[Terminé] Invitation, première leçon. [PV:Nee'lhan]

Comme a chaque fois qu'il venait ici, l'esprit de Vaelh était mis à rude épreuve... Comment de si superbes et colossale structures pouvaient tenir debout ? Comment faisait-elles pour refléter le jour déclinant si puissamment qu'il était impossible de les regarde plus de quelques secondes ? Cette monstrueuse ville n'était ni plus ni moins qu'un... un trésor, voilà. Chaque édifices semblait taillé à même quelque pierre précieuse ; chaque pavé que l'on foulait en y entrant était une oeuvre unique, fruit du travail passionné d'un artisan de renom.

C'en était étourdissant... Pour éviter de défaillir, Vaelh chercha une imperfection dans le paysage, un détail qui vienne contredire la magie de Sen'tsura... Mais rien. Rien ! Tout était parfait, tout était si merveilleux... Même les gens étaient splendides !
Mais pas autant que lui.

Il avait opté pour un style vestimentaire exotique qui fasse se retourner les gens tant par admiration que par curiosité. Le pantalon rouge grenat qu'il avait revêtu, large sans pour autant être aussi ample que l'oksah qu'il portait à la réception de l'amiral, était rentré dans des bottes montante à mi mollet faites en cuir blanc et rehaussées d'or. L'avant du vêtement rouge était coupé en un grand "U" aplatit, partant de chaque hanche, de sorte à ce qu'il aurait fallu qu'il ne soit baissé que d'un misérable centimètre pour que prudes et frigides hurlent à l'attentat à la pudeur. Pour le reste... Le seul vêtement qui couvrait son buste était une immense écharpe immaculée sur laquelle étaient brodées mille et une minuscules runes. L'étoffe s'enroulait autour de sa gorge pour retomber sur sa poitrine en y formant une poche qui servait de sac à quelques objets qu'il avait emmené, et allait s'enrouler jusqu'à son coude droit. La peau de son dos et de son ventre, tirée sur une musculature délicate et incroyablement attrayante était savamment, outrageusement exposée au soleil couchant et aux regards.

Détails plus saisissants, un grand nombre de tatouage courraient sur sa peau. La plus visible était tatouée de son bas ventre jusqu'à sa poitrine. D'une incroyable complexité, elle était construire par l'agencement d'autres runes de tailles variables.

Mais le plus insolite n'était ni ses atours, ni les marques sur son corps, mais bien son regard et l'expression qu'il arborait. La Soif le tiraillait, le faisait souffrir. Sa bouche était entre ouverte de béatitude tandis que ses pensées voguaient sur une mère de fantasmes qu'il faudrait très bientôt assouvir. Ses pupilles dilatées à l'extrême ne laissait de ses iris que deux petite couronne d'un or chatoyant qui viraient à l'airain sous la lueur rouge du soleil fatigué. Le vent balayait ses mèches par intermittence , comme pour lever le rideaux sur la plus belle des œuvres d'art. Il essayait vraiment de garder son aura de charme le plus proche opssible de lui pour ne pas être importuné par des femelles quelconques, mais c'était peine perdu. Comme si son don était brûlant, il ne pouvait pas le tenir longtemps sous risque de s'ébouillanter. Devenue une entité intelligente et prédatrice, le halo de pouvoir se jetait par instant sur la femme la plus proche pour écraser son imagination sous le poids de visions si délicieuses qu'elles en devenaient effrayantes.

Tous ces repas qui passaient à côté de lui, cette Soif qui lui faisait tant de mal... Et pourtant, il attendait. Il n'était là que pour une personne qu'il ne jugeait plus comme une insecte mais une petite chose digne d'un peu d’intérêt. Planté sur la bord de la route qui menait à l'arène, il laissait parfois son regard libidineux errer autour de lui.

je.... me maudis d'aimer cela.

Il n'avait de cesse de se rappeler ce passage de la lettre. Pauvre chose... Pourquoi se maudire d'aimer quelque chose de bon ? C'est aussi stupide que de se forcer à détester la caresse du l'eau sur la peau, purifiante et rafraîchissante ! Aussi stupide que de vouloir haïr le prodigieux panorama de tours effilées qu'offrait la mégalopole ! Pourquoi se forcer à ne pas aimer quelque chose qui vous fait du bien ? C'est d'une bêtise...

Un soupir souleva sa poitrine. Il n'en pouvait plus d'attendre.

Dépêches-toi...

Ah cette correspondance ! Voilà bien treize jours que j'avais pris la plus inattendue et plus folle des décisions. Vaelh Sépor. Oui j'avais et j'ai toujours très envie d'apprendre à ses côtés. J'en ai marre de jouer avec mes proies sous le coup de la danse, de mes poisons, par mes aiguilles et mes dagues. J'ai besoin de m'améliorer, d'aller plus loin, de voir ce que ça donne quand je suis au bout de mes capacités. Je me souviens de ce vent qui passe sur la nuque, cette... cette extase ! Que j'enrage de ressentir ce genre de choses si c'est bien cela. Mais comment en être certaine quand on a jamais connu les bras d'un mâle. Non ! Je me dompterai quoiqu'il advienne ! Je ne me lâcherai pas, et je resterai maître de moi-même. Cette nuit, impossible de dormir, encore moins que d'habitude.

Du coup, je me lève pour préparer mon poison favori et son antidote car il ne m'en reste plus une goutte. Je suis tellement concentrée que je ne vois pas l'astre du jour poindre le bout de ses rayons. C'est au piaillement de Yuu que je comprends qu'il faut que je me prépare en me passant sur le corps une huile raffinée à base de rose sauvage avec une légère pointe de piment.

Ma tenue favorite lorsque je ne revêts pas ma tenue d'assassin est prête depuis la veille. C'est une tenue de danseuse en satin et soie aussi rouge que le sang bordée d'un lien bleu-vert rappelant mes yeux, faite en deux parties. La première, la jupe arrivant aux chevilles, est ample, me permettant tout mouvement vif, de faire un jeté de jambes et bien d'autres encore. Cette partie, je peux la remonter des deux côtés en faisant coulisser un lien que je noue à la taille. La seconde partie de cet ensemble se trouve être un corsage s'attachant à la nuque et à mi-dos. Cependant, j'ai le ventre à l'air, tout comme le reste du dos, laissant mon tatouage sans trop d'inconvénients. Sait-on jamais. Une femme avertie en vaut deux dit-on par ici. Le peu de mes bijoux tribaux et familiaux, en argent pour la plupart. Je m'attache qu'une partie de mes cheveux corbeaux avec ma barrette à chignon où j'y plante mes aiguilles meurtrières. Je me hâte de ranger mes dagues contre mes cuisses, côté intérieur. Je laisse mon bébé phénix libre de me suivre s'il veut à la seule condition qu'il paraisse tel le paon blanc que tout le monde croit. Sans oublier une cape car si jamais je dois prendre ma forme originelle, je serais bien heureuse d'avoir à me mettre quelque chose sur le dos après. Ce n'est qu'une fois mis mes petites chausses noires, car généralement je danse pieds nus, la porte verrouillée et déverrouillée plusieurs fois que je pars enfin au point de rendez-vous.

Malédiction ! Il y a déjà bien des passants ! Au diable les regards ! Ma cape noire me couvre le dos, et certains connaissent déjà mon visage. Certains me regardent, d'autres partent vite. Nul besoin d'user de mon ouïe particulière pour savoir ce qu'ils disent. Mes pensées sont bien trop occupées à replonger dans les derniers événements. Nul besoin d'user de ma vision non plus, car je ne suis plus qu'à une vingtaine de pas de l'incube.
Un léger sourire est arboré sur mon visage à cause de ses effluves. Ainsi donc, il met le même parfum. Contrairement à moi.

Bien le bonjour Maître. dis-je sans perdre de temps puis en m'inclinant telle une danseuse devant un noble.

Commandé par son instinct, le regard de Vaelh s'était tourné pour fixer un certain angle de la rue. Les couleurs, captées par ses pupilles dilatées, lui apparaissaient comme étant trop vive. Chaque seconde à garder les yeux ouvert était une enivrante torture qui ne faisait qu'affûter sa Soif.

Si la danseuse connaissait les Cabale de Feu, elle se rendrait sans doute compte qu'elle immense effort il consentait à faire pour elle en venant ici sous le coup de la Soif. Il faisait tant ça pour elle que pour se délecter de sa propre souffrance mais fut bien forcé de reconnaître qu'il avait peut être vu large. Tiendrait-il toute la soirée sans céder à ses instincts primaux ?

Puis tout à coup, la mer de passants s'écarta sans même s'en rendre compte, comme pour rendre hommage à cette beauté qui la fendait. Quels efforts avait-elle fait ! Oh, elle n'approchait en rien la beauté d'une Succube, bien sûr, mais... il était quand même si plaisant de la voir que l'Incube ne pu ni réprimer un inavouable frisson de satisfaction, ni un geste de la main vers elle comme s'il voulait s'emparer de son attrait.

