur de file de l'Aurore avait su réveiller leur intérêt. Et je redoutais que ce ne soit pas uniquement pour le combat qui par ailleurs commençait à s'animer.

ƒ Enfin, les corps se lançèrent les uns sur les autres. Après à peine quelques échanges, je vis une dague se fichait dans la chaire du géant. Enfin, je me détendait un peu. Certes, il se battait bien, peut-être même très bien, mais ici nous avions l'avantage. Non pas parce que nous étions à domicile ou une autre imbécilité du genre. Mais cette arène était notre terrain de jeu. Aussi me levais-je en me retournant à nouveau vers le peuple. & L'Aurore ? Connaissais vous vraiment cette... idéologie de gens qui croient que tout le monde peut vivre libre à faire ce qu'il veut. Vous êtes libre. Libérez par votre foi en Zelphos. Ne suis-je pas celle qui reçoit certains d'entre vous au Temple pour les libérez de la peine d'avoir perdu un proche? Est-ce être libre de se retrouver ici à beugler parce qu'on a pas été protéger? & demandai-je toxique aux chalands qui hurlaient pour encourager les duellistes. Mon ton était probablement aussi caustique que de l'acide mais je ne pouvais pas utiliser de tournure trop compliqué si je voulais toucher l'ensemble des animaux présents. Certains étant clairement venu ici uniquement par soif de sang. Mais il était hors de question pour moi que le crieur sauvage emporte NOS ouailles.

« Voyez donc les belles paroles d'une adoratrice de Zelphos. Soulevez-vous, public, vous êtes manipulés par ces mensonges ! Voyez cette liberté dont cette catin vous fait part, venant m'ôter pour me trainer dans cette arène tel une larve. Votre pitoyable religion n'apporte rien en ce monde, alors que l'Aurore se bat pour des causes justes, et nos actes sont si conséquents qu'ils ont fait venir notre nom jusque dans cette cité. NOUS incarnons la liberté, vous n'êtes que des fanatiques trompeurs qui vous jouez du peuple. Mais moi, je ne suis pas un lâche, et je n'ai pas peur de dire la vérité. Saisissez votre chance, public, et suivez-moi pour m'opposer à ces pleutres. Voyez, il reste encore un homme dans ce monde qui soit assez courageux pour se soulever seul face à ceux qui vous manipulent ! »

« Vous n'avez pas besoin de croire en Zelphos pour façonner votre avenir !  Suivez-moi dans mon combat pour rendre libre ce monde, montrez-moi cette même rage que moi qui irrigue votre cœur et que la peur vous empêche de faire parler. Je serai votre guide et je suis prêt à mourir dans cette arène pour vous, public, mais par Mjörn, prouvez-moi que vous n'êtes pas les vulgaires esclaves de cette religion qui suinte le mensonge, la perfidie, la fourberie et l'hypocrisie ! Faites exploser la fureur en vous et reprenez ce qui vous appartient ! »

Gwandyr pesta lorsque Rägmor récupéra sa dague afin de l'utiliser comme une arme. Même si la taille de l'arme était ridicule, la rousse n'aimait pas qu'on utilise ses affaires, et encore moins contre elle. Totalement sur ses gardes, sa tension combattive se dissipa cependant rapidement quand l'archevêque prit la parole. Cette dernière parla elle aussi contre le barbare, rappelant encore une fois que l'Aurore n'était qu'une idéologie utopiste et donc irréalisable. La guerrière n'était pas tout à fait d'accord avec ses derniers arguments, mais elle était maintenant à présent sûre que jamais le peuple ne se soulèverait contre Aile Ténébreuse. Il y aurait toujours des gens contre le Démon, mais toute résistance était vouée à l'échec, du moins si elle était organisée de cette manière.
Le guerrier ne tarda pas à répliquer, étant une fois de plus vulgaire envers son interlocutrice -ce qui pour la trentenaire était une très grande erreur de sa part. Le public sembla hésiter face à ce discours, mais ce doute s'en alla rapidement et laissa la place à l'envie de spectacle. On entendit alors des hurlements de volonté de mise à mort, ce qui ne manqua de faire sourire la Tlassin narquoisement.

