edit : je me suis un peu corrigé et j'ai rallongé une partie qui me semblait mince.
- Citation :
- Raconte cette fameuse mission à Feu. Tu peux aller jusqu'à après la mort de tes compagnons et tu décriras le ressenti d'Amos lorsqu'il perd ses soldats.
Deux jours de marche seulement et j’en avais déjà plein les bottes de cette région. Il m’a été donné de voyager à peu près sur tous les royaumes, mais Feu est celui que je déteste le plus. Cette chaleur et puis la flore et la faune y sont complètement folles ! Qui a l’idée de s’enflammer lorsqu’on est entouré de savane sèche et aride au possible ?
Nous avions été débarqué le long de la cote, au sud-ouest de Dahalia, pendant ces deux jours nous avions parcouru environ cent, peut-être cent vingt kilomètres en direction de l’est.
Lors du breafing à la caserne Liecor sur les Plaines Mystiques, le lieutenant Hilar avait prévu que vers la fin du troisième jour nous arriverions au bout de notre promenade et au début des « emmerdes ». La mission était comme l’objectif, obscure ! D’après Hilar, notre destination est un village sawahien en bordure du désert. La tribu qui y réside est, d’après nos renseignements, l’une des plus hostiles de la région. Nous avions pour but d’investir le village et d’y faire quelques prisonniers, quand aux autres … je ne vous fais pas de dessin, comme vous le savez, on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs.
Sur le territoire de ces sawahiens se trouve un dédale de roche, dont une partie a été creusé par une race désormais disparue. Bons nombres de légendes et de rumeurs courent sur cette ancienne cité abandonnée, parfois hantée, parfois peuplée de djinns ou de vampires des sables, mais jamais accueillante ! Et bien entendu, c’est dans ses profondeurs que l’on devait aller, y trouver un artefact ancien, potentiellement magique, peut-être un livre, seul Hilar savait avec précision de quoi il en retournait.
L’aube du troisième jour pointait le bout de son museau doucement, mon tour de garde prenait fin et les quatorze hommes sous mes ordres commençaient à se préparer. Le Lieutenant avez décidé de ne prendre que trois escouades comme la mienne ; embarquer plus d’hommes à bord d’un galion, exclusivement affrété pour cette mission, ne serait pas rester secret bien longtemps et tôt ou tard les agents de la rébellion en auraient eu vent et se seraient invités à la fête !
Le départ était donné et nous convergions vers le point de rendez-vous se situant à quelques heures de marche du village. La chaleur se faisait de plus en plus accablante à mesure que nous progression vers le désert et que midi approchait, il était temps que nous arrivions, car nos réserves d’eau, prévues que pour trois jours, commençaient à fondre comme neige au soleil. Par cette chaleur un homme à besoin de deux à trois litres d’eau par jour, chacun transportait et gérait ses rations, mais j’avais été obligé le matin même, de donner l’ordre d’économiser le fluide si vitale en ces lieux, notre escadron était plus habitué à évoluer en Terre et Glace où l’eau est moins rare et le besoin moins pressant. Je voulais que s’il nous arrive le moindre souci, nous n’ayons pas ce problème en plus.
En début de soirée le Lieutenant et le sergent-chef Millas nous avaient rejoint avec leurs hommes, nous étions désormais quarante sur le pied de guerre, laissant nos paquetages à la garde du cantinier et de quatre gars du Lieutenant. Petit discours rapide et clair de Hilar ; pas de quartier ! Millas et moi avions pour tache supplémentaire de prendre vivant deux sawahiens entre quinze et vingt ans, suffisamment en bon état pour qu’ils puissent répondre à nos questions. Un peu plus d’une heure de marche plus tard, l’hallali était sonné.
Nous avons pris d’assaut le village, le soleil couchant dans le dos, non pas comme des héros de romans, mais comme ce que nous étions ; des voleurs, des tueurs, certains violeurs, d’autre on juste fuit des dettes pour aller se cacher au sein de la Légion d’Aile Ténébreuse. Je le dis sans honte ; nous étions la lie de la société.
