Odysse était monté à bord avec Relonzi et s'était installé dans la cabine que le second leur avait montré. Sans se préoccupé de ce qu'il s'était passé, Odysse avait jeté son paquetage prêt de son lit et s'y installa. Le confort laissait à désirer mais hé, c'était un bateau, et c'était déjà étonnant qu'ils aient une cabine et qu'ils ne soient pas obligé de dormir dans la cale avec le reste de l'équipage.
Sans prêter attention à Relonzi, qui le pointait de sa main tout en menaçant le second, Odysse s'endormi. Il savait qu'il valait mieux dormir maintenant, faire son quart le plus tôt possible et pouvoir rester éveillé le reste de la journée qui venait. Les vieilles habitudes de marin revenaient très vite, et il aimait dormir en début de soirée pour profiter de la nuit tranquillement.

"Et puis je ne dormirai pas pendant le début de la traversée au moins... Je pourrai voir comment les choses se passent."


La nuit était tombée lorsque Odysse se réveilla. Le bateau n'était pas encore partis, et Relonzi prêt de lui semblait endormi. Il se leva et sorti doucement de la cabine. A sa main, il sentit l'habituel battement émanant de son bracelet en cuir, mais il fit comme toujours et n'y prêta pas attention, laissant ses pas le mener vers la poupe du navire. Il regarda l'horizon, se perdant dans ses pensées, mais l'oreilles aux aguets. Le silence n'était pas. Les marins du navire revenaient de leur début de soirée dans les bars du port et certains faisaient même du zel et préparaient déjà le matériel pour le départ du petit matin.
Odysse s'appuya sur le bastingage et les regarda faire. C'était assez plaisant de ne pas avoir à gérer un navire et de n'être qu'un passager. Un sourire accroché au visage, il suivit des yeux un petit mousse qui courait littéralement le long du mât pour atteindre la grande voile.
Son regard se perdit dans le vide et très vite, il put voir les lueurs de l'aube se dessiner à l'horizon, et les marins s'agiter un peu plus, jusqu'au départ du bateau proprement dit. La sortie du port se passa bien, mais de la neige se mit très vite à retomber sur eux.

Le ventre secoué au rythme des vagues, Relon finit par se réveiller, gêné non seulement par le manque de confort, mais aussi parce qu'il avait toujours du mal à rester assoupi sur un navire. Un léger stress de terrien s'installait habituellement en lui comme le mal d'une piqûre de moustique. Et comme la piqûre il évitait à tout prix d'y penser pour se rassurer. Après tout pourquoi il y aurait une tempête au moment où il navigue ? Pourquoi une vague viendrait fendre en deux cette galère miteuse ? Pourquoi ne tiendrait-elle pas tout le trajet ?

L'assassin sortit dehors et évacua son stress en avalant un bol d'air frais. Ce n'est qu'en revenant à sa couchette au cours de la journée qu'il s'aperçut d'une chose assez désagréable : la cabine avait le fin fumé poissonneux d'une baraque à moules. Relon s'avanca le long du bastingage et finit par rejoindre Odysse qui était là, la tête pensive tournée vers le large. Il devait lui être inhabituel d'être sur les flots tout en se tournant les pouces.

Autour d'eux, les marins s'activaient à faire de sorte que ce rafiot navigue : une tempête pouvait à tout moment arriver. A peine le soleil fut-il levé qu'il fut caché par un épais brouillard. Au fur et à mesure que l'horizon se perdait dans la purée blanche, des flocons de neige venaient peu à peu recouvrir le bateau. Asfir était non loin. Il s'avança vers eux pour les saluer et leur indiqua du doigt le capitaine, du nom de Smith. Il était grand et bien vêtu. Ses cheveux blancs et sa légère calvitie accusait certes son âge mûr, mais il paraissait être un sacré dur à cuire. L'oeil sorti de sa longue vue, il tourna la tête et aperçut Odysse et Relon.

«Et bien Asfir ! Il y a deux hommes de plus sous mon commandement ? Sans que je sois au courant ?»

Asfir s'excusa platement et lui expliqua notre venue et notre aide utile contre les attaques. Les deux hommes n'hésitèrent pas à exhiber fièrement leurs armes. La discussion partit entre les quatre hommes, Relon et Odysse suscitaient un intérêt tout à fait particulier au capitaine. Mis à part les quelques instants où Smith regardait à travers la longue vue, la conversation dura un bon quart d'heure jusqu'à une secousse soudaine venue de la cale. Une fois, puis deux, puis trois, il est clair qu'il ne se passait quelque chose de pas net. Relon se pencha vers Odysse et Smith.

