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 Au pied de mon arbre

 
Au pied de mon arbre Sand-g10Ven 26 Juil - 22:04
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-Mais quelle curieuse chose avons-nous là? S'exclama la voix moqueuse d'un homme.

Phalène ouvrit un oeil, éblouie par la lumière soudaine. Munin s'agita sur son épaule dans un croassement sourd, comme un avertissement adressé aux étrangers qui s'avançaient vers eux. Elle éleva une main pour se protéger du soleil et les vit, un petit groupe d'hommes et de femme richement vêtus, qui n'avaient sans doute rin trouvé de mieux à faire que de venir tourmenter quelqu'un qui n'avait rien demandé. Assise au pied d'un arbre dans un beau jardin en terrasse, Phalène reposait sa tête lasse et avait fermé les yeux un moment, naviguant dans de sombres rêves, tissant sans bruit des fils de chansons et ravaudant des fragments d'histoires, psalmodiant des paroles à voix basse dans sa langue, marmonnant sans cesse, tandis que ses doigts pinçaient des embryons de mélodie sur un petit luth posé sur ses genoux. Le bruit avait attiré, comme souvent, les parasites, en l'occurence des personnes qui semblaient penser qu'elle n'avait pas le droit de respirer le même air qu'eux.
Il fallait bien avouer que cette petite chose brune et bleue, assise de guingois sur les racines de l'arbre qui ombrageait le joli jardin clos avait de quoi attirer l'oeil. Oh, il y avait bien des choses, bien des gens étranges en ville, mais Phalène figurait probablement parmi les plus curieux, attifée de la sorte avec ses perles et ses colliers, ses tatouages et ses cheveux ruisselants. Mais tout ne tenait pas à l'apparence, il y avait quelque chose, quelque chose autour d'elle comme un voile qui la rendait plus étrange encore que tout ce qu'on pouvait percevoir au premier abord.
La ville au-dehors des murs bruissait et hurlait comme une mer en furie, pleine de fracas et de paroles, étouffante et grouillante, tellement d'histoires, tellement de vies qui s'entrechoquaient... Phalène avait voulu un peu de repos. Les innombrables passants, les voix, tout ce qu'elle percevait sans comprendre l'avait épuisée, et dans le calme du lieu elle reprenait peu à peu ses esprits.

Du moins, jusque là. Elle garda un oeil ouvert un moment, comme une bille bleue qui roulait un peu dans son orbite pour les dévisager un à un.

-Mais quelles curieuses choses veulent nous déranger, Munin? Lança-elle sur le même ton moqueur qu'avait employé l'homme. Crois-tu qu'il nous veulent du mal?

Elle les observa encore un moment.

-Non, reprit-elle. Non, Munin. Ils ne veulent que s'amuser, quitte à tourmenter la pauvre Phalène. Ah, pauvre de nous!

La femme se tut un moment avant de reprendre, baissant la voix.

-Pourtant, marmonna-elle. Pourtant, une ville comme ça, si grande? N'ont-ils jamais rien vu? Ah, Munin, l'ignorance est un fléau.

Son second oeil s'ouvrit, lentement, et elle vit les regards du petit groupe se poser sur ses doigts rongés, dont les tatouages parvenaient à peine à cacher les terribles blessures qui lui avaient fait perdre plusieurs phalanges. Elle vit leurs grimaces de dégoût, et quelques rires fusèrent, à mesure que l'homme enhardi par ses camarades s'approchait d'elle pour lui saisir le poignet. Elle n'entendit pas vraiment ce qu'il dit, car une autre voix se superposa à la sienne, bien plus terrible, plus insidieuse, et plus glacée.

Tu vois, pauvre petite chose. A la toute fin, les gens ne voient que ça. Ton cadavre et tes os. Ce qu'il reste de toi après t'avoir mangée, et recrachée comme une mauvaise viande. Tu fais bien mauvaise chair, Falein. Mais à la toute fin, peu importe, je finirai par t'attraper!

Sur son épaule, Munin étendit les ailes en gonflant les plumes d'un air menaçant, glapissant à toute gorge. Phalène ne semblait rien entendre, les oreilles envahies par un bourdonnement sourd, et les sifflements du fantôme du vent. Elle eut très froid, soudain, les os gelés, tremblante. Ce ne fut que lorsque l'homme s'empara de son luth qu'elle refit un peu surface.

Tu vois, misérable chose, il a compris, lui. Ces bouts de bois et de boyaux de chats ne servent à rien entre tes doigts, il ne reste plus assez de toi, plus assez de la pauvre Falein pour faire quoi que ce soit.

La voix dans son esprit et celle de l'homme se mêlèrent enfin dans les mêmes paroles assassines:

-Comment une chose aussi frustre que toi peut-elle se permettre de souiller un si bel instrument?

Il éleva l'instrument dans la lumière, et le soleil joua de beaux reflets sur le bois ciré et les fines gravures que le luthier avait réalisées pour Phalène, baptisant le luth à son nom et à ses signes. L'objet était fort beau, et de grand prix. Elle entendit quelques paroles méprisantes, encore hébétée, comme si le spectre avait puisé dans ses forces pour s'exprimer. Elle respira, longuement, alors que Munin menait grand tapage près d'elle, avant de bondir sur le malotru en le criblant de coups de becs. Ses compagnons voulurent venir à son aide, mais rien ne put déloger le corbeau de sa proie, qui jeta l'instrument au sol d'un geste brusque. Le luth résonna d'un accord disgracieux et sonore, douloureux à l'oreille, et lorsque Phalène se pencha pour le récupérer, il lui donna un coup derrière la tête qui la fit trébucher et tomber presque à genoux. Cela ne fit que redoubler l'ire du volatile qui s'acharna encore un moment sur lui. Toute la ville devait être au courant de l'incident, avec les cris stridents que poussait l'animal depuis un moment déjà; un peu d'aide pouvait être bienvenue, sans doute, du moins jusqu'à ce que la femme puisse retrouver un peu ses esprits et calmer son compagnon.