L’astre rougeoyant aveuglait nos ennemis pendant que nous étripions leurs femmes et leurs enfants. Tous ceux qui ont assisté à la prise d’une ville vous diront la même chose ; quelque soit le camp, ce n’est jamais propre !
Le combat fût étrangement bref, je n’avais pour ma part tuer qu’un vieil homme et sa femme avant de trouver mon captif et de l’immobiliser en lui brisant la rotule d’un coup de marteau de guerre. Je le ramenais vers le centre du village en le tirant par les cheveux quand j’ai croisé Davir, l’un de mes hommes. Il avait réussi à coincer une femme sous lui, cette dernière affolée cherchait du regard son enfant pendant que Davir lui retroussait la robe. Certainement à bout de patience, il lui enfonça son couteau dans la colonne, la paralysant, tout en la gardant en vie. Par delà les apparences, je trouve qu’elle eut plus de chance que certaines, le coup la paralysa avant qu’elle n’aperçoive son enfant, le petit corps désarticulé reposant dans la poussière, après avoir été projeté contre un mur.
Une fois son affaire finie Davir se retira et lui trancha proprement la gorge avant d’essuyer sa lame sur la robe de la défunte.
« C’est bon sergent, je crois qu’on les a tous eux ces sauvages ! » dit-il, sans deviner l'ironie de ses paroles.
_ J’espère Dav’, parce que si celle là revient me hanter, je te l’envoie, nom de merde ! Tu te sens toujours obligé de foutre ta queue et tes couteaux partout …
_ Sergent Vrede, vous nous avez ramené un invité à ce que je remarque. M’interrompit Hilar.
_ Oui mon Lieutenant ! Un jeune, servi tout frais et pas trop abîmé comme vous l’aviez commandé. Répondis-je non sans humour.J’avais bien besoin de rire un coup, certain aime ce genre de massacre, moi cela n’a jamais été ma tasse de thé, je tue parce que cela fait partie de mon métier, si on m’en donne l’ordre j’ôte la vie, mais sans que cela ne me procure de plaisir.
_ Parfait, espérons que Millas réussisse à refréner suffisamment ses ardeurs pour ne pas trop endommager mon colis avant que j’en obtienne des réponses !
Justement, le Sergent-chef arrivait avec à sa suite deux légionnaires portant un sawahien au visage tuméfié. Sale journée pour lui, s’il savait se que lui réservait le lieutenant Hilar, il préférerait se mordre la langue et en finir. Car sous ses dehors d’aristocrate, Hilar est l’un des plus cinglés de cet escadron. Nombreux sont les officiers à avoir recours à des bourreaux pour extraire la vérité, mais pas lui. Ça lui gâcherait le plaisir j’en suis sur !
Je laissais là tout ce beau monde et partait calmer les plus pyromanes de nos soldats. Nous étions en territoire ennemis, pas besoin d’allumer les feux de Welnorr, à cause d’un gars un peu trop motivé. Et puis il y avait aussi le périmètre de défense à organiser, suffisamment de pain sur la planche pour m’occuper durant le reste de la nuit.
Le Lieutenant avait découvert ce qu’il cherchait, nous avions maintenant un guide pour la cité des Argnes et un mort de plus à notre actif.
Durant l’assaut de la veille nous avions perdu quatre soldats et il y avait une dizaine de blessures légères, un bilan qui semblait satisfaire ma hiérarchie. Hilar avait fait ramener les paquetages ainsi que les cinq hommes laissaient à l’arrière et tout le monde se tenait sur le départ, sacs sanglés, lames affûtées et niveau d’eau ajusté. Moins d’une heure plus tard, le village copieusement piégé par nos soins, nous nous dirigions vers les ruines antiques quand les ennuis commencèrent.
Nous avions repris notre formation en trois groupes distincts et le mien évolué à l’arrière garde en retrait de plus d’une demi-heure sur celui de Millas placé en tête. Je sentais mes gars un peu trop détendu par le massacre de la veille, le village n’avait opposé que peu de résistance, ils estimaient que cette mission c’était du tout cuit, qu’il nous suffisait d’accompagner le Lieutenant dans les décombres d’une cité pour aller chercher une quelconque babiole occulte et hop on serait de retour à la maison pour la soupe !