«Dîtes, vous qui êtes des vieux loups de mer, vous pouvez peut-être me dire ce que l'océan renferme comme bestiole ?»

Spoiler:

Relon l'avait rejoint sur le pont et ils avaient finit par rejoindre le capitaine et entamer une longue discussion. Le voyage se faisait plus agréable lorsqu'on pouvait parler librement, et au entendre les histoire de capitaine changeaient de celles des marin lambda.
Et puis il sentit la secousse provenant du bas du navire, puis les suivantes. Relonzi s'en était aussi rendu compte, et il se pencha un peu plus prêt des visages de Odysse et du capitaine.

- Dîtes, vous qui êtes des vieux loups de mer, vous pouvez peut-être me dire ce que l'océan renferme comme bestiole ?

Odysse regarda à ses pieds à nouveaux. Soit quelque chose de grand était enfermé dans la cale, soit quelque chose d'aussi grand sinon plus s'était frotté à la coque -et il restait optimiste.

- La première qui me vient à l'esprit est le serpent de mer géant. Une créature relativement dangereuse. Suffisamment énorme pour broyer le navire dans ses anneaux, et encore plus perverse avec le poisons de ses crocs qui ferait fondre même la pierre.

Odysse avait raconté ça en se rappelant sa première rencontre avec cet animal. Très tôt, alors qu'il ne connaissait pas encore ses pouvoirs, ce qui avait failli lui coûter la vie, sinon sa conscience.

- Ne parlez pas de ces créatures ! Je n'ai pas besoin d'avoir à en affronté maintenant, ne porter pas la poisse sur mon navire.

Le capitaine, bien qu'agité, ne paraissait pourtant pas plus effrayé que ça. Même s'il disait le contraire, il était probable qu'il ai déjà réchappé à des serpents géants, et peut être même qu'il en avait tué lui-même. Ou alors il était lui aussi animorphe. Ou simplement fou. Les choix étaient nombreux, et vu tout ce qu'il y avait en ce monde...

- Sinon il y a aussi différents poissons, plus ou moins gros ou dangereux, mais il y a aussi quelques créatures attirantes. Pas entièrement animales, et pas totalement humaine non plus. Des femmes, belles comme des anges, dangereuse comme des maëlstorms...

Odysse s'arrêta. Un nouveau tremblement se fit sentir à ses pieds, et il finit par espéré ne pas avoir attirer la malchance sur ce navire. Un serpent de mer, ou encore un maëlstorm... Deux choses qu'il n'avait pas besoin de croiser pour le moment.
Mais c'était ce frisson qui lui plaisait lorsqu'il naviguait. Le fait de devoir constamment lutter contre les flots et ce qu'ils contenaient. Si encore il avait la possibilité de monter en haut du mât, il serait aux anges...

Les yeux légèrement écarquillés, l'assassin ne pouvait contenir son étonnement face aux paroles d'Odysse et du commandant qui lui paraissait bien farfelues. Toujours terre à terre, Relon sentait bien qu'il lui fallait s'évader un peu et sortir de ses idées bien arrêtées sur l'existence d'êtres inhumains. Ce n'était pas la peur qui faisait couler la sueur sur son front, mais plutôt la réflexion sur l'état actuel des choses : ici et là, des hommes séparés de tout à la portée d'un être aux pouvoirs inconnus... Une chose était sure, il ne valait mieux pas rester sur place à jacasser et agir. Relon regarda Odysse, la tête levé vers le mât, perdu dans ses réflexions.

«Smith, pourrions-nous aller jeter un oeil dans la cale ? Voir si tout est en état. Et pouvons-nous grimper sur le mât ? Je suis sûr qu'Odysse en meurt d'envie.»

Sans tortiller, le commandant hocha nerveusement de la tête et amena l'assassin vers la cale. Derrière la porte se cachait une énorme salle cloisonnée ici et là pour séparer les canons des hamacs. Au fond, un escalier sombre donnait accès à la cale. Arrivé en bas de celui-ci, Smith alluma un lanterne et aperçut avec surprise que les caisses de vivres étaient toutes renversées, les fruits et légumes gisant sur le sol plus ou moins craquelé par les coups venus de l'extérieur.

«Par Azuria...»

Les mains tremblantes, le commandant s'avança pour mieux examiner les impacts sur la coque. Plus aucune secousse ne vint, mais Relon sentait comme une pression autour du navire, comme s'il se faisait enlacer par une énorme masse.