Phalène

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Au pied de mon arbre Sand-g10Jeu 1 Aoû - 13:30
Iskios se baladait tranquillement dans la ville, lorsqu'il vit un étrange attroupement, curieux il se décida d'aller voir ce qui se passait, ce qu'il vit ou plutôt ce qu'il entendit lui fit bouillir de rage.

-Comment une chose aussi frustre que toi peut-elle se permettre de souiller un si bel instrument ?

Iskios le savait, la plupart des humains étaient des ignorants incapables de discerner la vraie beauté des choses, et ils avaient la fâcheuse tendance a persécuter les êtres différents, il le savait bien et chaque fois qu'il voyait un humain se comporter de cette manière, il se disait que c'était à cause de ce genre d'individus que les humains avaient une mauvaise réputation auprès des elfes et des démons. Il avait beaucoup voyagé et il avait appris à se méfier de la beauté, les personnes les plus belles étaient ensauvent les plus dangereuses et inversement il avait croisé beaucoup de personnes qui semblaient moches étaient devenues de bons amis.

Il remarqua que l'humain qui avait dit ces malencontreuses paroles, se faisait attaquer par un étrange volatile qui tentait de protéger l'étrange créature, cette dernière était à terre suite à un coup de l'homme, Iskios sortit de ses pensées et se décida à intervenir. Discrètement, il se plaça derrière l'homme fou furieux, avant de sortir à toute vitesse son arme et de la plaquer contre le coup de l'homme ce dernier surprit sursauta avant de regarder derrière lui, ce qu'il vit lui glaça le sang, un regard chargé de haine, de destruction, de mort et ce n'était pas tout.

- Excuses-toi. Ce n'était pas une demande mais un ordre, cette phrase avait beau être murmurée, l'intention de sa voix était suffisamment froide et remplie de menace, pour terrifier son interlocuteur.

- Mais, euh..., enfin ... Bredouilla-t-il mal à l'aise face au regard de l'individu

- Tout de suite ! Cette fois, le jeune homme avait haussé le ton et on sentait que si l'autre personne ne s'excusait pas, des choses graves arrivaient.
D'ailleurs, ce dernier l'avait très bien senti, et il marmonna des excuses, même si celles-ci n'étaient pas sincère, cela suffit au jeune homme.

- Maintenant part et si jamais j'apprends qu'il t'es venue à l'idée d'embêter d'autre personne, je m'occuperais personnellement de ton cas. Annonça-t-il avant de le pousser dans la foule, il connaissait ce genre d'individu, le seul moyen de les calmer était la peur ou la mort, heureusement pour lui, il y avait des gardes qui patrouillaient près d'ici.

- Cela vaut pour vous aussi, vous jetez le voile du déshonneur sur le peuple humain, avec vos actions, si je n'étais pas intervenu, personne ne l'aurait fait, partez je ne veux plus vus voir. Clama-t-il en direction de la foule avant de se tourner vers l'étrange créature, affichant un sourire affectueux et de tendre son bras pour l'aider à se relever et il lui demanda aussi si elle allait bien.
En regardant bien l'étrange créature était en fait une humaine, Petite et potelée, elle était drapée de sombres tissus aux motifs étranges et son corps était gravé de symbole et ravagé par le temps.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Jeu 1 Aoû - 14:10
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Au travers du brouillard qui avait envahi sa tête, Phalène entendit une autre voix, différente. Elle ne comprit pas, au début, mais voyant Munin revenir à elle, elle put s'apercevoir que quelque chose était intervenu. Respirant longuement pour se calmer, elle eut un sursaut quand quelqu'un toucha son bras pour l'aider à se relever. Comme toujours, cela avait le même effet, comme jeter un pavé dans la mare. Elle émit un léger sifflement entre ses dents, la tête baissée, chassant de ses yeux la brûme de neige perfide qui murmurait encore dans sa tête. Non, tout était loin, loin et fini. Le soleil brillait dans les arbres, ah, la lumière, et rien d'autre. Le corbeau se posa sur l'épaule de la jeune femme, et le contact familier de son plumage ramena un peu plus la barde à la réalité. Elle se redressa un peu, et se souvint que la personne, quelle qu'elle soit, avait parlé.

Phalène cligna des yeux dans la lumière tamisée par les arbres, observant avec curiosité la personne qui l'avait secourue. Une petite personne, un jeune homme. Elle plissa un peu les yeux, et sa tête bascula de côté d'un air perplexe, le détaillant en marmonnant quelque chose. Et puis elle sourit et son regard resplendit en chassant toutes les nuées de la folie, comme si rien ne s'était passé.

-Oh, fit-elle d'une voix enjouée. Bonjour! Savez-vous où sont passés ces bougres? Je crois que Munin est déçu de ne pas leur avoir donné une bonne leçon. Hein, Munin?

Ce disant, elle pinça entre ses doigts le bec du corbeau pour en enlever un peu de sang. Il avait fait mouche plus d'une fois, manifestement... Phalène ne sembla pas s'en émouvoir, et elle se baissa pour ramasser son luth, en ôtant quelques brins d'herbe et un peu de terre qui s'étaient prits dans les cordes. Elle en tira quelques sons malgracieux.

-Une minute, je vous prie, lança-elle d'un ton aimable.

Sans plus prêter attention à son sauveur, elle retourna s'asseoir sur une racine et entreprit de réaccorder son instrument, grimaçant à chaque fois que les sons dérapaient de manière désagréable. De temps à autre, elle regardait l'inconnu, et puis s'en retournait à son ouvrage, comme si elle ne pouvait se permettre de lui parler alors que son luth avait souffert le martyr. Cela prit peut-être plus de temps que prévu et Phalène marmonnait entre ses dents tout en tournant avec délicatesse les clefs de l'instrument, ses doigts rongés s'agitant sur les cordes et les pièces de métal.

