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 Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?

 
Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Dim 28 Juil - 16:22
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Le ciel était menaçant et l'air chargé d'électricité promettait un orage d'une magnitude élevée. L'étalon, lancé en plein galop, fouailla de la queue, rendu nerveux par le mauvais temps. Enervée, la cavalière claqua les rênes d'un coup sec sur son encolure. La Citadelle, imposante merveille architecturale, se dressait devant eux. Les tours effilées faites de pierres précieuses semblaient chatouiller les nuages. Un véritable plaisir pour les yeux. Les quelques rayons qui perçaient les sombres cumulus venaient se refléter contre les coupoles de la ville. Le jeu de lumière qui en résultait donnait l'impression d'être le fruit du travail d'un génie. Elle y était déjà allée quelques fois mais le spectacle parvenait toujours à l'émerveiller.
Nashley tenta de ralentir sa monture, à l'approche des gardes de la cité. Elle fit un arrêt brutal en créant l'image d'un mur pour obliger le canasson rebelle à s'arrêter (seul l'animal la vit). Celui-ci se cabra, manquant de désarçonner sa cavalière. Qu'il aille se faire rôtir à la braise celui-là !, s'énerva intérieurement la jeune femme. Elle mit pied à terre et tira d'un coup sec sur les rênes, un doigt menaçant tendu vers l'animal. Elle tourna ensuite la tête vers les gardes qui s'approchaient, puis les salua d'un mouvement de tête. Elle déclina son identité et leur annonça qu'elle était conviée à la réception que donnerait ce soir même Lord Nolan. Une lettre, écrite de la main du riche propriétaire, attestait de l'invitation. Bien qu'ils affichèrent un regard suspicieux à la vue de son masque ainsi que de ses vêtements qui ne seyaient guère à une dame noble, ils actionnèrent le levé des immenses grilles pour la laisser passer. Après tout, les riches avaient parfois des habitudes plutôt extravagantes. Elle tira sa monture qui piaffait d'impatience et s'engagea dans le dédalle de ruelles.

Elle détourna le quartier populaire pour se retrouver dans les lieux nobles de la grande cité. Il lui fallait trouver une auberge où elle louerait une chambre afin de se préparer pour la réception de ce soir. Ce Lord Nolan prévoyait une exposition de bijoux et objets rares qu'il avait ramenés de ses nombreux voyages. Un repas somptueux serait servi ainsi que des spectacles de danse. Un petit orchestre s'ajouterait à cette ambiance luxueuse. Par ailleurs, la lettre précisait qu'il faudrait venir masqué. Une chance pour moi !, songea-t-elle amèrement. Un bal masqué qui convierait tous les nobles de la haute société, cela ne pouvait signifier qu'une chose pour Nashley : un panel de regards intéressés vers ces pièces sans prix... la concurrence entre voleurs serait rude ! Bien entendu, elle n'avait pas été personnellement conviée. Elle avait trouvé l'invitation sans mal en s'immisçant là-encore à une autre soirée, chez un Duc-quelque chose. Et par chance, la lettre n'était pas nominative.
Tandis qu'elle conduisait la monture récalcitrante, elle prit le temps d'observer les somptueuses maisons qui se dressaient majestueusement. A combien pouvait bien s'élever le loyer par ici ? Une somme exorbitante à tous les coups. Il y en a qui ne manquent vraiment pas d'air ! Pas besoin d'une exposition de bijoux quand on vit dans le luxe lui-même ! A ces pensées, il lui tardait de se joindre aux festivités.
Elle vendit son cheval ; elle n'avait plus besoin de s'encombrer de lui. La ville était fort agréable lorsqu'on était à pied. D'autre part, tous les invités seraient surpris de voir débarquer une dame à cheval.
Elle fit ensuite un détour par le Jardin Botanique. Le temps ne se prêtait pas vraiment à une balade botanique mais au moins y trouverait-elle un peu de repos, après cette longue chevauchée des Plaines jusqu'à la Citadelle . D'ailleurs, les premières gouttes de pluie se mirent à tomber sur les grandes parois de verre de la serre.
Nashley poursuivit son chemin et se rendit dans une échoppe coquette où elle acheta la tenue qu'elle prévoyait de porter ce soir. Une robe bustier, qui dégagerait ses fines épaules, avec des jupons couleur prune, brodés de fils d'or discrets. Quant à son masque, elle choisit un doré surmonté de plumes assorties à sa tenue. Rien de très extravagant : élégant mais pas pompeux. Laissons briller les esprits, pas les dorures, ria-t-elle intérieurement. Concernant les bijoux, elle se servirait en temps voulu ce soir...
La pluie s'était faite plus intense et l'illusionniste s'empressa de trouver une auberge pour y déposer ses emplettes. Elle entra et retira son chapeau pour se présenter au guichet d'accueil où se tenait une jeune femme rousse :
- Bonjour, je désirerais une chambre à l'écart des autres. S'il vous plait, demanda-t-elle sèchement.
- Euh.. oui bien sûr, tenez, le numéro 26 est justement disponible et satisferait toutes vos...
Elle la coupa en levant la main :
- La clé, c'est tout.
La jeune femme s'empressa de la lui donner et lui indiqua le montant. Nashley sortit de sa poche une bague en or sertie d'un énorme rubis et la posa sur le comptoir. Elle jaugea la réaction de la jeune femme avec un regard scrutateur. Celle-ci la regarda ébahie puis baissa le regard vers ce bijou inestimable et n'eut pas de doute quant à l'extrême richesse de la femme masquée, qui de premier abord lui avait paru étrange. L'illusionniste ricana :
- Je plaisante évidemment. Voici les pièces.
D'un geste vif elle recouvrit la bague de sa main et la fit disparaitre. Elle partit en direction de sa chambre, laissant la femme d'accueil pantoise.

Nashley

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Lun 5 Aoû - 17:11
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Lord Nolan. Une de ces têtes montantes de Sen’tsura, un riche marchand, qui visiblement non satisfait de sa vie d’opulence, prenait un plaisir à exposer ses possessions. Il avait invité toute la caste de Sen’tsura et des alentours, mais malgré la liste d’invités d’exception, la nouvelle s’était répandue au-delà de ces simples invités, puisque Sunaï avait eu vent de l’évènement. Ce Lord ne comptait de toute façon pas garder cela secret, avec toute la réception qu’il avait organisée. La ville ne parlait que de ça, ou presque.
Sunaï regarda d’un œil réprobateur les bâtiments brillants de la capitale. La dernière fois qu’elle était venue, c’était pour une mission avec son ami Arthadel, mission au cours de laquelle ils avaient finis enrôlés par un groupe de psychopathes qui les avaient obligés à aller chercher des glyphes. Son dernier souvenir rattaché à cette ville n’était donc pas des plus plaisants. La mercenaire balaya bien vite ces pensées cependant. Elle était là pour un but bien précis, et se déconcentrer ne faisait pas parti de ses options. Elle menait toujours ses objectifs à bien avec un sérieux sans nom et un calme impassible. Et quel objectif elle avait aujourd’hui ! Rafler tout ce qu’elle pourrait trouver d’intéressant à cette fameuse exposition. Mais elle supposait qu’elle ne serait pas la seule à s’être invitée à la fête. Ce genre de circonstance attirait forcément les voleurs. La concurrence serait donc  rude, et elle ne devrait pas perdre de temps durant la soirée si elle ne voulait pas que les objets qu’elle convoitait lui passent sous le nez.
La mercenaire avait loué une chambre dans une auberge non loin de la demeure de Nolan. A présent, elle était affublée d’un long manteau sombre à capuche, parcourant les rues en direction de la demeure en question. Enfin, lorsqu’elle fut arrivée à quelques mètres des lieux, elle abandonna son manteau dans un coin, laissant apparaître une robe noire élégante et des gants de soirée assortis. Son masque, noir également mais brodé d’un fil doré, était délicatement posé sur ses yeux marrons. Un poignard était également accroché à l’une de ses cuisses sous la robe, mais ça, ce n’était pas censé être montré. Elle se présenta à l’entrée, tendant l’invitation qu’elle avait dérobée à un réel invité quelques jours plus tôt sans trop de mal. Les gardes la laissèrent passer avec un bref hochement de tête.
Après avoir passé un hall aussi grand qu’inutile, elle passa de grandes portes en bois pour pénétrer dans la salle principale. Celle-ci était déjà pleine, malgré sa taille. Au fond de la pièce éclairée par des lustres énormes, une grande estrade surplombait la pièce. Le discours de bienvenue s’effectuerait ici. De nombreux couples dansaient déjà au milieu de la salle tandis que d’autres s’attardaient autour des tables du buffet dans des conversations futiles. Sunaï observa la scène d’un œil méprisant à travers son masque. Toutes ces cérémonies, ces froufrous, ces faux-semblants, cela lui rappelait bien trop son enfance et les manières qu’elle avait toujours détestées. Elle ne pouvait s’empêcher d’être dédaigneuse envers ces gens qui se pensaient au-dessus de tous.
L’air altier, Sunaï s’attarda près du buffet pour observer la salle. Elle se servit un verre pour faire bonne mesure et parcourut la pièce du regard. Les conversations allaient bon train, la musique était enjouée. Tous les ingrédients étaient réunis pour une bonne soirée. Et surtout, pour pouvoir s’éclipser discrètement lorsque le temps serait venu.
Il y avait deux couloirs, un de chaque côté de l’estrade, qui donnaient sur la salle de l’exposition. Pour l’instant, les deux accès étaient fermés par des épais cordages rouges qui montraient que la visite n’était pas encore ouverte. Sunaï voulait y entrer avant l’ouverture officielle, cependant. Dérober ce qu’elle cherchait pour ensuite se fondre dans la masse des visiteurs ne serait que plus facile. Après avoir éconduit sèchement un homme qui lui proposait une danse, Sunaï reposa son verre toujours plein sur le buffet et s’en éloigna pour se rapprocher des couloirs. Ce fut à ce moment qu’un homme monta sur l’estrade et héla la foule avec un grand sourire. Le silence se fit petit à petit, écoutant Lord Nolan qui était visiblement de très bonne humeur. Il leva son verre en direction de l’assemblée.

- Eh bien, je crois que vous devriez être tous là mes amis, mis à part les retardataires !

Il partit dans un grand rire en regardant les quelques personnes qui entraient encore dans la salle. Sunaï eut un petit sourire sans joie. Amis ? Quelles étaient les personnes qu’il connaissait vraiment, dans cette salle ?