*Que les gens du peuple sont simples d'esprit...*

La Commandante ajouta alors son grain de sel, accentuant encore la mauvaise position de Rägmor. Elle tenta une fois de plus de l'attaquer grâce à ses pétales, mais le géant tomba à genou avant même que les végétaux atteignent leur cible, sanglotant.
La barbare ressentit alors une vague de mépris l'envahir. Elle ne pouvait même pas avoir pitié de cet être, qui n'avait pas voulu l'écouter malgré qu'elle avait raison. Le fait qu'il ne se battait même plus ne fit qu'empirer ce sentiment. L'Ourse s'approcha de lui. Elle reprit sa dague et la rangea dans son fourreau et donna un coup de pied dans le bouclier qui roula sur quelques mètres avant de s'arrêter dans un bruit sourd. Les cris du publics ne parvenaient plus aux oreilles de la jeune femme et celle-ci se pencha vers Rägmor, et lui chuchota à l'oreille:

-J'avais raison depuis le début, et maintenant tu vas payer pour avoir osé m'insulter de la sorte...

La rouquine se redressa et, faisant signe à la noiraude qui s'avançait vers elle de rester à l'écart, elle releva la tête de l'homme et frappa son torse de son pied, ce qui eu pour effet de le coucher au sol. Elle s'énerva, lui criant dessus, ne contrôlant plus ses instincts barbares les plus profonds, qui n'avaient pas pu ressortir depuis belle lurette.

-Relève-toi et bats-toi! Qui est-ce qui parlait de déshonneur et du fait de ne pas être un vrai guerrier?! Tu ne mérites pas de vivre!

Sur ces paroles, Gwandyr brandit sa Reitschwert à deux mains et, avant que quiconque ne puisse réagir, l'enfonça de toutes ses forces dans la poitrine du géant. Elle resta appuyée sur son épée pendant quelques instants, puis se releva, droite et fière. Elle ôta la lame du corps de Rägmor et l'essuya sur le peu de tissu qu'il portait. Elle se dirigea vers la porte afin de partir de cet endroit et d'aller se détendre devant un bon repas. Les conséquences de son acte lui importaient peu, elle avait fait ce que lui dictait son instinct et c'était tout ce qui comptait. Et si quelqu'un avait l'audace de se mettre en travers de son chemin maintenant, qu'il s'agisse d'un de ses alliés ou non, elle leur ferait subir le même sort qu'au barbare qui gisait à présent sans vie dans un mélange de sang et de sable.

« Tu n'es qu'un lâche. »

« Thot-.. Thot'Amon.. Mais qu-.. ?! »

« C'est ce que nous t'avons appris, te mettre à genoux et attendre lâchement que la mort vienne te chercher ? Quelle fillette es-du donc devenue ? Regarde tous ces guerriers autour de toi qui ont honte de tes agissements. Tu te morfonds pour une vulgaire trahison et tu es prêt à mourir pour cette Aurore qui ne vaut pas la moitié de ce que tu es réellement capable de faire. »

« Tu n'es plus le guerrier d'autrefois, Rägmor. J'avais placé mes espoirs entre tes mains, pensant que tu pourrais nous faire honneur, écrire le nom de notre peuple dans l'Histoire, et que notre sacrifice n'ait pas été vain. A la place, je te vois allongé sur le sol, plus minable que jamais, plutôt que de combattre la mort comme un vrai guerrier et de te raccrocher à la vie comme le ferait n'importe lequel d'entre nous. Décide toi maintenant, mais nous ne t'accueillerons pas chez les nôtres si tu agis comme un couard. »

« Si l'Aurore a commis le crime d'avoir enlevé un enfant de dix ans dans le but de l'exécuter, alors je payerai le prix du sang pour cet affront qui a été fait aux adeptes de Zelphos. Cependant, je demande à avoir la preuve de vos accusations en faisant venir le ou les membres responsables de ce crime. Je demande également à ce que deux des partisans de l'Empire me prennent en charge et me gardent captif jusqu'à qu'il y ait une preuve de ce que vous nous reprochez afin que justice soit faite : le conseiller Saeros avec qui j'aurais du avoir rendez-vous aujourd'hui plutôt que d'être coincé ici et le champion incontesté de cette arène qui aura son mot à dire puisque notre combat se déroule sur son territoire. »

