Quel ciel merveilleux. La voute céleste de Feu était chargée d’étoile et donnait l’impression que même les Dieux pouvaient paraître insignifiants face à la beauté de leurs créations. Partout où le regard du Diplomate se perdait, un point lumineux dans le ciel était là pour lui rappeler sa condition de simple humain mais aussi pour lui permettre de s’extasier devant le grandiose de la Création Divine. Crawford de Nyrianës, Diplomate de la Famille Nyrianës, était couché sur le toit d’une maison délabrée d’un quartier pauvre de Dahalia. Invisible aux yeux de la populace miséreuse, il était vêtu de ses habits de fonction. Son long manteau fendus avait la triste couleur de la déchéance du toit et se fondait en cela dans le décor et le turban rouge sang qui lui ceignait la taille ainsi que la fourrure d’hermine rappelaient son rang. Longtemps très important pour les Familles de Sen T’sura, les Diplomates étaient, malgré leurs noms, des assassins et des professionnels des métiers de l’ombre. Tous étaient des Septième fils. Ils n’héritaient de rien mais avaient l’honneur de servir la Famille dans un combat plus que décisif. Cela permettait d’éviter une trop grande dispersion de l’héritage ainsi que d’avoir des membres sûrs et dévoués dans leurs commerces illégaux et d’éliminer tout homme trop gênant. Délaissant le ciel pour se craquer la nuque, Crawford repensa aux derniers évènements.

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-Vous n’avez pas la tête d’un tueur vieil homme.

-Et je devrais ressembler à quoi ? Avoir des cicatrices et être prognathe peut-être?

-Par Yahadiel non, j’ai dit un tueur, pas un orc.

L’homme partis d’un rire franc et Crawford rigola poliment à la blague.

-Non tu ressembles à un aristocrate tiré à quatre épingles qui s’est mis dans la merde. Et crois-moi ça arrive plus souvent que tu ne le crois.

Le tutoiement n’avais pas échappé à Crawford. Il faut dire, l’homme qui lui faisait face devait avoir dans les soixante ans, âge plus qu’honorable dans la contrée de Feu et Crawford en paraissait cinquante. La conversation concernait des gens sérieux et expérimenté. L’homme était vêtu d’une armure aux couleurs de la ville et portait une cape blanche en signe de son rang élevé.

-Qu’est-ce qu’un homme aussi bien sapé pourrait venir faire dans la petite ville de Dahalia hein ? Marchand peut-être ?

Si le ton était courtois et amical, le Diplomate n’avait aucun doute sur le fait qu’il subissait un interrogatoire en bonne et due forme.

-Pas exactement. Mais je suis venu étudier vos Drathir dans le but de peut-être en acquérir quelqu’un pour ma Famille.

-Fort bien. Les Drathir sont réputés pour leur endurance et ce sont de magnifiques animaux Monsieur. Monsieur ?

-De Nyrianës. Crawford de Nyrianës.

-Oh c’est un nom qui ne m’est pas inconnue. Vos duchés sont au Sud-Ouest si je ne m’abuse ? Au bord de la mer ?

-Tout à fait.

-Et bien Monsieur de Nyrianës, si vous pouviez expliquer au modeste chef de la garde que je suis les raisons de votre présence en ces lieux.

-Vous connaissez les raisons.

-Je vous parle des raisons qui ont amené mes hommes à vous inviter à séjourner dans les geôles de cette ville. Sans votre accord.

-Je n’ai rien à me reprocher.

- Alors racontez-moi cela et vous pourrez reprendre vos activités commerciales sans être plus inquiété.

Son sourire se fit plus grand, invitant Crawford à commencer. L’As de Cœur soupira et commença.

