Tu restes assise sur le toit où tu te trouve. A travers des jumelles magiques que tu as acheté à l'origine pour voir des pièces de théâtre, tu observes ta nouvelle cibles. Il s'agit d'une femme, une succube plus exactement. Elle est plus petite que la moyenne, et porte des talons aussi haut que les tiens pour donner l'impression de jambes interminables. Elle est belle, même toi, pourtant difficile pour juger la beauté d'une femme, le reconnaît. Mais elle sait s'y prendre surtout. Ses cheveux sont roux avec une touche de rouge sanglant parfaitement naturelle. Ses cheveux sont longs, mais pas autant que les tiens. Ses yeux sont d'un vert éclatant où semble couler de l'or pur. Sa peau a la blancheur de la neige et donne envie de la croquer. Un visage fin d'une perfection à couper le souffle boucle le personnage.
Il n'y a pas à dire, les démons les plus vils parviennent toujours à cacher leur malfaisance sous des airs charmants. Cette succube n'échappe pas à la règle, tu le sais bien. Partisane à ses débuts du grand démon, sa beauté mêlée à sa cruauté lui a permit de rapidement monter les échelons dans la hiérarchie ténébreuses. Son but étant étrangement de devenir une conseillère noire, elle y parvint dans le sang. Depuis, elle y demeure, ne s'étant jamais encore accordé les défaveurs d'Ailes Ténébreuses.
Elle est intelligente, machiavélique, calculatrice. Très fine d'esprit, c'est ce qui lui permet de conserver sa tête sur ses épaules, dans tout les sens du terme. Oui, tu sais tout d'elle. Et parce qu'elle commence à faire partie des anciens, à avoir un nom, il te faut la tuer. C'est ta nouvelle cible. Celle que tu t'es donnée afin de faire un éclat, d’intéresser la rébellion, bien que tu ne doutes pas que ton surnom soit déjà au moins chuchoté. Non, cette succube, cette putain royale, il te la faut !
En t'étirant lentement, tu souris en songeant que tout est déjà prêt. Il ne te reste plus qu'à passer à l’assaut. Cela t'a pris des jours, même des semaines... même des mois. Voilà deux mois que tu la guettes. Voilà deux mois que tu suis le moindre de ses déplacements, ses habitudes, ses goûts, ses envies. Tu sais comment elle respire, tu sais ce qu'elle mange. Tu sais tout. Absolument tout, à tel point qu'elle pourrait être ta meilleure amie, tu anticiperais tout ses désirs. C'est d'ailleurs ce que tu vas faire.
Sa faiblesse, sa seule et unique faiblesse, qu'elle a transformé en force, c'est sa nature. Une succube aussi puissante qu'elle nécessite de récupérer régulièrement ses forces. Évidemment, elle le fait par le sexe. Hommes ou femme, sa garde et ses serviteurs changent très régulièrement car elle les tue. Elle les vide de leur énergie vitale. Elle est forte, mais tu la connais, sur le bout des doigts. Elle, elle ne sait pas qui tu es.
Il est temps d'agir.
La nuit tombe. C'est toujours à ce moment qu'elle envoi son garde recruter de nouvelles servantes. Le critère est simple : qu'elles soient belles. Tu restes dans l'ombre en regardant le garde et son regard lubrique choisir des femmes pour servir la succube. D'autres gardes suivent la scène d'un peu plus loin. C'est alors que ce que tu attends arrive. Le garde sélectionne une femme. Svelte, la peau légèrement bleuté. Elle a des yeux de chat mauve. Elle est originalement belle. C'est ce qu'il plaît à la succube. Le garde réclame alors à la femme qu'elle se déshabille. Ce qu'elle fait sans réfléchir. Encore une prostituée qui se dit qu'elle n'a plus rien à perdre. C'est ce moment là que tu choisis. De ton toit, tu bondis dans la cour du jardin. Les hommes sont tous suspendus aux formes généreuses de la femme choisit, aucun ne voit ton ombre dangereuse atterrir dans une roulade souple à côté des buissons. Avec un sourire, tu te glisse dedans et vise un peu plus loin une corniche.
