Epreuve de Brynolf

La journée était froide et belle. Le soleil brillait haut et quelques vaillants insectes sortaient pour profiter du temps radieux. Pourtant, l'humeur n'était pas au beau fixe dans la meute du sud.

Deux nuits auparavant, un groupe d'humains était entré dans le camp et avait enlevé pour une raison inconnue deux jeunes enfants, un frère et une sœur. Leur mère, une louve à a douce fourrure gris perle, pleurait encore toutes les larmes de son corps. Les recherches avaient commencées dès l'aube de la funeste journée, un instant après qu'on ai constaté la disparition des petits. Brynolf s'en rappelait très bien. Il avait une dizaine d'années de plus que les enfants kidnappés et malgré qu'ils ne soient pas du même sang, il se sentait aussi responsable et proche d'eux que s'il était leur aîné. Et c'était ainsi pour tous les autres jeunes ainsi que pour les adultes. Chaque louveteau avait ses parents mais tous les autres lycans de la meute pouvaient jouer le rôle d'éducateur, de nourrice, de surveillant ou ou de protecteur. L'union était la plus grande force de la meute et voila qu'elle était mise à l'épreuve. Le matin même, un nouveau groupe de patrouilleur était partit avec quelques provisions sur les traces des ravisseurs et la patrouille de nuit était rentrée et se reposait. Bryn était levé depuis un moment déjà et n'avait rien à faire de concret: son instructeur était parti avec l'équipe de recherche et il n'avait pas le coeur à chahuter avec les autres. D'ailleurs même les plus jeunes se tenaient tranquille et n'avait pas le goût aux jeux habituels.
Tout aurait pu se dérouler ainsi jusqu'à la fin de la journée. Aurait pu. C'était sans compter le destin qui semblait s'acharner sur le clan. En début d'après midi, la plupart des museaux se levèrent vers le ciel pour humer un peu plus attentivement: une étrange odeur, encore ténue, flottait dans l'air. Quelques secondes plus tard, un petit loup brun arriva au grand galop, langue pendante. Il se transforma entre deux foulée, se prit les pattes dans une touffe d'herbe, se releva d'un bond, en proie à la panique. C'était un patrouilleur encore jeune qui revenait de la frontière nord. L'Alpha fut immédiatement sur les lieux. Il prit le jeune lycan dans ses bras et le souleva pour l'emmener un peu à part et lui faire boire quelque chose. L'éclaireur voulait visiblement dire quelque chose mais avait la gorge trop sèche et le souffle trop court. Toute la meute se rassembla autour de lui dans l'attente angoissée de la nouvelle qui devait être boulversante.

- Une *Tousse* Une attaque ! La troupe des marais glacés attaque ! Ils ont mit le feu à la Toundra et les flammes avancent vers nous ! Ils seront la deuxième vague d'assaut ! Le village va être réduit en cendre et les survivants se feront massacrer ! -

Des exclamations indignées ou terrifiées retentirent et un brouhaha monta de l'assemblée qu'un vent de frayeur traversait. Les lycans du marais au nord étaient très belliqueux et même s'ils étaient peu nombreux, ils attaquaient sauvagement la meute depuis trois lunes de façon régulière. On les soupçonnait d'être simplement jaloux du territoire giboyeux et vaste du clan. Mais ils étaient néanmoins responsable de nombreux dégâts et même d'un mort. Aucune expédition punitive n'avait été lancée mais on entretenait désormais une haine viscérale pour eux et les mères, une peur certaine car le mort était un enfant. L'Alpha se redressa et le silence se fit immédiatement dans l'assemblée.

- Ne cédez pas à la panique ou à la colère. Les pluies d'il y a quelques jours ont fait gonfler les eaux de la Langue du Serpent et la rivière est sortie de son lit, inondant les alentours. Les flammes ne nous atteindrons pas. Quand aux guerriers, nous savons comment les combattre. Que tous les loups aptes à se battre s'arment et partent devant. Les louves et les petits, partez dans le Refuge. Un pisteur les accompagnera pour effacer leurs traces, aider à surveiller les petits et transmettre les nouvelles. Aller !-

Tout le monde se mit en mouvement dans un accord parfait. Chacun savait ce qu'il avait à faire, tous agissaient efficacement et rapidement. Pas de temps à perdre. Les mères étaient aussi de redoutables combattantes, surtout quand la vie de leurs petits était en jeu mais leur premier devoir était de mettre ces derniers à l'abri et de les surveiller. Elles ne se battaient qu'en dernier recours. Etre femelle ne voulait pas dire être cantonnée au rôle de mère. Certains guerrier étaient des louves et elle se montraient aussi cruelles et efficaces que les mâles. Elles ne prenaient de pause qu'au moment d'avoir des enfants ou quand elles étaient incapables de se battre à cause de l'âge ou d'une blessure.
Bryn courut de ses petites pattes jusqu'à son père qui coordonnait l'équipement des loups qui partaient. Il était en train d'aider les guerriers à choisir leur arme quand son fils arriva. Ce dernier planta son regard doré dans celui bleu glacier de son géniteur. La demande était muette mais le père la connaissait déjà "Cette fois, je peux venir ?"