Avant même qu'elle n'approche il remarqua, non sans une once de fierté pour l'assassine, qu'elle avait eut le courage d'exposer un peu de sa peau au soleil déclinant. Immédiatement, sa Soif lui donna l'envie de croquer à même cette chaire, de la masser sous ses doigts... Ah, la soirée allait être longue.

Bien le bonjour Maître.

Le vent était du côté de la femme puisqu'il transporta sa fragrance élaborée, originale et entêtante jusqu'aux narines du bellâtre. Il ferma les yeux et laissa l'arôme lui déchirer les poumons. Il s'autorisant à ne pas contenir un subtile gémissement lui échapper tandis qu'il savourait la senteur. Lorsqu'il rouvrit ses paupière, toute son aura de charme se compressa douloureusement pour venir occuper tout l'air de Nee'lhan. En même temps, il riva la fine corolle d'or de ses yeux dans les deux émeraudes de son élève pour s'y perdre volontairement.
Il voulait la dévorer, la faire brûler de plaisir.
Mais pas maintenant. S'il souffrait encore d'attendre, ce serrait encore plus délicieux ...

En tout cas, elle faisant preuve d’une grâce naturelle vraiment avenante, et l'Incube décida de saluer son appréciable performance d'un salut Cabaliste élaboré. Oui, cette créature méritait au moins un peu d'attention.

Dissssciple... Il avait laissé traîner le mot sur sa langue, savourant le fait qu'il implique que cette femme lui soit inférieure. Quel régal... Allons, redresse toi, ne laisse pas ta nuque ainsi exposée à mes lèvres, elle ne tarderaient pas à s'y trouver.

Avec une grâce inhumaine, dirigeant toujours l’entièreté de son don autour de la distinguée, il se rangea à ses côté et lui proposa son bras.

Là d'où je viens, les Succubes sont l'égal des Incube, et c'est une insulte de leur proposer un bras sur lequel s'appuyer. Un tel geste sous entend qu'elle sont faible. Si je t'offre quand même un appuis, c'est que je ne te considère pas encore comme achevée. Tu es ce qu'on appelle une "Ni'sa kun'tchuni". Ne te fais pas d'illusion, tu ne le seras jamais l'égale d'une Succube, mais tu seras l'élémentale qui approchera le plus notre race... Quand ce jour viendra, je ne te proposerais plus jamais mon bras parce que tu auras la force nécessaire pour avancer seule.

Il se rendit compte qu'il avait achever de parler en laissant ses commissures à quelques millimètres de l'oreille de la beauté. Il s'écarta doucement.

[color=#d6aa0f]Maintenant, montre moi la voie, guide moi jusqu'où tu souhaites que nous bavardions et que tu te restaures. Quand ce sera fait, nous nous retirerons en privé. Il adviendra alors ce qu'il doit advenir.

C'était une promesse. La promesse de lui donner ses secrets, la promesse qu'il ne lutterait pas contre l'envie de la dévorer.

De voir un homme, non pas un homme, un mâle patienter à ce point pour une jeune femme doit être aussi dur que pour moi seule, avec un homme en dehors des missions et des contrats. Quoique... J'ai toujours appris qu'une assassin n'a jamais le temps pour ces choses là. Oui c'est cela, la solution : le travail. J'apprécie son salut, mais... non mais attendez un peu. Ses lèvres sur ma nuque ?

Que c'est beau de rêver ! Mon Maître ne peut voir qu'un peu de ma nuque puisqu'elle est cachée par une partie de ma cascade sombre. rétorque-je, malicieuse.

J'ai beau avoir un brin de malice, je ne peux pas m'empêcher de lui montrer que je ne suis pas une de ces femmes faciles, une de ces catins. Je suis une jeune femme qui aime le respect. Et quand ce dernier est absent, je finis par tuer. Contrat, ou non. En plus, il me tend son bras pour marcher avec lui ? Oh, oh !

Je suis peut-être une Ni'sa kun'tchuni pour toi, mais je suis une jeune femme qui ne s'est jamais appuyée sur le bras du sexe opposé. Ni du même d'ailleurs ! continue-je sur le même ton.

Non mais c'est vrai quoi ! Pourquoi tenir le bras d'un homme ? Ne sommes nous pas plus forte qu'un homme ? Houla je m'égare un peu là. Et si je fais un peu d'ironie pour voir ?

Ne suis-je pas venue à toi en marchant ?

Oui, j'agis ainsi dans le seul but de lui montrer que je ne suis pas une si petite chose insignifiante. Pour cela, s'il veut vraiment me montrer qu'il est mon mentor, il n'a qu'à me prendre la main de force et me la poser sur son avant-bras.
Non ! pas aussi proche de moi. Pas ça ! pas comme lorsque j'avais ressenti ces choses lors de notre correspondance. Ouf ! Un petit piaillement discret que je connais, se fait entendre sans que je cherche à qui il appartient puisque je le connais. Normalement il est assez discret pour qu'une élémentale ou un elfe puisse l'entendre.

Tout être sur notre passage le regarde, et je me rends bien compte qu'il aime cela. Petit soupir en espérant que l'auberge est libre comme à ma demande car nous y arrivons au bout d'une petite allée aussi discrète que le petit bâtiment aux couleurs claires. Nous y rentrons par une lourde porte en bois, qui ouverte donne sur un espace ni trop vaste, ni trop étroit.
Ceci dit, c'est bien trop enfumé à mon goût, et demain je n'aurai presque plus de voix. D'un simple hochement de tête en direction de l'aubergiste et de retirer ma cape, nous pouvons nous diriger vers un lourd rideau noir en velours doublé dissimulant une autre porte en bois, plus petite encore. Dans cette dernière petite salle étrangement aménagée, se trouve trois tables de trois places avec des assises particulières. Une légère odeur de bois de santal blanc se répand. Au fond se trouve une banquette très confortable. D'ailleurs tous les tissus d'ameublement sont de trois couleurs. Le noir, le blanc, et naturellement le rouge.

Pour commencer, je prendrai une eau bien glacée. Comme d'habitude. m'enquis-je à l'adresse de l'aubergiste alors qu'il attend la demande de l'incube avec un regard assez expressif d'une chose que je ne comprends toujours pas.

Quant à moi, je n'attends pas et opte pour m'asseoir à la table de merisier du milieu, la dernière chaise. Certes, c'est avec discrétion que je regarde l'incube.

Sensible, l'Incube avait senti un subtil changement d'humeur opérer chez Nee'lhan lorsqu'il avait mentionné que ses lèvres pourraient bien s'égarer. Il ne put cependant pas assurer que cela aurait plu ou non à l'élégante.

Que c'est beau de rêver ! Mon Maître ne peut voir qu'un peu de ma nuque puisqu'elle est cachée par une partie de ma cascade sombre.

Et cette réplique ne l'aida pas d'avantage. Le "que c'est beau de rêver" pouvait tout aussi bien signifier que l'Incube pouvait toujours se brosser pour accéder à cette nuque, ou que la danseuse, dans le fond, souhaitait qu'il y goûte. La femme utilisa aussi "cascade sombre" plutôt que simplement chevelure. Vaelh soupçonna alors que sa crinière faisait la fierté de l'assassine et qu'elle y tenait énormément. Il faudrait essayer d'y mettre les doigts pour voir sa réaction.

Je suis peut-être une Ni'sa kun'tchuni pour toi, mais je suis une jeune femme qui ne s'est jamais appuyée sur le bras du sexe opposé. Ni du même d'ailleurs !

Il se retint in-extremis du lui coller un coup de coude en pleine face. Elle estimait être en droit de refuser ? Pauvre garce, va. A cette instant, Vaelh ne fut plus sûr de vouloir aller plus loin que ça avant d'avoir battu cette petite impertinente. L'envie était si forte qu'il eut un bref vertige avant de reprendre ses esprit.

Ne suis-je pas venue à toi en marchant ?

Tu sous entends que tu si tu as pu venir à moi en marchant, tu peux très bien te passer de mon bras ? Comme tu l'entends. Le but était surtout de te faire comprendre que tu n'es pas encore formé, que tu as encore tout à apprendre. Je trouverais bien d'autres moyens pour... Te le rappeler .

Comme ça, les choses était claires ! Ah, encore ce besoin qu'on les autres races de tenter de se mettre au même niveau que les Incubes et les Succubes. Vaelh pardonna en partie à la femme.

Alors qu'il se dirigèrent vers une auberge plutôt accueillante, l'Incube surveilla la démarche de la femme d'un œil expert. Aucun doute, elle disposait d'une élégance naturelle qui constituerait une excellente base pour les leçons. Il reporta son attention devant lui et, aussi subitement que ça, se mit à enrager en silence que ses charmes ne prennent pas plus sur cette femme. Il avait senti le cœur de la danseuse s'emballer seulement lorsqu'il s'était approché d'elle au point de la frôler. Un esprit incroyablement résistant... Mais cela ne l'obséda pas au point qu'il frémisse de satisfaction sous tous les regards envieux posés sur lui. C'est ça... Regardez moi, contemplez moi, larves..., pensa-t-il.