-Nous pensons que cela durera peut-être un peu plus de temps que prévu, lança-elle en relevant la tête. Comment vous appelle-t-on?

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Au pied de mon arbre Sand-g10Mer 7 Aoû - 11:46
Elle était folle, voilà ce à quoi pensait Iskios elle semblait ne plus avoir toute sa tête, sûrement à cause des substances dangereuses pou l'organisme qu'elle devait fumer, Iskios avait déjà eu affaire à ce genre de personne déconnecté de la réalité, il savait qu'n ne pouvait plus grand chose pour eux, on ne pouvait que les regarder dépérir lentement.

- Les bougres sont partis, ils ne vous embêteront pas, annonça-t-il tranquillement, tandis qu'elle ramassait son luth.

Elle commença tranquillement à réparer son instrument de musique, tout en regardant de temps en temps le jeune homme pour savoir ce qu'il faisait, ce dernier ne bougeait pas d'un pouce mais la regardait s'occuper du Luth curieux.

-Nous pensons que cela durera peut-être un peu plus de temps que prévu, lança-t-elle en relevant la tête. Comment vous appelle-t-on ?

Iskios fut surpris de cette question qui brisa le silence qui avait commencé à se former, il se demanda un instant comment elle réagirait s'il révélait qu'il avait plusieurs identités, avant de reprendre son sérieux.

- Les gens m'appellent Iskios et je ne suis qu'un simple voyageur, et vous comment vous appelle-t-on ? Voulut-il savoir curieux.

- J'aimerais vous demander quelque chose, il se trouve que j'aimerais bien vous écouter jouer de la musique une fois que votre réparation, bien entendu vous n'êtes pas obligé de jouer de votre instrument, si vous n'en avez pas envie, rajouta-t-il en souriant. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas écouté de la musique et il avait envie d'entendre des sons mélodieux de nouveau.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Ven 1 Nov - 17:39
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Phalène, l'oreille toujours tendue aux sonorités de son instrument, écouta pourtant avec attention la réponse du salvateur inconnu. Inconnue, peut-être? Elle observa avec attention la figure de la personne, s'amusant de ne voir pas de trait qui puisse faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Elle sourit, et cela lui plut.

-Ici et ailleurs, on nous nomme Phalène, répondit elle. Et mon cher compagnon, je le nomme Munin.

Elle courba la tête, faisant ruisseler ses longs cheveux noirs chargés de perles et de breloques. Le corbeau resta immobile et se contenta d'observer Iskios d'un air peu amène, clignant au soleil de ses petits yeux sombres.

La jeune femme eut un éclat de rire quand elle entendit la question; oh, c'était comme demander à l'arbre s'il veut pousser, ou à l'eau si elle veut s'écouler! Il n'y avait point besoin de cela pour qu'elle se prête à jouer, et elle ne put s'empêcher de rire, encore, sans moquerie aucune, simplement avec cette gaieté sincère qui était la sienne.

-Oh, fit-elle avec un sourire espiègle. Bien sûr, je jouerai pour vous avec plaisir, mon bon ami. Nous vous devons bien cela, sachez, et nous tâcherons de faire honneur.

Elle acheva d'accorder son instrument et fit courir ses doigts sur les cordes, jugeant le son convenable. Phalène réfléchit un instant, la mine songeuse, cherchant ce qui serait adéquat, et puis commença à jouer un air paisible, qui s'accordait à merveille à l'atmosphère du lieu. Le son cristallin des cordes résonna très doucement tout d'abord, et puis prit de l'ampleur à mesure que la musique s'enroulait en accords mélodieux sous la lumière morcelée du soleil. Le vent soufflait dans les feuilles et faisait naître des averses de parcelles d'or tiède sur l'herbe, révélant ça et là un éclat, le reflet dans les yeux de la barde, ou dans les perles de ses cheveux. Tout était très calme autour d'eux et le parc ensoleillé s'enrichissait de la musique nouvelle qui s'évanouissait parfois dans un écho avant de revenir plus forte, dans un accord nouveau qui se chargeait de résonances. C'est comme si la mélodie, en s'en allant de toutes parts, allait s'emplir ça et là de sonorités nouvelles et revenait chargée d'accords étranges.

Cela dura un moment, et puis elle laissa les dernières notes s'évanouir dans le silence. Elle reposa l'instrument sur ses genoux, et puis lança un sourire réjoui à Iskios.

-J'ose espérer que cela vous a plu, dit-elle d'un ton joyeux.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Ven 27 Déc - 22:15
Manifestement, cela ne semblait pas la gêner de jouer bien au contraire, elle en semblait ravie. Elle s'occupa de quelque réglage avant de se décider de commencer à jouer un morceau assez paisible s'accordant bien avec l'ambiance du lieu.

Elle joue très bien, pensa Iskios qui se laissa bercer par les sons cristallins qu'elle produisait, et il ne vit pas le temps passé. Pendant un court instant qui semblait avoir duré une éternité ces sons produits par Phalène l'avait transporté, c'était comme si la musique l'avait invité à voyager avec elle, il était dans un état de bonheur absolu charmé par la musique de la femme étrange, il ne se préoccupait plus que de la musique rien d'autre ne l'importait.

-J'ose espérer que cela vous a plu, dit-elle d'un ton joyeux.

- J'ai adoré, vous êtes vraiment talentueuse, vous êtes une grande musicienne, répondit le jeune homme, admiratif par sa capacité à jouer aussi bien du luth, même s'il était un peu déçut qu'elle arrête de jouer et de revenir dans ce monde qui semblait être très terne à présent.