«Odysse... Tu avais donc raison... Comment allons-nous nous en sortir...»

L'esprit vif, l'assassin remonta vers le bastingage et hurla vers Odysse qui s'était posté tout en haut du mât :

«Que vois-tu depuis là-haut ?»

Les mers étaient déchaînées, mais rien n'était affiché sur les têtes des marins. L'expérience de l'océan et leur religion les laissaient indifférents et forts contre toute épreuve. On aurait dit qu'ils ne s'étaient même pas aperçus des multiples secousses... Au-delà de cette impression, les marins s'activaient réellement pour fuir les lieux, la menace était réelle et la qualité qui rendait cet équipage hors-norme était qu'il agissait instinctivement sans les ordres du capitaine. Cela leur avait sans doute sauvé plus d'une fois, et celle-là allait être la prochaine sur leur longue liste.

♫

Spoiler:

- Smith, pourrions-nous aller jeter un oeil dans la cale ? Voir si tout est en état. Et pouvons-nous grimper sur le mât ? Je suis sûr qu'Odysse en meurt d'envie.

Odysse reporta son regard sur le capitaine qui acquiesca de la tête, partant suivit de Relonzi. Un petit sourire sur le coin de la bouche, Odysse regarda à nouveau vers la pointe du mât.

- Alors Noir, ça te dis d'aller observer ce qui nous attaque depuis le point le plus haut et le plus dangereux du navire ?

Il n'attendait pas vraiment de réponse mais il savait que son bracelet ne pouvait s'empêcher de placer une ou deux de ses répliques habituelles sur la stupidité humaine, entre autre.

- Que les humains sont pitoyables... Si tu tiens tant à savoir ce qui nous attaque, penche toi donc au bord du navire. Pas la peine d'aller jouer les acrobate la dessus, et puis qui sait ce qui...

- Oh Noir, ferme là un peu et profite de ces sensations ! Ca fait déjà un moment qu'on n'a pas été plus haut que la mer !

Sans laisser le temps à Noir de répondre, Odysse se jeta sur les haubants du mât et commença à escalader. Il courrait sur les cordes et montait toujours plus haut, jusqu'à dépasser le poste de la vigie. Il s'arrêta néanmoins avant le sommet et sourit en regardant autour de lui. Il était heureux de sentir l'air marin à cet endroit précis du navire, oubliant un instant la situation.
Il baissa la tête pour voir le pont, et son sourire s'effaça. En dessous du navire, autour presque, une masse sombre se mouvait. Elle faisait le tour du bateau, se frottant contre par moment.

- Que vois-tu depuis là-haut ?

Odysse voyait Relonzi qui était revenu, la tête levée vers lui. Partout sur le navire, l'équipage s'affairait. Certains avaient même préparé quelques harpons pour le cas où la bataille se ferait inévitable, mais la grande majorité était trop affairé a essayer de partir d'ici au plus vite.

- Je vois qu'on à un très gros problème. Juste en dessous de nous... Environ 20 mètres de longs...

Odysse lacha prise et se laissa tomber, sautant en prenant appui sur le mât, et fini par atterrir aux pieds de Relonzi.

- Toi qui ne connaissait pas les horreurs de la mer, je crois qu'il est temps de faire les présentations...

A ce moment précis, le serpent de mer géant émergea des flots. Redressant sa tête, il découvrit de longues dents acérées et projeta par la même occasion du venin sur le pont du navire. Sans réfléchir plus longtemps, Odysse se jeta en arrière, entraînant Relonzi dans sa chute. Se redressant un peu, il pu voir le serpent replonger, tandis que son poison faisait déjà fondre quelques morceaux du pont.

- Relonzi, je te présente le Serpent de mer. Si vous pouviez faire connaissance assez vite, je crois que ça nous arrangerait tous...

♫

Odysse avait roulé sur le côté et s'était vite relevé pour ne pas quitter la bête des yeux. Du coin de l'oeil il vit Relonzi bouger et monter le long du mât. En a peine quelques secondes, il avait sectionné le cordage des voiles et s'était jeté autour de la gueule du monstre, le muselant après plusieurs tours.

- Bien, au moins il n'y aura plus de poison pour aujourd'hui...

Sans perdre un instant, Odysse courru le long du pont en voyant les marins, plus ou moins en bonne état, tenter de repousser le serpent à coup de harpons, sans vraiment y arriver.
Alors qu'il approchait du trou formé par le poison dans le pont, il vit Relonzi tomber au fin fond de la cale et y rester inerte.