- Je vous remercie tous de votre venue. Avant d’ouvrir les réjouissances – il jeta un regard vers les couloirs qui menaient à l’exposition –, passez donc une bonne soirée ! Lorsque l’accès sera ouvert, vous pourrez bien entendu revenir manger et danser, et flâner entre les deux salles.

Il continua son discours, remerciant des personnes pour leur aide, et du charabia que Sunaï n’écouta qu’à moitié. En fait, elle s’était concentrée sur la femme avec un chignon élégant qui était debout devant elle. Après un regard circulaire discret, elle passa sa main derrière son cou, comme si elle voulait arranger sa coiffure. Elle posa un doigt rapide sur sa nuque, à l’endroit précis des cervicales, pour lui envoyer une courte décharge électrique. Cette action perturba momentanément ses communications neuronales, et la femme s’écroula sur le sol, inconsciente. Sa chute alerta l’assemblée, et Nolan arrêta même son discours pour qu’on puisse s’occuper d’elle. Sunaï s’écarta, profitant du fait que tous avaient les yeux tournés vers elle pour disparaître en direction du couloir. Elle entendit un « Elle était juste étourdie, sûrement un coup de chaud ! » avant que Nolan reprenne son discours. La mercenaire avait en effet juste perturbé ses voies synaptiques pour quelques secondes, et elle devait déjà avoir recouvré conscience. Si elle était partie en pleine cérémonie, elle avait toujours des risques d’être vue. En plein discours, elle aurait été encore plus visible, puisque tout le monde était immobile pour regarder Nolan. Mais là, avec l’attention tournée vers quelqu’un en plein milieu de la foule, elle avait plus de chances de partir sans être remarquée. Il suffisait juste de n’attirer aucun regard, de ne parler à personne, et surtout, de ne pas paraître suspecte. Et tout passerait très bien.

Sunaï Hinara

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Mar 6 Aoû - 12:04
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Cheveux blonds détachés, négligemment ramenés sur l'épaule droite dénudée (elle n'aimait pas les attacher), nuque parfumée, démarche élégante, port altier... Voici Nashley qui avançait dans le hall d'entrée. La façade de la grande bâtisse de Lord Nolan promettait un intérieur luxueux et c'était indéniablement le cas. Les luminaires, remplis de bougies, éclairaient l'immense hall de façon incroyablement nette malgré la nuit noire, et ce par un subtil jeu de miroirs qui reflétait ainsi les rayons lumineux. Attirée par ce réseau scintillant, Nashley se perdit dans sa contemplation. Un majordome déguisé en Arlequin entreprit de la débarrasser de sa cape noire.

Le temps était exécrable : pluie battante et vent fort mais l'atmosphère de la soirée qui s'annonçait semblait déjà réchauffer les convives. L'illusionniste emprunta le hall d'entrée couvert de dalles de marbre pour se rendre dans la salle de réception ; elle traversa au passage un porte en bois finement travaillé.
Il y avait foule, et des convives commençaient déjà à danser. Le petit orchestre situé dans un coin entonna un petit air mélodieux. Elle sillonna parmi les personnes présentes, et les détailla de son impénétrable regard. Les costumes étaient somptueux, les robes de toutes les couleurs et de toutes sortes de tissus. Des ensembles extravagants, osés ou plus prudes ; des masques dorés, argentés, à plumes, incrustés de pierres précieuses, aux traits rieurs ou bien timides... Le tout fait avec raffinement, goût, talent : excellence. Mais le plus important résidait dans ce que cachaient ces somptueux artifices : Qui sont les voleurs et qui seront les volés, ce soir ? Il y avait quelque chose d'extrêmement attirant dans les bals masqués : cette envie de découvrir qui se cachait derrière le masque, oui, pour en connaitre les intentions. C'était un véritable jeu de paraitre. Elle captura quelques bribes de conversation par ci par là et repéra quelques nuques dégagées où brillaient d'inestimables bijoux. Elle bouscula quelques dames et messieurs puis s'excusa d'un sourire charmeur, en ramassant leur mouchoir, volant au passage des montres à gousset, des boutons de veste en or, des bracelets. Elle glissait le tout dans son corset à la vue... intéressante à en juger par les regards baissés de certains hommes. L'un d'eux, se proposa pour l'inviter à danser et quand il la prit par le bras, elle sentit sa main remonter jusqu'au fermoir de la chaine où pendait sa montre dorée, dont elle ne se séparait jamais. Elle arrêta son geste et lui souffla à l'oreille :
- Je ne crois pas.
Il lui jeta un regard médusé et elle répondit d'un clin d'œil, en entortillant une de ses mèches blondes avant de se noyer dans la foule.

Tout en observant les gens, elle détailla le décor pour situer un peu les lieux. Elle nota une estrade et de part et d'autre, des couloirs qui devaient probablement mener à la salle d'exposition (il y avait des cordes rouges qui n'attendaient que les ciseaux pour l'inauguration). Son regard se posa sur le buffet : une multitude de plateaux d'argent sur lesquels étaient entreposés des petits fours et autres gourmandises. Elle prit au passage une coupe de vin au miel et un petit croustillant au coulis de fruits rouges. La boisson était épicée et délicieusement sucrée sous le palet. L'association du vin et du miel était surprenante mais meilleure à chaque gorgée. Tandis qu'elle sirotait, une lueur malsaine dans les yeux lorsqu'elle voyait tous ces riches se pavaner, un homme prit place sur l'estrade et annonça d'une voix claire et forte la bienvenue à tous. Plutôt bel homme, charismatique, beau costume (il portait un masque noir et doré). Nashley prit un peu de recul, tandis que la foule se massait aux pieds de Lord Nolan. Elle n'écouta pas son discours mais promena ses yeux sur la foule, l'air distrait. Elle pensa à l'estrade et à une petite représentation qu'elle pourrait faire, pour amuser la galerie mais un évènement la tira de sa petite rêverie. Une femme, paraissait-il, s'était évanouie. Quoi ! Nolan est-il trop beau, la malheureuse ne s'attendait pas à autant de charme ?, songea-t-elle ironiquement. Elle lui jeta un coup d'œil mais se reprit bien vite et balaya la salle du regard. Elle plissa les yeux en voyant une ombre se refléter sur le mur d'un des couloirs qui menaient à la salle d'exposition. Elle secoua la tête et eut un petit rire : Dans notre jargon, ça s'appelle détournement d'attention. Oui, quelqu'un avait décidé de lui voler la vedette. Elle se téléporta jusqu'à s'engouffrer sans bruit dans le couloir. Elle ne s'inquiéta pas d'éventuels témoins : il y avait tellement de monde, qui plus est préoccupé par la demoiselle en détresse qui avait maintenant repris conscience. Et puis, disparaitre, c'est le verbe préféré des magiciens, non ? Et ces fourbes savent le conjuguer à la perfection... Le couloir était un peu long. Elle s'avança doucement, sans s'inquiéter de marcher sur sa robe : elle l'avait découpée un peu plus tôt de manière à ce qu'elle ait les pieds dégagés. D'ailleurs, portait-elle des chaussures à talon finement travaillées ? Non, ses bottines en cuir habituelles, à semelle plate. Bien qu'il n'y ait personne derrière elle, elle créa l'illusion d'un couloir vide. Elle disposait d'une impressionnante mémoire visuelle et photographique qui lui permettait de reproduire un décor à la perfection dans sa tête et de le transposer au moyen des rayons lumineux en image.  

La pièce où étaient entreposées les collections était immense et chaque bijou mis sous verre. Seulement quelques bougies éclairaient la salle ; il y aurait sûrement un éclairage plus fort une fois l'accès ouvert. Aussi, la voleuse habillée d'une élégante robe noire et de gants assortis semblait plutôt tranquille, cachée à demi par les quelques coins sombres. Nashley la regarda observer le mécanisme qui protégeait les objets. Elle s'approcha en se téléportant sur de petites distances pour gagner du terrain. Elle dut faire bruisser sa robe car la voleuse se retourna pour inspecter les lieux. Mais l'illusionniste lui fit croire qu'il s'agissait d'un simple mouvement de rideaux. En effet, tout autour de la salle, d'épaisses tentures pourpres encadraient de grandes fenêtres. Elle lui en montra une qui était ouverte et avec le vent qui soufflait dehors, ce n'était pas étonnant que le rideau se balance un peu. Seulement, c'était plutôt étonnant qu'un petit accès soit ouvert dans une salle où des bijoux de grande valeur étaient disposés. Elle ne voulait pas que la voleuse s'y intéresse de trop près et qu'elle la découvre, alors elle captura à nouveau des rais de lumière pour attirer son œil vers une pièce de joaillerie éclairée fortement. Le jeu de lumière est une technique très fréquemment utilisée en art : pour forcer l'observateur à regarder en premier une chose bien particulière. Cela marche aussi dans la réalité. Elle modula l'image d'un présentoir, en tout point semblable aux autres, du moins visuellement parlant, et façonna son bijou. Peu importe à quoi il ressemblait, il fallait juste attiser la curiosité de la voleuse. Un collier de cou, assez large (même épaisseur qu'un bandeau), arabesques de diamants avec de part et d'autre, des pierres de jades blanches. Elle regarda la femme en noir s'approcher et à peine celle-ci effleura le présentoir que toute l'illusion vola en éclats. Nashley profita de l'hébétement de la voleuse pour se téléporter derrière elle et fit apparaitre un foulard qu'elle enroula fermement autour de son cou. Elle lui donna un coup derrière les genoux pour la faire tomber, accentuant ainsi la pression sur sa trachée. Elle lui murmura à l'oreille, d'un ton méprisant :
- Je te conseille de ne pas me gâcher la soirée.

Nashley

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Sam 10 Aoû - 19:32
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Les genoux à terre, un foulard lui serrant très désagréablement la gorge, Sunaï avait un goût amer dans la bouche. Le goût de la contrariété, de l’antipathie immédiate pour son agresseur, se muant progressivement en une colère sourde. L’arrogance naturelle de Sunaï n’acceptait pas de telles actions à son encontre. En général, toute personne qui l’agressait de cette manière se retrouvait avec une humiliation en bonne et due forme, ou pire, avec une blessure de sa part. Malgré cela, Sunaï contint sa rage avec superbe, restant immobile, arborant un air calme mais sans pitié. La mercenaire savait que c’était une femme malgré le fait qu’elle soit dans son dos, et cela grâce à ses paroles. Cela n’aurait pas été difficile à deviner de toute façon, avec le fort parfum qu’elle portait. C’est avec un ton cinglant et fier qu’elle lança, en essayant de ne pas tousser à cause de la pression sur sa trachée :

- Tu viens de te gâcher la soirée toute seule.

