Les cliquetis métallique s'envolaient dans l’atmosphère étouffante. Comme amortit par du coton. La faute a la brume omniprésente. Les deux démons avançaient à tâtons au travers des arbres. Le seigneur devant, la jeune femme derrière. La lueur orange émanant des yeux d'Anima servant de points de repère à sa fille au travers des bandes éthérées.

Jaillissant de la foret, des langues de brumes encore accrochées à son corps puissamment musclé, le guerrier s’arrêta. Fronçant les sourcils il observa l'horizon enfin dégagée, laissant le temps à Chioné de sortir du brouillard. Là, le village d'Alesia était là, sur une colline dans la plaine immense de Misora. Ce village était connu dans le monde entier pour sa production de nuage.

Désignant la destination a sa fille d'un coup de menton. Le seigneur démoniaque se mit en route. Il tira sur l'une des lanières qui retenait son haut en cuir. Saleté ! ce foutu haut voulait jamais tomber comme il faut. Quoi qu'il en soit Anima était impatient de voir faire l'artisanat de ce village. Il trouvait vraiment cela étrange que des gens fassent ça, c'était vraiment une curiosité de ce monde.

Après un passage - douloureux - à Kirikaze, au domaine des harpies, Chioné et son paternel s'étaient rendus à Misora en passant par la forêt des Brumes. Un endroit qui portait bien son nom, elle était perpétuellement plongée dans un brouillard aussi épais qu'une couette d'hiver, faute de meilleure comparaison...

Son père devant, elle derrière, ils marchaient tous deux à tâtons, avant d'émerger enfin de la mer de brouillard. Leur tâtonnement les avait menés à un village du coin : Misora. D'après les informations que Chioné avait récupéré en chemin, Misora était spécialisée dans la culture de nuages. Étrange coutume, surtout quand on sait qu'il ne s'agissait pas des mêmes nuages qui peuplaient le ciel.

Ils descendirent jusqu'au village, et Chioné apprécia la simplicité mêlée à la beauté de leur environnement. C'était certes un village, mais sa spécialité lui avait permis de se développer de manière plutôt conséquente, ce qu'apprécia la demoiselle. Le genre humain était capable de belles choses, du moins pour le peu qu'elle en avait vu...

Ils arrivèrent devant une maison prolongée par un jardin ; au-dessus de l'entrée, une inscription. "Chez M., vendeur de nuages". Elle lança un regard interrogateur à son père :

C'est chez lui qu'il faut aller pour les nuages ? Ou on en a un de mieux ?

Arrivé au village il se retrouvèrent en face d'un magasin. "Chez M., vendeur de nuages", parfait ça. Mais Chioné lui demanda s'ils allaient là ou bien chez un meilleur marchant. Pas bête la gamine, mais le démon ne connaissait pas le village et encore moins le commerce de nuages.


Comment faire, comment faire. Le seigneur démoniaque scruta la foule un instant. L'ange, la femme sur le banc, l'homme derrière l'étal, humm. L'homme plutôt, c'était un marchant il avait plus de chance de s'y connaitre en commerce. Anima traversa la rue et se planta devant le pauvre type.


Le guerrier regarda le marchant un instant, incrédule. Puis il s'approcha brusquement, son visage presque collé à celui du marchant.


L' homme lui répondit d'une voix tremblante. La proximité avec le visage d'Anima et la lueur dans ses yeux l’identifiant clairement comme un démon.


Sans plus de cérémonie le patriarche des Férals fit volte face et repartit en direction de sa fille.

La réponse d'Anima traduisait bien l'état d'esprit des deux Féral : tous deux ignoraient où il fallait se rendre pour trouver des nuages... Le paterfamilias décida de prendre les choses en main et se dirigea vers un marchand, qui s'employa de suite à exercer son métier :

Bonjours messire voudriez vous un de ces magnifiques colliers pour votre compagne ? A moins que vous ne préfériez ces parures...

Compagne ? Comment ça, COMPAGNE ?! Sidérée par cette idée, Chioné en resta bouche bée ; heureusement, son paternel remit les choses au clair :

J'ai une tronche à acheter des bijoux ? Dit moi plutôt où on peut trouver les meilleurs nuages.

La jeune femme sortit de sa stupeur pour sourire : au moins, son paternel était fidèle à lui-même... Le commerçant balbutia une adresse, le "Paradis", avec une façade impossible à rater. La jeune femme attendit que son père revienne pour partir en direction de la boutique.