Encore une fois, ce fut l'incompréhension. Lutter contre le charme, l'envie et les désir... Stupide, parfaitement stupide. C'est comme lutter contre le besoin de respirer, de se déshydrater, de se nourrir. Ces races ne progresseront jamais si elles ne s'en rendent pas compte.

Le coupla entra dans l'auberge, immédiatement enveloppé par une indélicate nappe de fumée. Quelle horreur ! Tout le charme de l'endroit s'en trouva brisé et Vaelh le l'aima plus. L'aubergiste, un jeune elfe que le démon n'a pas encore prit le temps de détailler, les invite à s'installer à l'écart dans un salon privé. Ici, moins de fumée, moins de bruit, et plus de charme que dans la pièce principale. Ouf... Son élève commanda un peu d'eau, sans doute pour refréner d'inavouables ardeurs qui montaient en elle ; Vaelh s'apprêtait à congédier l'aubergiste trop collant... Et il croisa son regard. Un sourire joueur étira ses lèvres, il approcha de l'homme qui, malgré le charisme du bellâtre, s'avéra très peu timide.

Ah, pauvre de toi, je lis ton envie d'ici. Dommage que tu sois un mâle. L'Incube posa sa main sur la joue de l'homme comme il l'aurait fait avec une femme. Il ne devait pas laisser passer une occasion de profiter de la situation. Inutile de te justifier, va. Si je suis satisfait du moment que j'aurais passé ici avec ma disciple, si tu parviens à lui apporter autant de rafraîchissement qu'elle le désire et si personne n'entre ici -à part toi pour les boissons-, peut être... Peut être pourrais-je repasser, un jour.. Ou un soir.

L'elfe, d'une nature très ouverte, lui sourit simplement. Il n'avait aucune preuve quant aux dires du charmeur, mais il avait envie de tenter le coup. Alors il servit son eau a Nee'lhan sans se montrer avare sur la quantité et s'éclipsa avec un dernier regard pour l'Incube. Le comble ! Ses charmes marchent sur un mâle, mais pas sur une femelle ? L'ironie de la situation manqua de le faire rire, aussi décida-t-il de s'asseoir vers sa protégée, prenant sans même s'en rendre compte une pose relaxée qui invitait tout de même à l'épanchement de secrètes envies.

A chaque seconde, la Soif lui faisait souffrir mille morts. Il riva ses pupilles, si dilatées qu'on en voyait presque plus la corolle d'or, sur son élève en se mordant l'intérieur de la joue. Misère... Elle aurait tout intérêt à montrer de la gratitude pour ce qu'il allait lui offrir.

A nous deux, disciple... d'abord, j'aimerais que tu satisfasses mon incommensurable curiosité. Te souviens-tu dans ta lettre ce passage où tu te maudit d'apprécier la douce sensation que ma rune t'a fait ressentir. J'aimerais... J'aimerais discuter de ça avec toi. Oui, pourquoi tu t'en veux d'aimer quelque chose de si agréable ? Tu trouves ça "mal" ? Tu trouve ça "déshonorant" ? Tu trouves ça "impur" ?

Il avait sciemment choisit ses mots, les accentuant bien pour que la femme remarque d'elle seule que c'était des idées absurdes. C'était une méthode de persuasion assez simple : il suffisait de faire croire à la personne qu'elle tirait elle même les conclusions sur un problème donné alors qu'en fait elle y était menée par la même personne qui formulait la problématique.

Ensuite... Il prit un air sincèrement sérieux. Ensuite, tu dois m'expliquer très en détail ce que tu entends par "ensorceler la gente masculine" et ce que tu souhaite en tirer. Je te donne des exemples, attend. Tu veux ensorceler les hommes dans le sens où tu souhaite en faire tomber un amoureux de toi pour qu'il soit ton mari ? Tu veux les ensorceler pour exacerber leurs désirs pour qu'il devienne ton compagnon d'une nuit ? Tu veux simplement qu'ils aient envie de toi sans que tu leur donne satisfaction par la suite ? Tu dois être le plus précise sur ça pour que e t'enseigne les bonnes choses.

Allez, je t'écoute.

J'avais bien vu tout à l'heure que ma remarque avait fait réagir Vaelh, que cela ne lui avait pas plu et qu'il s'était retenu de je ne sais quel acte négatif. Bien, très bien même, car pour moi, ces êtres sont habitués à ce que l'on obéisse au doigt et à l'oeil. Pas moi qui suis un électron libre. Il est vrai que je lui ai demandé de devenir sa disciple mais je l'ai fait en toute connaissance de cause. Je cherche un "mentor" qui puisse m'apprendre sans forcément à être doux comme un agneau. Je suis ce petit mouton noir au milieu d'une troupe. J'aime que l'on me cadre et que l'on soit plus têtu que moi. J'ai plus confiance en ce style d'hommes que ceux qui prennent la sortie de secours dès qu'un "non" est prononcé.

Oh ! Vaelh s'approche de ce cher elfe d'aubergiste. Prenons-en de la graine, et observons. Pour cela, je me lève et déplace mon assise jusqu'au plus prêt du feu, sans perdre une miette de leurs gestes et des paroles de l'incube. Je me rassois et crains un instant la réaction de notre hôte. Je souris car Haldir (celui qui sert en elfique) revient vers moi avec une eau plus froide que je m'attendais. Parfait. Cela m'évitera d'invoquer mon sang enflammé avant que l'astre nocturne soit au plus haut dans le ciel. Mais puisqu'il repart, je reviens à ma place initiale, la chaise dans une main, mon verre dans l'autre. Juste au moment que l'incube me reparle de notre correspondance, rien qu'en y repensant, je bois une petite gorgée d'eau avant de me rasoir face à lui. Bien évidement, je plonge dans son regard avant de lui répondre. Tiens ! Ses pupilles ont changé. Un petit soupir s'échappe innocemment avant de lui répondre :

Avant de répondre, je souhaiterai savoir si votre capacité, incube ou succube, fonctionne aussi sur les êtres n'ayant jamais été... touché auparavant. Sur des hommes et des femmes purs de tout acte charnel ? m'enquis-je en reposant mon verre, posant mon index droit sous le menton, ongle vers ma gorge.

Si avec cela il ne comprend pas mieux... Dans un sens, ma question répond à sa première demande, même si cela est fait indirectement.

Maître, je désire seulement exacerber leurs plus profonds désirs sans qu'ils aient à me toucher, leur donner un début d'extase afin de profiter de cet instant pour les tuer sans qu'ils s'en rendent compte. Quoique je fasse, quoique je devienne, je resterai toujours une assassin même si je cherche à changer.

A peine ma phrase terminée, qu'Haldir revient avec un plat fumant d'émincés de jambon à l'os au fromage fondu et de chou. Je le remercie par un hochement de tête, commençant à être amusée de l’œillade qu'il fait à mon mentor.

Une douloureuse bouffée de chaleur fit soupirer l'Incube alors que ses yeux se révulsaient brièvement sous ses paupières closes. Son repas était juste devant lui, il n'avait qu'à tendre la main pour s'en emparer, pour le dévorer et le laissé vide de ses forces. Le fumet que Nee'lhan dégageait l'obsédait au point qu'il se serait presque mis à saliver !

Il inspira profondément. Il souffrait. Il souffrait pour contenter la danseuse. Lorsqu'il formula cette pensée ainsi il en fut dérangé. Il se faisait du mal rien que pour les beaux yeux de cette femelle ? Bah, qu'elle idée avait-il eut ?! Mais, à bien y réfléchir... ça ne rendait l'attente que plus atroce, et les dégustations qui suivraient seraient mémorables.

L'Incube sourit doucement quand la femme fut forcée de boire après qu'il ai évoqué leur correspondance. Cela l'enivrait de savoir qu'il l'avait mis dans tout ses état, mais il était aussi plutôt triste qu'elle semble avoir honte de ce qu'elle ai ressentis alors que ça n'était là que des sensations naturelles et plaisante. Quel dommage qu'elle n'ai pas plus d'ouverture d'esprit...

Avant de répondre, je souhaiterai savoir si votre capacité, incube ou succube, fonctionne aussi sur les êtres n'ayant jamais été... touché auparavant. Sur des hommes et des femmes purs de tout acte charnel ?

Il secoua doucement la tête, contrarié. Pour l'heure, c'était à lui de poser les questions. Il prit la parole d'un ton qui n'était qu'un soupir lascif tandis que son aura caressait la peau de la jeune femme, s'infiltrant par chaque port de sa peau.

Ah, chère élève, laisse moi t'expliquer une chose : quand je pose une question, j'attend que tu y répondes sans éluder. Je ne répondrais à tes interrogations seulement quand ma curiosité sera épanchée et si j'estime que tu le mérite. Est-ce clair ?

La voilà remise à sa place, cette sotte.

Maître, je désire seulement exacerber leurs plus profonds désirs sans qu'ils aient à me toucher, leur donner un début d'extase afin de profiter de cet instant pour les tuer sans qu'ils s'en rendent compte. Quoique je fasse, quoique je devienne, je resterai toujours une assassin même si je cherche à changer.

