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 L'Epreuve de Quatre-Cornes

 
L'Epreuve de Quatre-Cornes Sand-g10Jeu 15 Mai - 21:01
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Miasme a écrit:
Un mois, c'est long ; surtout lorsqu'on les met bout à bout et que l'appel de la Nature se fait de plus en plus fort, persistant, presque lancinant. Quatre-Cornes se doit d'y répondre, mais malgré son charme et ses beaux discours, il comprend bien vite qu'il lui faudra trouver d'autres parades pour faire tomber une fille de la Toundra, bien différentes de celles du grand continent, dans ses bras.

La Privation. Enfin terminée. Dieux qu'il est bon de pouvoir connaître à nouveau la chaleur des bras d'une femme. Je passe volontairement sur les détails de ma nuit, qui ne regarde que cette gourgandine et moi-même. Sachez seulement que celle-là je l'ai obtenue de haute lutte.

C'est que, voyez-vous, d'habitude je me contente de peu. Je joue sur mon physique, mon apparence exotique. Je fais des yeux de faon perdu et elles me serrent déjà contre leurs courbes dodues. Il n'y a alors plus qu'à les charmer par quelques belles paroles pour les convaincre de me laisser m'allonger à leurs côtés. Le reste est une affaire d'expérience et, sans mentir l'ami, je pense que j'en ai plus que vous tous réunis.

Comment ? Tu en doute ? Allons, tu sais pourtant que je ne raconte pas que des contes. Tiens, je vais même te raconter une histoire vraie pour une fois. Celle qui m'a amené à chercher la chaleur en un pays où elle n'existe presque pas.

C'est que, vois-tu, il y avait cette enfant au joli visage d'ange. Comment s'appelait-elle ? Aléa ? Albéa ? Alc... Alcya ? Peut importe en fait. Je l'avais charmée au coin d'une petite ruelle pas trop pouilleuse d'un village de pêcheurs dont la seule raison d'exister était d'être l'un des ports les plus pratiques pour rallier les glaces directement. La faune locale était faite en grande partie faite de contrebandiers, de marins et de marchands. Conséquence : des filles. Beaucoup de filles. Pour les servir. Pour les ravir. Pour les délester de leur paie comme de leur désir accumulé.

Seulement voilà, moi, une fois par mois, je dois le faire avec une fille consentante et je n'ai pas le droit de payer pour ça. Outre le fait que je n'ai jamais d'argent sur moi, ça annule purement et simplement l'effet de la chose. Eh, on est maudit où on l'est pas ! Du coup, j'ai finis par dénicher une jeunette. Jolie serveuse, abandonnée par son marin de mari, partit prêcher au large des côtes pour la saison.

Vous pensez bien qu'elle était triste, la pauvrette, esseulée dans sa chambrette. Aussi, son père avait voulu lui faire la surprise. Venir la chercher chez elle et l'inviter à venir passer quelques jours au domicile familial pour se remonter le moral en famille ! Belle intention direz-vous. Et j'en conviens, noble intention même !

Seulement voilà, moi, à la sortie de son service, la jeunette je la courtisais déjà. A peine libérée que je l'emprisonnais dans mes mots, mes charmes, mes bras bientôt... Nous étions installés chez elle, près à passer aux choses intéressantes... quand il est arrivé, le père jovial au visage souriant et joufflu. Un bon vivant à n'en pas douter. Heureux de la vie, d'avoir sa fille fiancée à un honnête marin, rude travailleur et fidèle compagnon. Un bon partit pour une fille modèle, serviable, aimante et bien élevée, loyale à sa famille et fidèle à son futur mari.

Fidèle, oui, oui. Enfin jusqu'à maintenant.

Bref... Je ne vais pas vous faire un dessin. J'ai récupéré mes maigres possessions et j'ai filé en coup de vent avec une rapidité et une efficacité que seule confère l'expérience. Parce que oui, de l'expérience pour ça j'en ai aussi oui. Je suis devenu expert quand il s'agit d'esquiver des projectiles improvisés, ou pas improvisés d'ailleurs. Chandeliers, dagues, chaussures, bottes, tabourets, haches, épées, lances, flèches, claymores, boules de feu, pieds de table, tables, légumes, fruits, os...

