[Au début je comptais attendre de l'avoir finit pour la poster, mais j'ai trouvé quelque chose de plus amusant : Je vais la posté morceau par morceau et vous allez essayer de deviner qui est le chat! ]
- Prélude -
Le front couvert de sueur Jonathan releva la tête lorsqu’il entendit un petit grincement dans le couloir. Ses yeux fous fixèrent la porte close avec terreur tandis que ses doigts se mettaient à trembler à cause du stress qui le rongeait vicieusement. Il ne se passa rien, mais ses démons continuaient à le hanter, à le torturer, il ne savait plus ce qui était vrai ce qui ne l’était pas. Il n’en pouvait plus, la pression avait fait disparaître le peu de raison qu’il lui restait. Il ne pouvait plus attendre recroquevillé dans son armoire, il devait agir. Un nouveau craquement se fit entendre et hagard il regarda de nouveau entre l’interstice des deux battants pour vérifier que personne n’entrait. Le cœur battant à tout rompre il serrait très fort contre lui le revolver qu’Eléonor lui avait donné. L’arme avait un côté rassurant…
Akira avait raison, il n’y avait qu’une seule vraie règle dans ce Jeu infernal. Tuer ou être tué. Et il ne serait pas la prochaine victime du Chat.
**********
Il faisait relativement gris quand Eléonor sortit du bus, des nuages flétris dansaient dans le ciel couvrant le monde de leurs ombres menaçantes. Craignant qu'il ne se mette à pleuvoir la jeune fille se pressa de rentrer chez elle. En fait, le mauvais temps n’était qu’un prétexte qu’elle se donnait pour avoir l’impression de ne pas être accros. La seule chose qui lui donnait vraiment envie de rentrer chez elle, c’est que là-bas il y avait son ordinateur, et qu’avec son ordinateur elle pouvait discuter avec son fiancé. Après avoir retiré précipitamment son manteau et ses chaussures elle entra dans le séjour et pendant un instant, le temps cessa de s'écouler. Elle-même figée se contentait de fixer la scène qui s'étalait devant ses yeux. Le cadavre de ses parents gisait sur le tapis et un homme vêtu d'un élégant costume noir, le visage dissimulé sur un étrange masque lui faisait face. Lorsqu'elle regardait la télé, elle s'était toujours demandée pourquoi dans ce genre de situation les victimes ne s'enfuyaient pas en criant. Maintenant elle le savait. Elle était tétanisée. Ses membres refusaient de lui obéir, les yeux écarquillés, elle ne pouvait que contempler ce tableau macabre en silence, tandis que les battements désordonnés de son cœur sonnaient distinctement à ses oreilles. Son esprit sembla se réfugier dans un méandre obscur de son cerveau et dès lors elle fut incapable de réfléchir correctement. Elle était devenue la spectatrice impuissante de son propre cauchemar. L’homme rajusta ses gants plus blancs que neige et la fixa.
-Mademoiselle Stern? Demanda-t-il sur un ton à la fois polie et dénué de sentiment. Veillez me suivre s’il vous plait. Elle savait qu’elle n’avait pas vraiment le choix, pourtant ce petit monologue lui permit de retrouver un soupçon de raison. Sans se poser de question elle fit demi-tour et courut le plus vite possible vers la sortie. Avec toute la force que lui procurait sa peur, elle se jeta sur la porte et l’ouvrit brutalement en appelant à l’aide. À sa grande surprise, deux hommes ressemblant grandement à celui du salon, par leur allure, leur masque et leurs gants immaculés, encadraient la porte, tout deux aussi menaçants et immobiles que deux statues de marbre. Une voiture noire s’avança, le chauffeur descendit et ouvrit la portière arrière. Elle recula de plusieurs pas et se heurta au meurtrier de ses parents.
- Qu’est ce que vous me voulez ?! Bégaya- t-elle à son attention après s’être brusquement retournée. La peur qui lui avait donnée des ailes se transforma en panique incontrôlable qui accéléra sa respiration. - Montez dans la voiture, lui ordonna-t-il en accompagnant son invitation d’un élégant geste de la main. La situation était tellement surréaliste que malgré l’air gelé qui lui picotait la peau et engourdissait ses pieds nus Eléonor se demanda si elle ne faisait pas un mauvais rêve.
Après tout, sa vie avait toujours était aussi tristement banale que toutes les autres. Une petite existence de lycéenne bien tranquille, avec un chéri merveilleux mais qui habitait horriblement loin, des histoires familiales sans fin et une envie omniprésente de s’évader, de vivres de palpitantes aventures, d’être extraordinaire. Comble de l’ironie, elle qui avait toujours rêvé d’être une héroïne aurait tout donné pour retourné à sa routine si fade. Elle était bien trop effrayée par ce nouvel avenir qui s’esquissait devant elle. Mais de toute façon elle n’avais pas le choix, et assez de dignité pour prendre une grande inspiration et s’avancer.
Les jambes flageolantes, la respiration haletante, elle se glissa dans la voiture sombre. L’homme referma la portière derrière elle et le claquement qu’elle produisit la fit frissonner ; ce bruit évoquait une porte de prison en train de se refermer sinistrement, et elle imaginait trop bien les barreaux aussi gris que le ciel se refermer sur sa vie. À cet instant le mot désespoir venait de prendre un tout nouveau sens, s’approchant plus que jamais de sa véritable signification.
Se recroquevillant sur elle-même elle laissa des larmes perler sur ses joues, symbole de son impuissance et de sa détresse. Elle ne réalisait pas encore très bien que ses parents étaient décédés. Elle le savait bien sûre, mais elle n’en concevait pas encore toutes les conséquences. Comme tous les adolescents de dix sept ans elle ne s’entendait pas à merveille avec eux, pourtant leur absence lui saignait le cœur mais pire encore, elle se demandait si elle pourrait un jour revoir Benjamin. Leur éloignement lui avait sauvé la vie, mais que penserais t’il en voyant qu’elle ne répondait pas à ses messages ? Elle aurait tellement aimé qu’il soit là et qu’il la serre dans ses bras en lui murmurant des paroles rassurantes à l’oreille… Cette image pourtant pleine de tendresse et de sérénité transforma ses larmes en sanglots incontrôlé. Elle se sentait tellement seule, tellement perdu, tellement fragile…
Une petite main suivit d’un rideau de chevelure se posa doucement sur son épaule. Surprise elle cessa de sangloter et tourna la tête. C’était une petite fille à genoux sur la banquette arrière qui s’était ainsi blottie contre elle.
Sa stupéfaction mêlée au réconfort certain que ce câlin surprenant lui apportait fit totalement disparaître ses larmes, et Eléonor contempla silencieusement la fillette qui devait avoir moins d’une dizaine d’année. Celle-ci se redressa et lui offrit un sourire plein de mélancolie avant de dire d’une voix à la fois mélodieuse et candide : « Ma maman m’a dit qu’il ne fallait pas être triste, que tout irait bien, elle dit toujours la vérité tu sais… »
Un millier de fugaces mimiques passèrent sur son visage tant la scène était incongru. Finalement un pâle sourire prit le dessus et resta accroché sur ses lèvres. Il fut suivit d’un hochement de tête presque résigné.
Eléonor s’assit normalement sur la banquette commençant seulement à reprendre ses esprits, elle ne s’en rendit pas compte mais l’adorable innocence que dégageait la jeune fille avait réveillé ses instincts maternel provoquant une irrépressible envie de se rapprocher d’elle et surtout de la protéger.
Elie avait besoin de quelque chose pour trouver un équilibre et inconsciemment elle venait de trouver une mission, une noble raison qui lui permettait de réfléchir de nouveau et surtout de ne plus se sentir comme une impuissante poupée ballotait par le destin : Elle se devait de préserver ces deux grands yeux ingénus, qui avait su faire disparaître sa peine, elle se devait de protéger cette douceur, cette candeur, pour que parmi toute l’horreur que ces monstres masqués créaient, il reste quelque part une petite lueur de pureté et d’innocence. Et puis cela lui permettait de penser à autre chose qu’à la noirceur de son propre avenir.
-Je m’appelle Eléonor et toi ? Demanda-t-elle dans l’espoir d’engager la conversation. -Maêve, répondit-t-elle manifestement peu bavarde. Alors qu’elle cherchait quoi dire Eléonor remarqua une adorable peluche rose en forme de lapin que Maêve tenait d’une main par les oreilles. -Elle est mignonne ta peluche, comment elle s’appelle ? La petite fille la serra dans ses bras comme si elle avait soudain peur qu’on la lui enlève. -Pinpin. La petite marqua un temps d’arrêt puis elle jeta un regard suppliant à Elie. Les zombies ne vont pas me l’enlever hein ?
Eléonor sourit légèrement devant cette appellation, certes peu élégante, mais qui était très approprié. La conversation fini par s’engager, occupant les très longues heures de trajet et créant chez les deux filles une vraie complicité.
Presque détendu les deux demoiselles débâtait pour savoir quel genre était le meilleur entre la science-fiction et le fantastique quand elles sentirent la voiture ralentir. La bonne humeur qui avait pointé son nez disparu aussitôt remplacé par de l’angoisse. Maêve serra très fort la main d’Elie qui fit comme si elle n’avait rien remarqué.
Il y eu un moment de silence qui leur parut une éternité puis la voiture finit par se stopper et la portière s’ouvrit. Après être sortit Eléonor stupéfaite détailla le splendide manoir qui s’offrait à leurs vues. Il était si immense, et si plein de majesté qu’il aurait était difficile de ne pas le remarquer, surtout qu’il n’y avait rien d’autre autour si ce n’est des petits gravas blancs qui s’arrêtaient à la lisière d’une forêt de conifère.
-Veuillez me suivre s’il vous plait. Elie aussi resserra son emprise sur la minuscule main de Maêve, et prit une profonde inspiration. Elle avait l’impression que le crissement des graviers sous leurs pieds avait le tintement d’un glas, d’ailleurs elle devait se retenir pour ne pas courir, et ne pouvait réprimer une grimace de douleur. Elle s’efforça néanmoins de garder son calme, elle se devait d’être courageuse.
De près la demeure était encore plus impressionnante, écrasante par sa hauteur et sa majesté, leur rappelant à chaque instant qu’elles n’étaient que des jouets. Immobile devant une immense porte en bois massif elles se sentaient de plus en plus mal. En effet elles avaient l’impression d’être dévisagés par les gargouilles malsaine qui ornaient le porche. Alors que se sentiment devenait insoutenable les deux battants s’ouvrirent comme par enchantement, sans émettre le moindre crissement.
Elles furent introduites dans un immense hall, dominé par un escalier tout aussi démesuré et recouvert d’un épais tapis rouge. Elie qui avait l’esprit critique fut presque déçu par l’aspect cliché de l’entrée : tout y était, le lustre en cristal, les belles dorures partout, et le grand portrait d’un homme à l’air respectable bien centré dans la perspective de l’escalier. La seule chose qui dénotait dans cette atmosphère royale était les deux zombies qui se tenaient droit comme des piqués devant eux, ils tenaient dans leur main une petite boite en porcelaine qu’ils ouvrirent simultanément signant leurs fins tragiques.
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Assise contre la porte de sa salle de bain, ses vêtements teints de sang et l’odeur de la mort dans les narines, Eléonor laissait ses souvenirs vagabonder tout en serrant rageusement entre ses doigts une clef qui arborait fièrement la lettre k. Oui c’était à ce moment que tout avait réellement commencé, elle se rappelait comme si c’était hier de leur arrivé, du début du Jeu.
Debout devant l’escalier en compagnie de Maêve, elle avait pu contempler deux magnifiques clefs en argent accrochés à une petite chaine. On les avait fait monté à l’étage et elle c’était rendu compte que l’atmosphère du manoir, au-delà d’être impérial et somptueux, dégageait un côté presque chaleureux, largement terni par la présence des zombies.
Si seulement à ce moment elle avait su…
Ils avaient traversés un détale de couloirs identiques, ornés de portes lettrées, presque trop simple comparé aux décorations alentour, pour finalement être introduit dans une vaste pièce habillé par une immense fresque mural qui prenait vie au dessus d’une imposante cheminé. La pièce était meublée par de très beaux sofas cramoisis et elle était remplis d’une foule d’adolescent divers et variés.
Elle n’aurait jamais du entrer.
Elle aurait du s’enfuir en courant. Mais la porte c’était refermé silencieusement derrière elles sans qu’elle sache ce qui l’attendait et Elie avaient dévisagé les autres sans trop savoir quoi faire.
Les yeux fermés elle se laissa aller.
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Une jolie fille d’origine asiatique se leva, et malgré la situation Elie ne pu s’empêcher d’admirer ses vêtements de gothique lolita, avec un sourire triste mais avenant la japonaise lui tandis la main et se présenta
- Je m’appelle Akira, enchanté ! - Eléonor répondit t’elle, puis elle désigna Maêve toujours accroché à sa main. Et elle c’est Maêve. Le silence s’installa de nouveau, et Akira bien décidé à ne pas se laisser ronger par celui-ci entrepris de présenter tout le monde.
- Alors le brun à lunette c’est Jonathan, le blond snobe avec son téléphone qui marche pas c’est Alexandre, le rebelle au crane rasé s’appelle Bastien, la blonde qui prie sans arrêt je crois que son prénom c’est Madeleine, le gars avec la tablette de chocolat c’est Romain et le celui qui sait tout sur tout c’est Benjamin.
Eléonor ne put s’empêcher de tiquer et de dévisager Benjamin lorsqu’elle su comment il s’appelait. Troublée, pendant une courte seconde elle cru voir son fiancé dans les traits de l’inconnu. Pourquoi le destin s’acharnait t’il sur elle, au point de l’enfermer avec quelqu’un qui portait le même nom que la personne qu’elle aimait le plus au monde ? Elle serait repartie dans de longues lamentations silencieuses si une phrase d’Akira ne l’avait pas ramené à la réalité. - Quelqu’un sait où est passé Olivier ?
Elie secoua la tête pour dire non - étant donné qu’elle ignorait qui était olivier - mais surtout pour se réveiller, et rester concentrée. Un pressentiment lui disait que ce qu’elle avait vécu n’était qu’un prélude et que les minutes à venir seraient décisives.
Soudain l’image de la fresque se troubla pour être remplacé par le visage d’un homme masqué de rouge sur fond noir. Surprise Elie mit quelques seconde à comprendre qu’en fait la fresque n’était autre qu’un écran plat mais elle se rassura en voyant qu’elle n’était pas la seule à c’être méprise. L’image resta statique un instant attendant d’avoir l’attention de tout le monde puis une voix enjoué et très grave emplie toute la pièce.
-Bonjour et bienvenue au jeu du Chat et de la Souris.
Cette simple phrase d’accroche fit son œuvre et tout le monde, même Madeleine, cessa toute activité pour l’écouter.
-Le but du jeu est simple. Le chat gagne s’il n’y a aucun survivant. Les souris gagnent si elles tuent le chat. Mais laissez moi vous expliquez un peu comment cela va se passer… Comme vous l’avez constaté, chaque joueur possède une clef, elles ouvrent les portes que vous avez pu apercevoir dans le couloir, chaque clef en ouvre deux. Vous pouvez demander aux Assistants d’exécuter des taches physiques très définis à votre place, ou de vous fournir tout le matériel dont vous auriez besoin excepté les explosifs. Les chambres des morts seront laisser ouvertes tout comme la morgue qui se trouve en face de la chambre de K, à chaque fois qu’il y aura un mort, un Assistant viendra prend le pouls de la personne puis la transportera là bas. La cuisine se trouve à l’étage accessible par l’escalier à côté de la morgue. l’homme marqua une pause puis regarda sa montre et enfin se redressa pour dire avec une voie presque sadique : A partie de maintenant, tous les coups son permis.
Amusez vous bien mes petites souris…
Chapitre 1
Assise sur son lit, Eléonor jouait avec son critérium, un sourire ironique teinté de folie accroché aux lèvres. Un petit rire étouffé, saccadé s’y échappa à l’idée que si elle survivait, si elle gagnait, ce serait grâce à un crayon à papier. Grâce à un ridicule crayon à papier....
Elle soupira longuement et son sourire s’effilocha tandis qu’une profonde langueur se peignait sur son visage. Elle était épuisée. Elle voulait abandonner, mais son souvenir à la fois si proche et pourtant si loin, la retenait. Elle n’était pas vraiment elle. Son corps n’était plus que tension, sa mémoire n’était plus qu’un tombeau, mais elle devait le revoir. C’est pour cela qu’elle s’était battue. Pour sentir la chaleur de ses bras, au moins une dernière fois.
Une larme perla sur sa joue tandis que ses pensées remontaient jusqu’à ce jour fatidique où l’écran s’était éteint, marquant le début du Jeu.
Elle se souvenait de leur regards silencieux pourtant si chargés de suspicion. De la voix d’Akira qui tentait de trouver une explication. De ce poids dans leurs cœurs qui ne les avait plus quitté. De la détresse de Romain qui se posait milles questions, de ce moment où tout avait vraiment commencé.