L'incube prit un temps de réflexion. Il devait être sûr de ne pas mal interpréter les souhait de Nee'lhan. Pour être sûr, il reformula. Au passage, alors que l'Efle les servait, il ne manqua d’entretenir l'effet qu'il lui faisait en laissant un regard lourd de sens couler sur lui.

Si j'ai bien compris, tu souhaites pouvoir charmer un homme dans le but de l'exciter suffisamment, émotionnellement et sexuellement parlant, pour qu'il baisse sa garde, le tout sans avoir à poser tes mains sur lui ? Tu souhaites faire de ton attrait une arme de diversion, c'est ça ?

A peine eut-il posé sa question qu'un effroyable doute lui glaça l'âme. Il se figea tout entier ... Avant de tirer brusquement la dague-plume de ses cheveux pour tracer une rune sur sa main. Il se leva, contourna la table et posa sa main fraîchement tatouée sur le ventre de Nee'lhan sans s’encombrer de lui demander son avis. "des hommes et des femmes purs de tout acte charnel"... Non... Non ... Non ! La rune sous sa paume s'était mise à chauffer.

Il retira brusquement sa main et recula d'un pas, frapper en plein visage par la découverte qu'il venait de faire. Un raz-de-marée d'émotion le submergea pour le laisser brièvement hagard... Il y avait là de la frustration, de la colère, de l'apitoiement... Mais aussi une énorme part de compassion. Il voyait Nee sous un œil nouveau.

Pauvre chose... murmura-t-il. Tu n'as jamais connu les bras de qui que ce soit, n'est ce pas ?

Il savait déjà que non, sa rune lui avait déjà donné la réponse, mais il avait besoin que ce soit elle qui le lui dise.

Ah, chère élève, laisse moi t'expliquer une chose : quand je pose une question, j'attend que tu y répondes sans éluder. Je ne répondrais à tes interrogations seulement quand ma curiosité sera épanchée et si j'estime que tu le mérite. Est-ce clair ?

C'était on ne peut plus clair. Je n'avais pas ressenti un tel et même frisson depuis mon départ de Sahawi. Car celui de la Toundra des Terres de Glace était totalement différent. Oui pendant un instant je m'étais éprise d'un mâle là-bas mais vite abandonné l'affaire car Uruloki et mon père m'avaient toujours enseigné que je ne pouvais pas être amoureuse. Et là, je refuse de regarder mon interlocuteur droit dans les yeux. J'ai beau avoir mon foutu caractère, je ne demeure pas moins qu'une femme. Quoique des fois, je me demande. Là je me demande comment faire. Comment puis-je éviter les questions ? Prendre la fuite ? Non cela ne me ressemble pas ! J'ai toujours, et cela restera ainsi, accepté ce genre de "défi".

D'ailleurs ce frisson... Me rappelle la myriade de sensations incompréhensible que cela m'avait procuré il y a deux semaines. Quelque chose me manquait, et ça je ne suis qu'entrain de le comprendre. Mais de là à l'accepter.... C'est une autre affaire.

Oui c'est bien cela mon Maître. Je ne suis pas encore prête à assouvir leurs fan... désirs. termine-je avec un peu plus de douceur dans la voix, que je m'étonne moi-même.

Je secoue légèrement la tête et observe les gestes de Vaelh. Je ne veux pas toucher à mon plat, je veux juste le regarder faire. Je suis bien loin de me douter de ce qu'il va faire et en temps normal, je reste méfiante. J'ai envie de me lever de ma chaise pour venir voir de plus près ce qu'il fait, mais je ne peux pas quitter ses mains. Pourtant... Pourtant l'incube ne se lève pas si vite, que je pourrais lui lancer mes aiguilles, ou mes dagues. Rien à faire ! Je reste sur à ma place et je le laisse m'approcher.

Et cette sensation étrange de main chaude sur mon ventre... NON RESISTE NEE' ! Comme lorsque j'avais passé mon index gauche par inadvertance, enfin plutôt en changeant de tenue, ces deux semaines passées. BOUGE NEE' ! NON ! Non ! non ne lui rép... Trop tard... Malédiction ! Voici que je lui réponds :

Effectivement, je n'ai jamais connu cela. Mais après tout, qu'est-ce que cela peut faire ? avoue-je sans pouvoir soutenir son regard cette fois.

Effectivement, je n'ai jamais connu cela. Mais après tout, qu'est-ce que cela peut faire ?

L'Incube laissa filtrer un titanesque soupir qui le vida complètement de son air, en même temps qu'il secoua sa main tatouée comme pour en chasser des gouttes d'eau. Quand il eut cessé son geste, la rune qu'il avait peinte sur sa mains s'était volatilisée. Dire qu'il s'était retenu, dire qu'il souffrait uniquement pour pouvoir consommer cette femme... Et voilà qu'il apprenait qu'elle était encore innocente ?

Le démon secoua la tête. Toute cette douleur supportée pour rien... Enfin, il aurait quand même pu dévorer la jeune femme, mais comme elle n'avait aucune expérience avec le plaisir, celui qu'il lui aurait fait subir -parce que "subir aurait été le terme le plus juste- lui aurait soit brisé l'esprit, soit fait cesser de battre son cœur. Même si les autres races était inférieure il rechignait vraiment être responsable de leur arrêt cardiaque pendant qu'il se nourrissait. Et puis c'était son élève dont il était question et il n'allait surement pas mettre fin à ses jours. Il fut un peu surpris d'avoir une pensée si protectrice pour elle, mais ne s'attarda pas à y réfléchir.

Il inspira, s'accroupissant pour pouvoir être à la hauteur de la danseuse. Pauvre chose... Il posa une paume douce contre sa joue en secouant doucement la tête.

?Si tu n'as jamais connu le plaisir, tu ne seras jamais la meilleure pour faire croire aux hommes qu'ils puissent en avoir avec toi.

A cet instant, l'idée de tout laisser tomber lui traversa l'esprit. Mais, après tout, cette élève ne constituait-elle pas un véritable défis ? Si, bien sûr que si... Une forte tête qui plus est.
Son regard se fit alors plus dur mais conservait cette note éteinte à cause de sa Soif. Son don prenant même sur les femmes intactes, il tâcha de le faire refluer pour que Nee' puisse penser correctement, en vain.

Cela ne fera que rendre les leçons plus compliquées, même peut être plus gênantes pour toi. La frustration et la rage risquent d'être au rendez-vous. Alors laisse moi te demander une chose. Est-tu vraiment prête à savoir ce que je sais ? Tu n'auras pas peur que ça réveille chez toi quelque instinct que ce soit ? Tu ne paniqueras pas quand les hommes te couleront des regards on ne peut plus suggestifs ? Tu sauras faire des efforts pour essayer de comprendre des choses que tu n'as jamais vécu ?

Eh bien... avec son petit discours, il s'était motivé lui même ! Nee'lhan avait intérêt de montrer un enthousiasme débordant. Les leçons seraient compliquées, tout ceci ne serait qu'un casse-tête... mais un casse-tête intéressant !

Pourquoi suis-je un peu attristée de son état ? Je ne devrais pas pourtant. Ce n'est qu'un incube, et il doit être habitué à ce genre de situation ! Non ? Bon, pour faire plaisir à Haldir, je vais goûter un peu à son plat. Quel fin cuisinier ! Les épices ni trop fortes ni trop douces coulent dans la gorge comme le plus doux des miels coulant le long d'une branche et tombant au goutte-à-goutte. Laissant comme un voile de multiples saveurs sur le palais. Ah si l'amour pouvait être comme la cuisine de cet elfe mâle ! J'accepterai d'y succomber une fois ou d... NON MAIS ARRETE NEE' !

Lorsque Vaelh s'agenouille pour être à peu près à ma hauteur, je me tourne un peu pour être face à lui. Mais sa main... sa main sur ma joue... En d'autre temps, je l'aurai rembarré en lui faisant lâcher rapidement la main puis lui briser cependant je n'y ai pas le coeur. Je ne fais que poser la mienne sur la sienne et le regarder droit dans les yeux.

Apprends-moi... murmure-je une fois qu'il a fini de parler.

Non mais attendez un peu ! Pourquoi faut-il que je parle si bas ? J'ai entière confiance en l'aubergiste. Certes mon amie l'Archevêque démoniaque ne sera pas très contente si elle vient à l'apprendre, mais oui ! Je suis certaine de ce que je veux.

Je ne reviens jamais sur mes décisions ! dussé-je en mourir ! dis-je plus sérieusement en parlant d'une voix normale tout en lâchant ma main sur la sienne.

Un court instant je ferme les yeux tout en réprimant un frisson.

Maître... Je ne serai pas votre égale et ne le cherche pas. Je suis prête à surmonter tout cela, quelques soient les difficultés ! affirme-je en me levant lui rendant un regard sérieux et décidé.

C'est plus fort que moi ! J'ai beau être aussi têtue qu'une mule, il faut que je cache certaines choses. Je retire enfin ma cape avec grâce pour la poser sur la banquette, puis, débarrasse la table. Je franchis la porte pour amener cela à notre hôte qui me demande si tout va bien et me tend un verre d'eau bien froide, commençant à bien me connaître.