- Mais vous vouliez dire quoi par nous, vous parliez de vous et de votre familier, ou vous êtes plusieurs personnes ? Voulut-il savoir, intrigué par cette étrange manie qu'avait cette étrange femme de parler à la première personne du pluriel pour se désigner. Son instinct lui dictait de faire attention, cette femme semblait cacher des choses importantes et il était curieux d'en savoir plus sur elle, de plus elle n'avait pas remarqué que le jeune assassin était venu à s'en secours, Iskios s'en fichait il n'avait pas fait ça pour la reconnaissance, mais le fait qu'elle n'avait pas remarqué directement que l'agression venait de cesser et qu'elle n'avait pas remarqué que quelqu'un était venu l'aider le mettait mal à l'aise.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Ven 27 Déc - 22:58
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Phalène eut un sourire plein d'un ravissement sincère quand la jeune personne la complimenta sur sa musique. Elle inclina profondément le buste en réponse, laissant ses cheveux retomber jusqu'au sol alors que Munin s'agitait en glapissant légèrement pour garder son équilibre sur son épaule.

-Nous sommes très flattée, cela fait toujours plaisir à entendre, nous aimons à vois que notre musique plaît.

Elle eut un petit rire gai et se redressa en calmant le corbeau sur son épaule d'une caresse. Celui-ci reprit sa place en claquant du bec d'un air contrarié et se tut à nouveau, observant les alentours de ses petits yeux sombres.

Lorsque Iskios demanda quelle était la raison de son étrange manière de parler, la jeune femme sembla troublée et ne répondit rien pendant un moment, comme si elle ne comprenait même pas le sens de cette question. Elle bredouilla quelque chose, et puis parla plus clairement, visiblement perturbée.

-Nous ne comprenons pas, dit-elle lentement, ses grands yeux limpides levés vers lui. Nous parlons... De nous? Nous sommes, une et multiple, ainsi que chacun est, n'est-ce pas?

Un soupçon de perplexité passa sur ses traits et elle observa Iskios avec attention comme si elle cherchait à déceler quelque chose.

-N'est-ce pas ainsi que vous êtes, vous aussi? Personne ne peut être réduit à un seul, c'est trop.. Vaste? Je ne saurais dire. Je? Pouah! Nous détestons ce mot.

Elle baissa la tête un instant, marmonnant quelque chose dans sa langue, quelques paroles précipitées comme si elle se parlait à elle-même, et puis se redressa lentement. Cette interrogation semblait l'avoir plongée dans un abîme d'interrogations et son esprit vacant semblait lutter contre lui-même pour percevoir où était la réponse à cette étrange question.

-Nous jugeons que c'est la manière la plus appropriée de parler de nous, reprit-elle d'un ton incertain, comme si elle n'était elle-même pas convaincue de la réponse. Cela semble attirer l'étonnement chez les gens, nous n'avons jamais vraiment compris. Parfois, nous pensons même que ce sont eux qui sont dans l'erreur, pas nous, n'est-ce pas, Munin?

Phalène cligna un instant de ses grands yeux clairs et puis sourit, comme tout cela n'était jamais arrivé.

-La langue et les mots fluent et refluent, dans notre langue, ce serait tout à fait correct.

Elle lâcha quelques syllabes du bout des lèvres, et eut un petit rire.

-Oui, reprit-elle en hochant la tête. Les gens de montagnes comprenaient, autrefois, quand nous disions "nous", ils savaient que nous ne pouvions n'être qu'un, qu'un "je" qui nie toutes ses autres facettes. Oui, nous préférons cela. Cela nous fait nous sentir plus entière. C'est idiot n'est-ce pas? Mais nous connaissons le pouvoir des mots, ils sont importants, on n'y prête pas attention, mais ils ont tellement de sens. Les mots qu'on utilise pour parler de nous expriment un peu de ce que nous sommes. Parler de nous avec des mots trop petits nous rend trop petits à notre tour. Il est important d'être immense, et de le rester, et de toujours en avoir conscience.

Une pause, puis elle le considéra d'un regard espiègle.

-Vous l'êtes aussi, Iskios, vous êtes plusieurs, vous n'êtes pas qu'un.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Ven 27 Déc - 23:23
Iskios allait se défendre, dire qu'il était seul, mais il se retint, cette femme avait raison, il n'était pas seul, il passait son temps à se déguiser et il n'étais pas rare qu'il se perde dans ses personnages, combien de fois, avait il faillit se perdre pour toujours. Il se souvenait d'une fois ou il avait tellement pris dans un de ses rôles qu'il avait failli rester piéger pour toujours et oublier la personne qu'il était réellement et il n'était pas rare des fois qu'il entende dans sa tête sa conscience prendre la voix d'un de ses déguisements.

Il la comprenait et elle le comprenait, ils étaient différents, ils n'étaient pas seuls ils étaient plusieurs et ils le savaient parfaitement, le nier ne servirait à rien. Dire qu'il était une seule unique et même personne servait juste à le rabaisser Phalène avait raison, il était plus que ça, il était heureux de l'avoir rencontré Rajouta-t-il à elle il avait appris quelque chose.

- Vous avez parfaitement raison, contrairement à la plupart des personnes, nous sommes plusieurs, mais pour moi le mot "je" englobe l'ensemble de nos nous, je ne sais pas si je m'exprime correctement, mais je c'est l'union de toutes nos consciences, pensées, sentiments, personnalités qui misent ensemble forme une seule et même entité immense et d'une puissance sans pareille. cela signifiest que même si nous sommes plusieurs, nous formons qu'une seule entité, je suis seul et plusieurs à la fois, c'est ça que veut dire le mot je, à mon humble avis, déclara après mûre réflexion Iskios en souriant.

- Malheureusement, la plupart des personnes semblent l'oublier ils se mutilent, se détruisent, s'annihilent, pour ne former qu'nue seule entité bien vide, une aberration qui fait peur et qui n'est capable de rien, rajouta-t-il sérieux perdu dans ses pensées.