- Merde... Il faut aller le cherch...

Une brusque secousse l'interrompit et lui fit perdre l'équilibre. Un horrible craquement résonna suivit d'une autre énorme secousse. Le bateau bascula en avant, puis s'affaissa brutalement en arrière, soulevant des tonnes d'eau à son atterrissage. Redressant la tête, Odysse put voir que le navire venait d'être presque brisé en deux par le corps du serpent, qui luttait toujours pour sa liberté. L'avant du navire à moitié arraché, il était évident qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant que tous ne sombre au fond de l'océan si le monstre les touchait encore une fois.
Après une courte réflexion, Odysse serra son bras gauche et tendis le même bras en direction du corps de l'ennemi. Il concentra toutes ses forces dans la création d'une boule d'énergie flamboyante qui finit par faire un bon mètre de diamètre. La gardant à la main, il se jeta en direction du monstre. Prenant appuie sur le bastingage, il sauta vers le serpent et enfonça profondément son bras, et sa boule d'énergie, dans son corps.
La créature ne mit pas longtemps à réagir et eu un soubresaut qui propulsa Odysse en arrière, l'envoyant s'écraser sur le pont du navire, ainsi qu'une énorme quantité de sang. Fatigué à l'extrême, Odysse réussi néanmoins à trouver l'énergie de se redresser et se mettre à genoux. Le serpent avait pris du recul par rapport au navire et sa blessure saignait abondamment. Les marins sur le pont étaient des formes floues qui se mettaient face au monstre, dans l'espoir de l'achever s'il se rapprochait un peu.
Avec peine, Odysse rampa jusqu'au mât et s'appuya contre, reprenant son souffle. Il n'était décidemment pas fan des arcanes, mais c'était toujours mieux que se changer lui-même en serpent pour en affronter un autre.
Il ne savait pas trop ce qui s'était passé entre temps, mais il sentait que le navire bougeait de manière plus dirigé que lors du début de l'attaque. Quelqu'un devait être à la barre, et essayait de s'éloigner. Mais échapper à un serpent de mer n'était pas chose facile, même si celui-ci était déjà dans un sale état...

♫

Les yeux fermés, respirant avec force, Odysse était arrivé à faire passer sa sensation de malaise. Il resta immobile pendant quelques secondes, quelques minutes peut être, n'ayant plus aucune notion du temps. Il sentait l'agitation autour de lui mais devait se reposer un petit peu avant de pouvoir être à nouveau utile.
Toujours plongé dans le noir, il sentit une main ferme sur son épaule. Il ouvrit les yeux et pu voir le visage semi caché de Relonzi qui se tenait agenouillé devant lui. Sans un mot, il tendit son bras vers Odysse, qui s'en saisit. Se redressant grâce à lui, il jeta un regard circulaire sur la scène qui l'entourait. Tout était étrangement lumineux, mais il savait que c'était dû au contre-coup de l'utilisation des arcanes.
Le serpent blessé les suivait au loin, tandis que les marins semblaient joyeux de voir arriver un autre bateau non loin.

- Une chose est sûre à l'heure qu'il est mon ami, c'est que trois choses se rapprochent de nous : un serpent des mers géant, les sables mouvants et ce navire qui vient à l'abordage. Et pour être honnête avec toi, je préfère largement cette troisième option...

Odysse ne put retenir un petit sourire en l'écoutant. C'était plus simple d'affronter un éventuel ennemi sur un navire que de continuer à se faire couler par un serpent.

- Il va donc falloir se rapprocher d'eux et espérer qu'ils soient amicales... mais il faut aussi trouver un moyen de se débarrasser de notre nouveau copain...

Le serpent ne les quittait pas d'une semelle. Il restait à bonne distance et se tenait en décallé par rapport au déplacement du navire.
Quittant le monstre des yeux, Odysse se tourna à nouveau vers leurs sauveurs. Un drapeau blanc sur le mât semblait indiqué un contact amicale, mais en tant qu'ancien pirate, il savait très bien que cela pouvait être une ruse. Mais les bateaux se rapprochaient l'un de l'autre, et l'équipage sur l'autre semblait "normal".
Et c'est à ce moment là, lorsque les deux navires furent proches l'un de l'autre, que tout le monde compris la manœuvre du serpent...
Avançant en décalé, il s'était placé entre les deux navires pour s'en prendre aux deux en même temps. Les marins, prit de court, se mirent à reculer chacun sur leur bateau, essayant de reprendre leur harpon, sans avoir le temps d'y arriver avant que le serpent n'abatte toute sa masse sur le pont du navire déjà très amoché. Le bateau eu un soubresaut tendis que les craquements du bois résonnèrent tout autour d'eux, propulsant nombre des hommes en l'air, puis dans la mer, pâture à leur ennemis.
Odysse eut le temps de s'accrocher au mât, attrapant le bras de Relonzi pour lui éviter un bain. Lorsque la coque se rabattit violemment sur les eaux, ils eurent à peine le temps de se remettre debout que déjà tout s'enfonçait dans l'océan noir. Prêt d'eux, le navire marchant semblait manoeuvrer pour s'éloigner, effrayé par l'attaque violente qui venait d'avoir lieux.