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Le soleil était haut levé et écrasait la population de sa chaleur. Le clos des Drathirs était bruyant et poussiéreux et l’on pouvait voir toute sorte d’échoppes avec leurs lots de marchandise, de cris et d’animation. Crawford marchait parmi les vendeurs, les mains croisées dans le dos, sa capuche relevé sur sa tête pour le protéger des brulures et du sable. Les marchands et les vendeurs, eux, se promenait avec des habits plus en accord avec les coutumes locales. Turban, keffieh, chèche, toutes les couleurs étaient présentes dans une parodie d’arc-en-ciel bariolé donnant à la scène une impression d’agitation extrême. Mais tout était tranquille en cet après-midi. Les vendeurs fourguaient, les marchands achetaient, les clients chinaient ; la vie tranquille de la ville suivait son cour comme une rivière tranquille dans son lit.

Crawford s’arrêta devant un enclos de Drathirs. Curieux mélange entre un cheval et un dragon, ils étaient réputés dans Feu pour être le meilleur moyen de transport et, en aillant entendus parler et en bon Diplomate de la Famille, voulait voir s’ils pouvaient être utile au domaine d’une quelconque façon. Ils pensaient en prendre une vingtaine pour commencer un élevage si l’étude se révélait concluante. Tiana de Nyrianës lui avait confié les rênes du Duché et il se retrouvait propulsé au rang de Duc même si lui se considéré Duc par intérim vu qu’il n’avait jamais prétendus au pouvoir et ne vivait que pour servir la Famille, raison pour laquelle il se déplaçait en personne dans les territoires qu’il souhaitait explorer. De préférence sans escorte. Après une vie de contrebandier et d’assassin, l’idée même de se déplacer comme le faisait beaucoup de ses cibles, si elle ne le mettait pas mal à l’aise, le faisait rire nerveusement. Le marchand s’approcha de Crawford et l’interpella, parlant avec le fort accent Feurien caractéristique.

-Alors mon ami, on regarde les Drathirs ? Belle bête hein ?

Les deux hommes discutèrent un petit moment, l’un questionnant l’autre sur les Drathirs, l’autre les décrivant comme les ultimes créations de Yehadiel en lui recommandant d’en acheter immédiatement cinquante pour avoir un bon élevage. Finalement Crawford promis au vendeur d’étudier avec sérieux sa proposition et qu’il reviendrait. Le Diplomate s’éloigna et se dirigea vers l’auberge de la ville le "guépard amnésique". Crawford ne repartirait pas avant le lendemain matin et voulait essayer de renégocier le prix avec le vendeur. Le faire mariner un peu faciliterait la chose.

Alors qu’il allait en s’enfilant dans une petite ruelle ombragé par le toit des maisons, Crawford remarqua qu’il été suivit. Deux hommes bloquaient le passage arrière. Continuant d’avancer sans paraitre prêter attention. Mais deux formes ne tardèrent pas à apparaitre face à lui, fermant la sorties, leurs formes se découpant dans la lumière du jour.
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-Et c’est à ce moment-là que vous avez tué ces quatre hommes.

-En effet. Ils m’ont agressés et en ont assumé les conséquences.

-D’après ce que m’a raconté le chef de l’escouade, vous vous défendez bien pour quelqu’un de votre âge.

-Par les temps, on sait se battre ou l’on meurt. Je pense que vous comprenez de quoi je parle en tant que chef de la garde et homme de votre âge.

La remarque ne contenait nulle moqueries et le garde le perçut aussi ne le prit-il pas mal.

-Mais ce n’est pas parce que ces hommes vous ont attaqués que vous étiez dans votre droit de les tuer. Leurs infliger une correction surement mais vous avez quand même tué quatre hommes, chose qui n’as pas l’air de vous faire grand chaux.

Crawford voulut répondre mais le chef de la garde leva la main pour lui intimer le silence. Dans sa position, le Diplomate préféra laissait le garde continuer.

-Vous savez, à mon âge et à mon grade, l’on sait des choses que beaucoup ignore et qu’on ne trouve pas dans les bibliothèques. Il y a plus d’un siècle que les grandes Familles de Sen T’sura ont établis des accords de paix mais l’on raconte qu’avant, les tensions étaient grandes et qu’elles n’hésitaient pas à se déclarer des guerres… fermés, en opposition avec le terme guerre ouverte. On raconte aussi que ces guerres étaient mené par des membres « spéciaux » des Familles, qu’ils étaient des assassins, de redoutables tueurs et qu’ils étaient des piliers de la réussite d’une Famille.