« Mais si vos accusations sont fausses et que l'Aurore n'a jamais commis de tels actes, je demande à ce que l'erreur soit réparée. Vous devrez présenter vos excuses sur la place publique, devant la population de Sen'tsura, reconnaitre que l'Aurore est innocente et que ses intentions sont bonnes. »

ƒ L'intervention de la capitaine avait mis le colosse à genoux. Je soupirai légèrement. Bon sang, des fois je me demandais dans quel monde vivait les habitant de Terra. Croire en le meilleur de chacun, que tous était irréprochable dans leur loyauté, leur vertu et leur loyauté. C'était tellement risible pour nous qui venions d'un monde où seul la puissance et la cruauté était un moyen de s'imposer. Même à 10 ans j'avais compris que dans ma famille comme ailleurs, il fallait être près à planter un couteau dans le dos de n'importe qui pourvu qu'on veuille rester en vie. Et c'était cette loi qui m'avait aussi permis d'arriver où j'en étais aujourd'hui. Comme si je m'étais génée pour écraser les autres membres du clergé. Vraiment ?

ƒ Pourtant, comme je m'y attendais un peu. La détresse du colosse apaisa les coeurs. De la pitié, c'était ce qu'il inspirait maintenant. Mais quand on a pitié on n'achève plus. Et alors les autres se relèvent et deviennent les vainqueurs du combat. C'était le retournement attendu, comme dans une de ces mauvaises histoires qu'on racontait au enfant de ce monde pour que les filles croient encore au prince charmant et les garçons qu'il pouvait sauver le monde seulement avec leur deux mains. En quelques secondes tout le pathétique de ce monde s'était étalé devant mes yeux... et il n'y avait rien de beau à voir. Le géant bugla une dernière fois appelant à voir mon cousin et un conseiller du Seigneur. Je fronçais les sourcils contrariée. Je n'avais toujours vu en Victo qu'un puissant guerrier. Puissant certes. Mais de là à ce qu'il comprenne les subtilités de ce genre de situation. Enfin, au moins je savais que mon cousin n'était sensible qu'à un levier que les femmes pouvaient manipuler assez facilement. Au pire faire appel à Aeon n'avait rien d'effrayant à mes yeux.

ƒ Par contre, je ne connaissais pas ce Saeros. Oh je devais déjà l'avoir croisé plusieurs fois c'est certain. Mais ma confiance était très limité envers ces politiques qui n'était là que pour tenter de faire pencher le coeur de mon Dieu. Pour preuve qu'il s'y prenait assez mal en plus puisuq'il ne rester jamais très longtemps. Un nouveau sourire d'exaspération franchit mes lèvres. Mais je n'avais pas trente six solutions. Me tournant vers un des prêtres qui m'avait accompagné je lui susurrai & Faites chercher mon cousin, le général céleste. Qu'il fasse une apparition ici! Pour le conseiller prévenez le aussi. Mais je veux que les discussions entre lui, Victo, cet homme et moi soit organisée en privée. & Après un regard vers l'arène je rajoutai & Je crois qu'elles ont gagné le droit d'y assister aussi... &

ƒ Je me retournai ensuite vers l’arène. Ce combat ne m'amusait vraiment plus. Si me^me les géants n'avait pas la fougue de se défendre il était à parier que ces arènes deviendraient un jour aussi morne que la forêt de Drayame. & Très bien puisque vous mettez en doute la parole d'une des capitaine de l'Empire vous aurait votre entrevu. Et vous pourrez revenir sur ce sable honorer votre promesse et mourir dignement, pour les crimes de votre groupe. &  annonçai-je haut et fort en faisant signe aux gardes  de ramener le prisonnier dans les tréfonds de l'arène.

« Tu as prouvé ton honneur au combat, Rägmor. Tu mérites de reposer avec les nôtres. »