Mais mon instinct me disait que cette histoire puait la merde … pas possible que tout ce passe aussi bien, on était dans l’une des régions les plus hostiles de tout Terra, on avait affronté et anéanti l’une des tribus de cannibales les plus dingues ici bas en ne perdant QUE quatre hommes … rien que d’y penser, je sentais l’odeur fétide de la malchance.
Tout ce vérifia lorsqu’on rattrapa le groupe du Lieutenant alors que nous apercevions l’entrée du labyrinthe minéral.
Hilar était en pleine discussion avec notre « guide » quand l’un de ses éclaireurs arriva en courant pour nous avertir qu’il avait rejoint les forces de Millas ; le groupe avait été entièrement décimé ! Nous n’étions pas à plus de vingt minutes derrière et le son porte loin dans le désert. Si bataille il y avait eu, nous aurions dût l’entendre.
Le Lieutenant donna l’ordre de se mettre en marche, tous réuni en un seul et même groupe. Ce qui avait eu Millas et compagnie, ne faisant qu’une bouchée de quinze hommes, serait peut-être dissuader par trente. Mon mauvais pressentiment continuait à me mener la vie dur, je décidait donc d'en parler à mon supérieur durant la progression.
« Lieutenant, Sergent Vrede au rapport. »
_ Oui Amos ? Que se passe t-il ? J’aimerai autant que faire ce peut, que l’on se presse un peu à sortir de ce guêpier si vous n’y voyiez pas trop d’inconvénient … Je ne voulais pas prendre les fureurs d’Hilar sur moi, son caractère n’a rien d’aussi débonnaire qu’on pourrait le penser. C’est l’un de ces officiers pour qui il faut toujours un responsable.
_ Je le sens mal, mon lieutenant. Ça pu cette histoire. Pourquoi quelqu’un laisserai un artefact magique puissant ou n’importe quelle arme, sans défense au milieu de nulle part ? Je crois que Millas à justement rencontrer la défense en question. Mon lieutenant. Rajoutais-je un peu en retard.
_ Sans rire sergent ? A votre avis pourquoi sommes nous armés jusqu’aux dents ? Pour la chasse aux écureuils peut-être ?
_ Non mon lieutenant, mais je me demande si nos dents sont armées contre ce qui nous attends. Je pense que nous devrions peut-être reconsidérer la situation et tenter une approche différente, mon lieutenant.
_ Et moi je ne savais pas que vous étiez payé pour penser, que même vous en soyez capable ! Comme quoi c’est la journée des surprises sergent ! La votre aujourd’hui, ça va être de partir en reconnaissance avec votre groupe et de prendre une position défensive à l’entrée du dédale de roche, pendant que mon escouade vous assurera son soutien indéfectible cent pas en arrière. Me glissa sournoisement cet enfoiré d’Hilar.
_ Bien reçu mon Lieutenant, la mission suicide part de ce pas. Lui dis-je avec un salut à en faire friser les poils d’un Lycan.De retour auprès de mes hommes, je leur expliquais la situation ; leur sergent avait encore une fois ouvert sa grande gueule et toute l’escouade en prenait pour ses galonw et partait en mission suicide vers un ennemi inconnu et surpuissant. Bien entendu c’est des « hourras » qui ont accueilli les ordres. Vous n’en doutez pas.
On pouvait leur reprocher beaucoup de choses à mes gars ; cétait des dangers publics, mis sur le banc de touche de l’humanité pour tacles dangereux. Mais quand je leur donnais un ordre et qu’ils sentaient que c’était du sérieux, ils se la fermaient et s’exécutaient parfaitement.
Je menais la danse en tête de flèche avec en son centre arrière Doc, ancien noble déchu, devenu médecin militaire pour échapper à ses dettes de jeux. Davir était à ma gauche, malgré son penchant pour le viol et les gros couteaux, c’était un gars sur qui comptait quand les coups se mettaient à pleuvoir. Payl-le-gaucher à ma droite, amputé de la dextre pour vol, un bouclier s’y tenait sanglé près à parait les coups tandis qu’un glaive lourd attendait dans son unique main. Derrière nous venait les onze autres ; Gras-double, Petit-Tom, Grand-Tom, Peter, Kanzara, Lil, Turses, Ceylan, Mel, Bapoinet Le-Chauve.
