Citation :

Epreuve : Raconte l'obtention de ton titre et comment tu as su acquérir le respect de ton peuple.

[HrP: Uriel Despremond, conseiller à Silena pendant la Guerre Froide, succède au dernier souverain à l'âge de 35 ans suite à un vote à main levée de la part du peuple. Incapable de gouverner seul à cause d'une Maladie incurable, il désigne plusieurs hommes chargés de l'aider dans sa tâche. Il remarque particulièrement Mysora lors d'une période de famine, car celle-ci se révèle à elle seule capable de nourrir plus de 100 bouches. Particulièrement appréciée, il décide de faire connaissance avec elle et s'éprend rapidement de la Dragonne. Au fil de son règne, il se rapproche jusqu'à devenir son ami intime.]

Le froid, le souffle du vent ; douloureux mélange craint par les hommes, redouté par la plupart des espèces. Peu sont capables de l’endurer, peu l’apprécient et pourtant, certains voient en lui la promesse d’un renouveau. Tout meurt afin de mieux renaître : végétation, faune, constructions… Rien n’y échappe, car le froid vient à bout de tout.

Pourtant, voilà plus de cinq siècles qu’une humaine parcourt les vastes déserts des Glaces, affrontant le mauvais temps et la neige, mais aussi ceux qui profitent de la vulnérabilité des voyageurs solitaires… « Vulnérable » n’est malheureusement pas l’une des caractéristiques qui définie Mysora et, de ce fait, notre dragonne peut se vanter d’avoir mit à terre un bon nombre de bandits qui en voulaient à sa bourse.

Les gardes d’Him’Néa s’écartent pour la laisser passer. Elle n’est pourtant pas Noble, encore moins Politicienne. On la connait ici pour sa gentillesse, son endurance et sa force… On sait aussi quelle est sa véritable apparence, mais aucun ne juge nécessaire d’y prêter attention : elle est pour eux une citoyenne qui n’en a pas le statut. Les « grands » la jugent vagabond mais la traitent comme une amie… Elle a tant apporté à la cité lors des grands froids, quand la nourriture manquait, ou pendant la Guerre… Ses paroles, ses actes, sa façon d’être résonnent encore en chacun, même pour le Souverain actuel – son ami de longue date.

- Faites la entrer, je vous prie.

Allongé dans son lit de mort, le dirigeant de Silena tend son bras tremblant en direction de Mysora. Son règne fut sans doute le plus court dans l’histoire du Pays, mais tous se souviendront quel bon Roi il fut. La dragonne se précipite vers lui et recouvre sa main des siennes, froides, glaciales… Il puise quelques forces pour lui sourire à elle, celle qui l’a tant aidé à gérer son Royaume.

- Tout va bien aller. J’ai parcouru la moitié des Glaces pour trouver un guérisseur. Il m’a donné des remèdes, de quoi te guérir et…
- Je crois qu’il est temps pour moi de choisir mon successeur… L’interrompt-il, cherchant les dernières ressources qu’il lui reste. Nous savons tout deux que... Que c’est finit.

Ses yeux se ferment lentement, Mysora se penche un peu plus vers lui, sentant son cœur palpiter… « Ne me quitte pas maintenant ! » semble t-elle vouloir dire. « Ne me laisse pas seule ! ». Il ouvre alors les yeux et la fixe, sentant la mort se rapprocher à grands pas. Il tousse, beaucoup trop, mais trouve encore le temps de parler pour donner ses dernières volontés à l’être qu’il chérie le plus. Coupable de ne jamais lui avoir révélé ses sentiments, il sait qu’il ne peut plus désormais lui avouer la vérité. Ses dernières paroles doivent servir à son peuple, et non à son intérêt personnel.

- Tu as su servir mon Silena comme je n’ai pas pu le faire durant mon règne. Je ne mentirais pas en disant que tu es plus capable que quiconque de prendre ma place… C’est toi qui me succéderas, c’est la dernière volonté d’un homme mourant. Ne t’inquiète pas, mes conseillers sont déjà au courant de ma décision, et le peuple n’en sera pas déçu, j’imagine. Maintenant… Pars. Je ne souhaite pas que l’on me voit dans mes derniers instants.

Sans un mot, Mysora s’exécute. Elle se lève lentement, lui tourne le dos et part sans broncher. Il n’y a rien à ajouter, et pourtant le Roi l’interrompt une dernière fois en pleine action.

- My…Mysora ?
- Oui ?

Un petit sourire se dresse une dernière fois sur son visage, alors que sa tête vient se replacer au creux de son oreiller. Ses yeux viennent se perdre au plafond, et il lâche un soupire satisfait.

- Rien, tu peux partir.