******************
C’est Madeleine qui la première raconta, qui expliqua comment cet enfer avait commencé. Comment les Assistants avaient tué le prêtre de son église. Comment face à la cruauté de ce jeu elle ne pouvait que prier.
Glacée par sa voie claire et posée, qui tintait comme un carillon, Eléonor se demanda comment il était possible qu’une personne aussi éthérée soit aussi froide. Elle ne croyait pas aux anges mais Madeleine avait une silhouette si menue, un visage si délicat et des cheveux blonds si fins que la ressemblance était troublante.
Madeleine semblait être insensible aux mines accablées des autres, et à leurs regards compatissants jusqu’à ce que la voix de Maêve brise le silence religieux qui s’était installé.
- Tu sais, il doit être bien au paradis… Déclara la jeune fille pleine de candeur.
Tout le monde sursauta en regarda Maêve, blottie contre Eléonor, qui enlaçait son doudou. Celle-ci se recroquevilla un peu gênée par la soudaine attention qu’on lui portait. Embarrassée elle s’apprêtait à se justifier mais avant qu’elle ouvre la bouche, Madeleine, touchée, retira quelque secondes son masque de glace et murmura en hochant doucement la tête qu’elle avait raison. Que le Père Felmin était sans doute heureux au paradis.
Infiniment troublée, Maêve câlinait sa peluche en se balançant légèrement. Eléonor qui sentait son malaise, se sentit coupable de ne pas avoir anticipé. Elle savait que c’était important de raconter comment ils étaient arrivés là, que cela leur permettrait de mieux appréhender le jeu, mais elle ne pouvait pas laisser Maêve entendre ces récits morbides, d’autant plus que celle-ci croyait fermement qu’elle reverrait ses parents.
Elle lui suggéra donc de trouver sa chambre, et d’aller se reposer, dans le but de l’éloigner. Celle-ci protesta mais face à l’insistance d’Eléonor, Maêve ne put que se résigner et elle partit en boudant de la salle commune en traînant son lapin par les oreilles.
- Tu as bien fait, murmura Benjamin en lui offrant un pâle sourire. Moi je rentrais de la fac quand cela c’est produit, mes parents gisaient dans la cuisine et l’Assistant me regardait froidement. J’ai essayé de m’enfuir mais d’autres m’ont barré la route et m’ont forcé à grimper dans la voiture.
- Ouais, ces salauds sont plus coriaces qu’ils n’en n’ont l’air, j’ai réussi à en mettre deux K.O mais ils m’ont assommé par derrière ! Grogna Bastien qui assistait au débat debout dans un coin, les bras croisées. Alexandre, qui ne pouvait s’empêcher de monopoliser l’attention, pris à son tour la parole, sans se soucier de savoir si le discours de Bastien – qui vu sa carrure, n’était pas la personne à contrarier – était terminé ou pas.
- Pour ma part, j’ai subi le même traitement : quand mon chauffeur m’a reconduit chez moi, j’ai vu mes parents morts et les Assistants m’ont kidnappé. - Tu mens. Déclara Madeleine avec un aplomb déconcertant. - Pardon ?? S’insurgea Alexandre plus surpris qu’outré. - J’ai ce don. Depuis que je suis petite, je le sens. C’est pour ça que je sais à quelle point l’humanité est nauséabonde. C’est pour ça qu’il n’y a qu’en Dieu que j’ai confiance. Elle resserra son emprise sur la croix argenté qui pendait à son cou en baissant légèrement la tête. Elle le laissa protester maladroitement quelques instants avant de reprendre d’un ton tranchant. -Tu peux essayer de mentir aux autres, mais moi tu ne me duperas pas. Et si tu ne dis pas la vérité c’est que tu es le Chat, Alexandre. Déclara t’elle en relevant la tête pour le regarder dans les yeux.
Alors que la tension arrivait à son paroxysme et que face aux regards suspicieux des autres, Alexandre perdait peu à peu de sa splendeur, un cri d’horreur retenti du couloir.
Après un moment de stupeur tout le monde se rua dehors, Eléonor la première car elle avait reconnu la petite voix de Maêve. Elle se stoppa net en voyant un Assistant au fond du couloir, pendant quelques instants elle le fixa avec un mélange de colère et de peur, puis elle l’oublia en apercevant Maêve assise par terre les yeux écarquillés. En s’approchant un peu plus elle remarqua que des pieds dépassaient d’une chambre ouverte, tremblante elle rejoignit sa protégée et devint livide en découvrant le cadavre d’Olivier.
Bien que certains montrent une étonnante insensibilité, Elie ne fut pas la seule à pâlir à la vue de ce corps qui gisait lamentablement sur la moquette, Akira et Romain semblaient eux aussi au bord de la nausée. Détournant les yeux, Eléonor serra très fort Maêve dans ses bras. Sous le choc celle-ci semblait tétanisée, et ne bougeait plus. Tout en chassant ses propres démons, Elie la berçait doucement pour tenter de la réconforter. Mais elle-même n’en menait pas large. Plus tôt dans la journée, la panique, le stress, la peur lié à l’Assistant qui la poursuivait l’avait empêché de réalisé pleinement ce qu’elle voyait, mais maintenant qu’elle se trouvait face à la réalité de ce jeu macabre, elle ne pouvait le supporter.
Elle sursauta lorsqu’Akira posa une main réconfortante sur son épaule et l’incita à ce lever. Sans lâcher Maêve, Éléonore se redressa et repartie dans la salle commune en compagnie des autres tendis que Benjamin, Bastien et John entraient dans la chambre I.
Les trois garçons tournèrent un moment autour du cadavre sans trop oser s’approcher mais Jonathan qui semblait pris d’une étrange curiosité, presque fébrile exhorta Benjamin à vérifier l’état d’Olivier. Celui-ci finit par accepter, et avec une certaine réticence il attrapa le poignet du mort, pour le lâcher aussitôt en tressaillant. La peau était encore chaude, exhalant un reste de vie malgré la plaie béante qui s’ouvrait sur son cœur. Et même si grâce à son statut d’étudiant en médecine, ce n’était pas la première fois que Benjamin touchait un cadavre cette chaleur si humaine le troublé énormément. Après quelques instants il se ressaisit et se fit violence pour prendre le pouls du cadavre.
Se relevant il déclara le plus professionnellement possible qu’Olivier était bien mort. Le mélange de rage et de tristesse qu’il vit à ce moment dans les yeux de Bastien le surpris. Apparemment le rebelle n’était pas aussi insensible qu’il voulait le faire croire.
Jonathan lui, avait élaboré toute une série de scénario possible, déduisant de la position du corps des tas de choses plus ou moins évidente. Selon lui Olivier regardait la télé sur le mur du fond, puis c’était retourné et c’est là qu’il avait était poignardé avec un couteau de cuisine.
Retirant consciencieusement l’arme du corps, il l’a plaça dans un sac plastique en déclarant très sérieusement qu’il s’agissait d’une pièce à conviction. Choquant Benjamin avec son enthousiasme non dissimulé. En effet, il semblait plus excité que peinait par la mort d’Olivier comme si tout cela n’était qu’un jeu.
Ils restèrent encore quelques instants dans la pièce puis partirent en jetant un œil méfiant à l’Assistant toujours immobile au fond du couloir. Lorsqu’ils rentrèrent dans la salle commune, tout le monde attendait silencieusement avec un mélange d’appréhension et de tristesse. Maêve semblait toujours comme paralyser parce qu’elle avait vu, Madeleine prié avec application et les autres assaillit par de sombre penser tenter vainement de ne pas perdre pied.
L’atmosphère écrasante qui c’était abattu sur tous les participants involontaire ne sembla pas décourager John qui après avoir longuement réfléchis à la situation exposa ses déductions. Les autres l’écoutèrent attentivement, sans trop réagir jusqu’à ce qu’il déclare qu’il était probable que l’agresseur lui ait volé sa clef car elle n’était pas sur la scène du crime.
- Sans mauvais jeux de mots la clef est peut être la clef de l’Histoire ! Répondit Benjamin après une très courte réflexion. C’est suffisamment étrange qu’elles ouvrent deux portes pour que ce soit important.
- J’ignore si c’est important ou pas, en revanche je sais que nous étions tous dans cette salle au moment du meurtre… Dit John avant de marquer une longue pause en fixant Eléonor. Sauf Maêve.
Son allusion jeta un froid sur l’assemblée. Par instinct Elie se plaça devant sa protégée en cherchant quoi répondre à l’accusation tendis que Maêve qui sentait bien qu’elle était en mauvaise posture se recroquevilla en étouffant Pinpin.
« C’est impossible… elle ne peut pas avoir fait ça ! - Il ne faut pas se fier aux apparences… Comment expliques-tu que nous avons tous entre 15 et 20 ans sauf elle ? Comment expliques-tu qu’il lui ait fallut tant de temps pour traverser le couloir ?
- Pour l’âge, je ne sais pas, admis Elie, mais elle cherchait sa chambre, c’est normal qu’elle ait pris le temps de regarder toutes les lettres ! Et même si elle était la seule là-bas cela ne veut pas dire qu’elle l'a tué. Si ça se trouve le Chat a demandé aux Assistants de tuer Olivier à sa place pendant qu’il était avec nous !
- Je ne crois pas que se soit possible, dis Akira. Il est clair que nous sommes dans un jeu, et que les gens qui nous regardent s’amusent, ce serait trop facile si le Chat pouvait simplement dire « tue machin pendant que je dors »…
On sentait dans sa voix que le regard des caméras omniprésentes la pesait, mais qu’elle était aussi septique quand on fait que Maêve soit la criminelle.
- Elle n’a pas tord, admis Benjamin avec un certain dégoût, en fixant une des caméras. - Mais l’assistant était dans le couloir, insista Elie, et puis, si comme vous semblez le prétendre, Maêve était le Chat, pourquoi l’aurait t’elle tuer à ce moment, alors que nous avions tous un alibi sauf elle. Ce n’est pas logique !
La remarque Éléonore sembla faire mouche, et tout le monde reconsidéra la question sous un autre angle, sauf John qui semblait ne pas vouloir remettre sa théorie en question. Cela irrita profondément Elie qui n’avait pas l’intention de laisser Maêve se faire accusé sans rien dire.
- Je viens de me faire une remarque, dit Alexandre en se fichant complètement d’être hors sujet. Comment se fait-il qu’il y ait 11 chambres et seulement 10 joueurs ? Je crois que les lettres nous ont été données par notre ordre d’arrivé, or Akira, tu as bien la lettre B n’est ce pas ?
- Oui, dit-elle en montrant sa clef, et je suis la première arrivée… - Cela veut donc dire que personne n’occupe la première chambre, conclu John, de plus en plus fasciné.
Mais ce n’est pas seulement pour faire son intéressant qu’Alexandre avait changé de sujet. Tout comme Benjamin il était persuadé que les clefs étaient importantes D’autant plus que d’après ses observations et ses déductions celle d’Olivier avait était pris par le chat. C’était pourtant très dur de se concentrer en étant constamment épié par Madeleine, mais il n’avait pas l’intention de se laisser déstabiliser par son air accusateur. Lui aussi avait un atout dans sa manche, son sens du détail exacerbé. Il observait et remarquait tout. La moindre différence, la moindre trace, le moindre objet. C’était sa malédiction mais il était bien décidé à en faire un don.
Interrompant les conversations qu’il avait fait naitre il proposa qu’on test chaque clef pour savoir qu’elles portent elles ouvraient et pour en savoir plus sur la mystérieuse chambre A. Son idée fut approuvée et tout le monde s’attela à la tache. En premier lieu ils s’aperçurent que celle-ci était ouverte puis a force d’essais ils établirent le schéma suivant.
Il fut aussi constaté que personne ne possédait la clef d’Olivier, ni celle de Bastien. John suggéra que la clef A se trouvait quelque part et que celle-ci ouvrait l’une des deux portes, tandis que celle d’Olivier actuellement disparue ouvrait l’autre. Car c’était tout bonnement impossible qu’une personne se cache parmi eux : cela voudrait dire qu’elle ne s’était pas nourri depuis plus de trois jours et que c’était l’Homme invisible. En effet ils avaient fouillé de fond en comble la chambre A, celle d’Olivier, de Bastien, la morgue et toutes les autres chambres étant fermés, il était impossible qu’il se trouve ailleurs. Néanmoins un certain malaise s’était emparé de la troupe. Évidemment, ils n’avaient pas retrouvé la clef A, mais cela ne les étonnait pas, car elles faisaient un peu plus de 5 centimètres, et malgré leurs fouilles minutieuses elle avait très bien pu leur échapper.
Maêve et sa chambre furent aussi fouillées mais personne ne trouva rien. Ce qui diminua fortement sa prétendue culpabilité, à laquelle plus personne ou presque ne croyait. Pourtant par sécurité John proposa de l’enfermer avec un peu de nourriture dans la chambre A pendant un ou deux jours pour voir si des crimes étaient produits pendant ce laps de temps.
Elie, qui se refusait à laisser la jeune fille toute seule dans une chambre glauque, enfermé qu’une bête protesta avec véhémence en demandant à être enfermé avec elle, mais ils ne voulurent rien entendre. Le cœur de Elie se serra lorsque la petite fille se mis à pleurer et elle se demanda qu’elle genre de torture on allait encore lui infligée. Attendris Akira préféra partir, elle comprenait l’intérêt du test et quoi que Elie semblait vouloir insinuer Maêve n’en mourrait pas, mais elle se sentait tout de même immensément coupable face aux larmes de celles-ci.
Finalement Bastien, que les pleurs de Maêve et les injonctions d’Elie irritaient, finit par les attraper violemment par le bras, pousser brusquement Elie contre une porte. Maêve, désespérée, serrait sa peluche d’une main et tentait de saisir Elie de l’autre, mais Bastien la souleva pratiquement jusqu’à la chambre A, qu’il referma. Il n’eut pas besoin de demander deux fois à Romain de prêter sa clef et la serrure fut promptement verrouillée. Cet excès de violence déplut fortement aux autres personnes présentes qui montrèrent leur désapprobation, mais personne ne tenta de l’arrêter. Après avoir bien fait comprendre qu’il ne tolérerait pas qu’on lui ouvre il rendit sa clef à Romain et s’enferma dans sa chambre en mettant la musique à fond. Par provocation mais aussi pour masquer les cris de Maêve qui pleurait en suppliant et en tapant sur la porte.
Elie furibonde, frotta son bras douloureux et après avoir jeté un regard assassin à toutes les personnes présentes elle se calla contre la porte de Maêve pour l’apaiser.
- Ecoute je sais que c’est dur, mais calme toi s’il te plait… Le temps passera plus vite tu verras ! Bientôt ils verront tous que tu es innocente et tu seras relâcher, je te le promets ! Murmura-t-elle la voix étranglée pour l’émotion.
Fermant les yeux, elle resta appuyée un long moment pour que Maêve se calme, ignorant les personnes qui lui disait timidement bonne nuit en partant se couchait elle commençait même à s’assoupir quand Benjamin s’approcha d’elle pour la réveiller. Il l’aida à se relever et il lui suggéra d’aller dormir, car apparemment c’est ce que Maêve avait fait. Ensommeillée, elle se laissa convaincre et partie dans sa chambre en trainant les pieds. Dans une maison sans fenêtre, ni horloge elle avait perdu toute notion du temps mais elle se doutait qu’il devait être très tard.
Malgré sa fatigue écrasante, la situation de Maêve, la musique de Bastien, et tous les cadavres qu’elle avait admiré aujourd’hui l’empêchèrent de trouver le sommeil. Elle somnola un moment puis finit par abandonner et les yeux piquants de fatigue elle se redressa. Maintenant assise sur son lit elle ramena ses jambes contre sa poitrine et posa son front sur ses genoux, en espérant que son horrible migraine disparaisse. Son bras aussi lui faisait mal, mais de toute manière ses souffrances physiques n’avaient rien de comparable à ses douleurs mentales. Rien ne l’avait préparé à voir et à vivre de telles horreurs et elle se sentait tellement mal pour Maêve, comme si tout s’acharnait à la faire souffrir. Reprenant légèrement ses esprits elle décida de ne pas se laisser abattre et de se changer les idées, aussi elle se leva, alluma la lumière et assis devant le bureau qui trônait dans sa chambre.
Elle ouvrit un par un les tiroirs en sortant leur contenu. Dans le premier, elle trouva quatre stylos, un plume, un bic bleu, un quatre couleur et un critérium. Dans le second, elle trouva de nombreuses feuilles vierges de toute sorte, des blanches, des feuilles doubles et simples à gros carreau, un petit calepin de note, un cahier et un classeur. Dans le troisième et dernier, elle ne vit tout d’abord rien. Surprise elle appuya un peu partout, et caché sous un double fond elle trouva un couteau de cuisine avec un reste de sang séché sur la lame. D’un geste brusque elle ferma le tiroir en tournant la tête.
Ils avaient trouvés un tas d’objet curieux dans les chambres précédentes, apparemment laissé par d’autre joueur, mais elle ne s’attendait pas vraiment à trouve une arme de crime.