Alors, elle attrapa vivement les poignets de l’inconnue derrière sa nuque, la déstabilisant immédiatement avec une de ces décharges électriques dont elle avait le secret. Profitant de cet ébranlement, Sunaï bascula en avant, les mains toujours fermement resserrée sur les bras de l’assaillante, la faisant passer par-dessus son dos. A peine son dos avait-il percuté le sol que Sunaï lui avait sauté dessus, se positionnant au-dessus d’elle, bloquant ses hanches avec ses genoux. Les pans de sa robe remontés jusqu’aux cuisses pour un meilleur appui, Sunaï décrocha rapidement son poignard accroché à l’une d’entre elles pour le mettre sous la gorge de l’inconnue.
Légèrement essoufflée, arrachant le foulard de son cou et se massant la trachée de son autre main, Sunaï lança un regard sévère et hargneux à la blonde. Une douleur lui lancinait également l’arrière du genou. Elles se toisèrent pendant quelques instants, accrochant le regard de l’autre à travers leurs masques.
Un bruit de verre brisé retentit à leurs oreilles. Durant leur accrochage, elles avaient bousculé un meuble. Une statuette transparente venait de basculer et de s’écraser au sol. Sunaï retint son souffle et tendit l’oreille, sans quitter la blonde des yeux cependant. Cela ne sembla alerter personne, néanmoins. La musique et les rires depuis la salle de réception s’entendaient toujours. Personne ne semblait avoir entendu quoi que ce soit. Cependant, le moment où l’exposition serait ouverte approchait inexorablement.
Le poignard avait entaillé légèrement la peau opaline de la voleuse, faisant perler une goutte de sang qui glissa le long de son cou pour aller se perdre dans ses cheveux. La laisser paralysée là en lui donnant une salve électrique dans les muscles était atrocement tentant. Elle se ferait prendre par la sécurité qui finirait par passer, et finirait probablement dans un cachot de la ville. Et les cachots de Sen’tsura étaient ô combien… agréables.
Dans un geste ferme et rapide, Sunaï ôta le masque de la femme, lui arrachant quelques cheveux dorés au passage.

- Tu es une de ces voleuses de bas étage qui se croit tout permis ? Tu me sembles sérieusement manquer d’expérience, ma pauvre, lâcha-t-elle, toujours plus cinglante. Il est pourtant plutôt évident qu’il ne faut jamais attaquer aveuglement et de front quelqu’un dont on ignore tout sur ses capacités. T’es malheureusement mal tombée avec moi…


[HRP : Voilà, petit post comme je l'avais dit, mais je ne peux faire grand chose de plus sans tomber dans l'inconvénient du RP, c'est-à-dire faire passer ton personnage comme si elle était devenue inconsciente (vu que je n'ai pas le droit de la faire parler ni bouger ^^). Je m'arrête donc là pour te laisser réagir ^^ ]

Sunaï Hinara

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Lun 12 Aoû - 10:13
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Le courant électrique fusa dans tout son corps, empruntant la moindre terminaison nerveuse et l'irradiant d'une atroce douleur. La brulure se fit plus intense encore lorsque le flux d'électrons parcourut le réseau de cicatrices violacées qui courraient sous son masque, juste au niveau des yeux. Nashley lâcha précipitamment le foulard, libérant ainsi de son joug la voleuse. Celle-ci en profita pour l'agripper au bras avec une force que l'on ne lui aurait pas soupçonnée au premier abord. Elle fit basculer l'illusionniste sur le dos et la plaqua au sol après qu'elle l'ait violemment percuté, lui coupant le souffle au passage. La femme en noir passa doucement une lame sur sa gorge, pesant fermement sur son bassin. Le sang commençait déjà à perler et la prestidigitatrice sentit la goutte cheminer lentement jusqu'à ses cheveux. Reprenant son aplomb fier et hautain habituel, elle tâcha d'oublier la souffrance et de profiter de ce jeu de "Qui baissera les yeux en premier" pour lui laisser le temps de souffler. Pour un peu que la voleuse ne la bloque plus, Nashley pourrait se téléporter auquel cas, c'en était fini : aucune chance de l'avoir à nouveau.

L'inconvénient de cette histoire, c'était que la force de la voleuse était bien supérieure à celle de Nashley. La prestidigitatrice avait beau avoir ruse, doigté fin et subtilité il lui manquait tout de même force, savoir faire en combat rapproché et arme. Il ne restait donc qu'une seule chose possible : se replier sur ce qu'elle savait faire de mieux. Déstabiliser, détourner l'attention, embrouiller. Alors ainsi mise à la merci de la femme en noir, elle l'observa attentivement. Tout son être criait la hargne, la colère. Aveuglement obstiné. Elle pensa soudain à quelque chose, petite idée qu'elle garderait dans un coin de sa tête, une fois qu'elle se serait tirée de son emprise. A un moment, la voleuse lui arracha le masque. Nashley crispa les lèvres, se préparant à la nouvelle vague de douleur lorsqu'elle solliciterait ses facultés de concentration pour créer l'image d'une peau parfaite,  sans cicatrices sur le pourtour des yeux. Elle n'allait en aucun cas montrer à cette garce un signe de faiblesse, même si cela exigeait de supporter la douleur.  Aussi, son adversaire eu la bonne idée de ne pas lui effleurer le visage. Elle était bien trop occupée à faire tout un discours à sa gloire. Oh, je te jetterai des fleurs, c'est promis, ricana l'illusionniste intérieurement malgré sa mauvaise posture. Sur ta tombe. Rancunière comme personne, Nashley ne laisserait jamais passer un tel acte de défiance.
- Moi, gâcher la soirée ?
Elle éclata de rire, peu soucieuse de la lame. C'était évident que la jeune femme ne la tuerait pas : visible comme le nez au milieu de la figure.  
- Mais on s'amuse comme des folles ! (De sa douce voix chantante suintaient hypocrisie et délicate méchanceté) Regarde !
Sans attendre plus longtemps, elle lui jeta une poignée de clous tranchants à la figure. Etrangement, la voleuse ne lui avait pas maintenu les bras, croyant peut être que l'arme était un argument de poids suffisant. Débutante.

L'intérêt de l'illusion, c'est que vous avez beau savoir au plus profond de vous-même que c'en est une, vous avez tout de même cet inévitable réflexe de protection. La voleuse n'y échappa pas lorsqu'elle tourna la tête, évitant les projectiles. Son emprise se desserrait déjà. Nashley n'aurait peut être pas de deuxième chance alors elle l'attrapa violemment au visage et la repoussa d'un mouvement rapide. Alors que la voleuse pesait encore sur son bassin, l'illusionniste la bombarda de cartes et réussit à s'extirper de son étreinte. Parvenue debout, elle se téléporta et s'empara prestement de son masque habituel, le blanc cerclé de noir. D'un geste expert, pratiqué depuis des années, elle l'attacha. Enfin habillée. Si elle avait une faiblesse, c'était bien ce lourd héritage, laissé par un magicien qui à l'en croire, n'avait pas apprécié d'être dupé. Le masque épousait les douces courbes de son visage et s'il n'enlevait en rien la douleur des cicatrices, au moins n'exerçait-il pas de pression supplémentaire. Cela lui permettait également de se concentrer sur des illusions autrement plus importantes et notamment celle-ci.

Un clone de Nashley, en tout point visuellement identique. Les deux femmes blondes se téléportaient autour de la voleuse, la tailladant au passage de quelques cartes. L'illusion elle-même ne pouvait pas tenir d'objet concret ni en lancer. C'était la prestidigitatrice qui incurvait la carte de telle manière que la trajectoire n'était pas linéaire mais curviligne pour tromper la femme en noir. Aussi, un tel spectacle demandait beaucoup d'effort, de concentration et les cicatrices trouvaient le moyen de ne pas se faire oublier. L'image de la femme blonde vacillait et n'arrivait pas vraiment à garder des contours nets. Promis, une fois cette petite mascarade terminée, je dors une journée entière, pensa-t-elle ironiquement au moment où son clone explosa. Nashley était dos à la voleuse, il lui fallait agir rapidement et efficacement.
- Tu sais ce qu'il nous manque ?
Sa voix  la fit tourner brusquement dans sa direction.
L'insolente l'avait traitée de "voleuse de bas étage" et l'illusionniste avait eu droit à un véritable cours particulier : "il ne faut jamais attaquer aveuglement et de front quelqu’un dont on ignore tout sur ses capacités". Elle l'avait bien observée un peu plus tôt : une mercenaire typique. Travailler dans l'ombre, bosser son dossier sur le bout des doigts, attaquer au moment opportun. Et quand était-il d'être à la lumière ? Elle eut un sourire mauvais.
Des bruits de verres brisés retentirent soudain, ci et là, partout dans la salle. Tourbillonnant dans ses jupes là où on ne l'attendait pas, l'illusionniste ciblait les présentoirs et les vitrines. Les cartes semblaient se mouvoir d'une volonté propre, comme habitées. Si, un peu plus tôt, la statue brisée était passée inaperçue, le tapage allait cette fois rameuter tous les invités. Aux premières loges.
- Un public.

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Mer 14 Aoû - 16:07
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Sunaï cligna des yeux par réflexe, évitant la volée de clous que la voleuse sortait d’elle ne savait où. Elle lui avait resserré le foulard sur le cou quelques instants plus tôt, et la mercenaire n’avait pas vu trace de ceux-ci. L’inconnue en profita pour la faire lâcher prise. Espèce de garce.  Sunaï se releva prestement et les pans de sa robe retombèrent sur ses jambes avec un léger froissement de tissu. La blonde s’était littéralement dédoublée, Sunaï supposa donc qu’elle avait également des capacités qui lui étaient bien propres. Simple illusion ou réel pantin ? Elle ne pouvait pas le savoir. La mercenaire reçut quelques cartes tranchantes qu’elle ne put toutes éviter, et quelques entailles rouges de sang apparurent sur la peau d’une de ses joues, sur le haut de ses bras ainsi que ses épaules. La jeune femme serra les dents avec rage, se retournant pour faire face à la voleuse qui s’était glissée dans son dos. Les bruits de verre brisé retentirent alors. Les explosions des vitrines lançaient des projectiles à travers la pièce, tandis que les cartes venaient faire tomber tout ce qui pouvait l’être. Sunaï lui lança un regard noir. Cependant, à la lueur haineuse de ses pupilles s’ajoutait une pointe d’effarement. Et c’est elle qui avait parlé de gâcher la soirée ? Actuellement, elle faisait tout ce qu’il fallait faire pour être incapable de mettre la main sur les objets convoités. Elle semblait avoir oublié son objectif de départ, aveuglée par son hostilité à son égard. A moins qu’elle soit sûre de pouvoir s’en tirer tout en la piégeant. Mais Sunaï ne lui laisserait pas ce plaisir.  
Les murmures des conversations et de la musique s’étaient arrêtés. L’on pouvait entendre des pas venir dans leur direction, et quelques cris intimant à ce que l’on reste derrière. Probablement la sécurité et autres hommes de mains, avec l’organisateur de la fête, qui voulaient être les premiers, ou les seuls probablement, à venir voir ce qui se passait. Remontant légèrement le bas de sa robe d’une main, Sunaï s’inclina légèrement dans une position tout à fait ironique et provocatrice, la tête néanmoins redressée pour lui jeter un regard à travers son masque aussi sombre que ses cheveux.

