[précédent poste à supprimer... désolée --" ça me frustre également. Oui ! Je sais que ca vous frustre ! Genre "ptin elle fait pas gaffe" MAIS BON ! *rage*]

Le souffle du vent fouettait son visage de ses cheveux, alors que l'ange volait au-delà des nuages. Elle voulait oublier et pour cela, rien de mieux que l'îvresse. L'îvresse de l'air. Du manque d'oxygène. Oublier sa colère. Oublier sa frustration. Mais comment ?! Même à des milliers de kilomètre d'altitude, ses seules pensées était encore et toujours dirigées vers cette femme. Cette Ashley ! Lâche elle avait été ! Tellement lâche ! À peine avait-elle commencé à la confronter à sa propre philosophie, méticuleusement étudiée durant leur longue rencontre, qu'elle avait fuit ! Littéralement disparu ! C'était trop simple... tellement irrespectueux. Sa bonne volonté : laissée en plan... "Je ne laisse pas passer les richesses !" avait-elle dit ? Matérialiste incapable de penser ! Incapable de résonner !

Un regard en bas lui fit remarquer qu'elle avait déjà dépassé sa destination. Elle pesta alors entre ses dents et fusa, se laissant tomber, sur la colline qui marquait le point de rencontre de l'Aurore. Elle ne battait ses ailes, non. Elle battit l'air, avec rage. Des rafales de vent tordirent l'herbe lorsqu'elle se réceptionna sur le sommet. Il lui démangeait de se saisir de son hallebarde et de tout trancher sur son passage, afin d'évacuer sa rage. Comme substitue, elle préféra hurler de tous ses poumons, puis les vider. Les remplir. Les vider à nouveau. Elle prit ainsi de longues inspirations, sans pouvoir se calmer.

Elle ne prit pas la peine de faire disparaître ses ailes. Autant qu'il reste un vestige de sa précédente douceur, afin de ne pas décevoir celui qui lui avait enseigner celle de penser. Et finalement, elle entra dans la grotte et sentit une vague de découragement, venant de son fond. Mais elle ne fut qu'éphémère, avant d'être remplacée par le désir écrasant de justice et de bataille pour des convictions inébranlables.
Elle ne fut pas surprise de voir Rägmor, bien peu habillé. Être à proximité de lui réussi quelque peu à la calmer, étant toujours aussi sensible à sa sérénité. Ainsi fut-elle prise par un nouveau élan de bonne volonté. D'autant plus lorsqu'elle comprit que le flot de pensées négatives ne pouvait provenir que de lui.
Son visage s'adoucit et elle fut spontanée. Elle franchit les quelques mètres qui les séparaient avant d'enlacer son corps de pierre.
- Tu n'es pas seul, lui dit-elle. Les hommes sont encore étranger à la raison, mais ils l’atteignent toujours. Trop tard, mais toujours. Il faut laisser vieillir le mal, aussi dur cela soit-il, pour qu'ils se rendent compte du bien qu'ils pourraient faire.
Inadel parlait autant pour lui que pour elle. Elle qui avait misérablement échoué dans sa tentative d'apport de sagesse...
Cette dernière pensée raviva son amertume et elle s'éloigna rapidement de Rägmor avant de s'adosser au mur. Sa mâchoire se crispa à ses mots :
- J'ai rencontré une voleuse prestidigitatrice. Joueuse, pleine de vie. Désireuse de continuer à être heureuse. Pourtant, elle est restée sourde et a disparu sans demander son reste. Quelle ! Quelle... c'est destabilisant... Mais ça m'a apprit que les hommes ne peuvent pas agir contre le mal, tant qu'il y a la moindre parcelle de bonheur qui les aveugles.
Et on ose dire que je suis une innocente utopiste aveuglée par mes convictions ! Faut-il que je sorte mon épée et que je leur montre le sang et la peur ! Pour qu'il comprenne que je ne suis pas une stupide enfant de coeur !
Ses yeux étaient larmoyants, noyés dans la colère.