Crawford connaissait l’agencement de la pièce dans ses moindres recoins. Il avait beau être désarmés, il n’avait pas franchement peur d’un face à face avec l’antiquité militaire. Mais sortir du bâtiment serait plus coton. Le chef de la garde lui sourit, ayant aisément deviné à quoi son auditeur pensait.

-Ne vous affolez pas, je ne cherche pas à vous piéger. Mais j’ai quelque chose à vous proposer.

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Et voilà comment Crawford s’était retrouvé sur son toit, à devoir jouer les assassins pour un chef de la garde pour une paye misérable. Mais ce Kadaï Mir avait les moyens de lui nuire.

*Et puis c’est pas comme si ça me dérangeait beaucoup de faire ça. L’avait l’air sympa le vieux. Un peu naïf par contre. J’aurais pas été un foutu Duc il serait passé par la fenêtre pour m’avoir grillé. Les temps ont changé, avant on nous connaissait pas. Foutu temps qui passe. Et foutu bouquins d’histoires. « Nous allons révéler tous les secrets de Gnagnagna. Super ! Va-y, te gêne pas, déballe tout ! Connerie*

Le chef de la garde lui avait communiqué tous ce qu’il y avait à savoir sur sa cible de cette nuit-là ainsi que sa mission. Le neveu du chef de la garde allait attirer le second à l’écart des remparts et Crawford passerait à l’action à ce moment-là. Assassiner le second ne serait pas le problème, le réel traquas avait été de trouver comment, selon les mots de Mir « faire rejaillir la gloire sur [son] neveu ». Le Diplomate avait pensé à déclencher une bataille en engageant des malandrins mais plusieurs choses posaient problèmes : Les malandrins tiennent à la vie, Kaïdan Mir fait trop bien son travail, le neveu est tellement con qu’il pourrait mourir. Et puis Crawford n’avait pas franchement envie d’investir toute sa paye dans un groupe de mercenaire. Il avait alors pensé à autre chose, beaucoup plus simple. Et potentiellement très amusant.

Les étoiles brillaient toujours aussi fort quand Crawford jugea que l’heure était venue. La patrouille n’allait pas tarder à passer, et si le chef de la garde avait bien fait son boulot, le neveu allait s’éloigner du groupe et venir ici, suivit par son garde chiourme personnel. Le Dernier passa par la lucarne du toit et atterris dans un grenier, bourré à l’occasion de paille sèche et d’épine de résineux. Crawford alluma un briquet d’amadou et mit le feu à la paille un peu partout. De petites flammes s’élevèrent dans les combles et commencèrent à lécher les épines sèches. Une fumée âcre commença à s’enrouler vers le ciel, passant par la lucarne et les tuiles manquantes. Le Diplomate rajouta de la paille humide sur les épines. La fumée s’épaissis encore, l’empêchant de voir à deux mètres. Comme prévu, les flammes étaient totalement invisible et ne prendrait que dans un long moment. Prenant une grande inspiration, Crawford repassa la lucarne. La fumée était difficilement visible dans la nuit mais l’odeur de résine agressait les narines. Parfait.

Descendant agilement la maison, le Diplomate se positionna dans l’ombre d’un bâtiment annexe. Théoriquement, le chef de la garde avait dit à son neveu de venir ici quand leur patrouille passerait et le second le suivrait pour venir le récupérer. Seul ou avec des hommes, peu importait. Et théoriquement encore, le chef de la garde avait fait un long laïus à son neveu sur la dangerosité d’un incendie en ville et sur ce qu’il fallait faire en cas de feu, l’intimant de ne pas hésiter à prendre en main la situation si ses supérieurs ne faisaient rien. Théoriquement. Mais Crawford devrait se contenter de cela. Son plan à lui était sûr, après, si le neveu se révélait incapable de suivre un plan simple, même à son insu, Crawford pouvait difficilement faire mieux.