- Mais sinon, je suis totalement d'accord avec vous, les mots sont extrêmement puissants, des mots bien placés peuvent faire plus de dommage que la meilleure des haches naines. Vous semblez contrairement à la plupart des personnes de voir, comment ce monde fonctionne, alors je voudrais savoir que pensez-vous des humains ? Demanda curieux le jeune homme, qui voulait voir s'il n'était pas le seul à détester ces congénères.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Ven 27 Déc - 23:52
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Phalène eut un sourire très doux, inclinant sa tête sur le côté d'un air méditatif. Elle ignorait encore à quel point elle avait eu raison de dire cela, parlant de lui. Pour elle, ça n'était rien d'autre qu'une vérité qui n'était même pas à vérifier, elle sentait au fond d'elle que c'était ainsi qu'allait le monde.

-Si le "je" vous convient, alors c'est ce qui compte, n'est-ce pas? Tant que vous n'oubliez pas le plus important...

Elle se pencha vers lui, et du bout d'un doigt bleu de tatouages, effleura sa poitrine à l'emplacement de son coeur.

-Au-dedans, murmura-elle avec un sourire qui faisait briller ses yeux d'un éclat mystérieux, vous êtes infini.

Le bref contact de sa main sur lui la fit frissonner, et un court instant, elle ressentit quelque chose, comme un tourbillon d'images, un million de masques et de visages entremêlés. Oh, oui, elle comprit, alors; elle comprit qu'elle n'avait jamais été autant dans le vrai qu'à cet instant, qu'à propos de lui. Il était bien plus qu'un, il était... Si multiple. Elle en avait le vertige, mais fort heureusement, le contact n'avait pas duré assez longtemps -et à dessein- pour qu'elle puisse ne voir plus.
Phalène sourit, chassant de son esprit ce qu'elle avait perçu, et se redressa en croisant ses mains dans les larges replis de son manteau.

-Je constate avec grand plaisir que nous partageons le même point de vue, reprit-elle avec son sourire serein de madone égarée.

Son visage se teinta d'une mélancolie teintée de fatalisme et elle leva les yeux au ciel, esquissant un sourire triste.

-Vous avez raison, les gens oublient bien souvent tout ce qu'ils peuvent être... Enfermés au-dedans, jusqu'à ce qu'il n'y ait presque plus rien. C'est bien triste, je vous l'accorde, mais je crois que nous n'y pouvons pas grand chose, mais nous sommes toujours heureuse de constater qu'il y a bien plus de personnes en ce monde qui pensent comme moi que nous ne pouvons le croire au premier abord.

Elle marqua un temps de réflexion, gardant les yeux levés tandis qu'elle réfléchissait à sa question. Ce qu'elle pensait des humains? Oh, c'était bien compliqué à expliquer... C'était comme dire ce que l'on pensait de la mer ou du vent, ils existaient, c'était tout, et on ne pouvait les changer vraiment.

-Nous ne savons pas, répondit-elle d'un ton pensif, le regard perdu dans la voûte des feuillages au-dessus d'eux. C'est étrange. Nous avons beaucoup d'affection pour les autres peuples de cette terre, il y en a qui sont bien plus proches de nous que nous ne le serons jamais en pensée de ceux qui sont de notre sang. Pourtant, eh bien; nous sommes humaine, après tout, ils sont nos frères et soeurs, ils sont de la même chair, nous ne pouvons les renier.

Phalène baissa les yeux sur son interlocuteur et sourit, doucement, avec une tendresse amusée.

-Pourtant nous nous savons différente, et parfois, nous avons du mal à les comprendre. Il y a trop de choses qui nous séparent. Ils se plaisent parfois à nous tourmenter, ils font la guerre et sèment la mort, ils détruisent et haissent ce qui ne leur ressemble pas. Ceux-là, nous ne les aimons point, mais chaque peuple a ses tares, et celles de l'humanité pèsent lourd dans la balance. Pourtant nous savons quel prix a leur existence, et nous continuons à chérir la mémoire de ceux que nous apprécions plutôt que de nous attarder sur ce que nous n'aimons pas.

Une pause, et son sourire s'accentua avec gaieté.

-N'est-ce pas mieux ainsi? Après tout, c'est notre rôle, nous somme mémoire et parole, nous portons partout le souvenir des contes et des vies de ceux que nous jugeons importants. Nous ne pouvons plus qu'observer ce qui se passe, à présent, nous ne pouvons prendre parti. Nous ne pouvons nous permettre de hair notre sang. Nous devinons que c'est un peu votre cas, Iskios, sans quoi vous n'auriez pas posé cette question, n'est-ce pas?

Il y eut alors, dans le regard qu'elle posait sur lui, une acuité soudaine qui trahissait une vivacité d'esprit et une clairvoyance qui semblaient étonnantes chez un être aussi fantasque que Phalène et qui, de toute évidence, était loin d'avoir toute sa tête.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Sam 28 Déc - 14:24
Iskios fut surpris quand Phalène la toucha d'habitude il fuyait les contacts vus sa nature d'assassin, il avait toujours peur que quelqu'un veuille le tuer et il était devenu légèrement paranoïaque, mais cette fois, c'était différend il se sentait bien avec Phalène comme s'il avait rencontré quelqu'un qui le comprenait, c'est pourquoi il ne tente pas de se dérober lorsque sa main toucha son ventre.

Celui-ci avait duré un court instant mais pendant ce court instant il avait senti son âme se réveiller, c'est comme si tout ce qu'il avait fait depuis lors lui revenait à la mémoire, et pendant ce temps-là il avait aussi senti l'âme de Phalène si immense si multiple qu'il en eut le vertige et qu'il faillit tomber à la renverse fort heureusement celle-ci cessa le contact à temps.

D'ailleurs elle semblait être plus intelligente qu'au premier abord, vu sa façon de parler on aurait dit le vieux sage dans les contes que lui racontait Despina lors qu'il était jeune. En plus elle avait remarqué rapidement qu'il détestait ces congénères et n'avait pas hésité à lui demander pourquoi.