Prise par une subite inspiration elle inspecta soigneusement toutes les feuilles, elle passa même le critérium sur chaque première page pour voir si le précédent joueur ne lui avait pas laisser un message.
Son intuition était bonne et c’est dans le stylo plume qu’elle trouva un petit bout de papier entortillé autour de l’encre. Presque fébrilement elle le déroula et le lu à voix haute : « Bonne chance ». Un frisson parcouru son échine tant elle avait l’impression que ces mots avaient une connotation sadique, puis elle vu que l’encre étaient étalés à certains endroit, comme mouillé. Et son cœur se serra en imaginant pour qu’elle raison des larmes avaient bien pu couler sur ce papier. Elle qui avait voulu se changer les idées se trouvaient servit.
Attrapant le bic et une feuille elle se mit à écrire, comme elle l’avait toujours fait quand elle se sentait mal. Elle écrivit sans se soucier de la lisibilité de ses mots, ni de la cohérence de ses phrases. Elle écrivit tout ce qui lui passer par la tête, sa souffrance, ça peine, sa peur. Elle avait vu la mort, elle n’avait aucune garantit qu’elle ne serait pas la prochaine victime et elle ne voulait pas mourir, pas comme ça. Elle c’était toujours imaginait une mort tranquille dans les bras de son chéri après de longues année de vie.
Sa thérapie fit son œuvre, et après avoir remplis plusieurs pages elle se sentit mieux. Mais surtout elle comprit aussi une chose importante. Elle ne pouvait pas mourir sans avoir prononcé un dernier je t’aime dans les bras de l’amour de sa vie. Elle ne voulait pas mourir alors qu’il lui restait dans de chose à vivre.
Alors à cet instant, elle décida de jouer le Jeu. Et de le gagner.
- Chapitre 2 -
Alexandre caressait distraitement le bureau, trouvant le contact du bois poncé agréable au touché. Le regard perdu dans le vague, il réfléchissait. Sa main glissa sur une légère entaille, coupant Alexandre de ses réflexions et lui arrachant un sourire mélancolique. Chaque chambre était identique : même mobilier, même rangement, même motif de papier peint. Même les brosses à dent étaient semblables ! Pourtant, Alexandre savait que chaque pièce était unique. Car elles avaient toute une histoire, une histoire qui se lisait dans les détails les plus infimes, les plus futiles, mais qui pourtant offraient à chaque objet une âme, un passé qui le rendait différent.
Son don lui permettait de remarquer la moindre éraflure, la moindre irrégularité, la moindre tache... Aussi, grâce à son don, il pouvait voir là où la moquette, la tapisserie ou encore le plancher avait été nettoyé. Car malgré la qualité du travail, cela changeait toujours la couleur d’origine qui devenait plus claire ou plus foncée. Ainsi, plus que les autres, il savait à quel point cet endroit était souillé.
Mais ce n’était pas de savoir que chaque mur avait déjà été couvert de sang qui le perturbait. Non il était absorbé par une tache sur la moquette du couloir. En effet il était certain qu’elle ne s’y trouvait pas avant. Alors que les autres étaient plus détendus par l’absence de meurtre la veille, lui trouvait ça plus suspect encore. Il avait soigneusement observé chaque joueur pour vérifier qu’ils ne dissimulaient pas une couche suspecte s’apparentant à un bandage sous leurs vêtements, mais sa recherche avait été infructueuse. Tourmenté par cette tache pourtant banale, il était allé jusqu’à vérifier à la morgue qu’il n’y avait aucun cadavre. Il n’avait vu que le corps froid et sans vie d’Olivier. Lui-même ne savait pas pourquoi il était si nerveux. Tout le monde s’était levé ce matin, et les cadavres ne se lèvent pas. Mais il avait éprouvé l’irrésistible besoin d’être sûr, sans que cela ne le rassure pour autant.
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14 Octobre 2013, 08 : 03 J’ignore pourquoi, mais je ressens le besoin irrépressible de tenir un journal. De relater avec précisions les faits qui se déroulent sous mes yeux. J’ai eu beaucoup de mal, mais j’ai enfin réussi à obtenir le portable d’Alexandre. Il ne comprenait pas à quel point j’avais besoin d’avoir l’heure sur moi. Les autres sont stressés par les caméras omniprésentes, moi par l’absence de repères chronologiques. L’absence d’horloges et même de fenêtres me rend fou… Mais finissons là cette introduction et passons aux faits.
Cela fait désormais deux jours que je suis ici, et il y a déjà eu un mort Olivier a trépassé hier soir, sauvagement poignardé. J’en ai rêvé – ou plutôt cauchemardé - toute la nuit. Je ne l’ai pas beaucoup connu mais je sais que c’était quelqu’un de bien. Il n’arrêtait pas de regarder une photo en pleurant, et ça nous faisait du bien. J’ignore comment expliquer cela, mais je crois que nous évacuions à travers ses larmes notre propre souffrance, et que nous nous sentions obligé d’être forts pour le soutenir. Je sais qu’il était particulièrement proche de Bastien, et même s’il ne le montre pas, la mort d’Olivier l’a profondément touché. En même temps qui ne l’est pas… La mort d’Olivier marque un tournant. Le commencement du jeu. Le moment où l’empathie fait place à la suspicion, le moment où l’on se retrouve seul parmi les autres.
Le jour de mon arrivée, alors que nous ignorions encore ce que nous faisions ici, j’ai eu l’occasion de faire un peu connaissance avec les autres, et je ne vois vraiment pas qui est le Chat. Même s’il joue les durs, et qu’il m’agace prodigieusement avec sa musique, je pense que Bastien a un bon fond. Qu’il se donne un genre pour cacher une sensibilité qui pourrait lui causer du tort.
Au début, je trouvais l’attitude d’Akira douteuse, mais finalement j’ai compris que c’était dans sa nature. Qu’être souriante c’était sa manière de faire face aux choses, de survivre. Surtout depuis que je sais qu’elle est insomniaque. En effet, cette maladie prouve qu’elle enfouit beaucoup de choses en elle et qu’elle n’est pas aussi heureuse qu’elle ne le montre. Même si elle nous cache quelque chose, je préfère encore sa bonne humeur de façade à l’attitude glaciale de Madeleine. C’est la seule personne que j’appréhende ici. Je me demande si elle est vraiment capable de ressentir quelque chose ou si c’est un masque qu’elle porte. Quoi qu’il en soit, depuis sa conversation avec Alexandre, j’ai la certitude qu’elle a un vrai dégoût envers les gens, ce qui en fait ma plus grande suspecte.
Heureusement qu’il y a des gens normaux comme Romain et Eléonor. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire connaissance avec elle, mais j’ai l’impression qu’elle m’évite, qu’elle est mal à l’aise dès que je m’approche d’elle. D’un autre côté, je comprends qu’elle soit désorientée. Etre enlevée, voir trois morts et sa protégée être enfermée, le tout dans la même journée, cela doit être assez perturbant.
D’ailleurs je me sens un peu coupable d’avoir laissé Maêve être enfermée. La pauvre a l’air de ne rien comprendre à ce qui se passe, et même si elle est en sécurité dans la chambre A et qu’elle sera libérée bientôt, je la plains.
Même s’il ne le montre pas, je sais qu’Alexandre compati aussi. Je m’entends très bien avec lui. On est arrivé ensemble, alors on a eu le temps de faire connaissance. Une fois qu’on est allé au-delà du gros frimeur agaçant, c’est quelqu’un d’agréable. Même si je dois avouer qu’il est un peu trop égocentrique parfois. Je sais qu’il est obsédé par Akira. Il dit qu’elle est toujours parfaite. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il entend par là. Moi je la trouve trop superficielle. Je préfère Elie qui est beaucoup plus naturelle. Je ne saurais pas dire ce que c’est, mais elle à un petit quelque chose qui la rend différente. Hier, quand elle est arrivée, elle était désorientée, abattue, sans doute désespérée, mais malgré tout, je voyais en elle une force que les autres n’avaient pas. Une force que même moi je ne possède pas.
15 Octobre 2013, 08 : 24 Je suis à la fois soulagé et surpris. Il n’y a pas eu de mort hier. Pourtant j’avais un horrible pressentiment. Je crois qu’en fait on l’avait tous. En allant me coucher hier, je ne voyais que des visages crispés et des corps tendus. Mais cette accalmie nous à fait du bien. L’atmosphère était moins délétère que d’habitude, et l’ambiance était suffisamment bonne pour qu’on mette à profit la règle : « Vous pouvez demander aux Assistants d’exécuter des taches physiques très définies à votre place, ou de vous fournir tout le matériel dont vous auriez besoin excepté les explosifs. » pour commander un vrai festin à midi.
Le seul bémol de la journée fut pour Maêve. Selon eux, l’absence de crime la rend encore plus suspect, alors ils ont insisté pour qu’elle soit réenfermée cette nuit et qu’elle reste constamment sous surveillance le reste du temps. Eléonor était furieuse. Heureusement, elle semble s’être liée d’amitié avec Akira durant la nuit et celle-ci a su la calmer. Je dois avouer que Maêve m’impressionne, elle n’a pas protesté quand on l’a réenfermée, elle a même rassuré Eléonor en disant que de toute façon elle s’amusait bien avec Pinpin, qu’ils avaient trouvé des stylos et qu’ils dessinaient. Néanmoins, je ne suis pas sûre que lui cacher la vérité soit une bonne chose. Maêve fait abstraction des faits, elle oublie tous les drames qu’elle a vécu pour se protéger. Hier elle se comportait comme s’il ne s’était rien passé, comme si ses parents étaient encore en vie et qu’elle n’avait vu aucun cadavre. J’ai peur que si ses souvenirs reviennent trop brutalement cela ne la détruise, mais Elie ne veux rien entendre…
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Les mains posées sur ses jambes serrées, Madeleine attendait patiemment en regardant la porte. Elle dégageait une étrange sérénité, un calme parfait et stoïque, néanmoins, un observateur attentif aurait remarqué que de temps à autre, parcourus d’un intense frisson d’excitation, ses doigts serraient plus fermement le chapelet lové dans ses mains.
Malgré l’heure tardive et l’obscurité, elle refusait avec ferveur les appels du sommeil et contemplait obstinément la porte, comme si ça vie en dépendait. Ses paupières se refermaient à intervalle réguliers, parfois prises d’une certaine langueur, elles restaient closes une seconde supplémentaire, mais se rouvraient toujours pour fixer la porte.
Un sourire s’esquissa sur ses lèvres quand la porte jusque là légèrement entrebâillée s’ouvrit doucement, et que le Chat entra encadré par deux Assistants.
- Bonsoir, murmura-t-elle tandis qu’il refermait précautionneusement l’accès.
Après tout le temps qu’elle avait passé à préparer ce moment en se demandant quoi dire face au Chat, elle s’étonnait de ne réussir à articuler qu’un « bonsoir ». Sa longue attente inactive avait dû embrumer son cerveau… Elle secoua discrètement la tête pour se réveiller et fixa son interlocuteur.
Malgré sa stupéfiante sérénité face à la situation, elle s’apercevait qu’une sournoise appréhension s’insinuait soigneusement dans son esprit. Un infime soupçon qu’elle reléguait aux tréfonds de son âme, une terrifiante possibilité à laquelle elle ne voulait pas penser, mais qui existé, et qui comprimait fermement son estomac. Heureusement, le Chat lui offrait une distraction suffisante pour oublier momentanément cette dérangeante pensée. Elle se frotta discrètement les yeux dans l’espoir de sortir de sa torpeur.
- Il semblerait que je sois pitoyablement tombé dans le piège qui m’était tendu, murmura t’il en s’approchant. Alors pourquoi n’essais tu pas d’alerter les autres ? Demanda-t-il manifestement intrigué. Madeleine nota qu’il n’était nullement inquiet, et qu’il mentait effrontément, alors que malgré la musique incessante, un cri aurait facilement pu réveiller les joueurs. Cette remarque la fit sourire intérieurement. Elle allait mourir. Cela n’avait plus la moindre importance désormais, mais pourtant elle continuait de chercher la Vérité. Jusqu’à la dernière seconde, elle continuerait de chercher la Vérité. Laissant ces considérations de côté, elle reprit d’un air sibyllin :
- Pour la même raison que j’ai laissée la porte ouverte.
Il était trop tard maintenant, elle ne pouvait plus faire marche arrière. Sans le quitter des yeux elle se leva tandis qu’il penchait légèrement la tête sur le côté l’invitant à poursuivre. Comme Madeleine ne semblait pas disposer à l’aider il poursuivit :
- Il ne s’agirait donc pas d’un piège grossier ? Pourtant, en dévoilant ton don, tu savais que j’aurais tout intérêt à me débarrasser de toi rapidement… Continua-t-il sans chercher à dissimuler l’éclat menaçant de sa lame. - C’est pour ça que tu as mis des somnifères dans ma tisane… Répondit-elle, nullement impressionnée. Parce que tu pensais que je voulais te piéger. Constatât-elle avec une étonnante sérénité. Leurs regards ne se quittaient pas et chacun appelé la Vérité. En prenant grand soin du choix de ses mots Madeleine la lui offrit.
- Parce que j’ai longtemps cherché pourquoi Dieu m’avait envoyé cette épreuve, puis je me suis rendu compte que c’était un cadeau. Dieu m’offre enfin la délivrance, la paix, loin de la haine et de violence des Hommes.
- Il y a d’autre façon de mourir… Nota le Chat avec une désinvolture déconcertante. Mais Madeleine y lisait une profonde colère qu’elle ne comprenait pas. Passant outre elle continua.
- Je suis croyante, le suicide est interdit. Ma vie appartient à Dieu, c’est à lui seul de décidé quand les portes du paradis s’ouvriront pour moi.
- C’est pourtant entres mes mains qu’elle est en ce moment. - Tu crois vraiment ? Dis-moi… Pourquoi n’as-tu pas agi hier si tu décides de la mort et de la vie ? Tu as mis des somnifères dans ma tisane mais tu n’as pas frappé. C’est risqué de le faire deux fois d’affilé. - Disons que j’ai eu un imprévu, admis t’il en détournant les yeux. Madeleine sourit satisfaite. La fatigue l’écrasait de plus en plus, mais elle savait que ce ne serais bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Elle attrapa sa tasse posé sur le bureau et allait la boire quand le Chat ce mis à rire.
- Ce n’est pas nécessaire, dit-il en la fixant.
Elle mit un moment à comprendre, qu’elle s’était trompée. Que le Chat n’avait pas eu l’audace de mettre deux fois des somnifères dans sa tisane. Elle comprit aussi pourquoi il n’était pas inquiet. Il en avait mis dans le repas du soir. Et à l’heure qu’il était tout le monde devait dormir tranquillement, heureux de réussir à fermer l’œil après toutes ces nuits blanches, de pouvoir enfin se reposer et fermer les yeux sans être hanté par les fantômes de la mort. Personne ne se rendrait compte de rien. Seule sa détermination l’avait tenue éveillée jusqu’à maintenant.
Elle ne comprenait pas. Elle se demandait qu’est-ce qui avait bien pu se passer hier, pour contrarier le Chat à ce point.
La journée de la veille s’était déroulée dans un calme léthargique, où tout le monde luttait contre ses inquiétudes. Elle l’avait immédiatement compris, dans ce jeu, le Chat n’était pas leur véritable ennemi. Non l’adversaire dont il fallait se méfier c’était la Peur. Celle que l’omniprésence rend puissante, celle qui tel un poison ronge l’âme, empli les veines et nécrose le cœur. Celle qui réveille les côtés les plus sombres de l’être humain…
Et c’est dans ce calme insolent que le soir était tombé exacerbant les tensions et les frayeurs. Elle même avait senti que quelque chose n’allait pas, et ses soupçons s’étaient confirmés quand elle c’était écroulée lors de sa prière. Elle y avait cru. Elle avait pensé que son heure était enfin venu, qu’enfin Dieu allait la délivrer. Mais elle s’était réveillée… Elle était allée dans la salle commune et Akira était arrivée, toujours de bonne humeur, impeccablement habillée et maquillée, suivi de tous les autres, que l’absence de meurtre avait détendus.
Les brumes du sommeil l’enlaçaient tendrement et lui murmurait de mielleuse paroles, mais Madeleine résistait à leurs appelles enjôleur. Elle voulait comprendre. Elle avait toujours eu besoin de la Vérité. Elle sentait que la solution se trouvait quelque part dans les méandres de sa mémoire, mais son esprit de plus en plus embué refusait de lui donner la clef…
Madeleine se rendit soudain compte qu’elle avait peur, et c’est pour ça que plus que jamais elle se jetait corps et âme dans la recherche d’une Vérité qui ne lui servirait à rien. Elle se trouvait à une frontière, un point vers lequel elle avait longuement cheminé, mais qui soudain l’effrayée. Elle rêvait d’ange et de paradis, de calme et de vérité, mais pourtant elle avait toujours cette sournoise appréhension qui lui murmurait des paroles empoisonnées lui promettant le néant. Et maintenant qu’elle avait enfin ce qu’elle désirait, elle ne savait plus si elle voulait vraiment mourir. Et si son Dieu n’existait pas ? Elle y croyait pourtant. Depuis toute petite elle n’avait cessé d’avoir la foi, et n’avait vécu que dans l’espoir de le rejoindre un jour. Mais pourtant, plus son heure approchée, plus cette question qu’elle n’osait formuler s’enracinait dans son cœur.