Tout se passe comme tu l'as prévu. Tout est millimétré. Tu grimpe donc jusqu'à la corniche d'où tu sautes pour te réceptionner sur le toit d'en face. Tes bonds sont longs et presque comme au ralentis. Tu ne saute pas haut, mais loin, et cela fait ta bonne fortune. En te réceptionnant, tu glisse sur une tuile mal accrochée. Tu la vois glisser jusqu'au bord et tu sais qu'elle va tomber. A demi effarée, tu tends la main vers elle et emploi ta magie. Une aura bleu entoure la tuile qui remonte doucement jusqu'à toi. Une fois en main, tu soupire et pose la tuile de façon à ce qu'elle ne tombe plus.
Tu reste alors quelques secondes sur le toit d'où tu vois le corridor en contrebas. Il te faut attendre désormais que la succube passe pour aller dans sa salle de bain, où tu te présenteras comme sa proie du jour. Tu devras tuer l'autre. Tant pis, c'est nécessaire !
Tu attends alors encore quelques minutes, puis finalement, tu la vois en grande discutions avec un autre conseiller noir qui passe. Tu fronce les sourcils. Que fait-il là ? D'ordinaire, elle ne reçoit jamais personne à l'heure de son bain. Fronçant le nez de façon à montrer tes dents, tu pestes contre cet hommes, jusqu'à ce que la succube lui plante un poignard dans le cœur. Tu soupire. e exécution demandée sûrement par le démon. Rien de bien important. En effet, tu vois la succube faire signe de débarrasser le corps, puis elle entre dans sa salle de bain. Tu te laisse alors glisser le long du toit et atterrie souplement sur le long couloir. En trois bonds, tu arrives à la porte de la salle de bain, avant que les serviteurs ne se débarrassent du corps, et donc avant qu'ils ne te voient. Tu entre à ton tour en silence, et reste dans le vestibule, en te cachant derrière une grande statue de pierre. C'est ici qu'ils apporteront la femme qui se fera tuer ce soir.
Tu n'attends pas longtemps avant que la porte ne se rouvre et qu'une adolescente ne soit poussée sans ménagement dans la pièce où tu te cache. Elle est vraiment jeune. Elle doit à peine avoir 16ans, mais elle ne pleure pas. Elle garde la tête haute, pleine de défi. Les gardes s'éclipsent, et c'est là que tu apparais. Dans le dos de la proie, tu la bâillonnes de ta main en te disant que tu vas regretter ce que tu vas faire. L'adolescente ne bouge plus dès lors que tu as posé tes mains sur elle.
-Ne fais aucun bruit, je ne te veux pas de mal, souffles-tu à son oreille. Si cela ne te dérange pas, tu vas partir d'ici, fuir cette maison, et me laisser aller voir ta maîtresse à ta place.
La jeune fille acquiesça vivement. Tu la lâches et lui ouvre la porte d'où elle sort. Tu savais que selon la personne que tu trouverais dans le vestibule, tu ne pourrais pas résister à l'envie de la laisser vivre. Tu as déjà prévue ça. Tu sais qu'elle parviendra à sortir. Elle ne pleurait pas. Elle est forte.
-Entre donc mon chaton, fit soudain la voie enjôleuse de la succube.
Avec une grimace pour toi, tu entre dans la pièce, un air fier plaqué sur ton visage. La vapeur d'eau bouche une grande partie de la pièce de vue, mais la succube est en face de toi, entièrement nu. Tu vois un magnifique tatouage qui part de son bas ventre et remonte à sa poitrine. Ces lignes entremêlées représentent un dragon très majestueux. Elle est belle, cela est sûr. Mais son âme est si noire que voir une aura sombre autour d'elle ne t'étonnerait pas. Tu sens plus que tu ne vois qu'elle te dévore des yeux. Elle apprécie ce qu'elle voit.
-Approche toi donc. Ce que tu es grande ! Et ces oreilles !