Nous nous élancions au pas de course dans la petite vallée où c’était fait décimer le groupe de Millas, je passais à coté de son cadavre sans même un regard, l’esprit trop occupé à maudire le salopard d’aristocrate planquer avec ses hommes et à imaginer ce qui pouvait nous attendre. Jetant un regard sur mes gars, je les découvrais, non sans fierté ; vigilants, professionnels et prêts à tout.
L’entrée de la cité antique se trouvait directement sur la gauche du début du dédale. Profitant de la structure des lieux je guidais mon escouade un peu en hauteur de l’ancienne porte.
« Ok les gars, on tient la position, les boucliers devant. Les Tom, Lil et Mel en arrière du groupe avec vos arbalètes, Doc avec eux ! Et sort la tienne bordel ! Tu vas faire quoi avec tes bandages si on nous saute dessus ? Allez les gars, on reste sur nos gardes et on attend l’autre connard ! Une bouteille à ceux qui survivent !»_ Et les limbes pour les autres ! Répondit comme un seul homme le reste de mon groupe.Le Lieutenant n’avait pas l’air de se presser, trop impatient de me voir crever surement. Il y a quand même meilleur endroit pour régler ses comptes que sur un champ de bataille non ?
J’étais près à envoyer Gras-double voir de quoi il en retournait quand j’entendis hurler. Un cri à glacer le sang, pur parangon de haine et de fureur. Je vis Mel se signer contre le mauvais sort et Kanzara, la seule femme de l’escouade, faire de même.
« Bon dieux qu’est ce que c’est que ce truc ? Quelqu’un à une idée ? » Demandais-je au bord de la panique.
_ Non patron, pas la moindre idée. Me répondis Mel.
_ Ça ressemble un peu au cri d’une banshee. Proposa Petit-Tom.
_ Pas possible, trop chaud ici, putain c’est un djinn, c’est sur, un esprit du sable ! Dis Gras-double.
_ Du calme ! On se bouge et on va voir, si c’est tombé sur le Lieutenant, ça lui clouera le bec qu’on lui sauve sa putain de vie et si jamais on arrive trop tard … la tournée est pour moi et on se rentre, bordel ! Aboyais-je.Nous reprîmes notre formation, prêts à foncer dans le tas, à déchaîner les foudres divines, quand nous sommes tombés nez à nez avec une horreur sans nom ; quinze hommes entrain de se faire mettre en pièce par des « statues » de sable. A défaut de pouvoir décrire plus précisément les djinns, je ne dirais que ceci : vaguement humanoïde mais entièrement fait de sable, les coups semblaient passer directement à travers eux tandis que les leurs déchiraient les corps.
« A mort ! » Je ne savais pas si nous pouvions tuer ces créatures, mais je n’allais quand même pas laisser des hommes que je connaissais mourir sans le rien faire ! Jamais je n’aurais pu me regarder en face après cela !
Nous nous sommes élancer comme un seul homme, mon marteau atterri en plein « visage » d’une de ces choses, qui sembla disparaître comme absorbé par les dunes, pour réapparaître sur ma droite où Payl parât le coup. Mel répondit d’un carreau dans la poitrine, sans pour autant faire plus de dégâts. Mais le djinn sembla hésiter face à cette proie qui se rebiffer. Nous voyait-il comme un seul corps ou percevait-il nos vies dissemblables ? Je n’en sais toujours rien à l’heure actuelle, mais son temps d’arrêt nous sauva la vie. Pour le moment du moins.
« On ne peut plus rien pour eux Sergent, faut penser à nous là ! » Hurla Doc.C’était peut-être une preuve de lâcheté, mais face à l’incompréhensible, je pense que c’est pardonnable !
_ Comme il a dit, on rentre, on retourne au camp, peut-être que la savane les arrêtera ! Ordonnais-jeDans la course effrénée qui s'ensuivi, Petit-Tom, Davir et Peter disparurent comme aspiré par les dunes.