Ses souvenirs défilaient, une succession de voix, de paroles, de visages, de constatations qui n’avaient pas vraiment de logique, puis soudain, elle comprit. Elle se souvint d’un détail insignifiant qu’elle n’avait su interpréter sur l’instant. Une simple constatation, qui prenait soudain un sens tout particulier. Ce matin, elle avait demandé à Akira si elle allait bien, et comme toujours, elle lui avait répondu oui. Ce matin, pour la première fois, elle avait menti.
Une digue quelque part dans son âme se brisa, et Madeleine s’abandonna aux bras de Morphée. Elle arrêta de lutter, de s’inquiéter. Peu importe ce que la mort avait à lui offrir, se serait toujours mieux que ce monde de mensonge. Alors elle répondit à l’appel du sommeil qui l’invitait à clore ses paupières et elle ferma les yeux…
Une voix qui lui semblait soudain lointaine murmura froidement : « A Dieu Madeleine »
…Pour l’éternité…
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16 Octobre 2013, 9 : 57 Hier soir Madeleine est morte.
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Sam 4 Fév - 23:10
Wha wha wha !!!!
Alors là ! Avec la musique en plus ! J'ai juste trop hâte de lire la suite ! Mais moi j'dis la sadique dans l'histoire, c'est toi qui veut nous mettre ta fiction par petit bout U_U Sérieux, j'adore les ellipses, ça mets un sacré punch à ton histoire
Même si ça me fais penser à Doubt, j'accroche parce que tu as une sacrée ambiance !
Bref! vivement la suite !
Lara Lidwin
Partie IRL Crédit avatar : Double compte : Kissa Vitesse de réponse : Moyenne
Dim 5 Fév - 10:35
Tu sais comment me soudoyer avec l'une de mes BO préférés xD Non sérieux le texte va super bien avec Sweet Dreams, c'est trippant O.O Ca créer une vraie tension supplémentaire (pour preuve, j'ai lu avec et sans, il y a une différence), super choix donc. On en revient au texte :p Un début bien écrit, la description n'est pas mise de côté, et c'est tant mieux, quoique les héroïnes gagneraient à être un petit peu décrite de façon détournée. L'histoire est intrigante, hâte d'en connaitre la suite d'ailleurs Alors va l'écrire de suite !!!! Il y a moins de fautes dans ce texte que dans ce que j'ai pu lire avant, c'est un bon point, mais certaines persistes, donc quelques unes (rares rassures-toi) qui trouble la lecture. Je me suis permit d'entamer une correction, je la finirai après déjeuner, je crève la dalle là, mais en gros, il n'y a que les endroits où j'ai posé des parenthèses rouges qui gène un peu, dont un moment précis où on ne sait pas ce que tu décrit, c'est assez étrange ^^". PS : En rouge, c'est les modifs que j'ai fait pour que ça soit juste
Le front couvert de sueur Jonathan releva la tête lorsqu’il entendit un petit grincement dans le couloir. Ses yeux fous fixèrent la porte close avec terreur tandis que ses doigts se mettaient à trembler à cause du stress qui le rongeait vicieusement. Il ne se passa rien, mais ses démons continuaient à le hanter, à le torturer, il ne savait plus ce qui était vrai ce qui ne l’était pas. Il n’en pouvait plus, la pression avait fait disparaître le peu de raison qu’il lui restait. Il ne pouvait plus attendre recroquevillé dans son armoire, il devait agir. Un nouveau craquement se fit entendre et hagard il regarda de nouveau entre l’interstice des deux battants pour vérifier que personne n’entrait. Le cœur battant à tout rompre il serrait très fort contre lui le revolver qu’Eléonor lui avait donné. L’arme avait un côté rassurant…
Akira avait raison, il n’y avait qu’une seule vraie règle dans ce Jeu infernal. Tuer ou être tué. Et il ne serait pas la prochaine victime du Chat.
**********
Il faisait relativement gris quand Eléonor sortit du bus, des nuages flétris dansaient dans le ciel couvrant le monde de leurs ombres menaçantes. Craignant qu'il ne se mette à pleuvoir la jeune fille se pressa de rentrer chez elle. En fait, le mauvais temps n’était qu’un prétexte qu’elle se donnait pour avoir l’impression de ne pas être accros. La seule chose qui lui donnait vraiment envie de rentrer chez elle, c’est que là-bas il y avait son ordinateur, et qu’avec son ordinateur elle pouvait discuter avec son fiancé. Après avoir retiré précipitamment son manteau et ses chaussures elle entra dans le séjour et pendant un instant, le temps cessa de s'écouler. Elle-même figée se contentait de fixer la scène qui s'étalait devant ses yeux. Le cadavre de ses parents gisait sur le tapis et un homme vêtu d'un élégant costume noir, le visage dissimulé sur un étrange masque lui faisait face. Lorsqu'elle regardait la télé, elle s'était toujours demandée pourquoi dans ce genre de situation les victimes ne s'enfuyaient pas en criant. Maintenant elle le savait. Elle était tétanisée. Ses membres refusaient de lui obéir, les yeux écarquillés, elle ne pouvait que contempler ce tableau macabre en silence, tandis que les battements désordonnés de son cœur sonnaient distinctement à ses oreilles. Son esprit sembla se réfugier dans un méandre obscur de son cerveau et dès lors elle fut incapable de réfléchir correctement. Elle était devenue la spectatrice impuissante de son propre cauchemar. L’homme rajusta ses gants plus blancs que neige et la fixa.
-Mademoiselle Stern? Demanda-t-il sur un ton à la fois polie et dénué de sentiment. Veillez me suivre s’il vous plait. Elle savait qu’elle n’avait pas vraiment le choix, pourtant ce petit monologue lui permit de retrouver un soupçon de raison. Sans se poser de questions elle fit demi-tour et courut le plus vite possible vers la sortie. Avec toute la force que lui procurait sa peur, elle se jeta sur la porte et l’ouvrit brutalement en appelant à l’aide. À sa grande surprise, deux hommes ressemblant grandement à celui du salon, par leur allure, leur masque et leurs gants immaculés, encadraient la porte, aussi menaçante et immobile que deux statues de marbre (là on ne sait pas vraiment de quoi tu parles, la porte ou les mecs ?). Une voiture noire s’avança, le chauffeur descendit et ouvrit la portière arrière. Elle recula de plusieurs pas et se heurta au meurtrier de ses parents.
- Qu’est ce que vous me voulez ?! Bégaya-t-elle (hérésie !!!!) à son attention après s’être brusquement retournée. La peur qui lui avait donnée des ailes se transforma en panique incontrôlable qui accéléra sa respiration. - Montez dans la voiture, lui ordonna-t-il (hérésie !!!!) en accompagnant son invitation d’un élégant geste de la main. La situation était tellement surréaliste que malgré l’air gelé qui lui picotait la peau et engourdissait ses pieds nus Eléonor se demanda si elle ne faisait pas un mauvais rêve.
Après tout, sa vie avait toujours était aussi tristement banale que toutes les autres. Une petite existence de lycéenne bien tranquille, avec un chéri merveilleux mais qui habitait horriblement loin, des histoires familiales sans fin et une envie omniprésente de s’évader, de vivres de palpitantes aventures, d’être extraordinaire. Comble de l’ironie, elle qui avait toujours rêvé d’être une héroïne aurait tout donné pour retourné à sa routine si fade. Elle était bien trop effrayée par ce nouvel avenir qui s’esquissait devant elle. Mais de toute façon elle n’avait pas le choix, et assez de dignité pour prendre une grande inspiration et s’avancer.
Les jambes flageolantes, la respiration haletante, elle se glissa dans la voiture sombre. L’homme referma la portière derrière elle et le claquement qu’elle produisit la fit frissonner ; ce bruit évoquait une porte de prison en train de se refermer sinistrement, et elle imaginait trop bien les barreaux aussi gris que le ciel se refermer sur sa vie. À cet instant le mot désespoir venait de prendre un tout nouveau sens, s’approchant plus que jamais de sa véritable signification.
Se recroquevillant sur elle-même elle laissa des larmes perler sur ses joues, symbole de son impuissance et de sa détresse. Elle ne réalisait pas encore très bien que ses parents étaient décédés. Elle le savait bien sûre, mais elle n’en concevait pas encore toutes les conséquences. Comme tous les adolescents de dix sept ans elle ne s’entendait pas à merveille avec eux, pourtant leur absence lui saignait le cœur mais pire encore, elle se demandait si elle pourrait un jour revoir Benjamin. Leur éloignement lui avait sauvé la vie, mais que penserait-il en voyant qu’elle ne répondait pas à ses messages ? Elle aurait tellement aimé qu’il soit là (j'imagine qu'il manque un mot ^^")et qu’il la serre dans ses bras en lui murmurant des paroles rassurantes à l’oreille… Cette image pourtant pleine de tendresse et de sérénité transforma ses larmes en sanglots incontrôlé. Elle se sentait tellement seule, tellement perdu, tellement fragile…
Une petite main suivit d’un rideau de chevelure se posa doucement sur son épaule. Surprise elle cessa de sangloter et tourna la tête. C’était une petite fille à genoux sur la banquette arrière qui s’était ainsi blottie contre elle.
Sa stupéfaction mêlée au réconfort certain que ce câlin surprenant lui apportait fit totalement disparaître ses larmes, et Eléonor contempla silencieusement la fillette qui devait avoir moins d’une dizaine d’année. Celle-ci se redressa et lui offrit un sourire plein de mélancolie avant de dire d’une voix à la fois mélodieuse et candide : « Ma maman m’a dit qu’il ne fallait pas être triste, que tout irait bien, elle dit toujours la vérité tu sais… »
Un millier de fugaces mimiques passèrent sur son visage tant la scène était incongru. Finalement un pâle sourire prit le dessus et resta accroché sur ses lèvres. Il fut suivit d’un hochement de tête presque résigné.
Eléonor s’assit normalement sur la banquette commençant seulement à reprendre ses esprits, elle ne s’en rendit pas compte mais l’adorable innocence que dégageait la jeune fille avait réveillé ses instincts maternel provoquant une irrépressible envie de se rapprocher d’elle et surtout de la protéger.
Elie avait besoin de quelque chose pour trouver un équilibre et inconsciemment elle venait de trouver une mission, une noble raison qui lui permettait de réfléchir de nouveau et surtout de ne plus se sentir comme une impuissante poupée ballotait par le destin : Elle se devait de préserver ces deux grands yeux ingénus, qui avait su faire disparaître sa peine, elle se devait de protéger cette douceur, cette candeur, pour que parmi toute l’horreur que ces monstres masqués créaient, il reste quelque part une petite lueur de pureté et d’innocence. Et puis cela lui permettait de penser à autre chose qu’à la noirceur de son propre avenir.
-Je m’appelle Eléonor et toi ? Demanda-t-elle dans l’espoir d’engager la conversation. -Maêve, répondit-elle manifestement peu bavarde. Alors qu’elle cherchait quoi dire Eléonor remarqua une adorable peluche rose en forme de lapin que Maêve tenait d’une main par les oreilles. -Elle est mignonne ta peluche, comment elle s’appelle ? La petite fille la serra dans ses bras comme si elle avait soudain peur qu’on la lui enlève. -Pinpin. La petite marqua un temps d’arrêt puis elle jeta un regard suppliant à Elie. Les zombies ne vont pas me l’enlever hein ?
Eléonor sourit légèrement devant cette appellation, certes peu élégante, mais qui était très approprié. La conversation fini par s’engager, occupant les très longues heures de trajet et créant chez les deux filles une vraie complicité.
Presque détendu les deux demoiselles débâtait pour savoir quel genre était le meilleur entre la science-fiction et le fantastique quand elles sentirent la voiture ralentir. La bonne humeur qui avait pointé son nez disparu aussitôt remplacé par de l’angoisse. Maêve serra très fort la main d’Elie qui fit comme si elle n’avait rien remarqué.
Il y eu un moment de silence qui leur parut une éternité puis la voiture finit par se stopper et la portière s’ouvrit. Après être sortit Eléonor stupéfaite détailla le splendide manoir qui s’offrait à leurs vues. Il était si immense, et si plein de majesté qu’il aurait était difficile de ne pas le remarquer, surtout qu’il n’y avait rien d’autre autour si ce n’est des petits gravas blancs qui s’arrêtaient à la lisière d’une forêt de conifère.
-Veuillez me suivre s’il vous plait. Elie aussi resserra son emprise sur la minuscule main de Maêve, et prit une profonde inspiration. Elle avait l’impression que le crissement des graviers sous leurs pieds avait le tintement d’un glas, d’ailleurs elle devait se retenir pour ne pas courir, et ne pouvait réprimer une grimace de douleur. Elle s’efforça néanmoins de garder son calme, elle se devait d’être courageuse.
De près la demeure était encore plus impressionnante, écrasante par sa hauteur et sa majesté, leur rappelant à chaque instant qu’elles n’étaient que des jouets. Immobile devant une immense porte en bois massif elles se sentaient de plus en plus mal. En effet elles avaient l’impression d’être dévisagés par les gargouilles malsaines qui ornaient le porche. Alors que ce sentiment devenait insoutenable les deux battants s’ouvrirent comme par enchantement, sans émettre le moindre crissement.
Elles furent introduites dans un immense hall, dominé par un escalier tout aussi démesuré et recouvert d’un épais tapis rouge. Elie qui avait l’esprit critique fut presque déçu par l’aspect cliché de l’entrée : tout y était, le lustre en cristal, les belles dorures partout, et le grand portrait d’un homme à l’air respectable bien centré dans la perspective de l’escalier. La seule chose qui dénotait dans cette atmosphère royale était les deux zombies qui se tenaient droit comme des piqués devant eux, ils tenaient dans leurs mains une petite boite en porcelaine qu’ils ouvrirent simultanément signant leurs fins tragiques.
*******
Assise contre la porte de sa salle de bain, ses vêtements teints de sang et l’odeur de la mort dans les narines, Eléonor laissait ses souvenirs vagabonder tout en serrant rageusement entre ses doigts une clef qui arborait fièrement la lettre k. Oui c’était à ce moment que tout avait réellement commencé, elle se rappelait comme si c’était hier de leur arrivé, du début du Jeu.
Debout devant l’escalier en compagnie de Maêve, elle avait pu contempler deux magnifiques clefs en argent accrochés à une petite chaine. On les avait fait monté à l’étage et elle s’était rendu compte que l’atmosphère du manoir, au-delà d’être impérial et somptueux, dégageait un côté presque chaleureux, largement terni par la présence des zombies.
Si seulement à ce moment elle avait su…
Ils avaient traversés un détale (tu t'es trompé de mot non ?) de couloirs identiques, ornés de portes lettrées, presque trop simple comparé aux décorations alentour, pour finalement être introduit dans une vaste pièce habillée par une immense fresque mural qui prenait vie au dessus d’une imposante cheminé. La pièce était meublée par de très beaux sofas cramoisis et elle était remplis d’une foule d’adolescent divers et variés.
Elle n’aurait jamais du entrer.
Elle aurait du s’enfuir en courant. Mais la porte s’était refermé silencieusement derrière elles sans qu’elle sache ce qui l’attendait et Elie avaient dévisagé les autres sans trop savoir quoi faire.
Les yeux fermés elle se laissa aller.
**********
Une jolie fille d’origine asiatique se leva, et malgré la situation Elie ne pu s’empêcher d’admirer ses vêtements de gothique lolita, avec un sourire triste mais avenant la japonaise lui tendis la main et se présenta
- Je m’appelle Akira, enchanté ! - Eléonor répondit-elle, puis elle désigna Maêve toujours accroché à sa main. Et elle c’est Maêve. Le silence s’installa de nouveau, et Akira bien décidé à ne pas se laisser ronger par celui-ci entrepris de présenter tout le monde.
- Alors le brun à lunette c’est Jonathan, le blond snobe avec son téléphone qui marche pas c’est Alexandre, le rebelle au crane rasé s’appelle Bastien, la blonde qui prie sans arrêt je crois que son prénom c’est Madeleine, le gars avec la tablette de chocolat c’est Romain et le celui qui sait tout sur tout c’est Benjamin.
Eléonor ne put s’empêcher de tiquer et de dévisager Benjamin lorsqu’elle su comment il s’appelait. Troublée, pendant une courte seconde elle cru voir son fiancé dans les traits de l’inconnu. Pourquoi le destin s’acharnait-il sur elle, au point de l’enfermer avec quelqu’un qui portait le même nom que la personne qu’elle aimait le plus au monde ? Elle serait repartie dans de longues lamentations silencieuses si une phrase d’Akira ne l’avait pas ramené à la réalité. - Quelqu’un sait où est passé Olivier ?