- Si madame a si besoin de se donner en spectacle… Je vais la laisser faire son show tranquillement. J’ai d’autres priorités que de faire mumuse, vous m’en voyez navrée.

Vouvoiement et ton faussement pompeux, les ingrédients assurés d’un manque de respect. Sunaï brûlait de lui faire payer toutes ces coupures qui la piquaient très désagréablement, mais elle avait en effet d’autres chats à fouetter. Se retrouver face à la foule ne serait que plus risqué, et elle ne tenait pas à finir aux cachots de Sen’tsura.
Après ces quelques paroles, Sunaï recula de quelques pas, vers le présentoir qu’elle avait visé depuis le début. La vitrine totalement explosée grâce aux actions de la blonde, elle n’eut plus qu’à se servir pour récupérer la chaîne de rubis réputée pour avoir des propriétés magiques.

- Merci de ton aide, lança-t-elle avec un sourire et un large geste de la main, avant de glisser le bijou dans son décolleté.

Alors, pour éviter qu’elle l’empêche de partir, Sunaï lança son poignard rapidement, droit sur son visage. Elle ne prit même pas le temps de vérifier s’il faisait mouche ou pas : avec un mouvement circulaire de la jambe, elle fit valser quelques présentoirs et étagères. Sunaï fit volte-face et courut en sens inverse, renversant une table au passage, mettant le plus grand nombre d’obstacles possibles pour ralentir la blonde si elle venait à la poursuivre. Elle eut juste le temps de voir les premières personnes dont Lord Nolan arriver en courant par le couloir où elles étaient toutes deux arrivées. Amuse-toi bien, pensa-t-elle à l’intention de la voleuse. Sunaï, quant à elle, après avoir traversée la salle d’exposition, tourna dans le second couloir et seul autre accès pour sortir et entrer. Elle tomba nez-à-nez avec une foule compacte, hésitante et curieuse. Hommes et femmes, tous avec leurs tenues, se dirigeant vers la salle. Ils la regardèrent tous avec étonnement. Avant qu’elle ne puisse être soupçonnée de quoi que ce soit, Sunaï pointa du doigt la salle d’où elle venait, clamant avec une voix inquiète mais déterminée qu’une blonde était en train de saboter toute l’exposition. Explication sûrement peu plausible de la part d’une femme avec des filets de sang qui coulaient depuis ses quelques entailles aux bras. Mais les gens sont stupides lorsqu’ils sont en groupe. De simples moutons. Il suffit d’une personne trop curieuse qui s’avança vers les lieux pour que la foule suive sans se poser de questions, dépassant Sunaï et l’ignorant subrepticement.
La mercenaire s’écarta pour laisser passer la masse de gens. Animée d’une idée soudain, elle se glissa derrière l’un des longs rideaux pourpres qui encadraient les fenêtres. Une fois disparue derrière, elle entreprit d’utiliser son plan de secours. Elle retira son masque souple, le retourna et le reposa sur ses yeux. Le revers était non pas noir mais rouge bordeaux. Elle se baissa ensuite, déchirant les voiles de sa robe pour la rendre plus courte. Sa tenue ainsi modifiée, elle serait plus difficilement reconnaissable. Elle attendit quelques secondes supplémentaires durant lesquelles elle essuya ses bras et sa joue pour en retirer le sang.
Elle sortit enfin de derrière le rideau. Sunaï se sentait terriblement attirée vers la salle de danse désormais vidée de ses invités qui se dirigeaient en masse vers l’exposition détruite. Mais traverser en sens inverse la cérémonie pour s’enfuir ne la rendrait que plus visible et suspecte. Alors, partagée entre dépit et amusement, elle se mêla à la foule, remontant le couloir vers l’exposition. Dans l’agitation, elle attrapa le châle d’une femme qui l’avait bousculée, le déposant délicatement sur ses épaules pour cacher ses blessures. Seule la coupure de sa joue était désormais visible.
Pourquoi était-elle partagée entre dépit et amusement ? Dépit, parce qu’elle aurait aimé prendre la poudre d’escampette avec son butin. Amusée, parce qu’elle allait assister tranquillement au spectacle de la blonde aux prises avec la sécurité au sein même du public qu’elle avait ameuté. Cela risquait d’être distrayant.



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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Jeu 15 Aoû - 17:58
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Finalement, on ne m'a peut être pas volé la vedette ce soir, pensa-t-elle un brin ironique en regardant le saccage de la salle d'exposition. Du verre brisé projeté dans toutes les directions, les bijoux mis ainsi à nu, les cris des convives que l'on entendait au loin noyés dans la confusion... Essoufflée par les efforts qu'elle avait dû fournir et préoccupée par sa seule envie de plonger son visage en feu dans un bac de glace (hélas cela ne soulageait en rien), elle observa la voleuse se diriger vers un bijou en particulier, un qui dès le départ lui avait attiré l'œil. Pourquoi celui-là et pas un autre ?, s'interrogea la prestidigitatrice en la voyant sillonner entre les pièces de collection à portée de main sans qu'elle s'en empare. Intriguée, elle se souvint qu'un mercenaire agissait suivant les contrats, auquel cas... Mais on entendait déjà des pas pressés se rapprocher et les voix des gardes qui aboyaient des instructions. "Un groupe dans chaque couloir" entendit-elle. L'illusionniste ramassa rapidement quelques cartes qui trainaient et déroba non pas un mais plusieurs colliers qu'elle glissa habilement dans ses jupons et dans son corset.

Une fois le bijou en main, la femme en noir lui lança un remerciement ironique auquel Nashley répondit d'un petit salut de la tête, tout aussi hypocrite et provocateur. Intérieurement, elle ricanait sur son sort : elle ne passerait pas inaperçue avec toutes ses estafilades qui gouttaient sur le sol. Juste avant de disparaitre dans l'un des couloirs, la mercenaire lui jeta son poignard. La trajectoire parfaite aurait fait mouche si elle ne s'était pas écartée prestement. Mais je suis encore là, sale garce. Ce n'était qu'une tentative pour l'empêcher de la suivre toutefois la prestidigitatrice ne se sentait pas de fuir. Ou du moins le ferait-elle dans les formes, façon poudre d'escampette. Avant, il lui fallait ensorcelé la foule.  Alors voilà ce que ça donne à la lumière, hein ! De la lâcheté pure et simple, railla-t-elle en secouant la tête, un sourire en coin. Le fait que son adversaire raconte avoir vu une soi-disant femme blonde qui sabotait l'exposition la conforta dans son idée. Mais comment recrute-on de nos jours ? L'illusionniste soupira ; cela avait fonctionné en plus.

Mains sur les hanches, se dressant au milieu du saccage avec tout l'aplomb dont elle était capable (et Dieu sait qu'elle en avait dans le coffre), Nashley attendait son public. Après tout, ne l'avait-elle pas elle-même demandé ? Les beaux costumes firent leur apparition, dans un doux bruissement de plumes et de jupons précédés par les gardes de Lord Nolan et du propriétaire en personne. Alors que tous s'organisèrent en demi-cercle autour d'elle, à quelques mètres toutefois, elle leva simplement la main droite en l'air. Geste qui suffit à faire taire le brouhaha inquiet curieux des convives sous le choc. Le silence s'installa et l'atmosphère se fit pesante : toutes les têtes tournées vers la prestidigitatrice qui profitait pleinement de toute leur attention. La peur était quasiment palpable : l'impressionnant désordre n'était l'œuvre que d'une seule personne après tout. Aussi, Nashley ne faisait rien pour leur paraitre plus humaine ni plus avenante, bien au contraire. Ses doigts perpétuellement en mouvement, elle mettait bien en évidence ses cartes. Penser que la voleuse était peut être encore dans la salle, à regarder comment elle s'en sortait - si la mercenaire avait quitté précipitamment les lieux en sens inverse, son départ suspect aurait forcément été remarqué, il y avait donc de fortes chances pour qu'elle soit toujours dans le coin - lui prodigua l'irrésistible envie d'afficher son talent et sa finesse de jeu. Cachée là, peut être derrière l'homme à grande stature en costume bleu nuit, elle verrait alors que oui, elle s'y connaissait en spectacle et que non, elle ne serait pas déçue. Un "show" a-t-elle dit ? Elle gratifia à son public d'un sourire charmeur tout en s'inclinant en une élégante révérence, levant un pan de sa robe et avançant le pied droit vers l'avant. C'est le mot-clé.

- Halte ! Pas un geste ! Vous êtes arrêtée pour vol. Et vous allez vous montrer coopérative jusqu'au cachot de Sen'tsura, s'avança un garde trapu, s'exprimant d'un ton qui ne souffrait aucune réplique.
- Je serais vous je n'avancerais pas plus, le prévint-elle, pas le moins du monde impressionnée, avant d'enfoncer une carte entre deux lattes de parquet sombre, juste devant son pied gauche sur le point de se lever.
Médusé, le garde s'arrêta, considéra alternativement ses mains et la carte puis tendit sa lance en avant. Balayant son public de son regard attentif, la prestidigitatrice lui afficha une moue satisfaite puis entreprit de faire les cents pas. Pas d'illusions : c'était bien assez douloureux comme cela, nul besoin d'en rajouter. Mais.. un petit tour, oui. Un magicien digne de ce nom ne ne balade jamais sans ses petits artifices. De ses bottines, elle dégageait les morceaux de verre juchés sur le sol autour d'elle.
- Un cachot ?, elle s'esclaffa, visiblement la seule à s'amuser ce soir. J'ai déjà été enfermée dans une malle à peine assez large pour un enfant et  verrouillée par d'énormes cadenas, puis jetée dans l'eau. Pourtant je suis toujours là, chantonna-t-elle en écartant les bras. Un tour stupéfiant, vous pouvez me croire (elle hocha la tête plusieurs fois pour insister). Alors une cage où je pourrais faire plus de trois pas : laissez moi rire.
Sa belle voix mélodieuse retentit en un doux rire provocateur. Elle reprit en détaillant la foule :
- Un public de qualité, peut être pas assez harangué mais je m'en contenterai, un lieu d'exception et une personnalité (elle désigna Lord Nolan). Tout le monde adore la magie. Je crois que nous pouvons concilier les trois, vous n'êtes pas d'accord ?
Puis s'adressant aux gardes :
- Un geste offensif vers ma petite personne et je vous tranche la jolie veine, juste là (elle tapota l'endroit correspondant).