Elle les touche d'un geste très sensuel, tu lui lance un regard fiévreux. Pas que tu ais hâte qu'elle te saute dessus. Mais tu sais que c'est l'effet qu'elle produit lorsqu'elle agit ainsi. Tu es insensible à ses charmes pour deux heures. Bien plus, beaucoup plus qu'il n'en faut. Mais comme on ne sait jamais, tu a prévu grand. La potion que tu as acheté dans cette optique marche formidablement bien. Elle attire ton visage vers le sien et va pour t'embrasser. Tu te laisse faire, même si elle te dégoûte, tu dois attendre !
Ses mains descendent jusqu'à ta tunique sous laquelle tu ne porte que ta tenue en cuir. Elle enlève rapidement le tissue clair, et caresse la courbe formée par ta hanche. Maintenant. C'est maintenant que tu agis. Sortant une dague de ton corsage, tu lui plante dans le cœur... mais ne touche que du vide. Elle s'est dérobée avec tellement de facilité ! Tu récupère Konijn et te met en garde face à elle.
-Qui es-tu ? S'enquit-elle d'une voix tellement séductrice que tu comprends comment elle est parvenu à endormir la méfiance de tous ceux qu'elle a tué.
-Qui je suis n'es pas important il me semble, tu réponds d'une voix posée et profonde.
Tu la vois frémir et fermer les yeux. Elle s'illumine légèrement et une hallebarde apparaît dans ses mains.
-Si la mort est aussi sexy que toi, alors j'accepterais presque de mourir, soupira-t-elle.
Tu fixe son arme des yeux, attendant qu'elle attaque, ce qu'elle fait avec vivacité. Tu la contre, la repousse, et t'éloigne d'elle, attendant le prochain coup. Elle feinte vers ta droite, tu la laisse plonger, te rapproche d'elle, et griffe son ventre à l'aide de ta lame, avant de reculer à nouveau.
-Mon corps ! S'exclame-t-elle. Tu abîmes mon corps !
Ce n'est plus que rage sur son visage, et tu vois alors le mal qui est en elle qui apparaît pleinement. Une succube possède deux faces. Une que tout le monde voit, belle et attentionnée, à qui on jurerait allégeance infini, et une autre, aussi immonde que l'est le mal qui sévit en l'âme. C'est ce visage là que tu vois apparaître. Un attrait si laid que tu en grimace. La succube est énervée, elle n'a plus qu'une envie, te tuer. Sa bouche n'a plus rien de divin. Elle est une rangée de dents acérées. Désormais, elle ressemble à une sorte de sirène, à part qu'elle tient plus du serpent que du poisson. Laissant tomber son arme, elle plonge sur toi et tu l'évites rapidement en tournant autour d'elle. Tu la blesse à nouveau, mais elle te désarme et Konijn se perd dans la partie embuée de la pièce. Tu n'as pas le temps de chercher ton fleuret des yeux qu'elle te saute à nouveau dessus. Tu l'évite d'un bond et sens ton dos collé au mur. L'idée te viens alors que ta formidable détente peut te donner le temps nécessaire pour que tu récupère ta lame. La succube te saute à nouveau dessus, mais cette fois, tu la laisse s'approcher, puis tu prends appuie sur le mur pour la repousser au moment où elle ouvrait sa gueule pour te mordre. Elle ne s'y attendait pas, mais réagis pourtant très vite. Elle te mord sauvagement la jambe gauche avant d'être projetée dans son bassin où son dos se fracasse dans un bruit sourd contre la bordure. Sans en être dégoûtée, tu rappelle ta lame à toi qui revient entourée par cette lumière bleutée. La succube hurle de rage, sort du bassin tant bien que mal, mais tu lui enfonces Konijn dans le cœur jusqu'à la garde.
Elle hoquette surprise et crache du sang. Tu as un sourire mauvais, essuie ta lame sur une serviette posée plus loin et sors de la pièce pour te retrouver dans le vestibule. La fraîcheur de cette pièce comparée à l'air lourd de la salle de bain te fais du bien, et tu soupire, rassurée. Tu regardes ta jambe blessée, et tu constates qu'un drôle de liquide en coule avec ton sang. Il va te falloir agir vite. Tu retourne dans la salle de bain afin de récupérer ta tunique, puis tu t'en sers pour un garrot.