En effet, la façade était repérable à des lieues à la ronde : rose bonbon, il y avait des nuages aux formes diverses peints dessus, avec quelques touches de bleu ciel par-ci par-là. Très... flashy, nota Chioné, qui se garda d'en faire la remarque à haute voix mais qui le montra à son air qui en disait long sur la suite. Elle poussa la porte et fut accueillie par un tonitruant :

Bienvenue au Paradis ! Je suis le meilleur vendeur de nuages du village ! Demandez, et vous serez exaucés !

Le propriétaire de cette voix, un homme dans la force de l'âge, habitué à l'hydromel vu son ventre rebondi, arriva dans la pièce. Chioné remarqua alors qu'il avait le même tatouage que celui qui était resté pour finir le boulot, juste avant son départ des Glaces. Elle n'en montra rien, mais nota tout de suite le bonhomme sur la liste de ceux à interroger, voire à tuer si cela était nécessaire, et s'effaça légèrement pour laisser son paternel gérer la situation. Pour le moment.

Anima entra à son tour, juste à la suite de sa fille. Celle-ci s’effaça d'ailleurs pour le laisser discuter avec le marchant. Ce n'était pas forcement une bonne idée vu le caractère du démon. Elle aurait peut être du se charger des négociation elle-même.

Il faut dire que la mage de glace était assez réservée pour une Féral. Le seigneur démoniaque n'avait pas l'habitude de ça, Victo dans la même situation serait déjà monté sur le comptoir ou se serait mit à moitié nu et aurait gueulé sur le marchant. Mais Chioné n'avais pas put être éduqué à la manière des Férals, elle venait juste de découvrir la famille et cette situation n'était pas une première pour le patriarche. Il pouvait faire preuve d'une certaine dose de compréhension envers le manque de férocité des nouveaux.


L'homme bedonnant se précipita pour satisfaire la demande de son client. Pendant ce temps Anima se mit à penser à la situation actuelle. Il revenait d'un expédition dans les terres infectées à l'est. Sur place il avait put se rendre compte que la situation était catastrophique. La malédiction galopante se rependait au travers des plaines et les instances de l'empire de faisaient rien pour endiguer cela. Le système était vraiment pourrit, paralysé par l’hégémonie d'Azrael et son inactivité. Toutes les décisions devaient passer par lui, mais il n'en prenait aucune. Il fallait que la situation change. L'infection des plaines mystiques n'avait été que le révélateur d'un problème plus profond. La gangrène de l'empire devait être nettoyée.


Tirant le démon de ses pensées, le marchant lui présenta un assortiment de nuages. Tout plus... nuageux les un que les autres. On aurait dit de petits morceaux de coton flottant à un mètre du sol. A ce moment Anima se souvint qu'il n'avait aucunes connaissance en ce domaine et ne savais donc pas comment reconnaitre un bon nuage d'un mauvais...

La jeune femme observa la boutique avec méfiance : a priori, rien de particulier à remarquer, mais le fait de savoir que le propriétaire faisait partie de ceux qui avaient tué sa mère renforçait sa méfiance envers son environnement.

Son père s'approcha du commerçant et lui demanda sans préambule :

Bon fait moi voir tes nuages toi !

Le commerçant se précipita derrière la boutique pour satisfaire la demande du paterfamilias, avant de revenir quelques instants plus tard :

Et voila mon seigneur.

Chioné jugea bon de s'approcher pour observer l'assortiment de nuages que le commerçant présentait. Rien ne permettait de les distinguer, et rien ne permettait de savoir s'il n'était pas en train de les rouler dans la farine. Elle demanda innocemment :

Et qui nous dit que vous n'êtes pas en train de chercher à nous arnaquer ? Nous sommes des contrôleurs de nuages, et nous avons reçu de nombreuses plaintes sur de la contrefaçon... Comprenez bien notre inquiétude, ce n'est absolument pas contre vous, mais nous aimerions endiguer cette vague de contrefaçon le plus rapidement possible. Pouvons-nous compter sur votre coopération ?

Oh, mais bien sûr madame ! Suivez-moi, je vais vous montrer l'atelier et vous montrer que je suis honnête !