Elle s'approcha de la foule en quête d'un assistant et cela lui permettait deux choses. Repérer un espace dégagé dans le fond, vers le couloir, pour s'y téléporter. Elle aviserait par la suite face aux éventuels gardes postés à l'entrée. Et vérifier si la voleuse se trouvait toujours dans les parages. Au passage, elle joua avec la réaction des convives effrayés lorsque, la mine hésitante et plongée en pleine réflexion, elle passait près d'eux. Ils se bousculaient et s'écartaient pour ne pas être désignés. Et... Là. Dans la troisième rangée, affichant une moue tout aussi effarée que les autres, elle se mêlait parfaitement à la foule. Masque rouge, elle portait la même robe mais avec quelque chose sur les épaules ; seule l'estafilade sur la joue la trahissait. Nashley planta son regard dans le sien. Une victime toute désignée. C'était bien joué. La petite maligne avait dû passer des journées entières à prévoir tout un tas de stratagèmes pour réussir son vol jusqu'à envisager une tenue de rechange. Elle n'avait simplement pas prévu une prestidigitatrice pleine d'inventivité en matière de rebondissements surprenants.
La pointant du doigt, arborant une expression satisfaite sous son masque, elle claironna d'une voix malicieuse :
- Je vais demander à la femme au masque rouge là-bas de bien vouloir s'avancer, elle va m'aider pour ce petit tour. Elle gagnera même un petit quelque chose.
Un sourire sournois étira ses douces lèvres quand elle vit la voleuse s'avancer. L'illusionniste surveillait toujours les gardes du coin de l'œil et secoua une carte noire, l'air de signifier qu'elle pouvait mettre en action la menace. La mercenaire était obligée de jouer le jeu puisqu'elle passait pour une convive lambda. Tout en prenant soin de ne la toucher nulle-part - oserait-elle l'électrocuter à nouveau ? - Nashley lui intima mielleusement de se tenir prête. La prestidigitatrice jeta un dernier coup d'œil au public puis positionna ses doigts comme si elle tenait un ballon. Et la réalité n'était en fait pas si éloignée. Aux reflets violets et orangés, la bulle se tenait délicatement dans les mains de l'illusionniste. Fait défiant toute logique physique, la bulle n'éclatait pas. Son volume augmenta à mesure qu'elle écartait progressivement les bras pour lui laisser de l'espace. Bientôt elle demanda l'aide de la femme brune pour tenir la bulle. Simple diversion. Nashley avait seulement besoin de reporter l'attention sur une autre personne qu'elle pour pouvoir disparaitre plus facilement. Alors elle bascula petit à petit la bulle en direction de la voleuse pour qu'elle seule la tienne. Les yeux ainsi accaparés par ce tour de magie aux touches enfantines, la prestidigitatrice fixa un point dans le couloir et se concentra. Dans une synchronisation parfaite, l'illusionniste disparut et la bulle éclata.

Il y avait bien le cadeau promis par la femme blonde. Il tomba brusquement de la bulle et se ficha dans un bruit sourd entre deux lattes de parquet, juste aux pieds de la femme au masque rouge. Ce n'était autre qu'un poignard (et pas n'importe lequel), perçant bien au centre un 3 de pique. Sa carte de visite.

Le temps que les engrenages se remettent en marche, Nashley courait dans le hall et brisait la fenêtre d'entrée sous l'œil médusé des deux gardes.



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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Lun 19 Aoû - 22:28
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Sunaï serra subrepticement la mâchoire lorsque la blonde l’invita à s’avancer pour son petit spectacle. Cela n’était assurément pas un hasard, elle l’avait reconnue malgré son stratagème de changement de tenue. La foule était partagée entre étonnement et outrance. Quoi ? Elle vient de saccager toute l’exposition et elle veut nous faire un spectacle ? C’est qui ? Sunaï pouvait entendre ces murmures autour d’elle, mais personne ne leva la voix vers la voleuse. Au contraire, ils regardaient Sunaï, attendant qu’elle s’avance, avec une curiosité futile. La jeune femme voulut refuser tout simplement, ce qu’elle aurait fait en temps normal. Mais après quelques secondes elle prit conscience que cela ne serait que se faire remarquer par les invités, Lord Nolan et la sécurité.
Elle s’avança alors, vrillant son regard sur celui de la blonde. Un regard noir qui en aurait inquiété plus d’un. L’échange fut bref, et elle reprit une expression plus digne pour jouer le jeu. Même si elle supposait que la voleuse ne ferait rien de dangereux en public, elle se devait de rester prudente. Lorsque le poignard tomba à ses pieds et que la femme disparut, la foule lança une vive exclamation. Les gardes s’agitèrent soudain, Nolan hurla des ordres et ils s’éparpillèrent à travers la salle pour la chercher. Sunaï, quant à elle, n’avait pas apprécié ce petit tour qui s’avérait être une provocation ouverte…
Un bruit de verre brisé se fit entendre depuis le hall d’entrée, et ils se précipitèrent. La masse d’invités s’écarta pour les laisser passer, mais leur progression restait lente. Elle devait sûrement déjà être loin, maintenant. Si elle avait des capacités telles que la téléportation, ce n’était pas de simples gardes sans capacités magiques qui pourraient avoir raison d’elle. Profitant de l’agitation extrême des lieux, Sunaï récupéra discrètement son poignard pour le rattacher à l’intérieur de sa cuisse. Elle accompagna le mouvement de quelques invités vers le hall tandis que Nolan se lamentait sur ses vitrines brisées et ses objets volés.
Personne ne savait vraiment quoi faire. Certains étaient revenus près des buffets, discutant avec vitesse et effarement de ce qui venait de se passer, d’autres s’attardaient encore dans la salle d’exposition et les couloirs. Sunaï continuait vers le hall avec d’autres invités qui avaient décidé de rentrer suite à l’imprévu. Elle passa devant une femme qui se plaignit soudain de son collier disparu, et la mercenaire comprit que la blonde devait y être pour quelque chose. Ne paraissant pas trop pressée ni trop lente, Sunaï franchit enfin la sortie, derrière un couple de comtes qui jasaient sur la catastrophe de la soirée. Elle s’éclipsa vite au détour d’une ruelle, profitant de l’obscurité et de sa robe noire pour se faire discrète. Elle retourna à nouveau son masque pour cacher la couleur vermeille. Finalement, la soirée n’avait pas été si mauvaise. Elle était tombée sur une concurrente qui s’était avérée être un sérieux contretemps, et elle rageait d’ailleurs de ne pas pu lui avoir mieux rabattu son clapet. Mais elle avait atteint son objectif, c’est-à-dire dérober le collier de rubis. Son employeur le recherchait surtout pour ses pouvoirs magiques qu’il était censé posséder. Ce genre d’objet intéressait beaucoup Sunaï, et si elle ne pouvait pas tous les conserver, ce qui serait de toute façon inutile, elle aimait avoir l’occasion de les étudier quelque peu avant de les rendre à ses employeurs.
Lorsque Sunaï tourna dans une autre rue pour se rapprocher de plus en plus de l’auberge chez laquelle elle avait réservé une nuit, elle s’arrêta soudain. Une étoffe colorée et une chevelure blonde se devinaient à travers les ténèbres de la nuit, à l’autre bout de la rue. La jeune femme se plaqua contre le mur, derrière l’enseigne d’une boutique, pour regarder la silhouette qui lui faisait dos. L’on voyait mal à cette distance, mais la mercenaire ne pouvait se tromper alors qu’elle voyait encore cette femme vingt minutes auparavant. Elle réajusta son masque, sentant soudain les picotements de ses plaies au bras revenir en force tandis qu’elle voyait la responsable. Sunaï la regarda remonter la rue pendant quelques secondes. Elle s’éloignait de plus en plus d’elle, ignorant très certainement qu’elle était vue, et Sunaï hésitait sur la marche à suivre. Ne rien faire et rentrer tranquillement serait le plus logique. Mais cette fille-là l’avait tellement contrariée qu’elle bouillait de ne rien faire. Tout à l’heure, elle risquait de louper son contrat ainsi que de finir arrêtée, ce qui n’était plus le cas. Alors, prenant brusquement sa décision, elle quitta la rue et courut prendre une rue adjacente. La mercenaire connaissait bien le quartier depuis son passage avec Arthadel où ils avaient poursuivi un voleur à travers toute la ville et s’avérait à son avantage pour cet instant.
S’aidant du clair de lune qui filtrait à travers les quelques nuages qui restaient du mauvais temps de la journée, Sunaï prit un raccourci, se faisant le plus discrète possible, passant devant les enseignes et les comptoirs fermés, les habitations et les ruelles vides. Cela lui permettait d’arriver avant la blonde à l’endroit où menait la rue qu’elle était en train de remonter. La mercenaire arriva alors sur une petite place avec une fontaine en son centre. Elle s’assit sur le rebord de celle-ci, posant son dos contre la pierre d’une statue décorative représentant Yehadiel. Elle glissa quelques doigts dans l’eau pour patienter, faisant apparaître des remous. La blonde devrait arriver bientôt… Elle n’avait pas une attitude très menaçante, même si elle restait sur ses gardes. Elle comptait juste… s’expliquer quelque peu avec celle qui lui avait presque gâché tous ses plans. Sans manquer de gâcher sa bonne humeur.
Lorsqu’elle entendit la femme arriver avec la résonnance de ses pas sur les pavés, sans encore la voir, elle leva une main, faisant tourner une carte entre ses doigts.
- Je crois que tu as oublié quelque chose.
Un trois de pique, percé en son centre.

