En deux mots, Ozuhan est un taiseux flegmatique. Il parle plus volontiers avec son corps qu’avec des mots et se montre particulièrement désintéressé. Il ne fait pas partie de cette catégorie de démon foncièrement méchant, vil, qui prend plaisir à oeuvrer pour le mal. C’est une créature sans cause, bien incapable d’observer la ligne entre le vice et la vertu. Alors Ozuhan fait ce qu’il a à faire, il avance, implacable, tue s’il le faut (femmes et enfants compris, toutes races confondues). Ozuhan est un être dénué de nuance, monstrueux mais exempt de perversité, un drôle de démon originel. Il respecte beaucoup les combattants à l’arme blanche, capable d’apprécier la technique d’un épéiste avec un oeil tout à fait averti. Même si il peut se montrer très violent, il n’est pas agressif. C’est un calme, un gardien.

Foam et ses mille trésors, Foam et ses mille gardiens. Ozuhan étaient de ces derniers jusqu’à ce qu’il soit laissé pour mort par un groupe de solides guerriers. Remis de ses blessures, il quitta sa grotte pour partir à la recherche de sa raison d’être : un artefact à l’effigie de Nayris capable de faire parler les morts.

Il retrouva la trace de ceux qui avaient cru le tuer et les affronta isolément. Il les éventra un par un, meilleur duelliste que chacun d’entre-eux. Mais l’artefact restait introuvable, ces hommes avaient été des pillards aguerris qui revendaient aux plus offrants sans se soucier de leurs noms. Ozuhan erra pendant des décennies à la recherche d’une piste, niant l’évidence. Son dénie abîma lentement son esprit et il ne s’intéressa pas aux conflits majeurs qui remuèrent le monde. Pendant des siècles il marcha, tranchant la tête des obstacles à sa quête, monstre opiniâtre.

Et puis un jour, en plein désert, il s’arrêta. Il s’interrogea longuement, appuyé sur son épée plantée dans la dune. Il ne se souvenait plus. Non, pourquoi marchait-il dans cette direction ? Que cherchait-il ? Aucune réponse ne lui vint malgré l’intensité de son introspection. Alors, arrachant sa lame au sable, il fit demi-tour. Il rentrait dans sa montagne.

Ce qu’il ignorait, c’est qu’il allait faire des rencontres qui infléchiraient radicalement la trajectoire de son existence.