Elle lança un regard à son paternel avant de suivre le commerçant dans un long couloir, avant d'arriver dans l'atelier où beaucoup d'ouvriers s'occupaient de pousses de nuages, toutes identiques certes, mais qui semblaient plus... vraies. Le commerçant se vanta :

Ces pousses se trouvent généralement dans la forêt voisine, la Forêt de Nuages, comme on l'appelle ici. Les vraies pousses peuvent atteindre quatre mètres de haut, comme celles-ci ; les fausses, elles, n'atteignent que difficilement le mètre quatre-vingt. Ceux qui pratiquent la contrefaçon ont encore de nombreuses années pour tenter de faire des fausses pousses des vraies, impossibles à distinguer. Mais je ne vous apprends rien.

Chioné hocha la tête, et s'éloigna du groupe pour se rapprocher d'une pousse. Alors qu'elle tendait la main pour toucher le nuage qu'elle portait, elle sentit le sol céder sous elle, et tomba sur quatre mètres en poussant un long cri, avant de rencontrer violemment le sol sur le dos, l'assommant sur le coup.

Quand elle se réveilla, elle ne se trouvait plus dans l'atelier mais dans une pièce annexe, bien cachée à la vue des curieux, et attachée solidement par des fers qui semblaient aspirer ses forces. Elle voulut pousser un cri, se relever : en vain. Elle était également bâillonnée et le moindre mouvement lui faisait mal dans le dos. Et merde....

Chioné tira un casque gros comme le bras au marchant. Mais celui-ci la cru, ou du moins fit-il comme si. Anima ne dit rien et la suivit jouant son rôle d'inspecteur de production de nuage. Les deux démons passèrent dans l’arrière boutique là où était confectionné les nuages. C'était impressionant a voir. Soudain le seigneur démoniaque pensa à Argonth son pays d'origine. Celui-ci était aride et perpétuellement plongé dans l'étouffante chaleur solaire. Peut être que ces pousses de nuages pourrait améliorer la situation. Le démon était perdu dans ses pensées et le marchant déblatérait des information sur la culture de nuage qu'Anima écoutait d'un oreille distraite.

Mais alors que Chioné s'éloignait un peu le sol se déroba sous elle. Avant que son père ait put réagir elle disparut de sa vue. La rage monta instantanément, le démon prit le dessus. D'immense cornes jaillirent de sa tête alors que sa peau se couvrait d'écailles. Son visage se tordit reprenant sa forme originelle et ses griffes sortirent. Devant les yeux ébahis des ouvriers le guerrier impressionant avait laissé place a un démon terrifiant ! Saisissant le marchant par le coup il le plaqua contre le mur.


L'homme semblait éberlué, peut être ne savais il réellement pas à qui il avait affaire et croyait vraiment qu'ils étaient des contrôleurs. Ou peut être savait-il et dans ce cas il ne méritait pas de pitié.


Il avait répondu d'un voix étranglée. Pas la peine, surtout pour une réponse comme ça. Anima lui broya la tête impitoyablement d'un coup de point ganté de fer. Les pointes de métal s’enfoncèrent dans son crane comme dans du beurre alors que les employés s’enfuyaient en hurlant. Dans un geste de rage le démon dégaina l'une de ses lames et envoya voler toute une rangée de pousse qui s’enflammèrent sous le contact brulant de la lame d'os.

Sautant dans le trou Anima se réceptionna dans un grand fracas toute son armure cliquetant sous la pression. Défonçant la porte d'un coup de pied il entra dans la pièce. La gamine était là deux hommes venaient de l'attacher. Le seigneur démoniaque transperça le premier de son espadon. Puis il saisit le second et lui cracha en plein visage. Le malheureux hurla de douleur alors que la lave faisait fondre sa peaux, ses muscles et enfin ses os. Il retomba comme une poupée de chiffon. Anima se tourna vers sa fille, lui arracha son bâillon et sectionna les liens avec ses griffes. Quel serait la réaction de la jeune femme face à la forme démoniaque de son père ? Anima l'ignorait et a vrai dire ce n'était pas sa préoccupation principale a l'heure actuelle.

La panade. Chioné était encore une fois dans la panade. Elle était bêtement tombée dans la gueule du loup, qui avait pris la forme de ceux qui la pourchassaient pour l'éliminer, comme ils l'avaient fait avec sa mère quelques mois plus tôt.

