- Citation :
- Raconte nous cette dernière fois où Tij t'as attaqué ainsi que sa fuite. Expliques les conditions qui ont mené à cette dernière révolte, la réaction de ton personnage vis à vis de son familier, de son acte et de celle de ses proches.
"T'es sûr que le petit ne risque rien ?""T'en fais pas, ça va tenir. Mais si tu t'inquiètes, tu préfères peut-être y aller toi-même ?"Apparemment, l'instinct de préservation du jeune sondag prenait le pas sur les règles élémentaires de prudence ou sur son empathie pour le plus jeune des trois garçons se dirigeant vers un lac gelé. Les deux aînés s'y étaient rendus un peu plus tôt pour s'entrainer au tir à l'arc, et avaient réussi à abattre un nébuleux blanc. Décidés à ne pas laisser leur trophé derrière eux, ils s'étaient dépêchés de retourner au campement afin de trouver un garçon assez léger pour aller la récupérer et pouvoir se vanter à leur retour à la tribu.
"Ne t'en fais pas Yilan, tu ne risqueras rien. On a pris une corde pour qu'on puisse te ramener au cas où quelque chose tournerait mal."Ni ces paroles réconfortantes, ni la main posée sur son épaule ne rassuraient l'enfant. Son aîné avait l'air déterminé de celui qui ne risquait pas de mouiller ses chaussettes. Quant à lui, il était anxieux, et l'attitude de Tij ne faisait rien pour le rassurer. L'animal était de plus en plus exaspéré par l'attitude de son compagnon. Il faisait tout et n'importe quoi pour se faire bien voir de ses semblables, même si les tâches qu'on lui confiait étaient souvent des plus déplaisantes et humiliantes.
Arrivés au lac, les deux adolescents attachèrent leur corde autours de la taille d'Yilan. Tij, de son côté, s'approcha de la rive. Il posa une patte dessus, s'assura qu'il pouvait s'avancer et fit quelques pas sur la glace. Un craquement sous son corps l'arrêta net. Il regarda autours de lui, il n'y avait aucune fêlure sur la surface transparente. Il leva les yeux vers le ciel et pu admirer un soleil radieux.
Sur la plage, Yilan était enfin prêt à s'aventurer sur la glace. À peine eut-il le temps de mettre un pied sur le lac que Tij se plaça devant lui en grognant. Il se mit à réfléchir. On venait de passer le milieu de la journée. Les rayons du soleil étaient donc très puissants, et avaient dû amincir la surface glacée sur laquelle il allait devoir marcher. Les risques qu'il courait étaient grands, mais les deux garçons derrière lui l'étaient tout autant. Il fit un pas en avant et le mondig se jeta sur lui.
Tij était bien décidé à ne pas laisser son compagnon prendre le risque de mourir gelé après que les deux autres l'aient sorti de l'eau glaciale. Il l'avait plaqué au sol et montrait maintenant les dents. Il ne voulait pas se montrer menaçant, mais il devait lui faire comprendre qu'il était hors de question qu'il aille chercher la carcasse de cet animal qui n'était même pas bonne à manger. Puis il vit le sang couler sur la joue de l'enfant. En tombant, il s'était heurté le visage à une pierre cachée sous la neige et était maintenant inconscient.
***
Le lendemain, lorsqu'il se réveilla, Yilan se retrouva dans une hutte sombre. Après que ses yeux se soient habitués à la pénombre qui y régnait, il comprit qu'il se trouvait dans son lit. Dès qu'il voulut se redresser, une douleur dans sa mâchoire le fit gémir, attirant l'attention de sa mère qui s'approcha de lui.
Elle lui expliqua ce qu'il c'était passé. Que Tij l'avait attaqué sans raison, et qu'il avait eu de la chance d'être accompagné de deux autres membres de la tribu qui avaient réussi à chasser l'animal avant de ramener l'enfant inconscient au campement. Il voulut répondre, expliquer ce qu'il s'était réellement passé et qu'il voulait partir à la recherche de son compagnon. Sa mère haussa les épaules. C'était égal pour elle. La décision n'avait pas encore été prise, mais il était clair que son fils allait devoir partir.
Yilan sorti de la hutte, à moitié nu et enragé. Il courut à l'extérieur du campement et chercha à sentir la présence de Tij. Ses congénères le dégoutaient. Il avait juste fait ce qu'on lui avait dit de faire, ce qu'on l'avait
forcé à faire, et il se faisait maintenant rejeter ? Tant mieux s'il devait partir. Il n'aurait plus à voiler ses pensées pour faire plaisir à son entourage.
Lorsqu'il s'arrêta de courir, il s'accroupi dans la neige. Son corps était secoué par des frissons. Il cherchait encore Tij. Il pouvait le sentir, dans cette partie de son esprit qui n'était plus tout à fait à lui. Mais il ne savait pas ce qu'il sentait. De la peur, de la colère, de la honte... Quelqu'un l'approcha par derrière et posa une fourrure sur les épaules du garçon. Yilan ne se retourna pas pour voir qui c'était. Il sentait l'odeur de sa mère, et reconnu sa voix lorsqu'elle lui dit:
"Tiens, garde ce manteau. C'est la seule chose que tu pourras prendre quand tu partiras."