Comme prévu, à leur indiqué, Crawford repéra la patrouille faisant le tour des remparts. L’escouade comptait une douzaine d’hommes mais à cette distance, Crawford n’aurait su dire qui était qui. Quand ils arrivèrent à la perpendiculaire de la maison en feu, il put apercevoir un homme se détacher du groupe pour se diriger dans sa direction. Le feu avait bien prit, la fumée était épaisse, âcre, irrespirable mais nul flamme ne venait perturber les ténèbres nocturne. Le garde qui venait était très grand, comme l’avait décrit Kaïdan Mir et semblait un peu perdus. On lui avait simplement dit de se détacher de la colonne à ce moment-là et de ne parler à personne de pourquoi il avait faut ça. Sous les habits de garde, Crawford pouvait deviner une forte stature mais dans un esprit limité selon le même chef de garde. Après tout, c’était leurs affaires. Avec un sourire, le Diplomate pus apercevoir un autre homme se détacher du groupe, suivit légèrement en retrait par deux autres gardes. Pour l’instant tout se passait bien.

Le neveu s’arrêta devant la maison en feu et respira l’air. Il se tenait droit et humait largement l’air, repérant les odeurs âcres de la fumée d’épine mais ne distinguant rien. Son supérieur arriva, encadré de sa petite protection.

-Heureusement que ton oncle m’as prévenus ! Qu’est ce qui te prend de partir comme ça ? On reste dans la patrouille, ne t’as donc t’on rien appris pendant ta formation.

-Y a une odeur bizarre.

Crawford sortit de son couvert, dans le dos des nouveaux arrivants. Il tenait sa main droite fermé fort. Le Dernier prit sa forme fantomatique. Son corps se nimba d’un halo bleuté et perdit toute consistance. Le second de la garde respira lui aussi et ses yeux se froncèrent. Il connaissait cette odeur. En levant la tête, il aperçut l’épaisse fumée quitter le toit du bâtiment.

-Un feu ! Aler…te…

Ses derniers mots furent hachés. Il se tourna vers ses hommes, le regard incrédule. Son visage n’avait d’expression plus que du côté gauche. Il tenta de faire un pas mais toute la partie gauche de son corps ne répondait plus. Il s’écroula à genoux, retenus par ses deux hommes et perdit connaissance dans un dernier hoquet. Sans se départir, le neveu prit instinctivement les choses en main comme son oncle lui avait appris. Bourré le crâne serait plus juste.

-Emmenez-le à l’abri et allez au puit de la section sept ! Faite une chaine et prévenez les équipes anti-feu ! Il ne fait pas que le feu s’étende aux autres maisons ! S’il s’étend, nous devrons abattre les maisons alentour ! Notre priorité est de contenir le feu jusqu’à l’arrivé des équipes anti-feu ! Bougez !

Les gardes ne se consultèrent pas et obéir instinctivement à l’ordre qui venait de fuser. Ils emportèrent le second à l’abri et partir en courant vers le reste de l’escouade en hurlant au feu. Le neveu s’agenouilla prêt du second et tenta de lui parler.

-Capitaine ! Capitaine réveillez-vous ! Par Yehadiel que vous arrive-t-il ? Répondez-moi !

*Inutile gamin, tu parles à un cadavre*

Quand il s’était rapproché dans le dos des hommes, il avait attendus que l’alerte au feu détourne l’attention des deux gardes qui accompagnaient le second. Serrant dans sa main un petit caillou de quelques millimètres de diamètres, il avait passé sa main immatérielle à travers la tête de sa cible. Son pouvoir s’étendait aux petits objets qu’il voulait s’il les touchait. Il avait ensuite ouvert grand la main, lâchant le gravier qui reprit sa forme matériel. La main fantomatique s’était alors retirée, Crawford s’éloignant d’un pas tranquille pour observer la scène. L’effet fut quasiment immédiat. Le gravier dans le cerveau boucha de multiples capillaires dans l’hémisphère droit, paralysant tous le côté gauche de sa cible. Si le caillou n’était pas retiré dans les trente minutes, les dégâts seraient irréversibles. Au mieux le second serait un légume pour le restant de ses jours. Mais personne ne soupçonnerait un assassinat. Ni poison, ni plaie. Juste les symptômes d’un banal caillot dans le cerveau. Tragique. Commun.