- Non mon fils. Reste ici et protège les plus jeunes. Toi et tes amis ne pouvez pas encore venir, vous faites à peine la moitié de votre taille adulte et vous avec seulement le tier de votre force finale. Vous vous feriez tuer en un rien de temps. Restez en vie, ces derniers temps l'avenir de la meute est en danger alors c'est à vous de le protéger en restant en vie et en préservant celle des plus petits. Va. -

Brynolf baissa le museau mais ne changea pas d'expression, arborant toujours cet imperturbable masque neutre. Puis il releva la tête et avec un air décidé il hocha la tête avant de filer rejoindre les louves. Pas sa mère car depuis qu'il avait 8 ans et donc était en âge de se débrouiller, elle était retournée avec les guerriers, son rang de départ. Il serait donc le seul de sa famille à ne pas partir au combat. Mais il se jura que bientôt il se battrait aux côtés de ses parents.
La troupe des jeunes partit sans plus attendre. Ils allaient vers le Refuge, une caverne sur le flanc d'une petite butte glacée en permanence à l'ouest du camp. Un membre du clan était tombé dessus sans le vouloir un jour de chasse. Depuis on avait aménagé l'endroit et dissimulé l'entrée. La marche fut longue et ennuyeuse en plus d'être difficile: la fonte lente et permanente de la glace rendait la terre spongieuse et s'y déplacer était beaucoup plus dur. L'éclaireur, un lycan gris cendre, effaçait les traces habilement derrière la colonne des voyageurs. Bryn et les louveteaux de son âge s'étaient répartis autour de la colonne et apportaient à boire ou à manger aux mères et aux enfants qui en avaient besoin. Ils surveillaient également leurs arrières, inquiets. Qui sait ce qui pouvait se passer sur le champ de bataille en ce moment ?
Finalement ils arrivèrent enfin au Refuge. Les louves s'installèrent avec leurs petits et chacun se mit à attendre. La tension était presque palpable et seuls les jeunes ne s'en rendaient pas compte. ils jouaient et chahutaient ensemble. Quand ils faisaient trop de bruit, leur mère les faisait taire d'un grondement d'avertissement et le niveau sonore baissait de suite. La troupe attendit de longues heures. Les guerriers ne donnaient toujours pas signe de vie... Brynolf attendait à l'entrée, accroupis, en silence. Ses amis le laissait en paix car c'était l'une des rares fois où on pouvait sentir ce qu'il ressentait: l'envie de se battre, l'envie de sang et l'anxiété de ne pas revoir ses parents. Le louveteaux était aux aguets. Le moindre souffle d'air, le moindre froissement de l'herbe lui faisait tourner la tête. Il avait pourtant une vue bien dégagée sur les environs et qui quelqu'un approchait, il ne pouvait pas le manquer. Le pisteur étaient également attentif à tout ce qui se passait dehors, son regard expert sillonnait le paysage de long en large, rien ne lui échappait.

Finalement le vent apporta une odeur de loup et on vit au loin se dessiner deux silhouettes. Agitation dans la grotte et concertation rapide. Le pisteur partit devant, à la rencontre des loups, sans révéler la position des louves. Tout le monde regardait comment allait se dérouler la rencontre. On vit l'éclaireur s'arrêter pour attendre et quand les loups s'approchèrent, il hérissa le dos et put sentir la tension monter. Une louve lâcha ce que toutes avaient comprit "ennemis". Deux loups du clan des marais avaient réussi à passer la barrière des guerriers et avait suivit on ne savait comment la piste pour remonter jusqu'ici. L'heure était grave, les petits étaient en danger. Chacun se lança un regard entendu et la communication fut silencieuse mais claire. Trois louves laissèrent leur enfant à la garde des autres après les avoir embrassées et se jetèrent dehors, sous forme animale pour courir plus vite. Brynolf et trois de ses amis les suivirent malgré les cris pour les en dissuader. Quand l'éclaireur entra en contact avec les deux attaquants, les louves avaient encore un tiers du chemin à faire. Le pauvre loup, face à deux guerriers, s'en sortait comme il le pouvait mais ses adversaires prirent rapidement le dessus. La première femelle fit un dont prodigieux, se changea en l'air et percuta de toutes ses forces l'un des ennemis. Le combat s'engagea. Les deux gros mâles avaient plus de forces et d'expériences que les louves mais leur nombre était inférieur. Bryn arriva un peu après le début de la petite bataille. Il bondit sur les épaules d'un mâle roux qui allait infliger un méchant coup de griffe à une des attaquantes. Enfonçant profondément ses crocs dans la nuque du loup adverse, il secoua aussi fort que possible. La suite se brouilla dans son jeune esprit à partir du moment où le goût du sang chaud glissa sur la langue. Dans sa tête ce ne fut qu'un mélange de fourrure, de griffes et de crocs. L'arrivée des guerriers du clan marqua son retour à la réalité. Il était couvert de sang, avait de nombreuses griffures et une morsure sévère à la patte arrière mais était envie. Et il apprit plus tard qu'il avait donné le coup de grâce à l'un des loup en lui sautant à la gorge par en-dessous et la lui arrachant sans hésitation.
De leur côté les guerriers avaient attaqué brutalement de front et on ne comptait aucun mort. Mais chez les loups du marais on pouvait maintenant compter 2 morts de plus.

- Aller, il est temps de rentrer. - dit l'Alpha d'un air fatigué.