Il est rare de vous voir dans un tel état. La première fois même ! relève-t-il un sourire et un regard taquin.

Ne parles pas trop fort ! Je ne veux pas que cela se sache. La discrétion je te prie. me mets-je à demander froidement, plus que je n'aurai voulu.

Mes barrières sont mes barrières et je ne plains pas forcément celui qui arrivera à les faire baisser. Je ne sais même pas si mon mentor d'incube est dans l'encadrement de la porte et a entendu l'échange verbal avec notre elfe, mais tant pis.

L'Incube se rendit compte trop tard que son geste était imprudent. Si cette femme était l'assassine qu'elle prétendait être, rien ne l'aurait empêché d'abattre le démon à la distance où il se trouvait ! Mais... L'important était d'avoir capté son attention.

Apprends-moi...

L'Incube sonda son élève de ses pupilles dilatées, s'assurant une dernière fois qu'elle parlait selon sa propre volonté. Elle semblait vraiment, vraiment sincère... Mais son timbre avait été bas. Pourquoi ? Avait-elle peur qu'on apprenne qu'elle puisse implorer autrui de la sorte ? Ne voulait-elle pas qu'on sache qu'elle avait besoin d'un professeur ? Non, non. C'était autre chose, mais quoi ?

Je ne reviens jamais sur mes décisions ! dussé-je en mourir ! Maître... Je ne serai pas votre égale et ne le cherche pas. Je suis prête à surmonter tout cela, quelques soient les difficultés !

Plus de retour en arrière possible, dans ce cas. La femme s'était levée pour aller quémander une autre boisson fraîche. Parfait, cela laissait le temps à Vaelh d'ordonner ses pensées en soufflant pour repousser cette horrible Soif. Il fit un gros effort de mémoire pour se souvenir de son adolescence dans la Cabale de Pourpre Lame, et de la manière dont on enseigne aux jeunes à séduire.

Quand il émergea de ses souvenirs, il fit signe à Nee'lhan d'approcher. Il s'assit sur l'une des banquette, soupirant doucement. Il usa d'abord d'un ton pensif

Le meilleur moyen de te faire connaître le charme est de faire comme si tu étais une jeune Succube de ma Cabale à laquelle on enseigne les rudiments de cet art ; et la toute première leçon était... Ah, oui, définir le charme personnel.

Il laissa s'écouler un moment. Il n'avait jamais été formé pour être un Sybarite, l'un de ces éducateurs pour jeunes Incubes et Succubes, aussi formuler ses pensées ne fut pas simple. Pour se donner de l'assurance, il parlait d'un ton plus déterminé qui laissait sous entendre à la danseuse qu'elle ferait mieux d'écouter sous peine que ça aille mal pour elle.

Le charme personnel est une partie de ton identité elle même. Lorsque tu décides séduire une personne avec ce charme là, il doit laisser transparaître à ta proie qui tu es.
Je sais de toi que tu es une danseuse. Bien. je t'apprendrais donc à approcher tes cibles avec un pas bien spécifique qui suppose que tu saches faire onduler tout ton corps.
Je sais que tu as des manières. Tu as été éduquée, et ce raffinement devra transparaître dans tes gestes.
Et ... Tu es meurtrière. On doit le sentir aussi, même si c'est ton secret. Tu penses sans doute que c'est stupide, mais au contraire... Quand le mâle d'en face va appréhender une fraction de ta dangerosité il comprendra à quel point il voudrait te soumettre, à quel point il voudrait te dominer pour se prouver à lui même qu'il est au dessus de toute menace. Ainsi sont les mâles des autres races. Aucun ne fait exception, c'est dans leurs instincts.
Le plus dure sera que ta cible comprenne donc qui tu es... Sans en savoir trop. Ainsi, sa curiosité sera piquée au vif et il voudra en savoir plus sur toi. De ce fait, même pas besoin que tu l'approches puisque c'est lui qui va venir à toi !

Il tapota la place adjacente sur la banquette, invitant sa disciple à s'y asseoir.

Bien sûr, tout ceci devra être naturel. Cette partie ne sera pas compliquée... après tout, tu es ton propre charme personnel, tu ne feras que montrer qui tu es. Il ne faut simplement pas avoir peur de se dévoiler un peu.
Bien... Ensemble, nous allons clairement définir ce charme unique que seule toi vas posséder. Tu dois d'abord me montrer quelle genre de danse tu pratiques. En même temps, parle moi de ton passé et voyons si on peut en exploiter un élément ou deux. Tu termineras par une démonstration de tes talents martiaux... Sur ma propre personne. Sans me tuer ni me briser un membre, il va sans dire. J'ai besoin de connaître ton style.

Il ajouta d'un ton plus ferme, autoritaire

A toi de jouer. Montre moi toute ton originalité.

Je peux avec soulagement, voir que Vaelh n'est pas dans l'encadrement de la porte mais plutôt entrain de s'asseoir sur une des banquettes dans une position assez détendue. Ce que je peux ne pas aimer quand il soupire ! Je sais très bien que je ne suis pas une de ces succubes et que l'incube doit fournir de gros efforts pour ne pas sauter soit sur l'aubergiste soit sur... m o i. Noooon pas possible. Je ne suis pas une de ces belles femelles qu'il apprécie. Une envie irrépressible de secouer la tête pour chasser cette idée. Ce n'est que lorsque mon interlocuteur me dit "....comme si tu étais une jeune succube..." que je m'approche de lui à distance raisonnable. Mais son parfum... Vite, penser à autre chose. La rose de glace d'Esenheim ? Bien qu'elle était belle, non. La petite entrevue avec notre Amiral Asmodan ? Bien que fort intéressante, non. Les lettres de mon premier correspondant ? Vaelh... Non mais ça ne va pas du tout. Il faut que je me concentre car je prends cela comme une leçon. Et dire que je souris car il est bien plus intéressant que le mage qui nous faisaient les leçons sur l'anatomie, et autres, étant jeunes.

Je ne peux même pas lui poser des questions quant au pas bien spécifique. Comment lui dire que pour moi onduler de tout mon corps est naturel. Pourquoi ? Parce que je suis l'élémentale de feu avant tout. Et que les flammes dansent, vacillent, évoluent ou diminuent au gré de l'entourage. Par la suite je suis une assassin, puis une danseuse et enfin, une empoisonneuse. Je reste un instant rêveuse car j'observe mon environnement afin de voir et de prévoir ce que je vais pouvoir faire.

Le bruit d'un tissus, d'un cuir que l'on tape me sort de mon état de plongeon intérieur. C'est Vaelh qui me fait signe de m'asseoir. Près de lui ? Quoi ? Se dévoiler ? Un peu ? Il parle métaphoriquement ou physiquement ? Je ne fais que hausser les épaules, je verrai bien. Et je vais devoir tout mêler ? En même temps ? Est-ce vraiment nécessaire ? Mais vu son air autoritaire... Qu'il n'est pas désagréable à être ainsi ! Celle à qui je livre une partie de mes secrets n'est autre que notre Archevêque Bordeau. Bon je vais tâcher de faire un effort.

Je suis qu'une fille du feu qui à 7 ans a vu que sa mère se sacrifier à la Montagne aux Phénix. dis-je en imitant une flamme naissante, jouant avec tout mon corps.

Puis je me mets à virevolter autour des tables, en venant le frôler comme à la réception.

Ayant appris l'art de l'assassinat de la tribu par mon père et la danse et le poison par ma belle-mère, une ancienne Pro d'Aile Ténébreuse. continue-je en enlaçant Haldir tout en dansant, qui lui vient me ramener de l'eau fraîche et proposer une boisson à Vaelh. Repartant aussitôt chacun de notre côté.

Mais... je l'ai décimé elle et ma tribu pour la honte, l'irrespect, mais également de m'avoir doublé et trahi. Je n'aurai pas soigné un dragon si tout cela n'avait pas existé. explique-je en venant vers lui d'un pas fluide et silencieux pour finir à demi cambrée face à lui.

Lorsque je me redresse, plantant mon regard contenant une infime lueur de gêne à devoir en parler, dans celui de mon interlocuteur ; je repars avec le même déhanchement subtil qu'il me connait. Oui je me dirige vers la table non loin de lui, y monte pour m'y allonger sur le dos de manière à avoir ma tête vers lui. Je ne m'arrête pas là. Je tends ma jambe gauche et plie ma droite. Ma tête, je la penche en arrière de manière à pouvoir le voir. Même à l'envers. Puis, telle une langue de feu paresseuse je ramène mes mains frôlant mon corps pour venir me les poser dans les cheveux.

Et depuis, je vous ai rejoints. Fin de l'histoire de la jeune femme de feu. termine-je en me détachant les cheveux, les laissant tomber en cascade sur le sol, accompagnés du bruit de ma barrette en argent.

Non, je ne m'arrête pas là. Mes aiguilles, pour cette soirée, n'étaient pas enduites de poison. Puis, sans pour autant viser, je lance les 4 d'un coup sec et vif, vers la carotide, l'aine, l'épaule gauche et le mollet droit.

