C'était de la folie, dans tout ce qu’elle avait de plus simple et élémentaire. Il n’avait d’abord s’agit que de murmures dans le vent, concernant un certain tournoi. Les murmures étaient devenus paroles et plus rapidement qu’une poussière au vent, les affiches étaient apparus. Partout les gens scandaient l’évènement. Un chien n’aurait pas autant salivé devant un os que la population le faisait devant ce tournoi. Si l’idée lui avait semblé saugrenu aux premières ébauches qu’il lui en avait été fait, bien vite, faute lui avait été d’admettre qu’une partie d’elle avait été, comme plusieurs, charmée par l’idée.

Un tournoi. En d’autres termes une compétition. À entendre les gens, nul doute que les gradins feraient fureur et que les clameurs retentiraient à des miles à la ronde. Au creux de son ventre frétillait une sensation dont elle en parvenait à se départir. Combien de temps avait-elle passé à écouter les gens parler, rêvassant d’une entrée qu’elle pourrait faire dans l’arène, la tête haute arborant un air de confiance et de respect. C’était de la pure divagation, comme elle seule et son esprit au désir plus grand que l’accomplissement réel parvenaient à formuler. C’était idiot, complètement idiot.

Et l’idiotie n’étant parfois que la réaction humaine au désir d’accomplissement, elle s’était inscrite. Trop de temps avait passé où elle était resté passive et bien sur, sur une impulsion douteuse, elle avait finit par établir que le meilleur moyen de sortir de l’ombre n’était pas des moindres. Elle aurait pu, comme toute personne sensée simplement allé dans les tavernes et les lieux publics pour échanger et faire sa place à petit pas. Mais non, il lui avait fallu se lancer dans la cage au lion. Une jeune femme. Sans notion de combat. Un peu idiote. Très naïve. Munie de peu d’arme. Et d’encore moins de courage. Et encore bien moins d’expérience.

Voilà où elle se retrouvait en ce jour, perdue dans un endroit dont elle ne connaissait rien, si ce n’était que les bons samaritains qui avaient bien voulus lui indiquer la direction pour se rendre. À quoi s’était-elle attendue? Des jours, voir des semaines à être nerveuse, au point d’en être malade, à retourner dans images avec, ou sans, sens dans sa tête, dans l’espoir de figurer comme serait cette journée. Pourtant, à peine avait-elle perçue l’arène qu’elle voyait s’effriter les certitudes qu’elle s’était fondée. Ses pieds la menaient, mais l’esprit n’y était plus. Une fois dans l’arène, elle comprit l’étendu de ce qui l’attendait. Ce n’était pas un rassemblement de plusieurs personnes. C’était une marée de tête et de curieux qui réagissaient comme des enfants. Impatients, envahis par l’adrénaline, autant chez les combattants que les spectateurs, tous se perdaient un peu eux-mêmes dans cette marée d’effervescence.

Rien ne l’avait cependant préparé au choc qu’elle eut en levant la tête vers Aile Ténébreuse. Réalisant qu’elle le voyait pour la première fois, elle comprit en quoi les gens se ralliaient à lui. Sa présence, comme un phare noir inspirait puissance et autorité. Sa voix portait par-dessus les échos des plus excités et elle eut peine à détacher son regard tant elle était impressionnée. Ses pensées revinrent à l’impression qu’elle avait toujours eu d’elle-même, celle de n’être qu’un grain de sable dans le désert. Lui, était à un niveau bien supérieur. Elle qui avait eut l’envie de se voir exposer aux yeux du monde connaissait désormais la crainte que le regard d’Aile ténébreuse soit posé sur elle.

Lorsque son nom retentit, elle sursauta, ce qui ne manqua pas d’en faire s’esclaffer plus d’un. Le combat n’avait pas commencé qu’aux yeux de certains, elle venait de se ridiculiser. À la vue de ces gens, elle comprit pourtant quel était son plus grand avantage : on la sous-estimait. Peut-être avait raison, puisqu’elle n’avait pas grand-chose qui mérite d’être estimé, mais elle saurait s’en servir à un moment où un autre. Du coin de l’œil, elle avait cru voir son adversaire. Il n’avait suffit que d’une fraction de seconde pour comprendre que le combat serait difficile, son adversaire, parmi ceux qu’elle avait eu la chance de croiser semblait être l’un de plus coriace, entraîné et par-dessus tout déterminé. Cela jouerait en son avantage… ou son désavantage.