Elie secoua la tête pour dire non - étant donné qu’elle ignorait qui était Olivier - mais surtout pour se réveiller, et rester concentrée. Un pressentiment lui disait que ce qu’elle avait vécu n’était qu’un prélude et que les minutes à venir seraient décisives.
Soudain l’image de la fresque se troubla pour être remplacée par le visage d’un homme masqué de rouge sur fond noir. Surprise (virgule ?) Elie mit quelques secondes à comprendre qu’en fait la fresque n’était autre qu’un écran plat (une virgule ne serait pas de trop ici, à voix haute, on en a le souffle coupé) mais elle se rassura en voyant qu’elle n’était pas la seule à s’être méprise. L’image resta statique un instant attendant d’avoir l’attention de tout le monde puis une voix enjoué et très grave emplie toute la pièce.
-Bonjour et bienvenue au jeu du Chat et de la Souris.
Cette simple phrase d’accroche fit son œuvre et tout le monde, même Madeleine, cessa toute activité pour l’écouter.
-Le but du jeu est simple. Le chat gagne s’il n’y a aucun survivant. Les souris gagnent si elles tuent le chat. Mais laissez moi vous expliquez un peu comment cela va se passer… Comme vous l’avez constaté, chaque joueur possède une clef, elles ouvrent les portes que vous avez pu apercevoir dans le couloir, chaque clef en ouvre deux. Vous pouvez demander aux Assistants d’exécuter des taches physiques très définis à votre place, ou de vous fournir tout le matériel dont vous auriez besoin excepté les explosifs. Les chambres des morts seront laisser ouvertes tout comme la morgue qui se trouve en face de la chambre de K, à chaque fois qu’il y aura un mort, un Assistant viendra prend le pouls de la personne puis la transportera là bas. La cuisine se trouve à l’étage accessible par l’escalier à côté de la morgue. L’homme marqua une pause puis regarda sa montre et enfin se redressa pour dire avec une voie presque sadique : À partir de maintenant, tous les coups sont permis. Amusez-vous bien mes petites souris…
Invité
Dim 5 Fév - 10:41
Oui Sweet dream c'est LA musique que j'écoute en boucle en écrivant^^ Merci pour ta correction je vais la mettre en pratique sur le champs ♥ (et je suis une hérétique XD) Avec le rouge c'est frappant que j'oublie tout le temps les t et le "tandis" (d'ailleurs je l'ai écrit une fois avec un e XD)
edit : corriger jusqu'à leurs pieds^^
Ayael
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Dim 5 Fév - 12:45
Et voilà :p c'est corrigé. Il doit rester quelques fautes, je suis pas doué pour repérer les accords du PP, mais c'est déjà pas mal épuré en théorie. Faut que tu revoies les règles concernant les tirets et que tu mettes les accents aux "À" en début de phrase, c'est dans ça que tu patauge le plus selon moi. Tu as aussi souvent la confusion récurrente sur les "s'" et les "c'", mais ça, en une relecture ça se voit.
Invité
Dim 5 Fév - 15:24
Les A c'est tous simplement que je ne sais pas où est la lettre A avec un accent, et donc comme c'est admis il me semble je ne fais pas gaffe^^ Merci à toi en tout cas ♥
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Dim 5 Fév - 15:43
Je savais pas que c'était admis ^^" mais je te donne quand même les codes, on aura appris un truc chacun aujourd'hui Pour le À, ils faut faire Alt(maintenu)183. Quand tu relâche le Alt, ça apparaît. Et, tant que j'y suis, le É c'est Alt(maintenu)144.
Invité
Dim 5 Fév - 16:03
Merci à toi ! Je corrige ça dès que j'ai le courage! N'hésitez pas à laisser des commentaires!
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Dim 5 Fév - 16:08
Oh ben moi j’attends la suite hein
Invité
Dim 5 Fév - 16:20
Oh ! et, pour la personne que je pense être le chat pour l'instant, je dirais Akira, elle est trop heureuse d'être ici pour être innocente . Mais j'attend la suite pour affiner mon propos, là, il ne s'est rien passer, personne n'est mort, donc on peut pas trop dire...:/
Invité
Mar 14 Fév - 15:53
Spoiler:
Chapitre 1
Assise sur son lit, son calepin près d’elle, Elie examinait le critérium avec un sourire mélancolique. C’était tellement ironique de se dire que si elle gagnait ce serait grâce à un crayon à papier…
Elle ferma les yeux en le serrant si fort dans sa main que ses phalanges en blanchirent. Elle n’en pouvait plus... Ses cernes avaient creusé son visage ) tel point, qu'elle avait l'air d'une mourante condamnée. Si elle s’en sortait, elle n’en sortirai pas indemne, ce qu’elle venait de vivre resterai gravé pour toujours dans son âme, dans son esprit, à travers des plaies encore vives que le temps finirait peut être par transformer en cicatrices indélébiles.
Elle était épuisée. La tension, le stress, la peur de se tromper et d’être tuée, tout cela allait vraiment finir par l’achever…. Mais elle ne pouvait pas abandonner maintenant. Elle devait le revoir, au moins une dernière fois. Tenir son visage entre ses mains, se blottir contre lui... Elle s’était battue pour avoir encore cette chaleur rassurante, apaisante auprès d’elle. Des larmes qui n’étaient ni de la tristesse, ni de la peur, perlèrent sur ses joues, symbole mélancolique de ses nerfs qui lâchaient tandis que ses pensées remontaient jusqu’à ce jour fatidique où tout avait commencé, quand l’écran s’était éteint après avoir annoncé les règles du Jeu…
Ce jour où ils s’étaient tous regardés en silence pendant une bonne dizaine de minutes tandis que la suspicion les envahissait lentement, vicieusement. Augmentant ce poids pesant sur leurs épaules, ce fardeau qu’ils n’étaient pas sûrs de pouvoir supporter.
Il avait fallut attendre encore de longues minutes pour que Romain ose poser la question qui les taraudait tous : « Pourquoi nous ? ». Ils n’avaient rien de spécial, rien en commun, ni leurs âges, ni leurs classes sociales, ni leurs physiques, ni leurs caractères, ni même leur région ou leur pays natal. Ils étaient tous des adolescents normaux qui venaient de voir leur petite vie tranquille bouleversée. Elie, avait l’impression qu’en plus d’être un divertissement, ils étaient comme des souris de laboratoire, ils étaient une expérience psychologique qui montrait à quel point les hommes restaient primaires, sauvage. A quel point la survie importait plus que la morale.
***************
C’est Madeleine qui la première commença à raconter ce bouleversement, se disant que peut être cela pourrait les éclairer. Et il ne fallait pas qu’ils se laissent ronger par le silence, par l’impuissance.
« J’étais à l’église, entrain de prier, quand les Assistants sont entrés et m’ont demandé de les accompagner. J’ai refusé. Ils ont tué froidement le prêtre avec une arme à feu en me demandant toujours aussi poliment de le suivre. Alors je suis sortie et j’ai grimpé dans la voiture. »
Glacée par la voix claire et posée de Madeleine, Eléonor se demanda comment il était possible qu’elle soit aussi froide. Sa voix était comme le tintement du carillon, et elle ressemblait à un ange avec sa silhouette menue et son visage délicat encadré par de fins cheveux blond. Tout ça lui donnait un air séraphin, fragile, pourtant, elle restait tellement stoïque, tellement fermée, tellement glaciale, qu’elle en devenait presque effrayante, comme si malgré la situation, rien ne pouvait troubler la surface de son visage d’albâtre.
Gênée d’avoir tant fixait la jeune fille Eléonor détourna le regard et il atterrit sur Maêve. Elle s’alarma aussitôt en voyant le visage de l'enfant, rempli d’une certaine incompréhension mélangée avec ce qu’elle jugea être de la peur. Comment avait-elle pu déjà faillir à son devoir de la protéger ?! De la préserver… Sans réfléchir, elle se pencha vers elle et lui suggéra de trouver sa chambre et d’aller se reposer. Maêve lui jeta un regard suppliant en agrippant plus fermant la main d’Eléonor avec ses petits doigts froids. Malgré toute la détresse qu’elle semblait vivre, et toute la tristesse qui l’envahissait, Elie insista. Elle comprenait trop bien l’importance de raconter cet événement. Ils en avaient tous besoin, ils avaient besoin de s’exprimer, de voir qu’ils n’étaient pas seuls. Même si c’était douloureux, se rappeler leurs permettaient de se sentir vivant, et tant qu’ils se souvenaient, ils avaient une chance de ne pas sombrer. De ne pas tout perdre dans les ténèbres de ce jeu macabre.
Mais Maêve, elle, elle ne savait pas, alors elle ne devait pas les écouter, elle ne devait pas plonger avec eux. Alors Elie insista encore jusqu’à ce que la petite fille cède et, qu’en serrant son doudou dans ses bras elle quitte la salle.
-Tu as bien fait, murmura Benjamin en lui offrant un pâle sourire et en posant sa main sur son épaule. Elle lui rendit son sourire mais se décala pour s’asseoir à côté d’Akira. Elle se sentait trop mal à l’aise près de Benjamin. Il lui ressemblait trop, et ils portaient le même nom. C’était affreusement troublant et elle n’avait pas besoin de ça. Heureusement il ne sembla pas s’en formaliser, et commença son récit en frissonnant parfois, tandis qu’il semblait vivre son discours.
- Moi je rentrais de la fac quand cela c’est produit, j’ai vu que la porte était ouverte alors je me suis dépêché et en rentrant j’ai vu que mes deux parents gisaient dans la cuisine. J’ai essayé de m’enfuir mais les Assistants m’ont rattrapé, je me suis débattu mais ils m’ont jeté dans la voiture et ont démarré. - Ouais, ces salauds sont plus coriaces qu’ils n’en ont l’air ! S’exclama Bastien manifestement furibond, J’ai réussis à en mettre deux K.O mais ils m’ont assommé par derrière !
Au vu de sa carrure et de la passion furieuse qu’il mettait dans ses paroles, Elie ne pensa même pas à remettre en cause ses affirmations. Elle n'en aurait d'ailleurs pas eu l'occasion, car ce fut Alexandre qui s'empressa de monopoliser l'attention.
- Pour ma part, j’ai subit un traitement similaire. Quand mon chauffeur m’a reconduit chez moi, j’ai vu mes parents morts et les Assistants m’ont…. - Tu mens, déclara Madeleine avec un aplomb déconcertant. - Pardon ??, s’insurgea Alexandre plus surpris qu'outré par une telle accusation. - J’ai ce don. Depuis que je suis petite, je le sens quand quelqu’un ment, c’est pour ça que je sais à qu’elle point l’humanité est nauséabonde. C’est pour ça qu’il n’y a qu’en Dieu que j’ai confiance.
Déclara Madeleine en le fixant avec tout le dégout du monde. Elle fixait sans faillir Alexandre dans les yeux tout en serrant la croix argenté qui pendait à son cou au côté de sa clef. Vraiment troublée par son assurance et la haine qu’il lisait dans ses yeux émeraude, Alexandre eu un imperceptible mouvement de recul et pendant un instant il perdit sa confiance vaniteuse et chercha à articuler une phrase cohérente sans y parvenir. Impitoyable elle ne lui laissa même pas le temps de reprendre ses esprit et renchéri toujours aussi accusatrice.
-Tu peux essayer de mentir aux autres, mais moi, tu ne me duperas pas, si tu ne dis pas la vérité, ce sera la preuve que tu es la Chat, Alexandre. »
Tout le monde avait suivi l’accusation sans dire un mot, mais les paroles de Madeleine les atteignaient et c’est avec beaucoup de suspicion qu’ils regardaient le blond désormais. Alors que la tension arrivait à son paroxysme et qu’Alexandre n’arrivait pas à regagner sa splendeur hautaine, un cri d’horreur retenti du couloir.
Après un moment de stupeur tout le monde se rua dehors, Eléonor la première car elle avait reconnu la petite voix de Maêve. Elle se stoppa net en voyant un Assistant au fond du couloir, qui regardait la scène immobile, puis elle se pressa en apercevant la jeune fille assise par terre les yeux écarquillés, son nounours toujours serré dans ses bras. En s’approchant un peu plus elle remarqua que Maêve fixait un point précis dans la chambre en face de la sienne.
Torturée par un mauvais pressentiment elle accéléra le pas, suivie de près par les autres. Le spectacle qui l’attendait la fit pâlir comme une morte. Un homme – sans doute Olivier – gisait lamentablement sur la moquette de la chambre. Après un moment d’égarement où elle perdit totalement le contrôle d’elle-même et de ses sens, elle se ressaisît et serra très fort Maêve dans ses bras. Elle ne pouvait pas voir le mort plus longtemps. Plus tôt dans la journée, la panique, le stress, la peur liée à l’Assistant qui la poursuivait, l’avaient empêché de réaliser pleinement ce qu’elle voyait, mais maintenant qu’elle se trouvait face à un cadavre, dans une relative sécurité, elle ne pouvait le supporter et tout son être se révoltait contre ce qu’elle voyait, comme ci offusqué, horrifié, il voulait lutter contre la mort elle même. Tandis qu’Olivier et ses parents la hantait, emplissant son cerveau d’un amalgame morbide, Akira, qui avait aussi la nausée, posa une main réconfortante sur son épaule et l’entraîna dans le salon vite suivit par Romain qui semblait être sur le point de vomir son chocolat blanc aux noisettes.
Les moins sensibles, soit Bastien et Benjamin, entrèrent dans la chambre pour en savoir plus, suivis de près par Jonathan qui semblait être pris d’une étrange curiosité fébrile. Les trois garçons tournèrent un moment autour du cadavre sans trop oser s’approcher. Finalement Benjamin se pencha et, avec une certaine réticence, il posa ses doigts sur le cou d’Olivier pour sentir son potentiel pouls, mais les retira aussitôt en tressaillant. Sa peau était encore chaude, exhalant un reste de vie malgré la plaie béante qui s’ouvrait sur son cœur, ce qui rendait les choses d’autant plus troublantes. Etudiant en médecine ce n’était pas la première fois qu’il voyait un cadavre pourtant Benjamin n’aurait pu décrire ce qu’il ressentait à cet instant précis, a part que son impuissance le tourmentait. Se relevant il déclara le plus professionnellement possible qu’Olivier était bien mort. Le mélange de rage et de tristesse qu’il vit dans les yeux de Bastien le surpris. Apparemment il n’était pas aussi insensible qu’il ne voulait le laisser croire. Pendant ce temps Jonathan avait élaboré toute une série de scénarii possibles, déduisant de la position du corps des tas de choses plus ou moins évidentes. D’après lui Olivier regardait la télé sur le mur du fond, puis s’était retourné et c’est là qu’il avait été poignardé avec un couteau de cuisine au vu la profondeur et l’aspect de la blessure.
Benjamin n’en montra rien, mais il fut profondément choqué par son enthousiasme non dissimulé, car Johnsemblait plus excité que peiné par la mort d’Olivier, comme ci pour lui tout cela n’était qu’un jeu.
Ils restèrent encore quelques instants dans la pièce puis partirent en jetant un œil méfiant à l’Assistant toujours immobile au fond du couloir. Lorsqu’ils rentrèrent dans la pièce commune, tout le monde attendait silencieusement avec un mélange d’appréhension et de tristesse. Maêve s’était blottie contre Eléonor et ne bougeait plus, comme paralyser parce qu’elle avait vu, tandis qu’Elie tentait vainement de la réconforter en lui caressant les cheveux. Malgré tous gestes maternels qui possédaient un certain réconfort, Elie savait qu’elle ne pouvait rien au fait que Maêve était la moins préparée de tous à voir de telles horreur, qu’elle était la plus fragile, la plus influençable, qu’en voyant le cadavre, quelque chose en elle s’était brisé, et ne se réparerai peut être jamais… Et elle ne pouvait rien faire pour l’aider.
L’air endeuillé de chaque personne et l’atmosphère écrasante qui s’était abattue sur tous les participants involontaires ne sembla pas décourager John qui, après avoir longuement réfléchi à la situation regarda lourdement Eléonor et déclara sans la moindre empathie :
-Je trouve tout de même assez étrange qu’Olivier ai été assassiné alors que nous étions tous là… Enfin presque tous…"
Son allusion jeta un froid sur l’assemblée. Par instinct Elie se plaça devant sa protégée en cherchant quoi répondre à l’accusation, tandis que Maêve, qui sentait bien qu’elle était en mauvaise posture se recroquevilla en étouffant Pinpin.
_ C’est impossible… Elle ne peut pas avoir fait ça ! - Il ne faut pas se fier aux apparences… Comment expliques-tu que nous avons tous entre 15 et 20 ans sauf elle ? Comment expliques-tu qu’il lui ait fallut tant de temps pour traverser le couloir ? - Pour l’âge, je ne sais pas, admis Elie, mais elle cherchait sa chambre, c’est normal qu’elle ait pris le temps de regarder toutes les lettres ! Et même si elle était la seule là-bas cela ne veut pas dire qu’elle l'a tué. Si ça se trouve le Chat a demandé aux Assistants de tuer Olivier à sa place pendant qu’il était avec nous ! - Je ne crois pas que ce soit possible, dis Akira. Il est clair que nous sommes dans un jeu, et que les gens qui nous regardent s’amusent, ce serait trop facile si le Chat pouvait simplement dire « tue machin pendant que je dors »…
On sentait dans sa voix que le regard des caméras omniprésentes la pesait, mais qu’elle était aussi septique quand on fait que Maêve soit la criminelle.