Le jeune homme soupira avant de s'asseoir dans l'herbe et de prendre son temps pour réfléchir.

- C'est marrant de voir tant de pensées différentes, j'ai rencontré beaucoup de personnes très intelligentes, et pas une seule avaient le même point de vue, murmura Iskios en rigolant alors qu'il était perdu dans ses pensées

- Vous avez raison, je les hais de tout mon cœur, je crois que les hommes ont une face sombre et une lumineuse malheureusement à force de me balader dans l'ombre j'ai fini par douter de cette face lumineuse, je connais parfaitement les humains ils me dégouttent même les plus gentils d'entre eux cachent des sombres desseins. Bien entendu j'ai déjà croisé des gens tellement gentils qu'on pense qu'ils ne feraient jamais de mal à une mouche, mais je suis convaincu au fond de mon cœur et par expérience qu'il serait capable de commettre la pire des atrocités pour assouvir leur envie, déclara-t-il froidement.

- Mais pourquoi vous nous aimez nous les humains, alors que ceux-ci vous fassent temps souffrir, voulut-il savoir curieux, ne comprenant pas comment elle avait pu ne pas tomber dans la haine après avoir été confronté aux pires aspects de l'humanité, ces derniers la traitaient comme une moins-que-rien mais elles les aimaient quand même. Iskios n'arrivait pas à comprendre.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Sam 28 Déc - 18:39
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Phalène soupira légèrement et leva de nouveau les yeux au ciel, son visage plein de cette mélancolie sereine et grave qui lui venait parfois. Il avait raison, bien sûr, elle le pensait aussi parfois; le monde était noir et cruel et le mal était en chacun, même une graine, même une pousse, toujours prêt à éclore et à s'épanouir au détriment du reste. Mais elle ne pouvait se permettre de songer ainsi, cela lui était interdit.

-Nous ne pourrions vous dire que vous avez tort, répondit-elle d'un ton pensif. Vous êtes dans le vrai, mais nous ne pouvons nous autoriser à penser de la sorte.

Elle baissa les yeux sur Iskios et lui sourit avec une douceur extrême, étendant les mains devant elle pour lui montrer les tatouages qui couvraient ses paumes, ses poignets, s'enroulaient autour de ses avant-bras et se poursuivaient encore sous la lourde étoffe bleue de son vêtement. On voyait distinctement qu'il lui manquait quelques phalanges aux auriculaires et aux annulaires, et les vestiges d'anciennes engelures se voyaient encore, affleuraient sous l'azur et le noir de l'encre.

-C'est à cause de ce que nous sommes, reprit-elle. Il y a un mot, dans notre langue, pour cela; on appelle skald ceux qui consacrent leurs vies à être la mémoire des autres. Nous avons apprit tous les contes, toutes les chansons, toutes les histoires de notre peuple, et un million d'autres. Nous les propageons à travers le monde, nos mots sont tout ce qu'il restera de certains, alors, nous nous devons de garder l'esprit neutre. Comment chanter la gloire de ceux que nous n'aimons point? Nous gardons ce qu'il y a de meilleur, nous gardons tous les récits, les belles histoires, les tristes, celles qui éduquent et celles qui font rire, et nous devons prendre bien soin de ce que nous avons à transmettre car ce sera tout ce qu'il restera, après nous.

Phalène sourit encore et enfouit de nouveau ses mains dans les replis profonds de son manteau.

-Nous voyons plus loin que l'échelle d'une seule vie, nous qui savons tant sur le passé.

Son sourire s'élargit encore et ses yeux s'illuminèrent d'un éclat serein, un peu fou, mais touchant.

-Nous savons que nul mal ne dure. Tout change, tout évolue, ce qui semble mal un jour ne l'est plus le lendemain, ainsi va le monde. Lorsqu'un idiot me tourmente, je vois au-delà de lui, je vois tout ce qui peut pousser un homme à faire cela, et je me dis qu'un jour, il changera peut-être et que toute manière, il n'est rien, si éphémère comparé au reste. Ce n'est qu'une ombre passagère, qui s'en ira bien vite.

Phalène

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Au pied de mon arbre Sand-g10Sam 28 Déc - 19:04
Iskios regarda peinée les cicatrices qu'avait son interlocutrice, elle avait surement du subir des choses atroces, au cour de sa vie, heureusement elle semblait faire avec et on ne voyait aucune amertume dans ses yeux au contraire on voyait une bonté sans pareille

- L'ombre s'en ira peut-être vite, mais elle reviendra aussi vite, n'est-ce pas ? Annonça le jeune homme le regard terne perdu dans ses sombres pensées.

- Les humains ne méritent pas la liberté, car même si nous chassions l'Ombre à tout jamais, les ombres elles, resteront même en temps de paix des crimes horribles sont perpétrées, sans que les hommes s'en soucies le moindre du monde. Nous les humains ne méritons pas notre liberté, car nous ne savons pas nous en servir pour faire le bien mais que pour répondre le mal, nous sommes pire que les démons car eux ne cachent pas leur cruauté derrière une fausse gentillesse. Mais arrêtons de parler d'un sujet qui fâche, c'est une belle journée qui convient mieux à la bonne humeur et au chant qu'aux sombres paroles dramatiques. Déclara-t-il avant de se coucher et de regarder le soleil, aujourd'hui il n'était pas d'humeur à philosopher.

- Alors comme ça vous êtes telles une gardienne du savoir qui a tout enregistré, alors je vais peut-être vous paraître grossier, mais j'aimerais bien si possible que vous me racontiez une histoire ? Demanda-t-il curieux, il adorait quand Despina lui racontait des contes quand il était jeune, et même maintenant il aimait toujours autant les histoires que les gens pouvaient lui raconter.