L'ange fut forcée de suivre l'homme de pierre et de roche jusqu'au sommet de la colline. Ceci malgré qu'elle n'ait réellement besoin de s'aérer... étant donné le voyage dans les nuages qu'elle venait d'accomplir dans cet espoir. Peine perdu.
Mais il fallait croire qu'une brute sortant de son trou, accompagné d'une fidèle hache, était plus efficace à calmer les turbulences de son esprit. Chaque pas en direction du sommet lui faisait laisser derrière elle un peu plus d'amertume. Cependant... l'amusement qu'elle avait ressentit dans les pensées du Giguêtre la laissa perplexe. Elle ne voulait pas lui en vouloir. Elle le gratifiait de trop de respect pour cela. Mais se pouvait-il qu'il se moque d'elle ? Non... le respect était partagé.
Arrivé au sommet, elle réfléchi longtemps sur la cause de cette réaction plutôt désagréable. Elle n'aurait jamais prononcer ces réflexions à voix haute, mais au coté de son mentor, elle se sentait capable d'aborder n'importe quoi.
- Pourquoi rit-on de moi ? demanda-t-elle alors. Je dois être censé pouvoir... changer le cœur des Hommes et les amener à la raison. J'ai été doté du dons qu'il me faut pour y arriver. Pourtant, j'ai bien l'impression de manquer totalement de crédibilité. Suis-je trop vieille ? Suis-je un vestige dépassé du passé ? Est-ce possible que je ne sois plus adapté au monde qui m’entoure ?
À moins qu'il me faille encore davantage d'expériences... Après tout, j'ai le temps. C'est probablement pour nous donner le temps d'être sage, qu'on nous a offert l'immortalité.
Qu'en penses-tu ?
Inadel leva les yeux sur le visage de Rägmor, fendu par un sourire. Étrangement, un oiseau s'était posé sur son épaule, sans crainte. Elle était certaine qu'en réfléchissant, seulement en le regardant, elle pourrait prédire ses mots. Mais pour une raison qui lui échappait, ils n'avaient pas de valeur lorsqu'ils ne provenaient pas de ses lèvres.

Rägmor lui demandait bien d'évoluer. Tout comme le cœur d'Inadel. Probablement qu'elle s'était laisser entrainer par les histoires sur les anges. Les histoires embellissaient, simplifiaient toujours. Mais elle n'avait aucun moyen de les contre-dire, lorsqu'elle est arrivée sur Terre et la simplicité devait être une évidence. Alors que c'était loin d'être le cas...
- Mes mœurs n'étaient pas si différents de ceux de ce monde, il y a quelque temps. C'est bien cet élément parasitaire, cette faille vers un monde qui n'est pas censé interagir avec le notre, qui a perturbé l'équilibre.
Les yeux de l'ange s'illuminèrent d'une nouvelle flamme de conviction et son visage reprit ses traits naturellement sereins. Comment pouvait-elle repousser une nature aussi puissante que celle qu'elle possédait ? Cela ne pouvait qu'être qu'à cause d'une exposition à la corruption infiniment puissante des démons.
- Je ne peux pas choisir la mauvaise voie. Celle des démons. Mon corps autant que mon instinct, la racine de l'arbre de mon être, m'en interdit. Ils perturbent l'équilibre entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Dieu ne les a pas comprit dans l'harmonie, lors de sa création. Qu'ils y entrent de force perturbe l'ordre des choses. Ils sont un élément mauvais, étranger à la vie, qu'il faut compenser. Et ceci par d'autre élément conservateur plutôt que destructeur. En voyez vous beaucoup ? Non... La solution la plus raisonnée est de les exterminer.
Son visage se durcit et son aura devint plus forte qu'à son habitude, transportant la juste haine envers un mal qui se doit d'être détruit.
- Il faut détruire l'Aile Ténébreuse.

Inadel ressentait toute la contradiction, toute l'indécision de Rägmor, à travers ses pensées. Un flot de pensées vaseuses : on pouvait y lire la surface, sans jamais pouvoir atteindre le fond. Elle ressentait en lui ce qu'elle avait subit durant longtemps. La volonté, sans avoir les moyens de la matérialiser. De l'utiliser pour se forger des convictions concrètes et stables. La nuance, être partagé entre une multitude de relativité, où la
- Tu es comme moi, Rägmor. Ton cœur est sûr de lui. Ton cœur veut faire ce qui doit être fait, accomplir et amener de belles choses. Tu es trop sage, trop compréhensif, tolérant et du même temps, pour ces mêmes raisons, tu te sens opposé et différent de la plupart des hommes. Opposé à leur façon d'être, à leur façon d'être égoïste et extrême. Tu les tolères et accepte autant que tu les rejettes. C'est bien ce sentiment de rejet, qui te pousse à changer les choses ? Si tu te sentais bien parmi eux, il n'y aurait aucune raison de le vouloir.
Je ne sais pas pourquoi t'écouter m'emplit d'ambition, au point de vouloir détruire la source d'un mal palpable. Je ne sais pas si c'est ton véritable désir. Celui étouffer au fond de toi, en-dessous d'une nuée de réflexions. Ou bien si c'est ma nature, qui me pousse à refuser l’existence de mon exacte opposition. De ces démons...
Bien-sûr, j'aimerais également arranger ceci en douceur, avec des mots. D'autant plus que c'est le plus aisé, pour moi, en comparaison d'agir avec ma lame. Mais sache que j'ai mainte fois frôlée la conscience d'un démon. Que j'en ai rencontré quelques-un. Sache que je n'ai rien pu lire en eux. Leur esprit est un néant, tout comme leur cœur.
La seule chose que je pourrais tolérer d'eux, au-delà de la mort, est leur retour dans leur dimension. Qu'ils laissent le monde tel qu'il est. Le leur et le notre ne sont pas fait pour se rencontrer. L'un et l'autre ne sont pas fait pour s'accueillir.
Nous avons les mêmes objectifs. Peut-être que notre chemin pour y parvenir seront différents, mais je tiens à ce qu'ils soient reliés, malgré tout. Ainsi, si tu ne souhaites pas détruire, je m'abstiendrais. Mais c'est seulement par principe. Pour celui de l'Aurore, qui doit être unie. Je ne te cacherais pas que je pense qu'une guerre est inévitable.
Inadel se leva également, les yeux dans le vide, comme à chaque fois où elle faisait le point avec elle-même. Puis il regarda Rägmor droit dans les yeux avant de reprendre avec conviction :
- Pour cela, je tiens à mettre le maximum de consciences de notre coté et m'appliquerait à gagner en expérience. J'espère que tu pardonnes mon extrémisme.