D'un coup, je me sens comme éhontée non pas d'avoir usé ainsi de mes arts sans avoir utilisé le poison et le feu ; mais de l'avoir fait. Malgré le ton impérieux qu'il avait utilisé. Il ne manquait plus que cela... mon tatouage originel me chauffait légèrement le dos.

La danseuse avait mit un certain temps à s’exécuter. La faute à l'une des innombrables gênes ou barrières morales que les autres races chérissent tant. C'en devenait tellement ridicule que Vaelh eut une envie aussi brève qu'impérieuse de ruer de coup tout être qui s'imposait pareilles limites. Là... C'était passé, du calme... Il se concentra plutôt sur son élève.

Je suis qu'une fille du feu qui à 7 ans a vu que sa mère se sacrifier à la Montagne aux Phénix.

Plutôt que de chercher à la questionner pour mettre un sens sur pareille déclaration, l'Incube riva des pupilles inquisitrices sur les courbes de la femme. Un tel regard n'avait, malgré la Soif, rien de pervers. Il était simplement lourd d'une expérience séculaire, si oppressant qu'il pouvait mettre à jour bien des secrets. Le premier mouvement de la femme avait été on ne pourrait plus clair. Une flamme, petite, chétive, naissante, grandissante, consumant lentement ce combustible qu'est la vie.

Devenue toupie, elle avait évolué jusqu'au démon pour le frôler. Le geste lui rappela la réception. Il hocha très subtilement la tête, si discrètement que Nee'lhan ne parvint pas à s'en rendre compte. Il lui témoignait un peu d'appréciation... En réprimant de justesse un râle de plaisir quand la caresse eut effleurée sa peau rendue hypersensible par les mille et unes runes peintes dessus.

Le plaisir ressentit s'évapora comme une goutte d'eau lâchée en plein désert, ne laissant qu'un abominable vide douloureux que la Soif ne manqua pas de transformer en un manque abyssal. Encore, Encore une caresse... Tu veux encore une caresse, tu dois en avoir encore une, lui soufflait la malédiction. Encore une fois, Vaelh lutta.
Pas maintenant, pas avec elle.

Ayant appris l'art de l'assassinat de la tribu par mon père et la danse et le poison par ma belle-mère, une ancienne Pro d'Aile Ténébreuse.

Petite flammèche devint vraie flamme, fillette devint femme. Ses mouvements étaient d'une grâce stupéfiante, même du point de vue d'un Incube. Plus que de simples gestes, ils étaient vecteurs d'une histoire et d'une personnalité propre, unique. La danseuse parlait plus avec son corps que sa voix. L'Elfe fut happé par ce petit ouragan de chaire chaude pour être relâché quelques seconde après. Libre, il était allé chercher des rafraîchissements. Sans s'en rendre compte, Vaelh le chassa d'un signe dédaigneux de la main. Il était trop concentré et occupé pour qu'on le dérange.

Mais... je l'ai décimé elle et ma tribu pour la honte, l'irrespect, mais également de m'avoir doublé et trahi. Je n'aurai pas soigné un dragon si tout cela n'avait pas existé

Elle était maintenant toute proche, offrant une vue sans pareille sur ses formes appréciables. Comme elle venait d'offrir un secret à l'Incube, elle offrait son corps à ses yeux d'une bien élégante manière. Il ne se fit pas prier pour l'inspecter sous cet angle inédit, sans faire montre de la moindre once de gêne quel que soit la destination prise par son regard. De toutes façons, on se s'offre pas ainsi à moins de vouloir être vu entier.

Une vague d'exaspération enflamma tout le corps du démon lorsque celui-ci nota cette putain de minuscule lueur de gêne pernicieuse, néfaste, dégoûtante et ridicule dans les émeraude de l'élémentale. Encore une fois, sa détermination fut ébranlée alors qu'elle était déjà mise à mal par la Soif . Il fut forcé de produire un effort monstre pour ne pas aller étrangler cette femme à la vie alourdie de hontes fictives. Se calmer, se calmer...

Sans s'annoncer, la danseuse s'éloigna, portée par un déhanché pour lequel les hommes se seraient volontiers damnés. Avec une lasciveté innée elle s'allongea sur la table pour y adopter une pose provocatrice. Vaelh, pour le coup, fut pris de cours. Il ne s'était pas attendu à ce qu'une femelle d'apparence si innocente, qui disait na pas avoir connu le plaisir de la chaire, puisse connaitre ces gestes si sensuels. Une bien étrange personne que celle-ci. De plus en plus intéressant...

Ses sens et ses instincts à vifs à causes des runes, l'Incube vit presque au ralentis le bras de la femme s'agiter pour... Prendre ses aiguilles ! La misérable garce... Elle le visait avec l'intention de le toucher ! Comme dans un rêve, Vaelh vit quatre traits d'argent rayonner en plein vol quand la lumière du jour accrocha leur revêtement. Grâce à ses réflexes d'Incubes il plongea sur le côté sur à temps pour éviter les projectiles. Enfin, tous sauf un : celui qui ne lui laissa qu'une fine entaille de le mollet. Oh, une coupure tout juste visible, assez large pour ne laisser filtrer qu'une goutte rubis.
Pourtant...
L'entaille avait été creusée en plein sur l'une des runes. Aussitôt, Vaelh s'affala sur la banquette en poussant un hurlement silencieux. Sa bouche s'était ouverte si grand que sa mâchoire risquait de se rompre en une vaine tentative instinctive d'aspirer un trop plein d'air. Ses pupilles s'étaient dilatés au point que ces yeux n'étaient plus que deux lacs de noirceur. Et au fond de ces étangs corrompus... La Soif, vicieuse, malfaisante, destructrice et cruelle. L'espace d'un tout petit battement de cœur elle se révéla au yeux de la danseuse, lui offrant de comprendre à quel point elle pouvait faire souffrir ceux de la race du démon. La Soif était là, forte, grande, vêtue d'une cape de folie qu'elle posait sur la conscience de sa victime comme un voile.

Puis l'or des yeux de l'Incube revint alors qu'il tremblait. Roulé un instant en boule sur la banquette, il lui fallut plusieurs secondes avant de laisser enfin filtrer un petit son, celui du gémissement que pousse un supplicié quand sa torture s'achève. Comme s'il était saoul, il se redressa gauchement en posant ses doigts avec précaution autour de la minuscule entaille qui n'aurait pourtant même pas fait pleurer un gamin.

Il reprit alors la pleine possession de ses moyens et en même temps laissa germer dans son esprit malade un écrasant besoin d'une violente vengeance. Il voyait déjà son élève agonisant dans son propre sang, ouverte du nombril à la gorge.
Il fallait qu'elle paie pour l'avoir blessé, pour lui avoir fait enduré une souffrance pire que la mort elle même.

Usant de sa vitesse supérieure à la norme, il se leva d'un bond, main levée, prêt à enfoncer le nez de Nee'lhan dans son visage pour la laisser laide jusqu'à la fin de sa vie. Son faciès était devenu un masque de haine pure aussi superbe que terrifiant. Au dernier instant, il réussit à se figer. Non... S'il la frappait, le choc lui secouerait tout le bras, et vu le nombre de rune qui y était tatouées... Il faudrait attendre pour la vengeance, mais il se jura de faire connaître le vrai sens du mot douleur à cette petite salope.

Il s'en retourna à sa place pour masser un instant son front que la peine avait rendu moite. Survint alors l’événement le plus déconcertant de la soirée, plus encore que sa brusque envie de battre son élève ou l'improbable douleur ressentie pour une ridicule coupure : il redevint instantanément le "Vealh professeur" d'il y a quelques minutes, comme si la scène des aiguilles n'avait pas mal tournée.

Heureuse nouvelle... Tu sais déjà touuuuut un tas de chose. Oh, tant de choses... Inconsciemment, tu sais... Donner un souvenir. Oui ! A la réception, tu m'avais frôlé, tu m'avais fait me souvenir de toi par ce geste inédit. Là, tu me frôle à nouveau comme au banquet, et tous les souvenir qui y sont liés remontent d'un coup. j'ai été un instant noyé sous tout ce que j'avais ressentis ce jour et là l'espace d'un fugace moment, tu était la seule qui occupait mes pensées. Très bien... Ça n'était par contre pas quelque chose de volontaire. Je t'apprendrais à penser à cette technique, à l'appliquer seulement si tu le souhaite, pas sans y faire attention.

Il secoua la tête pour réprimer un violent torrent d'images et d'idées lubriques que la Soif lui balançait dessus.

Par contre, ta danse en dit trop sur toi. Peut être ai-je cette impression parce que tu m'expliquais en même temps, mais... Hm, je pense que tu fais peut être trop ressortir la "flamme" qui brûle en ton sein. Si ta proie devine tout de toi, comment veux-tu qu'elle ai envie de t'aborder ou de se laisser aborder ? Plus de mystère, plus d'envie. Penses-y...
Mais revenons plutôt à ton déhanché pour cette fois. Tu voulais apprendre à charmer sans avoir recours à la danse, alors tu vas apprendre à marcher.