Et attachée comme elle était, elle ne pouvait pas faire grand-chose, mis à part accumuler sa colère au fond de son cœur, attendant le bon moment pour la relâcher. Mais plus elle accumulait, plus elle avait l'impression que son souffle vital était aspiré. Elle voulut se débattre encore, mais la chute ayant rouvert sa blessure dans le dos, elle se faisait plus de mal qu'autre chose.

Les hommes qui la maintenaient prisonnière s'écartèrent d'elle au moment où la porte de la pièce fut littéralement défoncée par Anima en personne. Il régla le compte des deux larbins en moins de deux, mais permit à Chioné de voir la forme démoniaque de son père. Encore plus impressionnant que sous sa forme humaine ; il libéra Chioné après lui avoir arraché son bâillon, et la jeune fille tomba en avant, se rattrapant sur ses mains de justesse. Elle se redressa, jeta un coup d'œil à son père et lui dit d'un calme olympien :

Très... impressionnant. Mais gardons les effusions pour plus tard, j'ai un compte à régler.

Elle désigna les autres gus qui s'étaient cachés en voyant Anima entrer en trombe et détruire littéralement leurs collègues ; sans attendre de réponse, elle s'approcha d'eux et laissa éclater sa colère sans préambule. Prenant à son tour sa forme démoniaque, elle congela et empala - cette fois volontairement - tous ceux qui passaient à sa portée. Sa colère était tellement grande qu'elle transforma en glacière toute la pièce, ou peu s'en faut, n'épargnant aucun des assassins qui avaient, par miracle, échappé à sa première vague meurtrière.

Sauf qu'à utiliser ses pouvoirs de façon aussi peu modérée, elle se vidait un peu plus vite de ses forces que lorsqu'elle était attachée, et sa blessure héritée de son passage chez les harpies n'avait pas encore commencé à cicatriser, même sous sa forme démoniaque. Elle ne s'en rendit compte qu'au moment où elle se sentit défaillir et reprendre sa forme initiale, avant de s'immobiliser au sol, s'abandonnant à Morphée...

A peine Anima avait il délivré sa fille que celle-ci se laissa aller à déchainer ses pouvoirs. Prenant sa forme démoniaque elle massacra tout les survivants dans un déferlement de glace. La température chuta radicalement et les corps empalés finirent geler. La forme démoniaque de Chioné était très intéressante dans le sens ou elle en était une sans l'être vraiment. Le patriarche des férals regardait attentivement cette forme de chair et de glace. Il avait déjà put constater que le mélange des sang produisait d’intéressantes mutations. La mère de la gamine était une élémentale de glace, de fait elle avait le pouvoir de se transformer en cette matière. De tout évidence Chioné avait hérité des deux capacités fondue en une seule, sa forme démoniaque comprenait toute un partie de glace qui faisait partie d'elle tout en étant relativement extérieure.

En revanche, point commun avec Victo et avec tout les demi-démons qu'il avait put rencontrer, la transformation semblait affectait leurs capacités mentales. Un peu comme si le coté démoniaque prenait de dessus et provoquait un déchainement de violence. Le seigneur démoniaque restait perplexe quant à la source de ce fait. Sans doute cela venais t-il que leur forme originelle était celle humanoïde à l'inverse des démons originaire de Zelphos. Pour eux cette forme était justement une adaptation au monde de Terra. Tout cela n'avait pas encore causé de problèmes importants car la majorité des sangs-mêlés étaient encore de tous jeunes enfants ne dépassant pas les dix ans. Seul les descendants d'Anima avaient atteint la vingtaine, dévoilant leurs pouvoirs. Cependant cela pourrait s’avérer un problème à l'avenir, le nombre de demi-démons étant en forte expansion depuis l'arrivée sur Terra. En effet très peu de créature de Zelphos étaient portées sur des principes comme la conservation d'une pureté raciale. A l'inverse, Anima avait même pu observer les ravages de la consanguinité.

Mais l'utilisation des pouvoirs sans retenue de la mage de glace la fit tomber inconsciente. Anima était définitivement fixé, elle ne maitrisait absolument pas son pouvoir. Son potentiel était immense mais elle allait avoir besoin de travail. Une fois au domaine il l'enverrait prendre quelques cours avec Leyna. Toutes ces réflexions étaient bien jolies mais cela ne les feraient pas sortir d'ici. Sans plus de cérémonie le démon prit sa fille sur son épaule et commença à traverser le couloir. Au bout, un escalier en colimaçon les ramena à la surface. Néanmoins avec le feu qu'Anima avait allumé avant de descendre dans quel état serait le magasin ?

