Si les journées semblaient habituellement longues, cela là était bien pire que les autres. Son père était depuis longtemps déjà parti en ville dans le but de se lancer dans l'échange de ses produits agricoles contre de l'argent ou, si une proposition convenable lui était fait, de faire du troc. Sa mère elle, s'était lancé dans le nettoyant compulsif de leur maisonnette, s'attardant sur la cuisine. La voir ainsi, à quatre pattes, frottant à la sueur de son front de vieilles lattes de bois rugueuse lui inspirait une certaine pitié, mais aussi une peur froide qui s'insinuait en elle. Deviendrait-elle ainsi? Cette idée lui donnait une impression de désespoir. Pas question. Elle aimait sa mère, mais pour rien au monde elle aurait voulu vivre sa naîveté qui la cloitrait dans cette maison pour toujours.
Pour sa part, la journée en était donc rester à une succession de petites activités dont elle avait rapidement fait le tour. La lecture, un peu d'aide pour sa mère, s'occuper du jardin...
L'ennui la gagnait de plus en plus. Cédant à un manque d'idée, elle retomba dans un passe-temps qu'elle aimait pratiquer surtout dans sa jeunesse: explorer le grenier. Elle avait toujours aimer cet endroit poussiéreux plein d'objets divers, ayant appartenu à sa famille. Prenant l'escalier apique de bois douteux, elle arriva dans l'endroit minuscule, devant s'y déplacer à quatre pattes, à genou ou très courbé. Optant pour le déplacement à genou, elle s'installa, ouvrant plusieurs boites les unes après les autres. La première contenant de vieux portraits, ayant été fait par des artisans. Aucun d'eux n'étaient proche d'elle dans sa généalogie, c'était plutot des ancêtres éloignés, au portrait un peu râté, ayant surement couté peu cher et fait vite.par un artisan de peu de talents. Seul les nobles et les bourgeois avaient les moyens de se payer un portrait digne de ce nom.
Alors qu'elle s'appuyait sur le mur, ouvrant un vieux journal, elle eut l'impression se sentir un certain inconfort au niveau de son omoplate gauche. Se retournant vers le mur, elle y découvrit une ligne, d'un 1/2 mètre de long, comme une fente. Elle en fut grandement intriguée, y appliquant un doigt. Qu'est-ce que... Il semblait y avoir quelque chose derrière. Essayant de coincer ses ongles dans la fente pour pouvoir tirer, elle ne parvint qu'à s'écorcher un peu le bout de doigts. Passant ses mains sur le mur, elle cherchait s'il quelque chose ne lui permettait pas d'ouvrir l'espace. Ses doigts arrivèrent à la jonction entre le sol et le plancher et c'est alors qu'elle comprit qu'il s'agissait simplement d'une planche qu'il était possible de soulever, comme une frappe. Ce qu'elle fit. Soulevant la planche, elle découvrit derrière celle-ci une petite porte. Ses sourcils se froncèrent. Quel était donc que tous ces mystères dans son grenier. Il lui fallut tourner la poignée pour qu'enfin se dévoile la vérité.
Alors que la porte s'ouvrait dans un grincement poussiéreux, la lueur des deux chandelles qu'elle avait amener lui permirent de voir des feuilles à pertes de vues. L'endroit, mesurant environ un mètre de profondeur et deux de largueur. L'espace crée par la porte lui permettait à peine d'entrer la partie supérieur de son corps pour saisir quelques feuilles.
Commença alors une lecture, qui dura des heures peut-être, de plusieurs de ces feuilles. Chacune lui faisait pousser des petits bruits de surprises. Elle ne cligna pas des paupières, captivée par chaque mot. Sa plus grande surprise, avait été de trouver à la fin de chacune de ses pages la signature de son père. Son père, qu'elle avait trouvé cru à peine lettré aurait écrit ces... choses! Et quelle choses!
Elle venait de finir un parchemin traitant de la géographie et la typographie de la région, des analyses qu'il en avait fait durant qu'il travaillait la terre. Les conclusions qu'il en avait tiré était impressionnante et après réflexion, tout à fait juste.
L'autre page qui avait attiré son attention et celle la concernant. Elle avait longtemps gardé ses yeux sur ses précieuses lignes, souriant face à la tendresse qui couvraient chacun de ses mots. Il expliquait comment il était fier d'elle, comment il voyait en elle la fougue qu'il avait déjà connu en lui-même dans sa jeunesse. Il espérait qu'elle vive la vie qu'il n'avait jamais pu s'offrir. Le discours devint plus noir quand il écrit les raisons qui l'avait obligé à cesser d'écrire:
''... Le monde oubli les hommes tels que moi. Je suis né homme de la terre et je vais le rester. J'aurais voulu, de tout mon coeur, que ma fille s'offre une vie différente. Les gens de culture vivent par la connaissance et j'aimerais tant qu'elle soit un d'eux. Je n'ai pas eu la force de quitter ce monde qui m'a couvé depuis ma naissance, je ne suis qu'un paysan, un homme de rien. Les gens ne reconnaissent pas les écrits de gens comme moi, du moins, pas dans les environs. Partir loin, à mon âge, avec ma famille... c'est impossible. Mes écrits seront toujours conservés ici, mais l'ère de rêve et d'espoir littéraire est fini pour moi. C'est la fin et je vis de l'espoir d'acquérir tout ce qui faut pour offrir à ma fille la possibilité de voir le monde et de trouver sa voie.''
Elle avait refermé la porte, mis de nouveau en place la trappe, puis elle était redescendu. Ce secret, elle le laissait à son père. Un jour trouverait-elle le moyen de lui rendre honneur, elle l'espérait. Bien qu'elle ait laissé les écrits dans leur cachette, une feuille de papier dépassait des plis de sa robe, elle n'avait pu se départir de cette confidence cachée que lui offrait, sans le savoir, son père. Passant devant sa mère, elle la regarda travailler, puis eut un sourire. À cet instant, elle voyait le monde différemment et son esprit s'étendait plus loin que la vision de sa mère frottant le plancher. Il y avait un monde à l'extérieur de ses murs, qu'elle voulait explorer. Et selon la volonté de son père, elle le ferait.