- Citation :
- A la suite de ton altercation avec les gardes, ces deux derniers décident de te coincer dans une ruelle afin de te faire clairement comprendre qu'ils attendent d'être payer... Raconte la manière dont tu t'en sors, qu'il s'agisse de ruser ou de combattre.
Badra s’étira sur son tabouret. Elle venait de finir de faire ses comptes pour la journée. La journée ne s’était pas trop mal passée, elle avait vendu quelques bagues de fiançailles et une ou deux épées sous la table, pour les rebelles. Son père, évidemment, était resté enfermé dans sa forge toute la journée. La jeune naine vérifia son inventaire afin de vérifier si tout était là. En effet, rien n’avait été volé. Les bijoux étaient en effet sous clés, exposés dans des vitrines, quant aux armes, elles étaient entreposées dans la forge, loin des yeux indiscrets. La boutique avait des allures de cabane de bois rond et projetait une ambiance plutôt chaleureuse. Quelques chandelles brillaient doucement mais la lumière provenait surtout des grandes fenêtres. Elle verrouilla la porte de la boutique et alla jeter un œil à la forge. Son père martelait un javelot ma foi bien ordinaire. Elle continua son chemin jusqu’à la partie habitable du bâtiment et chemina à la cuisine. Cette partie de la maison était tout aussi chaleureuse, bien que plus petite que la boutique. La seule autre pièce était la chambre, où gisaient deux paillasses. La cuisine, cependant, était habituellement remplie d’ingrédients de toutes sortes, avec beaucoup d’armoires et de comptoirs. Une grosse marmite trônait sur le poêle à bois. Elle refit l’inventaire des ingrédients qu’elle avait sous la main, c’est-à-dire pas grand-chose. Le couvre-feu n’était pas encore passé, elle pourrait donc aller faire des courses. Elle se rendit dehors, à l’arrière de la boutique, chercher un petit chariot qu’elle avait construit elle-même pour mieux transporter son épicerie. Ils avaient beau n’être que deux, ils mangeaient beaucoup plus que la plupart des familles humaines.
La jeune naine se mit donc en route, les recettes de la journée en poche. Elle se faufilait à travers les humains, voyant beaucoup plus de jambes que de visages, rencontrant parfois d’autres nains qu’elle saluait. Il était bon, parfois, de se réunir avec eux et de discuter des montagnes, de la forge et des dernières nouvelles du vaste monde. Ils évoquaient ensemble les souvenirs de leurs enfances, à courir dans les tunnels et à en découvrir toujours plus. Parfois elle entendait même parler de ses frères et de leurs familles, ce qui la remplissait toujours de joie. Comme elle avait hâte de rencontrer ses neveux et nièces! Depuis qu’elle vivait à la terre, elle avait eu très peu de visites de sa famille et encore moins d’occasions de retourner à la montagne. Ils correspondaient donc.
Badra avait presque fini ses courses (viande, légumes, pain, fromages et le plus important : un gros tonneau de bière) lorsqu’elle fonça dans quelqu’un. Elle regarda un peu plus haut et découvrit les visages des deux gardes qui étaient venus à sa boutique un peu plus tôt.
-Que puis-je faire pour vous mes chers messieurs? Notre boutique est fermée pour l’instant mais vous pourrez passer demain matin dès huit heures…
Elle les regarda un instant, ils ne bougèrent pas d’un pouce. Puis le plus âgé prit la parole.
-Nous sommes venus réclamer ce qui nous est dû.
-Comme c’est dommage! Je viens de tout dépenser pour le souper. Eh bien bonne soirée messieurs.
-On pourrait peut-être prendre la bière…
Badra sortit sa massue.
-Si vous touchez cette bière, c’est la dernière chose que vous ferez. Vous ne savez pas qu’on ne touche jamais la boisson d’un nain?
-Ohoho, la fillette veut se battre, maintenant!