L'inconscience de Chioné fut partielle : malgré le fait qu'elle se soit complètement vidée de ses forces, avec sa blessure dans le dos, elle sentait ce qu'il se passait à l'extérieur. En l'occurrence, le fait qu'elle se retrouve en travers de l'épaule de quelqu'un - son père, sûrement - et que son sang démoniaque s'occupait de sa plaie.

Un escalier en colimaçon plus tard, elle finit par entrouvrir les yeux, le souffle court : elle était dehors, devant le bâtiment en flammes. Elle se releva doucement avant de tituber et de se raccrocher à un poteau. Son ego en avait encore pris un coup avec cette histoire ; même pas fichue de rester totalement consciente lorsqu'elle utilisait son pouvoir à fond...

Elle tourna la tête vers son paternel, qui regardait le brasier et lui demanda d'une voix enrouée :

Est-ce que... tu m'en veux ?

Elle se sentait tellement mal à l'aise, l'ego bien touché, après une démonstration de ses pouvoirs qui l'avait mise au tapis et un enlèvement, ou peu s'en faut...

La sortie du souterrain les avaient ramené à la surface par un bâtiment voisin. Une fois dans la rue ils se retrouvèrent face au "Paradis" en proie aux flammes. La situation aurait put sembler comique, des démons brulant le paradis. Mais alors que le feu léchait les murs du bâtiment Anima pensa à un moyen de retourner la situation en leur faveur. Si Chioné faisait apparaitre des particules de glaces au dessus du brasier, la chaleur de celui-ci les ferait aussitôt fondre, créer une pluie de fines gouttelettes sur le bâtiment. L'incendie serait ainsi maitrisé et les deux démons passerait pour des sauveurs. Quoi de mieux pour donner une bonne image à la famille. Alors que les badauds regardait le bâtiment partir en fumée, impuissants, le guerrier se glissa dans la foule et déclara d'un voie puissante.

S'écartant légèrement, le démon laissa le champs libre à Chioné pour faire la démonstration de ses pouvoirs à la foule. Elle agissaient au nom de Férals en cet instant, la pression devait être importante mais il fallait voir si elle pouvait y résister. Car être membre officiels de la famille démoniaque incluait de nombreux risques et responsabilités. La responsabilité de ses actes, chacun rejaillissant sur le nom de famille, et le risque d'être pris pour cible justement à cause de ce nom de famille. Mais en contrepartie l'on faisait partie de la famille la plus puissante du monde avec tout les avantages que cela procure. Revenant à la réalité Anima observa sa fille.

Chioné n'eut aucune réponse à sa question de la part de son paternel, qui se contentait de regarder le feu qui dévorait le bâtiment en silence, en compagnie de la foule de gens qui grossissait de plus en plus. La Reine des Neiges fit donc de même en se mordant la lèvre inférieure. Dire qu'ils auraient peut-être pu éviter cet incendie si Chioné avait été plus attentive...

Elle se tourna vers son paternel lorsque celui-ci s'adressa à la foule :

N'ayez crainte citoyens de Ciel ! Je suis Anima Féral, et ma fille ici présente va mettre va éteindre cet incendie !

Que QUOI ?! Et il avait décidé ça sans la prévenir ?! Tous se tournèrent vers Chioné, qui déglutit ; bonjour la pression... La jeune femme croisa le regard de son père et acquiesça doucement, avant de s'avancer vers le brasier. Le feu... L'une des méthode utilisées par sa mère pour tenter de calmer la folie du pouvoir de la jeune femme. Elle aurait pu paniquer et laisser son pouvoir éclater, mais elle n'en fit rien.

Elle inspira profondément et tendit ses mains nues : elle ne portait pas sa paire de gants protecteurs, ayant oublié de les remettre après son passage à Kirikaze. Mais contrairement à d'habitude, elle avait confiance, donc ne craignait pas trop de débordement de la part de sa magie. Elle ferma les yeux et appela son pouvoir à se répandre en gouttes de neige sur le brasier : un "oh !" d'admiration générale se fit entendre lorsqu'un nuage de neige sortit des doigts de la jeune femme pour s'abattre, en douceur, sur l'incendie qui fut étouffé en faisant fondre les cristaux de neige.