-Elle n’a pas tord, admis Benjamin avec un certain dégoût, en fixant une des caméras. - Mais l’assistant était dans le couloir, insista Elie, et puis, si j’étais le Chat je ne tuerais pas quelqu’un alors que je suis le seul à ne pas avoir d'alibi à ce moment là !
La remarque d’Eléonor sembla faire mouche, et tout le monde reconsidéra la question sous un autre angle, sauf John qui semblait ne pas vouloir remettre sa théorie en question. Cela irrita profondément Elie qui n’avait pas l’intention de laisser Maêve se faire accuser sans rien dire.
- Je viens de me faire une remarque, dit Alexandre en se fichant complètement d’être hors sujet. Comment se fait-il qu’il y ait 11 chambres et seulement 10 joueurs ? Je crois que les lettres nous ont été données par notre ordre d’arrivé, or Akira, tu as bien la lettre B n’est ce pas ? - Oui, dit-elle en montrant sa clef, et je suis la première arrivée… - Cela veut donc dire que personne n’occupe la première chambre, conclu John, de plus en plus fasciné."
Mais ce n’est pas seulement pour faire son intéressant qu’Alexandre avait changé de sujet. Il avait l’intime conviction que les clefs étaient la clef du problème. D’autant plus que d’après ses observations et ses déductions celle d’Olivier avait était prise par le chat. C’était pourtant très dur de se concentrer en étant constamment épié par Madeleine, mais il n’avait pas l’intention de se laisser déstabiliser par son air accusateur. Lui aussi avait un atout dans sa manche : son sens du détail exacerbé. Il observait et remarquait tout. La moindre différence, la moindre trace, le moindre objet. C’était sa malédiction mais il était bien décidé à en faire un don.
Interrompant les conversations qu’il avait fait naitre il proposa qu’on teste chaque clef pour savoir quelles portes elles ouvraient et pour en savoir plus sur la mystérieuse chambre A. Son idée fut approuvée et tout le monde s’attela à la tache.
En premier lieu ils s’aperçurent que celle-ci était ouverte puis a force d’essais ils établirent le schéma suivant.
Benjamin (F) → Elie (K) Maêve (J) → Madeleine (C) Akira (B) → Maêve (J) Bastien (E) → John (H) Alexandre (G) → Romain (D) John (H) → Alexandre (G) Romain (D) → Chambre A Madeleine (C) → Benjamin (F) Elie (K) →Akira (B)
Il fut aussi constaté que personne ne possédait la clef d’Olivier, ni celle de Bastien. John suggéra que la clef A se trouvait quelque part et que celle-ci ouvrait l’une des deux portes, tandis que celle d’Olivier, actuellement disparue, ouvrait l’autre. Car c’était tout bonnement impossible qu’une personne se cache parmi eux : cela voudrait dire qu’elle ne s’était pas nourri depuis plus de trois jours et que c’était l’Homme invisible. En effet ils avaient fouillé de fond en comble la chambre A, celle d’Olivier, de Bastien, la morgue et toutes les autres chambres étant fermés, il était impossible qu’il se trouve ailleurs. Néanmoins un certain malaise s’était emparé de la troupe. Évidemment, ils n’avaient pas retrouvé la clef A, mais cela ne les étonnait pas, car elles faisaient un peu plus de 5 centimètres, et malgré leurs fouilles minutieuses elle avait très bien pu leur échapper.
Maêve et sa chambre furent aussi fouillées mais personne ne trouva rien. Ce qui diminua fortement sa prétendue culpabilité, à laquelle plus personne ou presque ne croyait. Pourtant par sécurité John proposa de l’enfermer avec un peu de nourriture dans la chambre A pendant un ou deux jours pour voir si des crimes étaient produits pendant ce laps de temps.
Elie, qui se refusait à laisser la jeune fille toute seule dans une chambre glauque, enfermée comme une bête, protesta avec véhémence en demandant à être enfermée avec elle, mais ils ne voulurent rien entendre. Le cœur de Elie se serra lorsque la petite fille se mis à pleurer et elle se demanda qu’elle genre de torture on allait encore lui infliger. Attendrie, Akira préféra partir. Elle comprenait l’intérêt du test et quoi que Elie semblait vouloir insinuer, Maêve n’en mourrait pas, mais elle se sentait tout de même immensément coupable face aux larmes de celles-ci.
Finalement Bastien, que les pleurs de Maêve et les injonctions d’Elie irritaient, finit par les attraper violemment par le bras, pousser brusquement Elie contre une porte, et traîner Maêve désespérée, dans le couloir. Celle-ci serrait sa peluche d’une main et tentait de saisir Elie de l’autre, mais Bastien la souleva pratiquement jusqu’à la chambre A, qu’il referma. Il n’eut pas besoin de demander deux fois à Romain de prêter sa clef et la serrure fut promptement verrouillée.
Cet excès de violence déplut fortement aux autres personnes présentes qui montrèrent leur désapprobation, mais personne ne tenta de l’arrêter. Après avoir bien fait comprendre qu’il ne tolérerait pas qu’on lui ouvre il rendit sa clef à Romain et s’enferma dans sa chambre en mettant la musique à fond. Par provocation mais aussi pour masquer les cris de Maêve qui pleurait en suppliant de lui ouvrir tout en tapant sur la porte.
Elie furibonde, frotta son bras douloureux et après avoir jeté un regard assassin à toutes les personnes présentes, elle se colla contre la porte pour parler à Maêve, le cœur serré, de nouveau attristé par sa propre impuissance.
« Écoute je sais que c’est dur, mais calme toi s’il te plait… Le temps passera plus vite tu verras ! Bientôt ils verront tous que tu es innocente et tu seras relâchée, je te le promets ! », Murmura-t-elle la voix étranglée par l’émotion.
Il lui était dur d’être convaincante alors qu’elle n’y croyait pas vraiment. Il y avait peu de chance que le chat commette un autre meurtre rapidement pour la disculper. Et John semblait tellement borné… Sans compter qu’elle ignorait si elle voulait vraiment voir un nouveau cadavre… Si elle pourrait seulement le supporter.
Fermant les yeux, elle resta appuyée un long moment pour que Maêve se calme, ignorant les personnes qui lui disait timidement bonne nuit en partant se coucher. Elle commençait même à s’assoupir quand Benjamin s’approcha d’elle pour la réveiller. Il l’aida à se relever et il lui suggéra d’aller dormir. Les pleurs et les cris de Maêve avaient cessés alors elle se laissa convaincre et partit dans sa chambre en traînant les pieds. Dans une maison sans fenêtres, ni horloge, elle avait perdu toute notion du temps, ce qui était d’autant plus déroutant. Depuis combien d’heure le jeu avait t’il commencé ? Quel jour il était ? Les organisateurs savaient très bien s’y prendre pour désorienter les joueurs.
Malgré sa fatigue écrasante, la situation de Maêve, le heavy metal de Bastien, et tous les cadavres qu’elle avait admiré aujourd’hui l’empêchèrent de trouver le sommeil. Elle somnola un moment puis finit par abandonner et, les yeux piquants de fatigue, elle se redressa. Maintenant assise sur son lit elle ramena ses jambes contre sa poitrine et posa son front sur ses genoux, en espérant que son horrible migraine disparaisse. Son bras aussi lui faisait mal, mais de toute manière ses souffrances physiques n’avaient rien de comparable à ses douleurs mentales. Rien ne l’avait préparé à voir et à vivre de telles horreurs et elle se sentait tellement mal pour Maêve, comme si tout s’acharnait à la faire souffrir. Et ils lui manquaient. Sa famille, son fiancé, ils lui manquaient horriblement. Elle n’avait jamais ressentit un vide aussi intense, un vide aussi brûlant. Un vide aussi vaste. Elle était devenu creuse.
Reprenant légèrement l’esprit elle décida de ne pas se laisser abattre et de se changer les idées, aussi elle se leva, alluma la lumière et s’assit devant le bureau qui trônait dans sa chambre. Cette pièce elle le savait était remplis d’une histoire. D’une horrible histoire digne d’un film d’horreur, mais pour elle, le savoir est la clef de la survie.
Son cerveau tournant au ralentit à cause de la fatigue, elle inspecta le meuble avec une certaine lenteur. Elle ouvrit uns par uns les tiroirs en sortant leur contenu, envahi par une légère excitation à l’idée des découvertes qu’elle allait faire.
Dans le premier, elle trouva quatre stylos, un plume, un bic bleu, un quatre couleur et un critérium. Dans le second, elle trouva de nombreuses feuilles vierges de toute sorte, des blanches, des feuilles doubles et simples à gros carreau, un petit calepin de note, un cahier et un classeur. Dans le troisième et dernier, elle ne vit tout d’abord rien mais ses mouvements imprécis dévoilèrent un double fond où elle trouva un couteau de cuisine avec un reste de sang séché sur la lame. D’un geste brusque elle ferma le tiroir en tournant la tête. Ils avaient trouvés un tas d’objet curieux dans les chambres précédentes, apparemment laissés par d’autres joueurs, mais elle ne s’attendait pas vraiment à trouver une arme de crime. Une lame identique à celle qui avait assassiné Olivier.
Tremblante elle resta un moment immobile tentant de chasser l’image du cadavre de sa tête, tentant d’oublier encore son désespoir, cherchant une issue aux méandres vicieux de ses pensées.
Prise par une subite inspiration, elle inspecta soigneusement toutes les feuilles, elle passa même le critérium sur chaque première page pour voir si le précédent joueur ne lui avait pas laissé un message. Son intuition était bonne et c’est dans le stylo plume qu’elle trouva un petit bout de papier entortillé autour de l’encre. Presque fébrilement elle le déroula et le lu à voix haute : « Bonne chance ».
Alors mes petites souris, qui est le chat?
Pour tout le temps que j'ai passé à écrire le chapitre, si vous le pouvez prenez le temps de commenter pour me récompenser ♥
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Mar 14 Fév - 22:08
Tu connais déjà mon avis, vu que c'est moi qui t'ai forcé à réécrire certains passages, et ai corrigé les fautes (c'est pur ça que si vous en voyez, c'est pas de sa faute !) xD. Mais je le précise pour les autres : c'est superbe, écrit avec un style magnifique. Comment ça, pas objectif?
Albar
Partie IRL Crédit avatar : doubleleaf Double compte : Aucun (AT en compte PNJ, à la limite) Vitesse de réponse : Moyenne - Environ 1 semaine
Mar 14 Fév - 22:34
Tu as corrigé hein... 2ème paragraphe, 3ème ligne ! Une faute de frappe ! Bon, sur ce, je retourne à ma lecture :p
Invité
Mer 15 Fév - 7:39
Roh ça va, personne n'est parfait, xD.
Albar
Partie IRL Crédit avatar : doubleleaf Double compte : Aucun (AT en compte PNJ, à la limite) Vitesse de réponse : Moyenne - Environ 1 semaine
Mer 15 Fév - 17:58
Y'a quelques soucis de syntaxes qui rendent certaines phrases difficiles à comprendre. C'est très rare (et je suis limitée matériellement pour vous les ressortir!)
Sinon...
Bon, et cette suite?
Invité
Mer 15 Fév - 18:14
Oh, si d'aventure tu les retrouve tu voudras bien me les donner ?
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Mer 15 Fév - 18:16
Va que mon HTC est coopératif et que free aussi, au milieu de ma montagne
Citation :
Benjamin n’en montra rien, mais il fut profondément choqué par son enthousiasme non dissimulé, car John il semblait plus excité que peiné par la mort d’Olivier, comme ci pour lui tout cela n’était qu’un jeu.
Je dirai plus
Citation :
Benjamin n’en montra rien, mais fut profondément choqué par son enthousiasme non dissimulé, car John semblait plus excité que peiné par la mort d’Olivier, comme si pour lui tout cela n’était qu’un jeu.
2 "il" de trop
Invité
Mer 15 Fév - 18:34
Ah voui, j'ai refais la formulation à la dernière minute j'étais pas dans mon assiette ^^" Je vais corrigé ça tout de suite ♥
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Dim 19 Fév - 20:10
J'aime juste ça ! J'aime beaucoup Alexandre pour ça mémoire photographique, et Bastien à beau aimer le heavy métal, traiter Maêve et Elie comme ça... Grrr ! Pourtant je ne pense pas que ce soit lui le chat. En fait, j'opterais plutôt pour quelqu'un d'assez discret et pas trop remuant... même si Madelaine avec son don pour savoir le mensonge me paraît douteuse, mais ça, c'est à cause de doubt...
M'enfin ! J'adore, tu écris très bien, et franchement je n'ai rien à redire !
J'ai hâte de la suite ^^
Lara Lidwin
Partie IRL Crédit avatar : Double compte : Kissa Vitesse de réponse : Moyenne
Dim 19 Fév - 20:11
Nya merci pour ce commentaire ça motive ♥
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Sam 24 Mar - 16:47
J'ai réécrit le chapitre 1, je pense que c'est mieux! Quand pensez vous! (j'ai laissé l'autre version en spoiler si vous voulez comparer)
Chapitre 1
Assise sur son lit, Eléonor jouait avec son critérium, un sourire ironique teinté de folie accroché aux lèvres. Un petit rire étouffé, saccadé s’y échappa à l’idée que si elle survivait, si elle gagnait, ce serait grâce à un crayon à papier. Grâce à un ridicule crayon à papier....
Elle soupira longuement et son sourire s’effilocha tandis qu’une profonde langueur se peignait sur son visage. Elle était épuisée. Elle voulait abandonner, mais son souvenir à la fois si proche et pourtant si loin, la retenait. Elle n’était pas vraiment elle. Son corps n’était plus que tension, sa mémoire n’était plus qu’un tombeau, mais elle devait le revoir. C’est pour cela qu’elle s’était battue. Pour sentir la chaleur de ses bras, au moins une dernière fois.
Une larme perla sur sa joue tandis que ses pensées remontaient jusqu’à ce jour fatidique où l’écran s’était éteint, marquant le début du Jeu.
Elle se souvenait de leur regards silencieux pourtant si chargés de suspicion. De la voix d’Akira qui tentait de trouver une explication. De ce poids dans leurs cœurs qui ne les avait plus quitté. De la détresse de Romain qui se posait milles questions, de ce moment où tout avait vraiment commencé.
******************
C’est Madeleine qui la première raconta, qui expliqua comment cet enfer avait commencé. Comment les Assistants avaient tué le prêtre de son église. Comment face à la cruauté de ce jeu elle ne pouvait que prier.
Glacée par sa voie claire et posée, qui tintait comme un carillon, Eléonor se demanda comment il était possible qu’une personne aussi éthérée soit aussi froide. Elle ne croyait pas aux anges mais Madeleine avait une silhouette si menue, un visage si délicat et des cheveux blonds si fins que la ressemblance était troublante.
Madeleine semblait être insensible aux mines accablées des autres, et à leurs regards compatissants jusqu’à ce que la voix de Maêve brise le silence religieux qui s’était installé.
- Tu sais, il doit être bien au paradis… Déclara la jeune fille pleine de candeur.
Tout le monde sursauta en regarda Maêve, blottie contre Eléonor, qui enlaçait son doudou. Celle-ci se recroquevilla un peu gênée par la soudaine attention qu’on lui portait. Embarrassée elle s’apprêtait à se justifier mais avant qu’elle ouvre la bouche, Madeleine, touchée, retira quelque secondes son masque de glace et murmura en hochant doucement la tête qu’elle avait raison. Que le Père Felmin était sans doute heureux au paradis.
Infiniment troublée, Maêve câlinait sa peluche en se balançant légèrement. Eléonor qui sentait son malaise, se sentit coupable de ne pas avoir anticipé. Elle savait que c’était important de raconter comment ils étaient arrivés là, que cela leur permettrait de mieux appréhender le jeu, mais elle ne pouvait pas laisser Maêve entendre ces récits morbides, d’autant plus que celle-ci croyait fermement qu’elle reverrait ses parents.
Elle lui suggéra donc de trouver sa chambre, et d’aller se reposer, dans le but de l’éloigner. Celle-ci protesta mais face à l’insistance d’Eléonor, Maêve ne put que se résigner et elle partit en boudant de la salle commune en traînant son lapin par les oreilles.
- Tu as bien fait, murmura Benjamin en lui offrant un pâle sourire. Moi je rentrais de la fac quand cela c’est produit, mes parents gisaient dans la cuisine et l’Assistant me regardait froidement. J’ai essayé de m’enfuir mais d’autres m’ont barré la route et m’ont forcé à grimper dans la voiture.
