(Raconte comment tu as reçu la plus grosse et mortelle de tes cicatrices.)
Druss était plongé au cœur d'une bataille dont il ignorait le sens. Il n'avait pas prêté attention aux mots des généraux et à leur soit disant discourt de motivation. Lui n'avais attendu qu'une seule chose : que sonne la première charge. Car la tactique était toujours très simple pour lui, et souvent la même d'ailleurs. Les stratèges parvenant à exploiter parfaitement la puissante brute et les talents guerriers du jeune homme : ils le chargeaient de foncer en même temps que la cavalerie ; celle ci absorbant le premier choc et éclaircissant les rangs adverses avant qu'il ne les rejoigne pour les soutenir en faisant un maximum de dégâts. Parfois même, il chargeait seul, avant la cavalerie, qui partait seulement quelques secondes après lui afin d'arriver au contacte presque en même temps. Mais ce genre de tactique nécessitait une certaine coordination que toute les armées n'avaient pas forcément, qu'elle fussent grandes ou petites.
Et c'est donc ainsi que le guerrier se retrouver au milieu de la piétaille adverse : déjà moralement affaiblit par sa réputation et son aspect terrifiant une fois en plein combat. Et c'est à grand renfort de cris de guerre et de moulinet de sa monstrueuse épée qu'il réduisait à néant les pauvres soldats qui ne comprenaient pas comment un tel monstre d'acier pouvait être soulevé par un homme normal.
Emporté par la rage du combat, il cherché des adversaires des yeux, fonçant sur le premier qu'il voyait, mais il ne s'était pas aperçu que tous avaient trépassé sous ses coups et que la bataille se portée désormais plus loin dans les rangs des ennemis, les premiers ayant été littéralement oblitéré par la charge de la cavalerie ainsi que celle du jeune homme.
Et c'est alors que sa rage s'apaisa légèrement, suffisamment en fait, pour qu'il puisse prendre conscience qu'il n'était plus au cœur de la bataille. Cela lui arrivait rarement, mais pouvait tout de même arriver, surtout quand le général chargé de sa section de pensait pas à le rappeler en soufflant dans son cor. Il n'y avait donc plus personne ici, et gardant toujours son épée dégainé, il se dirigea d'un pas lourd vers les bruits de combat qui semblait provenir de l'autre côté de la petite rivière qui semblait marquer la frontière entre les deux territoires ennemis. Mais il s'immobilisa bientôt en voyant une silhouette étrangère se dessiner parmi la végétation très dense sur les rives. Il serra le manche de son épée et se campa sur ses jambes, prêt à le recevoir si il s'agissait d'un ennemi.
En fait, c'était un soldat portant une drôle d'armure, plutôt légère par rapport à son aspect chétif : deux lames semblant extrêmement tranchantes reposaient sur ses flancs, et il avançait nonchalamment, sans même dégainer.
-Qui es tu ?!
Aboya Druss à l'attention de l'inconnu.
Et celui-ci, posant à peine la paume de ses mains sur la garde de ses armes sourit et lui expliqua simplement, sur un ton qui aurait pu paraitre impertinent s'il n'avait pas été aussi détaché.
-Rien qu'un mercenaire du camp adverse. Il m'ont demandé de te battre en duel si jamais je te trouvais isolé. Et comme l'occasion se présente je...
Le guerrier éclata de rire, coupant la parole du gringalet.
-WAHAHAHAHAAAAAA !!! Je t'aime bien ! Tu es drôle ! Mais à la guerre comme à la guerre !
Se disant, il ancra ses pieds dans le sol et abattit son épée droit sur le soldat, fracassant le sol, soulevant un gros nuage de poussière et de débris. Puis une voix se fit entendre entre deux toussotement, toujours aussi calme.
-Kof, kof ! Ce n'est pas très fairplay... Kof kof, Enfin, tu me diras, c'est la guerre.
Puis le nuage se dissipa, révélant le bonhomme, ses épées toujours rengainées, le pieds sur la lame de Druss, s'y appuyant nonchalamment, mais sans le même sourire que tout à l'heure.
Le jeune homme était perplexe : son adversaire avait réussit à esquiver une frappe aussi fulgurante et à se replacer dans la demi seconde sans même paraitre essoufflé.