De même, vous ne trouverez pas meilleur que moi pour semer une meute de chiens de chasse dans les bois, poser une fausse piste, effacer ses traces, trouver à manger au milieu de nulle part... Fuir est un art messieurs, et je le pratique au moins aussi bien que celui de la séduction à outrance.

Donc me voilà en fuite sur le port, priant pour trouver un abris avant que tout le monde ne soit au courant. Fort heureusement j'ai pu sauter dans un bateau et me cacher dans la cargaison. C'est mon agilité, voyez-vous, est également développée. Mon endurance aussi, plus que vous ne pourriez le penser. Courir tout le jour sans m'arrêter ? Déjà fait. M'échapper un champ entouré de trois rangs de barbelés sans une seule égratignure ? Déjà fait. Survivre à plus de guerres que la plupart des êtres vivants aujourd'hui ? Déjà fait, si on considère qu'éviter une guerre c'est y survivre.

Vos concepts d'honneur et de bravoure sont fort louables. Je ne me prive d'ailleurs pas d'en faire l'éloge dans mes histoires. Mais je le fais surtout pour m'assurer qu'il y aura toujours de jeunes inspirés pour aller se battre contre les cinglés d'en face. Et inversement. Tout le monde se moque d'un homme antilope doté de quatre cornes qui parcours le pays en semant partout ses bâtards. A condition d'avoir une guerre à se mettre sous la dent pour s'occuper l'esprit.

Je peux me vanter d'avoir semé mes gènes dans un bon paquet de lignées, dont sûrement des lignées nobles au passage. L'avantage d'être un démon discret c'est que mon sang l'est aussi. Peu de chance de mettre au monde un enfant à tête d'antilope pour ces dames dont j'ai honoré la couche. Donc peut de chance que quiconque sache jamais que son enfant est en fait un demi-démon. Amusant, n'est-ce pas ?

Allons ne faites pas la tête, parce que moi ça m'amuse. Les marins qui m'ont découvert sur leur navire aussi, d'ailleurs.

Oui parce que j'ai été découvert, bien sûr. Bon je ne me suis pas vraiment caché non plus. Et le fait que je sois un conteur talentueux, même malgré le fait que... je sois sous le coup de ma malédiction, m'y a beaucoup aidé. Vous vous doutez que j'ai un certain nombre d'histoires frivoles à raconter. Suffisamment pour contenter un petit équipage sur une douzaine de jours de mer.

Donc d'un côté je n'ai pas été jeté à l'eau. C'est bien.
Mais d'un autre côté, on m'a largué comme un malpropre dans la Toundra. Et c'est nettement moins bien.

Je pensais trouver un port comme les autres, y trouver une fille facile et faire mon affaire pour repartir avant d'avoir le temps de commencer à frissonner. Seulement non. Il semble que mon destin ait été différent ce jour là. Arrivé en pleine nuit, je déambule dans les rues pour tenter de trouver à me loger. Une bande de malandrins me tombe sur l'échine. Je fuis. Vers le lointain. Je finis par les semer.

Dans la Brume.

En pleine nuit.

Dans une région où ma dernière visite remonte aux premières couches du dernier des Anciens. Vous la voyez, la merde ? L'incommensurable bouse qui se profile à l'horizon de ma petite existence ? Et bien sachez que ce jour là j'avais dessus une vue IM-PRE-NABLE.

J'ai donc commencé mon errance. Trouver à manger n'était pas plus dur qu'ailleurs. L'instinct de survie permet bien des choses. Et puis les gens oublient souvent que dans le don des langages, il y a aussi le langage des bêtes. Les rennes savent comment trouver du Lichen. Les Carcajous savent chasser même par un temps absolument invivable pour autrui. Les Ours savent se cacher pour hiberner. Et moi je sais leur parler pour apprendre tout cela.