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Mer 21 Aoû - 18:07
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Les vitres de la façade d'entrée brisées, des éclats projetés un peu partout dans la rue ; les cris de la foule en délire ; le pas de course des gardes qui ne pouvaient rien contre une femme douée de téléportation : c'est avec fracas que Nashley quitta la maison du Lord. Des rebondissements, des émotions, une soirée ratée : en bref, un chaos dont on entendrait parler pendant plusieurs jours. Arrivée dans la rue, l'illusionniste distança la maison du noble et s'engouffra dans le dédalle de ruelles pour y perdre d'éventuels poursuivants - qui non sans grande surprise ne tardèrent pas à abandonner l'idée de la retrouver un jour. Elle emprunta les rues qui tournaient à droite, longeant les grandes bâtisses de luxe. Bientôt, le vacarme de chez Lord Nolan ne fut plus qu'un échos lointain et Nashley retrouva le calme de la nuit. Pas un bruit, personne dehors dans les rues éclairées du quartier noble. Toutes les bonnes âmes bien à l'abris dans leur prison dorée, sûrement en train de rêver des pierres précieuses qui manquaient à leur collection, allez savoir.

L'illusionniste s'accorda quelques instants pour souffler, adossée au mur d'une des maisons. Les nerfs autour des yeux la chatouillaient toujours aussi désagréablement sous son masque. Collant sa joue contre la pierre froide, elle tentait d'apaiser son visage en feu. Le mauvais temps s'était calmé laissant seulement des nuages sombres planer au-dessus de leur tête, dans le ciel menaçant. Toujours vêtue de son bustier et de ses jupons couleur prune qui cachait quelques bijoux dérobés, elle ne sentit pourtant pas la fraicheur de la nuit sur ses bras nus : l'adrénaline lui tenait bien assez chaud. Après quelques minutes, elle se détacha du mur de la bâtisse et remonta les rues de la Capitale en marchant bien au milieu, certaine d'être vue. La prestidigitatrice n'avait pas le projet de rentrer tranquillement à l'Auberge pour s'offrir une bonne nuit de sommeil mérité. Non, elle était bien trop intriguée par le collier de la mercenaire. Il devait s'agir d'un contrat ou quelque chose du genre. Peut être que les pierres qui le composaient était rares et que cela intéressait ses employeurs. La voleuse partirait à sa recherche après toute l'humiliation qu'elle lui avait faite subir, cela ne faisait aucun doute. Elle va me pister au flair ! railla-t-elle. Un petit rictus sournois incurva ses lèvres. La soirée n'était pas terminée et peut être ne faisait-elle que véritablement commencer. Pour l'heure, Nashley avançait tranquillement dans les rues, le port altier et les mains occupées à jouer avec les cartes, gestes mécaniques qu'elle répétait depuis des années et qui s'avéraient efficaces pour apaiser quelque peu son esprit. Manipulation de cartes et autres fioritures. La route qu'elle suivait menait à une petite place coquette où l'on entendait des écoulement d'eau.

Assise sur le rebord de la fontaine arborant la statue d'un dieu dont l'illusionniste n'avait que faire, la voleuse était bien là, les doigts qui jouaient nonchalamment avec l'eau. Honnêtement, elle était étonnée de la voir de si tôt. Oh, elle sentait bien que c'était le genre de la voleuse de surgir comme ça, devant vous alors que vous croyiez qu'elle était loin derrière. Les rues et leur raccourcis devaient y être pour quelque chose. Nashley, qui l'avait remarquée déjà un peu plus bas dans la ruelle - les lanternes surélevées soigneusement allumées comme chaque fois, avant la nuit, nimbaient la jeune femme d'un halo lumineux - n'avait rien fait pour atténuer le bruit de ses bottines en cuir claquant le pavé. La tête de la voleuse se tourna vivement dans sa direction, sans la distinguer bien nettement. Sa posture n'était pas menaçante même si la tension de ses épaules soulignait une certaine vigilance : elle l'attendait, sur ses gardes. Son masque était à nouveau noir, peut être avait-il deux revers ? Nashley stoppa sa marche juste à l'entrée de la placette, à demi cachée dans l'ombre. La voleuse l'accueillit :
- Je crois que tu as oublié quelque chose.
L'œil de la prestidigitatrice fut aussitôt attiré par ce qu'elle tenait à la main : une carte trouée que ses doigts tournaient maladroitement. Elle repensa nostalgiquement à elle, petite, tout juste âgée de sept ans, assise dans l'herbe en train de triturer les cartes de ses doigts malhabiles. C'est amusant de regarder les gens lambda tenter d'imiter les magiciens et encore mieux de contempler leur mine froissée à la vue du paquet à terre, les cartes étalées en tout sens. Vous décelez alors le moment exact où ils prennent conscience que vous êtes quelqu'un de spécial et que derrière ces effets géniaux qui enrobent d'élégance le tour de magie lui-même, se cachent des années d'entrainement. Matin et soir, une carte toujours dans les doigts et vous ne faites que ça.
Un silence de quelques secondes passa puis elle lui répondit, un sourire dans la voix :
- C'est une manie chez toi, pas vrai ?
C'était une provocation à peine masquée, susurrée d'une voix douce et mélodieuse. Devant la légère incompréhension de la jeune femme brune, elle reprit, l'air pensif.
- Tu ne trouves pas ça vexant que d'être seulement le chien qui rapporte le jouet aux pieds de son maitre ? (elle tapota le sol de sa bottine) Parce que c'est bien comme ça que ça fonctionne, non ? Tu risques ta vie ou seulement le cachot pour un collier en l'occurrence, et tu repars avec une petite friandise ou au mieux quelques piécettes sous la dent. Tu ne le vis pas trop mal ?
Elle siffla entre ses dents puis balaya l'air d'un geste théâtral alors qu'elle s'avançait en pleine lumière. La tête inclinée vers la gauche et les bras jouant du luth en l'air, tourbillonnant par ci par là dans ses jupons.
- Que c'est larmoyant ! Sortez les mouchoirs !
Elle ricana, son ton sonnant terriblement faux, et essuya une larme imaginaire. Le sourire qu'elle arborait était éclatant. D'un pas tranquille, presque sautillant, elle vint s'adosser à l'une des façades, une jambe ramenée sous elle pour s'appuyer sur le talon. Ses mains étaient posées bien à plat dans son dos, contre la pierre. Les yeux clairs plantés dans ceux de la jeune femme, la mine attentive, elle demanda simplement :
- Alors, pourquoi ce collier et pas un autre ?



HRP : Pour vous faire rêver et vous emmener un peu dans le monde de la magie, voici ce que sont les fioritures :
https://www.dailymotion.com/video/xghpil_creationetfioritures_creation?from_related=relate.page.int.meta2only.a25ace0012778799da5975a2af00b7f9137709412
Et bien sûr, Nashley sait faire tout ça, hein Very Happy

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Mar 27 Aoû - 13:58
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Sunaï observa la voleuse d’un air glacial à l’entente de ses paroles tandis que celle-ci avait un regard moqueur posé sur elle. Après sa dernière phrase, la mercenaire resta quelque peu immobile, l’expression fermée, le regard froid. Elle restait assise sur le rebord de la fontaine, et les doigts de sa main s’étaient arrêtés de caresser la surface de l’eau. Enfin, d’un air calme, après l’avoir laissée faire son petit spectacle ridicule pour aller s’appuyer au mur, elle répondit.

- Risquer le cachot pour un collier ? Elle haussa un léger sourcil par-dessus son masque. C’est vrai, c’est assurément moins bien et moins discret de ne voler qu’un collier isolé que de prendre toutes les vitrines. Je suis sûre que personne n’aurait remarqué que quelque chose clochait, avec ça, claqua-t-elle, sarcastique.

La faible lueur de la lune donnait une ambiance assez irréaliste à la scène. Elle faisait ressortir quelque peu les contours de leurs masques et ajoutait un éclat à leurs pupilles. Sunaï ne lâchait pas les yeux gris-vert de son interlocutrice, ne cédant rien face à ses railleries ouvertes. En temps normal, elle aurait tout simplement ignoré la personne en face d’elle, ne prenant pas la peine de s’entretenir de quoi que ce soit. Mais cette femme-là l’avait mise en rogne.

- Je te pense mal placée pour parler de chien et donc d’obéissance… Contrairement à toi, je ne suis pas tributaire de mes vols. Quand toi tu es forcée de voler de pauvres innocents - elle fut quelque peu ironique avec ces mots – chaque jour pour avoir quelque chose dans ta gamelle, te faisant esclave de ta condition, moi je choisis avec soin les contrats que l’on me propose. J’offre mes services à ceux qui savent se montrer convaincants, sérieux et… bons payeurs. Sunaï ne parlait pas forcément d’argent uniquement, en tant que chercheuse de savoir aguerrie, mais elle ne voyait pas l’utilité de préciser cela à une voleuse qui ne jurait que par la monnaie. En conséquence, ce sont plutôt eux qui sont dépendants de moi, tous ceux-là qui n’ont pas l’audace ni le courage de mettre en jeu leur propre petite personne pour obtenir ce qu’ils souhaitent.

Sunaï glissa une main sous le décolleté de sa robe, en ressortissant la chaîne de rubis qu’elle avait dérobée. Les pierres scintillèrent sous les quelques rayons lunaires, et Sunaï tint le bijou de ses deux mains, le faisant glisser entre ses doigts et le mettant bien en vue de la blonde. Elle le tint fermement cependant, ayant eu un petit aperçu des capacités de la prestidigitatrice et ne souhaitant pas que celle-ci vienne le lui prendre.

- Pourquoi ce collier ? Voilà toute la différence entre nous. Je ne fais jamais rien au hasard, j’ai toujours un but, je réfléchis. Concept qui t’es peut-être étranger. Etre réduite à voler tout ce qui me tombe sous la main… ? Cela fait bien longtemps que je suis sortie de cette condition de faible.

Oui… Sunaï ne se souvenait que trop bien les années de son adolescence dans les rues, les conditions miteuses, le ventre souvent vide ou rempli de pain rassis trouvé dans les ordures. Néanmoins, elle ne regrettait pas ce pan de sa vie. Il lui avait permis de s’endurcir, d’apprendre à se débrouiller seule, et aussi de rencontrer Arthadel. Et au fil des années, le vol était devenue comme une seconde nature pour elle, jusqu’à ce qu’elle soit assez adulte pour faire autre chose. Le mercenariat s’était alors imposé de lui-même. Report d’informations, recherche d’objets, expéditions en tout genre… Elle ne s’ennuyait jamais avec ses missions, et les vols se faisaient plus rares. Et souvent justifiés. Elle volait des voleurs, en général, ou les nobles imbus d’eux-mêmes. Cela se voyait certes peu, mais elle avait un certain sens de l’honneur et de morale.
La mercenaire observa attentivement le visage de la voleuse, plissant légèrement les yeux sous son masque.

- Pourquoi cette curiosité, tout à coup ? On se demande désormais ce que ce collier pourrait rapporter ?