Le neveu du commanditaire s’efforçait de faire reprendre connaissance à son capitaine. Les hommes s’étaient rassemblés dans une chaîne humaine jusqu’à un puit proche. Le neveu tourna la tête vers eux, hésitant entre rester prêt de son capitaine et aider ses hommes. Il tourna plusieurs fois la tête, tiraillé dans ses choix. Finalement, il se leva et se glissa dans la chaîne en hurlant ses consignes. Crawford se replia dans l’ombre et quitta la scène. Il avait fait son travail, maintenant il voulait juste être payé.

Haestrom , qui avait eu un coup de sang avec un de ses conseillers sur un débat inutile et grotesque, avait préféré quitter son duché et aller se précipiter vers sa seconde maison favorite, la Congrégation de la Nuit. Il avait même envisagé de mettre un contrat sur ce dit conseiller qui voulait absolument que la pêche devienne interdite à Riverbear.

Un peu moins de deux semaines plus tard, Haestrom était arrivé au QG de la Congrégation où il allait pouvoir regarder les contrats à sa disposition et surtout se remplir les poches comme il l'espérait. Malheureusement pour lui, les contrats étaient très peu nombreux ou du moins il n'y en avait qu'un seul qui était proche, un certain Theder Brollen, aussi surnommé « L’ogre », devait perdre la vie.

Il s'agissait d'un assassin indépendant, la tâche ne serait pas aisée, car si il est renommé comme la note le disait, c'est qu'il doit être extrêmement minutieux dans ses meurtres et avoir sa signature propre, en l’occurrence la barbarie.

Haestrom accompagné de son loup partirent donc en direction du lieu présumé du prochain contrat de l'ogre, une ville non loin de Sen'Tsura se faisant nommé Picpère. Il avait reçu un plan de la ville et savait où habitait la cible. La consigne était claire, la cible ne devait pas mourir… Blessé ? Rien à ce sujet dans les consignes, ainsi Haestrom avait presque carte blanche pour la mission.

Une fois qu'il fut arrivé à Picpère, il tâcha de repérer la maison du pauvre malchanceux, les indications étaient claires, il n'y avait pas de doute, il s'agissait d'une maison plutôt de bonne fortune, à première vue de l'exterieur, elle semblait suffisamment grande pour abriter plusieurs pièces et ainsi préparer un plan et une mise en scène magistrale. Tous le monde saurait qu'un assassin aurait été tué dans le village. Et ce que Haestrom savait c'est que ce ne serait pas son cadavre que l'on retrouverait le lendemain.

Après ce court laps de temps, Haestrom se rappela qu'il devait pénétrer dans la maison pour y attendre l'Ogre. Et pour ça, son plan ne se fit pas attendre, il avait à peine eu le temps d'y penser que l'idée était parfaitement claire dans sa tête. Il se précipita vers le baraquement du village, où devait se situer un grand nombre de soldat, du moins plus que partout ailleurs dans la ville. Il demanda à son loup de rester discret, et de ne surtout pas intervenir.

Il s'installa non loin des baraquements et attendit qu'un soldat se retrouve isolé. Il attendit une bonne demi-heure avant de voir l'occasion arrivé, sans hésiter, la Lame Mortelle se mit à le suivre et à s'approcher de lui de plus en plus jusqu'à être à deux bons mètres de ce dernier, l'imprudent se dirigea dans une ruelle étroite et sinueuse. Le coup fut rapide et sans bavure, et le corps du garde était au sol inconscient. Non, Haestrom ne l'avait pas tué, juste frappé très fort pour l’assommer, évitant de verser du sang sur sa nouvelle tenue qui était celle du garde.
Il se sentait un peu serré dedans mais il ne la porterait que quelques minutes le temps d'arriver devant la porte de la future victime présumée.
Il frappa quatre coups à la porte et hurla :

-Ordre Impérial, ouvrez immédiatement ! 