J'en étais à une vingtaine de jours de Privation, sans avoir pu repaître mes appétits. Je commençais à vraiment avoir du mal à me tenir, quand j'ai ENFIN croisé la civilisation. C'était un chalet. Un petit chalet isolé, une maison au pied d'une colline. J'ai tapé à la porte pour demander le gîte. Je suis tombé sur... sans doutes une des plus belles femmes que j'ai jamais vu. A sa manière elle était plus belle que toutes les autres réunies. Sa simplicité valait tous les maquillages. L'intelligence de ses yeux, la noblesse de son port... J'étais subjugué - et très en manque aussi, mais bon.

Seulement voilà... Malgré mes velléités prononcées, la contraindre n'était pas une option. J'ai donc dû me démener pour la charmer. Et là... j'ai été agréablement surpris. Cette femme ne m'a pas jugé un seul instant sur mon apparence. Elle m'a seulement jaugé et mesuré à l'aune de ses connaissances, dont j'apprendrais plus tard qu'elles étaient immenses, pour une mortelle. Elle était une scientifique, versée dans l'étude des plantes. Et elle désespérait de trouver certains spécimens particuliers. J'ai donc entreprit, pour obtenir ses faveurs, de faire ce que je n'avais jamais fais auparavant... lui enseigner un peu de mon savoir.

Je lui ai appris à écouter, à lire les signes laissés par la nature. Grâce à moi elle a pu avancer dans ses recherches, améliorer son train de vie, son confort... Mais ça n'a pas suffit. C'était une fille intelligente qui n'avait aucune volonté d'assouvir quelque désir en compagnie d'un inconnu, quand bien même ce dernier eut passé un mois entier à l'aider pour... pour rien, sinon le gîte et le couvert.

Aussi, un jour, intriguée, elle me demanda pourquoi j'étais là. Et là j'ai fais une autre chose que je ne fais que rarement. J'ai été sincère. Je lui ai dis ma nature, mes besoins, mon passé en partie et le flou constant de mon futur. J'en étais à un point où je ne m'imaginais plus avoir quoi que ce soit d'elle sinon une compagnie paisible et tellement différente de ces filles trop jeunes pour le monde, si facilement trompées.

Aussi, ma surprise fut grande quand, le soir venu, elle vint me rejoindre dans ma couche sous les fourrures. Elle était nue comme au premier jour, belle comme à notre première rencontre, et il y avait dans son regard une lueur que je n'ai jamais vue ailleurs depuis. Je l'ai aimée comme toutes les autres cette nuit-là. Me disant que j'allais pouvoir songer à repartir, peut-être. Mais j'étais à des lieues de réaliser ce qui m'attendait.

Le lendemain matin, tandis que je m'éveillais dans le creux de ses bras, elle m'a murmuré quelque chose à l'oreille. Elle m'a demandé quelque chose en fait. C'était bien la première fois depuis notre rencontre qu'elle demandait quelque chose. Tout le reste, tout ce que j'avais fais pour elle, je l'avais de moi-même. Elle me demanda de rester à ses côtés, ici, au milieu du désert glacé de la Toundra. Et j'ai accepté. J'ai vécu avec elle les quarante courtes années qui lui restaient à vivre, la maintenant en bonne santé par mes contes, ma magie.

J'aurais ainsi pu prolonger sa vie et sa bonne santé d'encore cents ans, peut-être, en invoquant des alchimistes de génie, des guérisseurs magiques assez puissants pour lui rendre un peu de sa jeunesse. Mais elle a finit par refuser, pour s'éteindre en paix et me laisser repartir. J'ai... respecté son choix. C'est la seule fois de ma vie où j'ai vécu aussi longtemps avec quelqu'un. Elle m'a fait voir un autre visage de l'amour et pour cela je lui suis profondément reconnaissant.

En partant, j'ai fais de sa demeure son bûcher funéraire. Par choix, nous n'avions gardé aucun de nos enfants, mais je sais que j'ai sept fils et huit filles disséminés dans la Toundra. Je ne suis jamais retourné dans la Toundra depuis. Jamais. C'était il y a trois cents ans. Plus ou moins. J'ai oublié son nom, même le sien, comme celui de toutes les autres. Mais son visage, la chaleur de ses bras, jamais je ne l'oublierai.

Quatre-Cornes

Quatre-Cornes


Démon


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