Grand-Tom devint fou, il asséna même un violent coup de tête, avant de planter sa dague dans les cotes de Turses qui s’interposait pour l’empêcher de retourner en arrière sur les traces de son petit frère. Mon marteau de guerre l’interrompit dans sa course, le torse enfoncer, le souffle coupé. Je lui pris sa dague pour lui planter dans le cœur, le mien plein de regrets.
Cette épisode avec le dernier des Tom nous valu de perdre Turses qui refusa qu’on le porte jusqu’au village, lucide malgré sa blessure, il savait que nous perdrions toute avance sur les djinns si nous le prenions avec. Il mit fin à ses jours en se tranchant la gorge.
Je n’avais jamais rien su de sa vie. Il était avec Doc le plus vieux d’entre nous, il était de ceux qui m’avait recueilli lorsque j’avais rejoins la Légion au lendemain de la mort de ma sœur. Je ne voyais pas pour autant en lui une figure paternelle, mais le voir partir ainsi à cause d’une querelle entre deux fous m’emplissait d’une rage froide. Le questeur me rendrait des comptes si je m’en sortais, tôt ou tard. Le Lieutenant lui était mort, ça j’en étais sur, je l’avais vu, j’avais lu toute l’horreur de la situation dans ses yeux avant qu’ils ne se voilent.
Nous n’étions plus que dix en arrivant au village. J’envoyais Gras-double en éclaireur, lui laissant quinze minutes d’avance, temps que nous mettions à profit pour refaire le plein d’eau et de provisions afin d’entamer en urgence le retour.
Dix minutes étaient passées quand j’entendis un cri d’avertissement poussé par Ceylan. Les djinns étaient là, nous pouvions les voir depuis notre position. Il n’était pas question de les attendre sur place pour les combattre à nouveau.
Nous n’avions pas trouvé de solution dans notre retraite, sauf une idée folle de Doc qui voulait qu’on les asperge d’eau pour solidifier leur corps. Je n’envisageais pas de retenter un face à face contre eux, même si l’idée du médecin avait une chance de fonctionner. Je préférais prendre la fuite plutôt que risquer la vie de mes hommes.
Notre mission était un échec total, seul le Lieutenant savait ce que nous étions venu chercher et je ne comptais pas envoyer mes hommes à une mort certaine sans une bonne raison !
« En route ! Allez tout le monde, on partagera les rations si on vit suffisamment longtemps pour avoir l’opportunité de s’en servir ! En attendant à moins de vouloir danser avec les farfadets des sables, on se casse ! »Nous étions tous parti à la suite de Gras-double quand nous l’avons découvert, à l’envers, pendu à un arbre solitaire, entrain de saigner comme un gibier ; la gorge et l’aine tranchées. Je suis passé à coté sans m’arrêter, ceux qui avaient eu notre éclaireur n’était pas loin et de toute façon nous ne pouvions rien pour lui, autant qu’il sèche aux vents et qu’il est une meilleure vie la prochaine fois !
« Devant patron ! Qu’est ce que c’est là bas ? » Demanda Kanzara, la panique à deux doigts de la faire hurler. Et je vis ce qu’elle me montrait, une vague forme humaine qui nous observait, nous interdisant l’ouest, nous renvoyant vers le sable du désert. Il nous fallait passer outre nos peurs, dans notre dos ou vers le nord la mort nous attendait,le sud nous retarderait trop. Dans quatre jours un galion de l’empire, de patrouille dans le secteur nous attendrait au point de rendez-vous, pendant douze heures seulement. Notre seule issue était devant nous, la plaine de la savane, derrière l’esprit des sables.
« Il faut y aller les gars, nous n’avons pas le choix. Nous ne pouvons pas nous permettre de rater le bateau. » Dis-je à ce qui restait de mon escouade.Nous avons foncé droit sur le djinn, j’aimerai vous dire qu’il a été surpris de notre décision, mais aucune émotion ne transparaissait sur son visage. Rien qu’un masque aux allures humaines. C’est moi qui le premier lui asséna un coup. Je remarquais que ses réactions été moins vive que tout à l’heure, peut-être le froid du soir freinait les djinns. Doc apparu à ma gauche pour asperger d’eau le farfadet des sables.
