La nuit marquait sa présence sur Flore, et prenait sa marque sur un beau jour d'été.
L'air était assez frais, mais demeurait plaisant, ainsi que l'était le paysage. Une forêt dense, composée d'arbres divers et atypiques, aux reflets multiples et incompréhensibles, gorgés de l'énergie de Flore, qui leur permettait de ne pas avoir à se dévoiler malgré la saison. Un havre coloré, rempli de fleurs et de champignons, de fougères et de vie.
Le ciel changeait à présent sa robe céruléenne pour une parure nocturne, et changeait par cet acte l'impression que donnait ce lieu, le rendant plus mystérieux et solennel, sans lui rien ôter de sa beauté. La lumière des étoiles suffisaient peu pour distinguer les couleurs, mais suffisait pour saisir des nuances.
La fantaisie de Flore pouvait effrayer une personne superstitieuse alors, là où elle eut été enchantée le jour, la nuit rappelant les instincts primaires, et la peur de l'inconnu. Elle restait cependant naturelle pour une fée, qui y avait vécue son existence, et était accoutumée à ses incongruités et ne pourrait imaginer le lieu sans.
Le soir, alors que la luminosité baisse, les teintes sont saisies sans qu'il y ait besoin du scintillement des plantes et de la lueur de la lune. Le soir est un instant magique, au même titre que l'est l'aube, avec le crépuscule en particulier, qui symbolise le passage du jour à l'obscurité.
Une dryade, nommée Sylvia, contemplait, assise sur l'une des branches de son aubépine, contemplait le jeu des couleurs qui naissait de la rencontre de l'astre et de la terre, par les brefs aperçus de l'horizon que laissaient l'écartement du feuillage et des troncs, des tiges et des pétales.
Son aubépine étant jeune, il ne surplombait pas les autres arbres, et ne les surplomberait sans doute jamais, mais cela ne lui importait pas. La vue était tout aussi belle, sans qu'il ne lui fut nécessaire de voir le soleil.
La fille des arbres était joviale dans ses rêveries, et ne se souciait nullement du temps qui passait. Il s'agissait d'une de ces journées où elle se contentait de voir son arbre croître et protégé, d'observer la course d'animaux fantastiques ou ordinaires sur des branches ou sur le sol, ou encore d'imaginer ce qui se passait en dehors de Flore. Des idées venaient par fragments, à partir des récits de voyageurs qui étaient passés près d'elle et avaient accepté de lui conter leur errance.
Elle manquait sans doute d'une occupation dans laquelle elle aurait pu se perfectionner, tel que l'entretien de son habitat, mais elle préférait laisser la nature se débrouiller, n'ayant pas les mêmes idées que les hommes à ce sujet. Il n'existait pas de bibliothèque non loin d'ici, et de toute manière le langage écrit demeurait pour elle un mystère.
Aussi, la demoiselle des feuillages rêvait, satisfaite ce jour là de sa condition, qui l'entravait dans ce lieu. Peut être partirait-elle demain, profitant du pouvoir octroyé par le pendentif. pour mieux connaître Terre. Il était cependant possible pour elle de rester encore ici, et de profiter du calme de ces lieux.