- Ouais, ces salauds sont plus coriaces qu’ils n’en n’ont l’air, j’ai réussi à en mettre deux K.O mais ils m’ont assommé par derrière ! Grogna Bastien qui assistait au débat debout dans un coin, les bras croisées. Alexandre, qui ne pouvait s’empêcher de monopoliser l’attention, pris à son tour la parole, sans se soucier de savoir si le discours de Bastien – qui vu sa carrure, n’était pas la personne à contrarier – était terminé ou pas.
- Pour ma part, j’ai subi le même traitement : quand mon chauffeur m’a reconduit chez moi, j’ai vu mes parents morts et les Assistants m’ont kidnappé. - Tu mens. Déclara Madeleine avec un aplomb déconcertant. - Pardon ?? S’insurgea Alexandre plus surpris qu’outré. - J’ai ce don. Depuis que je suis petite, je le sens. C’est pour ça que je sais à quelle point l’humanité est nauséabonde. C’est pour ça qu’il n’y a qu’en Dieu que j’ai confiance. Elle resserra son emprise sur la croix argenté qui pendait à son cou en baissant légèrement la tête. Elle le laissa protester maladroitement quelques instants avant de reprendre d’un ton tranchant. -Tu peux essayer de mentir aux autres, mais moi tu ne me duperas pas. Et si tu ne dis pas la vérité c’est que tu es le Chat, Alexandre. Déclara t’elle en relevant la tête pour le regarder dans les yeux.
Alors que la tension arrivait à son paroxysme et que face aux regards suspicieux des autres, Alexandre perdait peu à peu de sa splendeur, un cri d’horreur retenti du couloir.
Après un moment de stupeur tout le monde se rua dehors, Eléonor la première car elle avait reconnu la petite voix de Maêve. Elle se stoppa net en voyant un Assistant au fond du couloir, pendant quelques instants elle le fixa avec un mélange de colère et de peur, puis elle l’oublia en apercevant Maêve assise par terre les yeux écarquillés. En s’approchant un peu plus elle remarqua que des pieds dépassaient d’une chambre ouverte, tremblante elle rejoignit sa protégée et devint livide en découvrant le cadavre d’Olivier.
Bien que certains montrent une étonnante insensibilité, Elie ne fut pas la seule à pâlir à la vue de ce corps qui gisait lamentablement sur la moquette, Akira et Romain semblaient eux aussi au bord de la nausée. Détournant les yeux, Eléonor serra très fort Maêve dans ses bras. Sous le choc celle-ci semblait tétanisée, et ne bougeait plus. Tout en chassant ses propres démons, Elie la berçait doucement pour tenter de la réconforter. Mais elle-même n’en menait pas large. Plus tôt dans la journée, la panique, le stress, la peur lié à l’Assistant qui la poursuivait l’avait empêché de réalisé pleinement ce qu’elle voyait, mais maintenant qu’elle se trouvait face à la réalité de ce jeu macabre, elle ne pouvait le supporter.
Elle sursauta lorsqu’Akira posa une main réconfortante sur son épaule et l’incita à ce lever. Sans lâcher Maêve, Éléonore se redressa et repartie dans la salle commune en compagnie des autres tendis que Benjamin, Bastien et John entraient dans la chambre I.
Les trois garçons tournèrent un moment autour du cadavre sans trop oser s’approcher mais Jonathan qui semblait pris d’une étrange curiosité, presque fébrile exhorta Benjamin à vérifier l’état d’Olivier. Celui-ci finit par accepter, et avec une certaine réticence il attrapa le poignet du mort, pour le lâcher aussitôt en tressaillant. La peau était encore chaude, exhalant un reste de vie malgré la plaie béante qui s’ouvrait sur son cœur. Et même si grâce à son statut d’étudiant en médecine, ce n’était pas la première fois que Benjamin touchait un cadavre cette chaleur si humaine le troublé énormément. Après quelques instants il se ressaisit et se fit violence pour prendre le pouls du cadavre.
Se relevant il déclara le plus professionnellement possible qu’Olivier était bien mort. Le mélange de rage et de tristesse qu’il vit à ce moment dans les yeux de Bastien le surpris. Apparemment le rebelle n’était pas aussi insensible qu’il voulait le faire croire.
Jonathan lui, avait élaboré toute une série de scénario possible, déduisant de la position du corps des tas de choses plus ou moins évidente. Selon lui Olivier regardait la télé sur le mur du fond, puis c’était retourné et c’est là qu’il avait était poignardé avec un couteau de cuisine.
Retirant consciencieusement l’arme du corps, il l’a plaça dans un sac plastique en déclarant très sérieusement qu’il s’agissait d’une pièce à conviction. Choquant Benjamin avec son enthousiasme non dissimulé. En effet, il semblait plus excité que peinait par la mort d’Olivier comme si tout cela n’était qu’un jeu.
Ils restèrent encore quelques instants dans la pièce puis partirent en jetant un œil méfiant à l’Assistant toujours immobile au fond du couloir. Lorsqu’ils rentrèrent dans la salle commune, tout le monde attendait silencieusement avec un mélange d’appréhension et de tristesse. Maêve semblait toujours comme paralyser parce qu’elle avait vu, Madeleine prié avec application et les autres assaillit par de sombre penser tenter vainement de ne pas perdre pied.
L’atmosphère écrasante qui c’était abattu sur tous les participants involontaire ne sembla pas décourager John qui après avoir longuement réfléchis à la situation exposa ses déductions. Les autres l’écoutèrent attentivement, sans trop réagir jusqu’à ce qu’il déclare qu’il était probable que l’agresseur lui ait volé sa clef car elle n’était pas sur la scène du crime.
- Sans mauvais jeux de mots la clef est peut être la clef de l’Histoire ! Répondit Benjamin après une très courte réflexion. C’est suffisamment étrange qu’elles ouvrent deux portes pour que ce soit important.
- J’ignore si c’est important ou pas, en revanche je sais que nous étions tous dans cette salle au moment du meurtre… Dit John avant de marquer une longue pause en fixant Eléonor. Sauf Maêve.
Son allusion jeta un froid sur l’assemblée. Par instinct Elie se plaça devant sa protégée en cherchant quoi répondre à l’accusation tendis que Maêve qui sentait bien qu’elle était en mauvaise posture se recroquevilla en étouffant Pinpin.
« C’est impossible… elle ne peut pas avoir fait ça ! - Il ne faut pas se fier aux apparences… Comment expliques-tu que nous avons tous entre 15 et 20 ans sauf elle ? Comment expliques-tu qu’il lui ait fallut tant de temps pour traverser le couloir ?
- Pour l’âge, je ne sais pas, admis Elie, mais elle cherchait sa chambre, c’est normal qu’elle ait pris le temps de regarder toutes les lettres ! Et même si elle était la seule là-bas cela ne veut pas dire qu’elle l'a tué. Si ça se trouve le Chat a demandé aux Assistants de tuer Olivier à sa place pendant qu’il était avec nous !
- Je ne crois pas que se soit possible, dis Akira. Il est clair que nous sommes dans un jeu, et que les gens qui nous regardent s’amusent, ce serait trop facile si le Chat pouvait simplement dire « tue machin pendant que je dors »…
On sentait dans sa voix que le regard des caméras omniprésentes la pesait, mais qu’elle était aussi septique quand on fait que Maêve soit la criminelle.
- Elle n’a pas tord, admis Benjamin avec un certain dégoût, en fixant une des caméras. - Mais l’assistant était dans le couloir, insista Elie, et puis, si comme vous semblez le prétendre, Maêve était le Chat, pourquoi l’aurait t’elle tuer à ce moment, alors que nous avions tous un alibi sauf elle. Ce n’est pas logique !
La remarque Éléonore sembla faire mouche, et tout le monde reconsidéra la question sous un autre angle, sauf John qui semblait ne pas vouloir remettre sa théorie en question. Cela irrita profondément Elie qui n’avait pas l’intention de laisser Maêve se faire accusé sans rien dire.
- Je viens de me faire une remarque, dit Alexandre en se fichant complètement d’être hors sujet. Comment se fait-il qu’il y ait 11 chambres et seulement 10 joueurs ? Je crois que les lettres nous ont été données par notre ordre d’arrivé, or Akira, tu as bien la lettre B n’est ce pas ?
- Oui, dit-elle en montrant sa clef, et je suis la première arrivée… - Cela veut donc dire que personne n’occupe la première chambre, conclu John, de plus en plus fasciné.
Mais ce n’est pas seulement pour faire son intéressant qu’Alexandre avait changé de sujet. Tout comme Benjamin il était persuadé que les clefs étaient importantes D’autant plus que d’après ses observations et ses déductions celle d’Olivier avait était pris par le chat. C’était pourtant très dur de se concentrer en étant constamment épié par Madeleine, mais il n’avait pas l’intention de se laisser déstabiliser par son air accusateur. Lui aussi avait un atout dans sa manche, son sens du détail exacerbé. Il observait et remarquait tout. La moindre différence, la moindre trace, le moindre objet. C’était sa malédiction mais il était bien décidé à en faire un don.
Interrompant les conversations qu’il avait fait naitre il proposa qu’on test chaque clef pour savoir qu’elles portent elles ouvraient et pour en savoir plus sur la mystérieuse chambre A. Son idée fut approuvée et tout le monde s’attela à la tache. En premier lieu ils s’aperçurent que celle-ci était ouverte puis a force d’essais ils établirent le schéma suivant.
Il fut aussi constaté que personne ne possédait la clef d’Olivier, ni celle de Bastien. John suggéra que la clef A se trouvait quelque part et que celle-ci ouvrait l’une des deux portes, tandis que celle d’Olivier actuellement disparue ouvrait l’autre. Car c’était tout bonnement impossible qu’une personne se cache parmi eux : cela voudrait dire qu’elle ne s’était pas nourri depuis plus de trois jours et que c’était l’Homme invisible. En effet ils avaient fouillé de fond en comble la chambre A, celle d’Olivier, de Bastien, la morgue et toutes les autres chambres étant fermés, il était impossible qu’il se trouve ailleurs. Néanmoins un certain malaise s’était emparé de la troupe. Évidemment, ils n’avaient pas retrouvé la clef A, mais cela ne les étonnait pas, car elles faisaient un peu plus de 5 centimètres, et malgré leurs fouilles minutieuses elle avait très bien pu leur échapper.
Maêve et sa chambre furent aussi fouillées mais personne ne trouva rien. Ce qui diminua fortement sa prétendue culpabilité, à laquelle plus personne ou presque ne croyait. Pourtant par sécurité John proposa de l’enfermer avec un peu de nourriture dans la chambre A pendant un ou deux jours pour voir si des crimes étaient produits pendant ce laps de temps.
Elie, qui se refusait à laisser la jeune fille toute seule dans une chambre glauque, enfermé qu’une bête protesta avec véhémence en demandant à être enfermé avec elle, mais ils ne voulurent rien entendre. Le cœur de Elie se serra lorsque la petite fille se mis à pleurer et elle se demanda qu’elle genre de torture on allait encore lui infligée. Attendris Akira préféra partir, elle comprenait l’intérêt du test et quoi que Elie semblait vouloir insinuer Maêve n’en mourrait pas, mais elle se sentait tout de même immensément coupable face aux larmes de celles-ci.
Finalement Bastien, que les pleurs de Maêve et les injonctions d’Elie irritaient, finit par les attraper violemment par le bras, pousser brusquement Elie contre une porte. Maêve, désespérée, serrait sa peluche d’une main et tentait de saisir Elie de l’autre, mais Bastien la souleva pratiquement jusqu’à la chambre A, qu’il referma. Il n’eut pas besoin de demander deux fois à Romain de prêter sa clef et la serrure fut promptement verrouillée. Cet excès de violence déplut fortement aux autres personnes présentes qui montrèrent leur désapprobation, mais personne ne tenta de l’arrêter. Après avoir bien fait comprendre qu’il ne tolérerait pas qu’on lui ouvre il rendit sa clef à Romain et s’enferma dans sa chambre en mettant la musique à fond. Par provocation mais aussi pour masquer les cris de Maêve qui pleurait en suppliant et en tapant sur la porte.
Elie furibonde, frotta son bras douloureux et après avoir jeté un regard assassin à toutes les personnes présentes elle se calla contre la porte de Maêve pour l’apaiser.
- Ecoute je sais que c’est dur, mais calme toi s’il te plait… Le temps passera plus vite tu verras ! Bientôt ils verront tous que tu es innocente et tu seras relâcher, je te le promets ! Murmura-t-elle la voix étranglée pour l’émotion.
Fermant les yeux, elle resta appuyée un long moment pour que Maêve se calme, ignorant les personnes qui lui disait timidement bonne nuit en partant se couchait elle commençait même à s’assoupir quand Benjamin s’approcha d’elle pour la réveiller. Il l’aida à se relever et il lui suggéra d’aller dormir, car apparemment c’est ce que Maêve avait fait. Ensommeillée, elle se laissa convaincre et partie dans sa chambre en trainant les pieds. Dans une maison sans fenêtre, ni horloge elle avait perdu toute notion du temps mais elle se doutait qu’il devait être très tard.
Malgré sa fatigue écrasante, la situation de Maêve, la musique de Bastien, et tous les cadavres qu’elle avait admiré aujourd’hui l’empêchèrent de trouver le sommeil. Elle somnola un moment puis finit par abandonner et les yeux piquants de fatigue elle se redressa. Maintenant assise sur son lit elle ramena ses jambes contre sa poitrine et posa son front sur ses genoux, en espérant que son horrible migraine disparaisse. Son bras aussi lui faisait mal, mais de toute manière ses souffrances physiques n’avaient rien de comparable à ses douleurs mentales. Rien ne l’avait préparé à voir et à vivre de telles horreurs et elle se sentait tellement mal pour Maêve, comme si tout s’acharnait à la faire souffrir. Reprenant légèrement ses esprits elle décida de ne pas se laisser abattre et de se changer les idées, aussi elle se leva, alluma la lumière et assis devant le bureau qui trônait dans sa chambre.
Elle ouvrit un par un les tiroirs en sortant leur contenu. Dans le premier, elle trouva quatre stylos, un plume, un bic bleu, un quatre couleur et un critérium. Dans le second, elle trouva de nombreuses feuilles vierges de toute sorte, des blanches, des feuilles doubles et simples à gros carreau, un petit calepin de note, un cahier et un classeur. Dans le troisième et dernier, elle ne vit tout d’abord rien. Surprise elle appuya un peu partout, et caché sous un double fond elle trouva un couteau de cuisine avec un reste de sang séché sur la lame. D’un geste brusque elle ferma le tiroir en tournant la tête.
Ils avaient trouvés un tas d’objet curieux dans les chambres précédentes, apparemment laissé par d’autre joueur, mais elle ne s’attendait pas vraiment à trouve une arme de crime.
Prise par une subite inspiration elle inspecta soigneusement toutes les feuilles, elle passa même le critérium sur chaque première page pour voir si le précédent joueur ne lui avait pas laisser un message.
Son intuition était bonne et c’est dans le stylo plume qu’elle trouva un petit bout de papier entortillé autour de l’encre. Presque fébrilement elle le déroula et le lu à voix haute : « Bonne chance ». Un frisson parcouru son échine tant elle avait l’impression que ces mots avaient une connotation sadique, puis elle vu que l’encre étaient étalés à certains endroit, comme mouillé. Et son cœur se serra en imaginant pour qu’elle raison des larmes avaient bien pu couler sur ce papier. Elle qui avait voulu se changer les idées se trouvaient servit.
Attrapant le bic et une feuille elle se mit à écrire, comme elle l’avait toujours fait quand elle se sentait mal. Elle écrivit sans se soucier de la lisibilité de ses mots, ni de la cohérence de ses phrases. Elle écrivit tout ce qui lui passer par la tête, sa souffrance, ça peine, sa peur. Elle avait vu la mort, elle n’avait aucune garantit qu’elle ne serait pas la prochaine victime et elle ne voulait pas mourir, pas comme ça. Elle c’était toujours imaginait une mort tranquille dans les bras de son chéri après de longues année de vie.
Sa thérapie fit son œuvre, et après avoir remplis plusieurs pages elle se sentit mieux. Mais surtout elle comprit aussi une chose importante. Elle ne pouvait pas mourir sans avoir prononcé un dernier je t’aime dans les bras de l’amour de sa vie. Elle ne voulait pas mourir alors qu’il lui restait dans de chose à vivre.
Alors à cet instant, elle décida de jouer le Jeu. Et de le gagner.
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Sam 24 Mar - 16:54
Tu le sais déjà, mais moi je trouve cette version bien meilleure que la précédente (qui n'était déjà pas mauvaise, précisons le !)