Le charmeur fou se redressa. Et là, spectacle insolite, il parvient à reproduire l'exacte pas de Nee'lhan. Sont déhanché devient celui d'une femme mais, saisissant contraste, toute sa personne parvint à conserver toute sa part de virilité. Ce mélange insolite lui donne un charme si exotique qu'on ne saurait dire si on aime ou pas... Les mâles humains auraient été affligés de devoir se livrer à une telle imitation, mais le démon, au contraire, semblait trouver ça naturel, pas choquant du tout. Il désigna le bas de son corps.

Vois-tu comme tu marches ? C'est trop fluide, trop dansant, on devine directement que tu sais jouer de ton corps. Lèves-toi, fit-il d'un ton qui ne laissait pas de place pour la discutions. Marche à côté de moi avec ce même déhanché, et doucement nous allons le faire évoluer.

Tandis que la femme l'accompagnait, Vaelh modifia sa démarche très subtilement, à chaque pas. D'une démarche légère, gracieuse, artistique même, il était passé à un pas plus "neutre" mais qui laissait quand même transparaître une part d'identité de la femme. Le pas était sûr... Mais le port général du corps renvoyait à de la méfiance et une note de dangerosité, comme s'il était prêt à brusquement changer de direction pour s'éviter de tomber dans un piège qu'ait pu être une trahison et comme si chaque pas avait pu fournir un bon appuis pour porter une attaque.
Il reprit plus bas, sur le ton du secret, de la confidence. Son savoir était rien que pour son élève.

Tu vois ? Comme ça. Laisse ton corps dire qui tu es... Sans tout dire. Bien, bien, exerces toi, je te regarde. Tu ne dois pas tout livrer. je dois pouvoir deviner des choses sur toi... Mais des choses incomplètes pour me donner l'envie de te demander des explications ! Là.. Là, en te regardant, je vois un pas très subtil. Je me dis... "où a-t-elle appris à se mouvoir ainsi ? Est-ce comme ça que font les femmes d'où elle vient ? A moins qu'elle soit... une combattante au style léger ? Ou peut être une danseuse ? Qui plus est, elle semble plutôt sur ses gardes. ça pourrait confirmer le fait qu'elle soit une combattante... A moins que ce ne soit parce qu'elle cache quelque chose, un secret, une faiblesse ou une peine ?" je me pose des question, et plus je m'en pose, plus il m'en vient d'autre.
A ce stade, tu obsèdes ta proie.

Maître... je connais plusieurs danses et vous avez voulu que je vous montre ce dont je suis capable. dis-je en me mettant sur le ventre pour voir ce que je venais de commettre.

Voyant que je l'avais blessé malgré tout, je me lève rapidement tel une panthère du désert pour retrouver face à lui. Moi qui suis prête à m'excuser, à le soigner, mais de le voir aussi rageur me fait reculer de trois pas, à me heurter contre la table. Mais au final, je me mets à genoux à un pas de lui. Je veux juste voir l'étendue des dégâts puisque je n'ai pas usé de ma capacité de la vue d'élémentale.

Par la chaleur des plaines de Sahawi ! Quel étrange retournement de situation ! Et voici qu'il me parle tout aussi calmement qu'au début de ma leçon. Non mais je rêve ! Mais c'est qu'il se fiche de moi en plus à me parler ainsi ! Il me prend vraiment pour une minette de pacotille ?! Ce n'est pas que je ne me prend pas pour une chose importante mais avec ce qui vient de se produire, je reste sur mes gardes, même si j'ai l'esprit un peu occupé. Je cherche à comprendre pourquoi cette forme de haine et d'a... non je dirai plus du respect.

Tant et si bien que c'est avec un soupire que je me place aux côtés de Vaelh pour l'accompagner dans ses mouvements. Les pas vu de loin paraissent faciles, mais lorsque l'on se retrouve confronté à les faire soi-même, c'est tout un art, une délicate affaire. Il me faut un sacré moment afin de reproduire à l'exactitude ce que me demande mon nouveau mentor. Et encore... je n'y arrive pas totalement comme l'incube souhaite. Ce n'est pas chose aisé de marcher comme un mâle. Surtout depuis que j'accepte pleinement et me cache de moins en moins de mes origines. Mais voici que je m'arrête.

Maître... comment voulez-vous que je parvienne à mener cet exercice à la perfection alors que je n'ai pas connu d'hommes ? Même si je passe mon temps à observer avant d'agir... m'enquis-je en me mettant face à lui pour le regarder.

Oui, je pose des questions car j'aimerai simplement comprendre. Je verrai bien si mon interlocuteur se fâche. Ou non.

Vaelh avait déjà assez de mal à contrôler ses nerfs, sa Soif, sa colère depuis la blessure sans qu'en plus cette femme ne parvienne même pas à reproduire un simple pas ! Ah, Dieux...

Maître... comment voulez-vous que je parvienne à mener cet exercice à la perfection alors que je n'ai pas connu d'hommes ? Même si je passe mon temps à observer avant d'agir...

Qu'est ce que ça peut bien faire que tu soit encore vierge ? Dit-il franchement. Je te demande simplement de reproduire mon pas. C'est facile ! Regarde, j'ai même pris une démarche un peu efféminé pour que l'exemple soit plus probant...

Que de dépit. Si elle avait des difficulté simplement pour ça, ils n'étaient pas sortis de l'auberge. Cependant tenace, Vaelh la guida pendant encore quelque minute, corrigeant tantôt ses erreurs avec douceur, tantôt de manière sèche. Les brusques changement d'humeur pouvaient déstabiliser la jeune femme, mais il faudrait qu'elle s'y fasse.

Bien... Arrête toi, on retravaillera ça plus tard. Je vais plutôt t'apprendre à lancer un défis. C'est quelque chose de simple à la portée des plus mauvais... Si tu ne réussis pas ça, je ne sais pas ce que je vais faire de toi !

Il laissa filtrer un soupir un peu agacé. Quelle entreprise, cet apprentissage... Iraient-ils au bout ?

De part ton physique appréciable et ton pouvoir d'élémentale, tu n’auras aucun mal à te faire remarquer. C'est déjà une bonne chose. Attirer l'attention de ta cible est une étape cruciale. Si elle ne te voit pas, trouve une astuce : passe toi la main dans les cheveux, fait tomber un petit objet pour le ramasser sous ses yeux... Qu'importe. Une fois qu'il t'a vu...

Il partit s'asseoir sur la banquette, faisant signe a Nee'lhan de se positionner sur une chaise.

Dans notre monde, les mâles des autres races -stupides qu'ils sont- pensent qu'il sont supérieurs à leurs femelles. Une grosse farce, mais tu peux tourner ça à ton avantage. Les mâles se voient comme des prédateurs perpétuellement en chasse pour satisfaire leurs envies de domination et leurs appétits. Dans sa tête, il doit être plus fort que la femme, il doit avoir l'ascendant dessus. Bien sûr il y a des exceptions... Mais c'est une corde plus ou moins sensible chez chaque homme. Pour exploiter cette faiblesse tu dois provoquer le mâle, le mettre au défis d'oser t'aborder. Regarde bien. Je joue la femelle et toi le mâle.

Il adopta alors une posture droite, tout à fait digne de celle d'une femme, sans aller jusqu'à croiser les jambes. Il ne lança à la l'élémentale qu'un bref regard avant de vite détourner les yeux.

Là vois-tu, nos regards se sont croisés. Le mâle (toi- va chercher à savoir si c'était accidentel. Du coup, tu vas continuer de me fixer. A cette instant, je te lance un second petit regard. Il s’exécute. Je te fais ainsi savoir que je t'ai remarqué mais comme je n'ose pas vraiment te regarder, je sous entend que tu m'intimides. C'est facile non ? Tu vois, on peut beaucoup communiquer avec le corps.
A cette instant, le mâle est intéressé. Tu l'as provoqué, mais peut être n'ose-t-il pas encore venir. Qu'à cela ne tienne ! Lance un nouveau regard, plus long, en te concentrant plutôt sur son corps que ses yeux. Quand tu l'as bien détaillé, que ton regarde à dévoré son physique tout entier, tu redresses les yeux dans les siens. Là, joue la surprise, tu as un peu honte de t'être fait remarquer en train de le dévorer des yeux. Tu peux même ajouter un petit sourire gêné. Vous y tenez tellement à votre gêne de toutes façons, vous, les autres races... ça fera crédible.

Il se redressa, indiquant à son élève d'inverser les rôles et les places.

Allez, hop. A toi. Provoque moi ! Donne moi cette bête envie de te soumettre pour mieux profiter de toi par la suite ! Fit-il sur le ton du défis pour booster un peu la motivation de sa disciple.

Bien... Arrête toi, on retravaillera ça plus tard. Je vais plutôt t'apprendre à lancer un défis. C'est quelque chose de simple à la portée des plus mauvais... Si tu ne réussis pas ça, je ne sais pas ce que je vais faire de toi !

