Raconte le jour où le Runemancien est arrivé dans ton village.
Cela arrivât le premier jour de Raël, 81 ans après la fin de l'hiver éternel. Alors que hier, au soir tout le village s'était rendu en procession à la rivière. Longeant les champs, ils suivirent le sentier qui passait sous le vieux chêne tricentenaire. Après s'être recueillit un instant à la porte du cimetière flanqué sur un coteau, ils reprirent leur descente. Là, enfin arrivés à la petite plage de galets blancs, ils s'installèrent, attendant que l'astre lunaire soit complètement levé. Au bout d'un moment ils se relevèrent, se munissant chacun d'une pierre reflétant la lune. Montie le forgeron, alla chercher des nénuphars sur l'autre rive tandis que Pragant l'ancien distribuait des bougies aux villageois. Chacun disposa la sienne sur le galet, de manière à ne pas bruler la feuille en dessous. Enfin après que les cierges furent tous éclairés l'on lâchât dans le courant les petites embarcations. Celles-ci prirent de plus en plus de vitesse, petites lumières dans le noir de la nuit. Alors qu'elles disparaissaient au loin les habitants retournèrent chez eux dans un profond recueillement.
Tout au long de la cérémonie je n'avais de cesse de penser à mes parents disparus. Je ne pouvais qu'espérer que cela les aiderait pour leur voyage vers l'au-delà. Lorsque les lumières s'en furent allé, je me sentais quelque peu soulagé de l'horrible perte qui m'accablais. En effet depuis deux mois j'étais prostré intérieurement, démolis par la perte de mes parents. Même si celles-ci avaient été espacée de cinq ans, leurs disparitions m'avaient semblé simultanées du fait de la médiation. C'est donc au lendemain de cette journée commémorative qu'il arriva.
Aux alentours de 10h du matin alors que la brume commençait à se dissiper. On le vit apparaître sur le chemin menant au col de l'aigle. Émergeant du brouillard, le nain semblait exténué. Ses cheveux et sa barbe hirsute, qui n'avaient pas été taillés depuis plusieurs jours, venaient encore rajouter à la rudesse de ces habits. En effet s'il n'était pas armé de pied en cap comme nombre de ses congénères, il portait des vêtements caractéristiques de l'artisanat nanique, taillés dans du tissu blanc et couverts de runes. Passer la première observation on pouvait remarquer que ses sandales étaient fortement usées, le bas de son fuseau éliminé et ses manches tachées de poussière.
Une fois arrivé au village il expliqua qu'il était partir rendre visite à de la famille dans le sud et qu'il s'était perdu sur le chemin du retour vers Tilamus. Ses vivres quasiment épuisées, il demanda à manger et un gite pour la nuit. Mais dans un pauvre village comme le mien, il n'existait pas d'auberge, et si les habitants étaient prêts à lui fournir de quoi se sustenter, ils n'avaient rien de mieux à lui proposer qu'une étable pour la nuit. Alors qu'un attroupement se formait autour de lui sur la place du village Montie sortit de sa forge et vint lui parler.
- Messire Nain, si je ne peux vous héberger moi-même, je peux vous recommander à un ami, le propriétaire du manoir sur la colline là bas, je sais qu'il possède des chambres vides. - Fort bien, j' préfère l 'confort d'une chambre, même d'paysan à l'étable, lui répondit-il. - Alors allons y, lui répondit Montie dans un sourire, le propriétaire est assez … spécial, enfin vous verrez par vous-même
Après avoir gravit la pente ils arrivèrent devant le manoir. Bâtisse rectangulaire de deux étages, il était garnis d'étroites fenêtres et flanquer d'une petite tour. La porte cochère en bois était ouverte, ils passèrent donc sous l'arche en pierre pour atterrir dans la cour. Sur le coté se trouvait une écurie qui semblait ne jamais avoir servie depuis la construction, certaines poutres avaient été mangées pas les termites se fragilisant au fil du temps, jusqu'à la chute emportant une partie du toit. Au centre de la cour trônait un puits, ça et là trainait divers objets
- z' êtes sur qu' quelqu'un qu'habite ici ? demanda le nain en observant les rideaux tirés et les carreaux sales donnant sur la cour. - Mais oui ne vous inquiétez pas, répondit le forgeron en frappant à la porte principale, puis cria, Xiel..., Xiel ! tu es là ? - Dans quel étrange aventure je m' suis encore fourré, grommela le vieux runemancien dans sa barbe.