Haestrom dû attendre tout de même une bonne minute avant que… une femme lui ouvre la porte ! Quel monstre pourrait bien envoyer un autre monstre tuer une femme de façon violente ? Haestrom entra dans la maison en poussant la femme et refermant la porte derrière lui.  Il fixa la jeune femme puis l'empoigna au cou !

-Où sont cachés les rebelles?!

A vrai dire, Haestrom n'en avait strictement rien à faire, s'était juste un prétexte pour attraper la jeune femme et l'emmener dans une pièce, notamment la salle à manger pour l'attacher à une chaise pour qu'elle ne puisse s'échapper et il la baillonna pour qu'elle ne puisse pas crier non plus. Il inspecta ensuite les pièces une à une, il pouvait ainsi remarquer que la maison possédait, une cuisine, une salle à manger, deux chambres, une salle d'eau pour la toilette et un bureau. Afin d'éviter toute surprise lors de l'arrivée de l'Ogre, il condamna toutes les issues hormis la porte d'entrée qu'il n'oublia pas de fermer à clé, afin que l'assassin indépendant soit obligé de crocheter la porte lui rajoutant une difficulté supplémentaire.

Désormais il s'activait pour préparer le piège avant que la nuit ne tombe, car selon les sources, l'assassin ne passe à l'acte que la nuit. Il retourna voir la victime et lui expliqua :

-Vous savez si vous ne me dîtes pas où sont les rebelles, trafiquants, contrebandiers, bandits ou tout autres criminels que vous avez cachés, mon ami va arriver et va vous faire parler à l'aide d'une méthode que je ne pensais même pas imaginable jusqu'à ce que je la vois…

Il regarda la femme avec insistance, lui retira le chiffon pour qu'elle puisse s'exprimer…

-Je ne vois pas ce que…

La Lame Mortelle remit le tissu dans la bouche de la jeune femme en répondant avec un ton sadique :

-Mauvaise réponse !

Il fit lever la jeune femme toujours ligotée à la chaise, elle se déplaçait comme elle pouvait, les fesses en arrière pour pouvoir porter cette chaise et il alla la placer dans la pièce du bureau dos à la porte d'entrée et derrière son plan de travail. De cette manière, on ne pouvait pas s'apercevoir que la femme était attachée en arrivant dans la pièce.

Haestrom alla se positionner à l'intersection permettant de voir à la fois la porte d'entrée et la victime, sa dague bien entourée par son poing. Il attendait patiemment que sa victime fonce sur l’appât.

Cela faisait bientôt cinq heures que Haestrom attendait le moindre signe d'effraction de la porte, il commençait à désespérer et surtout à s'engourdir. Il s'étira longuement quand tout à coup il put entendre la poignée de la porte se tourner. La porte était fermée, notre talentueux Ogre devra utiliser ses crochets ou… Enfoncer la porte. Oui un coup de pied dévastateur venait de faire voler la porte en éclat. Haestrom eut tout juste le temps de se réfugier derrière le mur pour être le plus discret possible. Il observa l'Ogre avancer, et put observer plusieurs points communs, ce bougre avait eu la même idée que Haestrom, à savoir porter un uniforme de garde sauf que le sien avait l'air tâché de sang. La description avait l'air de correspondre avec ce que Haestrom pouvait observer, un immense couteau dentelée se tenait dans sa main gauche, tandis que sa taille… Il devait bien dépasser les deux mètres facilement. Il avait le pas lourd et marchait tranquillement dans le couloir, vérifiant dans la cuisine et dans la salle à manger d'un rapide coup d'oeil que sa victime ne s'y trouve pas. Haestrom se cacha alors sous la table du couloir, elle était trop basse et le tueur trop grand pour avoir un quelconque angle sur ce qu'il s'y passait en dessous. L'ogre arriva au niveau de l'intersection et tourna son regard vers la droite où se situait le bureau et pouvait apercevoir la tête de la jeune femme dépasser de la chaise. Tel un monstre sans cervelle, il avança vers la pièce et s'arrêta une fois entré dedans. Il frappa d'un grand coup de lame le plan de travail qui se fissura en deux, puis mit un sacré coup dans les deux parties pour les dégager de son chemin.