Sunaï était préparée à tout et n’importe quoi, et un nouveau coup bas de la blonde pour ce collier ne l’étonnerait pas. Elle ramena le bijou dans sa robe, le dérobant à sa vue, analysant chaque mouvement éventuel de son interlocutrice, de la part de son corps ou même de ses yeux. Elle ne comptait pas lui donner l’occasion de la plumer.
La mercenaire sortit sa main de l’eau et plia le trois de pique entre ses deux mains. Elle s’adossa un peu mieux contre la statue de la fontaine. Son regard parcourut la tenue de la prestidigitatrice, son jupon prune, le bustier, qui étaient tout deux assurément de bonne facture. Son ton fut un peu moins arrogant et percé d’une réelle curiosité, même si elle gardait une expression altière, lorsqu’elle ajouta :

- Tu m’as l’air de savoir te débrouiller. Tu as peut-être également volé ces vêtements de marque pour organiser ton coup de ce soir, mais tu m’as aussi l’air d’avoir les moyens de vivre autrement que du vol et de pouvoir te payer toi-même cette tenue. Elle dit cela en faisant osciller la carte entre ses doigts, faisant référence à ses talents d’illusionniste qu’elle avait pu observer ce soir. Alors… pourquoi ?

Sunaï Hinara

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Mer 28 Aoû - 20:32
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Nashley ne put se contenir davantage et éclata d'un doux rire, toujours adossée au mur. La voleuse se trompait sur toute la ligne. L'esprit trop pragmatique, cloitré dans sa petite routine "Bonjour, c'est pour un contrat -  Voilà l'objet - Donnez-moi les pièces - Au revoir". Et c'était elle qui l'insultait d'esclave de sa condition ? Pardi, y avait-il scène plus comique ? L'illusionniste secoua la tête, comme si elle n'en revenait pas, toujours ce même sourire détestable aux lèvres. La voleuse était pleine de contradiction : exécuter le sale boulot pour les autres, si ça, ce n'était-ce pas une forme de servitude... Peut être même qu'elle appartenait à une guilde du coin, auquel cas, la hiérarchie stricte de ces mafieux ne devait pas laisser un degré de liberté très important. Tout compte fait, travailler à son compte était on-ne-peut-plus satisfaisant.
Oh la pauvre chou qui avait réussi à quitter sa "condition de faible" et qui se sentait de se la jouer moralisatrice. Voulait-elle que Nashley lui dise combien elle était fière d'elle parce qu'elle avait quitté sa vie de vermine et avait cessé ses vols, elle qui "offrait" maintenant avec tant de bonté ses services ? Une Dame de cœur, je parie. Sentimentale, va ! ironisa-t-elle. La prestidigitatrice avait également connu la vie de va-nu-pieds, elle avait trimé avec son père pour pouvoir manger une bouchée de pain chaque jour. Ce qui ne faisait pas d'elle pour autant une personne qui voulait rétablir la justice en aidant les autres. Au contraire, cela lui avait bien fait rentrer dans le crâne que l'on ne pouvait compter que sur sa petite personne et qu'il fallait jouer des coudes pour trouver une place parmi tous ces honnêtes gens assistés.
Nashley accorda un regard dédaigneux à la mercenaire qui osait plier une carte. Sacrilège.
- Pourquoi pas ? répondit-elle avec insolence, lui renvoyant en pleine figure sa question.

Le vol, ce n'était pas une fin en soi. Comme tout le monde, elle avait besoin de se vêtir et tant qu'à faire, autant piocher dans les tissus raffinés qui coutaient les yeux de la tête. Mais en réalité, sa vie se résumait à un paquet de cinquante-deux cartes, une ou deux pièces truquées, un chapeau, quelques artifices et traits de lumière. Le larcin, c'était pour en faire "d'une pierre deux coups". D'ailleurs, les pierres précieuses et autres babioles s'accumulaient dans ses poches, entre deux lattes de parquet, allez savoir, partout où on pouvait les y cacher. Jamais elle ne porterait ces monstruosités d'orfèvrerie sur ses mains.
Justement, en parlant de caprices matérialistes, ses pensées revinrent sur l'objet de son contrat. Un peu plus tôt, alors que la voleuse babillait tout son petit discours - Combien de temps as-tu passé à l'écrire puis à le réciter comme une petite élève modèle ? - elle avait sorti de son décolleté le collier tant convoité. Nashley avait pu l'observer d'un peu plus près : une chaine de rubis, toute simple. Elle, qui en avait dérobé des bien plus raffinés, elle ne concevait pas vraiment l'intérêt qu'on pouvait lui porter. Mais il devait y en avoir un assurément puisqu'elle choisissait si bien ses quêtes. Vous sentez poindre l'ironie ? Amusant comme la jeune femme l'avait tenu fermement, comme si elle s'attendait à ce que la prestidigitatrice s'en empare si avidement. Pour la taquiner, l'illusionniste avait rivé ses yeux sur l'objet : coup de bluff. Si le magicien est un marionnettiste, nul doute que le pantin, c'est vous.

- Tu as terminé ton babillage ? lui demanda-t-elle insolemment.
Nashley quitta le mur auquel elle était restée appuyée pendant tout le temps que la jeune femme avait parlé pour se dégourdir un peu les jambes. La voleuse ne répondit pas à ses propos intentionnellement insultants, sans doute trop occupée à calmer la rage qui devait bouillonner en elle. Toujours adossée à la statue, elle ne quittait pas des yeux Nashley qui déambulait maintenant sur la placette, les mains balançant les pans de ses jupons prune en rythme. L'air frais caressait ses épaules nues et soulevait légèrement ses mèches soyeuses. La douleur occasionnée par le choc électrique s'était largement atténuée. Tout cela devenait atrocement stérile, plat et sans aucune issue ; il fallait un peu échauffer les cœurs.
Tout à coup, elle se téléporta juste à côté de la mercenaire, les coudes appuyés sur le rebord de la statue en une attitude décontractée, le visage offert à la lune en une mine pensive.
- J'ai l'impression que tu te rends un peu trop essentielle, là. Tu dis rendre les gens dépendants de toi ? (Elle pouffa) Oh je t'en prie, combien de malfrats courent ces rues, hum ? Si tu ne te pointes pas, il suffit de claquer des doigts (Clac) et un autre apparait. Au fait, comment tes employeurs t'ont-ils convaincue pour le collier ? Oh, je parie que je n'étais même pas citée dans l'affaire. Tu sais, je crois que tu devrais demander une prime. Pour dédommagement de cette soirée gâchée.
Ce n'est qu'à la fin de sa tirade qu'elle daigna se tourner vers la mercenaire. Elle l'interrogea du regard, un sourire de madone aux lèvres puis s'esclaffa.

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Ven 6 Sep - 20:40
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Sunaï observa la voleuse éclater de rire, et serra un peu plus la mâchoire. Décidemment, elles étaient tombées sur la mauvaise personne, toutes les deux. Deux têtes dures, arrogantes, voulant avoir le dernier mot. Deux emmerdeuses en puissance. Elles n’avaient pas fini, à ce rythme, et Sunaï commençait déjà à être lassée, se demandant sincèrement si la voleuse de bas étage méritait son attention. Elle pouvait tout aussi bien la laisser là en l’ignorant pour repartir tranquillement et oublier cette soirée qui deviendrait bien vite insignifiante à ses yeux, puisqu’elle ne recroiserait jamais la blonde.
La jeune femme fut quelque peu déstabilisée par la voix et la présence de la blonde qui soudain, n’était plus devant elle à marcher sur la place mais à ses côtés, appuyée sur la statue. Elle resta immobile, sans tourner son visage vers elle, la laissant terminer non sans avoir été tentée de la couper. Et cette fois-ci, ce fut Sunaï qui fut prise d’un petit rire avant de regarder à nouveau la prestidigitatrice dans les yeux.

- Allons donc, pourquoi aurais-tu été citée dans l’affaire ? Tu ne restes toi aussi qu’une de ces malfrats qui courent les rues, ce n’est pas comme si mes employeurs avaient pu avoir eu vent de ta future et négligeable visite, ou même s’ils avaient pu s’en inquiéter, si cela avait été le cas.

Sunaï ramena l’une de ses jambes contre elle, appuyant le talon sur le rebord de la fontaine, refermant ses deux bras autour de son genou, observant l’illusionniste comme si celle-ci l’intéressait réellement. Les pans de sa robe retombèrent de chaque côté de sa cuisse.

- La soirée n’a pas été si… gâchée, puisque je suis partie avec ce que je cherchais. Et contrairement à toi, l’on me paye bien. Je n’ai pas besoin de prime. Et tu es décidemment bien fixée sur mon collier, n’est-ce pas ?

La mercenaire esquissa un sourire amusé, sachant qu’elle tenait la curiosité de la voleuse. Oui, assurément, elle était le genre de personne qui n’aimait pas que quelque chose lui échappe. Ou peut-être était-elle blessée dans son orgueil, que de n’avoir pas pu empêcher la mercenaire d’atteindre son objectif alors que celle-ci l’avait empêchée de mener à bien le vol des vitrines. Si elle n’avait pas l’habitude d’être contrariée, eh bien elle avait été tout autant servie que Sunaï, ce soir.
La mercenaire allait continuer leur petit affrontement verbal, lorsqu’un écho lointain attira son attention. Elle tourna vivement la tête vers le bruit qui se faisait de plus en plus précis. Cela provenait de l’une des rues qui menaient à la place où elles étaient toutes les deux. Le bruit se fit plus sourd et plus présent, se rapprochant, et les deux femmes purent bientôt reconnaître là le son de plusieurs personnes qui se déplaçaient en courant. Bien que personne ne soit encore visible, l’écho des pas, voire même de quelques paroles étouffées, se répercutait sur les pavés des rues adjacentes, venant se faire entendre clairement sur l’esplanade avec la fontaine.
Sunaï se releva, alerte, les pans de sa robe tourbillonnant légèrement autour de ses jambes sous le mouvement subit. Elle jeta un coup d’œil en biais à la blonde, mais celle-ci ne semblait pas non plus avoir une idée de ce que cela pouvait être. Le mercenaire, quant à elle, avait un étrange pressentiment. Il était largement plus de minuit, les rues étaient désertes, alors, qui d’autre à part des participants de la soirée de Nolan pouvaient encore parcourir le quartier ? Enfin, « participants »…  L’inquiétude de Sunaï se confirma lorsqu’une petite troupe d’hommes armés arriva sur la place. Visiblement en patrouille, à chercher quelque chose. Ou quelqu’un, précisément. La mercenaire lança un regard venimeux à la blonde, responsable de toute cette situation. Mais la jeune femme s’en voulut presque à elle-même, sur le coup, que de traîner avec la prestidigitatrice en pleine ville, même si elles s’étaient assez éloignées de la fête de Nolan. Leur petite entrevue aura laissé du temps à la sécurité de venir fouiller les rues.
Les rayons lunaires donnèrent un aspect presque irréel à la scène, comme au ralenti. Les hommes étaient cinq, et avec l’obscurité des lieux, ils ne virent pas les deux femmes tout de suite. Un peu plus, et ils auraient traversé la place sans même leur accorder un regard. Celui en tête de file s’arrêta, cependant. Il fit signe aux autres de s’arrêter également, et passée la surprise de tomber sur deux femmes en tenue de soirée, il fit un léger salut.