L'homme se retourna et partit en direction de la porte taillée à même la roche de la falaise, au fond de la cour. Le seuil de pierre était ceint de deux piliers dans lesquels était gravé d'étranges symboles. La porte en elle même en était couverte. En apercevant cela, l'intérêt du nain fut piqué au vif si bien qu'il se rapprochât rapidement alors que Montie tambourinait déja sur le porche. Le runemancien était totalement absorbé dans la contemplation des glyphes inconnus lorsque la porte s'ouvrit. De la pénombre régnant au delà du perron, commença à apparaître une silhouette. Enfin dans la lumière il se révéla.
Je travaillais depuis un moment sur un enchantement relativement complexe. J'étais entrain d'y apporter la touche finale lorsque j'entendis que l'on criait mon nom à l'extérieur, il me sembla reconnaître la voix de Montie le forgeron. Je continuais marlgres tout mon travail comme si de rien était, il finirait bien par se décourager. Mais non ! Le voilà qui frappait à la porte de l'atelier. Passablement énervé, j'abandonnais ce que j'étais entrain de faire, me levais de mon tabouret et commençais à grimper les marches menant à la sortie de la cave. Enfin arrivé à la porte j'ouvris celle-ci d'un coup et sortit dans la cour.
Le contraste avec l'intérieur m'éblouis quelques instants, le temps que mes yeux s'habituent à la lumière extérieure. Ces secondes d'inactivité laissèrent le temps aux deux personnes de me détailler. Belle impression que j'ai du faire en vérité, avec mes cheveux en bataille, ma barbe de trois jours et mes habits dépareillés. J'avais remarqué que le nain était penché sur les glyphes du poteau, et alors que je le détaillais un peu plus, son accoutrement attira mon attention. Ces drôles de symboles, devaient être les fameuses runes naines. Montie commença à ouvrir la bouche mais il fut interrompu pas le runemancien qui se redressa vivement.
- Z' êtes l'auteur des gravures ? Me lança-t-il - et bien … oui, répondis-je - m' sont fort étranges, dirait' on pas un dérivé dl 'ancienne écriture, murmura t'il en se frottant le menton - Exact ! M'exclamais-je, vous comprenez ce langage ? - Ben sur qu 'non j' connais personne qui l' parle, dit il en se tournant vers moi,et c' bien normal, il a disparut y' a fort longtemps d' ça. - Mais vous semblez posséder des connaissances dans l'écriture lui dis-je sur un ton interrogatif - Et oui mon p 'tit j 'suis runemancien, c 'mon métier que d' me servir des runes - Par Von Luar ! M' écriais-je, venez donc voir mon travail !
Je commençais à m'enfoncer dans mon antre, descendant les marches quatre à quatre. Alors que le nain me suivait, je me demandais soudain si, n'étant pas habituer au moindres recoins du lieu contrairement a moi, il arrivait à se repérer. Je réalisais alors que c'était un nain, il ne devait certainement pas avoir besoin d'aide pour se diriger sous-terre. Ne ralentissant pas la progression, j'eu une dernière pensée pour Montie que j'avais laissé en plan la haut, bah, songeais-je, il a l'habitude.
Nous arrivâmes alors dans mon atelier, qui fut celui de mon père avant moi. Le vieux runemancien observa les objets enchantés qui trainaient un peut partout, puis se tourna vers moi.
- Par Cyri, si j'avais pu imaginer qu'un homme serait capable d'utiliser les arcanes runiques ! - Et bien chacun à ses secrets lui glissais-je en souriant, mais je ne suis pas un homme. - Ma fois la couleur de vos yeux me semblait étrange répondit-il, mais si vous n'êtes pas un homme qu'êtes vous donc ? - Et bien un Daeva, rétorquais-je, mais vous n'êtes pas non plus un simple nain, voilà que vous n'avez plus d'accent maintenant ! - Cela n'est qu'un façade destinée à rassurer les humains, leur faire entendre ce qu'ils attendent de nous, répondit-il un air entendu sur le visage.
Après ce premier contact quelque peu abrupt, nous parlâmes jusque tard dans la nuit, puis je l'hébergeais chez moi, pour quelques jours qui se transformèrent en quelques mois. Ma faculté à comprendre toutes les langues fut d'une grande aide et ainsi dans ce laps de temps très cour j'appris à maitriser toutes les subtilités des langues naines alors même que ceux-ci mettaient des dizaines d'années à acquérir cette maitrise. De nos discussions je ne parlerais pas plus avant, ne voulant pas trahir la mémoire de mon ami, ni les secrets nains qu'il me transmit, mais fort de ces nouvelles connaissances je pu enfin mettre en œuvre un projet qui me tenait à cœur depuis tant d'années. En mélangeant les runes des différents peuples je commençais à créer un nouveau langage destiné à servir les enchantements, qui serait bien plus complexe et puissant désormais.
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