L’autre fit mine de prendre la boisson, ignorant totalement l’avertissement de la jeune femme. Quelques secondes plus tard, Badra était juchée sur son chariot et sa massue était abattue à quelques centimètres de la main du soldat. Il recula de quelques pas sous le regard mauvais de la naine. Elle leva lentement son marteau, prit un grand élan et balança son arme dans le visage du soldat, qui tomba à la renverse, le nez en sang. Son collègue se lança sur la naine avec son glaive, celle-ci l’évita de justesse, accusant tout de même une longue entaille le long du bras. Le plus jeune se releva, essuyant le sang de son nez. Il contourna le chariot qui le séparait désormais du nain et reçu un autre grand coup au visage. Badra le lui donnait : il avait la tête dure. Elle attendit un moment, puis entendit des pas derrière elle. Se retournant, elle brandit le manche de son arme pour parer la lame, se donna un élan et sauta, prenant appui sur le manche, pour envoyer un coup de pied à son adversaire. Celui-ci recula de quelques pas, cependant Badra avait déjà en main sa massue et lui en envoya un bon coup dans le torse. L’autre en profita pour saisir le manche de la massue par derrière et le ramener vers lui, ce qui étrangla la jeune femme. Elle se débattait férocement, mordant, frappant et griffant. Puis, un mot, sorti de nulle part.
-Maintenant!!!
Deux bruits mats. Deux gardes qui s’effondrèrent. Badra qui tomba par terre, reprenant son souffle de peine et de misère. Deux petites ombres, qui s’approchèrent. Des nains. Un brun et un roux, qui la regardaient, inquiets.
-Ça va? Demande le roux.
Badra toussa un peu, puis acquiesça.
-Merci.
-Mais t’es folle de t’en prendre aux gardes impériaux!
-Wô! C’est eux qui s’en sont pris à moi! Je tiens une boutique et ils voulaient me taxer. 600 pièces d’or, rien que ça! Puis ils ont voulu prendre ma bière!
Les deux nains se regardèrent, l’air de se dire qu’elle avait en effet agi en légitime défense. Puis, ils saisirent chacun un bras et l’aidèrent à se relever. Ils aidèrent aussi à ramasser les quelques articles qui étaient tombés du chariot et l’aidèrent à le tirer. Ce qui leur valu une invitation à souper. De retour à la boutique, le père avait fini son ouvrage et le contemplait, puis vit le bras sanguinolent de sa fille.
-Par les démons du Feu, qu’est-ce qui t’es arrivé?
Il conduit les trois nains dans la cuisine, ou il entreprit de bander la plaie de sa progéniture pendant que les deux inconnus racontaient ce dont ils avaient été témoin (c’est-à-dire à peu près tout).
-Je n’ai jamais vu une naine se battre ainsi! C’était impressionnant!
Badra se retourna vers le roux, piquée.
-Les femmes peuvent se battre aussi bien que les hommes!
Le roux lui décocha un grand sourire enthousiaste.
-Jamais je n’oserais me mesurer contre vous, gente dame.
Le père, lui, soupira.
-Je t’avais pourtant dit de te tenir tranquille… Je ne veux pas avoir d’ennuis avec l’Empire. Nous supportons les rebelles, oui, mais il est trop tôt pour les affronter, je te l’ai déjà dit.
Badra se leva avec fougue.
-Alors vous comptez rester les bras croisés alors qu’ils nous piétinent sans remords?!? Si vous les payez, vous les financez, père!
-Je n’ai pas dit de les payer. Je dis qu’il faut éviter les affrontements. Tu as la mèche courte, Badra, tu choisis mal tes combats. Un jour, cela causera ta perte.
La jeune fille se renfrogna, sachant très bien que son père avait raison. Les deux autres nains les regardaient, mal à l’aise. Le père tapa dans ses mains.
-Bon, il se fait tard et j’ai faim. Et si nous préparions un bon rôti?
C’était probablement la seule chose qui pouvait faire sourire la naine après cette aventure.