Lycan téméraire n'amasse pas notoriété, surtout dans un village dévasté après sa transformation... Relonzi tenait à faire plus ample connaissance avec Cathane, malgrè les péripéties qu'elle ait pu engendré à l'assassin. Le voilà parti à sa recherche au-delà des collines et des champs parsemés de paysans ici et là, en train de bécher leurs terres. Soudain, son oeil s'arrêta devant un bois qui n'avait pas du tout sa place ici, au milieu des champs. Une zone naturelle encore épargnée par la main de l'homme, songea Relon. En s'avançant, il s'aperçut en bas d'un tilleul un buisson plutôt bien garni qui tremblait. Serait-ce sa vision qui lui jouerait des tours ? Ou serait-ce plutôt la fin de son inlassable recherche ? S'arrêter pour un animal sauvage l'ennuyerait légèrement. Relon se rapprocha et sentit une chaleur qui était bel et bien humaine. Une goutte de sueur coulait sur son front. L'excitation commençait à prendre le dessus sur sa patience. Il écarta les branches du buisson pour y voir apparaître Cathane, entièrement nue. Quoiqu'à moitié étonné par logique, Relon resta muet quelques secondes face au spectacle qui s'offrait devant lui. Alors qu'une deuxième goutte descendait le long du visage, Relon échappa ses yeux du corps sublime pour éviter toute confusion avec la belle, et lui proposa sa cape. En la lui donnant, sa main effleura sa peau toute fraîche. Il est vrai qu'elle avait une fourrure en tant que louve. Mais depuis combien était-elle revenue humaine ? Relonzi sentit qu'elle avait froid. Au loin dans le bois, une clairière scintillait de milles couleurs, des fleurs venaient ravir ce petit coin de paradis. La lumière du Soleil venait se poser sur une grande pierre plate au milieu des roses et des tulipes comme pour une invitation.

«Tu me tutoies maintenant. Soit. Non je n'ai pas ta robe et j'en suis navré. Tu dois être fatigué par tous ces évènements, laisse moi te porter jusqu'à un endroit plus chaud.»

Relonzi s'accroupit pour prendre Cathane dans ses bras. La clairière n'était pas bien loin finalement, juste à quelques dizaines de mètres. Relon dut enjamber un petit ruisseau avant d'atteindre la pierre. Elle paraissait presque taillée tellement qu'elle était épaisse et plate. Légèrement inclinée vers le morceau de ciel bleu, la pierre dégageait une chaleur réconfortante. Relon posa délicatement Cathane sur la pierre et s'assit sur le bord, les yeux baissés sur son visage.

«Je te mentirais si je te disais que tu n'es pas le premier lycan que je rencontre. Et pour te dire vrai, je suis bien heureux que ça soit toi. Tu m'as fait vivre une journée certes épuisante mais qui restera inoubliable. J'ai rarement eut affaire à des évènements comme cela. Calmer un loup géant en furie n'est pas trop mon domaine... J'ai des talents... Mais pas pour cela...»

L'assassin se baissa vers Cathane et posa la main sur son bras pour vérifier si le Soleil suffisait à la réchauffer. Il ne tenait pas à ce qu'elle ait froid.

Ce n'était pas dans son genre de s'attarder sur le sort d'une personne en détresse, mais Relonzi semblait ne pas être si indifférent à la lycan. Tout d'abord ses gestes, puis cette aide... L'assassin lui trouvait un charme particulier. Certes elle savait se débrouiller seule mais sa perte de conscience face au poison inquiétait Relon. Avait-elle une faiblesse contre les mauvais breuvages ? L'assassin avait de la peine pour cette messagère venue de loin. Révélait-il des sentiments pour cette inconnue ? Et pour en arriver là, affaiblie et nue sous la cape blanche, elle devait se sentir désespérée de ne pouvoir terminer à temps sa mission. Bien que Relon sentait l'embarras de la jeune femme, il ne savait que faire à présent. La main posée sur le bras de Cathane comme pour lui mesurer sa chaleur corporelle, l'homme commençait par prendre le pas sur l'assassin solitaire. Le coeur de pierre se corrompit au moment où la lycan effleura d'une caresse sa joue, martelée par les cicatrices de ses exploits. Fragilisé, ne sachant plus que faire, ses pensées et ses réflexions ont fini par se confondre. L'homme qui était en lui aimait cette femme, mais pourquoi donc un assassin ressenitirait-il une chose pareille ? Lui qui était pratiquement né pour tuer...