Inadel sentit la perplexité de son guide spirituel. Ce qu'elle avait dit serait-ce à ce point dénudé d’évidence ? Mais ses mots la stoppèrent nette dans sa réflexion :
- Les années me rattraperont, Inadel, tandis que toi, immortelle, tu vivras et tu t'assagiras. Tu deviendras une puissante guerrière et tu développeras ta philosophie à tel point que plus rien dans ce monde ne pourra te blesser. Pour le moment, je pense que l'Aurore est le pilier de ton évolution. Cependant, si ta quête ultime est de détruire les démons, je crains que l'Aurore ne puisse te suivre dans cette ambition.
Que dire de plus ? Il avait raison. L'Aurore était une voie qui lui permettrait de se confronter au monde, en ayant une idéologie stable qu'elle pourrait utiliser pour découvrir parfaitement les réactions humaines.
Elle se saisit de la main de Rägmor, d'une façon qu'elle voulut protectrice et gratifiante.
- Merci, Rägmor. Je crois effectivement que c'est la meilleurs chose à faire. Tu as un dons pour rendre meilleur. J'espère vraiment trouver la solution à ce chaos, cette sagesse dont tu parles, avant que tu disparaisses. En attendant, quoi qu'il en soit, je te soutiendrais toujours dans ta quête, que tu me suives ou non dans la mienne.
Donne moi une semaine de réflexion. Je suis certaine de pouvoir en atteindre une partie. Une partie de cette sagesse, qui sera l'élan de l'essor d'un monde meilleur. Peut-être échouai-je, mais mon éternité peut effectivement que me permettre de réussir.
À l'aube du septième jour après celui-ci, tu me trouveras. Tout comme tu pourras m'y trouver à chaque lune, si tu as besoin de moi.
Ceci dit, elle se leva souriante et étendit ses grandes ailes blanches, prête à faire ses adieux.

L'attention qu'Inadel recevait de Rägmor l'a fit presque rougir. Il était certain que son estime de soit ne serait pas aussi élevé, sans le regard de cet homme. Il l'emplissait de confiance. Ainsi, elle lui répondit en souriant, heureuse de la nouvelle énergie qui la parcourait.
- J'ai toujours été envahie par le monde, par mes expériences, toutes les pensées qui pouvaient m'entourer. Elles se sont emparées de moi et s'empareront toujours de moi. J'en suis devenue folle, Rägmor. Mon erreur est que je me suis laissée emporter, par l'une ou par l'autre, en étant en leur présence. Il faut que je trouve celle qui les confortes toutes. J'étais persuadées que pour cela, il fallait que je cherche une autre perception favorable, mais elle n'existe pas. Personne ne peut sentir ce que je sens. Et c'est bien ces sensations, ce vécu, qui les forges. Il faut seulement que je laisse affluer en moi tout ce que j'ai appris, plutôt que de les rejeter. L'équilibre entre elles se fera de lui même. Il commencera par des pensées, des idées, une philosophie, mais se retranscrira avec le temps en des actes. Les actes font le monde. Je ne doute pas de pouvoir le changer. Je ne doute pas non plus que ceci est grâce à toi.
Cependant, je dois me concentrer.
Les lèvres d'Inadel se serrèrent. Il était loin d'être agréable, de sentir affluer tous ces désirs, toutes ces perceptions et idées contradictoires. Mais elle ne fuirait pas, cette fois.

- Soit. Je volerais jusqu'à Feu. J'ai absorbé beaucoup de chose à Terre et dans sa capitale. Il est tant que je change d'air et que je découvre autre chose. Là bas, les esprits sont moins influencés par les idées de l'aile ténébreuse et j'espère découvrir autre chose. Ce voyage sera mon dernier répit, dans la réflexion que je me dois de subir. Ensuite, je méditerais.
Tu seras probablement un axe de perception important, dans ma méditation. Je te remercie encore pour cela. La paix, la stabilité, sont les principes les plus importants à mes yeux, car favorable au bonheur que je souhaite pour chaque âme de ce monde.
Elle s'inclina respectueusement avant de prendre son envol.