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Au pied de mon arbre Sand-g10Sam 28 Déc - 23:24
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Phalène eut un sourire très doux en réponse aux paroles d'Iskios et inclina sa tête de côté, laissant ses cheveux noirs ruisseler sur son épaule.

-Nul ne pourra jamais vaincre le mal en ce monde, Iskios. C'est bien triste, mais c'est un fait. Nous croyons, pour notre part, que l'équilibre est nécessaire. Il faut des mauvaises choses pour nous permettre d'apprécier les bonnes, des hommes mauvais pour que de bons s'élèvent, de l'ombre pour que la lumière s'y fasse.

Un franc sourire illumina le visage de la barde et elle le regarda s'allonger près d'elle avec une sorte de tendresse pleine de gaieté. Elle appréciait cet étrange inconnu comme elle appréciait chaque nouvelle rencontre; elle avait toujours le même plaisir à converser de choses et d'autres avec des gens qu'elle ne connaissait point et qui disparaîtraient tout aussi vite qu'ils étaient apparus dans sa vie. Mais pour toujours ils demeuraient et la mémoire immense de Phalène se souvenait de chaque visage, et chérissait ces souvenirs agréables comme autant de trésors, et leur réservait toujours une place particulière dans ses chansons et ses récits. Ainsi ils demeureraient dans la mémoire des autres ainsi qu'elle les avait connus, et fussent-ils les plus mauvais Hommes du monde, elle perpétuerait dans ses songes la bonté qu'elle avait reçue d'eux.

-Nous sommes d'accord, c'est un trop beau jour pour parler de sombres choses.

Un sourire ravi éclaira son visage quand il lui demanda une histoire. C'était toujours un plaisir de discourir pour les autres, et Iskios semblait être un bon public. Elle hocha la tête vivement, et elle reprit son luth sur ses genoux, calant la caisse de l'instrument contre son ventre, et fit chanter une corde d'un doigt pensif.

-Une histoire? Oh, nous en serions ravie! S'exclama-elle joyeusement.

Munin bondit de son épaule et alla se poser dans l'herbe, devant elle, comme s'il avait compris ce qui se passait.

-Que raconterons-nous, Munin? S'enquit la barde en observant l'oiseau. Le conte des enfants de Llyr, ou la courtise de Thialfi?

Le corbeau écarta largement ses ailes, poussant un cri léger, et puis s'envola pour se poser dans les branches de l'arbre qui les surmontait. Voyant cela Phalène eut un sourire, et hocha la tête comme si elle avait comprit quelque secret message que lui adressait un étrange langage qu'elle était la seule à comprendre.

-Nous avons trouvé, dit-elle en dodelinant du chef d'un air décidé. Nous espérons que cela vous plaira! C'est une histoire que l'on se plait à raconter, dans les montagnes. Nous la récitons depuis si longtemps que nous ne savons plus d'où elle provient.

Elle fit résonner quelques cordes, s'assurant que l'instrument sonnait toujours juste, et puis laissa quelques notes s'évanouir en fermant les yeux lentement. Phalène racontait toujours moitié parlant, moitié chantant, ainsi que le faisaient les gens de son peuple, ainsi qu'on le lui avait apprit. Après un court silence, sa voix s'éleva, claire et mélodieuse, soutenue par la mélodie à peine perceptible que jouaient ses doigts agiles sur les cordes du luth.

-Il y a fort longtemps, lorsque les arbres parlaient encore et que leurs feuillages demeuraient toujours verts, vivait un petit merle dans les grandes forêts des montagnes. Il avait prit sa demeure avec ses frères dans les futaies ombreuses qui couvrent de drap vert les versants des monts lorsque l'été s'en vient. Né au printemps, il n'avait vécu que chaleur et soleil, et ne connaissait de l'hiver que ce que les plus anciens lui contaient. Ainsi allait la vie dans les cimes des fiers chênes et des bouleaux gracieux, dans les clairières murmurantes que traversaient des ruisseaux joyeux, et le merle moqueur ne se souciait pas du froid qui s'en venait. Pourtant sur toute choses le temps passe, et l'automne bien vite arriva, et avec son manteau de brumes mortes l'annonce du départ de tous les oiseaux vers la chaleur d'horizons plus lointains. Ah, il eut fallu les voir, tous s'élever dans un grand vent de plumes légères, pépiant avec bonheur dans l'aube brumeuse, abandonnant leurs vertes vallées aux assauts de la neige pour s'enfuir là où le soleil ne faiblissait jamais. Hélas, notre merle joyeux ne put y prendre part, car son aile s'était blessée et il ne pouvait suivre ses frères là où ils allaient. Alors il demeura, seul et perdu, dans les forêts silencieuses qui lentement se mouraient dans l'ombre des vallées hantées par le vent d'automne. Les piliers de verdure l'entouraient de toutes parts mais nulle part il ne put trouver refuge. Il demanda au fier chêne de lui offrir l'abri de ses branches pendant les mois de froidure, mais le chêne lui répondit: "Qui est-tu donc pour ose demander ceci? Ne suis-je pas l'arbre des rois? N'est-ce pas mon feuillage qui couronne le front des chefs que l'on sacre? Mes nobles branches ne sauraient servir de demeure à une créature aussi humble que toi!"

Disant ces mots, la voix de Phalène changeait un peu, gonflante et sonore comme un flot sourd, avant de s'abaisser de nouveau, fluctuante et mélodieuse comme un chant. Elle imitait chaque ton de son récit, chaque voix, chaque expression se reflétait autant dans sa manière de dire que de jouer. De temps à autre elle ménageait des pauses, ralentissait son récit, maniant les mots avec une dextérité sans pareille.

-Alors le merle s'en retourna, et alla supplier un autre. Au saule pleurant au bord des lacs il demanda asile, mais celui-ci murmura du bout de ses feuillages affligés "Fuis donc, merle joyeux, tes chants troubleraient mon chagrin, et je ne veux point d'autre compagnie que celle de mon reflet. Va, va siffler ailleurs tes trilles agaçantes, et laisse-moi donc à ma tristesse!".