Autant pour nos suppositions, les miennes comme celle de Doc ; il eu la poitrine transpercée dans un geste que la vitesse rendit flou.
A l’arrière garde j’entendis à nouveau ce cri à faire dans son froc, suivi d’un hurlement de douleur, celui d’une femme, Kanzara !
Nous avions beau frapper, parer et esquiver tôt ou tard un coup passer nos défenses et les blessures s’accumulaient. A ma droite Payl tomba à genoux et je n’eus pas le temps de parer le coup qui lui pulvérisa littéralement le crâne. Le djinn poursuivi sa frappe par-dessous ma garde me plantant sa lame de sable dans les cotes. Tombant sur les fesses par la force du coup et à cause de la douleur, j’esquivais sans le vouloir le coup qui sinon m’aurait raccourci d’une tête.
Assis séant je vis Lil et Ceylan au prise avec un autre farfadet pendant que Mel lardait de carreau les djinns. Je n’arrivais pas à voir Bapoin et Le-Chauve, mais je ne les entendais pas non plus. Je roulais doucement sur le flanc, privé de force, ne pouvant rien faire pour venir en aide à mes frères d’armes.
Je revoyais les fous rire avec Mel, les bouteilles de rhum vidées avec Payl et les gueulantes poussaient sur Gras-double.
Mais j’ai revu aussi les massacres, les viols et les meurtres, les missions d’assassinat et les pleures des familles. Nous, personne ne nous pleurera, on meurt le jour où l’on rentre à la Légion, mort pour Terra, juste bon à servir de chair à canon pour l’Aile Ténébreuse et son empire.
Petit à petit ma vision c’est obscurci et j’ai sombré profondément. Je ne suis revenu à moi que bien plus tard, au milieu des cadavres, les djinns m’avait laissé pour mort, et de la mort j’en étais effectivement passé près, sans mon extraordinaire pouvoir de guérison jamais je n'aurait survécu au coup, ni à l’hémorragie. Mais je n’étais pas encore sorti d’affaire, il me fallait rejoindre le navire. Le flanc poisseux de mon propre sang, plusieurs cotes cassés et à la difficulté que j'avais à respirer, l'un d'elle devait certainement pointer contre mon poumon droit.
Je n'avais pas le choix, si je voulais survivre, il me fallait remettre cette cote en place et essayé de replacer dans le droit chemin les autres. Je pris ma dague et ouvris la plaie suffisamment pour pouvoir glisser ma main à l'intérieur. Mordant frénétiquement dans le manche en bois de mon couteau pour étouffer mes cris, basculé sur le coté gauche, je fouillais à la recherche de la petite salope qui me montrait du doigt ! J'ai du perdre connaissance à un moment, parce que je ne me souviens plus vraiment de la suite, juste que j'avais réussi, réussi à remettre plus ou moins les trois cotes en place.
A nouveau les ténèbres et les cauchemars.
Cette fois j'étais bel et bien réveillé. Ce ne serait pas cette cote qui aurait raison de moi ! J'utilisais l'eau d'une gourde pour nettoyer la plaie et mon linge de rechange pour la panser. Maintenant il me fallait rejoindre le navire.
Mais pour leur dire quoi ? Que l’intégralité de trois escouades, a été totalement et irrémédiablement anéantie par des farfadets des sables ? Des djinns ? Des légendes ? Si je survivais suffisamment longtemps pour leur raconter cette histoire je ne ferais pas long feu.
Et puis merde ! Ça fait onze ans que je parcours Terra semant la mort et le chagrin, tout ça au nom de qui au juste ? Une entité démoniaque et obscène ?
Sans raison ? Uniquement parce que l’on m’en a donné l’ordre.
Et si jamais ils me croient, qui enverront-ils ici comme guide ? M O I ! Sans nulle doute ! La barbe de tout ça, la barbe de ces batailles pour le bénéfice de quelques aristocrates. Je pars pour le sud, je me débrouillerais pour survivre jusqu’à rejoindre Terre et je recommencerai une nouvelle vie.
Après tout, survivre, c’est ce que je fais de mieux.