- Et... merde... Relonzi, il faut aller jusqu'à leur bateau, on est cuit sinon !

Le navire s'enfonçait dans les eaux sombres tandis que le serpent faisait des hommes d'équipage son 4 heure. Odysse était accroché à mât, tenant Relonzi, et il se demandait comment ils pourraient s'en sortir. Rejoindre l'autre navire était la seule solution ne nécessitant pas qu'il use de ses capacités, mais vu la situation, il n'allait pas avoir le choix. Plonger dans l'eau signifiait la mort pour eux...
Odysse réfléchissait à toute allure, l'éventualité de se transformer à son tour en serpent de mer devenant de plus en plus importante dans son esprit. A tel point qu'il faillit se transformer, si leur ennemi n'avait pas briser le mât au même moment, les envoyant s'envoler plus loin en direction du navire marchand.

Le choc fût rude, mais Odysse eut la chance de s'écraser dans un bac de poissons fraîchement pêché, ce qui lui sauva probablement la vie. Il sentit néanmoins une vive douleur dans son bras gauche. Se redressant avec peine, il jeta un rapide coup d’œil sur le pont du navire. Relonzi n'était pas loin et le probable capitaine du navire était face à lui, lui parlant.
Odysse n'entendait pas à cause de l'agitation et il préféra regarder son bras gauche qui lui faisait mal. Le levant doucement devant son visage, il put voir un morceau de bois enfoncé dedans, un peu au dessus de son coude. Il avait transpercé son bras, probablement lors de l’atterrissage, mais il n'était pas très épais heureusement. Odysse grimaça en voyant ça et hésita avant d'enlever l'objet qui, en plus de lui faire mal, était d'un gêne presque insupportable.
Odysse se remit debout en maintenant son bras serré contre lui, laissant glisser les cadavres de poissons sur le pont. Il regarda à nouveau autour de lui et attrapa un marin par le col, lui arrachant une de ses manches.

- Merci camarade, tu me retires une épine du pied, littéralement.

Le marin hésita à réagir, mais finit par reprendre sa course vers les voiles pour tenter de leur faire gagner de la vitesse.
Pendant ce temps, Odysse s'était dirigé vers une des portes présentent sur le pont et eu la joie de se retrouver dans la cabine du second. Il la fouilla rapidement et dégota une bouteille de rhum. Son butin en main, il ressortit en ignorant un autre marin qui tentait de le réprimander.
Il déboucha la bouteille, en but une longue gorgée et la posa par terre. Il s'appuya contre une paroi et saisit le morceau de bois fiché dans son bras. Après avoir soufflé un peu, il l'arracha d'un coup sec, projetant du sang devant lui, se retenant de hurler. Il jeta le morceau de bois et saisit la bouteille qu'il vida sur sa blessure, le forçant à retenir un autre cri de douleur. Se concentrant, il utilisa son arcane du feu pour faire cicatriser les deux plaies sur son bras, avant de rapidement l'entourer avec les restes de la manche qu'il avait subtilisé.
Il glissa doucement le long de la paroi et se mit assis sur le pont. Il souffla un peu, fatigué, mais se reprit très vite, sachant très bien qu'ils étaient encore loin d'être au calme. Il rejoignit rapidement Relonzi.

- Alors, qu'est-ce qu'il se passe maintenant ?

- Tu sais mon ami, je pense que nous pourrions boire mieux à notre soif dans la cale s'il y avait des tonneaux...