Tu t'approche alors de la porte et l'entrouvre afin de regarder au dehors. Deux serviteurs sont encore en train de nettoyer les dalles,et tu fronce ton nez. Le corps n'est plus là, mais le sang persiste, et ces hommes que tu vois vont encore rester là longtemps. Comment vas-tu sortir de là ?
Ton regard se porte alors sur les tuiles sur le toit où tu te cachais juste avant de rentrer, et tu souris. Une lueur bleu entoure un tuile qui tombe à terre, juste à côté d'un homme occupé à frotter le sol avec frénésie. Il relève ta tête, et immédiatement, tu renvois une autre tuile qui se fracasse sur sa tête. L'autre se relève affolé, puis regarde autour de lui, mais ne tarde pas à recevoir une autre tuile lancée à pleine vitesse sur sa nuque.
La voie enfin libre, tu sors de ta cachette, en boitant légèrement. Tu es fatiguée à cause de ta magie et avoir envoyé valser la succube t'as un peu trop fait forcé. Ta jambe t'élance, et tu sens la pulsation de ton sang jusque dans ta tête. Avec un léger soupir, tu retournes sur le toit, avec cependant plus de difficulté, et attend là la relève de la garde. Tu sais que tu en as bien pour 5 bonnes minutes, et peut être qu'ils trouveront le corps avant que la garde ne change. Dans ce cas, il te faudra puisait dans tes dernières ressources et détaler comme un lapin, sans mauvais jeu de mot.
Un cri assourdissant te dit que c'est donc l'option course poursuite que tu vas devoir choisir. En laissant tout juste le temps au garde de se détourner de leur poste, tu saute du toit jusqu'au mur de l'enceinte, et te laisse tomber au sol, te rattrapant en une roulade un peu maladroite. Ta jambe gauche, soit ta jambe d'appui te fait un peu souffrir, et au vu de la morsure qu'elle t'a infligée, tu sais que ta jambe va mettre du temps à guérir, mais pour le moment, l'adrénaline te permet d'avancer et puis le temps n'est pas aux lamentations.
Tu cours dans les rues sombres de Sen'Tsura, te sachant poursuivit par les gardes de feu la succube. Ta jambe menace à tout moment de te lâcher, mais tu refuses d'y penser. Tu débouches alors sur un carrefour où tu prends sans hésiter une petite ruelle.
Lorsque tu découvre qu'elle se finit en impasse, tu grimace. Tu n'as pas la force de sauter au dessus du mur qui se présente à toi, et si tu dois te battre, alors tu mourras. Sortant ta lame de son fourreau, et te retourne face aux soldats qui cours vers toi, mais une volée de flèches les arrêtes. Surprise, tu lèves les yeux, mais trois encapuchonnais apparaissent devant toi. Tu fais un pas vers l'arrière, et les regarde en te mettant en garde.
-Range ton fleuret, lapin blanc, te dit le premier. Nous ne sommes pas là pour te tuer.
-Mais ? T'enquis-tu peu amène.
-Nous voulons surtout te proposer de nous aider de façon plus... officielle.
Tu écarquilles les yeux. La rébellion. Ils t'ont suivit dans ton parcours d'aujourd'hui. L'un d'eux, une femme, te lance une petite fiole en t'indiquant ta jambe. Tu ouvres le flacon, enlève ta tunique poisseuse de sang, et t'assois avec prudence. Les trois rebelles te regarde faire lorsque tu laisses tomber quelques gouttes d'un liquide sirupeux sur ta plaie. Tu ressens un tel soulagement, que tu vide la fiole et vois avec étonnement ta plaie se refermer. Tu laisses un petit sourire flotter sur ton visage.
-Ce sont des larmes de phénix. Elles sont efficaces contre le venin de succube, t'explique le plus âgé.
-Je vous suis ! Lâches-tu d'un ton assuré.