L’arène s’était ouverte devant elle, bien plus grande qu’elle en l’avait imaginé et offrant bien plus de complexité qu’elle ne l’aurait cru. Les pieds bien posés dans l’arène, elle ne fit que lever le regard vers la foule, sans la saluer. Pourtant, aux exclamations qui retentirent du coté de son opposant, elle comprit qu’il en avait fait différemment. Surement un peu connu dans la région, peut-être même estimé. Chose sure, il avait de l’assurance, ce dont elle manquait cruellement. Elle n’était qu’une femme, très jeune, au physique agréable sans plus. Pour l’occasion, elle avait attaché ses cheveux, bien haut pour éviter que ceux-ci ne touche sa nuque et ne la déconcentre. Ignorant les rudiments des habits de combat, elle s’était vêtue très simplement, offrant le nécessaire pour une grande flexibilité des membres et une bonne maitrise des mouvements. Il ne fallait pas être devin pour reconnaître l’expression de doute qui planait sur les traits fins de son visage, bien qu’elle tente de se convaincre de la nécessité de ce combat. À ses hanches, sa ceinture lui permettait de mettre de dague et, par précaution, elle en avait caché une autre dans sa botte, comme ressource. Son carquois bien rempli et en vue, elle avait rangé son arc à son dos, hésitant encore à l’utilisé, bien qu’elle ait pratiqué sa maîtrise de l’arme en question.

Difficile il était de ne pas voir les flammes qui entouraient le terrain. Si au premier coup d’œil, elle en avait frissonné d’effroi, la raison l’avait mené à voir cela comme une possibilité. Le feu n’était pas nécessairement un ennemi dans la possibilité où elle le voyait autrement. Se penchant vers le sol, la terre vint effleurer ces doigts. Du sable. En prenant une bonne quantité dans sa main, elle vint la glisser dans la poche de son pantalon. Ne sait-on jamais. Bien droite, elle attendait. Le combat ne commençait réellement que lorsqu’elle pouvait voir son adversaire, ce qui ne tarda pas. Le mur tomba grain par grain, elle finit par voir son adversaire, un prénommé Datar, se dessiner à travers le nuage. Même de loin, elle sut qu’il n’était pas humain.

Citation :

Commença alors l’analyse. Difficile de ne pas percevoir la noirceur qui émanait de son être, difficile pourtant sans lui avoir parlé d’en cerner la cause, mais nul doute qu’il n’inspire pas la compassion ni la clémence. Le combat en sera donc ardu, car elle ne peut miser sur son état de novice ou de femme pour espérer de lui qu’il soit indulgent. Bel homme, ce qui, dans le cadre du combat, est une information, jusqu’à maintenant, sans utilité. Alors qu’elle ose quelques pas, toutefois assurés, dans sa direction, elle ne cesse de l’observer, cherchant physiquement une faille. Pour l’instant : aucune. C’est un mâle de grande taille, ce qui lui offre l’avantage de la force et de la hauteur, mais cela ne semble aucunement lui nuire du côté rapidité, vu la stature de son corps. Embêtant, elle ne peut donc pas miser nécessairement sur son agilité. Ses armes étaient de loin ce qui l'inquiétait le plus. Son épée et son bouclier, semblait... fait de matière translucide, comme... de la glace. Étais-ce possible? Un avantage pour lui, il possédait les forces d'un univers qu'elle ne maitrisait pas et dont elle ne pouvait même pas concevoir les limites. En ce qui concernait son environnement, ce qui l’entourait, elle était certaine que quelque chose clochait, mais impossible encore pour l’instant de dire quoi.

Son cœur accélère à chaque instant et elle s’arrête encore bien loin de lui. Avant de combattre sérieusement, il lui fallait le tester, sans connaître ses capacités, elle ne peut se préparer à l’attaquer ou le contrer. Une chose est certaine, elle ne doit pas le laisser la mettre au sol, car vu leurs gabarits distinctifs, nul doute que cela signerait la fin.

Bien au delà de ce qu'elle avait pu imaginer, une vague déferlante surgit des tréfonds de la terre. Comment s'en protéger? Impossible. Il lui fallait encaisser. Se jetant au sol, sa seule ressource fut de saisir ses dagues et de les enfoncer dans le sol. Si elle ne pouvait éviter l'eau, il lui faudrait au moins éviter de se retrouver écraser contre les murs de l'arène. Attendre. Tenir. Encaisser. Voilà ce qui lui restait à faire. L'épreuve s'avéra plus difficile encore qu'elle ne l'avait imaginer. Le choc du premier contact entre elle et l'eau fut comme un coup de poing au ventre et malgré elle, elle expira l'air emmagasiné dans ses poumons. À peine quelques secondes et déjà elle se retrouvait affaiblie par le manque d'air. Ses mains se meurtrissaient à chaque instant aux manches de ses dagues, sans parler des l'étirer des muscles de ses bras, qui se tordaient à chaque mouvement divergeant de la vague. À la fin du déluge, elle retomba au sol, crachant de l'eau, mais se redressant immédiatement. Rester au sol était à éviter, elle l'avait déjà conclut.

Sans le moindre espoir de l’atteindre, elle prit son arc détrempé, et rapidement décocha trois flèches qui filèrent vers lui à grande vitesse, la lumière naturelle les faisaient miroiter comme des traits lumineux. Par miracle, les flèches s'étaient légèrement déformés, sans se briser ou quitter le carquois. Nul doute qu'il les éviterait. La question n’était pas de savoir si elles le toucheraient, mais comment il les éviterait. Cela lui donnerait quelques secondes, courtes, mais nécessaires, pour reprendre son souffle, ou du moins essayer.