Là, la voix de la conteuse était devenue presque inaudible, murmurante et lourde dans un souffle lent et oppressé.

-Au gracieux bouleau qui chantait dans la brise, le merle adressa sa supplique. "Tu es si noir, et si laid!" Répliqua le bouleau. "Je suis bien trop beau pour te laisser faire un nid difforme dans mes jolis branchages. Ne suis-je pas l'arbre de lumière? Mon tronc pâle et mes feuilles claires sont chantés partout pour leur grâce, qui es-tu, pauvre créature, pour oser me demander de m'enlaidir pour toi?"

Enfin, le ton monta de nouveau, et elle se redressa pour feindre un son flûté de paroles d'enfant coquet. Et les mots ruisselaient, au rythme fluide qu'égrenaient ses doigts sur les cordes qui tintaient, tour à tour chantantes et gaies, puis soudain lourdes et pesantes. -

-Enfin le merle épuisé se laissa tomber au creux d'un val où le pin, le genévrier et le sapin poussaient de concert. "Pars! Pars donc, oiseau inconscient!" S'écria le pin. "L'Hiver arrive! Ne vois-tu pas déjà son front chargé de glace et de neige apparaître sur les monts? La vieille femme est déjà sortie de sa caverne! N'entends-tu pas son rire dans le vent? Oh, fuis, fuis donc, je t'implore, sans quoi son souffle de givre te tuera."
"Je ne peux," gémit l'oiseau. "Mon aile brisée ne me permet plus de m'envoler, je ne puis fuir, et ne puis que rester et mourir."
"Alors viens, merle joyeux", dit le sapin, étendant ses branches. "Viens donc dans mon ombre, je t'y protégerai." Le pin se pencha à son tour, et se déploya contre le vent. "La bise ne peut guère contre moi, j'ai la sève plus vive qu'aucun arbre de ces bois."
"Et moi je ne te nourriai de mes baies", dit le genévrier, faisant éclore des fruits noirs comme le plumage du merle.


Le rythme du récit ralentit alors, et elle ménagea un court silence, comme une pause, tandis que la musique devenait lente et plaintive comme une bise sifflante. Elle baissa la voix, comme pour chuchoter un secret, avant qu'elle ne s'élève de nouveau, tranquille et posée, afin de conclure son récit.

-Alors vint la sorcière de l'hiver, la vieille femme aux doigts bleus qui riait aux éclats en jetant sur les montagnes ses vents gelés. Sur ses pas, l'herbe, les fleurs et les feuilles se pétrifiaient de froid, et les beaux arbres chantants se taisaient dans son ombre immense qui les recouvrait tous quand elle soufflait de sa bouche édentée de vilaines ritournelles et des bises tranchantes. Et le fier chêne, dont les feuillages glorieux couronnaient les chefs que l'on sacre, et le saule pleurant qui ne voulait d'autre compagnie que son reflet pour chanter son chagrin, et le gracieux bouleau dont on louait la beauté et que l'on disait arbre de lumière se trouvèrent dépouillés, nus et grelottant dans la neige qui tombait. Seuls demeuraient heureux le pin, le genévrier et le sapin, serrés les uns contre les autres au coeur de l'hiver, réchauffés par les chants joyeux du merle moqueur qui riait bien du vent glacé et des bises amères. La vieille sorcière de l'hiver ne put rien contre lui, contre le sapin toujours vert et le pin joyeux, le genévrier à la sève vive toujours couronné de ses fruits.
C'est ainsi que chaque hiver désormais, il n'y eut de feuillages qu'à ces arbres généreux qui continuent encore à offrir le refuge et la paix aux égarés.


Tout doucement, elle égrena quelques dernières notes douces-amères, vives comme un chant d'oiseau dans une aube neigeuse qui pépiait dans le silence.
Phalène rouvrit lentement les yeux et cligna des paupières dans la lumière vive du soleil, comme si elle sortait d'un état second. Un sourire léger flottait sur ses lèvres quand elle posa son regard limpide sur Iskios.

-Et c'est ainsi que ce finit ce conte. En êtes-vous satisfait?

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Au pied de mon arbre Sand-g10Mar 7 Jan - 9:33
Il y avait bien une chose à laquelle l'adolescent ne croyait pas c'était l'équilibre, pour lui, ce n'état qu'un tissu d'âneries inventé par de vieux lâche pour expliquer pourquoi les ténèbres étaient toujours présent, les choses étaient en constante évolution, et les ténèbres devenait chaque jour de plus en plus forte car elle n'avait pas renoncé à se battre contrairement à la lumière et c'est une des raisons pour laquelle il se battait pour celles-ci. Par contre il se garda bien de le dire pour ne pas se disputer avec cette dame qu'il appréciait et il ne voulait surtout pas garder un souvenir amer de cette rencontre.

Iskios se laissa bercer par l'histoire que racontait Phalène, c'était une de ces vieux contes qu'on racontait aux enfants, le jeune homme adorait les adoraient car ils enseignaient des choses importantes en usant d'une méthode ludique. Ici on y apprenait que la gentillesse était récompensée et qu'il fallait se méfier des apparences, beauté ne rimait pas avec bonté, un beau conte.

J'ai adoré, vous êtes d'un rare talent, j'ai l'impression qu'avec vous le conte prenait vit, c'était une expérience magique, répondit-il en souriant, avant de se perdre dans la contemplation du ciel.

- Je me rappelle ce que me disait Despina quand j'étais petit, si jamais un jour tu es perdu, triste ou abattu, regarde le ciel et sa beauté te calmera, rallumera la flamme qui est en toit et te pousseras à avancer, murmura-t-il en regardant les nuages avancer lentement au grès du vent.

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