Il retira alors sa lame et la ramena vers lui, préparant une attaque horizontale afin de balayer l'impertinent.
-Raaah, la ferme !
Il pivota légèrement son talon, l'enfonça dans le sol et effectua une rotation des hanches avant de transféré toute sa force dans ses épaules puis dans ses bras, envoyant son épée si violemment qu'elle siffla dans les airs. Ne quittant pas le bonhomme des yeux, il l'avait vu remettre ses mains sur la garde de ses armes, mais trop tard, pensait il. Et même si il parait maintenant, ses épées se briseraient.
Mais ce fut tout autre chose qui se produisit : l'adversaire de Druss disparut de son champ de vision et il entendit un son métallique et diffus : comme un diapason qui continu de résonner longtemps après avoir été frappé.
Le jeune homme stoppa alors son mouvement et se retourna, son épée pointé devant lui, le gringalet était passé derrière, mais comment ?
Puis il eut un vertige, du mal à respirer, une odeur acre et acide lui monta au nez, l'odeur de son propre sang. Puis il tomba à genoux, une énorme entaille en forme de croix sur sa poitrine. Sa vue se brouillait tandis que le bonhomme reprenait la parole.
-Tu as de la force et de la maitrise...! Mais je suis bien plus rapide, et j'ai le temps de lire dans tes mouvements, temps que tu n'as pas.
Aucune prétention ne pointait dans les mots de l'épéiste, il disait simplement la vérité, et le jeune homme s'en rendait bien compte. Il avait dégainé ses deux épée en même temps, se servant de leur fourreau pour accélérer leur vitesse à la sortie. C'était donc de la que venait ce son particulier, celui des lames qui coulissaient les unes sur les autres afin de trancher en croix, avec une vitesse et un tranchant prodigieux.
-Arg... Bon sang tu es... J'te... Connais.
Druss reprenait sa respiration avec difficulté, il entendait son cœur battre contre ses tempes, l'odeur de sang mélangé à celle de la poussière. Il planta son épée dans le sol pour tenter de s'y appuyer et de se relever, et y parvint en tremblant sur ses jambes, la blessure était sérieuse.
-Oui, tu as du entendre parler de moi. Je suis le chante-lame. Mais c'est loin d'être aussi terrifiant que Druss le dément, à l'oreille.
Le jeune homme n'arrivait plus à distinguer l'expression du visage de son adversaire, sa vue était trop trouble, il tenait à peine debout. Allait il mourir ? Non, pas maintenant, pas comme ça. Une rage soudaine s'empara de lui, il tremblait, il ne voulait pas perdre, surtout pas contre le chante-lame, cet homme dont ont disait qu'il pouvait venir à bout de n'importe quelle monstre, réduisant à l'inutilité sa force brute.
-...Bon sang...!
Son cœur s'accéléra, son cerveau s'embruma et les dires du gringalet se perdirent dans un échos assourdissant, comme à travers de l'eau. Puis Druss entendit une voix, lointaine et proche à la fois, enfantine et terriblement autoritaire, cette voix qui le rendait fou.
Druss... Je m’ennuies... Ne meurs pas... Divertis moi encore... Mon noir chevalier servant...
Puis le ciel devint rouge, la terre était jaune, les forme et les couleurs prirent des aspects torturés et terrifiants. La douleur avait disparue, et le jeune homme était prit d'une vague d'adrénaline qui déferlait dans ses veines, qui effaçait toute raison de son esprit. Et il releva la tête pour faire face au chante-lame. Il avait de grande pattes d'insecte sauteur, à la place de sa cape d'horrible ailes rougeâtres, sa tête étaient celle d'un bouc et ses bras étaient deux tentacules surmontées de dards tranchant et noirs.
Pris d'un effroi paniqué envers ces hallucinations, il n'avait plus qu'une idée en tête : détruire, tout détruire pour ne plus subir cet insupportable terreur. Il se redressa complètement et brandit de nouveau son épée devant lui, une terrible grimace de rage sur le visage.
Le chante-lame écarquilla les yeux un instant.
-Tu peux encore te relever ? Tu es... Un véritable monstre...