La jeune femme, satisfaite, se tourna vers la foule : celle-ci la porta en triomphe jusqu'à son père, auquel elle adressa un grand sourire teinté cependant d'inquiétude. Avait-elle réussi son baptême du feu ?

Chioné pensait n'avoir eu aucune réponse à sa question mais en réalité la réaction d'Anima était une réponse en soit. Le seigneur démoniaque avait en effet compris que la mage de glace avait besoin de considération pour acquérir de la confiance en soi. Car elle en manquait cruellement, le fait même de demander à son père s'il lui en voulait le montrait bien. Victo ne se serait même pas posé cette question par exemple. Non, il ne lui en voulait pas. Pourquoi lui en aurait-il voulut d'ailleurs ? Preuve supplémentaire de confiance, il venait d'engager son nom sur une de ses actions. La foule portant la demi-démone en triomphe devrait lui apporter une première dose de confiance. La reconnaissance du peuple devrait l'aider à se sentir forte.


Faisant signe à Chioné et dispersant la foule en quelques gestes ils fit comprendre a tout le monde que le père et la fille désirait poursuivre leur chemin. Réajustant son col, Anima commença à marcher dans la rue. Les gens regardaient le couple d'un œil nouveau. Dans leurs regards on pouvait voir de la bienveillance et même de la gratitude. Après à peine quelques pas le seigneur démoniaque se tourna vers la mage de glace.

Chioné venait tout juste de comprendre le message que lui avait adressé son père : il lui faisait confiance et surtout, ne lui en voulait pas. Ceci fit chaud au cœur de la demoiselle, qui sourit lorsque son père s'adressa ainsi à la foule qui la portait en triomphe :

La famille Féral sera toujours là pour répondre à l'appel du peuple, citoyens !

Puis il fit signe à Chioné de le suivre et dispersa la foule, lui faisant gentiment comprendre que tous deux souhaitaient reprendre la route. Alors qu'ils marchaient tranquillement, Chioné remarqua la joie, la bienveillance et même la gratitude dans le regard des passants, et leur adressa un magnifique sourire. Elle était sincèrement contente de les avoir aidés en éteignant l'incendie...

Elle manqua de bousculer son paternel lorsque celui-ci s'arrêta et lui lança en se tournant vers elle :

Finalement "Chez M., vendeur de nuages" ca ira très bien.

C'était sans compter le besoin des habitants de remercier leurs sauveurs : aussitôt tous se ruèrent vers eux, nuages en main, et insistaient pour que le duo de démons les prennent gratuitement, en remerciement. La jeune femme éclata de rire et lança à la foule :

Merci, mes amis, mais ne vous bousculez pas pour nous ! Deux nuages nous suffiront largement, mais jamais nous n'oublierons votre accueil. Soyez bénis !

Deux nuages sous le bras, elle poussa son père loin de la foule, la salua une dernière fois avant d'avancer jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus voir le village. Elle se tourna ensuite vers son paternel et lui tendit les nuages :

Je crois qu'il nous reste une chose à faire, non ?

Quand les gens eurent compris le but de leur visite il s'empressèrent d'offrir au démon et à sa fille des nuages. Chioné, raisonnable, n'en accepta que deux. Les voyageurs reprirent alors leur route et s’éloignèrent d'Alésia. Alors qu'ils arrivaient a un croisement la mage de glace se tourna vers Anima et lui donna les nuages. Le seigneur démoniaque les rangea dans sa besace avec le poison de harpie tandis que sa fille lui demandait comment allai se dérouler la suite du voyage.


Le peu d'affaires qu'il avaient été rassemblées, ils n'avaient plus qu'a parcourir le chemin qui les séparaient de la capitale du Ciel. Et cela promettait d'être long et ennuyeux a souhait. Les plaines de misora étant l'un des endroits les plus pacifiés du monde grâce à l’efficace présence de l'armée de Victo. Profitant du temps passé ensemble, Anima discuta avec Chioné aussi bien que peu discuter un démon. Il lui expliqua qu'a la fin de leur voyage quand ils utiliseraient leurs aerospheres ils se retrouveraient à l’endroit duquel ils étaient partit. Ainsi ils seraient séparés. Le petite reine des neiges devrait donc se débrouiller par ses propres moyen pour parvenir au domaine. Il enverrait tout de même quelqu'un pour l'attendre à Umusk et la faire traverser. Après un certain temps les hauts bâtiments gracieux pointèrent leur nez au travers d'un fine nappe de brume.