Bon, bon, bon, même si je trouve mon mentor attirant quand il est fâché, il va falloir que j'arrête de jouer avec ses nerfs. Je vais lui montrer ce que c'est d'avoir à faire à une entêtée d'élémentale. Non, je ne m'arrête pas de marcher alors qu'il me le demande. Je marche la tête haute, aussi fièrement qu'un paon faisant une parade. Encore quelques pas. Oui ! ça y est ! j'ai ce qu'il me demande. J'y parviens désormais et je suis fière de lui avoir tenue tête un court instant. Lui ai-je déjà dit que je suis perfectionniste ? Tant pis. Je dois apprendre de lui, alors qu'il apprenne un peu de moi. Je ne vais pas tout dévoiler non plus. Tant qu'il ne me demande pas de me départir de mes vêtements, tout ira bien.

Flatter l’ego du mâle pour mieux endormir sa vigilance... C'est ce que je fais à chaque fois. Surtout lorsque je danse. Mais je peux également agir avec rapidité. murmure-je en pensant aux hommes-creux de la Terre d'Adhès.

J'accepte enfin de m'asseoir pour l'observer et l'écouter. Je ne suis pas aussi docile que l'on peut penser au point que je prends la chaise sans la retourner et m'y assois en appuyant mon buste contre le dossier. Je m'y accoude, croise les doigts pour y poser mon menton. Bien sûr que je regarde Vaelh et je ne peux pas le décrocher.

Il est parfois cette lueur dans les regards dont nous n'avons même pas conscience, à moins d'être imbu de soi-même, d'être narcissique. Une expression qui dit que l'on en veut plus, que cela nous satisfait pas, que l'on a besoin de pousser nos limites au point de baisser ses barrières sans s'en rendre compte. Non pas une petite lumière lubrique ou de luxure, mais simplement sensuelle. Quoique... à la réflexion, il paraît qu'il y a des femmes qui en sont capables de l'user à dessein. Moi, pas. Serait-ce cette lumière que l'incube a vu dans mes yeux d'aventurine alors que nos regards se croisent ?

Quoi ??? Observer le corps plus longuement, alors qu'il me suffit de quelques secondes pour voir les points faibles ? Un petit soupir s'échappe de ses lèvres. Je n'ai jamais eu ce besoin, cette envie de le faire. A part.. trois hommes, peut-être quatre mais guère plus. Zaïthan, mon supérieur Esenheim et lui mon mentor. Peut-être Roxo, mais cela... c'est une autre histoire. Lui, le vampire, c'est parce que je ne connaissais pas la constitution vampirique et que je restais méfiante.

Et dire que désormais mon instructeur me demande d'inverser les rôles. Un nouveau petit soupir. Alors je prends mon verre d'eau de nouveau rempli, me lève et me dirige vers lui. Le provoquer ? Mais je vais encore mal faire, et là, il risque vraiment de s'emporter. A moins que.... A moins que je fasse comme pour le coup de la table mais en plus subtil.

Je pose ma boisson fraîche sur le dossier de la banquette, puis, contre toute attente, me positionne de côté, comme si je regardais la décoration du mur perpendiculaire. Bien sûr que je le regarde un bref instant du coin de l'oeil. Mon bras gauche est positionné sur mon ventre tandis que l'index de ma main droite caresse l'arrête nasale rêveusement. Peu de temps après, je me retourne avec lenteur de tel manière que ce n'est pas un geste calculé. En apparence. Par la suite, je prends mon verre où je pose le bout de mes lèvres sur le bord tout en regardant l'incube pardessus.
Une fois une gorgée avalée, je prends soin de ne pas passer le bout de ma langue pour sécher ma bouche.

Ce que je n'ai pas prévu, c'est la goutte d'eau qui s'échappe de la commissure en reposant le verre de la même manière.

Dire que Vaelh était exaspéré aurait été un euphémisme. Quand il disait stop, ça ne voulait pas dire "dans quelques instants". Son élève avait cependant mit ce temps à profit pour perfectionner son pas jusqu'à un résultat à peu près correcte, mais il fallait la remettre à sa place.

Tu sais... Quand je te donne une consigne, j'entend qu'elle soit vite appliquée. Je me fiche que tu sois une forte tête, une indépendante, une fille avec du caractère, blablabla... Je donne une consigne, tu l’exécutes. Si tu ne sais même pas faire ça, tu compte progresser comment, sérieusement ?

Il se massa alors les tempes, retenant brièvement son souffle pour faire refluer une grosse vague de chaleur due à la Soif. Si Vaelh nota quoi que ce soit dans le regard de la jeune femme, il n'en laissa rien paraître. D'ailleurs, il ne fut pas plus ému quant à la posture que la danseuse adopta sur sa chaise.

Le maître regarda l'élève tandis qu'elle se mettait en place pour l'exercice. Il se permit de commenter en temps réel.

Hm, un air ailleurs plutôt naturel, c'est bien. Oui, comme ça le coup d’œil, surtout pas plus long, juste histoire que l'homme se sente observé. Ah, très bien, l'utilisation du verre, vraiment. Pour une fois, aucun sarcasme dans sa voix ; mais d'un coup... Cesse ! Tu en fait beaucoup trop. C'est un verre d'eau que tu consommes. Tu te pourlécherais ainsi les lèvres juste pour de l'eau ? Non. Ce simple geste à ruiné toute ta performance. Tu m'as d'avantage rappelé une catin qui en fait trop qu'une simple femme avec l'envie de séduire. Pas de coup de langue pour un simple verre d'eau. Avec les vins passe encore, mais ça doit être très, très discret.

Il secoua la tête, la Soif plus ce petit incident ayant minés sa patience pour de bon. Il se redressa.

Assez pour aujourd'hui, la Soif me fait trop de mal. Tu exerceras ton pas et le défis pendant quelques jours, puis tu recevras un courrier pour ta seconde leçon. j'espère que ce sera un peu moins décevant que ça !

En clignant plusieurs fois des yeux après avoir posé sa main sur son ventre, il était sortis, traînant avec lui un nuage de charme surnaturel si dense que le traverser aurait pu mettre à genoux une femme faible d'esprit en un instant. Il n'avait pas daigné saluer le jeune Elfe qui, lui, fit quand même l'effort de lui adresser un sourire poli.

J'écoute les commentaires, les dépréciations et les appréciations de mon mentor et ce n'est que lorsqu'il fait le commentaire de l'exagération que je me rends compte de la goutte d'eau. Je m'en rends compte pour la simple bonne raison qu'elle glisse paresseusement le long du cou pour s'évanouir sur l'épaule. Oui je suis sensible à ce point. Néanmoins, son commentaire m'agace. Il fait exprès ou pas ? Intérieurement je bouillonne mais il est hors de question que je lui montre. C'en est au point que mes feux follets veulent prendre la place de mes avant-bras, et cela est un peu difficile. Alors je serre le flocon de Taliss contre ma hanche. Comme si je désirais qu'il m'aide à me contrôler.

Je me lève et me mets face à lui.

Soit, désormais je t'écouterai si tel est ton bon plaisir. Toutefois, n'oublies pas que pour moi, certains gestes sont naturels pour un être de feu ! Tu peux me gifler ou m'humilier, peu m'importe ! Mais ne m'insultes plus jamais de catin ! Les élémentaux sont considérés comme légendaires puisqu'ils sont rares. Et pourtant, j'en ai rien à faire car j'ai osé venir te demander de m'enseigner. dis-je d'une voix froide en le regardant droit dans les yeux, une flamme de colère retenue en reflet.

Par mon sang ! Que j'ai envie de le gifler pour ce qu'il a dit. Je me sens... insultée. Oh... Taliss et Uruloki ! Que je regrette de ne pas réussir au moins ça. Ne pas être en colère, ne pas parvenir à exécuter ce qu'on me demande. Oui je pense à vous pour me rappeler d'un bon moment. Oh Bordeau... tu avais raison. J'aurai dû me méfier de Vaelh Sepor. Mais j'ai toujours à coeur de m'améliorer. Je ravalerai ma fierté que lorsque je serai épuisée. Et pourtant... pourtant je laisse l'incube partir avec regret. Enfin je crois. Je ne peux que hocher la tête pour sa seconde correspondance en serrant la mâchoire. Pour l'étonner je pourrai peut-être... Je secoue la tête. Non, je ne le plaquerai pas contre le mur et lui voler un baiser avant de fuir avant lui.

Je ne reviens jamais sur ma décision. Dussé-je en mourir. murmure-je en le voyant passer la porte.

Finalement, je cours pour le rattraper. Bien il n'a pas encore passer la porte de sortie et n'est pas encore dans la rue que je le plaque contre la porte avant qu'il ne mette un pied à l'extérieur puis lui vole ce baiser pour le faire taire. Puis, je repars dans la petite salle, récupère mes armes avec rapidité. Tant mieux, il y a une petite fenêtre. Fin prête, je passe par cette issue pour atterrir dans la cour de l'auberge. Sans attendre, je passe pardessus le mur afin de me retrouver dans la rue parmi les badauds comme si rien ne s'était produit.

Le soleil décline, et je me dois de rentrer prendre une douche avant que mon sang d'élémentale ne prenne le dessus.