Bien sûr, Druss n'entendit rien, si ce n'est un immonde bêlement roque et effrayant, ce qui le fit éclater de rage, sa voix s'en trouvant déformée.
-LA FERME !! Je vais t'anéantir !! Abomination ! Disparait ! Disparait !!
Puis il fonça avec une vélocité renouvelée sur l'horrible créature qui lu ifaisait face et son adversaire esquiva avec la même facilité son coup d'épée verticale, soulevant davantage de poussières et de débris que tout à l'heure.
-Tu es devenu plus fort grâce à ta démence, mais pas plus malin, je t'ai déjà dit que...
Puis il coupa net sa phrase, écarquillant les yeux d'horreur en voyant la silhouette du dément fondre sur lui à l'aveuglette à travers le nuage qui l'avait aveuglé. Il s'était jeté à corps perdu sur le chante-lame pour lui attraper les avant bras-bras.
Et ce dernier tremblait en voyant le visage du guerrier face à lui : il avait laissé son épée planté dans le sol, profitant du nuage de débris pour lui foncer dessus : sa vitesse étant forcément décupler sans son arme à se trimballer. Mais comment avait il fait tout cela sous l'influence de la folie ? L'instinct ? L'instinct guerrier seul lui avait dicté cette conduite qui aurait requit un grand sang froid pour quiconque d'autre ?...
-LA FERME !!! Meurs !! Disparaiiiit !!!
Puis l'épéiste n'eut même pas le temps de s'en rendre compte qu'il avait été soulevé puis projeté au sol avec une force colossale : lui déplaçant quelques vertèbres et amochant ses cervicales. Il cracha une grosse quantité de sang.
-P... Pour... Pourquoi... Utiliser ta force... En son nom ?...
Druss respirait férocement, sa plaie continuant de saigner, ses poing serré, fixant l'homme à terre qu'il voyait encore comme une immonde créature, abominable et écœurant patchwork d'animaux... Terrifiante aberration. Puis un petit rire sembla comme s'envoler au loin, un petit rire que seul le guerrier dément entendait à chaque fois.
Hi hi hi...
Puis les choses reprirent petit à petit leur place, leur véritable apparence. Et Druss s'approcha en tremblant pour récupérer son épée, accordant à peine un regard à l'homme désarticulé sur le sol poussiéreux. Pourtant celui-ci cria, dans un son guttural qui trahissait une mort imminente :
-P... POURQUOI ?!... kof !! kof kof...
Cette quinte de toux sembla le faire souffrir, mais le jeune homme lui accorda une dernière parole ; après tout il avait réussit à le blesser sérieusement.
-Pourquoi quoi ?
Le chante-lame ferma les yeux et sembla retrouver son calme.
-Tu n'es qu'un dément... Pourquoi.. Keuf kof ! Combattre pour Aile Ténébreuse.
Druss haussa alors les sourcils, cherchant à garder une certaine contenance malgré sa terrible blessure. Il venait d'apprendre pour qui il se battait.
-J'sais pas... On m'a recruté... J'ai pas d'idéaux à défendre moi.
Puis les derniers mots de l'épéiste au sol se perdirent en même temps que son tout derniers souffle.
-Pauvre... Fou...
Puis Druss tourna les talons, la mâchoire serré pour contenir la douleur, un peu frustré de s'être fait ainsi jugé. Et il ne pouvait pas prétendre que cela ne l'atteignait pas. Il avait encore suffisamment de forces pour retourner au camp, pour aller se faire soigner ses blessures, trainant sa grosse lame derrière lui. Mais il s'effondra à mi-chemin. Ne se réveillant que le lendemain sous la tente des soins des blessés graves ou il était seul.
Ce jour la, il reçu une belle prime pour avoir supprimer l'adversaire le plus dangereux de tous. Et dire que cette bataille avait reposée essentiellement sur ce duel... Pour la gloire d'Aile Ténébreuse... Et ça lui faisait une belle jambe.
Toujours est-il qu'il garda un souvenir indélébile de ce jour la ; autant dans ses souvenirs que dans sa chair : comme en témoigne la terrible cicatrice en forme de croix sur son torse.