Mais contre toute attente, une voix vint interrompre le plan de Haestrom, la femme avait réussi à retirer le tissu qui l’empêchait de parler et elle supplia le meurtrier.

-Pitié ne me faîtes pas de mal, l'argent de la contrebande est dans le couloir dans le tiroir de la table juste derrière vous ! Ne me faîtes pas de mal je vous en supplie !

Haestrom toujours sous la table ne pouvant voir qu'une bonne partie de la partie inférieur de l'Ogre, pu observer qu'il se retourna et prenait la direction de notre duc qui se sentait désormais tout sauf en sécurité. Il restait cloîtré sous la table, prêt à asséner de coup son adversaire si jamais il le démasquait. L'ogre une fois au niveau de la table, tira celle-là et la fit traîner jusque dans le bureau. Haestrom eut très peu de temps pour réagir et ainsi ramper du mieux qu'il pouvait pour rester sous la table. Une fois de retour dans le bureau, l'Ogre avait l'air de s'être assis sur la table, après qu'il ait fermé la porte du bureau. Haestrom remercia Exios de cette opportunité miraculeuse, il sortit délicatement du dessous de la table et était positionné derrière l'Ogre assis, ce qui donnait à Haestrom une hauteur parfaite pour l'égorger. Il était là debout, et silencieux, près à faire glisser sa lame sur la gorge de l'Ogre qui parla alors pour la première fois :

-Tu vas mourir ce soir Femme, retourne toi !
-Mais je ne peux pas, votre collègue m'a attaché à la chaise !

Haestrom choisit cet instant pour trancher la gorge de l'Ogre et lui planter sa dague dans le coeur.
L'ogre saignait abondamment, le sang coulait à flot de toute sa hauteur. Il était là debout se débattant tentant de tuer Haestrom avec son couteau. Le duc sortit son épée et lui donna un coup au jambe pour le faire s'agenouiller. L'ogre ne se relèverait pas. Il agonisait là, sur le sol et regardait Haestrom comme une bête regarde son abatteur quand celle-ci sait qu'elle va mourir. La Lame Mortelle replaça la chaise de la jeune femme pour qu'elle puisse observer le spectacle tout en remettant le tissu dans sa bouche pour éviter qu'elle ne hurle en voyant l'horreur. Haestrom profita des dernières secondes de vie de l'Ogre pour lui sectionner ses membres avec sa propre épée dentelée.

Haestrom prononça alors ses mots tout en fixant l'Ogre toujours vivant:

-Cet homme était un assassin, il était là pour vous, et ce que je viens de lui infliger, c'est ce qu'il s'apprêtait à vous faire, d'où son surnom de l'Ogre. Lorsque des gardes viendront vous libérer de cette chaise, vous pourrez leur dire que la Lame Mortelle a éliminé l'Ogre. L'homme l'ayant envoyé vous tuer, apprenant son échec, nous contactera sûrement pour finir le travail. Alors quand vous serez libéré, si vous connaissez la personne qui voudrait vous faire du mal, contactez-nous et nous nous en occuperons plutôt que ce soit vous notre future cible.

Haestrom pu sentir que l'Ogre allait perdre sa dernière goutte de sang et reprit alors :

-Vous auriez été un bon assassin pour la Congrégation L'Ogre… Mais c'est la loi du marché, je suis le requin, vous êtes le poisson, la chaîne alimentaire doit être respectée.

Sur ces paroles, Haestrom quitta la pièce après avoir refermer les yeux de l'Ogre qui gisait sans vie dans une flaque de sang, ses membres l'entourant. Puis il sortit de la maison le plus discrètement possible, retrouvant son loup qui l'attendait sagement dehors. Il ne tarda pas à quitter cet endroit ensanglantée fier car le lendemain la ville, voire la région parlera de cet assassinat de barbarie et son nom de scène résonnerait un peu plus encore sur Terra.