- Mesdames… Si vous venez de la soirée organisée de Lord Nolan, alors peut-être avez-vous assisté au léger… incident. Il marmonna dans sa barbe, comme s’il n’était décidemment pas d’humeur à chercher une voleuse à une heure du matin en pleine capitale. Si vous avez croisé quiconque de suspect, merci de bien vouloir nous le dire. D’après les descriptions, la fugitive est blonde, habillée d’une robe aux jupons couleur pr…

Il s’arrêta, comme s’il prenait conscience de ses paroles alors même que son regard glissait sur la prestidigitatrice. Sa bouche forma une expression de surprise assez comique, mais cela ne fit pas même sourire Sunaï. Si l’imbécile à côté d’elle venait à être découverte, elle serait tout simplement prise pour sa complice, à avoir été trouvée à parlementer tranquillement avec elle autour d’une fontaine. Sans oublier le collier dérobé qu’elle sentait contre sa peau, dans sa robe. Elle ne serait définitivement pas dans une bonne situation, alors qu’elle avait réussi à disparaître de la soirée sans faire de remous, contrairement à la blonde. Si elle avait été trouvée seule, personne ne lui aurait trouvé quoi que ce soit de suspect. Mais en présence de la garce ? C’était tout à fait autre chose.
Sunaï lança un regard en biais à la voleuse, la fusillant à travers son masque. Regarde dans quelle situation tu me mets, enflure. La mercenaire attrapa fermement le poignet de la blonde, l’empêchant d’user de ce fameux pouvoir de téléportation, ou du moins, l’empêcher de se téléporter seule. Si elle venait à fuir de cette manière, Sunaï disparaîtrait avec elle. Il y avait toujours une chance qu’ils passent leur chemin, de toute manière, mais la mercenaire laissa tomber son autre main près de sa hanche, prête à ressortir son poignard au besoin. Enfin, elle avança d’un pas en direction des gardes, montrant là sa bonne volonté et certainement pas un comportement de fuyarde qui les conforterait dans leur soudain soupçon.

- Oui, une autre patrouille est passée il y a quelques minutes, mais nous n’avons vu personne. Nous n’étions pas restées jusqu’à l’ouverture de l’exposition, mon amie se sentait mal… Elle dit cela en appuyant lourdement sur le mot, se moquant ouvertement de l’illusionniste, mais elle seule était capable de saisir l’ironie. Alors nous étions sur le chemin pour rentrer. Ils sont partis par-là, si vous voulez les rejoindre, rajouta-t-elle en pointant du doigt une rue au hasard.

Sunaï invitait grandement la voleuse à jouer le jeu, allant jusqu’à faire chauffer sa paume d’un léger frisson électrique. Rien de douloureux, juste de quoi faire se dresser les poils de son bras. Elle l’invitait aussi à utiliser les capacités qui lui étaient propres, pour berner les hommes, car celles de Sunaï n’étaient qu’offensives ou défensives, seulement utilisables en combat. Elle ne la laisserait pas s’en tirer comme ça, dans le cas inverse. Au matin, elle serait enfermée dans un cachot de Sen’tsura, si elle faisait sa délurée.

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Soirée pluvieuse, soirée... voleuses ?  Sand-g10Sam 7 Sep - 19:25
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- "Mon collier" ? releva-t-elle, ironique, en haussant les épaules en une attitude feinte de surprise. Y aurait-il eu revirement soudain ? Voudrais-tu le garder pour ton propre usage, agissant ainsi enfin comme une personne raisonnée ?

Nashley s'esclaffa à nouveau. Comment avait-elle dit déjà, d'un air hautain ? Ah oui : "L'on me paie bien". Il ne fallait pas être doté d'une extrême intelligence, ni même appartenir au milieu pour se douter que les malfrats n'obtenaient de leur guilde que ce que celle-ci voulait bien leur donner. Autrement dit, pas grand chose comparativement au travail fourni. Mais avait-elle besoin d'en informer une personne qui se disait si expérimentée dans son métier ? On ne pouvait pas dire qu'elle en ressentait vraiment la nécessité. La vie des autres était le cadet de ses soucis. Aussi décida-t-elle de ne pas argumenter et de ne pas répondre aux sarcasmes de la jeune femme et ce, pour deux raisons évidentes. Premièrement, il était certain que les deux femmes ne s'accorderaient jamais et cela conduirait à une joute verbale des plus lassantes. Et le chaos représentant une seconde nature chez la prestidigitatrice, il devenait alors évident qu'elle forcerait quoiqu'il arrive le malentendu. Dans la réalité, les fins heureuses n'existaient pas ! Deuxièmement, il y avait plus agaçant que de surenchérir en répliques mauvaises, bataillant à coup de mots tranchants parfaitement aiguisés : afficher un sourire béat de condescendance devant l'autre - Quoi de plus horripilant ? Alors, sous le blabla continu, un flot d'informations que la voleuse livrait sans même sans rendre compte, l'illusionniste souriait, la tête délicatement penchée vers l'épaule droite. Pour un peu que Nashley la pousse encore plus dans ses retranchements, elle saurait bientôt la guilde pour laquelle elle travaillait et le montant de sa quête. Entre nous, pas très professionnel, railla-t-elle mentalement en lui souriant. Elle ne répondit donc pas à ses piques qui se voulaient contrariantes. De toute façon, comment lui faire comprendre que ce n'était qu'un jeu ? Si seul l'argent l'intéressait, la prestidigitatrice ne pouvait plus rien pour elle. Et après, l'on osait dire que les pièces n'étaient pas un besoin ? Pardi, en faisait-elle une collection à titre purement oisif ? Nashley en doutait.

L'illusionniste n'avait pas obtenu l'effet escompté à savoir provoquer une petite étincelle de combat, au sens le plus littéral du terme si l'on en jugeait les capacités de la mercenaire. Installée en apparente décontraction, un genou ramené contre la poitrine, celle-ci la scrutait, probablement en train de la maudire intérieurement. Espérant, même, qu'elle bouillonnait de rage. Parce que c'était terriblement amusant. Mais un écho de pas à proximité de la placette vint troubler ce duel verbal déjà devenu monotone. Espérons que cela ajoute un peu de piquant. Les gardes de chez Lord Nolan lui étaient sortis de l'esprit mais peut être n'avaient-ils pas abandonné leurs recherches. La voleuse se leva, les sens instantanément en alerte. La prestidigitatrice se moqua intérieurement : alors, allait-elle décamper comme un vulgaire lapin apeuré ou bien resterait-elle pour affronter l'inconnu (les inconnus, d'après les échos de pas et les voix étouffées) ? Elle tourna la tête en direction des bruits, toujours adossée à la fontaine. Elle aurait pu créer une illusion pour la dissimuler mais elle décida de jouer franc jeu.
Une patrouille. Les silhouettes se distinguaient nettement à mesure qu'ils approchaient la placette éclairée faiblement de quelques bougies. La voleuse dut s'en douter car elle lui jeta un regard furieux, l'accusant sans doute d'être la personne qu'ils cherchaient avec tant d'ardeur. Nashley riposta d'un regard moqueur : Regarde dans quelle situation tu te mets. Après tout, n'était-ce pas la mercenaire qui avait décidé de la suivre ? Prise à son propre piège.

L'un des hommes, un grand gaillard d'une quarantaine d'année les salua et leur détailla une soi-disant fugitive blonde aux jupons prune, du moins c'était ce qu'il voulait dire. Lorsque son regard glissa sur l'illusionniste, il s'interrompit soudainement et afficha une moue grotesque de surprise. J'ai l'impression de me reconnaitre dans ce portrait,  ricana intérieurement la jeune femme. Sans plus attendre, la voleuse l'empoigna fermement par le poignet et la releva de la fontaine. Pour une fois, elle avait fait quelque chose d'intelligent. Non seulement elle l'empêchait de se téléporter (peut être se doutait-elle que la prestidigitatrice ne pouvait pas téléporter quelqu'un d'autre en même temps) mais aussi, elle pouvait lui délivrer quelques décharges en passant. Joyeuses perspectives. La mercenaire la surprit une fois de plus en ne la dénonçant pas comme elle l'avait fait un peu plus tôt dans la soirée. Nashley l'examina alors qu'elle baragouinait une explication bancale, auquel le garde afficha une mine dubitative. Un petit rictus arqua ses lèvres en entendant "mon amie" mais personne excepté les deux femmes ne sembla percevoir une quelconque ironie. Tout à coup, l'illusionniste sentit une curieuse sensation dans le bras que tenait la voleuse. Rien de douloureux, seulement un frisson. Elle l'interrogea du regard ; visiblement, elle voulait qu'elle joue le jeu. Oh oui, elle allait jouer mais la règle du jeu changerait. Ce n'était jamais bon de s'appuyer sur quelqu'un avec qui vous aviez un "désaccord".
Nashley s'avança à son tour vers le garde, après un dernier coup d'œil à la femme brune.
- Oui, exactement. Je me sentais mal. Mal d'avoir osé dérober tous ces bijoux de ce cher Lord Nolan. Je suis effectivement celle que vous cherchez et voici ma complice, vous savez, l'assistante qui a participé au petit tour de magie. Vous pouvez vérifier : je cache des colliers dans mes jupons et elle en possède un également, dans le décolleté. Seule la montre dorée est à moi, le reste vous pouvez le reprendre.
Ce n'est qu'après qu'elle se tourna vers la voleuse, un rictus sournois aux lèvres. Puis elle baissa les yeux vers le bras qui la tenait. Deux anneaux liés entre eux sans encoches visibles menottaient les deux femmes. Un petit tour de magie pendant que la mercenaire s'était lancée dans sa comédie.
Le garde jeta un coup d'œil surpris à ses collègues puis d'un signe de tête, leur demanda d'arrêter les deux fugitives. Nashley leva le bras droit et celui son adversaire suivit le mouvement :
- Nous nous rendons.

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