Odysse sourit en l'entendant parler. Tandis qu'il le suivait en direction de la cale, il jeta un coup d’œil vers les restes de leur ancien navire. Le serpent de mer s'agitait encore un peu sur l'épave mais semblait en trop mauvais état pour continuer, sinon survivre. Il poussa un petit soupir de soulagement et rejoignit Relonzi, ayant tôt fait de briser le couvercle d'un tonneau et d'en partager le contenu avec l'homme à la capuche.
Ils s'installèrent dans un coin, profitant d'un peu de repos bien mérité après une telle bataille. Son bras le lançait encore, il devrait sûrement faire attention à ne pas trop forcer dessus pendant quelques temps. Enfin qu'importe, il était droitier, et la blessure ne l'empêchait pas d'utiliser les arcanes si besoin.

Le temps passa tranquillement, tous les deux discutant et buvant. Odysse en profita d'ailleurs pour dégainer son épée et s'en occuper. La nettoyer et l'aiguiser un peu avant un probable futur combat.
Il savait bien à quoi s'en tenir sur cet océan, même s'il gardait en tête l'espoir de rester prostré dans la cale à boire du rhum pendant tout le reste du voyage.
Sauf que bien évidemment, son instinct lui avait encore fait prédire l'avenir. Cela lui parut un temps extrêmement court avant que le choque familier d'un bateau en heurtant un autre ne se fasse sentir. Le cri d'un pirate hurlant "à l'abordage" résonna peu après, le signale pour les deux combattants qu'il était temps d'aller s'acquitter de leur travail sur ce navire là.

Ils se jetèrent sur le pont et Odysse eut à peine le temps de jeter un œil sur le nombre d'ennemis que Relonzi s'était déjà jeté dans la bataille.

* Et bien, au moins cette fois on affronte des humains... *

Il fit tourner son bras droit pour craquer son épaule et se lança dans la bataille, sa Reitschwert noire en avant.
Il commença par frapper un pirate sur le crâne, par derrière, tandis qu'il s'en prenait à un autre matelot et ne l'ayant pas vu arriver. Sans vérifier si le matelot s'en sortirait, il se tourna et se jeta sur un autre pirate qui cette fois le vit arriver et para son coup, essayant de le repousser pour frapper d'estoque. Odysse relâcha la pression de son coup pour faire basculer son adversaire en avant, désamorçant l'attaque qu'il tenta de porter, puis le transperça au niveau de l'omoplate droit. Il retira sa lame au bon moment pour bloquer une attaque portée par un autre adversaire, puis le repoussa d'un lourd coup de pied dans le ventre qui l'expédia contre un de ses congénères.

Odysse souri à pleine dent en faisant des moulinets avec son bras droit. Il se sentait en forme dans le combat contre des humains plutôt que contre des animaux.

- Allez les gars, ne me faites pas croire que les pirates se sont ramollis depuis mon départ des îles ! Montrez moi que vous êtes des hommes et pas des lavettes !

Tandis qu'il parlait, il repoussa un nouvel adversaire et l'empala sur sa lame. Bientôt, son épée était d'un rouge sombre, dégoulinant doucement sur le plancher du pont, traçant de large cercle lorsque Odysse portait un coup. La fièvre du combat commençait à le prendre, et il appréciait le moment.
Mais le combat ne dura pas assez longtemps, et il finit par s’asseoir sur un de ses adversaire encore vivant, allongé sur le sol. Il se débattait et l'insultait, mais Odysse lui tenait un bras en arrière, prêt à lui casser si besoin.

- Non mais franchement... Je pensais pas qu'on était si pitoyable... J'ai bien fait de partir, quand je vois ce qu'on devient... Tu n'es pas d'accord ?

Pour toute réponse, le pirate insulta sa mère et sa sœur, ce qui eut pour résultat un nouveau soupir d'Odysse, avant le sinistre craquement d'une épaule déboîtée. Il se releva et traîna le marin vers le bastingage du bateau avant de le jeter par dessus bord. Se frottant les mains, il se tourna vers le reste de l'équipage. Les dégâts étaient moindre, ce qui leur permit de très vite reprendre la route.
Il aperçut Relonzi un peu plus loin, en train de tranquillement manger une pomme chipée dans une des caisses qui leur avaient servi de lieu d'atterrissage. Il lui sourit avant de tranquillement venir en prendre une à son tour. Ils avaient trouvé un nouveau lieu de discussion, à l'air libre et avec de la nourriture cette fois, et au vue de leurs actes, le capitaine se garda bien de les en réprimander.
Quelques heures passèrent à nouveau avant qu'enfin, loin au bord de l'horizon, les terres se dessinent enfin. La Terre était à porté de regard, enfin ils allaient pouvoir ressortir leur carte pour suivre le trajet indiqué... et trouver ces fameuses bouteilles de rhum éparpillées sur le trajet !