Albar
Partie IRL Crédit avatar : doubleleaf Double compte : Aucun (AT en compte PNJ, à la limite) Vitesse de réponse : Moyenne - Environ 1 semaine
Mar 22 Mai - 19:02
Chapitre 2
Alexandre caressait distraitement le bureau, trouvant le contact du bois poncé agréable au touché. Le regard perdu dans le vague, il réfléchissait. Sa main glissa sur une légère entaille, coupant Alexandre de ses réflexions et lui arrachant un sourire mélancolique. Chaque chambre était identique : même mobilier, même rangement, même motif de papier peint. Même les brosses à dent étaient semblables ! Pourtant, Alexandre savait que chaque pièce était unique. Car elles avaient toute une histoire, une histoire qui se lisait dans les détails les plus infimes, les plus futiles, mais qui pourtant offraient à chaque objet une âme, un passé qui le rendait différent.
Son don lui permettait de remarquer la moindre éraflure, la moindre irrégularité, la moindre tache... Aussi, grâce à son don, il pouvait voir là où la moquette, la tapisserie ou encore le plancher avait été nettoyé. Car malgré la qualité du travail, cela changeait toujours la couleur d’origine qui devenait plus claire ou plus foncée. Ainsi, plus que les autres, il savait à quel point cet endroit était souillé.
Mais ce n’était pas de savoir que chaque mur avait déjà été couvert de sang qui le perturbait. Non il était absorbé par une tache sur la moquette du couloir. En effet il était certain qu’elle ne s’y trouvait pas avant. Alors que les autres étaient plus détendus par l’absence de meurtre la veille, lui trouvait ça plus suspect encore. Il avait soigneusement observé chaque joueur pour vérifier qu’ils ne dissimulaient pas une couche suspecte s’apparentant à un bandage sous leurs vêtements, mais sa recherche avait été infructueuse. Tourmenté par cette tache pourtant banale, il était allé jusqu’à vérifier à la morgue qu’il n’y avait aucun cadavre. Il n’avait vu que le corps froid et sans vie d’Olivier. Lui-même ne savait pas pourquoi il était si nerveux. Tout le monde s’était levé ce matin, et les cadavres ne se lèvent pas. Mais il avait éprouvé l’irrésistible besoin d’être sûr, sans que cela ne le rassure pour autant.
*****************
14 Octobre 2013, 08 : 03 J’ignore pourquoi, mais je ressens le besoin irrépressible de tenir un journal. De relater avec précisions les faits qui se déroulent sous mes yeux. J’ai eu beaucoup de mal, mais j’ai enfin réussi à obtenir le portable d’Alexandre. Il ne comprenait pas à quel point j’avais besoin d’avoir l’heure sur moi. Les autres sont stressés par les caméras omniprésentes, moi par l’absence de repères chronologiques. L’absence d’horloges et même de fenêtres me rend fou… Mais finissons là cette introduction et passons aux faits.
Cela fait désormais deux jours que je suis ici, et il y a déjà eu un mort Olivier a trépassé hier soir, sauvagement poignardé. J’en ai rêvé – ou plutôt cauchemardé - toute la nuit. Je ne l’ai pas beaucoup connu mais je sais que c’était quelqu’un de bien. Il n’arrêtait pas de regarder une photo en pleurant, et ça nous faisait du bien. J’ignore comment expliquer cela, mais je crois que nous évacuions à travers ses larmes notre propre souffrance, et que nous nous sentions obligé d’être forts pour le soutenir. Je sais qu’il était particulièrement proche de Bastien, et même s’il ne le montre pas, la mort d’Olivier l’a profondément touché. En même temps qui ne l’est pas… La mort d’Olivier marque un tournant. Le commencement du jeu. Le moment où l’empathie fait place à la suspicion, le moment où l’on se retrouve seul parmi les autres.
Le jour de mon arrivée, alors que nous ignorions encore ce que nous faisions ici, j’ai eu l’occasion de faire un peu connaissance avec les autres, et je ne vois vraiment pas qui est le Chat. Même s’il joue les durs, et qu’il m’agace prodigieusement avec sa musique, je pense que Bastien a un bon fond. Qu’il se donne un genre pour cacher une sensibilité qui pourrait lui causer du tort.
Au début, je trouvais l’attitude d’Akira douteuse, mais finalement j’ai compris que c’était dans sa nature. Qu’être souriante c’était sa manière de faire face aux choses, de survivre. Surtout depuis que je sais qu’elle est insomniaque. En effet, cette maladie prouve qu’elle enfouit beaucoup de choses en elle et qu’elle n’est pas aussi heureuse qu’elle ne le montre. Même si elle nous cache quelque chose, je préfère encore sa bonne humeur de façade à l’attitude glaciale de Madeleine. C’est la seule personne que j’appréhende ici. Je me demande si elle est vraiment capable de ressentir quelque chose ou si c’est un masque qu’elle porte. Quoi qu’il en soit, depuis sa conversation avec Alexandre, j’ai la certitude qu’elle a un vrai dégoût envers les gens, ce qui en fait ma plus grande suspecte.
Heureusement qu’il y a des gens normaux comme Romain et Eléonor. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire connaissance avec elle, mais j’ai l’impression qu’elle m’évite, qu’elle est mal à l’aise dès que je m’approche d’elle. D’un autre côté, je comprends qu’elle soit désorientée. Etre enlevée, voir trois morts et sa protégée être enfermée, le tout dans la même journée, cela doit être assez perturbant.
D’ailleurs je me sens un peu coupable d’avoir laissé Maêve être enfermée. La pauvre a l’air de ne rien comprendre à ce qui se passe, et même si elle est en sécurité dans la chambre A et qu’elle sera libérée bientôt, je la plains.
Même s’il ne le montre pas, je sais qu’Alexandre compati aussi. Je m’entends très bien avec lui. On est arrivé ensemble, alors on a eu le temps de faire connaissance. Une fois qu’on est allé au-delà du gros frimeur agaçant, c’est quelqu’un d’agréable. Même si je dois avouer qu’il est un peu trop égocentrique parfois. Je sais qu’il est obsédé par Akira. Il dit qu’elle est toujours parfaite. Je ne comprends pas vraiment ce qu’il entend par là. Moi je la trouve trop superficielle. Je préfère Elie qui est beaucoup plus naturelle. Je ne saurais pas dire ce que c’est, mais elle à un petit quelque chose qui la rend différente. Hier, quand elle est arrivée, elle était désorientée, abattue, sans doute désespérée, mais malgré tout, je voyais en elle une force que les autres n’avaient pas. Une force que même moi je ne possède pas.
15 Octobre 2013, 08 : 24 Je suis à la fois soulagé et surpris. Il n’y a pas eu de mort hier. Pourtant j’avais un horrible pressentiment. Je crois qu’en fait on l’avait tous. En allant me coucher hier, je ne voyais que des visages crispés et des corps tendus. Mais cette accalmie nous à fait du bien. L’atmosphère était moins délétère que d’habitude, et l’ambiance était suffisamment bonne pour qu’on mette à profit la règle : « Vous pouvez demander aux Assistants d’exécuter des taches physiques très définies à votre place, ou de vous fournir tout le matériel dont vous auriez besoin excepté les explosifs. » pour commander un vrai festin à midi.
Le seul bémol de la journée fut pour Maêve. Selon eux, l’absence de crime la rend encore plus suspect, alors ils ont insisté pour qu’elle soit réenfermée cette nuit et qu’elle reste constamment sous surveillance le reste du temps. Eléonor était furieuse. Heureusement, elle semble s’être liée d’amitié avec Akira durant la nuit et celle-ci a su la calmer. Je dois avouer que Maêve m’impressionne, elle n’a pas protesté quand on l’a réenfermée, elle a même rassuré Eléonor en disant que de toute façon elle s’amusait bien avec Pinpin, qu’ils avaient trouvé des stylos et qu’ils dessinaient. Néanmoins, je ne suis pas sûre que lui cacher la vérité soit une bonne chose. Maêve fait abstraction des faits, elle oublie tous les drames qu’elle a vécu pour se protéger. Hier elle se comportait comme s’il ne s’était rien passé, comme si ses parents étaient encore en vie et qu’elle n’avait vu aucun cadavre. J’ai peur que si ses souvenirs reviennent trop brutalement cela ne la détruise, mais Elie ne veux rien entendre…
*********************
Les mains posées sur ses jambes serrées, Madeleine attendait patiemment en regardant la porte. Elle dégageait une étrange sérénité, un calme parfait et stoïque, néanmoins, un observateur attentif aurait remarqué que de temps à autre, parcourus d’un intense frisson d’excitation, ses doigts serraient plus fermement le chapelet lové dans ses mains.
Malgré l’heure tardive et l’obscurité, elle refusait avec ferveur les appels du sommeil et contemplait obstinément la porte, comme si ça vie en dépendait. Ses paupières se refermaient à intervalle réguliers, parfois prises d’une certaine langueur, elles restaient closes une seconde supplémentaire, mais se rouvraient toujours pour fixer la porte.
Un sourire s’esquissa sur ses lèvres quand la porte jusque là légèrement entrebâillée s’ouvrit doucement, et que le Chat entra encadré par deux Assistants.
- Bonsoir, murmura-t-elle tandis qu’il refermait précautionneusement l’accès.
Après tout le temps qu’elle avait passé à préparer ce moment en se demandant quoi dire face au Chat, elle s’étonnait de ne réussir à articuler qu’un « bonsoir ». Sa longue attente inactive avait dû embrumer son cerveau… Elle secoua discrètement la tête pour se réveiller et fixa son interlocuteur.
Malgré sa stupéfiante sérénité face à la situation, elle s’apercevait qu’une sournoise appréhension s’insinuait soigneusement dans son esprit. Un infime soupçon qu’elle reléguait aux tréfonds de son âme, une terrifiante possibilité à laquelle elle ne voulait pas penser, mais qui existé, et qui comprimait fermement son estomac. Heureusement, le Chat lui offrait une distraction suffisante pour oublier momentanément cette dérangeante pensée. Elle se frotta discrètement les yeux dans l’espoir de sortir de sa torpeur.
- Il semblerait que je sois pitoyablement tombé dans le piège qui m’était tendu, murmura t’il en s’approchant. Alors pourquoi n’essais tu pas d’alerter les autres ? Demanda-t-il manifestement intrigué. Madeleine nota qu’il n’était nullement inquiet, et qu’il mentait effrontément, alors que malgré la musique incessante, un cri aurait facilement pu réveiller les joueurs. Cette remarque la fit sourire intérieurement. Elle allait mourir. Cela n’avait plus la moindre importance désormais, mais pourtant elle continuait de chercher la Vérité. Jusqu’à la dernière seconde, elle continuerait de chercher la Vérité. Laissant ces considérations de côté, elle reprit d’un air sibyllin :
- Pour la même raison que j’ai laissée la porte ouverte.
Il était trop tard maintenant, elle ne pouvait plus faire marche arrière. Sans le quitter des yeux elle se leva tandis qu’il penchait légèrement la tête sur le côté l’invitant à poursuivre. Comme Madeleine ne semblait pas disposer à l’aider il poursuivit :
- Il ne s’agirait donc pas d’un piège grossier ? Pourtant, en dévoilant ton don, tu savais que j’aurais tout intérêt à me débarrasser de toi rapidement… Continua-t-il sans chercher à dissimuler l’éclat menaçant de sa lame. - C’est pour ça que tu as mis des somnifères dans ma tisane… Répondit-elle, nullement impressionnée. Parce que tu pensais que je voulais te piéger. Constatât-elle avec une étonnante sérénité. Leurs regards ne se quittaient pas et chacun appelé la Vérité. En prenant grand soin du choix de ses mots Madeleine la lui offrit.
- Parce que j’ai longtemps cherché pourquoi Dieu m’avait envoyé cette épreuve, puis je me suis rendu compte que c’était un cadeau. Dieu m’offre enfin la délivrance, la paix, loin de la haine et de violence des Hommes.
- Il y a d’autre façon de mourir… Nota le Chat avec une désinvolture déconcertante. Mais Madeleine y lisait une profonde colère qu’elle ne comprenait pas. Passant outre elle continua.
- Je suis croyante, le suicide est interdit. Ma vie appartient à Dieu, c’est à lui seul de décidé quand les portes du paradis s’ouvriront pour moi.
- C’est pourtant entres mes mains qu’elle est en ce moment. - Tu crois vraiment ? Dis-moi… Pourquoi n’as-tu pas agi hier si tu décides de la mort et de la vie ? Tu as mis des somnifères dans ma tisane mais tu n’as pas frappé. C’est risqué de le faire deux fois d’affilé. - Disons que j’ai eu un imprévu, admis t’il en détournant les yeux. Madeleine sourit satisfaite. La fatigue l’écrasait de plus en plus, mais elle savait que ce ne serais bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Elle attrapa sa tasse posé sur le bureau et allait la boire quand le Chat ce mis à rire.
- Ce n’est pas nécessaire, dit-il en la fixant.
Elle mit un moment à comprendre, qu’elle s’était trompée. Que le Chat n’avait pas eu l’audace de mettre deux fois des somnifères dans sa tisane. Elle comprit aussi pourquoi il n’était pas inquiet. Il en avait mis dans le repas du soir. Et à l’heure qu’il était tout le monde devait dormir tranquillement, heureux de réussir à fermer l’œil après toutes ces nuits blanches, de pouvoir enfin se reposer et fermer les yeux sans être hanté par les fantômes de la mort. Personne ne se rendrait compte de rien. Seule sa détermination l’avait tenue éveillée jusqu’à maintenant.
Elle ne comprenait pas. Elle se demandait qu’est-ce qui avait bien pu se passer hier, pour contrarier le Chat à ce point.
La journée de la veille s’était déroulée dans un calme léthargique, où tout le monde luttait contre ses inquiétudes. Elle l’avait immédiatement compris, dans ce jeu, le Chat n’était pas leur véritable ennemi. Non l’adversaire dont il fallait se méfier c’était la Peur. Celle que l’omniprésence rend puissante, celle qui tel un poison ronge l’âme, empli les veines et nécrose le cœur. Celle qui réveille les côtés les plus sombres de l’être humain…
Et c’est dans ce calme insolent que le soir était tombé exacerbant les tensions et les frayeurs. Elle même avait senti que quelque chose n’allait pas, et ses soupçons s’étaient confirmés quand elle c’était écroulée lors de sa prière. Elle y avait cru. Elle avait pensé que son heure était enfin venu, qu’enfin Dieu allait la délivrer. Mais elle s’était réveillée… Elle était allée dans la salle commune et Akira était arrivée, toujours de bonne humeur, impeccablement habillée et maquillée, suivi de tous les autres, que l’absence de meurtre avait détendus.
Les brumes du sommeil l’enlaçaient tendrement et lui murmurait de mielleuse paroles, mais Madeleine résistait à leurs appelles enjôleur. Elle voulait comprendre. Elle avait toujours eu besoin de la Vérité. Elle sentait que la solution se trouvait quelque part dans les méandres de sa mémoire, mais son esprit de plus en plus embué refusait de lui donner la clef…
Madeleine se rendit soudain compte qu’elle avait peur, et c’est pour ça que plus que jamais elle se jetait corps et âme dans la recherche d’une Vérité qui ne lui servirait à rien. Elle se trouvait à une frontière, un point vers lequel elle avait longuement cheminé, mais qui soudain l’effrayée. Elle rêvait d’ange et de paradis, de calme et de vérité, mais pourtant elle avait toujours cette sournoise appréhension qui lui murmurait des paroles empoisonnées lui promettant le néant. Et maintenant qu’elle avait enfin ce qu’elle désirait, elle ne savait plus si elle voulait vraiment mourir. Et si son Dieu n’existait pas ? Elle y croyait pourtant. Depuis toute petite elle n’avait cessé d’avoir la foi, et n’avait vécu que dans l’espoir de le rejoindre un jour. Mais pourtant, plus son heure approchée, plus cette question qu’elle n’osait formuler s’enracinait dans son cœur.
Ses souvenirs défilaient, une succession de voix, de paroles, de visages, de constatations qui n’avaient pas vraiment de logique, puis soudain, elle comprit. Elle se souvint d’un détail insignifiant qu’elle n’avait su interpréter sur l’instant. Une simple constatation, qui prenait soudain un sens tout particulier. Ce matin, elle avait demandé à Akira si elle allait bien, et comme toujours, elle lui avait répondu oui. Ce matin, pour la première fois, elle avait menti.
Une digue quelque part dans son âme se brisa, et Madeleine s’abandonna aux bras de Morphée. Elle arrêta de lutter, de s’inquiéter. Peu importe ce que la mort avait à lui offrir, se serait toujours mieux que ce monde de mensonge. Alors elle répondit à l’appel du sommeil qui l’invitait à clore ses paupières et elle ferma les yeux…
Une voix qui lui semblait soudain lointaine murmura froidement : « A Dieu Madeleine »
…Pour l’éternité…
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16 Octobre 2013, 9 : 57 Hier soir Madeleine est morte.
Ayael
Partie IRL Crédit avatar : Charlie Bowater, travaillé par Cathane ♥ Double compte : Mystic Vitesse de réponse : Lente
Mer 23 Mai - 13:28
Tu sais déjà ce que j'en pense : j'adore purement et simplement ^^
Albar
Partie IRL Crédit avatar : doubleleaf Double compte : Aucun (AT en compte PNJ, à la limite) Vitesse de réponse : Moyenne - Environ 1 semaine