Que c'était bizarre se disait-il. Toutes ces incohérences le déstabilisa un moment. Le temps comme suspendu, ses yeux étaient plongées dans ceux de Cathane. Les quelques larmes qui ruisselaient légèrement sur les paupières de la lycan faisaient scintiller ses pupilles. L'assassin y voyait comme une flamme, jaillissant de ces reflets telle une invitation. Puis Cathane éloigna la main de Relon et tout reprit son cours.

« Je suis désolée pour ce cours de domptage. Je ne suis pas aussi sauvage d'habitude... À vrai dire, je suis assez gentille pour une louve, quand on ne vient pas m'embêter. C'est ce drôle de remède qui m'a fait perdre la tête. J'espère que personne n'a été gravement blessé dans la panique.»

Relonzi se pencha vers elle, le rire en coin et la voix rauque : «Ma foi pour un cours de domptage je ne m'en suis pour le moment bien tiré. Aucune mort ne doit peser sur ta conscience, quoi que la sentence fut lourde, ils l'ont au final bien mérité.»

« Merci d'être venu me chercher. Rien ne t'y obligeait, surtout après tout ça. J'espère que j'aurai l'occasion de te prouver que les lycans ne sont pas ce qu'on raconte d'eux. »

Une bourrasque de vent se frappa contre le capuchon de l'assassin. La tête à découvert, ses cheveux mi-longs se délièrent majestueusement. Il ne pensait plus à se cacher, mais plus à s'ouvrir à cette femme qui devenait de plus en plus à ses yeux une curiosité sentimentale et affectueuse. Effacé de toute raison, le temps presque arrêté, Relon se pencha une nouvelle fois. L'excitation faisait battre son coeur plus que jamais. Bien que ses intentions lui faisait bouillir le corps à petit feu, son esprit n'en demeurait pas moins lucide. Il n'avait pas peur de sa réaction et venait effleurer du bout de ses doigts le bras de Cathane qui était dénudé. Ses yeux venaient se fixer sur les courbes de ses lèvres.

«J'aimerais que tu me montres cela... En détail...»

L'assassin ne se sentait plus comme une machine à tuer, mais comme un homme véritable, dépourvu d'insensibilité. Le contact était si doux que ses lèvres posées sur celles de la lycan ne pouvaient s'empêcher de frémir quant à la venue quoique bienvenue d'une langue dansante avec sa compagne. Le baiser ne s'arrêtait pas, les yeux se fermaient pour mieux le cerner et savourer le plaisir et ce besoin qu'il procurait d'aller plus loin, de vivre quelque chose d'unique. Les mains de Relon, jusqu'alors sages et innocentes, commençaient leurs longues et délicates caresses sur le corps dénudé de la belle. Un bref "clic" et les doigts sursautèrent, conscients de ce qu'il s'était produit. Ainsi la cape reposait le long de la pierre dans l'attente d'une étreinte.

« Tu vois : pas si sauvage que ça. »

Les mots faisaient gémir de plaisir l'homme attentioné. L'animal qui se trouvait en lui se sentait près à lui faire découvrir tout ce dont il était capable de faire pour qu'elle se sente bien. Il n'attendit pas qu'elle finisse sa phrase pour la coucher sur la pierre. La légère armure jetée au sol, son torse vint se coller au sien. Alors qu'une main allait et venait sous la nuque de Cathane pour mieux accompagner le baiser, l'autre se posait sur le long de ses hanches puis descendait petit à petit vers le bassin pour susciter l'excitation. Bien que le moment pouvait durer une éternité sans le moindre ennui, tout s'enchaîna rapidement. La passion qui se déferlait dans les gestes de Relon était si forte qu'une de ses mains se glissa irrésistiblement sur la poitrine de la lycan, caressant les délicieuses extrémités qui allait faire le régal de sa langue. Tout doucement, Relonzi s'abaissa en serpentant de baisers la peau nue et chaude de la lycan. L'envie provoquait en lui quelques sursauts maladroits, les muscles se contractaient parfois subitement puis se dilataient tout doucement. Un tel plaisir n'était pas banal pour lui et il se sentait être un enfant à la découverte d'une chose inconnue. De longues vibrations parcouraient son corps, le front humide et l'échine en sueur à cause du soleil. La chaleur suffocante sur la grande cape luisante, Relon la projeta d'un coup de bras vers son armure pour mieux profiter de la fraîcheur de la pierre. La sueur aux tempes, il s'abaissa vers Cathane et lui souffla du bout des lèvres :

« Je ne fais plus qu'un avec toi maintenant. »